Elle appréhende les retrouvailles autant qu’elle en est impatiente - après tout, ça fait longtemps qu’elles ne se sont pas vues et plus que jamais, Grace a besoin de déconnecter. Trop de temps passé à réfléchir, à être confrontée à ses peurs, au blanc cassé de ses murs, à une solitude qui a fait d’elle une demi-ermite tout de grognements et d’attitudes sociales douteuses : plus que jamais, elle a besoin de s’aérer l’esprit, de retrouver une légèreté qu’elle s’est longtemps interdite. Et pour ça, personne de mieux placé que Crystal. Cela étant dit, ça fait justement longtemps qu’elles ne se sont pas vues. Et, de fait, longtemps que Grace n’a pas bu à en oublier son prénom et à en graver son numéro dans du ciment frais. Longtemps qu’elle n’en a plus spécialement envie, d’ailleurs - les résultats de la rééducation commencent enfin à payer, elle ne se sent plus aussi conne quand elle essaie de produire une phrase de plus de dix mots, et par-dessus tout, son bras bouge. Elle n’irait pas faire de l’aérobic avec, sans parler d’ailleurs d’utiliser la cuillère qu’elle arrive enfin à tenir, mais c’est un énorme progrès pour celle qui pensait ne jamais retrouver une once d’utilité à son bras droit. Et par conséquent, ça lui a coupé l’envie de faire des conneries. Or les conneries étaient l’essence même de ses soirées avec Crystal.

Ainsi soit-il : elle se rend au McTavish pour 21 heures comme prévu (non que Crystal lui ait vraiment laissé le choix en soi) et, aussi incroyable que ce soit, elle y arrive même en avance. Grace se fraye un chemin jusqu’au bar, jouant des coudes pour s’imposer dans le bar, victime de sa popularité : alors que la plupart des bars du quartier appâtent le client jusqu’à vingt-trois heures, heure où les soirées commencent doucement à se réveiller, le McTavish est quasiment rempli dès l’ouverture et ne désemplit qu’à l’heure de fermeture. Déjà les clients ont commencé à enchaîner les bières, voire les whiskys pour les plus audacieux : la photographe, elle, a commencé par une bière blanche, signant sa première volonté d’y aller mollo ce soir. Elle le sait d’avance, pourtant : quand il s’agit de Crystal, elle n’a aucune chance. La jeune femme a un tel talent pour tout dédramatiser qu’elle rendrait jusqu’à la mort tentante. Qu’importe : elle se cramponne à ses résolutions tant qu’elle le peut encore. < Vous attendez quelqu'un charmante demoiselle ? > Et bien sûr, la voix de Crystal ne tarde pas à la sortir de ses pensées et à lui tirer le sourire le plus large du monde. “Rien que vous, miss Sanders.” Ni une, ni deux : elle ponctue son volte-face d’une étreinte aussi forte que possible. “J’ai l’impression que ça fait des sièèèèècles, bordel.” Le soulagement est à peine voilé dans sa voix : ça aurait tout aussi bien pu faire des siècles. Avec elles, rien n’est jamais sûr.

< Bon allez raconte moi ! Qu'est ce que j'ai raté ? Je te préviens va falloir que tu me supporte. J'ai pas l'intention de quitter Brisbane de sitôt. >

On lui aurait dit deux mois plus tôt que Crystal allait emménager sur Brisbane pour une période relativement longue, elle se serait pensée dans une réalité alternative et la perspective la réjouissait : agrandir son cercle sur Brisbane, que la ville fédère autour d’elle la grande majorité de ses proches, ça lui réchauffait le coeur, elle qui luttait à trouver des attaches il y a encore quelques mois. “Avoue, t’es venue emménager exprès pour moi.” Elle ponctue son assertion d’un clin d’oeil taquin. Leur dynamique et la simplicité qui l’accompagnait lui avaient manqué. “T’as raté...t’as raté des siècles, en fait. Faudrait te faire une liste à points, si tu voulais tout rattraper. Je t’offre un mojito ?” Elle contemple sa pinte à moitié pleine, interpelle quand même le barman. Les habitudes se réinstallent doucement. “Alors… Un : j’ai tenté la photographie érotique.” Elle fait exprès de ménager le suspens, laisse à Crystal le temps de s’impatienter avec tout pleins de questions. “Deux : j’ai fait une exposition de photos, y a quelques jours. Pas érotiques, par contre, désolée de la déception.” Eut-elle su que Crystal était sur Brisbane plus tôt, elle l’aurait certainement invitée - traînée - à ladite exposition. “Trois : je fréquente quelqu’un.” Et il fallait que ça signifie quelque chose, pour qu’elle en parle si facilement à quelqu’un d’aussi proche. “Quatre, et tiens-toi bien parce que c’est le plus important : j’arrive à tenir une cuillère, maintenant.” Son sourire est plein d’autodérision mais il cache à peine sa fierté. Pour elle, jusqu’à récemment, c’était encore quelque chose d’inatteignable.

