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 If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²)

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Message(#) Sujet: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptyLun 5 Oct 2020 - 6:14


Brisbane, un soir de décembre 2012.
Ca fait un moment que ça le travaille. Ca a été tout un cheminement. Des remises en question. Des pas en avant. Encore plus de pas en arrière. Il a envie de le dire à Yasmine depuis un moment. Il a failli lui dire l'année dernière, mais il s'est dégonflé au dernier moment. Il a eu peur. Il ne sait pas de quoi, mais il a eu peur. Sans doute qu'elle le regarde différemment. Qu'elle lui dise que ce n'est pas comme ça que leurs parents les ont élevés. Ca lui parait insensé quand il y repense. Il ne peut pas imaginer des mots comme ceux-là sortir de la bouche de sa cadette. Surtout à son encontre. Il a pris peur cependant et il lui a fallu un an pour avoir le courage de se lancer. Cette fois c'est la bonne. Cette fois, il va lui dire. Peu importe la réaction qu'elle pourrait avoir. Il ne peut plus vivre avec ce secret qu'il garde sans pouvoir le partager avec qui que ce soit. Maintenant qu'il est sûr de lui et qu'il a intégré le fait que ça ne changera pas, que ce n'est pas une phase, il a de plus en plus de mal à ne pas le dire à ses proches. La prochaine personne sur la liste sera Hassan. Si tout se passe bien avec Yasmine. C'est son coup d'essai. Il lui a dit qu'il avait quelque chose à lui dire. Il lui a dit de venir dîner chez lui. Elle a voulu avoir plus d'informations, ça ne l'a pas surpris. Il aurait pu lui dire au téléphone. Ca aurait sans doute était plus simple. Il aurait pu lâcher un "je suis gay." ou un "j'aime les hommes" à demi-mot avant de racrocher sans demander son reste. Sans avoir à se soucier de sa réaction. Cependant, il n'avait pas envie de faire ça, parce que la réaction de sa soeur comptait pour lui. Son avis avait une importance et il voulait lui dire en personne. Il se disait aussi qu'il lui devait bien ça. Qu'elle méritait plus qu'une phrase murmurée lors d'un appel téléphonique.

Il s'était mis la pression tout seul. Il ne savait pas pourquoi, il ne pouvait pas se l'expliquer. Il avait passé l'après-midi à cuisiner. Un moyen pour lui de ne pas prêter attention au stress qui l'avait envahi au moment où il avait ouvert les yeux ce matin. Son jogging matinal n'avait rien fait pour dénouer le noeud dans son estomac et il lui était impossible de se vider l'esprit qui tournait à plein régime. Il se jouait dans sa tête les façons dont il pouvait annoncer la chose à Yasmine. Comme s'il cherchait le discours parfait. Il n'y avait cependant pas de discours parfait et il n'avait pas de raison de se torturer l'esprit de la sorte. Cependant, c'était Sohan et il était comme cela. Il avait commencé à se questionner sur sa sexualité quand il était entré au lycée. Il voyait ses amis se rapprocher des filles, s'y intéresser bien plus que de raison. Lui, ça lui passait au-dessus de la tête, il n'éprouvait aucun intérêt pour la gentes féminine sur le plan romantique et commença à remarquer que son regard était bien plus attiré par les corps athlétiques des membres de l'équipe de football australien. Il n'y avait pas prêté attention au départ. Il admirait leurs carrures, lui qui était un peu plus frêle. Voilà ce qu'il se disait au début. Il avait bien essayé de s'intéresser à ses camarades de classe féminine. Il avait même accepté de sortir avec cette fille qui partageait son cours d'anglais, Ava, qui ne semblait avoir d'yeux que pour lui, alors qu'il ne lui trouvait rien de particulier. C'était une bonne amie, certes, mais ça n'allait pas plus loin. Il avait fini par se rendre à l'évidence et avec ça, il en était aussi venu à enfouir cette partie de lui aussi loin que possible. Ce n'était pas compatible avec la façon dont il avait été élevé. Ce n'était pas non plus compatible avec l'enseignement religieux que leur avait inculqué leurs parents depuis qu'ils étaient jeunes. Il ne voulait pas décevoir ses parents et pendant un temps, il s'était dit qu'il pourrait juste faire semblant. Ca ne semblait pas si compliqué que cela. Il se trouverait une fille à qui il plaît et il n'aurait qu'à faire semblant. Ou alors, il resterait célibataire, jusqu'à ce que ses parents force le destin en lui présentant la fille du frère d'un voisin. Il avait tout prévu, sauf le fait que cette perspective d'avenir devienne de plus en plus pesante au point qu'il ait l'impression de vivre enfermé dans sa propre vie. Il ne comptait rien dire à ses parents. Pas pour l'instant. Pas dans un futur proche. Il comptait le dire à Yasmine. Ce soir. Il ne ferait pas machine arrière, pas cette fois, malgré le stress qui le rongeait alors qu'il était assis sur le canapé de son salon, à regarder dans le vide en attendant que sa soeur sonne à la porte. Il a les mains moites et le coeur qui bat à cent à l'heure. Quand il entend la sonnette de la porte, il est envahi par une vague de chaleur. Il s'essuie les mains sur son jean avant de se lever. Il prend une grande inspiration avant d'ouvrir la porte. "Hey !" Lâche t-il quand il voit le visage de Yasmine dans l'entrée. "J'espère que t'as faim, j'ai un peu exagéré sur les quantités je crois." Déclare t-il, faisant de son mieux pour masquer son stress, pas certain de vraiment réussir à duper Yasmine pour autant, mais l'important était d'essayer.
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Message(#) Sujet: Re: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptyLun 12 Oct 2020 - 11:50



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{if the world was ending you'd come over, right? }
crédits gif et code fiche/ (may0osh & malibu) ✰ w/ @Sohan Khadji

On ne pouvait pas dire qu’être conviée chez son frère pour le dîner représentait une exception, il s’agissait plutôt d’une habitude à laquelle Yasmine ne prêtait plus tellement attention tant elle était ancrée dans la façon dont elle menait sa vie. Depuis qu’ils avaient tous les deux quittés le foyer Khadji pour voler de leurs propres ailes, les enfants d’Amjad et Fatima s’évertuaient à se voir régulièrement, bien incapables de passer plus de quelques jours sans avoir une conversation. Non, cette invitation ne représentait rien d’autre que ce genre de moment où ils se retrouvaient pour parler de leur semaine et se laisser aller à des confidences que seuls un frère et une soeur pouvaient se faire dans le dos de leurs parents omniprésents lors des repas dominicaux. Alors c’était une habitude certes, le sentiment de hâte qu’elle ressentait à l’idée de se retrouver en tête-à-tête avec son frère avait néanmoins illuminé davantage les sourires qu’elle distribuait à tour de bras, déambulant dans les couloirs des urgences avec l’enthousiasme de ceux qui se sentent investis d’une mission.
Et c’était le cas pour elle, c’était indéniable. Yasmine avait terminé ses études deux ans plus tôt, trouvé un poste aussi rapidement au sein de l’hôpital qui l’avait souvent accueillie pour ses stages, et ne regrettait pas d’avoir délaissé ses rêves de médecine dans le sens premier du terme pour revêtir la blouse d’infirmière. Elle aimait son métier qui, de la bouche de ceux qu’elle côtoyait tous les jours maintenant, était fait pour elle. Dans toute sa modestie, elle n’exposait pas les choses de cette manière, elle devait avouer néanmoins qu’à cette époque-là, envisager autre chose pour faire bouillir la marmite, ce n’était même pas une idée qui lui avait déjà frôlé l’esprit. A 24 ans, elle avait une jolie vie. Elle était douée, elle était volontaire, elle avait encore quelques ratés au niveau de ses émotions, mais rien qui ne l’empêchait d’avancer la tête haute dans les couloirs du St-Vincent. A dire vrai, son caractère s’était affirmé, elle paraissait moins sur la réserve qu’à ses débuts quand, pour charrier la toute nouvelle recrue qu’elle était, chacun y aller de son petit commentaire pour lui faire savoir qu’une fille comme elle ne tiendrait pas bien longtemps aux urgences ; elle avait ressenti le besoin fort de leur donner tort à plusieurs occasions, devenant le genre d’élément à qui on se réfère en temps de rush dans le service, toujours prête à recadrer les internes qui n’avaient pas encore assimilés la notion que s’ils pouvaient faire leur travail dans ces conditions, c’était bel et bien grâce aux infirmières.
Elle déposa le bouquet de fleurs qu’elle avait acheté à la boutique de l’hôpital et ses petits affaires sur le siège passager de sa Jeep pour mieux, se retrouvant les mains libres le temps d’un instant, arranger les longs cheveux épais qui lui tombaient dans les yeux, les rassemblant en une natte faite aussi adroitement que rapidement. Elle n’avait pas vérifié l’heure avant de mettre fin à son service, mais elle était persuadée d’être un peu en retard sur l’horaire fixé par son frère. En fait, c’était toujours un peu le cas, elle qui ne comptait pas les heures qu’elle passait ici, elle se laissait souvent distraire par l’amoncellement de taches qu’elle avait à accomplir sans se sentir obligée de le faire toutefois. Sohan comprendrait ; elle n’irait pas jusqu’à dire que le bouquet qu’elle lui réservait avait été acheté pour se faire pardonner d’être si peu ponctuelle, mais il y avait peut-être un peu de ça dans le fond.

