(st anthony's school) « T’as pas vu passer une carte dans la boîte aux lettres ? » Elle accompagne les garçons pour aller à l’école, ce matin. Les trois derniers nés de la famille sont trop jeune pour fréquenter ce genre d’endroit mais Noah y est depuis plusieurs années déjà, même s’il aurait payé fort pour ne pas avoir à faire une rentrée de plus, lui qui est dans un âge où il ne voit pas vraiment l’intérêt de l’école, des devoirs, et de tout ce qui ne se résume pas à la récréation où il peut discuter avec ses amis. Il n’en reste pas moins un bon gamin et, bien qu’il ne se prépare pas de bonté de coeur, il n’est pas pour autant du genre à faire des caprices à tout va et les rendre amers: il va à l’école et, le soir venu, il raconte avec enthousiasme chaque détail de sa journée à son père comme à Lily. Quand il voit Ginny, c’est à sa mère qu’il en fait part. Pour le moment encore, ce n’est pas réellement devenu une habitude. Rien à la hauteur de ce qu’une mère pourrait espérer, sans doute - malgré le statut qu’elle a à son tour gagné, Lily n’en sait rien. Si elle avait l’opportunité d’avoir de nouveau du temps pour elle sans avoir à se soucier des jumeaux ou d’Alice, elle en serait parfaitement heureuse ; mais elle refuse pour autant de déléguer, parce que cela signifierait qu’elle donnerait l’image d’une incapable. Et quiconque connaît Lily Keegan-McGrath-Beauregard sait qu’elle est capable. Dès qu’elle le veut, elle le peut, et surtout elle le fait.

La dernière carte d’Alfie commence à remonter il y a longtemps et, plutôt que de se concentrer sur une route qu’elle connaît par cœur, c’est en direction de son ami de toujours que ses pensées vacillent. Leur correspondance est particulière, rare, mais elle n’en est pas moins précieuse pour Lily et bien au contraire: elle chérit la moindre trace de son existence, la moindre trace de ses mots. Il a toujours été présent dans son existence et elle refuse que des milliers de kilomètres suffisent à les séparer. Si elle n’avait pas tout construit ici, à Brisbane, elle n’aurait pas hésité un seul instant avant de le rejoindre là-bas. Elle y aurait élevé les jumeaux, peut-être. Ils auraient été heureux, ils auraient trouvé un ranch. Elle l’aurait transformé en maison d’hôtes ou en Dieu sait quoi: ils auraient vendu leurs produits, ils auraient sauvé des chevaux. Ils auraient élevé d’autres animaux. Ils y auraient été heureux, tous. Alfie et elle, du moins. « Je demanderai aux voisins. Peut-être que le numéro a été lu trop vite. » Elle réfléchit à voix haute, loin de tenir son mari responsable de la moindre faute. Elle l’aime pour qui il est, pour son empathie, pour son insouciance la plus pleine et entière. Il a connu des passes difficiles, il sait ce que c’est que d’aller mal, et pourtant il est loin de pouvoir comprendre pleinement la femme qu’il a épousé. Ce qui convient à Lily, parce qu’elle n’attend pas de lui qu’il la comprenne totalement. Il l’aime, et c’est amplement suffisant. Il aime leurs enfants, et ça aussi c’est amplement suffisant. « J’espère qu’elle ne s’est pas perdue. » Bien sûr qu’Alfie a pensé à elle ; l’existence de cette lettre est une évidence. A l’avenir, elle lui demandera de trouver un foutu numéro de téléphone, comme tout le monde.

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***
« T’as pas vu passer une carte dans la boîte aux lettres ? » Ils n’étaient pas partis depuis plusieurs minutes que les pensées d’Ezra étaient presque déjà passées en mode automatique pour la journée qui s’annonçait. Noah devait d’abord être déposé à l’école, et ensuite il se rendrait au garage - il avait qui plus était une réunion importante avec un fournisseur cet après-midi, en témoignant son polo neuf et propre qu’il avait pris soin d’enfiler après avoir pris son petit déjeuner pour une fois. Tant la question de Lily détonnait par rapport aux sujets sur quoi il s’était concentré pendant ce laps de temps, il ne répondit pas de suite, se contentant de froncer un brin les sourcils. « Une carte, genre une carte postale ? » Il fouillait aussi rapidement que possible dans sa mémoire, savoir si effectivement cela lui disait quelque-chose où si c’était une question à laquelle il ne pourrait répondre - cela ferait surement hausser les sourcils de la brune à ses côtés, si c’était le cas, mais ce ne serait qu’une fois de plus comparé à toutes les autres journées. « Je demanderai aux voisins. Peut-être que le numéro a été lu trop vite. » Peut-être que le numéro de leur maison avait pu être lu trop rapidement, oui, c’était une explication potentielle - pourtant, cette histoire de carte disait quelque-chose à Ezra.

