“Ça ressemble au bouton qu’avait Anna sur le front et qu’elle a voulu cacher avec un pansement.” Le doigt de Lily, aussi amusé que moqueur, pointe une représentation de la Sixième Plaie d’Egypte à travers la vitre du musée du Caire. Son autre main, elle, n’a pas lâché celle de Matt depuis plus de dix années. Leur fille avait largement préféré rester chez ses cousins plutôt que de faire des trucs de vieux en Egypte, ce qui n’a pas posé problème à aucun moment. Même si les parents profitent de chaque soirée pour prendre des nouvelles de leurs progénitures, leurs vacances ne sont rythmées que par les désirs de deux estomacs et non pas trois - croyez moi, cela fait toute la différence.

Ils parcourent les musées, les dunes, les souk. Ils goûtent tout ce qu’ils peuvent goûter, miment d’être parfaitement à l’aise face à des charmeurs de serpent alors qu’ils ne rêvent que de s’enfuir le plus loin possible. Le Caire leur plaît, le voyage aussi. Ils s’amusent d’un rien, éternels adolescents qui jamais n’assumeront avoir passé la barre des quarante ans il y a de ça plusieurs années déjà. Pour le moment en tout cas, c’est Lily qui y va de son petit commentaire à chaque objet exposé et histoire racontée derrière les vitres en plexiglas protégeant des artefacts millénaires. “Tu crois que c’est toi ou tes beaux-frères qui auraient hurlé le plus fort si vous aviez été attaqués par les insectes ?” Elle remonte un peu dans le temps, la fourbe, faisant référence à la Huitième Plaie pour laquelle ils se sont spoil eux mêmes, trop occupés à s’embrasser pour s'embarrasser du sens de visite - avant qu’un gardien ne les rappelle à l’ordre. Ils s’en tiennent désormais aux mains lovées l’une contre l’autre et ce malgré les représentations de cadavre, sang, pustules et autres joyeuseries qui rythment leur visite du musée sans ne jamais entacher leur bonheur et leur joie d’éternels touristes insouciants. Quand est ce que le jeu de piste débute, d’ailleurs ? C’est pas tout ça mais Lily commence à avoir faim, quand même.

Le surf au Maroc c'est la totale. Les plages sont incroyablement belles, les couchers de soleil sont à couper le souffle, y'a des vagues de malade et en vrai, on pourrait facilement rester ici pour encore bien plus longtemps que jamais je m'en plaindrais. On a décidé de faire le tour aussi. Pas le tour tour, mais on s'est égarés volontairement d'un côté et de l'autre. Meilleur voyage au monde qui finit avec un exposé sur les merveilles, avec le Musée du Caire, avec des tas de références historiques et surtout avec Lily qui a l'air d'une gamine quand je lui mets des couronnes de pharaon sur la tête et qu'elle se noie à travers les dorures.

Ses baisers goûtent la poussière, le sable, le thé à la menthe et le soleil. Tout autour, les touristes sont soient obnubilés par les ruines et autres artefacts, soit par notre potentiel à rafler tous les awards du plus beau couple ever tellement on est dégoulinant de fromage et d'amour. La vie est belle, sous le soleil.

“Tu crois que c’est toi ou tes beaux-frères qui auraient hurlé le plus fort si vous aviez été attaqués par les insectes ?”
“Auden pour sûr. Et après Bailey lui aurait hurlé de se la fermer parce que ce sont juste des insectes, et après moi j'aurais hurlé sur les deux parce qu'un d'entre eux m'aurait piqué et que selon Doctissimo ça veut dire que j'ai maintenant le cancer des yeux.”

Elle est tombée dans la pire des meilleures familles Lily. Avec nous, y'a de quoi faire niveau hypochondriaque, et c'est assuré que si pendant ses études médecine elle a eu besoin de cobayes, on était là en toutes lettres. Nasta elle, a pris le relais de sa mère pour faire de notre vie un (petit) enfer, quand elle a décidé de s'improviser esthéticienne et maquilleuse à nous barbouiller la peau et les lèvres. Vraiment, être entouré d'elles, c'est autant un bonheur qu'une maldécition.

Mais non je rigole.
Qui croit à ça de toute façon, des malédictions?
Right?

Ça semble pourtant être la thématique ici, à ce que je vois aux murs et sur les écriteaux. “Okay on joue à un jeu. La fin du monde arrive : c'est quoi ton dernier repas?”