"Tadah!" Elle le brandit devant son visage une fois que la porte de l’appartement du jeune homme s’ouvrit tout en lui adressant un sourire dont elle seule avait le secret et qui lui permettait parfois de s’en sortir à bon compte. Yasmine n’en jouait pas vraiment, ce n’était pas son genre, mais comme tout le reste de ce qui constituait la belle femme qu’elle était devenue, il représentait un certain atout, c’était une évidence ; une évidence qui donc avait fait émettre des réserves à  propos de son potentiel chez plusieurs membres de l’équipe qu’elle avait rejointe après ses études ; à croire qu’avoir un semblant de charme vous atrophiait la cervelle que soit dit en passant, elle avait aussi vive que l’éclat charmant dans ses beaux yeux émeraude "Je trouve qu’on offre pas assez de fleurs aux hommes, alors je suis pas venue les mains vides." se justifia-t-elle en jetant un coup d’oeil un peu surjoué aux pétales des jonquilles rose pâle qu’elle avait sous le nez. Enfin, elle reposa son regard sur la bouille de son frère qu’elle trouva… tendu.
Yasmine rentra sans s’y attarder dans la seconde, mais plissa un oeil bordé de longs cils en lui cédant le bouquet qu’elle lui avait apporté tandis que déjà, il lui vantait les mérites d’un repas qu’elle avait attendu toute la journée. Elle le connaissait, elle connaissait les dialogues inutiles dont il usait parfois pour ne pas laisser le silence s’installer - tous n’étaient pas comme elle, à se complaire dans la sérénité d’une pièce silencieuse. Un peu suspicieuse, elle se défit de sa veste qu’elle accrocha dans l’entrée, et presque nonchalamment, Yasmine lui répondit "T’en fais pas pour les quantités. J’ai pas pris le temps de déjeuner ce midi, je suis affamée." Si elle devait être totalement honnête, c’était toujours un peu le cas. Le résultat des vaines tentatives de Fatima de lui faire ingurgiter son poids en tout et n’importe quoi, elle n’était jamais vraiment pleine et en plus de ça, elle n’était pas regardante sur son régime alimentaire ; tant que c’était sucré, elle prenait.
Baissant le bas de son t-shirt ajusté sur le haut de son jean à taille haute, et qu’elle coinça dans le devant de sa ceinture, elle l’observa la guider jusqu’à la cuisine "Mets-les tout de suite dans l’eau." lui conseilla-t-elle d’abord, trouvant rapidement le meuble de cuisine sur lequel elle se percha pour l’observer encore quelques instant, avant de lui demander doucement, cherchant à émousser le manque de subtilité de la question qu’elle lui posa tout de go "T’as un truc à me dire ?" Après tout, le propre d’une infirmière était d’arracher le pansement pour atténuer la douleur, non ?
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Message(#) Sujet: Re: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptyMer 11 Nov 2020 - 22:39


Quand il ouvre la porte, il est surpris par les fleurs qu'elle agite devant son visage. Ca le déstabilise même. Jamais elle ne lui a offert des fleurs et il ne comprend pas bien pourquoi elle le fait aujourd'hui. L'espace d'un instant, il se dit qu'elle sait. Il se dit qu'elle a compris qu'il y avait quelque chose, qu'il voulait parler de quelque chose d'important, comme si elle avait un sixième sens. Ca le fait rougir l'espace d'une seconde. Après, elle se justifie et il se sent idiot d'avoir pensé qu'un simple bouquet de fleurs voulait dire quoi que ce soit de plus. Ca ne veut pas dire qu'elle sait. En même temps, elle avait beau avoir un instinct bien particulier quand il s'agissait de lui, elle ne pouvait pas tout deviner. Ca ne voulait rien dire du tout, ne serait-ce qu'effectivement, c'était plutôt les femmes qui avaient l'habitude de recevoir ce genre de présents que ce soit quand elles recevaient des invités ou quand elles se préparaient à un rendez-vous amoureux. Ca ne voulait rien dire de plus ne serait-ce que peut-être le moyen que sa soeur avait trouvé pour s'excuser d'avoir à peine cinq petites minutes de retard. Parce que même s'il lui avait dit encore et encore qu'elle n'avait pas à arriver à vingt heures tapantes, s'était Yasmine et s'il avait dit vingt heures, c'était vingt heures. Il se sentait donc un peu idiot, lui offrit un sourire légèrement crispé avant d'accepter les fleurs et de porter le bouquet à son nez pour les renifler, machinalement, sans vraiment y penser. "Merci ! Je pensais pas recevoir des fleurs un jour, qui plus est de la part de ma propre soeur, mais c'est plutôt cool en fait, je comprends pourquoi ça semble toujours vous faire plaisir." Déclare t-il en souriant, lui faisant signe d'entrer, même si c'était Yasmine et qu'il était donc sous-entendu qu'elle n'avait pas vraiment besoin de sa permission pour rentrer chez lui. Elle avait une invitation permanente qu'il n'y avait pas lieu de réitérer. Yasmine n'est même pas encore complètement rentrée chez lui qu'il s'empresse de lui parler du diner, comme si laisser un blanc laissait la porte ouverte aux questions de sa soeur qui ne lui laisserait pas le temps de se préparer. C'était à lui de choisir le bon moment et il psychotait sans aucun doute, mais il avait l'impression que sa cadette savait, qu'elle n'attendait qu'un blanc pour aborder le sujet et qu'il se trouverait coincé.

Il comptait lui dire ce soir. Il n'allait pas se démonter. Il ne cherchait pas un prétexte pour éviter le sujet ou pour faire machine arrière, mais il avait besoin de temps. Il avait besoin que le moment soit opportun, jusqu'à ce que ce moment se présente à lui, il a décidé de meubler et finalement, il se dit que ce ne doit pas être si difficile que ça, naïvement. "Oh mais attends, t'as pas vu les quantités en question, même maman ne cuisine jamais autant je sais pas comment j'ai pu sous-estimer à ce point." Répond-il à Yasmine en souriant. Un sourire un peu plus franc que le précédent, un peu moins crispé aussi. Il a quand même sa petite idée de comment il a pu sous-estimer autant les quantités qu'il était en train de cuisiner. Il était distrait. Il cuisinait en même temps qu'il se préparait mentalement à annoncer son homosexualité à sa soeur. Il avait du mal à s'y faire. A ce mot-là. A cette étiquette qui lui serait immanquablement collée pour le reste de sa vie. Il s'y faisait petit à petit et petit à petit ça sonnait un peu moins comme une malédiction ou quelque chose qu'il aurait préféré laisser à quelqu'un d'autre. Parce qu'il arrivait doucement à la conclusion que ce n'était pas grave en fait. Que ça ne changeait rien à la personne qu'il était. Que ça faisait partie de lui et qu'il ne serait probablement pas le même Sohan Khadji s'il n'y avait pas cet infime détail qui ne regardait personne d'autre que lui. Il pourrait ne rien dire, continuer sa vie comme ça et laisser les autres se poser la question, ou il pourrait s'imposer comme ça, sans prévenir, mais il ne trouvait pas que ça lui correspondait réellement. Il avait envie d'en parler à sa soeur, malgré le stress que cela lui faisait ressentir. Il voulait lui en parler, comme pour avoir son approbation. C'était ce qu'il recherchait par-dessus tout et c'était pour cela que ça lui paraissait si compliqué. Il ne doutait pas qu'elle se montrerait compréhensive et qu'elle ne trouverait peut-être même rien à y redire, cependant, il y avait cette petite part de lui qui n'était pas totalement sûr et c'était pour ça qu'il s'était déjà défilé une fois. Parce que l'avoir dans le flou c'était toujours mieux que de voir la déception sur son visage. Il se dirige vers la cuisine, Yasmine sur les talons. Il ouvre ses placards, à la recherche d'un vase, qui manque cruellement dans sa maison. Il n'achète pas vraiment de fleurs et ça se voit. "Tu crois que ça va dans ça ?" se retourne t-il, une carafe à la main. "J'ai rien d'autre, faudra que j'achète un vase demain." Ou alors, il pourra se contenter de la carafe qui offre un style particulier, sa petite touche personnelle. Celle du type qui n'a vraiment pas l'habitude de recevoir de fleurs, mais qui veut tout de même honorer le cadeau que l'on vient de lui fier et qui s'occupera du bouquet aussi longtemps que possible. A défaut de mieux, il rempli la carafe d'eau pour y déposer les fleurs avant de la poser sur l'îlot central de la cuisine. "Ca fait joli je trouve." commente t-il, alors qu'il se retourne pour éteindre le feu sous la casserole en train de mijoter sur la gazinière. Il s'arrête net cependant, quand il entend la question de sa soeur. "Hein ? Non ? Pourquoi tu dis ça ?" demande t-il, peut-être un peu trop rapidement, un peu trop sur la défensive aussi. "J'ai pas le droit d'inviter ma soeur à dîner et de mettre les petits plats dans les grands sans raison ?" ajoute t-il ne croyant même pas lui-même à l'excuse qu'il est en train d'inventer. Elle lui tendait une perche, il aurait pu la saisir, cracher le morceau et passer à autre chose, mais il avait été pris de court et les mots n'avaient pas pu sortir. Puis il réalise. Elle ne lâchera pas le morceau comme ça, parce qu'il vient de se saborder en quelques mots. "Enfin, je voulais te parler d'un truc, mais on peut manger avant, rien de grave." Parce qu'il se dit que ça, ça va peut-être suffire à ce que Yasmine le laisse tranquille au moins jusqu'au plat de résistance, ce qui ne serait pas de trop.