« J’espère qu’elle ne s’est pas perdue. » Et maintenant que ses pensées s’étaient alignées de nouveau parfaitement, il tourna son visage vers sa femme, non sans détendre les traits de ce dernier puisque s’il se souvenait effectivement de la dite-carte, ce souvenir soulevait plus d’interrogations qu’apportait de réponses. « Celle que j’ai accroché sur le frigo y’a genre trois ou quatre jours ? » C’était une carte postale, elle ne portait aucune identification qui permettrait de comprendre d’où elle venait. Ezra n’avait pas cherché grand chose sur le moment, c’était contenté de l’accrocher dans la cuisine - et avait été appelé ailleurs parce-que l’un de leurs enfants avait eu besoin de quelque-chose, n’y repensait pas plus que cela depuis. Mais maintenant qu’elle apportait le sujet sur la table, effectivement, cela lui disait on ne pouvait plus quelque-chose puisque c’était lui avait relevé le courrier ce jour là. « J’ai pas pensé à t’en parler parce-qu’elle est pas signée, je l’ai accroché et je l’ai oublié. » Il était surtout plutôt étonné que Lily ne se soit pas aperçue qu’elle était apparu dans leur cuisine alors que pourtant, d’ordinaire, elle remarquait les moindres détails et les moindres changement.

Alors que la voiture entrait dans l’allée menant à l’école et que Noah se préparait à descendre du véhicule, grimaçait une petite moue avant de s’extirper par la porte arrière à l’intention de son père comme si lui avait deviné avant Ezra que la conversation n’allait pas lui plaire, il salua son fils de la main avant de se tourner vers Lily cette fois ci. « Tu sais de qui elle vient cette carte ? » Il n’y avait pas d’énervement dans la voix d’Ezra, davantage de la surprise; pas parce-qu’elle pourrait savoir et lui non, mais plutôt parce-qu’elle n’avait pas parlé d’attendre une carte de quelqu’un qu’elle connaissait parti en vacances ces dernières semaines. « Parce-qu’à moins que ce soit écrit à l’encre invisible de qui c’est, on peut pas savoir. » Peut-être était-il un brin trop amusé par sa propre blague qui pourtant ne méritait pas autant d’attention, il laissa échapper un petit rire en secouant quelque peu sa tête de gauche à droite. Lily allait surement lever les yeux au ciel une fois de plus, mais comme dit précédent: ce ne serait qu’un chiffre à augmenter d’un sur la journée et c’était là quotidien désormais.

Elle hoche la tête quand il répond que oui, elle parle d’une carte postale et que oui, la question tient toujours alors qu’elle lui demande s’il a pu en voir une et surtout s’il sait où elle pourrait être. « Celle que j’ai accroché sur le frigo y’a genre trois ou quatre jours ? » Elle déporte lentement sa tête en sa direction, les sourcils froncés. « Tu as quoi ? » Elle tente sincèrement de ne pas faire entendre sa colère, mais elle prévaut sur le reste. Elle attendait cette carte avec urgence et impatience et ne comprend pas comment il a pu simplement la coller sur le frigo à côté des dessins de Noah, comme si de rien n’était. « J’ai pas pensé à t’en parler parce-qu’elle est pas signée, je l’ai accroché et je l’ai oublié. » Elle en veut à Ezra autant qu’elle en veut à elle-même, parce que si elle n’était pas éternellement à droite et à gauche alors c’est un changement qu’elle aurait aussitôt remarqué sans même avoir à attendre, ou en parler à Ezra. Bien sûr qu’elle aurait vu l’arrangement différent des magnets, bien sûr qu’elle aurait vu les couleurs des paysages d’Amérique du Sud jurer avec le blanc immaculé de leur frigo. « Tu aurais dû m’en parler. » Elle souffle, sans chercher à cacher les reproches qu’elle nourrit à son égard. Si la lettre ne lui était pas destinée, alors elle l’était forcément à Lily, et il aurait dû lui en parler.

