THE WAY YOU HOLD ME FEELS SO HOLY

The way you hold me feels so holy.

Tessa Mulligan ft. @Andrew McKullan

Pendant ces quelques semaines qui nous séparaient de nos retrouvailles, Andrew n’avait pas failli à sa promesse, bien au contraire, il avait fait bien plus que je n’aurais osé l’imaginer. Mon moral était remonté en flèche et j’attendais toujours impatiemment ses visites, décomptant les heures et les minutes qui nous séparaient de nos petits rendez-vous. Ainsi, il n’était pas rare de le trouver chez moi, comme il n’était plus rare de me voir chez lui. Aux yeux de n’importe qui, cette soudaine proximité aurait pu paraître étonnante, mais pour nous, tout était on ne peut plus naturelle. La pudeur du début de nos retrouvailles, les premières gênes que nous avions pu rencontrer, alors que nous ignorions encore tout de ce que nous étions devenus, s’étaient rapidement envolés. Entre nous, c’était devenu comme une évidence et pour preuve, il était aussi à l’aise lorsqu’il venait chez moi que je l’étais quand je lui rendais visite. Pourtant, je n’étais encore pas capable de décrire notre relation. Nous avions dépassé le stade de simples connaissances et j’étais bien consciente que ce que nous vivions depuis plusieurs semaines était plus que de l’amitié. Si mon regard avait changé sur Andrew dès notre première entrevue, si je tentais de me voiler la face au mieux, les cents pas que je faisais chez moi en attendant sa venue ne trompaient pas… C’était tout moi, j’avais toujours tendance à en faire trop. J’étais trop fleur bleue, trop rêveuse, trop naïve sûrement, trop moi, tout simplement… J’essayais de vivre les moments avec Andrew le plus naturellement possible, mais il était bien trop présent dans mes pensées pour ne pas me pousser à remettre certaines choses en question. Notre proximité physique ne m’aidait sûrement pas à me raisonner, alors qu’au début, nous ne nous risquions pas à nous perdre dans des gestes d’affection, maintenant que nous avions de nouveau appris à nous connaître, c’était tout naturellement que nous nous étions rapprochés physiquement parlant, comme mentalement. Rien de plus que quelques gestes que j’aurais pu partager avec un simple ami… Sauf qu’une accolade amicale n’avait absolument pas le même effet sur moi que lorsque je la partageais avec Andrew et c’était extrêmement troublant.
Le père de famille devait arriver d’une minute à l’autre et je faisais les cents pas dans mon appartement depuis un petit moment déjà. Alors qu’il ne m’en aurait pas tenu rigueur si j’avais traîné en survêtement ou même en pyjama, je m’étais tout de même apprêtée un minimum pour le recevoir. Rien de bien clinquant, ce n’était d’ailleurs absolument pas mon genre, mais après une bonne douche, j’avais enfilé une petite robe et laissé mes cheveux détachés, je m'étais maquillée un peu, mais pas trop, juste ce qu'il fallait. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsque j’entendis toquer à la porte. Andrew était souvent chez moi, mais cela me faisait toujours ce même effet lorsque je me dirigeais rapidement vers ma porte d’entrée pour lui ouvrir. « Et regardez qui voilà ! Toujours aussi bien apprêtée, j’ai l’air d’un con, à côté, avec mes fringues… » Un petit sourire vint s’afficher sur mon visage face à ce compliment à peine voilé. Ce à quoi je m’empressais de répondre : « Arrête tes bêtises, tu fais partie de ces hommes qu’un rien n’habille et je suis sûre que tu en es conscient. » Je le pensais réellement, Andrew était un homme séduisant, c’était indéniable et j’étais persuadée qu’il faisait tourner des têtes, bien plus que je n’osais l’imaginer. A cette pensée, une boule apparut soudainement dans le creux de mon estomac, comme un sentiment de jalousie que je ne pouvais contenir. Je tentais de reprendre la situation en main, d’essayer de ne pas me laisser envahir par ce genre de pensées, qui n’avaient absolument pas leurs places dans cette situation. Le baiser qu’il me déposa sur la joue me permis d’ailleurs