Dernière édition par Sohan Khadji le Dim 6 Déc 2020 - 21:44, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptyMer 2 Déc 2020 - 14:45



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A la vue de la réaction de son frère face au bouquet de jonquilles qu’elle venait de lui offrir, Yasmine se promit de lui en apporter chaque fois qu’ils se verraient tous les deux. Ce n’était pas grand-chose, mais il y avait des années maintenant qu’ils avaient pris la bonne habitude de faire plaisir à l’autre dès que l’occasion leur était donnée, et ça passait par des petits gestes de ce genre ; dérisoires d’un point de vue extérieur, mais qui comptaient véritablement pour eux qui se réservaient une affection profonde et inégalée. Sohan restait le repère principal de la jeune femme, le pilier dont elle avait besoin pour avancer avec équilibre, et la source intarissable de réconfort dans laquelle elle allait puiser lorsqu’elle ne se sentait pas dans son assiette. On lui avait souvent demandé si elle n’aurait pas préféré avoir une grande soeur, et sa réponse avait toujours été la même ; pour rien au monde elle n’aurait échangé son frère contre quelqu’un d’autre. Ils se se disputaient jamais, se taquinant de temps à autre parce qu’ils pouvaient le faire, mais au-delà de ces petites piques gentillettes qu’ils se lançaient et qui affirmaient leur très grande complicité, ils étaient aussi proches que possible - et ils ne cachaient pas l’amour qu’ils se portaient se soutenant coûte que coûte, parfois au détriment de leurs parents qui les avaient suffisamment bien élevés pour ne pas trouver ça trop agaçant d’avoir des enfants si proches et dévoués l’un à l’autre.
Il y avait peut-être eu une époque où Yasmine s’était sentie un peu délaissée par son aîné qui avait trouvé une place au sein du trio qu’il formait avec Hassan et Qasim. Elle avait alors cherché à se faire une place auprès d’eux, jouant les mignonnes petites casse-cou pour suivre le rythme imposé par leur différence d’âge. Mais à côté de ça, aucun conflit n’avait jamais éclaté au sein de la fratrie Khadji et à vrai dire, Yasmine s’en était vite remise parce que quelque part, c’était inscrit dans son sang : elle savait qu’elle pourrait toujours compter sur Sohan, une garantie à laquelle elle n’était pas prête à renoncer tant elle lui apportait la stabilité, la vraie.

S’installant dans la cuisine aussi rapidement que lui permettait son statut de petite-soeur-grande-habituée-des-lieux, elle se hissa sur l’un des meubles en portant sur son frère un petit regard curieux. Il ressemblait de plus en plus à Amjad ; une force tranquille, cérébrale, qui recelait de secrets qu’il gardait jalousement, se dissimulant sous la couche de timidité dont elle aussi, elle avait été enduite dès la naissance "J’enchaîne quatre services de nuit. On mettra ça dans des boîtes pour les collègues, j’en connais deux ou trois qui seront ravis de manger sur ton compte… et je parle pas uniquement de moi." fit-elle pour le rassurer quant à la montagne de nourritures qu’il avait préparé. Posant l’arrière de sa tête sur le haut d’un meuble, Yasmine croisa les chevilles en racontant, un léger sourire aux lèvres "Maman est venue me rendre visite l’autre fois. Elle a soudoyé la totalité des titulaires avec des pâtisseries orientales pour s’assurer qu’ils me traitent bien." Fatima Khadji était déterminée à ce que le choix de sa fille de travailler dans le milieu médical soit aussi bien accueilli par ses supérieurs que par ses propres parents. Certes, elle n’avait pas espéré un avenir de cette sorte pour elle, mais maintenant qu’elle y était… elle était bien fière de l’avoir autorisée à étudier avec autant d’acharnement. Elle avait peut-être perdu un bon parti entre temps, mais après tout, elle avait l’avenir devant elle ; cela dit si elle pouvait décider de se caser avant qu’elle ne finisse sénile, ça lui ferait plaisir. Yasmine continua "Ça a été un échec, on me traite pas toujours bien… MAIS! Tout le monde adore la cuisine de maman Khadji qui est devenue la mascotte du service, t’y crois à ça." Ce n’était pas difficile à croire en vérité. Leur mère était un animal sociale ; discrète au début, et déterminée à prendre part à tout et n’importe quoi ensuite. Elle avait sa petite réputation dans le quartier, et tout le monde l’appréciait pour sa chaleur et sa fâcheuse tendance à être drôle à ses dépens.
Un peu comme Sohan qui brandit une carafe comme vase de fortune. L’expression que sa soeur lut sur son visage la fit sourire, et elle sauta de son perchoir pour mieux prendre les opérations en mains "Je vais le faire. Occupe-toi de vérifier tes assaisonnements. File-moi des ciseaux en passant." lui fit-elle avant de s’arrêter sur l’autre expression qui animait ses traits, et qui ressemblait étrangement à de la tension. Yasmine n’aimait pas ça. Non seulement parce que ça lui indiquait par un signal invisible que quelque chose n’allait pas du côté de Sohan, mais aussi parce qu’elle avait l’impression qu’il hésitait à lui parler ouvertement de ce qui semblait le tracasser ; il lui semblait pourtant qu’ils n’avaient pas de secret l’un pour l’autre.
S’installant au bord de l’évier pour arranger le bouquet à coup de ciseaux, taillant les tiges en biseaux, elle fronça les sourcils "Pourquoi je dis ça, hein ? T’as l’air presque vert à retenir ce que tu veux me dire… et tes yeux-là, ils sont tout brillants." lui répondit-elle en le suivant des yeux "Et… ils sont fuyants." Ça ne pouvait signifier qu’une seule chose. Elle lâcha ses ciseaux, et dans une expression qui ressemblait étrangement à celle qu’arborait leur mère lorsqu’elle s’apprêtait à monter sur ses grands chevaux, elle posa une main sur sa hanche droite qu’elle avait légèrement déhanché, la langue coincée dans une dent du fond et le regard posé fixement sur le profil de Sohan "OK, où est le cadavre ? On a un interne en ce moment qui fait une obsession sur la thanatopraxie. Je peux essayer de gratter un ou deux conseils si jamais…" Une boutade qui ne détendit pas tellement l’atmosphère, puisque soudain, elle sentit que le jeune homme se tendait davantage. Reprenant son travail de fleuriste du dimanche, elle débroussailla le bouquet tout en lui disant, les yeux agrandit par la réponse fournie par Sohan "Houlà, et il est sur la défensive en plus de ça… signe numéro deux que quelque chose se trame là-dessous." Et elle pointa sa propre tête, tapotant son index peint en rouge bordeaux contre sa tempe… jusqu’à ce qu’il passe à moitié aux aveux, et que se retournant dans sa direction après avoir mis les fleurs dans l’eau et les avoir positionné au centre de l’îlot, elle le montra du doigt "Je le savais. Je suis ta petite soeur, tu crois que je peux passer à côté de ce genre de signes ?" Une question rhétorique que l’observation qu’elle fit de l’expression de son frère rendit inutile.
Soudain, Yasmine se sentit un peu nerveuse, mais pas totalement encore si bien qu’elle ajouta, toujours sous le ton de l’humour pendant quelques secondes "T’es sûr que ça peut attendre ? Parce que je sais aussi reconnaître les signes de la nausée imminente tu sais, et là… si tu dégobilles dans ton assiette, je vais t’en vouloir toute ma vie." Mais quelque chose lui disait que malgré toutes ses tentatives de le détendre, un truc se tramait véritablement. Reprenant son sérieux, s’approchant du jeune homme, Yasmine posa ses deux mains sur ses épaules, et avec la douceur qui faisait sa bonne réputation dans les couloirs des urgences, mais pas que, elle lui demanda "Hey, So… c’est rien que moi et mon humour douteux, d’accord ?" lui dit-elle, essayant de lui arracher un sourire en baissant la tête pour chercher son regard qu’elle ne lâcha pas, pas même pour cligner des yeux. Quand enfin, confrontant son regard bien en face, les mains toujours sur ses deux épaules, elle lui demanda "T’es sûr que c’est rien de grave ?"
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Message(#) Sujet: Re: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptyLun 7 Déc 2020 - 0:13


Il regarde attendri la manière dont sa sœur s'installe dans sa cuisine comme si elle était chez elle. C'était ce qu'il avait imaginé quand il avait acheté cette maison il y avait presque deux ans de cela. Ça n'aurait pas été une option pour lui que sa sœur ne se sente pas bien chez lui. Sa maison était la sienne et elle était la bienvenue à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, trois cent soixante-cinq jours par an. Ca lui faisait donc extrêmement plaisir quand il la voyait prendre possession des lieux de la sorte, c'était même tout ce qu'il lui importait. Il sourit cette fois-ci, quand elle trouve une solution toute simple pour remédier à la quantité de nourriture bien trop importante qu'il avait préparé. "C'est une excellente idée, tu pourras te mettre un gros plat de côté, rien que pour toi. A la limite, si j'avais su, j'aurais même pu en faire plus." lui répond-il. Il avait tout un lot de boîtes en plastique dans ses placards qui seraient parfaites pour préparer des parts individuelles capables de nourrir Yasmine et ses collègues pour au moins un jour ou deux. Rien ne serait perdu et ça, c'était l'essentiel. Il reporte son attention sur sa sœur, un sourire sur le coin des lèvres quand il l'entend mentionner Fatima et sa manière bien à elle de faire en sorte que sa fille soit dans les bonnes grâces de ses titulaires et collègues à l'hôpital. "Est-ce que je suis censé être surpris ?" demande-t-il en riant. Appréciant cette légèreté, lui qui avait passé la journée avec la gorge nouée. "Tu lui dis pas que je t'ai dit ça, mais elle m'avait appelée avant d'y aller pour me demander si c'était pas un peu too much. J'ai dit que ça l'était et elle m'a dit que j'y connaissais rien." ajoute t-il en riant. Il s'était d'ailleurs demandé pourquoi sa mère avait tenu à lui demander son avis puisqu'elle avait sa propre réponse et que rien d'autre ne lui convenait. Ca n'avait pourtant pas été faute de lui dire qu'une boîte pleine à craquer de pâtisseries orientales n'étaient pas vraiment le genre de choses qu'on apportait au premier job de sa fille. Ça se passait sans doute très bien quand ils étaient plus jeunes et qu'ils allaient à l'école ou participaient à différentes activités extra-scolaires. Maintenant, c'était un peu trop, mais il n'y avait pas moyen de le faire réaliser à Fatima qui, une fois une idée en tête, était instoppable. "J'y crois à 100% ! C'est tout elle ça. On se demande même si en fait c'était pas son but initial." C'est comme ça qu'elle s'infiltre dans l'hôpital, qu'avant même qu'on ne s'en rende compte, elle est déjà au courant de tous les ragots, des moins petites amourettes et de tout ce qui va avec. A côté de ça, il y a Yasmine, pour qui cette tentative d'amadouer son service n'a pas vraiment été bénéfique. "L'avantage c'est que si les gens t'apprécient, c'est pour toi et pas pour les bons petits plats de maman." déclare t-il.