“Et toi, alors ? Comment Brisbane t’a traitée depuis ton arrivée ? T’as emménagé où ?”

Live life have fun

@Grace Coughlin

"Le plus difficile est de se décider à agir. Le reste n'est que de la ténacité"

C'est sensass de retrouver mon acolyte. Avec Grace je me sent libérée (délivrée), oups. Elle est là juste sous mes yeux. Les autres peuvent bien aller ce brosser, je n'ai d'yeux que pour elle. “Rien que vous, miss Sanders.”  Je m'empresse de l'a serrer dans mes bras. J'ai besoin de câlin, toujours et encore. Ceux de Coughlin sont les meilleurs même si elle a un patte folle. C'est justement ce qui fait toute la différence. Est ce que c'est réciproque ? “J’ai l’impression que ça fait des sièèèèècles, bordel.” Mais trop ! C'est beaucoup trop long. Sydney ce n'est pas la porte à côté. Jusqu'à maintenant je venais à Brisbane pour les vacances. J'aime bien cet endroit. Mais j'apprécie encore plus ses habitants. A croire que je suis faite pour vivre ici et non là bas. Quoi qu'il en soit je suis là pour un moment. Et j'ai bien l'intention de rattraper le temps perdu avec mon petit canard. < Beaucoup trop ! C'est pas correct. Mais ... Je l'a regarde en me reculant légèrement t'es toujours aussi canon. T'a pas changé toi > Ouais, elle est toujours aussi belle. Comparé à moi... J'ai l'impression d'être une fleur fanée qui a besoin d'être arrosée. J'ai encore perdu du poids. A ce rythme là je vais m'envoler au prochain coup de vent. J'ai de plus en plus de mal à tenir une journée éveiller. Le maquillage vient cacher mes cernes. Mes cheveux, c'est tout ce qu'il me reste de correct. Je n'ai pas envie de faire cette chimio. Je ne veux pas perdre le peu de féminité que j'ai, pas maintenant. Je n'ai que ça pour rayonner.