de retrouver soudainement le sourire et de me concentrer sur des pensées plus positives. « Je ne te dis pas de faire comme chez toi. » Ajoutais-je, avec humour, heureuse de constater qu’il avait prit ses habitudes en venant chez moi, comme s’il habitait partiellement ici, ce qui n’était pas totalement faux en réalité. « Je t’ai apporté tes préférés. Des éclairs au chocolat. Meilleure pâtisserie française de tout Brisbane, tu m’en diras des nouvelles ! » Mon regard se posa avec envie sur la table basse puis se posa de nouveau sur Andrew. « Merci, c’est adorable de ta part. Tu connais beaucoup trop mes goûts maintenant, si je prends 10 kg, je porterai réclamation. » Lançais-je avec humour, alors que Jay, mon golden retriever, débarqua dans le salon en quatrième vitesse, s’empressant d’accueillir Andrew comme il se devait. Même lui s’était habitué à la présence du père de famille et ne manquait pas de lui faire comprendre à quel point il était heureux de le retrouver. « Jay, doucement ! » Lui lançais-je, en pouffant de rire. Le chien finit par se calmer et s’asseoir sagement à mes pieds. « Je crois que tu lui as manqué… A croire que lui comme moi, on a du mal à se passer de ta présence maintenant… J’en viens presque à ne pas avoir hâte que mon opération soit terminée, ces petits moments vont beaucoup me manquer… » Cette fois, j’avais un peu abandonné mon ton ironique, pour laisser, l’espace de quelques secondes, mon regard déjà nostalgique se perdre dans celui d’Andrew. Finalement, je m’efforçais à reprendre mes esprits. « On dirait un vieux couple, à se prévoir des verres de vin devant la télévision un vendredi soir… » Je souriais légèrement, devenant soudainement pensive à ses paroles. Dans nos comportements respectifs, nous n’étions pas réellement que des amis, mais pas vraiment plus non plus… C’était plutôt étrange, d’être proches à ce point, sans trop savoir où nous étions en train de mettre les pieds. Dans ma tête, des tonnes de pensées se bousculaient inlassablement, pensées que je m’efforçais d’éloigner, avant qu’elles ne reviennent de plus belles sans que je ne puisse y échapper. « C’est pas faux, mais je t’avoue que j’y ai pris goût, j’aurais dû mal à m’en passer maintenant. » Répondis-je, avec une certaine légèreté, même si le fond de ma pensée était bien moins légère. « Tess’, je vais avoir besoin de toi, urgemment. Je n’ai toujours pas de cadeau de Noël à offrir à Mia. Je suis dans une merde noire. » Je lui adressais un petit sourire, attendrie. Ses relations avec Mia semblaient d’améliorer peu à peu, même s’il faudrait du temps pour qu’elles reviennent à la normale. C’était touchant de voir à quel point Andrew s’impliquait dans la vie de sa fille et faisait en sorte de reprendre son rôle de père, de la meilleure des façons possibles. « J’imagine que les journaux intimes roses à paillette et les CD, ce n’est plus trop son truc ? » J’éclatais de rire à sa réplique, prenant rapidement la parole à mon tour. « Non, oublie les journaux intimes et les CD et rassure-toi, je vais t’aider. » Je ne comptais pas le laisser paniquer à l’idée de ne rien trouver à lui offrir. Je portais mon verre à la bouche et reprenais rapidement, après l'avoir posé de nouveau sur la table basse. « Qu’est-ce que tu dirais si on allait faire les boutiques toi et moi, un de ces jours ? Je t’aiderai à trouver le cadeau parfait pour Mia et ça nous permettrait de passer un peu de temps ensemble… » Avant de reprendre, un peu amusée par ma propre proposition : « Enfin, on passe déjà beaucoup de temps ensemble oui… Mais si tu es apte à me supporter un peu plus, ça nous permettrait de passer du temps en dehors de mon ou ton appartement, à faire quelque chose d’un peu… Différent ? » Le genre de choses que l’on faisait en couple oui, mais cela partait d’un bon sentiment et l’idée de partager ce genre d’activité avec Andrew, aussi importante que celle d’un cadeau de Noël après des années de séparation avec sa fille, ne pouvait que m’enthousiasmer.