Il tend ensuite à sa cadette la carafe qui fera office de vase pour le moment ainsi que la paire de ciseaux qu'elle lui demande et il vient mélanger une dernière fois le contenu de sa grande marmite encore sur le feu, portant la cuillère à sa bouche pour goûter sa sauce une énième fois, pour s'assurer qu'elle est bien assaisonnée avant de couper le gaz et de déposer la cuillère dans l'évier. Jetant ensuite un œil à sa sœur qui était en train d'arranger le bouquet avec des coups de ciseaux et ses mains expertes. Il trouve son joli arrangement et il lui fait savoir, avant qu'elle ne revienne à la charge et qu'il ne se tende un peu plus. Parce qu'elle l'a remarqué et qu'elle lui fait savoir. Il cache quelque chose, c'est évident et elle ne comprend pas pourquoi il ne crache pas le morceau tout de suite. Ce n'est pas l'envie qui lui manque, il a prévu de le faire, mais les mots ne veulent pas passer ses lèvres, pas tout de suite en tout cas et la seule chose qu'il parvient à répondre à l'inventaire de Yasmine est bien loin d'être en sa faveur. "Tu dis n'importe quoi." Répond-il, en haussant les épaules, le regard fuyant, une fois de plus, comme pour donner raison à sa cadette sans même le vouloir. Comme s'il ne faisait pas d'effort et voulait vraiment qu'elle insiste encore un peu plus. Il laisse couler, n'en dit pas plus, comme s'il espérait qu'elle oublie et il soulève sa marmite des deux mains, allant la poser sur le dessous de plat sur la table du salon qu'il avait dressée quelques heures plus tôt avant de retourner à la cuisine pour aller chercher le reste. "Il y a pas de cadavre, j'aurai pas préparé un repas si c'était le cas, je t'aurai plutôt demandé de m'apporter des produits pour qu'on dissolve le corps, j'ai regardé suffisamment de séries policières pour savoir comment ça fonctionne." Il n'a pas l'habitude d'être aussi sec avec elle, ils n'ont jamais été du genre à se bagarrer, mais il était tendu, il sentait l'étau se resserrer autour de lui bien plus vite qu'il ne le voulait. Cette soirée, elle était censée aller au rythme qu'il voulait lui, Yasmine n'était pas censée se rendre compte de quoi que ce soit avant qu'il ne soit prêt et il ne savait plus vraiment comment se sortir de cet engrenage. Il n'a pas d'autre choix que d'avouer, à moitié. Il ne dit pas grand-chose. Il confirme juste ce que Yasmine essaye de lui faire dire depuis tout à l'heure. Il prend soin de préciser que ce n'est rien de grave, encore une fois, dans un espoir que Yasmine laisse un peu tomber, qu'ils puissent aller dîner tranquillement et qu'il passe aux aveux ensuite. "J'ai tenté au moins, mais maintenant je sais que je peux rien te cacher. Je serai vraiment un piètre acteur je crois." Il ne savait pas faire semblant et sa sœur le connaissait bien trop pour ne pas voir tous les signaux qu'il envoyait involontairement.

A ce moment-là, il se dit qu'il est tranquille, qu'elle va accepter cette réponse, passer à autre chose et qu'il va pouvoir reprendre un peu le contrôle. Autant de la situation que de lui-même. Puis elle reprend la parole. Lui demande s'il est sûr que ça peut attendre, sans savoir que ça fait des années qu'il attend, que même si ce secret devient de plus en plus compliqué à garder, il peut bien attendre encore un peu pour le révéler. Il voit bien qu'elle tente de le détendre, qu'elle se veut bienveillante aussi, alors, il décroche un sourire. Il ne va pas vomir dans son assiette, elle peut se rassurer. Il s'apprête à reprendre la parole pour lui répondre quand elle s'approche de lui et vient poser ses mains sur ses épaules avec sa douceur légendaire, se voulant encore plus rassurante. Il sent sa gorge se nouer un peu plus, serre les dents quand les larmes menacent de lui monter aux yeux. Il ne sait pas pourquoi il réagit comme ça, pourquoi il a cette réaction et il se sent bête. Ca lui semble complètement disproportionné. Il ne répond pas quand elle lui demande s'il est sûr qu'il n'y a rien de grave, il ne la rassure pas cette fois. "Tu peux me promettre de pas me juger ? Que quoi que je dise ensuite ça ne changera rien ?" demande-t-il à la place avant d'ajouter "Je reste moi quoi qu'il en soit." Il a comme le besoin de préciser, parce qu'il a peur qu'elle ne comprenne pas, peur qu'elle n'accepte pas. Il attend d'avoir sa confirmation pour continuer parce qu'il n'est pas prêt à en dire plus sans ces certitudes. "Je sais pas comment dire ça." dit il, plus pour lui que pour sa sœur. "Je ... Je suis gay, Yas." Avoue-t-il à demi-mot avant de sentir les larmes lui couler le long des joues, soulagé, mais redoutant la réaction de Yasmine.
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Message(#) Sujet: Re: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptySam 26 Déc 2020 - 16:52



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"Est-ce que je suis censée être surprise ?" Un écho au discours de son frère à propos de leur mère qu’elle agrémenta d’un arc de sourcil en accent circonflexe, pas plus surprise de s’apercevoir finalement que la stratégie maternelle avait en fait été réfléchie bien avant qu’elle ne se décide à la mettre en pratique en se rendant à l’hôpital avec ses célèbres pâtisseries orientales. On s’y faisait, à l’omniscience de Fatima Khadji, à son envie que ses enfants se fondent dans le moule sans pour autant trop déroger à l’éducation qu’ils avaient tenu à leur inculquer avec Amjad. La plupart du temps, le respect qu’elle réservait à ses parents ne se tarissant pas avec l’âge, Yasmine s’évertuait à rester dans leurs codes pour leur faire plaisir. Mais si elle devait être honnête à ce sujet, elle admettrait que c’était parfois une véritable lutte, de leur faire savoir que, sur certains sujets en tout cas, elle n’était pas tout à fait raccord avec leur fil de pensées. Elle savait d’ailleurs que c’était plus ou moins la même chose pour Sohan, et que bouleverser un peu la vision qu’ils avaient du futur de leurs deux enfants, ça lui déplaisait autant qu’à elle. Seulement, ils étaient adultes désormais, prêts à se bâtir leur propre vie comme eux l’avaient fait en fuyant leur pays : leur droit à choisir le meilleur moyen pour le faire, il leur était autant dû qu’à eux et ils devaient en rester maîtres… un fait simple, qui était pourtant difficile à assimiler pour Fatima dont les désirs restaient exigeants aux yeux de sa cadette. Elle ne désespérait pas cependant, de lui faire entendre qu’elle ne la décevrait pas si elle choisissait de prendre son temps sur certaines choses. La preuve en était, la fierté dont elle s’était rengorgée en constatant que sa fille était faite pour travailler dans le milieu médical faisait désormais entièrement partie de l’image qu’elle avait d’elle, ayant admis depuis longtemps qu’en effet, si elle s’était obstinée à lui rentrer dans le crâne, et ce pour de bon qu’elle devait rester à la maison, à prospecter auprès du premier venu qui lui ferait des enfants, le gâchis aurait été monstrueux.
Mais le sujet n’était pas là, et la tension perceptible sur le visage de son frère le lui rappela très rapidement et l’inquiétude, qu’elle dissimula avec quelques boutades, ne tarda pas à assombrir ses propres traits. Insister pour tirer les vers du nez à quelqu’un, ça ne faisait généralement pas partie des habitudes de la jeune femme, trop délicate pour jouer les bourrins et rentrer dans le tas pour obtenir des réponses à ses questions. Aussi, avec son frère, elle se le permettait un peu plus souvent ; parce qu’ils étaient pareils, à garder leurs secrets si profondément enfouis, que ça les rendait malade sans que personne n’en sache jamais rien, ou pas vraiment. Yasmine ne voulait pas de ça, que Sohan se perde dans des secrets qu’elle savait existants cependant, assez observatrice pour s’être aperçue depuis longtemps que sa timidité n’était pas uniquement la cause de sa personnalité encore plus discrète que la sienne. Et pour cause.