Tant que Noah est encore avec eux, la discussion ne va pas plus loin. D’un commun accord, ils agissent en adultes responsables et gardent le jeune garçon loin des problèmes des adultes. « Tu sais de qui elle vient cette carte ? Parce-qu’à moins que ce soit écrit à l’encre invisible de qui c’est, on peut pas savoir. » Son regard posé sur l’horizon, elle ne prend pas note de la remarque d’Ezra. Elle vérifie qu’aucun enfant ne court devant la voiture, elle vérifie aussi que son mari respecte les limitations de vitesse sans le faire à sa sauce. « C’est Alfie. » Le mensonge n’est pas une option dans cette situation, et elle estime trop Ezra pour penser lui dire qu’elle ne sait pas de qui vient cette carte postale non-notée et non-signée. Ils n’ont jamais eu besoin de se conformer aux règles, entre eux. « Il me donne des nouvelles comme ça. » Parce qu’il est Alfie et qu’envoyer un sms serait trop lui demander, parce que ce serait trop simple et trop cliché, évidemment. Elle ne s’en plaint pas réellement, pour une fois: elle a les paysages à afficher chez elle, elle a tout pour se dire qu’il a effectivement quitté une ville ne lui apportant pas grand-chose pour l’échanger contre le bout du monde, bien plus attirant. « Je m’inquiétais de pas avoir de ses nouvelles. » Sa voix porte son souci. Ezra ne peut sûrement pas le comprendre, mais Lily, elle, sait à quel point Alfie peut être capable de tout et de son contraire. Elle sait, aussi, à quel point il semble aller bien parfois et est capable de vriller le lendemain, sans avoir donné de signes. « Ces lettres sont importantes. Préviens moi juste si tu en vois d’autres. » Sans qu’elle, en retour, ne juge évidemment nécessaire de prévenir Ezra qu’une lettre de la part de son ex est arrivée: elle les garde en sûreté dès qu’elles arrivent, tels de précieux artefacts. Pour Ezra, elles ne signifient rien. « Alice aime beaucoup les photos dessus. » Et peut-être qu’elle aime surtout que Lily passe de longues heures à lui parler dès qu’elle reçoit une carte, et dès que cela lui fait d’autant plus penser à sa première fille.

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« Tu as quoi ? » Il fronça quelque peu les sourcils. « Je l’ai accroché sur le frigo. » Il secoua quelque peu sa tête, ne comprennent pas l’état d’urgence qu’elle imposait présentement à sa phrase: ce n’était pas dramatique qu’elle ne l’ait pas vu ces derniers jours, même si cette dernière était techniquement à la vue de tous pendant tout ce temps. Il n’y avait rien sur la carte qui soulignait de devoir la prévenir rapidement, il n’avait pas jugé qu’il était nécessaire de la mettre au courant dans la seconde - et une fois l’image cartonnée accrochée sur le réfrigérateur, il avait oublié qu’il l’avait récupéré dans la boite aux lettres et n’avait plus songé à la mentionner. « Tu aurais dû m’en parler. » Il haussa un sourcil. « J’ai oublié, c’est une carte pas signé, y’avait pas d’urgence. » Parce-qu’il ne comprenait pas en quoi cela en constituait une pour elle, qui changeait d’humeur et la portée de sa voix maintenant qu’elle avait notion que la carte était effectivement arrivée chez eux.

Le changement d’humeur et d’attitude face à la carte se devait de souligner quelque-chose en revanche: Lily devait avoir au moins une maigre notion de qui elle provenait, sinon elle ne lui casserait pas les pieds de la sorte présentement - elle pourrait le faire, mais pas avec ce changement de ton là, qui indiquait clairement qu’elle était énervée et qu’elle l’était devenue en une fraction de seconde. « C’est Alfie. » Heureusement donc que la voiture était désormais garée dans l’allée de l’école, sinon son premier réflexe aurait été de freiner d’un coup sec et cela n’aurait aidé personne. « Alfie ? » - « Il me donne des nouvelles comme ça. » Ses deux sourcils se hissèrent sur son visage en entendant ces mots - s’il avait bien entendu, bien sur. Lui disait-il qu’Alfie, celui qui n’avait jamais en rien était de bonne composition face à elle, qui avait même déjà mis sa vie ne danger si ces souvenirs n’étaient pas défaits que ça suite à l’accident deux ans plus tôt. « Je m’inquiétais de pas avoir de ses nouvelles. »

« Ces lettres sont importantes. Préviens moi juste si tu en vois d’autres. Alice aime beaucoup les photos dessus. » - « Parce-que Alice a le droit d’être au courant que tu reçois des cartes de lui mais pas moi, alors ? »

Secouant quelque peu son visage, il porta son regard par dessus le pare-brise, tapotant la pile de ses doigts sur le volant. Ce n’était pas dans ses habitudes de réagir de cette sorte, mais certaines personnes n’étaient pas le bienvenue autour des personnes qu’il aimait; Alfie en faisait partie, dommage pour lui. « Je crois que j’ai mal compris, c’est pas possible autrement. » Oh, ce n’était pas de cette sorte qu’il aurait aimé réagir, parce-qu’il n’appréciait que peu être de cette humeur là. Mais parfois, cela lui semblait nécessaire - pour aussi et surtout montrer à Lily qu’il n’était pas question de tout laisser passer comme si de rien n’était. « Alfie - » Il inspira longuement. « Je suis pas jaloux donc c’est pas le côté que t’aies eu une relation avec lui ou j’en sais trop rien qui me pose problème là. » Il secoua quelque peu sa tête, finissant par tourner cette dernière vers Lily de nouveau. « Celui qui t’a fait du mal, tu continues de garder contact avec lui ? Et tu te dis que lui montrer ses cartes là qu’il envoie à notre fille, c’est une bonne idée ? » Il ne comprenait pas l’enchainement des idées qui s’était fait dans l’esprit de Lily concernant cette situation. Il n’était pas ravi qu’elle garde contact avec lui, soit, mais il ne pouvait pas tant lui dire quoi que ce soit d’autre que son opinion dont elle ferait bien ce qui lui semblait juste avec. Mais introduire d’une façon ou d’une autre cet homme dans la vie de leurs enfants ? Quel était l’intérêt dans toute cette démarche ?