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Tessa Mulligan ft. @Andrew McKullan

Quand j’étais enfant, Andrew, c’était un peu le tonton que je n’avais jamais eu. J’avais adoré passer du temps chez les McKullan et à chaque fois que j’en avais eu l’occasion, j’avais harcelé mes parents pour qu’ils me conduisent chez eux. Je m’y étais sentie chez moi très rapidement et je n’avais cessé d’y passer mon temps libre. Maintenant que j’avais prit quelques années et que j’étais devenue une femme, mon regard sur Andrew avait changé et cette relation que j’avais pu nouer avec lui dans le passé était devenue totalement différente. Je savais bien, au fond de moi, qu’Andrew me chamboulait totalement, mais je me voilais la face. Je n’avais pas peur de la différence d’âge ni de quoique ce soit d’autre. Après tout, en grande fleur bleue que j’étais, je me fichais un peu de savoir ce que l’on pourrait en penser… Non, j’avais surtout peur que ce ne soit pas réciproque, que si je faisais le moindre sous-entendu au père de famille, il trouverait cela juste bizarre et qu’il finirait par me fuir comme la peste. Au-delà de mes sentiments, la relation d’amitié, de complicité, que nous avions noués aussi rapidement était devenue essentielle pour moi et je le perdais, je savais que j’en serais sincèrement meurtrie. En sachant cela, étais-ce réellement sage que de tenter de faire un pas en avant, au risque de tout perdre ? « Si tu savais…J’ai dû me faire siffler au moins six fois en venant ici. C’est dur d’avoir cinquante balais, tu n’imagines même pas ! » Je laissais échapper un petit rire, en sachant très bien qu’il grossissait volontairement la situation, même si je ne doutais pas qu’il devait avoir son petit succès, même s’il n’en était pas forcément conscient. « L’essentiel c’est que ma tenue te plaise à toi, non ? » Je souriais doucement, en le regardant, avec un peu plus de sérieux. « Bien sûr qu’elle me plaît, ça aurait également été le cas dans n’importe quelle autre tenue. » Sans m’en rendre réellement compte, un simple compliment était en train de prendre une toute autre ampleur, n’importe qui, témoin de cette scène, aurait pu comprendre ce qui était en train de se passer entre lui et moi, nous étions sans doute les seuls à nous voiler réellement la face. « N’oublie pas que je ne suis pas très à l’aise avec tout ce qui tourne aux réclamations ou aux problèmes judiciaires…Je crois que la dernière fois j’y ai perdu mon boulot et ma femme » Je souriais à l’ironie de sa réplique même si intérieurement, je grimaçais légèrement. Je savais à quel point cette période avait été compliquée dans la vie d’Andrew et j’espérais sincèrement que tout cela était derrière lui, qu’il arrivait à présent à penser à autre chose et à se concentrer sur l’avenir, c’était tout ce qui comptait en mon sens. « Mon vrai plan, c’est de te faire prendre dix kilos pour que tu n’aies plus le choix que de venir courir tous les week-ends avec moi ensuite. Tu n’auras pas d’excuse comme ça ! » Je pouffais de rire, forcée de constater que son plan était aussi ingénieux que machiavélique. J’étais plutôt sportive et avant d’avoir mes soucis de santé, j’allais courir régulièrement, seule. Le faire avec Andrew était donc une bonne motivation supplémentaire. « Je suis forcée d’avouer que pour le coup, c’est plutôt bien joué de ta part. Je crois que je vais devoir m’y remettre sérieusement quand j’en aurais l’occasion vu tout ce que je dévore en ce moment. » Habituellement, j’étais tellement obnubilée par mon travail que je mangeais souvent sur le pouce, pour ne pas dire que je sautais pas mal de repas. Depuis que j’étais condamnée à ne plus bouger, autant dire que mon régime alimentaire avait drastiquement changé et Andrew en était le premier coupable. Après l’intervention de Jay, ce dernier alla se coucher sagement dans son panier, après que je lui en ai donné l’ordre. Nous en venions alors à parler de ce qui adviendrait de notre relation après mon opération, sans vraiment rentrer dans le cœur du sujet immédiatement. C’était quelque chose que j’appréhendais beaucoup, plus qu’une envie, j’avais besoin de voir Andrew aussi souvent que je le voulais, de l’avoir auprès de moi et si nous étions contraints de stopper tout cela, parce que je finirais par ne plus avoir autant besoin de lui, je savais qu’il me manquerait beaucoup… « Qui t’a dit que ça s’arrêterait ? Je suis comme un vieux chewing-gum accroché à tes basques, tu vas avoir du mal à te débarrasser de moi ! » Mon air pensif s’évanouit derrière un sourire sincère et soulagé. Il ne comptait donc pas sortir de ma vie, je ne pouvais qu’en être des plus comblées. « A moins que tu me foutes à la porte… ». Je faisais non de la tête avec frénésie, sachant très bien que ce ne serait jamais le cas. « Bien sûr que non, pour rien au monde je ne te mettrais à la porte… J’avais juste peur que tu disparaisses partiellement de ma vie, quand je serais remise sur pieds… » Commençais-je, un peu hésitante, mais bien décidée à m’adresser sincèrement à lui et à laisser tomber les masques. « Je crois que… J’aurais du mal à me passer de ta présence maintenant… » Mon regard s’était perdu dans le sien. Après réflexion sur mes paroles, je rompais un léger silence qui s’était installé pour attraper mon verre une nouvelle fois et me laisser tomber sur le canapé, les joues légèrement rosies par la situation. Je laissais de la place pour qu’Andrew en fasse de même à côté de moi et tentais de reprendre la situation en main, même si elle m’échappait à mesure que la conversation se poursuivait.  