Le ballet dans lequel il se lança, s’agitant pour aller dresser la table et poser les plats dessus, Yasmine le suivit avec un regard attentif jusqu’à ce qu’il se montre à nouveau dans la cuisine et que dans un élan de lui assurer qu’elle était là, qu’elle pouvait tout entendre, elle posa une main sur son épaule pour capter quelque chose ; l’énergie étrange qui se dégageait de lui tandis qu’il masquait ses émotions pour faire comme s’il ne se passait rien d’autre que le genre de soirée qu’ils avaient l’habitude de partager une ou deux fois par semaine, et surtout son regard qu’elle avait décrit comme fuyant à peine quelques minutes plus tôt — quelque chose qui l’aurait mise sur une piste ou sur une autre, prête à tout anticiper pour mieux agir, et le réconforter s’il en avait besoin.
Après lui avoir demandé s’il était sûr de la non-gravité de ce qu’il avait à lui annoncer, un silence s’étendit autour d’eux, rendant hermétique l’atmosphère de la cuisine. Yasmine comprit le sérieux de la situation, et de ce qu’il en coûtait à son frère de se montrer aussi vulnérable sur le moment. Son expression changea, et à sa première main sur son épaule, elle ajouta l’autre sur le deuxième pour mieux faire le point et se concentrer sur ce qu’elle tentait de recueillir comme informations silencieuses durant le court laps de temps mutique dans lequel il s’enfonça avant de reprendre la parole.
Les sourcils de Yasmine se froncèrent un peu plus fort pendant qu’un léger sourire marqua la demande de son frère qu’elle fixa sans ciller, raffermissant la prise de ses mains sur ses épaules qu’elle ne lâcha pas, craignant inconsciemment qu’il ne vacille trop fort sous la pression qu’il se mettait à lui-même.
"Je te promets de ne pas te juger." lui répondit-elle tout naturellement, continuant sur le même ton  - bas, doux "Que quoi que tu dises ensuite, ça ne changera rien." Et peut-être qu’elle s’y prenait un peu trop tard, mais elle lui laissa le temps de rassembler son courage pour lui dire ce qu’il avait à lui dire, ne pouvant s’empêcher de ressentir une pointe de quelque chose lui vriller le coeur et le faire battre à tout rompre dans sa poitrine quand enfin, il se sentit prêt à reprendre le sens de la discussion. Ne le quittant pas des yeux, attentive à absolument tout ce qu’il laissa échapper, Yasmine distingua le dialogue qu’il eut avec lui-même lorsqu’il hésita encore une seconde ou deux, transi par le pas de géant qu’il était en train de faire.
Et puis la force qu’elle lui avait toujours reconnu se rappela à lui, et la révélation tomba brusquement sans qu’elle ne put lui répondre rien d’autre qu’un "Je sais, Sohan." Ce n’était pas un choc pour elle parce que c’était un fait : elle l’avait toujours su, qu’il dissimulait son homosexualité. Elle ne se souvenait plus exactement du moment où elle avait réussi à s’en apercevoir, mais ça n’avait de toute façon rien changé à la somme de tout ce qu’elle ressentait pour lui. En fait, ça n’avait fait qu’ajouter à l’admiration qu’elle lui portait d’avoir pris sur lui autant d’années sans jamais faillir, sans jamais se plaindre, étouffé par un secret qui n’aurait pas dû en être un.
Lâchant ses épaules pour lui prendre le visage entre ses mains délicates, elle sécha la larme qui coula sur sa joue avec son pouce en se gardant de craquer elle aussi "Je sais." répéta-t-elle, ponctuant ses mots par un baiser à l’endroit où sa larme avait tracé un sillon rosé. Yasmine prit Sohan dans ses bras, immédiatement, enfonçant le bout de son nez dans son épaule et le serrant si fort qu’elle sentit ses propres côtes crépiter. Elle n’osait pas s’imaginer le poids qui venait de s’alléger dans sa poitrine, même le plus gros lui compressait encore les poumons, et peut-être qu’elle s’en voulait un peu de n’avoir jamais réussi à lui dire qu’il n’avait pas à faire semblant avec elle, alors elle se recula doucement pour lui dire, continuant à sécher ses larmes avec ses doigts "J’aurais te le dire plus tôt que je savais…" commença-t-elle, le regardant dans les yeux en même temps "Je voulais attendre que tu sois près avant de m’en parler. Je voulais pas que tu te sentes obligé de le faire non plus…" précisa-t-elle avant de lui dire à l’oreille, le reprenant dans ses bras pour l’enlacer plus fort encore "Je suis là. Je te laisserai jamais tout seul."
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Message(#) Sujet: Re: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptyJeu 31 Déc 2020 - 23:55


Il ne se souvenait pas avoir été un jour aussi stressé. Il y avait bien eu des fois où ça n'était pas passé loin pourtant. Comme lorsqu'il avait enfin eu le courage d'annoncer à Amjad qu'il ne voulait plus faire de football. Il avait gardé pour lui que toutes ses années, il avait continué pour lui faire plaisir, sans que ça ne l'intéresse outre mesure. Il avait fait en sorte de ne pas en faire toute une histoire, avait prétexté vouloir se consacrer un peu plus à l'informatique, même si les deux n'étaient pas incompatibles. Il se rappelle aussi le stress quand il avait obtenu un entretien d'embauche pour son job actuel au commissariat de police. L'un de ses premiers, il n'avait pas beaucoup d'expérience, à peine sorti de l'université. Il n'y croyait pas trop et avait réussi à se détendre autant que possible en se disant que de toute façon, il ne risquait pas grand-chose. Dans le pire des cas, il ferait face à un refus et il n'y aurait pas mort d'homme. Il y avait aussi toutes les autres fois où il avait pu se sentir un minimum stressé, lors d'examens, de nouvelles rencontres ou toutes situations qui le sortaient un peu des sentiers battus et de ce qu'il connaissait. Dans ces cas-là, il arrivait cependant bien à gérer. Arrivait à en faire abstraction aussi. Pas ce soir. Ce soir c'était différent et il n'arrivait pas à faire semblant, même s'il tentait. Même s'il faisait de son mieux. Le fait que Yasmine lise en lui comme dans un livre ouvert et mette tout de suite le doigt sur le problème n'aidait pas. Si encore elle n'avait rien dit, il aurait sans doute pu respirer un bon coup dans la cuisine avant de retourner dans le salon tout sourire. En revanche, elle ne lui en laisse pas l'opportunité, puisqu'elle le suit. Elle sait qu'il veut dire quelque chose, qu'il a quelque-chose sur le cœur et que ça n'ira pas tant qu'il ne s'en libérera pas. Il le sait lui aussi. C'est pour ça qu'il décide de se lancer. Timidement. L'émotion s'empare de lui. Il veut s'assurer qu'elle ne le jugera pas. Que ce qu'il s'apprête à lui dire ne changera rien. Il veut l'entendre de sa bouche. Il veut cette assurance avant de se dévoiler. De dévoiler son plus grand secret. Celui qui lui pèse de plus en plus. Elle promet de ne pas le juger. Ca lui fait du bien de l'entendre. Elle confirme aussi que quoi qu'il dise ça ne changera rien. Si la situation avait été différente, il aurait sans aucun doute joué la carte de l'humour à ce moment précis. Il aurait répliqué quelque-chose du genre 'même si je te dis que j'ai tué quelqu'un et que j'ai besoin de toi pour cacher le corps ?' En revanche, là, il ne peut pas jouer la carte de l'humour, il n'a pas le courage, il ne veut pas non plus chercher un moyen de faire machine arrière et se dégonfler. "Merci. J'avais besoin de l'entendre." Se contente-t-il de répondre, baissant légèrement la tête, sentant les larmes lui monter aux yeux. C'était maintenant ou jamais. S'il ne parlait pas maintenant, il savait qu'il n'aurait pas le courage de le faire plus tard. Alors, il se lance, non sans mal. Puis il redoute la réaction de sa sœur, il a du mal à contenir ses larmes. Il attend qu'elle dise quelque chose, n'importe quoi.