« J’ai oublié, c’est une carte pas signé, y’avait pas d’urgence. » Et c’est justement pour ça qu’elle dit qu’il aurait dû lui en parler, parce que ce qui n’a aucune sorte d’importance pour Ezra en a beaucoup pour Lily. Elle n’attend pas de lui qu’il comprenne tous les secrets de cette carte sans signature ni mot, et même bien loin de là, mais elle attendait au moins qu’il prenne le temps de simplement lui dire au fait et la prévenir qu’une telle chose était arrivée chez eux. Elle se moque que la carte se retrouve sur le frigo, elle veut surtout l’avoir dans ses mains un instant pour attester sa véracité et surtout attester qu’Alfie est encore en vie et non en train de jouer à un James Gray des temps modernes. Sans plus attendre, elle finit par lui donner le prénom de la personne derrière la carte. « Alfie ? » Et sans plus attendre, la réaction d’Ezra se fait connaître, plus ou moins égale à ce que Lily pouvait attendre de lui sur un tel sujet dont il ignore tout. « Ne prononce pas son prénom sur ce ton. » Elle demande à son tour, avec un timbre de voix bien trop calme et bien trop posé pour qu’il ne sonne pas menaçant à son tour. Il ne connaît pas Alfie, il n’a aucun droit de regard en ce qui le concerne. « Parce-que Alice a le droit d’être au courant que tu reçois des cartes de lui mais pas moi, alors ? » - « Alice a un an et ne comprend pas ce qu’il se passe, tu vas me faire une scène parce que tu es jaloux de ta propre fille ? » Elle insiste et plonge longuement son regard dans le sien. Est-ce qu’il est réellement en train de se comparer à Alice et au traitement qui lui est donné ?

A la façon dont il s’agite devant le volant, Ezra est de toute évidence en colère, ce qui pousse à son tour Lily à n’en penser pas moins de toute cette situation. Rien de tout ceci ne serait arrivé s’il lui avait parlé de la carte postale qu’il a reçue. Qu’elle a reçue. « Je crois que j’ai mal compris, c’est pas possible autrement. » Il a très bien compris et il le sait. Tout ce qu’il fait, c’est créer un problème là où il ne devrait pas y en avoir le moindre. Toutes ces années, il n’y en a jamais eus le concernant, du moins - des problèmes entre Lily et Alfie, par contre, font partie du quotidien. « Alfie - » Elle se mord la langue pour ne pas réitérer sa demande et lui ordonner de ne plus prononcer son prénom de cette manière. « Je suis pas jaloux donc c’est pas le côté que t’aies eu une relation avec lui ou j’en sais trop rien qui me pose problème là. » Il a beau en parler avec toute l’assurance du monde, Lily n’en pense pas moins. Elle répond d’abord par un rire étranglé, loin d’être convaincue par l’argument d’Ezra. Si ce n’est pas ça, alors qu’est-ce qui peut bien autant lui poser problème ? « Celui qui t’a fait du mal, tu continues de garder contact avec lui ? Et tu te dis que lui montrer ses cartes là qu’il envoie à notre fille, c’est une bonne idée ? » - « Je te dis rien sur la façon dont tu gardes contact avec tes ex, Ezra, donc ne t’avise pas d’en faire de même avec moi. » Peu importe si Alfie a été violent avec elle, peu importe s’il l’a blessée bien plus que n’importe qui en ce monde. Peu importe si elle a failli prendre de la foutue drogue à ses côtés. Elle en a fait autant à son encontre, dans leur jeu qui n’a jamais connu le moindre gagnant. « Il est à l’autre bout du monde, me fais pas croire que tu te sens menacé, là. » Leur mariage est quand même plus solide que des cartes postales sans mot, non ? Il en pense autrement ? Elle le défie de l’avouer à voix haute. « T’as même jamais parlé avec lui. » Alors il n’est pas en droit de le juger aussi durement. « Conduis. » Ils ne gagneront rien à avoir cette discussion dans une voiture qui n’avance pas. Autant tenter d’en finir le plus rapidement possible.

