Honte à moi, ça faisait trois semaines que je devais ramener ce livre à la librairie. Livre que je n’avais même pas ouvert, par faute de temps sans doute. Voulant me documenter sur les cancers et différentes prises en charge possible, voulant asseoir mes compétences pour me rendre plus crédible dans mon rôle de directrice à l’association, je n’avais pas vraiment eu le temps pour honorer ma volonté. Ce livre était en accès libre à la librairie et faisait partie des quelques ouvrages qu’ils pouvaient mettre à disposition des clients, à condition de leurs rendre en temps impartie et j’étais sans doute bonne pour devoir l’acheter et repartir sous le bras, avec ce délai insupportable. J’arriverai bien à le faire passer sous le compte de l’association, c’était un peu une bible et il ne serait inutile pour personne. Ce serait ma solution bis au cas où on me refoule bien gentiment.
La file à la caisse était longue et j’avais déjà l’impression que j’allais passer plusieurs minutes à poireauter avec mon livre sous le bras. Je jetais un œil à l’extérieur, dans la rue, regardant les passants pour passer le temps. Je souriais en voyant ce gamin coller son visage contre la vitrine et laissant derrière lui une belle trace de bave. Je grimaçais en voyant cette femme laisser son chien se vider sur le trottoir sans même daigner ramasser derrière elle. L’incivilité m’exaspérait toujours autant. Je restais figée sur ce visage qui venait de passer et qui s’arrêta un instant à deux mètres de l’entrée. Max, que j’étais persuadée d’avoir aperçu hier au speed dating mais entendant quelqu’un l’interpeller par un autre prénom, je n’y avais pas prêté plus d’attention. Pourtant, même coupe, même veste… je regardais un instant la file et il y avait encore bien dix personnes avant moi. « tant pis… » je sortie de la librairie, de nouveau avec le livre sous le bras, prête à me faire courire après pensant que j’étais une voleuse, mais je reviendrai payer plus tard. Et puis, finalement, personne n’était derrière moi. « Max ! » que j’interpelle, mais j’ai pas l’impression qu’il capte. Je m’avance davantage à son niveau. « Salut ! » je sais même pas s’il se rappelle de moi. « J’t’ai vu de l’intérieur, j’ai couru pour pas te louper. Ca fait un bail ! » est ce que j’lui demande, s’il a pas un frère jumeau ou je sais quoi ?

J'ai pas passé une bonne journée, vraiment une mauvaise journée. J'ai rien vendu hier soir et j'ai dû courir pendant au moins 20 minutes pour pas me faire choper par les flics avec autant de drogue sur moi. C'est pas comme si j'étais pas habitué par ce genre de situation, mais aujourd'hui, j'ai décidé que j'allais utiliser cette excuse pour être chiant et insupportable. Pour une fois j'ai une excuse, c'est étonnant non ? Et c'est juste vraiment pas la journée pour venir me parler ou me faire chier. Je sais pas vraiment ce que je suis censée faire, je vais passer ma journée à faire le tour de la ville, passer dans quelques bars. Mais je reste dans la rue, je me pose contre un mur et fume ma clope. Je réfléchis à ce que je vais faire ce soir, quel est le meilleur endroit pour vendre.

Je réfléchis pendant quelques minutes, je suis dans mes pensées et je regarde les voiture passer. Une voix que je connais appelle un prénom inconnu. Je tourne pas la tête, je reste concentré sur la fin de ma cigarette et sur les voitures. Mais la voix se rapproche, et j'ai l'impression qu'on me parle. Je grogne et finis par tourner la tête à contre cœur. Anita. Et merde. C'est pas le jour, c'est pas le moment, j'ai pas envie de jouer au mec parfait aujourd'hui. Je souffle un « Salut » sans trop d'enthousiasme. Je ne me souviens même plus quel est le prénom qu'elle s'est inventé. Elle me l'a dit pourtant quand on s'est vu dans ce bar. Quand elle a cru à toutes mes histoires tellement facilement. « Oui ça fait un bout de temps, c'est parce que tu m'as pas rappelé ça ! » J'aurais peut-être dû essayer de la voir avant, pour m'amuser, pour tout lui dire et la détruire encore un peu. Je suis sûr que je l'ai traumatisé, et que je peux toujours le faire. « Ton prénom c'est quoi déjà ? » Ton faux prénom Anita, celui que t'as inventé certainement pour oublier ta vie d'avant. Vie d'avant qui revient au galop.