Nous en venions à parler du cadeau de Mia et j’en profitais pour lui faire part de mes envies de le voir autre part que dans nos appartements respectifs. « Tu veux dire sortir dehors, voir du monde ? Ah, j’ai trop peur que les gens soient choqués de nous voir ensemble…Trop de beauté d’un coup, on va les éblouir… »  Je souriais tout en hochant la tête à sa réplique, d’un air convaincu. « C’est vrai, c’est pas bête ce que tu dis… Si jamais, on peut toujours essayer de se grimer pour être les plus moches possibles, si ca peut nous éviter d’être dévisagés comme des bêtes de foires… » Rajoutais-je avec humour, alors qu’il reprenait la parole : « Ceci dit, ça serait une bonne parade pour te trouver un cadeau à toi aussi…Je pourrais noter tout ce que tu regardes et revenir plus tard pour t’acheter quelque chose… » je haussais les épaules, touchée qu’il prenne autant de peine à me trouver le cadeau idéal, puis je répliquais, un peu gênée : « Je n’ai pas besoin de grand-chose tu sais, tu fais déjà tellement pour moi… » Et je pesais mes mots. Dès nos retrouvailles, Andrew m’avait promis d’être là pour moi, mais jamais je n’aurais espéré qu’il le serait autant. Il était tellement présent que la majorité de mes voisins avaient cru qu’il était un membre de ma famille et avaient eu du mal à comprendre qu’un simple ami, sorti de nulle part, était aussi présent de façon si soudaine, comme ça, en un claquement de doigts. Je m’en fichais des on-dit, la situation m’amusait d’ailleurs beaucoup, même si j’aurais préféré pouvoir mettre un mot sur ce qui me liait réellement au père de famille. C’est alors qu’il m’énuméra toute une liste d’endroits où il espérait m’emmener, si nous franchissions le pas de nous voir en dehors de chez nous. C’était étonnant comme de « simples amis » pouvaient sembler cacher une relation qui, pourtant, était censée être des plus innocentes, en passant autant de temps à l’abri des regards extérieurs. Ses propositions me réjouirent toutes autant les unes que les autres et mon sourire ne tarda pas à le démontrer. « Où tu veux, quand tu veux ! » Répondis-je, avec entrain. « Ça pourrait être bien, pour…pour nous deux, je pense » Tout à coup, mon regard se perdit dans le sien, laissant un léger silence s’installer. Nous deux… c’était la première fois qu’il parlait de lui et moi de cette façon et étrangement, cette simple phrase des plus banales me mit dans un état que je ne comprenais pas moi-même. Mon cœur palpitait et mes mains devinrent soudainement moites. Je posais mon verre sur la table, me forçant ainsi à détourner le regard un instant, puis mes yeux plongèrent de nouveau dans le siens. Je cherchais mes mots, je cherchais à rompre le silence, le plus difficilement du monde. « Ce serait bien pour… nous deux oui, en effet… » Sans trop réfléchir à ce que j’étais en train de faire, j’avais attrapé doucement l’une de ses mains, dans un geste différent de ceux que nous avions échangé ces dernières semaines. Hypnotisée par son regard, je restais ainsi quelques secondes avant de me rendre compte que ce contact physique, pourtant des plus naturels, pouvait peut-être être gênant du point de vue d’Andrew. « Je… crois que le côté « petit couple » est en train de me monter à la tête… » Lançais-je, en tentant de plaisanter d’une situation, sans le faire totalement. Malgré ma gêne et la peur de la réticence d’Andrew, je ne bougeais pas ma main pour autant, comme si ce contact physique avait bien plus d’importance que je n’étais capable de me l’avouer, comme si j’espérais qu’il comprendrait que ce pas vers lui n’avait en réalité, rien de totalement anodin.