WIN : elle lui laisse le dernier morceau de fromage
SO CLOSE : elle le partage
FAIL : elle prend tout la lourde

“Auden pour sûr. Et après Bailey lui aurait hurlé de se la fermer parce que ce sont juste des insectes, et après moi j'aurais hurlé sur les deux parce qu'un d'entre eux m'aurait piqué et que selon Doctissimo ça veut dire que j'ai maintenant le cancer des yeux.”

Lily acquiesce comme s’il était porteur de la parole de Dieu - et désormais, c’est lui, Dieu, mais ne lui dites pas il aurait d’horribles chevilles. Elle est la première heureuse qu’il puisse se moquer aussi facilement de ses beaux frères puisque de son côté elle se contente de faire bonne figure devant eux - et leur femme respective - puisque de côté elle tient la liste exhaustive de tout ce qu’elle a bien pu leur reprocher ces dernières années. La liste débute avant même qu’elle les ait connu, d’ailleurs, ne la pensez pas aussi douce. Mais pour Matt au moins il n’y a aucun liste de tenue si ce n’est celle de leurs voyages à venir, de leurs envies, de leurs besoins (en nourriture) (en chocolat, en fait). L’Egypte était sur une des listes, quelque part.

“Okay on joue à un jeu. La fin du monde arrive : c'est quoi ton dernier repas?” La réponse ne se fait pas attendre tellement elle en est évidente. “Un demi morceau de fromage et toi t’as l’autre moitié seulement parce que j’ai pas oublié ce matin que t’as pris mes cranberries.” Non non j’en veux pas qu’il disait, une seconde avant qu’elle en prenne pour elle, deux avant qu’il décide finalement de changer d’avis, son traître de mari. Elle a râlé pendant d’interminables secondes sans jamais s’arrêter mais jamais elle n’a pensé - voulu - le lui reprendre. Imaginez le goût divin du fromage mêlé aux cranberries. Ce serait un chouette repas avant la fin du monde. “Et ta dernière boisson avant la fin du monde ?”

WIN : du vinvinvinvivnvivnvivnvinvin, son pref
SO CLOSE : du vinnnn mais le pref de Lily
FAIL : de l’eau, parce qu’il pense être enceint parce oui bien sûr que ça se transmet par la pensée et par l’envie d’avoir un enfant de plus, quelle question

“Un demi morceau de fromage et toi t’as l’autre moitié seulement parce que j’ai pas oublié ce matin que t’as pris mes cranberries.”
“Oui mais ça c'est clairement ta faute c'est toi qui les a mises dans ton smoothie là, ton açaï bowl avec plein de fruits et en vrai te moque pas de moi c'est méchant et aussi c'est la fin du monde je te signale.”

Des enfants heureux, des enfants aux yeux qui brillent et aux sourires qui font pareil. On écoute la visite guidée à moitié parce que celle qu'on s'improvise est beaucoup plus cool de toute façon. Les t-shirts assortis qu'on s'est achetés au souk avant de venir au musée tranchent avec absolument rien tellement les groupes d'américains qui passent de parts et d'autres de nous sont de véritables petites mines d'or de clichés de touristes. Ils ont même les démarcations de bronzage parfaites sur leurs bras, ces guignols. C'est du beau.

Mon bras se resserre autour des épaules de Lily, mes dents font pareil contre sa nuque qui goûte la crème solaire de bambins à la noix de coco, celle qu'on achète par litre parce qu'elle tolère pas la moindre chance que je finisse par crever d'un cancer de la peau. Je parle beaucoup de maladie aujourd'hui, vous avez remarqué? Ça doit être un truc dans l'air.

“Et ta dernière boisson avant la fin du monde ?”
“Pffffffff tu me connais si peu c'est triste.” que je me moque, grand idiot amoureux, avant de l'entraîner vers une autre salle où les sculptures font place à un univers complet comprenant pléthores de momies et tous leur secrets. “Du vin. Mais le tien, hen.” oh qu'il est grand mon sourire, oh qu'il est merdeux aussi. Elle l'aime autant qu'elle le déteste celui-là. “Pour te voler toutes tes rations une dernière fois.” terreur des bacs à sable pendant une seconde. “Mais surtout parce que je veux pas être avec personne d'autre si ma vie doit se terminer sur un compte à rebours. Autant qu'on boive un truc que t'aimes pour que tu restes jusqu'à la fin.” et homme marié, homme d'affaires et triple père gratiné la suivante.