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« Ne prononce pas son prénom sur ce ton. » A cette réaction là, il laissa ses yeux s’écarquiller petit à petit. « Pourquoi ? » Oh, il avait bien des raisons de le faire, et ce n’était pas d’aujourd’hui. Même: si elle n’était pas autant biaisée sur le sujet, elle pourrait se rendre compte que c’était la seule réaction justifiée qu’il pouvait avoir en cet instant. Mais Lily avait une attache particulière avec Alfie, qui ne lui permettrait pas de voir à travers un prisme clair la situation. « Alice a un an et ne comprend pas ce qu’il se passe, tu vas me faire une scène parce que tu es jaloux de ta propre fille ? » Ce n’était pas parce-qu’elle le regardait avec une telle intensité qu’il délogerait son regard du sien, ce n’était même pas envisageable. Certes, la plupart du temps Ezra avait peur de Lily - c’était un bout de femme impressionnante -; mais c’était parce-qu’il savait que de se monter contre elle n’avait aucun intérêt. Aujourd’hui, il portait un jugement bien différent sur la situation. « Non. » Il inspira. « Mais si elle comprend pas ce qu’il se passe, pourquoi c’est important de lui en parler à elle et pas à moi ? » C’était le point qu’il tentait de mettre en avant ici: il lui semblait qu’il était plus important de discuter de tout et de rien ensemble, pas dans le dos l’un de l’autre. Pourquoi ne lui avait-elle pas parlé de ces cartes postales dès le début ? Pas que cela lui aurait davantage plu - mais il pensait qu’elle pouvait lui accorder une confiance un peu plus développée que ça, tout de même.

Il pensait aussi et surtout qu’elle aurait un peu plus de jugeote pour ne pas continuer à avoir des contacts avec celui qui n’avait pas toujours été bienveillant avec elle. Elle ne lui en parlait pas, mais il n’avait pas besoin que ce soit le cas pour comprendre que les rapports de force n’avaient pas toujours été bienveillants lorsqu’elle le fréquentait - qu’importait la nature même de cette relation, d’ailleurs, qu’importait le petit rire que Lily pouvait laisser s’étrangler dans sa gorge lorsqu’il le soulignait. « Je te dis rien sur la façon dont tu gardes contact avec tes ex, Ezra, donc ne t’avise pas d’en faire de même avec moi. » A cette remarque là, il pinça fort les lèvres. Oh, c’était petit que de jouer cette carte là en cet instant: les circonstances n’étaient pas les mêmes, les enjeux non plus. Elle ne pourrait jamais lui dicter la façon de se comporter avec ses ex-compagnes, puisque l’une d’entre elles était la mère de son premier fils; cela ne laissait pas les limites aux mêmes endroits. Surtout alors que l’histoire avec cette dernière était bien complexe et continuait de l’être avec le temps. « Tu sais très bien que c’est pas pareil. » Au moins, aucune d’entre elles ne s’était montrée violente avec Ezra - oserait-elle lui affirmer en gardant son regard ancré dans le sien comme elle le faisait en lui posant ses questions que c’était le cas pour elle ? Il mettrait sa main à couper qu’elle ne saurait le faire. Il se trompait surement, mais il pariait tout de même.

« Il est à l’autre bout du monde, me fais pas croire que tu te sens menacé, là. » - « Mais je me sens pas menacé… » - « T’as même jamais parlé avec lui. » - « Tu sais que c’es… » - « Conduis. » - « C’est pour toi que je me sens menacé. »

Peut-être avait-il pris un ton un brin trop haut, trop fort aussi, pour exprimer ces derniers mots mais en même temps, il avait l’impression de ne pas être entendu - et pire même: de ne pas être écouté. Une fois encore, c’était là une habitude mais sur les choses qui n’étaient pas autant importantes cela n’avait pas le même impact. Ezra n’appréciait pas hausser la voix, qu’importait la situation, parce-qu’il savait très bien que c’était le type de comportement que d’autres personnes empruntaient et il ne prenait pas ces personnes là en exemple. Mais il était important que Lily puisse entendre, écouter, son point de vue aujourd’hui parce-qu’elle faisait des suppositions sur ce dernier qui étaient erronées. « J’en ai rien à foutre de lui, et je me sens pas menacé. » Son égo d’homme était tout à fait protégé en cet instant, il n’avait jamais remis cette partie là de l’histoire et de leur conversation en cause. Il tourna son regard vers sa femme - parce-qu’après tout, c’était là encore une information qui faisait qu’il n’avait pas besoin d’hésiter: elle était sa femme -, en pinçant ses lèvres. « J’ai peur pour toi. C’est pas par rapport à moi. » Si elle ne l’avait pas encore compris, alors que c’était pourtant une évidence même. « Et c’est pas d’aujourd’hui ou ça part pas de cette putain de carte postale: j’ai toujours eu peur pour toi avec lui. » Devait-il réellement souligner à haute voix les raisons pour lesquelles c’était le cas, ou choisir cette seconde option qui s’imposait à lui comme la bonne était-elle suffisante ? « Et dis moi que j’ai tort. Prouve moi que j’ai tort et que j’ai pas besoin d’avoir peur. » Et non, il ne se mettrait pas à conduire alors qu’ils étaient en pleine conversation animée, si c’était là une question que se posait encore Lily, tant pis s’ils étaient encore au niveau du complexe scolaire en cet instant.