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Tessa Mulligan ft. @Andrew McKullan

« Tu veux dire que j’ai passé vingt minutes devant mon miroir alors que j’aurais pu venir en pantalon de jogging ?! » Je laissais échapper un petit rire à sa réplique, j’appréciais le fait qu’il prenne le temps de se faire beau pour venir me voir, mais je n’étais pas spécialement du genre à m’arrêter sur des détails insignifiants tels qu’un pantalon de jogging. J’avais tellement pris l’habitude de côtoyer Andrew, que lorsque nous nous retrouvions, c’était comme si nous habitions presque ensemble et donc, je n’aurais pas été choquée que de le voir dans une tenue bien loin d’être sophistiquée. Toujours est-il que j’étais contente qu’il prenne soin de faire attention à son apparence, sans vraiment me poser la question de savoir si cela ne faisait pas également partie d’un petit jeu de séduction entre nous, comme le fait que je prenne de plus en plus le temps de m’apprêter lors de ses visites. J’avais réussi à me mettre en tête que je ne pouvais sciemment pas intéresser Andrew, c’est pourquoi j’avais un peu de mal à m’ouvrir aux signaux qu’il m’envoyait, totalement inconsciemment et en toute innocence. S’il avait été plus jeune, si notre relation de base avait été différente, j’aurais sans nul doute ouvert les yeux beaucoup plus tôt. Pourtant, ce n’était pas faute d’aimer passer du temps avec lui, par-dessus tout et de penser constamment à lui, à en perdre littéralement la tête, parfois. Chaque excuse, chaque prétexte était bon pour le voir, c’est aussi pour cela que je craignais de ce qu’il adviendrait de nous, une fois que je serais remise sur pieds. Soit, il m’avait promis qu’il ne me laisserait pas, mais nous n’aurions plus énormément de raison de nous voir, si ce n’est pour passer du temps ensemble. J’espérais sincèrement que rien ne changerait entre nous, enfin du point de vue négatif, puisque je n’avais rien contre le fait que notre relation continue à évoluer dans le bon sens. D’ailleurs, lorsqu’il m’avoua qu’il ne partirait pas, à moins que je ne le mette à la porte, ma réaction ne s’était pas fait attendre et le fait que j’aurais du mal à me passer de lui dans ma vie, avait échappé de ma bouche. Je pensais réellement mes paroles, mais après coup, j’avais peur que ce soit mal interprété, qu’il prenne peur, peut-être… J’avais toujours été une personne très franche, sauf que dans ce cas précis, me livrer signifiait aussi lui faire comprendre que ce que je ressentais au fond de moi était bien plus que de l’amitié. « J’ai déjà fait l’erreur de disparaître une fois de la vie de la personne qui m’est la plus chère, la prunelle de mes yeux. Je ne ferai pas la même erreur deux fois, avec qui que ce soit. » Je lui souriais, un brin nostalgique. Je savais qu’il regrettait beaucoup ce qui avait pu se passer dans le passé et les conséquences que cela avait dans le présent. Sa relation avec Mia était vraiment tendue, alors qu’ils étaient si proches dans le passé… C’était vraiment dommage, dommage d’en être arrivés là, dommage que le contact ait du mal à reprendre naturellement entre père et fille. Je savais que Mia avait beaucoup souffert, j’avais été aux premières loges pour en prendre conscience, mais j’espérais aussi beaucoup qu’elle finirait par laisser la place qu’Andrew méritait, dans sa vie de jeune femme. « Je ne laisserai tomber personne, et surtout pas les gens qui comptent beaucoup pour moi » Je lui souriais, doucement, mon regard plongé dans le sien, extrêmement touchée par ce qu’il venait me dire, tellement touchée que je restais silencieuse, pendant quelques secondes, ne sachant pas vraiment quoi répondre à cela sans être trop explicite sur ce qui était en train de se passer à l’intérieur de moi. « Merci… ça me rassure beaucoup, tout autant que ça me touche… » Malgré les années qui nous avaient séparés, j’étais vraiment heureuse de l’avoir retrouvé et je remerciais le ciel qu’il soit de retour à Brisbane après toutes ses années. Il était parti, certes, mais si cela n’avait jamais été le cas, il y aurait eu peu de probabilités pour que notre relation prenne cette tournure… C’était sans doute le gros côté positif de son départ, même s’ils ne faisaient certainement pas pencher la balance par rapport à tout le négatif qui gravitait autour de lui en cette sombre période.