Il sent les larmes qui coulent sur ses joues. Puis c'est au tour de sa cadette de faire sa propre révélation. Elle sait, Yasmine. Elle est au courant. Pas parce qu'il lui a dit. Non, elle le sait et il ne sait pas comment. Il ne l'a dit à personne. Il voulait qu'elle soit la première au courant. Il n'arrive pas bien à réaliser comment elle pourrait être au courant alors qu'il avait passé tant d'années à le dissimuler. Il avait eu l'impression d'être convaincant. De ne rien laisser paraître. De faire comme si de rien n'était. Il se rendit compte que finalement, il n'avait pas été si discret que cela. Où alors, c'était comme un sixième sens. Elle était sa sœur après tout. Ils avaient grandi ensemble, ils avaient tout partagé aussi pendant des années et il y avait peut-être ce lien qui faisait que ce genre de choses se sentaient. Il ne savait pas comment ça marchait, mais il ne voyait pas d'autre solution. Il n'y avait personne pour lui souffler. Personne pour trahir son secret si bien gardé depuis des années. Depuis le temps qu'il se questionne. Ça devait être ça, ça devait avoir un lien. Il ne sait pas quoi dire, il n'arrive pas non plus à arrêter ses larmes. Il se sent un peu idiot. Rien ne sort, à part ses larmes, alors qu'il regarde sa sœur dans les yeux. Il ne voit aucun jugement, comme elle lui avait promis. Le regard qu'elle porte sur lui ne change pas non plus. C'était comme si rien ne s'était passé. Il tente de prendre une profonde inspiration, étouffant un sanglot alors que Yasmine se répète. Elle sait. Elle lui prend le visage avec ses mains, il hoche la tête de haut en bas. D'accord, il a compris. Quand elle le prend dans ses bras, il la serre comme jamais il ne l'a serrée. Il s'assure qu'elle est toujours là, qu'elle ne bouge pas, il la remercie aussi, il lui fait comprendre qu'il l'aime, plus que tout. Il se concentre sur sa respiration. Il n'a aucune raison de pleurer. Il n'est pas malade. Il a un toit au-dessus de la tête. Il a une famille, des amis, il a tout pour être heureux. "Comment tu as su ?" lui demande-t-il, presque hésitant. Il y aurait sans doute d'autres choses qui seraient plus appropriées à dire à cet instant, mais c'est la première chose qui traverse son esprit. Suivi de "Tu le sais depuis quand ?" Oui, car ça aussi ça lui semblait important, alors que finalement ça n'avait aucun intérêt. Qu'elle sache depuis trois jours ou trois ans ne changeait rien du tout si ce n'est que ça montrait la patience qu'elle avait pu avoir envers lui. "Tu as bien fait de pas m'en parler je crois. J'avais besoin de faire la démarche moi-même." Et Dieu sait qu'elle lui avait pris du temps cette démarche. Cependant, ce n'était pas ce qui comptait le plus. Ce qui comptait le plus était qu'il arrive aujourd'hui à le dire à voix haute, peu importe que ce soit accompagné de larmes. Il n'avait pas grandi en apprenant que c'était normal, bien au contraire. "Tu me le promets ?" s'assure-t-il une fois de plus quand elle lui dit qu'elle est là, qu'elle ne le laissera pas seul. "Je voulais que tu sois la première à qui je le dis. Même Hassan n'est pas au courant. Ça fait un moment que j'essaye de t'en parler, mais à chaque fois, j'y arrivais pas. J'avais peur de ta réaction. Je voulais pas que ça change quelque chose entre nous." Des inquiétudes qui, en réalité, n'avaient pas lieu d'être, mais dans son esprit, ce n'était pas si clair, même avec ce que lui assurait sa cadette.
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Message(#) Sujet: Re: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptyMer 10 Fév 2021 - 15:15



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Il y avait un cliché qui partait de l’idée qu’on ne pouvait pas totalement s’entendre avec ses frères et soeurs. D’après ce cliché, il y avait soi-disant toujours un moment à partir duquel la corde cédait : les souvenirs partagés au cours d’une enfance commune finissaient définitivement par se rompre pour permettre de vivre de son côté avec plus ou moins de sérénité, les rancoeurs s’étant forgées parfois.
Camarades de galère, compagnons de déroute, partenaires de débâcles… à un moment, il ne restait plus grand-chose si ce n’était des souvenirs différents d’une mémoire à une autre tandis que la vie défilait pour rendre moins évidents encore l’évocation d’une aventure commune, d’un parcours jalonné de joies et d’épreuves. Yasmine avait toujours été convaincue que ce n’était qu’un cliché en effet, sa loyauté étant ce qu’elle était, et le besoin inextricable qu’elle avait de se sentir liée aux autres sur la durée refusant de lui faire accepter l’idée qu’un jour où l’autre, elle ne deviendrait qu’une inconnue pour son frère aîné ; celui qu’elle avait tâché de suivre toute sa vie, curieuse de comprendre pourquoi il avait plus de libertés qu’elle en avait, sans jamais lui en vouloir cependant, tenant simplement à faire entendre à ses parents que ce n’était pas parce qu’elle n’était pas un garçon qu’elle était incapable de leur apporter autre chose qu’une descendance digne de ce nom. Au moins, elle avait vaincu ces stéréotypes de moitié, s’extirpant d’une tradition qui l’avait pourtant suivie de très nombreuses années.
A coup sûr, c’était grâce à Amjad et Fatima qui, eux, avaient perdus des liens chers à leur coeur trop subitement pour se faire à cette idée, et qui avaient appris à leurs enfants l’importance de l’hérédité. C’était devenu si vital pour elle d’être proche de son frère, la réminiscence qu’ils avaient en commun gardant la même vivacité et à laquelle ils pouvaient se raccrocher lorsqu’ils n’y avait plus rien pour les sauver, si ce n’était la chaleur d’un foyer dans lequel il était facile de retrouver les vestiges d’une histoire écrite en parallèle, si étroitement charpentée toutefois, que ça leur permettait de se rappeler qui ils étaient : frère et soeur, et qu’importe ce qui leur arriverait, jamais ça ne changerait.
Et d’ailleurs, jamais Yasmine ne serait capable de s’imaginer vivre sa vie sans Sohan, sans cette assurance acquise qu’elle pouvait s’en remettre au passé qu’ils avaient en commun, aux souvenirs vivaces d’une existence un peu différente sur le fond, mais qui sur la forme reluisait des mêmes valeurs qui faisaient qu’ils étaient devenus les gens bien qu’ils étaient… jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’il était gay et qu’au creux de son estomac s’était formée une boule d’anxiété. Elle lui avait fait redouter le pire.

Yasmine avait beau être d’un optimisme incomparable, elle devinait les limites induites par la culture de ses parents qui n’accepteraient probablement pas cette vérité qu’elle, elle ne considérait pas comme un affront. Ainsi, elle n’avait rien dit lorsqu’elle avait déchiffré les regards de son frère sur ceux qui croisaient sa route et qui ne réussissaient pas à s’insérer dans le cercle qu’ils formaient avec Qasim et Hassan, et elle n’avait rien dit lorsqu’elle avait aperçu la nuance écarlate qui s’étendait sur ses pommettes saillantes aux instants où un regard masculin se perdait dans sa direction et qu’il ne savait comment y répondre, et elle n’avait rien dit lorsqu’elle s’était demandée s’il côtoyait des filles en dehors de la maison, exactement comme elle côtoyait des garçons - en douce, pour ne pas avoir le déplaisir de se faire rappeler à l’ordre par les règles strictes qu’ils connaissaient tous les deux, et que leurs parents jugeaient primordiales de suivre s’ils voulaient être acceptés.
C’était atrocement lâche de sa part d’avoir conservé ses certitudes pour elle, de l’avoir laissé vieillir sans ouvertement lui dire qu’il ne devait pas craindre qu’elle le désavoue à ce propos parce que pour elle, l’importance était moindre : elle était aussi tolérante qu’elle était humaine, et davantage encore avec sa chair et son sang.
"Je suis ta soeur, voilà comment je l’ai su, et c’est pas important depuis combien de temps exactement. Je suis simplement fière que tu te sentes enfin prêt à en parler pour de bon. J’ai jamais douté que ça arriverait, je t’aime." Elle était passée à l’arabe, se sentant soudain plus à l’aise d’exprimer sa pensée dans la langue qu’elle pensait maîtriser le mieux sans craindre de se mettre à pleurer, sa verve lui venant avec un naturel apporté par des années à passer d’un dialecte à l’autre sans même y penser.
Sous-estimer la discrétion de Yasmine, c’était remettre en doute sa capacité d’observation ; sa plus grande qualité, c’était ça en vérité, de se faire assez petite, sa grande timidité aidant, pour ne pas avoir à manquer de subtilité pour comprendre certaines choses qui se reflétaient dans l’émeraude de ses yeux. Elle n’avait jamais été la petite soeur ennuyeuse, bien qu’elle avait eu une période où elle avait eu besoin de traîner dans les pattes de son frère pour affirmer sa détermination à être vue autrement que comme une chose fragile. Non, elle était une soeur qui veillait au bien être de son frère en ne négligeant pas ses efforts pour le faire avec le plus  de délicatesse possible ; sans ne jamais devenir envahissante, étoile protectrice au-dessus de sa tête.
Avec toujours le visage de son frère dans ses mains qui avaient soigné tant de blessures, Yasmine l’observa, ses pouces gommant les larmes qu’il laissait couler en prenant soin à ce que les siennes ne jaillissent par du regard fixe qu’elle lui adressa, soucieuse de lui faire sentir en le serrant aussi fort dans ses bras qu’il le fit qu’elle ne l’abandonnerait pas alors qu’il se sentait prêt à quitter sa chrysalide pour déployer ses ailes.
Elle lui murmura, posant son front contre le sien quand il lui demanda d’affirmer sa promesse de ne jamais le laisser, son arabe faiblissant en même temps que sa voix se brisait le temps d’un court instant "Je te le promets, Sohan. Je te le promets." Pas de pinky promise ce soir pourtant, le geste trop enfantin n’ayant pas sa place ici, au centre du tournant déterminant que prendrait bientôt la vie de l’aîné des Khadji ; la promesse de la cadette n’en était pas moins sérieuse néanmoins, pulsant dans sa poitrine comme pour lui rappeler qu’elle devait s’y tenir si elle voulait continuer à sentir son coeur battre.
Et puis se reculant un peu, elle s’assura de sécher les larmes du visage de son frère, utilisant sa manche en dernier recours pour le faire plus correctement, et opinant négativement du chef lorsqu’il reprit la parole pour émettre des inquiétudes qu’elle ne voulait pas qu’il ressente, et qu’elle berça de son anglais parfait "Hey, ça n’a rien changé quand je l’ai compris, et ça ne changera jamais rien maintenant que j’en ai la confirmation." lui affirma-t-elle sans aucune hésitation en reprenant son visage entre ses mains, et affrontant son regard fixement, sans ciller malgré l’émotion qui menaçait de la submerger "C’est toi, c’est ce que tu es. Et personne n’a le droit de te faire sentir malheureux d’avoir attendu autant de temps pour mieux gérer ce que ça signifie d’accord ?" D’accord ? semblèrent lui répéter ses yeux qu’elle garda dans les siens une longue seconde, avant de le reprendre dans ses bras pour le serrer encore plus fort cette fois.
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Message(#) Sujet: Re: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptyLun 15 Fév 2021 - 22:41