WIN : ils se postent devant l'un des sarcophages et lancent une partie de "imagine si la momie jouait à j'ai jamais"
SO CLOSE : ils se postent devant l'un des sarcophages et la momie sur un piédestal derrière eux bouge sans qu'ils ne le réalisent
FAIL : ils se postent devant l'un des sarcophages et un son guttural et effrayant s'en échappe

“Oui mais ça c'est clairement ta faute c'est toi qui les a mises dans ton smoothie là, ton açaï bowl avec plein de fruits et en vrai te moque pas de moi c'est méchant et aussi c'est la fin du monde je te signale.” “T’as pas le droit de dire que c’est la fin du monde seulement parce qu’ils n’avaient plus de pain perdu au petit déjeuner, je suis certaine que demain tout ira mieux et que le monde se portera parfaitement bien.” Vous en voulez, vous, des vieux couple qui ne se disputent même pas mais ont un don certain pour prendre tout l’espace et monopoliser toute l’attention de ceux autour, en même temps. Ils les détestent, ils pensent sûrement qu’ils ont une conversation existentielle qui n’en finit pas, eux qui parlent nourriture en anglais alors que le reste des visiteurs ne parle que pharaon, Histoire et fin du monde dans leur langue natale.

Elle râle, elle souffle, elle lève les yeux au ciel et elle se moque pourtant c’est bien coincée contre sa nuque qu’elle se sent le mieux. Lily râle quand il l’embrasse dans le cou mais c’est simplement parce que si elle protège leur peau avec de la crème solaire, ce n’est pas pour qu’il meurt en l’ingérant de la sorte. Pourtant, elle ne se dérobe pas pour autant et elle ne fait rien non plus pour qu’il arrête. Il est bien plus intéressant que n’importe quelle personne morte il y a des millénaires. “Pffffffff tu me connais si peu c'est triste.” Vous voyez, là, qu’il est le seul à râler et qu’en plus il râle pour deux, le fourbe. “Là t’essayes de t’en convaincre.” Pour peu qu’elle bouderait, par contre, la brune qui trouve incroyablement improbable l’idée selon laquelle elle ne connaîtrait pas son mari sur le bout des doigts (les siens à elle, les siens à lui, peu importe).

“Du vin. Mais le tien, hen. Pour te voler toutes tes rations une dernière fois. Mais surtout parce que je veux pas être avec personne d'autre si ma vie doit se terminer sur un compte à rebours. Autant qu'on boive un truc que t'aimes pour que tu restes jusqu'à la fin.” “Okay, tu t’es pas trop mal rattrapé. On peut rester mariés.” Il s’est plutôt bien rattrapé, à vrai dire. Il n’y avait rien de quoi se rattraper, en fait, mais elle aime bien trop se moquer de lui pour ne pas en parler. La momie devant eux est vraiment cool, mais l’embrasser reste bien plus cool encore. “J’ai toujours rêvé de vivre La Nuit au Musée.” La momie bouge peut être mais ce n’est pas son cas à elle, alors qu’ils annoncent aux visiteurs la fermeture imminente du prestigieux musée.

WIN - Un regard à droite, un autre à gauche, et les voilà qui passent par une porte dérobée.
SO CLOSE - Un regard à droite, un autre à gauche, et voilà un enfant perdu et en larmes qui demande sa mère.
FAIL - “Attends, Matt. La momie a bougée. Je te jure qu’elle n’était pas comme ça, avant.” vient mettre en pause les envies de remake Hollywoodien.

Elle est belle quand elle prend le rôle d'un pharaon et que par un miracle que je ne m'explique pas aucun vigile et aucun gardien ne vient nous dire qu'on fait du grabuge dans le musée, qu'on doit arrêter nos idioties de gamins. Grand bien leur en fasse.

“T’as pas le droit de dire que c’est la fin du monde seulement parce qu’ils n’avaient plus de pain perdu au petit déjeuner, je suis certaine que demain tout ira mieux et que le monde se portera parfaitement bien.”
“Ah non mais tu comprends pas moi demain matin je me poste directement dans l'entrée et je réclame mon pain perdu ET tes cranberries genre celles que je t'ai volées ce matin mais aussi celle que je voudrai demain bref, on en aura sur ma vie.”