Alors que j’avais réussi à garder un semblant de contrôle de la situation, de tous mes sentiments qui me faisaient perdre littéralement la tête, mon cœur avait finit par parler pour moi, dans un aveu, un geste d’affection que je n’avais pas réussi à contrôler. J’avais juste l’impression de m’être embarquée dans une situation qui manquait de se retourner contre moi, d’être dans un bateau à la dérive, dans l’attente qu’une vague m’entraîne dans les profondeurs de l’eau. Pourtant, je savais très bien que je ne pourrais pas rester silencieuse encore longtemps, que je ne pouvais pas garder tout cela en moi éternellement et que j’avais besoin d’être fixée. Mais le risque était grand, beaucoup trop grand pour me permettre de m’ouvrir réellement, sans craintes. Mon opération approchait à grand pas, il avait beaucoup fait pour moi durant quelques semaines, il m’avait aussi permis de voir la vie différemment et de rester positive malgré toutes les circonstances. Est-ce qu’après tout cela, il ne méritait pas un minimum d’honnêteté de ma part ? Si, bien sûr que si, mais je ne pouvais pas me mentir à moi-même, j’étais juste morte de trouille à cette idée. La réaction d’Andrew ne se fit pas attendre, alors que je restais muette, aux aguets, à l’affut du moindre de ses mouvements, qui pourrait me donner enfin une réponse sur ce qu’il ressentait. Il posa son verre de vin et posa l’une de ses mains sur ma joue. Mon regard se noya dans le sien et un doux sourire vint éclairer mon visage pâle. « Tessa… » Mon cœur manqua un battement. Je savais que c’était le moment, je savais qu’il était en train de comprendre ce que je ressentais, que j’allais enfin avoir la réponse que j’attendais autant que je craignais. Je restais silencieuse, bercée par sa délicate caresse. « C’est donc ça, ce qu’on est ? Un couple ? » Je ne savais pas réellement quoi répondre. Officiellement, la réponse était non, officieusement, cela dépendait grandement de son point de vue, un point de vue que j’avais du mal à déceler, même si sa marque d’affection était plutôt explicite. De l’affection, nous en avions l’un pour l’autre depuis nos retrouvailles, j’avais bien trop peur de me voiler la face, pour oser me rendre compte de ce qui était en train de se passer. « Tu te serais imaginé, un jour, sur ton canapé, avec un vieux de l’âge de ton père ? » L’âge de mon père… Oui, bien sûr que j’avais pensé à cela, puisque Andrew avait sensiblement le même âge que mon propre père, a quelques années près, mais ce détail ne m’avait pas vraiment dérangé. Après tout, qu’il ait cinquante ou vingt-cinq ans, qu’est-ce que cela changeait en réalité ? Peut-être que nos familles respectives le prendraient mal, probablement qu’elles le feraient d’ailleurs, mais peu m’importait, j’étais prête à prendre le risque les yeux fermés. « Tu penses que c’est ce que tu veux ? Je ne peux rien te promettre, si ce n’est d’être là pour toi comme je l’ai été jusque-là » Au fond de moi, j’avais envie de lui crier un grand oui, mais j’étais comme devenue muette, alors que mon corps tout entier n’obéissait absolument plus à ce que mon cerveau lui dictait. C’est à cet instant qu’il se rapprocha, avant de m’affirmer, cette fois-ci : « Parce que je crois que c’est ce que je veux, moi » C’est à cet instant que mon cœur sembla exploser. Il déposa un baiser, un simple baiser à la commissure de mes lèvres puis, me laissant à peine le temps de savourer ce moment, il se recula et s’excusa. Je m’approchais à mon tour et lui souriais, sincèrement, des étoiles plein les yeux et cette appréhension qui m’avait si longuement prise aux tripes, qui venait soudainement de s’envoler, me laissa à nouveau légère comme un nuage. « Tu n’as pas à t’excuser… » Répondis-je, alors que celle fois, se fut à mon tour de me rapprocher de lui. En l’espace d’une seconde, je l’observais, mon visage à quelques centimètres du sien, puis, sans lui laisser le temps de répondre quoique ce soit, je m’approchais à mon tour, pour poser délicatement mes lèvres sur les siennes, dans un baiser doux et sensuel. Je finissais par rompre ce dernier, gardant mon corps à proximité du sien, mon regard toujours noyé dans celui d’Andrew. « Oui, c’est ce que je veux Andrew… Si tu veux savoir, je me fiche de ton âge, des qu’en dira-t-on, de ce qu’on pourra penser de tout ça, je suis prête à tout assumer… » Commençais-je, avec l’envie flagrante de le rassurer, de ne pas lui laisser l’occasion de se poser trop de questions. « Et tu sais que j’en ai les épaules, je pense que tu me connais assez pour en avoir conscience… » Rajoutais-je, sûre de moi. Andrew avait passé assez de moments en ma compagnie pour savoir que, même si ce n’était pas toujours facile pour moi en ce moment, je restais une femme forte et que je ne me laisserais pas impressionner, quoiqu’il puisse se passer. Je passais délicatement une main sur sa joue, avant de reprendre, doucement : « Je ne te demande rien de plus que ce que tu m’apportes déjà, je veux juste que tu ne te fasses pas de souci, je suis prête à gérer tout ce qui pourrait se passer… » Sous entendant des éventuels problèmes avec ma famille ou certains de mes amis. Je n’avais pas envie de me prendre la tête avec cela, juste de profiter du moment présent.  