J'ai bien du mal à cacher mon hystérie. Je suis pire qu'un gosse le jour de noël. Même le sourire de miss France est fadasse face à celui que j'aborde sur mes lèvres. J'ai les yeux pétillants. C'est l'effet Coughlin qui s'empare de moi. J'ai besoin de savoir ce qu'elle devient. Qu'est ce que j'ai bien pu rater tout au long de ces années. Côté santé elle semble bien mener sa barque. Elle a marché jusque là déjà ce n'est pas rien ! “Avoue, t’es venue emménager exprès pour moi.” Ha j'adore. Je répond à son clin d’œil bien volontiers. Et c'est sous un regard charmeur que je lui répond < Tu sais bien que tu es l'unique femme de ma vie très chère > C'est clair que c'était l'unique. Y avait pas deux Grace dans ma vie. “T’as raté...t’as raté des siècles, en fait. Faudrait te faire une liste à points, si tu voulais tout rattraper. Je t’offre un mojito ?” Et c'est bien ça qui m'attriste. J'ai l'impression de l'avoir laisser filer entre mes doigts et ça me fou la rage. Je retrouve bien vite le sourire quand elle prononce le mot magique. Les choses sérieuses vont pourvoir commencer.< On a toute la nuit pour rattraper le temps perdu. Va pour la salade du chef ! > C'est plus sympa dire "salade". ça fait toute suite plus sérieux ...Est-ce que j'ai été sérieuse une fois dans ma vie ? Jusqu'à mes treize ans peut-être. Y a pas de mal s'amuser si ? Le Barman s'amène avec ma batavia. Ma petite main frêle vient l’agripper. Je touille la mixture avant de tendre mon verre en direction de sa chope à moitié pleine. < Beyh je t'ai connu avec une meilleure descente mon chou > La mienne est inchangée. En deux gorgées mon verre est déjà au même niveau que le siens. Je repose mon verre bruyamment sur le comptoir et je l'a regarde tout sourire. < Je t'écoute je suis parée > Il me tarde de savoir ce qu'elle a, à me dire. Assise sur le tabouret juste à côté, nos jambes s'entrechoquent à chaque balancement de mon siège pivotant. “Alors… Un : j’ai tenté la photographie érotique.” Je me fige aussitôt. La bouche entrouverte, les mots ont du mal à sortir. J'ai bien entendu Erotique ? Sérieux ? Pourquoi je ne suis pas venue à Brisbane avant ... < Mais t'es sérieuse là ? Même pas tu m'invite à poser avec toi ? Je suis déçue là > Bon j'aurai fais tâche à côté d'elle. Mais ça aurait pu être une expérience de dingue à faire toutes les deux. Notre relation a toujours était sans complexe. On s'est même déjà embrasser lors d'une soirée beaucoup arrosée. Alors me retrouver à poils à côté d'elle...j'étais plus vraiment à ça prêt ! “Deux : j’ai fait une exposition de photos, y a quelques jours. Pas érotiques, par contre, désolée de la déception.” J'arrête enfin de gober les mouches. C'est cool qu'elle ai enfin fait une exposition. Je suis ravie pour elle. Elle le mérite amplement. Les photos de Grace sont superbes < Putain j'ai rater trop trucs j'suis dég ! > Je fais la moue parce que ouais ça me fait chier d'être passé à coté tout ça. C'est mon amie et ces moments ont une importance à mes yeux. Je vais noyer mon chagrin avec mon mojito.“Trois : je fréquente quelqu’un.” Ouais bah là je suis au bord de l'étouffement. J'ai un morceau de salade qui me reste coincer dans le coin de la gorge où c'est cette nouvelle si soudaine qui rend toute chose. Je ne sais pas vraiment mais dans tout les cas je tousse tellement fort que mes poumons vont ce décrocher. Ils ne sont déjà pas bien solide mais là c'est summum du pire. < Tu ? t... hein ? > Je n'arrive pas a articuler deux mots sans tousser. J'ai le visage en feu, les oreilles qui s'enflamment. Grace avec quelqu'un ? J'ai bien du mal à réaliser que c'est vrai. Je me redresse enfin en prenant un air sérieux.< Tu me fais des infidélités ? > J'aime taquiner Coughlin. A mon tour d'avoir un sourire taquin avec elle. Je m'amuse avec mes sourcils tout en l'a fixant sans scrupules. < Cette chanceuse a une nom ? Avant même qu'elle ai répondu j'enchaîne parce que je suis beaucoup trop curieuse. Vous vous êtes rencontré comment ? C'est sérieux sérieux ? Vous avezzz ... ? Couché ensemble ? > J'ai osé ... Crystal Sanders n'a aucuns complexes à ce sujet c'est bien connu. Je glousse en venant poser ma main devant ma bouche. Mes fossettes triomphe fièrement sur mes joues coloré. “Quatre, et tiens-toi bien parce que c’est le plus important : j’arrive à tenir une cuillère, maintenant.” Hooo la vache. ça c'est du scoop. Je me met debout sur mon tabouret et je viens taper mon verre avec ma touillette pour attirer toute l'attention sur moi. Et je peux vous dire que ça marche du tonnerre. Y a plus un bruit dans la pièce si ce n'est le cliquetis de mon verre quasiment vide. < Je porte un toast à mon amie qui est là je l'a pointe du doigt histoire qu'elle ce tape l'affiche elle aussi. Je voudrais que vous l'applaudissiez tous bien fort car tenez vous BIEN ! Elle arrive a tenir une petite cuillère dans sa main s'il vous plait. C'est un truc de dingue !!! GRACE EST UNE CHAMPIONNE DE LA PETITE CUILLÈRE !!!! yOUHHoouuuUU > Je pousse un crie de joie tout en m'agitant sur le haut de ma chaise. Toute la salle applaudit. Les gens sifflent et gueulent des hourra de félicitation sans comprendre pourquoi. C'est géniale j'adore. Je redescend enfin sur terre en reprenant une place assise face a elle. < Je suis trop fière de toi mon canard. > J'ai presque envie de verser ma larme tellement je suis heureuse de savoir qu'elle aille mieux. ça me fait vraiment chaud au cœur de voir que son état physique s’améliore. Je ne suis pas jalouse mais presque.“Et toi, alors ? Comment Brisbane t’a traitée depuis ton arrivée ? T’as emménagé où ?” Ma vie est bien moins palpitante que la sienne pour le coup. Je ne sais pas par quoi commencer ... Je n'ai pas vraiment envie de parler de se nouveau traitement. Cela voudrait dire que la conversation tournerait autour de ma santé. Et ce n'est pas aussi jouasse que le port de sa petite cuillère. Alors j'évite le sujet parce que je veux pas gâcher cette soirée. < Bah écoute ça va. Je me suis toujours senti comme un coq en pâte ici. Je me demande bien pourquoi je ne suis pas venue m'installer ici plutôt. Là je crèche chez mes cousins. Mais je squatte pas mal chez Byron. Il est moins chiant qu'Elias. Toujours dans mes pattes celui là ... > Je fais signe au barman de nous remettre deux verres. < Je bosse à Pacific Wellness comme secrétaire médicale. Voilà voilà. Je crois qu'on a fait le tour de ma triste vie > Le verre de mojito qui glisse jusqu'à moi me redonne le sourire. C'est ma façon d'oublier ... Oublier que ma vie ne sera jamais aussi palpitante que celle de Grace ... J'aurai aimé lui annoncer que moi aussi j'avais quelqu'un dans ma vie mais personne ne veut ce faire chier avec Sanders. "on reste ami" "Je t'aime bien mais ... "On s'rappelle..." Et côté santé c'était pire que le grand huit. Là j'étais tout en haut de la boucle. Mais la descente est terriblement effrayante. Demain ? Ce soir ? Elle arrive toujours sans prévenir. Alors je profite de chaque jours comme si c'était le dernier. Et ce verre de salade m'aide à surmonter tout ça ...