Juste là, j'ai faim. On a passé devant des machines distributrices tout à l'heure et si j'en juge par le reflets dans ses yeux, elle aussi, elle est affamée. Nos heures de repas, de collations et d'entre-collations sont calquées les unes sur les autres - c'est ça l'amour, quand t'es un McGrath même par alliance. “Là t’essayes de t’en convaincre.” “Ça marche pour toi autant que ça marche pas pour moi?” j'éclate de rire, c'est le moment de recevoir des chhhhhhttt de la part de la Terre en entier. “Okay, tu t’es pas trop mal rattrapé. On peut rester mariés.” “Tous elle m'a demandé ma main and I SAID YES.” et c'est aussi le moment de changer de salle et de s'isoler.  Les regards noirs des touristes des USA me font rire. Presqu'autant que la coupe de cheveux de leur président.

“J’ai toujours rêvé de vivre La Nuit au Musée.” devant nous y'a des sarcophages, mais devant nous y'a une porte secrète aussi. Bien plus intéressant. “Si tu m'aimes tu viens avec moi - et tu partages ta glace au caramel salé après la visite.” je pose pas de questions de plus, laissant juste ma paume attraper la sienne pour simple et unique confirmation. Si y'a des aventures à vivre, c'est à deux toujours. C'est bien plus fun ainsi.

“Ah non mais tu comprends pas moi demain matin je me poste directement dans l'entrée et je réclame mon pain perdu ET tes cranberries genre celles que je t'ai volées ce matin mais aussi celle que je voudrai demain bref, on en aura sur ma vie.” Et c’est sur sa vie qu’elle l’embrasse pour lui faire cesser ce monologue qui n’en finit pas. Si elle l’embrasse, c’est pour lui et seulement pour lui, pour son bien à lui, pour qu’il se porte encore un peu mieux même si tout va bien ici, qu’ils sont plus heureux que n’importe qui en ce monde. Rien ni personne ne pourrait venir gâcher cela. “Ça marche pour toi autant que ça marche pas pour moi?” Du bout de ses doigts elle mime un “un petit peu” puisqu’apparemment ils sont contraints, pieds et poings liés, de débuter un jeu du Roi du Silence puisqu’on les somme d’enfin se taire pour laisser les visiteurs entendre ce que le guide a à leur dire ou blablabla, elle n’a de toute façon pas suivi. La première de la classe s’est perdue quelque part dans les dédales du musée, visiblement.

“Tous elle m'a demandé ma main and I SAID YES.” Et ouais, okay, elle n’est peut être plus la première de la classe mais Matt, lui, c’est certain qu’il en a toujours été le pitre - le genre de pitre qu’elle a passé ses journées à sommer de se taire et enfin travailler. Aujourd’hui, avec son pitre de mari, elle enfreint les règles et réalise des rêves de gamine ; une fois de plus. “Si tu m'aimes tu viens avec moi - et tu partages ta glace au caramel salé après la visite.” Ils courent, ils partent, ils évitent la sécurité et les touristes qui veulent notre mort.  “J’ai pas signé pour ça, va encore falloir négocier Monsieur McGrath.” C’est pourtant Mr McGrath qu’elle suit d’une porte à l’autre sans jamais penser à renoncer, un sourire de gamine sur le bout des lèvres et des yeux balladeurs qui profitent d’observer des oeuvres interdites au public, des bijoux incroyables, de l’or à en crever le plafond. “Lui c’est la Momie du film. Même si entre nous je préfère Rami Malek, il s’en sort pas mal.” Bien sûr qu’elle préfère Rami, bien sûr qu’elle en a parlé des milliers de fois à Matt et qu’elle se moque de leur manque incroyable de référence, parce que c’est l’Egyptien qu’elle avait toujours rêver d’épouser, pas l’anglais - et si vous voulez savoir, ça a tout à voir avec le fait qu’elle ignorait encore son existence dans le temps ; sinon elle n’aurait jamais eu un tel avis.

WIN - “Attends tu crois que c’est son nom d’écrit là ? Ca se prononce comment ?” Qu’elle dit, ingénue qui ne sait toujours pas qu’il ne faut JAMAIS prononcer le nom des gens morts qui font peur.
SO CLOSE - “Tu te souviens des trucs de ton école d’archéologie ? J’aimerais savoir ce qu’il y a écrit sur le sarcophage.”
FAIL - “Je veux que notre enfant ait un nom de pharaon.” Je suis enceinte.

Oui, oui bien sûr que je l'écoutais. Bien sûr que j'étais pendu à ses lèvres, et que chacun des mots qu'elle articulait même les plus idiots étaient traités comme des Graal. C'est de Lily dont on parle, c'est de la femme de ma vie dont il s'agit et si elle décide de déblatérer tout ce qu'il y a sur sa liste d'épicerie je peux vous garantir que je serai aussi attentif que si elle était en train de m'annoncer qu'on sera parents de nouveau.