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Tessa Mulligan ft. @Andrew McKullan

Tout s’était passé très rapidement avec Andrew, sans que je n’aie le temps de comprendre réellement ce que je ressentais. J’avais pris conscience que ce n’était pas vraiment normal de penser à lui perpétuellement, j’avais bien compris que quelque chose se passait entre nous, quand je n’étais jamais aussi sereine que lorsqu’il me prenait dans ses bras, je savais que nos rapprochements, tous ce temps qu’on passait ensemble, cette amitié qui prenait de l’ampleur beaucoup trop vite, rien de tout cela n’était anodin. Et puis, j’avais tenté de me raisonner, de me dire que c’était dangereux, que ce n’était pas sage que de se dévoiler, mais qu’est-ce qu’était la vie si nous n’étions pas un peu irréfléchis parfois ? De l’ennui, rien d’autre que de l’ennui et je ne voulais pas d’une vie comme celle-là, c’est sans doute pour cela que j’avais prit le risque de lui montrer quelques signes qui ne laissaient plus de place au doute. J’avais fait un premier pas et il m’avait aussitôt embrassée, un baiser timide, de peur que je ne le rejette, ce qui ne fut pas le cas, bien évidemment. Rapidement, je cherchais à le rassurer, à lui expliquer que j’avais les épaules pour assumer cette relation qui n’avait rien de banal. Si ma famille allait sûrement amenée à être au courant, si on risquait de me faire des scènes dignes de films Hollywoodiens et de me faire la tête un moment, sans doute, je savais qu’ils m’aimaient assez pour me le pardonner et dans tous les cas, quoiqu’il advienne, cela ne changerait pas ma décision. J’avais toujours eu pour habitude de foncer tête baissée dans toutes sortes de situations, sans vraiment penser aux conséquences, il n’était pas question que j’agisse autrement cette fois-ci. « Je ne me fais pas de soucis pour toi, je sais bien que tu es aussi bornée que moi…Mais qu’est-ce que tu diras, si ta famille te tombe dessus ? » Je haussais les épaules, ne me laissant absolument pas impressionner par cette pensée, puis je lui souriais doucement. « Je leur dirai que c’est mon choix, que je ne changerai pas d'avis quoiqu'il se passe et que s’ils m’aiment vraiment, ils n’auront pas le choix que de l’accepter. » J’avais toujours été très proche de ma famille et ne leur avait jamais causé de réels problèmes. Ils risquaient certes, de ne pas approuver, voire de s’inquiéter pour moi, mais ils n’auraient pas le choix que de s’y faire, puisque c’était ma vie et pas la leur. « J’ose même pas imaginer ce que Mia va pouvoir dire, je vais en entendre parler pendant les dix prochains repas de famille… » Je prenais un air gêné. En réalité, j’étais plus inquiète pour Andrew que pour moi. Moi, je n’avais pas de souci avec ma famille, lui, il avait encore tout à créer avec sa fille. Je savais que Mia m’appréciait, mais en tant que petite-amie de son père, j’avais clairement des doutes. « Je suppose qu’il faut qu’on évite de penser à ça… Disons simplement que ça pourrait être pire, j’ai toujours eu de bons rapports avec Mia, encore aujourd’hui… » Je me doutais au fond de moi qu’elle avait autant de chances de mal prendre les choses que mes propres frères. Mais est-ce que cela ne valait pas le coup de prendre le risque finalement ? Pour être particulièrement proche de Mia, est-ce que je ne réussirais pas à la raisonner, si la situation tournait mal ? Je savourais son baiser, avant de me blottir tout contre lui dans un sentiment de plénitude totale. La discussion que nous avions débuté était inévitable, mieux valait mettre les choses au claires tout de suite et parler de nos ressentis, avant que l’un d’entre nous ne fasse une erreur ou que nous nous rendions compte à nos dépends que nous n’étions pas sur la même longueur d’ondes en fin