L'effervescence parmi les passionnés d'histoire se ressentait aisément à chaque coin de rue. C'était un événement à ne pas manquer pour eux. Un peu plus d'une dizaine de sarcophages furent découverts en septembre dernier et l'un d'eux allait pouvoir être descellé et analysé par une équipe de chercheurs basée à Brisbane, avant d'être exposé au grand public. Une momie enterrée et restée bien loin de la moindre luminosité depuis plus de 2 500 ans dans la nécropole de Saqqarah, haut lieu de l'Egypte ancienne.

Avant de l'ouvrir, les scientifiques purent analyser les hiéroglyphes inscrits sur le sarcophage encore bien conservé. Ils déchiffrèrent le nom de la momie, et purent en déduire sa traduction : Ânkhti, "celle qui est vivante". Toute son histoire devait encore être découverte, ses origines, sa place dans la société de son époque. Mais une autre inscription les laissèrent perplexe. Il y était écrit que si le sarcophage venait à être ouvert, une force maléfique serait libérée. Une malédiction s'abattrait sur le monde, et sa population devrait faire face à la colère d'Ânkhti, prêtresse aux pouvoirs dévastateurs, qui soumettra l'humanité aux terribles dix plaies d'Egypte.

Le sarcophage fut ouvert, un mardi en milieu d'après-midi. L'atmosphère s'alourdit brusquement. Les chercheurs se regardèrent entre eux, partageant le même pressentiment, la même crainte qui appuyait soudainement sur leur poitrine...

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Le gardien de nuit commençait son tour des locaux comme il le faisait chaque soir. Il était habitué à croiser quelques scientifiques trop passionnés pour aller dormir aux heures les plus tardives. Durant sa marche, il fut d'abord interpellé par une odeur nauséabonde, étouffante, écœurante. Puis, en avançant, il se rendit compte que ses pas s'enfonçaient dans du sable froid, sombre, anthracite. Près de la salle où était conservée la momie, il en avait jusqu'aux genoux. Sa main tremblante serrait sa lampe torche comme si sa vie en dépendait, éclairant la pièce. Au centre, le sarcophage était ouvert, et surtout vide. Tout autour, il découvrit avec horreur les corps inanimés des chercheurs jonchant les dunes obscures, leurs yeux liquéfiés, du sang déversé sur leur visage, de la mousse au coin de leur bouche et leur peau en voie de décomposition. Leurs corps tordus de couleur et leurs expression d'effroi laissait comprendre que leur mort fut d'une atroce violence. Le gardien rendit son déjeuner -quel gâchis d'un bon burger. Et en relevant les yeux, il tomba nez à nez sur une silhouette à la chair pourrie, les bandages décomposés ; une créature d'outre-tombe aux yeux blancs, vides, et au sourire aussi inquiétant que malfaisant. Dans un cri strident qui résonna dans l'ensemble du centre de recherches, et même au-delà, Ânkhti étripa le gardien dont les entrailles jonchèrent le sol auprès de sa bouillie de burger. Tel était le sort réservé à tous ceux qui croiseraient son chemin, tandis qu'elle partait poursuivre sa vengeance et de faire appel à ses pouvoirs afin de faire sombrer Brisbane et ses habitants dans le chaos.