J’étais pas foutu de remettre de l’ordre dans mes idées et de savoir exactement à quand remontait la fois où on s’était vu dans ce bar et où Max avait chanté devant tout le monde en me dédicassant cette chanson. C’était ce genre de soirée unique dont on ne comprend pas trop le sens, ces rencontres d’un soir dont on se souviendra toujours, sans pour autant avoir la certitude de les revoir. C’était aussi la magie de ces soirées-là. Le total imprévu, alors que je devais retrouver Loan, elle avait fini par ne pas pouvoir venir et c’était en compagnie de Max que j’avais terminé cette soirée – sans qu’il ne se passe absolument rien – Cette soirée à visiter les coins secrets de Brisbane tout en buvant des bières et de la téquila cachée dans un sac en papier. A la façon de deux ados qui se cachent pour boire de l’alcool et qui sillonnent les rues désertes et magnifiques de la ville à trois heures du matin.
Sans réfléchir, je décide de sortir de la librairie pour sauter sur l’occasion de le revoir, de lui reparler. « Salut » J’étais pas certaine qu’il me remette réellement ,qu’il ai un souvenir de moi aussi claire que j’en avais un de lui. Mais, au moins, il est poli et ne me met pas de vent. « Oui ça fait un bout de temps, c'est parce que tu m'as pas rappelé ça ! » et je grimace et hoche la tête, il allait pas m’croire. « J’vais te sortir l’excuse du portable volé, des contacts envolé ? » et pourtant, c’était vrai. Je m’étais bel et bien fait voler mon téléphone quelques jours après et en récupérant un nouveau téléphone, même si la plupart de mes contacts étaient sauvegardé sur un cloud, tous les derniers numéros ajoutés avaient été sauvegardés sur mon téléphone, ayant fait une mauvaise manipulation dans mes paramètres. « Ton prénom c'est quoi déjà ? » première réaction : déception. Deuxième réaction : il a peut-être mauvaise mémoire et après tout on ne s’était vu qu’une seule fois. Troisième réaction : ne pas lui en vouloir. « Noa ! » que je lâche, comme s’il n’avait plus intérêt d’oublier, ca sonnait presque comme une menace d’ailleurs. « C’est drôle de te voir aujourd’hui ! Je crois que tu as un sosie dans l’coin, j’ai vu un mec qui te ressemblait fortement hier… mais j’ai cru comprendre qu’il s’appelait Jet. » et avec ma mémoire selective, pas si physionomiste que ça, peut être qu’il était blond, pas brun, peut être qu’il était un peu plus grand que lui, je sais plus trop. « Comment tu vas ? t’as fait connaissance avec la ville ? »

Je suis vraiment pas dans un bon jour. Peut-être même pas dans une bonne semaine en réalité. Ca me fatigue, tout me fatigue. Et surtout mes problèmes de vente de ces derniers jours. Si je me bouge pas Lou va venir me remonter les bretelles, et elle est peut-être mignonne comme ça, mais elle n’a pas vraiment un fond gentil quand il s’agit de son affaire. Alors je bouge les sachets qui trainent dans ma poche, et je réfléchis à ma stratégie pour aujourd’hui. Je fume aussi, parce que, même si la nicotine ne me détend plus depuis des années le geste est rassurant. Et je ne peux pas passer une journée sans fumer de toute manière. Alors je me pose devant une bibliothèque je crois, et je prends une pause.