Wait, what?

“Je veux que notre enfant ait un nom de pharaon.”

“T'es enceinte pour vrai de vrai?” c'est une surprise mais ce n'est pas une erreur, ça l'est jamais quand il y a elle et moi dans l'équation. Et bien sûr que mes bras l'enlacent et bien sûr que je la soulève de terre, et bien sûr qu'elle perd l'une de ses espadrilles et que celle-ci va s'abattre sur l'une des momies alignées sagement - vraiment? - dans l'angle. On le voit pas, du moins moi je vois rien, je vois juste elle et son visage que je noie de baisers en oubliant qu'à un moment va falloir que je reprenne mon souffle et elle avec. Derrière ça s'agite, derrière ça grogne et derrière ça grommelle. Moi, je rigole et je l'aime, bon Dieu que je l'aime.

“Pas un avec pleins de H et de T et de R et de chiffres.” ok, parlons des choses sérieuses un peu. Même si mon sourire est bien trop grand pour être pris au sérieux, nuance.
“Un court qui se crie bien quand tu lui auras appris à voler mon fromage et pas le tien.” les bases.
“Un comme celui-là?” et mon index dérive de sa joue où il la chatouille rien que pour le faire, pointant désormais le sarcophage et surtout son écriteau éponyme situé tout au fond de la salle. Celui bien creepy, éclairé seulement par un faisceau de lumière venue du plafond, du puits de soleil qui y est aménagé. Il a l'air louche, mais pour l'heure, rien n'est louche quand j'aurais vraiment pas pu être plus heureux que maintenant.

La fuite était amusante, la course l’était tout autant. Elle n’était pas discrète le moins du monde à cause de son rire qui résonne encore et toujours bien trop fort et pourtant elle s’en moque, elle s’en moque tellement. Il y a de bien meilleurs sujets à aborder, il y a de bien plus belles choses dont elle souhaite discuter avec lui.

Et enfin, ils parlent de neuf au milieu des vieilles reliques. Ils parlent nouveau né au milieu des morts ; quelle ironie. “T'es enceinte pour vrai de vrai?” Sans doute trop émue pour articuler des mots à nouveau, elle hoche de la positive avec vigueur. Ses pieds décollent du sol, ses bras se retrouvent coincé par les siens et pourtant elle ne se plaint pas, bien au contraire. Ses petits cris de joie mêlés à ceux de Matt prennent le pas sur le lent mais progressif réveil des hommes bandés, ils sont insouciants au milieu du chaos qui se prépare. Mais bon Dieu, qu’est ce qu’ils sont heureux. A ses yeux, c’est tout ce qui compte. Avec Matt, avec Nasta, avec le bébé-pharaon. Ils sont tout ce qui compte, tout ce qui a toujours compté.

Alors, le futur papa (encore) lance ses demandes à son tour et elle elle écoute, un sourire encore bien trop immense pendue à ses lèvres, heureuse de lui enfin avoir parlé de ce qui lui pèse sur la conscience depuis de longues et interminables heures. “Pas un avec plein de H et de T et de R et de chiffres.” “Ginny voulait que son prochain enfant s’appelle C3PO.” Si sa soeur a le droit alors Lily devrait l’avoir aussi, non ? Il en est où, d’ailleurs, le concours entre eux du meilleur prénom de bébé ? Nasta a gagné, c’est certain. Bien sûr qu’ils ont gagné. “Un court qui se crie bien quand tu lui auras appris à voler mon fromage et pas le tien.” La même éducation que Nasta ; exactement la même. Ils pourront reprendre les reproches qui n’en sont pas là où ils les ont laissés, quelques années plus tôt. “Un comme celui-là?” Il pointe ailleurs et elle voit le besoin de poser sa tête contre la sienne, son bras passé autour de son torse. “Akhmonra ? C’est joli. T’as pas intérêt à l’appeler Momo, je te préviens.” Ses reproches se ponctuent d’un terrifiant (non) baiser sur sa joue.

WIN - Yes elle l’a réveillé et déclenché la fin du monde accélérée.
SO CLOSE - Elle a ouvert les yeux. C’est sûr. Okay y’a les bandages, mais ils voient quand même qu’elle a bougé là.
FAIL - On tape sur leur épaule, parce que vraiment la sécurité en a marre de - ah non, c’est une autre momie, sans doute jalouse qu’on ne lise pas son nom à elle.