(c) DΛNDELION

Spoiler:

Elles se retrouvent avec cette éternelle impression qu’il ne s’est rien passé depuis leur dernière entrevue. C’est toujours comme ça, avec Crystal : il peut se passer une semaine ou cinq mois, et rien ne change dans leur aisance l’une avec l’autre, dans leur façon de se retrouver et de célébrer. Du moins, c’était sûrement vrai jusqu’à maintenant ; parce que maintenant, Grace est casée, Grace ne boit plus, Grace est assagie. Bref, elle n’est plus vraiment ce que Crystal a vu la dernière fois qu’elles ont passé du temps ensemble, et si ce n’est pas censé être un problème dans leur amitié, la jeune femme s’en sent un peu lésée. < Beyh je t'ai connu avec une meilleure descente mon chou > , lui lance son amie, et Grace a beau s’être attendue à une telle remarque, elle n’a pas trouvé de réponse adéquate pour autant. “Ca s’appelle prendre son temps, ma belle, et tu seras contente que je l’ai fait quand t’auras besoin qu’on te tienne les cheveux.” C’est tout ce qu’elle répond, petit sourire mystérieux qui se noie dans son verre. Mais bientôt, déjà, il faudra passer aux aveux : elle ne peut pas lui dire que sa vie a reviré à 180° sans lui en raconter davantage. Alors elle décrit : Lola, l’exposition, la photographie érotique, la cuillère (surtout la cuillère : ça lui paraît central).