Pause qui s’arrête rapidement puisque la gamine brune d’il y a un bon nombre d’année se retrouve devant moi. Elle ne m’a pas rappelé, je m’en souviens. Et ça me décevrait presque. Est ce qu’elle a grillé ma couverture ? Je ne pense pas, elle ne serait pas toute souriante si elle savait qui je suis en réalité. Je garde encore un peu de suspens, mais il m’en faudrait peu aujourd’hui pour lui donner mon vrai non et faire remonter des souvenirs pas vraiment agréables dans sa mémoire. Vraiment très très peu. “Excuse plutôt répandue en général.” Et je hoche la tête, me mentir peut être une des raisons pour laquelle je pourrais balancer mon prénom en me renommant sur son téléphone. Et son prénom, elle m’a donné un faux prénom mais impossible de remettre la main dessus avant qu’elle ne me le redise droit dans les yeux. “J’ai peut-être plusieurs prénoms.” Et je hausse un sourcil, un peu comme elle. Et je ne lâche pas son regard. J’ai dit que j’étais dans un mauvais jour, mais jouer avec elle pourrait égayer une partie de ma journée. “C’est drôle aussi parce que…” Je finis ma cigarette et la jette au sol. “J’ai vu une fille qui te ressemblait beaucoup il y a quelques temps, mais elle s’appelait…” Je fais mine de réfléchir une seconde. “Anna ? Alicia ? Non non attends…” Je me souviens très bien de son prénom. “Anita, voilà c’est ça.” Mes yeux ne lâchent toujours pas ceux de la brune. “Oui j’ai eu l’occasion de faire quelques visites en solitaire, je connais presque tous les bars maintenant.” et tous les meilleurs coins pour vendre ma drogue.

“Excuse plutôt répandue en général.” J’peux pas dire le contraire, mais j’vais pas lui dire autre chose pour lui faire plaisir, seulement, c’est ce qui s’est vraiment passé. “J’ai peut-être plusieurs prénoms.” Son regard insistant sur moi, j’ai du mal à comprendre, parce que je sens qu’il a changé, surtout par rapport à la dernière fois où on s’est vu. Peut être qu’il est rancunier, peut être qu’il m’en veut finalement de pas avoir su le recontacter. Y a comme un gène d’un coup. Après tout, s’il veut qu’on l’appelle par un prénom ou par un autre, qu’il ai un surnom ou pas, j’avais pas tellement capter. “C’est drôle aussi parce que… J’ai vu une fille qui te ressemblait beaucoup il y a quelques temps, mais elle s’appelait… Anna ? Alicia ? Non non attends…” J’me décompose avant même qu’il prononce la suite, parce que si j’voyais pas bien où il voulait en venir, tout revient très rapidement plus clair. “Anita, voilà c’est ça.” Et son regard de psychopathe qui me revient aussi. Je deviens pale, j’ai chaud et froid, des frisson qui me parcourent, ça me glace le sang d’être en face de lui. J’ai plusieurs prénoms, ouais, il a trois prénom même. Max… rien à voir, Jet, Jeremiah… c’est une blague ? “Oui j’ai eu l’occasion de faire quelques visites en solitaire, je connais presque tous les bars maintenant.” Comment il fait ça ? Comment il peut passer du coq à l’âne. Se foutre de moi ouvertement et continuer comme si de rien n’était ? J’suis comme paralysée sur place, parce que tout ce que j’avais réussi à laisser derrière moi, mon enfance que j’avais voulu balayer avec un symbole assez fort : changer de prénom suite à mon adoption. Jeremiah faisait clairement partie de ceux que je voulais zapper et je crois que j’y étais arrivé car même son regard, je n’aurais jamais pu l’oublier. « Jeremiah. » que je fini par lâcher. « Putain, j’y crois pas… » je fais même un pas en arrière. « Tu l’sais depuis quand ? » est ce qu’il avait compris qui j’étais depuis le début ? Est-ce qu’il est toujours aussi pervers et manipulateur ? Est-ce qu’il est toujours ce connard que j’ai en tête, la terreur de mon enfance ? Pour moi, il était l’équivalent du grand méchant loup, le pire méchant qui puisse exister dans n’importe quel film ou référence moderne. Jet, Max ou Jeremiah était ma terreur. J'ai envie de pleurer, j'ai ma gorge qui se serre tellement il me renvoi en pleine face une période que je n'avais pas envie de me rappeler.

C’est dommage qu’elle soit arrivée aujourd’hui. Parce qu’à quelques heures, jours près j’aurais continué mon jeu. Peut-être qu’elle serait tombée amoureuse allez savoir. Et là j’aurais bien rigolé. Mais là tout me saoule, et surtout sa tête de gamine innocente qui n’a pas changé depuis toutes ces années. Mis à part quelques rides en plus. Et elle venait avec pleins de bonnes intentions. Alors je lui parle, je fais la conversation mais je suis froid. Comment elle ne peut pas encore comprendre ? Je serais presque vexé qu’elle ait réussi à m’oublier. Je veux bien lui rappeler tous ses mauvais souvenirs. Parce qu’elle me cherche, elle vient me voir pendant un mauvais jour, tant pis pour toi Noa.