Elle est territoriale, Lily. Elle le sait, ce n’est en rien une surprise ; mais ce n’est pas parce qu’elle le sait qu’elle tente d’une quelconque façon d’agir dessus. Alfie est à elle, leur relation n’appartient qu’à elle, et il n’y a pas même le lien du mariage pour la faire revenir sur ses positions. « Pourquoi ? » - « Parce que c’est aussi le prénom de notre fils. » Sans qu’il ne l’ait choisi, cela n’en reste pas moins la vérité. Leur fils s’appelle comme cet homme qu’Ezra déteste tant, et il ne peut plus rien faire contre cette idée. Maintenant, il doit respecter ce prénom, peu importe la personne à laquelle il se rapporte précisément. « Non. Mais si elle comprend pas ce qu’il se passe, pourquoi c’est important de lui en parler à elle et pas à moi ? » Parce qu’elle n’a pas la moindre envie d’en parler à Ezra, tout simplement. Parce que n’importe qui aurait pu recueillir ses confessions, qu’il s’agisse de la plante grimpante au-dessus de l’évier ou un de ses chats. Le hasard est tombé sur Alice ; et Lily sait dans le fond que ce n’est pas totalement un hasard tant elle continuera toujours de nourrir un doute infime quant à l’identité de son père. Impossible de dire qu’elle a les yeux d’Ezra quand, en réalité, ils pourraient tout aussi bien être les siens propres. « Justement parce qu’elle ne comprend pas ce qu’il se passe et qu’elle ne me prendrait pas la tête, elle. » Ezra creuse mais il n’a pas les bons outils pour parvenir à une quelconque réponse. Il ne peut pas comprendre qu’elle n’a aucune raison de lui parler et, surtout, qu’elle a toutes les raisons du monde de rester muette face à lui, sur ce sujet au moins. Blessée dans sa personne, elle finit par demander à son mari de ne pas lui demander d’agir d’une certaine manière avec Alfie alors qu’elle ne lui demande rien de la sorte non plus en ce qui concerne Ginny. « Tu sais très bien que c’est pas pareil. » Effectivement, mais cela ne l’empêche pas de renvoyer les coups et d’affirmer qu’il n’y a aucun problème dans sa relation avec Alfie ; qu’il n’y en a jamais eu.

« Mais je me sens pas menacé… Tu sais que c’es… C’est pour toi que je me sens menacé. » Il n’a toujours pas pris la route et Lily s’agace sur son siège, s’imaginant déjà le déloger du sien pour qu’ils puissent enfin retourner chez eux, histoire qu’elle lui claque la porte au nez une bonne fois pour toutes. « J’en ai rien à foutre de lui, et je me sens pas menacé. » Il le répète sans qu’elle le coupe, cette fois. Cela ne la fait pas avoir une entière confiance en ses paroles, surtout maintenant qu’il est à son tour agacé par toute cette discussion - et sans doute le fait que Lily n’accepte aucun tort et ne lui concède pas la moindre parcelle de terrain. « J’ai peur pour toi. C’est pas par rapport à moi. » - « Je vais bien. » Aujourd’hui, oui. Hier ? Elle n’aurait pas pu en dire autant. S’il revenait demain, elle ne pourrait pas en avoir l’assurance non plus. Mais là, maintenant, tout de suite ; il n’y a rien dont il devrait s’inquiéter. « Et c’est pas d’aujourd’hui ou ça part pas de cette putain de carte postale: j’ai toujours eu peur pour toi avec lui. » Elle souffle à nouveau, bien plus par fatigue que par exaspération désormais. « Je le connais depuis toujours, Ezra. » Si quelque chose d’aussi terrible qu’il peut le penser aurait dû arriver, cela aurait été le cas. Ça aurait pu être le cas. Ils ont eu trois décennies pour ça. « Et dis moi que j’ai tort. Prouve moi que j’ai tort et que j’ai pas besoin d’avoir peur. » Elle le trouve injuste à ainsi lui demander des preuves, comme si elle était réellement accusée. Il s’agit simplement de ses fréquentations, celles qu’elle n’a jamais réellement choisies puisqu’il était simplement l’ami de son frère et que, comme toute petite sœur, elle voulait jouer avec les plus grands. « Qu’est-ce que tu veux savoir ? » Ce n’est pas une question rhétorique. Ce n’est pas une question lancée à la volée non plus. Elle accroche une fois de plus son regard au sien avec conviction. « Il est à des milliers de kilomètres, il peut rien m’arriver. » Elle ne dira pas qu’il est un ange, elle ne dira pas qu’il n’a jamais été violent d’une quelconque manière contre elle (il l’a sûrement été de toutes les façons possibles, en réalité) mais elle peut au moins dire que là où il est, il n’y a aucune raison pour qu’Ezra s’en fasse pour elle. « Tu peux pas comprendre, Ez. » Il ne la connaît pas assez pour comprendre. Le constat est difficile mais il n’en est pas moins le reflet de la réalité: il sait d’elle ce qu’elle a bien voulu lui dire et elle n’a pas voulu lui dire beaucoup de choses au sujet de la réalité de son enfance et son adolescence ; de toute sa vie avant qu’il ne la rencontre, en réalité. « C’est juste des cartes, maintenant. » Il y avait plus, beaucoup plus. Maintenant, il n’y a plus rien. Il ne peut pas lui en vouloir pour des cartes et, par dessus tout, il ne peut pas vouloir les lui retirer.