de compte. « Je préfère qu’on ne dise rien, pour le moment. Les gens le découvriront bien assez tôt » Je hochais vigoureusement la tête, nous étions totalement d’accord sur le sujet, mieux valait ne pas le crier sur tous les toits, en sachant que beaucoup de personnes n’étaient absolument pas aptes à nous comprendre. « Et attention, j’ai passé l’âge de vivre mes relations cachées. Je ne veux pas qu’on se prive d’aller à droite et à gauche jusqu’à parce qu’on craint que quelqu’un nous voit ensemble. Mais je préfère qu’on ne s’en vante pas trop auprès de nos familles respectives, si ça te convient » Bien sûr que cela me convenait et même si cela n’avait pas été le cas, j’aurais respecté son choix, il avait bien plus à perdre que moi, dans l’histoire. « J’ai encore beaucoup de chemin à faire avec Mia, et je n’ai pas envie d’ajouter encore quelque chose sur le tas. Elle pourrait réutiliser tout ça contre moi et…je pense que j’en ai pris pour mon grade, déjà » Alors qu’il déposait un nouveau baiser sur mes lèvres, nous finissions par rompre ce dernier, je gardais mon visage à quelques centimètres du sien, posant délicatement l’une de mes mains sur ses joues. « Ne t’inquiètes pas pour ça, je comprends tout à fait ta position et ce que tu as a perdre, je ne le prends pas mal, je suis consciente que l’on se lance dans une relation… compliquée… Mais je reste persuadée que ça vaut le coup de prendre ce genre de risques. » Je souriais, doucement. J’avais toujours eu ce petit côté aventurière, prête à foncer tête baissée dans des situations complexes, pour le coup, j’étais plutôt servie. Je refusais de me laisser envahir par mes angoisses, j’avais juste envie de profiter de ce moment, ma vie était déjà bien assez compliquée comme ça. « Ca veut dire que tu ne changes pas ton statut Facebook pour indiquer que tu es en couple, compris ? Par contre tu peux supprimer ton profil Tinder, ça me dérange pas ». Je laissais échapper un rire, tout en me laissant glisser sur ses genoux, le regardant amoureusement tout en posant une main sur chacune de ses épaules. Je répondais alors, d’un air faussement outré. « Qu’est-ce qui te fait dire que je suis inscrite sur Tinder ? Je ne suis pas aussi désespérée que ça, j’en ai peut-être l’air, mais c’est faux ! » Je me penchais alors en avant, pour l’étreindre encore une fois, profitant de ce moment doux et agréable. J’aimais cette sensation de ne penser à plus rien de négatif, je ne m’étais d’ailleurs plus sentie aussi bien depuis très longtemps, c’était on ne peut plus agréable.  « Bon, il faut qu’on parle sérieusement de notre prochaine escapade. Qu’est-ce que tu penses d’un petit bungalow, au bord de l’eau, avec un jacuzzi inclus ? Loin de tout le monde. Le week-end prochain » Je relâchais mon étreinte et me reculais un peu, pour le regarder, surprise. J’en venais même à me demander s’il était sérieux, ne m’attendant pas du tout à une surprise pareille, comme ça, sur un coup de tête. Comprenant qu’il ne bluffait pas, un sourire commença à prendre doucement place sur mon visage, alors que la surprise se lisait toujours clairement sur ce dernier. « T’es sérieux ? Tu veux vraiment qu’on parte en week-end ensemble, dès la semaine prochaine ? » Je me penchais une nouvelle fois vers lui pour l’embrasser sensuellement puis je rompais le baiser pour le regarder de nouveau dans les yeux. « Oui, bien sûr que oui, j’adorerais partager ce moment avec toi ! » Ce week-end, peu de temps avant mon opération ne pouvait me faire que du bien et le fait de le passer seule avec Andrew, cachés aux yeux de tous, sans n’avoir rien d’autre à me soucier que de notre bien être mutuel, c’était juste la meilleure chose qu’il aurait pu me proposer à cet instant.

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