< Mais t'es sérieuse là ? Même pas tu m'invite à poser avec toi ? Je suis déçue là. >

Bien sûr, que c’est la première réaction de Crystal ; évidemment, que ses traits indignés soutirent un nouveau rire un peu trop fort à Grace. “J’étais seulement photographe, pour le coup. Mais promis, si un jour on me propose de poser, j’t’invite.” Elle lève son verre comme pour y lier le serment : ça ne l’aurait pas dérangée plus que ça de poser avec Crystal. < Tu me fais des infidélités ? > Ca embraye sur Lola et la gêne de la jeune femme revient au triple galop : elle n’a pas l’habitude de parler de la peintre et d’elle comme d’un couple, et si leur comportement s’en est toujours rapproché, la Coughlin a toujours eu du mal avec les termes. Certaines choses ne changent pas. Elle assortit sa réponse d’un clin d’oeil : “Mais non. Tu seras toujours la première dans mon coeur.” Par contre, expliquer ça à Jada serait sûrement plus dur. Elle n’était pas prête à ça. Ni à lui avouer qu’il y avait une raison à sa disparition soudaine. Crystal ne lui laisse pas le temps d’y penser : déjà elle l’assaille de questions, et la jeune femme regrette presque d’avoir abordé le sujet. “Tu veux son nom pour aller jeter des briques sur ses fenêtres ?” Difficile de garder un ton sérieux. “On s’est rencontrées au cours d’art thérapie de mon frère. Et oui, on a couché ensemble, t’as cru que je demandais la main des gens avant de partager mon lit ?” Crystal, d’entre toutes les personnes, la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle ne faisait pas trop de chichis de ce côté. Combien de fois auraient-elles fini dans le même lit si elles n’avaient pas été trop bourrées pour ça ?

Puis on passe à la cuillère. Le summum de la fierté. L’objet de toutes ses pensées ces derniers jours. Crystal porte un toast, et ça lui semble entièrement justifié face à un si grand progrès qui est passé pourtant si inaperçu. La photographe se lève, à son tour, et s’incline, tout en tenant sa touillette dans la main pour montrer ses progrès. “Merci public”, lance-t-elle à son tour face aux applaudissements dubitatifs : personne ne comprend trop ce qui se passe mais chacun se prête au jeu. < Je suis trop fière de toi mon canard. > Les effusions passées, son sourire reprend des tons plus calmes, plus doux, plus vulnérables : Crystal a toujours été là, et avec Sixtine, la seule à comprendre. Elle change rapidement de sujet, comme pour éviter que la balle de ping-pong ne tombe, renvoie l’ascenseur à son éclopée : elle veut tout savoir de ses aventures depuis son emménagement à Brisbane.

< Bah écoute ça va. Je me suis toujours senti comme un coq en pâte ici. Je me demande bien pourquoi je ne suis pas venue m'installer ici plutôt. Là je crèche chez mes cousins. Mais je squatte pas mal chez Byron. Il est moins chiant qu'Elias. Toujours dans mes pattes celui là ... >

Nouveau sourire. Si Crystal semble avoir toujours perçu Elias comme le papa poule un peu étouffant, Grace se retrouve parfaitement en lui : elle en a toujours trop fait, avec Jeremy, et si une partie était justifiée, le jeune homme voyait sûrement ça comme étouffant. Leur relation avait changé, avec les années, jusqu’à atteindre une égalité presque totale dans la protection et l’affection qu’ils se portaient l’un à l’autre, mais les vieux réflexes de protection restaient indemnes. Quand on ne sait pas si l’autre peut disparaître du jour au lendemain suite à une connerie, ça aiguise certains instincts… < Je bosse à Pacific Wellness comme secrétaire médicale. Voilà voilà. Je crois qu'on a fait le tour de ma triste vie > Grace lui répond par une moue, puis repart immédiatement sur les informations : “C’est quoi, le Pacific Wellness ? C’est un spa ? Tu peux me donner des séances gratuites et tout ?” Ses yeux se sont remis à pétiller, maintenant que le plus dur est passé. “T’as le temps qu’il t’arrive pleins de nouvelles choses, tu sais. Il est que 18h.” Sourire indulgent, à peine moqueur : elle sait combien Crystal a peur de sombrer dans une routine, parce qu’elle a toujours eu peur de la même chose. “Dis-moi. Tu veux aller où, ce soir, alors ? Y a plusieurs trucs sympas dans le coin. Sinon, y a l’Electric Playground pas loin de chez moi. Tu peux rester dormir, hein.” Elle n’est même plus sûre de ce qu’elles ont fait ou non ensemble, question lieux et bars. “Tu sais quoi ? T’as qu’à faire une bucket list de tout ce que tu veux faire ce soir, et on la remplira ensemble. Deal ?”

Spoiler: