Il s'était promis de pas rire. Il s'était vraiment promis de pas se moquer parce que c'est un gars bien en vrai, Jack. Un gars avec de bonnes valeurs, avec un bon fond. Un gars qui a fait des merdes durant sa jeunesse, un gars qui a touché le pire comme le meilleur, mais un gars qui s'en est toujours sorti avec l'espoir de faire mieux. Bon, ces derniers temps il vivote le type qui joue avec le feu, qui brûle la chandelle par les deux bouts. Le gars qui revient d'avec elle du Canada, la tête pleine de souvenirs. Le gars qui joue chez les autres quand il devrait profiter du fait des agissements du passé pour arrêter de se rebeller.

Le gars qui s'était promis donc, de pas rire. Mais qui peu pas en faire autrement quand Ivy rage déjà dans l'angle, qu'il en manque pas une miette et que l'aventure est même pas encore commencée. Peu importe le contexte elle l'amuse, mais aujourd'hui est pas mal en tête de liste. Il aurait jamais pu penser la voir là, il aurait jamais pu penser participer à ROA si vous lui demandiez, mais ça c'est une autre histoire. Et pourtant elle rame la blonde, elle grogne et elle grommelle quand il erre à sa hauteur, qu'il laisse un rire aussi léger que toutefois moqueur monter vers son minois furibond.

« C'est là où on fait nos pronostics pour prévoir qui gagnera? » oh, quel idiot. Quand il en a absolument rien à faire de qui sortira vainqueur, quand il est clairement pas ici à cause d'un esprit de compétition quelconque. Non, Esptein il a une toute autre idée derrière la tête. Une poignée de minutes avant qu'il ne rejoigne le reste du groupe le temps que l'équipe technique se divise en caméramans et infirmiers avec les différents binômes. C'est tout ce dont il a besoin pour afficher un grand sourire de bâtard et une merde d'humour qui vaut pas mieux qui frôle sa langue. « Gagner l'honneur de pas se faire tuer par toi d'ici la fin de l'aventure, j'veux dire. » déjà lui, le provocateur de bac à sable, il part avec ds points et des plumes en moins, ça se voit de suite.

   
@ivy waterhouse
@may glitters

Je me demande encore pourquoi j’ai eu cette putain d’idée. Pourquoi je me suis inscrite ? Parce que je vois mon compte en banque bien trop vide à mon goût. Et, même si 100 000 dollars en soit c’est pas énorme, je sais que tout ça va me rendre encore plus célèbre. Et je suis prête à tout pour ça. Même à marcher et peut-être faire du stop. J’avais pris tout ce dont j’avais besoin dans mon sac. Tout pour m’occuper et survivre à mon sens. Mais plus le staff passe mon sac au peigne fin plus ils enlèvent des affaires et je me décompose. Je ne vais vraiment rien pouvoir faire. Comment on survit sans un téléphone et un ordinateur. J’avais pris qu’un seul ordinateur, ils auraient pu faire une exception pour moi. Mais non, apparemment il y a un truc qui s’appelle la justice et l’égalité des chances. Foutaises. Ils devraient vouloir me garder dans l’émission le plus longtemps possible juste pour l’audience.

Je me pose dans un coin en attendant le début de cette émission. Et on va nous bander les yeux, et on va rencontrer nos binômes, et tout un tas de choses dont je me fout royalement. Je veux un partenaire docile, je l’ai demandé. Et j’entends un rire qui se rapproche de moi. Qu’est ce qu’il fait là lui ? Mon visage se tourne vers lui alors que je pose mon dos contre le mur. “Parce que tu crois avoir tes chances ?” Je lève un sourcil, il est aventurier Jack ? Je me pose la question. Mais il participe à la même émission que moi, c’est dingue ça aussi non ? C’est certainement un truc qui s’appelle le destin qui nous a posé là. “Je pourrais tuer personne quand je serai sur la première marche du podium, je serai bien trop haute pour voir le reste de la population.” Comme je l’ai toujours été. Je ne me mêle que très rarement aux gens du peuple.

“Parce que tu crois avoir tes chances ?” honnêtement, il aurait facilement pu être pas mal confiant. Il le dira pas parce qu'il est pudique, parce qu'il se vante pas. Parce qu'il sait pas non plus, ce que c'est que d'avoir confiance en ses capacités. Pendant presque toute sa vie qu'il est passé pour le raté de service. Celui avec pas un rond, celui qui se fait rouler par ses artistes, celui qui est coké, celui qui va en prison. À la place, il hausse distraitement de l'épaule, la laisse faire monts et marrées quand il la suit tout de même, le temps qu'ils ont. Elle a ses chances elle aussi, étrangement même s'il s'étonne de la voir ici il en doute pas une seule seconde. “Je pourrais tuer personne quand je serai sur la première marche du podium, je serai bien trop haute pour voir le reste de la population.”

« Tes chevilles seront peut-être trop lourdes pour te porter en haut, fais gaffe. » elle est condescendante Ivy, lui, il est bon enfant. Il blague sur le ton de la taquinerie la plus inoffensive qu'il a en réserve, il lui sourit et il sait bien qu'elle se froissera pas pour si peu. Limite, qu'on lui mentionne à quel point son égo est imposant ne la rendra que plus fière de la carrure qu'elle dégage. Elle a une aura incroyable la blonde, mais pour ça aussi, s'il le mentionne, il sait clairement qu'elle en fera tout un plat. « T'es avec qui? » si elle veut pas faire de paris avec lui, il en fera tout seul. Sa nuque s'allonge et il cherche une silhouette qui la suivrait elle, qui aurait l'air d'être son binôme à elle. Le sien de binôme, Colleen, elle gère déjà à fond en discutant avec l'un des caméramans qui semblent être attitré à leur duo. Elle est sociable, la brune ; et il adore ça déjà.

Je suis dos au mur, j’attends juste la suite des événements. Et on ne peut pas dire que je sois quelqu’un de particulièrement patiente. Alors je me concentre sur Jack un peu, il va peut-être m’occuper allez savoir. Je m’amuse, je joue quand je lui parle. Il ne prend jamais rien mal Jack, il est toujours chill. Je ne sais pas comment c’est possible d’être constamment aussi calme. “Mes chevilles vont très bien t’inquiète pas pour moi. Même si ces baskets ne les mettent pas du tout en valeur.” Je me retrouve à être bien plus petite que Jack et ça m’énerve un peu. J’avais 15cm de plus la dernière fois qu’on était seulement tous les deux. La fois où il m’a dit pas comme ça, cette même fois où on a prévu que ça arriverai sans poser de date dessus. Mais je me tais, je dodeline de la tête. Ca arrivera, personne, et même pas les caméras ne pourront m’en empêcher. Jack est une proie, et je suis du genre coriace. Je ne le laisse pas indifférent, et ça me rend encore plus joueuse même si là je ne m’approche pas de lui. On a pas le temps pour ça, pas en pleine rue de Brisbane. Je ne suis pas sûre qu’il soit encore en capacité de survivre à ce genre d’adrénaline alors j’attends. Et plus on attend, plus la tension aura le temps de monter.

Je cherche mon duo des yeux, je le vois au loin. “Avec lui.” Je n’ai pas vraiment eu le temps de discuter avec lui. De réfléchir à quoi que ce soit. C’est comme si tout était une sorte de rêve, ou cauchemar selon les points de vue. “Pourquoi ? Tu veux des détails croustillants sur la concurrence ?” Je pense que Jack est la seule personne sur cette planète à être capable de rester calme quand il a une conversation avec moi. Est ce que c’est un ovni ? “Toi ?” Moi je veux des détails sur la concurrence. Autant que possible.

Elle est probablement plus relax encore qu'il ne l'a jamais vue, et ça lui donne un petit plus bien mystérieux qu'il arrive pas à définir.

Parce qu'Ivy est brusque habituellement.
Elle parle fort, elle vit fort, elle s'amuse fort et elle s'assure que tout le monde en soit témoins. Là, c'est une drôle d'itération qu'il a à ses côtés quand il met le tout sur la faute de la compétition sans s'en plaindre le moindrement. Il a droit à Ivy la calculatrice, Ivy la compétitrice. Pendant une fraction de seconde, il se demande même comment ils s'en seraient sortis si tous les deux avaient été en équipe. “Mes chevilles vont très bien t’inquiète pas pour moi. Même si ces baskets ne les mettent pas du tout en valeur.” un nouveau rire creuse ses fossettes et redresse ses lèvres. Elle a de l'humour la blonde, elle est juste parfois si piquante que les gens se sentent bien plus attaqués qu'amusés par ses paroles volées. « Tu sais, je suis persuadé que tu arriverais à courir plus vite en talons. » il l'a vue porter des échasses de tant de centimètres que ce serait bien plus logique pour lui que ce genre de chaussures soient celles dans lesquelles elle se sente la plus à l'aise.

“Avec lui.” il suit son geste, suit son regard, détaille le gars, le reconnait pas. Ils sont mal assortis et elle va n'en faire qu'une bouchée ; il aurait dû se réjouir du spectacle que ça donnerait Jack, s'il était pas occupé à juste espérer qu'elle passe un bon moment peu importe son binôme. Qu'elle prenne goût à autre chose qu'à son portable et qu'aux soirées de gens riches et célèbres, ça lui ferait du bon qu'il pense, espère. “Pourquoi ? Tu veux des détails croustillants sur la concurrence ?” « Tu m'en donnerais?  » il sait pas du tout la réponse et pour être honnête, il est curieux de l'entendre. Ça le froisserait pas qu'elle lui dise non, qu'elle ait pas confiance en lui. Qui est-il de toute façon, pour que ce soit le cas? “Toi ?” « La brune, là-bas. Elle est cool. » de l'index, il pointe Colleen, occupée à rire avec le caméraman maintenant. Et si elle lui posait la question à l'inverse, lui, il dirait quoi?

”J’en suis sûre aussi.” Mais je ne cours pas, je n’avais pas vraiment prévu de le faire un jour. Ni en talon ni en basket ni avec quoi que ce soit au pied. J’espère qu’on ne devra pas courir, ni trop marcher. Il y a beaucoup de voitures en Australie, et des grandes villes. Il y aura des tas de voitures, j’aurais des fans qui nous emmènerons partout et ça sera cool. Comme un road trip. Ca fait tellement pauvre les road trips, je ne suis pas de ceux qui en font. Je fais des allers-retour en avion, en jet privée moi. Je soupire, je ne crie pas là, je ne ris pas vraiment non plus. Parce qu’il n’y a rien de drôle. Je réfléchis, j’organise mes pensées. Quand le monde entier pense que je serai la première éliminée parce que je ressemble à la cruche blonde sans cervelle, moi je fais mes plans pour tous les écraser un par un. Et ça me ferait presque mal au coeur d’envisager que je devrais l’écraser lui aussi un jour ou l’autre. Il aurait pu tenir le coup si on avait été en duo, il aurait vraiment pu me supporter, j’en suis certaine.

“Ca dépend quel genre d’information croustillante t’intéresse.” Mon sourcil se hausse, bon, d’accord, je joue toujours un peu. C’est dans ma nature, surtout quand Jack est dans les parages. Je regarde mon binôme en fronçant un peu les sourcils. Je ne l'ai pas encore vraiment cerné. Je ne sais pas comment il est, c’est très peu probable qu’on s’entende bien mais peut-être que je me trompe (je ne me trompe jamais). Je concentre de nouveau mon attention sur Jack qui lui me montre sa coéquipière qui est pas loin. “T’aurais trouvé n’importe qui cool.” Parce qu’il aime tout le monde Jack, il aurait accepté n’importe quel binôme. Il est pas compliqué le canadien.

Si les talons sont ses espadrilles à elle, lui, c'est pieds nus qu'il se sent le mieux. Il rêve déjà du moment où ses vieilles Converse vont voir leurs semelles se détacher - il pourra enfin se sentir un p'tit peu plus en liberté. ”J’en suis sûre aussi.” c'est plus fort que lui Jack, il veut pas juger. Il veut pas se dire que ce genre de course est pas son genre à elle, il veut pas se dire que son équipe avancera pas aussi vite que celles des autres. Elle a du nerf Ivy, elle est compétitive, elle est brillante et s'il y a bien une candidate dont les autres devraient se méfier, c'est elle.

Les autres, Jack?
Et pourquoi pas toi?

“Ca dépend quel genre d’information croustillante t’intéresse.” il tâte des infos, il tâte de la confiance. Il essaie sans même le réaliser l'idiot, de voir si Ivy le place dans la catégorie de son camp à elle ou des adversaires. Lui, il est là pour aider tout le monde. Il en verra un ou une sur le bord du chemin en panne et il arrêtera tout même s'il était à deux centimètres de la ligne d'arrivée pour aller donner un coup de main. Il est pas là pour gagner, quand bien même que le fric (c'est combien, déjà?) l'aiderait à arrêter de se stresser pour un rien mensuellement. N'en reste que pour l'heure, lui, il est là pour l'aventure en soit. Rien à battre des résultats ; tout à battre de comment elle le perçoit. « T'es plus douée que moi pour trouver ce volet-là. » c'est elle la stratégique après tout, c'est elle qui a toujours une longueur d'avance sur tout le monde tant elle calcule vite et bien. Lui, il traîne de la patte et il tergiverse, au propre comme au figuré. « Je partage si tu partages. » ça sonne comme un show me yours, i'll show you mine, ça sonne aussi comme une bribe d'alliance sans même qu'il ne tente de le comprendre.

“T’aurais trouvé n’importe qui cool.” parlant de partage, ils passent de son équipier à elle à son équipière à lui.  « Sois pas jalouse, t'es cool toi aussi. » son rire remonte, il est enfantin. Bien sûr qu'elle est cool Ivy. À voir si les autres sont du même avis. À voir si ça le dérange, lui.

Je râlais. Je râlais vraiment il y a quelques minutes là. j’aurais pu sauter à la gorge de n’importe qui. N’importe qui sauf Jack. Jack qui essaie toujours de tater le terrain avant de s’approcher un peu plus, avant de continuer à parler. Je parle chaussure, en pensant à la paire de talons que j’avais tenté d’emmener dans mon sac qu’ils ont vidé. Paire de chaussure qui vaut certainement plus cher que le salaire annuel de ce con de caméraman. Mais j’ai grogné, je n’ai pas fait de scandale. Je ne vais pas déjà faire de scandale. Autant garder ça pour quand les caméras seront sur on. Je ne perdrai pas mon énergie à m’énerver pour un rien sans avoir de public autour de moi et derrière les écrans.

Il cherche des informations, est ce qu’il se fait stratégique Jack ? Moi je le suis toujours, je le suis depuis l’instant où on m’a enlevé ce bandeau et que je cherche à cerner quelle équipe a ses chances. Martin a l’air de connaître l’aventure, il me sera utile. Jack a déjà voyagé, je le sais. Mais est ce qu’il est réellement capable de tenir dans une compétition ? Il est trop gentil le brun, il a trop de coeur, trop de choses qui vont lui porter préjudice à un moment ou à un autre. Je me retourne pour me mettre à côté de lui. Je partage si tu partages. “Ok” Jack est une personne de confiance, mais je ne lui dirai pas tout. Personne n’a jamais le droit d’avoir 100% de ma confiance. Il faut se méfier des gens, et lui devrait bien plus se méfier du monde. Se méfier de moi. “Là-bas, le type qui doit avoir ton âge. Gregory je crois. Un peu con et beauf sur les bords, mais les deux sont compétiteurs. Le genre capable à faire des sales coups.” Mon regard dévie quand j’ai déjà analysé plus de la moitié des gens qui se trouvent dans cette aventure. “Elle là. On dirait une enfant. Ca m’étonnerait pas qu’elle se soit déjà cassée la figure 10 fois depuis qu’elle a enlevé son bandeau.” Je penche légèrement la tête, et je lui donne bien trop d’informations. “Lui là-bas, j’ai entendu dire qu’il était flic. Qui dit flic dit entrainement, dit sportif.” Dit dangereux pour ceux qui ne le sont pas. “Lui, très charmeur, pense qu’il va certainement pouvoir arrêter les voitures avec son sourire. Mais il n’a pas l’air dangereux.” Je tourne la tête vers lui. “Et y’a toi. Le mec qui pourrait avoir ses chances mais bien trop gentil pour savoir ce que compétition veut dire. Qui pourrait laisser la victoire lui passer sous le nez juste pour froisser personne.” Et il y a moi, qui serais capable d’éliminer chacune de ces personnes une à une juste pour avoir toutes les caméras tournées vers moi. “Ca peut t’arriver de l’être aussi.”

Plus que quelques minutes avant que les candidats soient lâchés pour de bon et il sait même pas d'où ni de comment ni de pourquoi Jack. Il est perdu mais il a le sourire aux lèvres, il se souvient pas des règles et il les suivra probablement pas non plus, éternel rebelle dans l'âme qui s'amuse bien plus en l'instant que ce que son sourire mutin ne pourrait dévoiler. Elle est un amusement en soi Ivy, et elle le sait bien plus que qui que ce soit, bien plus que lui-même.

“Ok” et elle cède, et il s'en étonnerait presque Jack. S'il n'était pas occupé à être bien plus attentif de ce qu'elle a à dire que de ce que l'animatrice a précédemment dévoilé. “Là-bas, le type qui doit avoir ton âge. Gregory je crois. Un peu con et beauf sur les bords, mais les deux sont compétiteurs. Le genre capable à faire des sales coups.” il hoche de la tête, même âge que lui qui ne le froisse pas du tout. Les pattes d'oie au creux de ses yeux sont des marques de vie après tout. “Elle là. On dirait une enfant. Ca m’étonnerait pas qu’elle se soit déjà cassée la figure 10 fois depuis qu’elle a enlevé son bandeau.” la blondinette qui titube justement quand Ivy parle d'elle, la cheville à deux poils d'être cassées. Quel gâchis. “Lui là-bas, j’ai entendu dire qu’il était flic. Qui dit flic dit entrainement, dit sportif.” d'office, le mot flic le fait frissonner. Il s'en tiendra loin. “Lui, très charmeur, pense qu’il va certainement pouvoir arrêter les voitures avec son sourire. Mais il n’a pas l’air dangereux.” elle semble en avoir fini et étonnamment, Epstein il a cru. Il a tout cru. Elle dit vrai, pourquoi elle lui mentirait?

“Et y’a toi. Le mec qui pourrait avoir ses chances mais bien trop gentil pour savoir ce que compétition veut dire. Qui pourrait laisser la victoire lui passer sous le nez juste pour froisser personne.” pour ça. Parce qu'elle a raison, parce qu'elle l'a cerné. Parce qu'il est le maillon faible. Et ça a même pas l'intention de le déranger. Même si elle le trouve cool, apparemment.

« Toowoomba. » il connaît rien sur personne, il s'en fout des adversaires. Mais il connaît la route et le pays en entier. « Prenez la route vers Toowoomba, ça sera plus rapide pour aller à Charleville. La nationale. » il inspire, rêve d'une clope, poursuit un peu sans expirer de fumée. « Les gros camions y vont tout le temps, les familles aussi. Ce sont eux les véhicules qui vous diront oui pour faire du stop. » ses informations à lui sont-elles aussi utiles que celles d'Ivy?

Je cède. Je cède uniquement parce qu’il vient me voir au moment où je réfléchis. J’analyse, je regarde, j’écoute. Et en attendant le début du jeu je ne me fais même pas tellement remarquer que ça. Je reste à côté du brun qui me pose déjà des questions. Je sais que lui ne fais pas ça. Il n’ira pas chercher les points faibles, les petites choses qui ne vont pas dans tous les binômes concurrents. Moi je le fais, et c’est en ça qu’on aurait fait une bonne équipe. En fait, on aurait certainement été un duo imbattable. Je secoue la tête, je continue de parler à voix haute en ayant bien fait attention qu’on soit isolé. On est seulement nous deux là, pourquoi ? Pourquoi ce n’est pas à mon binôme que je dévoile ces informations ? Parce qu’il ne me connait pas comme Jack me connait. Parce que je ne dévoile pas toutes mes cartes, même pas à celui qui fait équipe avec moi, trop rapidement. Je me méfie et j’y vais à taton, quand moi je cherche à avoir les informations sur les autres dans la seconde. Et la plupart des gens sont bien trop facile à lire. Martin ne l’est pas vraiment lui, je n’arrive pas encore à savoir s’il est un atout ou un boulet à mon pied.

Et il ne répond pas, il m’écoute, il regarde chaque personne que je lui pointe. C’est amusant de voir qu’il me croit, tout autre personne se serait méfié de ces informations même si elles sont totalement prêtes. Et il reprend la parole, Toowoomba. J’ai déjà entendu le nom de cette ville, je n’y suis jamais allée. “Je vais essayer de retenir tous ces mots sans les mélanger.” Mon regard de blondinette écervelée que je tourne vers lui alors que je mémorise. “J’ai jamais fait de stop.” J’espère que Martin en a fait lui.

Toowoomba. C'est par là qu'elle doit aller et il le lui dit sans penser une seule seconde à une quelconque stratégie. Il en a rien à faire de lui donner la réponse, quand bien même il ne doute pas une seconde qu'elle l'aurait trouvée toute seule. Ou même que son partenaire l'aurait su. Il prend personne en pitié Jack, il fonctionne pas comme ça. Comment il fonctionne par contre, c'est en étant égal aux autres. Ils sont tous au même niveau à ses yeux, ils ont tous le même but, ils veulent tous la même chose. Les yeux brillants et la peau de porcelaine d'Ivy ne font pas exception à la règle.

“Je vais essayer de retenir tous ces mots sans les mélanger.” « J'ai confiance en toi. » il le dit sur le ton de la blague Jack, mais ça vaut pour tout et pas que pour l'ordre des mots ni même leur destination. Il sait mieux que quiconque que lorsqu'elle a un but elle fera tout pour l'atteindre - ses mains et ses baisers sur sa peau la dernière fois ne l'ont confirmé qu'un peu trop. “J’ai jamais fait de stop.” la confession aurait pas étonné personne, pourtant Epstein il juge pas, il juge jamais. « J'en ai fait pour deux. » qu'il dédramatise plutôt, égalisant encore. C'est pas sorcier, ça prend qu'un pouce et encore un sourire rassurant en bord de route fait bien l'affaire. Elle apprendra, elle a cinq semaines pour ça, parce qu'il ne la voit pas abandonner pour une simple question de faire du covoiturage. « Installe-toi le plus souvent derrière. » qu'il lui conseille, bon joueur. « C'est plus facile de faire ce que tu veux comme ça. » comme faire la sieste, comme ignorer le conducteur, comme maudire son partenaire.

La seconde d'après, il file rejoindre Colleen, fin prête.
« On se revoit à Charleville. » ou avant, sûrement.
On se voit quand on aura gagné cette étape-là.