Je prononce son vrai prénom à voix haute et je la vois qui se décompose. Quoi ? J’ai encore autant d’emprise sur elle même après tant d’années ? C’est presque jouissif, je suis de suite bien plus joyeux qu’il y a quelques minutes. Je souris et je capte son regard. Je serre les dents quand elle elle prononce mon vrai prénom et mes sourcils se froncent. Est ce qu’elle est toujours aussi terrifiée ? “Jet.” Froid, ça claque dans le silence qui s’est fait entre nous depuis qu’elle semble se liquéfier et vouloir fuir sans y parvenir. “Content de te retrouver !” Oh que ça sonne faux. Elle fait partie de ma première famille d’accueil, de ma vie de merde et elle est juste un dommage collatéral qui a pris toute ma haine dans la gueule quand j’en avais besoin. “T’as la même tête de gamine naïve et peureuse d’il y a des années.” Je ne lâche pas ses yeux, elle finira par ne plus tenir mon regard j’en suis certain. “C’est pas en changeant de prénom que tu te refais une identité.” C’est ce qu’elle devait espérer pourtant. Mais je suis là, pour lui rappeler ce qu’elle a vécu. Pour qu’elle se rappelle de ce qu’elle a voulu oublier pendant des années.

Jeremiah, Jet, pour moi ca sonne comme connard tout ça. J’vais lui laisser l’bénéfice du doute, mais vu comme c’est parti, j’ai pas l’impression qu’il se soit vraiment arrangé avec le temps.  J’ai bien envie de dire qu’il a grandit, qu’il est adulte maintenant, mais vu qu’il s’amuse à s’faire passer pour quelqu’un d’autre, j’ai un peu de mal à me dire qu’il a fait ça par honte plutôt que par plaisir. C’était quoi ma veine de retomber sur lui un jour ? J’vais avoir 40 piges – bon, dans quelques années- et j’me rends compte qu’il me paralyse toujours autant. Comme quoi, les traumatismes, même quand on a l’impression qu’ils sont oubliés, ils vous reviennent parfois rapidement dans la gueule. “Content de te retrouver !” mytho. Content pour quoi ? Pour le plaisir de voir ma gueule complètement flippée devant lui ? J’sais pas, je sais bien que ses conneries c’était pas si violent en réalité, il m’a jamais maltraité réellement mais c’était juste une pression psychologique en permanence qui a bien participé à m’faire sentir comme une merde à chaque instant d’mon enfance et de mon adolescence. “T’as la même tête de gamine naïve et peureuse d’il y a des années.” Mais quel connard. Je réitère et je confirme mes propos, zéro chance que j’lui laisse la présomption d’innocence à présent. “C’est pas en changeant de prénom que tu te refais une identité.” Dit-il, Jet. « Parce que tu sais de quoi tu parles ? » parce que là, la flipée que j’suis, elle commence à s’transformer en vénère que j’vais être. « T’as pris ton pied ? » que j’lui demande, même si la question est rhétorique, la réponse est oui, vu sa tête de satisfait. « J’ai pas changé d’identité, j’ai fais une croix sur tout c’qu’il m’rappelle mon enfance pourrie. » du moins, tout ce qui s’est passé avant mes 10 ans. Et j’ai eu l’courage d’le faire. Je sais pas pourquoi j’ai besoin d’me justifier. « Tu parles en connaissance de cause ? J’ai l’impression que t’es toujours aussi sadique, le suivi psychologique t’as pas aidé à t’en sortir visiblement. » il doit bien avoir un traumatisme quelques part aussi pour avoir besoin d’écraser autant et de prendre son pied en le faisant. faut que j'me calme, je sais pas du tout si j'vais pouvoir encaisser s'il me rentre dedans.