Elle est sa sœur. C'est aussi simple que ça. C'est la réponse qu'elle lui donne pour justifier le pourquoi du comment elle était déjà au courant et que ce qu'il venait de lui annoncer, rongé par le stress, n'était pas quelque chose de nouveau pour elle. C'était quelque chose qu'elle savait déjà. Parce qu'elle était sa sœur. Si simple et pourtant, il n'y avait pas pensé une seule seconde. Ça ne lui avait pas du tout effleuré l'esprit qu'elle avait pu se douter de quelque chose voire même d'être au courant de la vérité pure et simple. Puis il se souvenait que lui aussi il avait eu ses moments comme ça où son instinct l'avait chatouillé quand il s'agissait de sa sœur. Jamais il ne s'était trompé. C'était donc un peu idiot de sa part de penser que lui seul avait ce talent. Que lui seul était suffisamment observateur pour avoir développé un sixième sens plus qu'aiguisé quand il s'agissait de sa cadette. Le stress avait occulté toute logique chez lui. Ce stress qui le rongeait pourtant encore un peu de l'intérieur. La pression était retombée, mais il y avait toujours cette peur. Cette peur qu'il ne pouvait pas vraiment expliquer et qu'il n'arrivait pas à chasser malgré les mots et les gestes réconfortants de Yasmine. Elle ne s'épanche pas quand il s'agit de lui dire depuis quand elle est au courant. Elle se contente de lui dire qu'elle est fière de lui et ça lui fait monter un peu plus les larmes, malgré lui. Pour lui, il n'y a pas vraiment de quoi être fier. Cet aveu, à haute voix, qu'il venait de lui faire, c'était peut-être un pas en avant, mais ce n'était pas tout. Il n'y avait qu'à elle qu'il avait eu le courage de le dire. Il n'envisageait pas d'en parler à Fatima et Amjad dans un futur proche. Parfaitement conscient que c'était quelque chose qu'ils n'étaient pas prêts à entendre ou même à accepter. Il n'y avait donc pas de quoi être fier selon lui.La situation était la même qu'il y avait une dizaine de minutes, à la différence qu'il n'était plus le seul à porter ce secret. Elle était dans la confidence et finalement, c'était peut-être un peu égoïste, mais ça lui enlevait un peu de poids de ses épaules à lui. "Je t'aime aussi. Je sais pas si je suis vraiment prêt à en parler, mais ..." Lui répond-il en arabe, comme elle, sans vraiment finir sa phrase, parce qu'il ne sait pas trop où il va avec ça. Mais il faut bien commencer quelque part. Mais c'est déjà un début. Mais je veux quand même essayer. Beaucoup de mots qu'il n'a pas la force de formuler sur le moment, mais qu'il sait qu'elle comprendra malgré tout, sans qu'il n'ait besoin de le dire à haute voix. Il se sent chanceux d'avoir Yasmine avec lui. Chanceux qu'elle soit sa sœur et même si ça pouvait lui sembler banal ce qu'elle lui disait, qu'il n'était pas envisageable que les choses soient autrement, pour Sohan ça avait énormément d'importance. Ca lui faisait beaucoup de bien.

Pourtant, il en demandait plus, aussi égoïste qu'il ne le serait jamais, parce qu'il avait besoin d'être rassuré et que même si les gestes de sa sœur étaient déjà de bons indicateurs, il avait besoin d'une preuve suprême. D'une promesse de vive voix. Qu'elle mette des mots sur tout ce qu'elle lui disait sans même le dire. Parce qu'il avait vraiment besoin que sa sœur ne le juge pas, c'était quelque chose qu'il ne pourrait pas supporter. Il ne pourrait pas supporter de voir de la honte sur le visage de sa sœur, ou même de la déception. Il n'en voyait pas. Elle n'était pas comme ça Yasmine, il le savait. Elle l'aimait pour ce qu'il était et des fois il avait même l'impression que pour elle il était encore le même gamin dans les pattes duquel elle aimait trainer quand elle était plus jeune. Pour faire comme les grands. Parce que dans sa tête, c'était souvent comme cette fillette là qu'il se la représentait. Oubliant qu'elle avait grandi, comme lui et qu'elle était maintenant une jeune femme qui vivait sa vie comme elle l'entendait, tentant tant bien que mal de se plier aux exigences de leurs parents la concernant. Il ne doutait pas de ce qu'elle disait, mais il avait besoin de l'entendre le promettre. Si elle le disait, c'était officiel, elle ne pouvait pas s'en dédouaner plus tard, si elle revenait sur sa décision. Pour le dire à voix haute, elle le fait. Elle vient poser son front contre le sien avant de le dire. Elle lui promet et lui, il hoche la tête. Signe qu'il l'a entendu. Sa façon à lui aussi de la remercier. Pour sa compréhension. Pour son soutien sans faille aussi. Pour savoir être sérieuse sans une once de plaisanterie quand il le faut. D'être elle, tout simplement. "Merci." trouve-t-il quand même la force de laisser s'échapper de ses lèvres. C'est un peu fébrile, mais ce n'en est pas moins sincère pour autant. Il n'y a pas besoin de grandes pompes entre eux de toute façon. Ils se comprendraient presque sans parler et c'est donc plus pour la forme qu'il formule son remerciement.

Il a l'impression que leurs rôles sont inversés quand elle se recule et lui essuie les joues avec ses manches. Il se rappelle avoir déjà fait ça avec elle, à plus d'une reprise. Quand elle s'était montrée un peu trop casse-cou et était tombée de son vélo s'éraflant les genoux et les coudes sur le bitume devant la maison familiale. Il avait essuyé ses larmes et lui avait dit qu'elle était une championne. Les plus grands champions n'étant jamais à l'abri d'une blessure quand il s'agissait de sport. Il avait aussi essuyé ses larmes quand ce garçon qu'elle aimait bien l'avait rejetée, alors qu'elle était persuadée que le crush était réciproque. Il avait séché ses larmes à bien des reprises en vingt-quatre ans et il en essuiera bien d'autres dans le futur aussi, il en était certain. Il n'était donc pas habitué à ce que ce soit elle qui essuie ses larmes parce que comme aimait le répéter Amjad, les garçons ne pleurent pas. Il ne pouvait s'empêcher de se demander ce que leur père penserait d'une telle scène s'il les voyait là. Pire, ce qu'il penserait s'il avait entendu ce que son fils venait d'avouer à haute voix. Ce n'était pas quelque chose qu'il était prêt à dire à son père. Il avait bien trop peur. Il savait que la déception et la honte qu'il ne verrait jamais dans les yeux de sa sœur était quelque chose qu'il verrait dans les yeux de son père. Ce musulman, pratiquant, toujours encré dans des croyances vieilles comme le monde et pour qui la loi suprême était la loi de Dieu. Il ne savait pas encore ce qu'il allait faire en ce qui concernait ses parents. Probablement rien. Pour l'instant tout du moins. Il ne vivait plus sous leur toit, il n'avait donc pas de compte à leur rendre de manière quotidienne, ce qui lui facilitait la tâche. Pour le reste, ce serait donc un secret comme un autre qu'il garderait pour lui, bien à l'abri des oreilles de ses parents. Pour les préserver. Pour se préserver. "Je sais que tout le monde ne réagira pas comme toi." Déclare-t-il à sa sœur. Certains diraient qu'il est défaitiste, mais il se considère plutôt réaliste. Il ne se fait pas d'idée. "N'en parle pas à papa et maman, je veux pas créer de problème. Je veux le dire à Hassan aussi, mais j'attend le bon moment. Ou du moins la bonne occasion. Pour le reste, on verra." Qasim viendrait aussi à un moment où un autre. Il savait cependant qu'il n'avait pas à faire de programme ni même prévoir quoi que ce soit. Il faisait comme il le sentait, sans précipiter les choses. Le dire à Yasmine en revanche, c'était un peu la promesse qu'il allait le faire. Pour de vrai. A un moment ou un autre.
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Message(#) Sujet: Re: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptySam 6 Mar 2021 - 15:46



≈ ≈ ≈
{if the world was ending you'd come over, right? }
crédits gif et code fiche/ (may0osh & malibu) ✰ w/ @Sohan Khadji

Dans l’entourage de Yasmine, on savait à quel point les promesses étaient importantes pour elle ; d’où ça lui venait, personne ne le savait vraiment. Néanmoins, aucunes de celles qu’elle avait prises durant sa jeune vie n’avaient été prises sous le coup de l’impulsion et mieux encore, sa parole était d’or.
Aussi, elle ne prenait pas mal le besoin soudain de son frère de lui faire promettre, à haute et intelligible voix, qu’elle serait là pour lui. En fait, elle comprenait au contraire combien il était vital qu’il en soit sûr pour continuer à avancer comme il le faisait ; avec un courage qu’il ne se reconnaissait sans doute pas, mais qu’elle saurait lui insuffler en lui tenant la main s’il en avait besoin, sa promesse flottant au-dessus de leurs têtes jusqu’à ce qu’il se sente prêt à faire son coming out à tout leur entourage. D’ailleurs, cette promesse valait pour toutes les épreuves qu’il vivrait, ou qu’il avait vécu, mais ça sa cadette ne le verbalisa pas tant c’était évident à ses yeux. Elle ne le laisserait jamais tomber, elle s’opposerait au mal que lui ferait les autres, et prendrait pour elle le combat qu’il mènerait contre ceux qui chercheraient à le désavouer pour être l’homme qu’il était.
Elle ne ferait pas dans la dentelle, Yasmine, si on s’en prenait à son frère aîné. Elle ferait ce qu’il faut pour que s’ancre dans la tête de ceux qui oseraient que chez les Khadji, on ne plaisante pas avec les liens sacrés du sang ; et qu’importe si on se moquerait d’elle parce qu’elle était trop douce pour monter au créneau et faire des menaces… elle, elle se savait capable de déplacer des montagnes pour son frère - c’était là la seule vraie certitude qu’elle avait toujours eue.