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« Parce que c’est aussi le prénom de notre fils. » Et à ce commentaire là, il eut un petit rire sarcastique - qui ne lui allait en rien au teint, mais qui était quand même de mise en cet instant. Oh, ce n’était pas véritablement le moment de remettre ce détail là sur le tapis - en grande partie parce-qu’Ezra s’était justement opposé à ce que ce soit le cas, que ce soit également le prénom de leur fils. Une fois de plus, son avis n’avait pas été pris en compte. « Mais c’est pas de lui que je parle là. » S’il prononçait ce prénom là comme ça, ce n’était pas par rapport à leur fils, aucunement; il faisait bien la distinction entre les deux. S'il se permettait de donner un tel ton à sa voix lorsqu’il le prononçait, c’était parce-qu’il savait parfaitement à qui il faisait référence. « Ca aurait été plus facile s’ils avaient pas le même prénom. » Parce-qu’il ne pouvait se retenir que si peu aujourd’hui, comme si une dose de courage lui avait été miraculeusement insufflée - il ne savait pas jusque quand cette dernière allait durer, alors il s’y accrochait.

« Justement parce qu’elle ne comprend pas ce qu’il se passe et qu’elle ne me prendrait pas la tête, elle. » - « Si tu m’en parlais de toi-même, t’aurais pas cette impression là, que je te prends la tête. »

Parce-que ce n’était en rien l’idée initiale d’Ezra, même si son comportement pouvait se rapprocher d’un quelque-chose comme ça. L’idée de base, c’était de souligner à quel point ce n’était pas sain pour elle qu’elle ait cette relation - si cela pouvait être appelée relation - avec l’autre homme. Il ne lui avait jamais voulu que du mal, il continuerait à ne lui vouloir que du mal même si elle ne s’en rendait pas compte. Et s’il ne disait d’ordinaire pas grand chose parce-qu’il n’avait pas besoin de mettre son nez dans des affaires qui ne le regardaient pas, Ezra ne disait surtout pas grand chose parce-qu’il pensait qu’il était là face à une situation au passé. Que ce soit toujours d’actualité changeait complètement la donne. « Je vais bien. » Laissant son regard accrocher le visage de sa femme, il soupira. Elle n’allait pas bien, ou alors il ne pouvait comprendre comment c’était possible que ce soit le cas. « Je le connais depuis toujours, Ezra. » Il haussa les épaules. « Et alors ? C’est quoi le rapport ? » Ce n’était pas parce-qu’elle le connaissait depuis toujours qu’il n’était pas un danger pour elle; et à moins qu’elle ne réussisse à trouver des arguments en béton pour le faire changer d’avis, il ne changerait pas ce dernier. « Qu’est-ce que tu veux savoir ? Il est à des milliers de kilomètres, il peut rien m’arriver. » Il fit rouler ses lèvres l’une sur l’autre, ne laissant pas son regard s’accrocher à autre chose que son visage. « Je veux que tu me donnes une vraie raison de pas avoir peur pour toi. » Pour elle, et pour leur famille par extension - comment pouvait-il savoir qu’il n’était pas dangereux pour ses enfants, aussi ?