J’ai ce sourire mauvais qui reste ancré sur mon visage. Parce qu’elle fait ressortir le mauvais côté Noa. Est ce que j’ai un bon côté ? Ca j’en doute fortement. Je croise son regard de nombreuses fois, et elle le fuit moins que quand elle était gamine. Peut-être que grâce à moi elle s’est endurcie, elle a pris du caractère. Ce serait bien pour elle, parce qu’elle était particulièrement pleurnicharde et peureuse selon mes souvenirs. Je n’hausse pas la voix, et pourtant elle a déjà l’air de se décomposer. C’est fou à quel point les traumatismes enfants peuvent rester ancrés dans la tête des gens. Elle ne m’a pas oublié, mais elle ne m’a pas reconnu la première fois qu’elle m’a vu. Elle aurait peut-être dû, ça aurait été moins bizarre pour elle non ? Moi j’ai adoré changer d’identité, c’est tellement facile. “Oh je ne change pas d’identité pour tout le monde.” Contrairement à elle qui a apparemment honte ou peur de tout ce qu’elle a vécu quand elle était plus jeune. “C’était juste pour toi, prends ça comme un traitement de faveur.” C’est faux. Je peux changer d’identité tous les soirs si ça me chante pour avoir tout ce que je veux de qui je veux. “Ouais la visite de Brisbane était carrément cool !” Je tire sur ma clope et je ne lâche pas son regard. Je connais Brisbane encore mieux qu’elle, et pourtant, je l’ai laissé faire la bonne samaritaine à faire découvrir la ville à un nouvel arrivant. “Elle était si pourrie que ça ?” Une fausse mine boudeuse, avant de lever les yeux au ciel. Elle est si dramatique. Elle a pas si mal tourné elle devrait relativiser la gamine. Je serre un peu les dents, j’ai pas besoin de suivi psychologique. “Pourquoi j’aurais suivi une expertise psychologique ? Parce que t’étais trop fragile pour survivre à quelques piques.” Je lève encore une fois les yeux au ciel. Elle est vraiment épuisante cette là. “Si ça te fait plaisir, dis toi que ton enfance et ta vie sont merdiques à cause de moi si t’as besoin d’un fautif j’en ai rien à foutre de ton avis.” Je la connais pas vraiment, je n’ai jamais eu envie d’apprendre à la connaître il faut dire. Et c’est certainement pas aujourd’hui que mon avis va changer.

Je sais pas ce qui me retiens encore sur ce trottoir à lui rendre des comptes ou à poser des questions dont les réponses m’intéressent absolument pas. J’trouve ca tellement dégueulasse de sa part ce qu’il a fait, même si maintenant, j’en suis pas surprise, mais de voir que le mec à presque 40 piges est toujours aussi mal dans ses pompes pour avoir à s’faire passer pour un autre. Le pire, c’est que j’ai l’impression que si je m’appelle Noa aujourd’hui, c’est qu’il pense que c’est pour le fuir et me faire passer moi aussi pour quelqu’un d’autre. Comme si j’assumais pas qui j’étais. Je sais parfaitement qui je suis et qu’on m’appelle Noa ou Anita, aujourd’hui c’était pareil, c’était pas pour une question de manipulation ou de vouloir tromper l’adversaire. J’étais pas là pour lui faire penser que j’étais quelqu’un de complètement différent. Mon histoire restait la même quoi qu’il en soit. “Oh je ne change pas d’identité pour tout le monde.” Exactement c’que j’dis, connard. J’ai envie de lui cracher dessus. Pourquoi j’suis encore La ?! Il a pas l’air d’apprécier quand j’aborde le sujet du psychologue, le pauvre, sujet sensible, on dirait qu’il est dans l’déni de qui il est et surtout de pourquoi il est comme ça et pourquoi il fait tout ça. « Pourquoi j’aurais suivi une expertise psychologique ? Parce que t’étais trop fragile pour survivre à quelques piques. » mais pauvre type, tu m’as terrorisé et pris ton pied à le faire pendant plusieurs années ! « Si ça te fait plaisir, dis toi que ton enfance et ta vie sont merdiques à cause de moi si t’as besoin d’un fautif j’en ai rien à foutre de ton avis. » « J’ai de bonnes adresse pour des psychologues, y a pas de honte à aller en voir, par contre, être persuadé qu’on en a pas besoin alors qu’on est un vrai psychopathe, là c’est carrément dangereux. » et je pense que cette phrase allait être le clap de fin. Terminé Max ou Jet ou Jeremiah, j’m’en fou de qui il est réellement au fond, maintenant. Sans dire un mot de plus, je tournais les talons et rentrai à nouveau dans la librairie.