Elle se surestimait cependant, car si ces personnes étaient leurs parents, comment les choses se passeraient-elles au fil du temps ? Elle y songea en serrant le jeune homme dans ses bras tandis qu’à la fois, son coeur se mit à battre en cadence rapide dans sa poitrine. Bien sûr qu’en comprenant que Sohan était homosexuel, elle avait craint la réaction de leurs parents, simplement elle n’avait jamais voulu penser à l’éventualité qu’ils prennent vraiment mal cette facette de la personnalité de leur fils. Ils étaient si  bons et si tolérants, ils avaient tellement insisté pour qu’ils ne deviennent pas des adultes fermés au monde en leur ouvrant l’esprit malgré les principes d’un autre temps qu’ils continuaient à leur asséner à certaines occasions. Le paradoxe de leurs parents était manifeste, et elle avait été négligente, Yasmine, à se dire que ce ne serait pas difficile pour son frère de se faire accepter pour ce qu’il était par ceux qui l’avaient mis au monde ; il n’y avait qu’à constater l’insistance que Fatima mettait à la faire épouser un bon musulman, qu’en serait-il quand elle se mettrait en tête que l’orientation sexuelle de son fils la priverait de tout ce dont elle avait toujours rêvé alors que ce n’était pas vraiment le cas ?
Le plus dur restait à venir, c’est avec cette idée en tête qu’elle se décolla du jeune homme à qui elle sécha les larmes et retenant les siennes, ne supportant pas de le sentir si fragilisé par l’épreuve courageuse qu’il venait de compléter ; fière de lui, oh que oui, qu’elle l’était.

Et la plus grosse crainte qu’elle couvait, Sohan la couvait lui aussi, c’était inévitable. L’entendre l’exprimer entre deux de ses tentatives de sécher son visage de ses larmes, ça lui mit définitivement les larmes aux yeux. Elle ne pouvait pas lui mentir, lui assurer sans flancher que tout serait aussi facile que maintenant, et ça lui brisait le coeur de devoir faire preuve d’autant d’indélicatesse, elle qui savait se montrer si diplomate et magnanime. Pourtant Yasmine lui dit, posant ses mains sur ses épaules cette fois, et repassant à un anglais branlant tant elle se sentait vidée de tout ce qu’elle n’avait pas laissé échapper toutefois, retenant toujours ses larmes qui rendirent plus cristalline la nuance de vert de ses yeux.
"Je le sais aussi, mais je serai là, et même si c’est toi qui dois faire ce pas-là, tu n’as qu’un mot à dire pour que je t’aide à y arriver. T’es pas tout seul, Sohan." lui répéta-t-elle pour que ça lui entre définitivement dans le crâne et qu’il ne se sente pas honteux à l’idée de se sentir trop fébrile de faire ce pas supplémentaire vers la libération de tout son être. Il méritait qu’on le soutienne dans cette épreuve, et elle était prête. Alors elle prit une grande inspiration, laissant ses mains glisser le long des bras de son frère à qui elle prit les siennes. Les secouant un peu, elle inséra ses doigts dans les paumes de ses mains d’informaticien, et opina du chef lorsqu’il continua à parler "J’en parlerai à personne. Je sais garder un secret, et j’attendrai que tu me fasses signe si jamais tu ressens le besoin de ne pas faire le reste du chemin tout seul. J’ai promis." fit-elle avec une détermination que ses yeux brillants ne rendirent pas moins sincère, tandis qu’elle penchait la tête sur le côté, ses mains tenant toujours celles de son frère à qui elle finit par demander tout bas, la voix pleine de l’émotion qu’elle contenait résolument "Est-ce que tu te sens un peu mieux ?"
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Message(#) Sujet: Re: If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) If the world was ending you'd come over, right? (Khadji²) EmptyVen 12 Mar 2021 - 21:18


Il a l'impression qu'un poids énorme vient juste d'être enlevé de ses épaules, Sohan. Il ne pensait pas que faire cette révélation à Yasmine serait si libérateur. Bien sûr, il s'attendait à se sentir un peu plus léger, parce que mine de rien, il avait l'impression de lui avoir caché quelque chose d'important pendant si longtemps. Un secret qui devenait de plus en plus lourd à porter. Parce qu'il avait envie de parler de ces choses-là avec sa sœur. Bien que sa vie sentimentale soit complètement inexistante. Parce qu'il était timide, parce qu'il n'assumait pas encore très bien son homosexualité et surtout parce qu'il était encore bien caché au fond de son placard sans oser en sortir. C'était donc un pas en avant, cet aveu, fait à Yasmine. Une promesse faite à lui-même qu'il allait tout faire pour s'assumer pleinement. Qu'il allait tenter tant bien que mal de ne pas se soucier de ce que les autres pourraient bien en dire ou penser. Il n'était pas encore prêt à le dire aux autres, ne serait-ce qu'à étendre cette révélation à d'autres personnes de son entourage. Ca avait été suffisamment compliqué de le dire à Yasmine qui était la personne de qui il était le plus proche. Ca l'avait drainé de toute énergie et il n'était vraiment pas prêt à revivre un tel niveau de stress de si peu. Pourtant, il en avait encore des noms sur sa liste. Des noms de personnes à qui il voulait en parler. A qui, ça devenait un peu dur de le cacher. Il n'avait pas à subir les questionnements ou les doutes de son entourage envers sa personne. Il se considérait chanceux, il avait cette pression en moins. Cependant, il y avait des gens à qui il voulait le dire, parce que ces gens comptaient pour lui. Dans cette liste, il y avait Hassan, bien évidemment. Le premier nom après celui de sa sœur. Puis il y avait Qasim aussi, le premier des Jaafari avec qui il avait grandi. Il y avait bien entendu ses parents. En bas de la liste. Non pas parce qu'il ne les estimait pas autant que les deux autres, mais parce que c'était ceux à qui il avait le plus peur de l'annoncer. Ceux dont il redoutait la réaction plus que tout. Il était cependant, une fois de plus, conforté dans l'idée qu'il n'aurait pas à leur annoncer la nouvelle seul. Bien sûr, il ne voudrait pas que Yasmine leur dise à sa place. Ce n'était pas son rôle, mais il était rassuré d'entendre qu'elle serait à ses côtés s'il le voulait. C'était réconfortant de l'entendre réitérer qu'il n'était pas tout seul. Il avait sa sœur, son alliée de toujours. Eux deux contre le monde dans n'importe quelle situation. Il n'avait pas besoin de plus que cela. L'assurance qu'elle n'en parlerait pas était simplement pour calmer un peu plus ses nerfs. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle savait garder un secret. Elle était peut-être la meilleure en la matière. Il n'était pas très objectif cela dit. "J'aimerais que tu sois là, quand je leur dirai. A papa et maman, je veux dire. Je veux pas que tu fasses le travail pour moi, mais je crois que j'aurai jamais le courage de leur dire si t'es pas à mes côtés." Avoue-t-il. Parce qu'il avait peur de leur réaction et qu'il se préparait déjà à ce que son homosexualité ne soit pas accueillie à bras ouverts. Il préférait au moins ne pas se retrouver seul à affronter ça, quand le moment serait venu. Pas tout de suite. Pas dans les semaines à venir non plus. Il y aura ses plus proches amis d'abord. Il n'avait pas besoin de sa sœur pour leur dire, l'enjeu lui paraissait bien moins important. C'était donc une épreuve bien moindre qu'il pouvait affronter seul, sans sa petite sœur lui tenant la main du début à la fin.

Il fait d'ailleurs oui de la tête, quand elle lui demande s'il se sent mieux. Il ne lui faut pas longtemps pour y réfléchir. C'est une réponse du tac au tac qui sort de sa bouche. "Oui. J'avais l'impression de te mentir et tu sais à quel point je déteste ça." Il ne mentait pas à Yasmine, il ne lui cachait rien non plus, alors lui avoir caché ça pendant des années avait été de la torture pure et simple pour lui. Il avait vécu avec l'impression de ne pas être complètement honnête avec sa sœur et d'un côté, il ne l'était pas totalement puisqu'il lui avait caché une part de la vérité. Il avait l'impression que c'était justifié cela dit, que c'était le genre de mensonge ou d'omission qu'on ne pouvait pas se voir reprocher. Alors, oui, il se sentait mieux. D'ailleurs il n'avait pas envie que cette soirée ne soit que ça. Il n'avait pas envie d'en faire toute une histoire. Il ne voulait pas être le centre d'attention trop longtemps. Surtout pas quand il avait passé l'après-midi à cuisiner pour préparer un repas digne de ce nom pour sa sœur et qu'il savait que ça allait lui plaire. Même si le but de cette soirée était de lui faire cette grande annonce, il ne l'avait pas simplement invitée pour ça et comptait bien profiter du reste de la soirée pour passer un bon moment avec sa cadette. "T'as faim ?" Qu'il finit par dire, parce qu'il ne perd pas le nord totalement et qu'il a réussi à reprendre le contrôle de ses émotions, malgré le fait qu'il a encore un peu de mal à réaliser qu'il venait d'avouer son plus grand secret. "J'crois que ce dîner est une de mes plus belles réussites culinaires." ajoute-t-il, un sourire s'étirant sur ses lèvres, alors qu'il invite Yasmine à s'asseoir d'un signe de main pour aller chercher la cocotte sur la gazinière.
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