« Tu peux pas comprendre, Ez. » - « Parce-que tu m’aides pas à comprendre. »

« C’est juste des cartes, maintenant. » Il y avait une certaine fatalité qui n’avait pas été présente dans leur conversation jusque maintenant, à travers les mots de Lily. Soupirant, Ezra resta un instant supplémentaire, et un autre, silencieux. Ce n’était peut-être que des cartes, effectivement; il ne remettrait pas en question cette partie là de l’histoire, parce-que le principal concerné dans cette dernière n’avait effectivement, il lui semblait même s’il n’en était pas sur, pas avoir montré le bout de son nez depuis longtemps. Mais ça n’avait beau être que des cartes, elles étaient lourdes de sens. « Si ça te rend triste comme ça le fait là, si ça arrive à t’énerver rien qu’à l’idée de pas les avoir, c’est pas que des cartes on le sait tous les deux. » Et ce n’était pas un reproche - pas sur le fait qu’il y ait des cartes, en tous cas: sur le fait qu’elle préférait lui mentir plutôt que de saisir l’occasion de lui faire confiance et lui en parler. Soupirant une nouvelle fois, il mit de nouveau le contact pour sortir de l’allée de l’école, remontant cette dernière au pas. Ils étaient déjà restés assez longtemps statiques pour que cela ne perdure encore ce matin. « J’aimerais que tu arrêtes de penser que je m’aperçois de rien. » Ce n’était pas énormément demandé: juste arrêter de croire qu’il ne voyait pas que certaines choses l’affectaient bien plus que d’autres. Tout ce qui concernait Alfie faisait partie de cette catégorie là, et ça le tuait autant que cela l’énervait de ne pas être apte à l’aider parce-qu’elle ne le lassait pas faire.

« Ca aurait été plus facile s’ils avaient pas le même prénom. » Ca aurait été bien plus facile, en effet, mais ce n’est pas ce que Lily désirait de son côté. Ce prénom a un écho tout particulier pour elle et jamais elle n’aurait laissé Ezra avoir le dernier mot, ni même tenter de négocier ce point. Elle a mis au monde ces enfants, elle estime de fait que son avis prévaut très largement sur tous les autres, même celui d’un mari qu’elle aime malgré tout. « Si tu m’en parlais de toi-même, t’aurais pas cette impression là, que je te prends la tête. » - « Si je ne le fais pas, c’est que j’ai mes raisons. » Elle n’est pas comme lui. Elle n’agit pas avec son coeur, Lily. Elle pèse, elle réfléchit, elle anticipe. Elle choisit ce qu’elle partage ou non à son mari, sans que ce ne soit relié à une question de confiance. Elle a confiance en lui, là n’est pas la question. Elle pense simplement que tout n’est pas bon à dire, et que ce n’est pas parce qu’il est son mari qu’elle lui doit une transparence entière - ce qui n’est pas vrai pour le contraire, cependant.

Pour autant, elle n’a jamais anticipé qu’Ezra puisse autant camper sur ses positions qu’en cet instant. Il refuse les bribes d’explications qu’elle lui donne et elle refuse à son tour de les lui donner dans leur entièreté, parce qu’elles auraient de bien trop lourdes conséquences pour eux. « Et alors ? C’est quoi le rapport ? Je veux que tu me donnes une vraie raison de pas avoir peur pour toi. » - « Si quelque chose avait dû m’arriver, ça aurait déjà été le cas. » L’explications la plus courte est parfois la meilleure. Il lui est arrivé des choses et Alfie l’a blessée à bien des niveaux, mais Ezra n’a pas besoin de le savoir. Il a besoin d’être rassuré et c’est ce qu’elle tente de faire malgré la colère qui l’anime en parallèle. Elle ne veut pas d’une vie où elle doit mettre ces deux hommes en éternel combat, surtout pas alors qu’un n’est qu’un fantôme et l’autre le père de ses enfants. Il a gagné. Ezra a gagné et il ne le sait même pas ; il ne peut pas le comprendre. « Si ça te rend triste comme ça le fait là, si ça arrive à t’énerver rien qu’à l’idée de pas les avoir, c’est pas que des cartes on le sait tous les deux. » Il soupire et elle en fait de même, sa propre réponse sans doute aidée par le ronron du moteur qu’il démarre enfin. « C’est tout ce que j’ai de lui maintenant. Il me donne pas de nouvelles autrement. » Et c’est pour cette seule raison que ces cartes ont de l’importance. « J’aimerais que tu arrêtes de penser que je m’aperçois de rien. » Sa tête bouge lentement de droite à gauche, nourrissant l’impression qu’ils ne pourront jamais s’entendre sur le sujet. « Tu me regarderais plus pareil si tu savais tout. » Elle admet pour la première fois que tel est le cas, elle admet aussi qu’elle est terrifiée des répercussions que pourrait avoir une transparence totale sur leur couple, leur famille. Elle est déjà divorcée une première fois, elle refuse d’imaginer que cela puisse subvenir à nouveau, encore moins en un aussi maigre laps de temps. « J’ai pas envie que tu t’aperçois de tout non plus. » Le secret est nourri, entretenu. Depuis le temps, elle se doute qu’Ezra s’est aussi aperçu de ça. « Je veux juste rentrer à la maison. » Et mettre cette discussion derrière eux.