Elle n’était pas supposée lui rajouter une poche reliée à son corps. Elle était supposée retirer celle qu’elle a d’accrochée à son lit, et elle était supposée commencer à lui retirer les tuyaux et les aiguilles pour qu’elle puisse peu à peu reprendre possession de tous ses mouvements. Sa convalescence est terminée, la jeune patiente a passé deux jours dans sa chambre suite à un vulgaire accident domestique qui, fort heureusement, a engendré plus de peur que de mal. Une simple opération, quelques points de suture en plus, de longues heures d’observation. C’est tout ce dont elle avait besoin et c’est aussi tout ce que lui a offert l’hôpital, en particulier le service pédiatrique dans lequel Lily passe le plus clair de son temps.

L’infirmière a appris sa couleur préférée, son animal total et son jour de naissance en un temps record mais elle s’en veut de ne pas avoir été capable de lire attentivement son dossier et les demandes des médecins avec. Ce n’est qu’une poche de sucre, ce n’est qu’une poche pour maintenir chaque patient hydraté et en forme. Ce n’est rien de grave, vraiment, mais ça aurait pu. Si elle devait lui faire une injection et qu’elle avait confondu avec une autre, ça aurait pu être pire. Ça aurait pu être fatal. “Merde.” Elle murmure entre ses lèvres, s’en allant pour une fois à des insultes qui ne sont généralement pas dans ses pratiques. Lily ne jure pas, jamais, mais sans doute que le peu d’heures de sommeil accumulées en plusieurs jours a beaucoup à voir avec le fait que ses gestes ne soient plus autant accordés avec son esprit qu’avant.

Une alarme au fond de son esprit lui hurle qu’elle a besoin de repos mais elle refuse d’y croire, tout comme elle refuse quiconque lui laisser penser qu’elle n’est pas toujours à 100% de ses capacités, quelles que soient les circonstances et les conditions. Elle se prend pour un robot, voilà tout, et si les hôpitaux avaient besoin de machines pour faire ce genre de travail alors ça se saurait. Lily passe son bras sur son front avant de reprendre les bons gestes, cette fois-ci, bien heureuse que la patiente soit encore et toujours endormie pour ne pas avoir eu à assister à toute cette confusion qui n’avait pas lieu d’être. Pourtant, Lily sent bien une paire d’yeux braqués sur elle et c’est en leur direction qu’elle relève presque immédiatement la tête, comme un enfant pris en train de faire une bêtise. La seule différence étant que ses bêtises à elle peuvent parfois coûter la vie des gens, et qu’elles n’ont donc pas le droit d’exister. “J’ai retiré la poche. Ça n'a pas eu le temps de couler.” La voilà qui déjà trouve des excuses face à l’inconnue qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam mais qu’elle doit pourtant impérativement garder de son côté - ou pour qui elle doit s’assurer de son silence, au moins. “Le dossier a été raturé. C’était pas clair. Maintenant tout va bien.”

@Joy Petterson

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☽ octobre 2020. L'interne avait passé une bonne partie de la journée dans le bloc, pour une fois, elle avait pu assister plusieurs titulaires, et continuait à apprendre un peu plus chaque jour. Elle adorait son métier pour le fait d'apprendre toujours et encore, il fallait constamment se renouveler. Ce n'était pas tous les jours faciles de voir des enfants malades, mais ça en valait la peine. Elle avait passé son enfance dans les hôpitaux pour son frère, et maintenant c'était à son tour de sauver des petits anges. Elle voulait éviter à des petites filles de perdre leur frère elles aussi... Tout ceci était bien enfoui en elle et peu de gens était au courant de pourquoi elle avait réellement choisi ce chemin. Ce n'était clairement pas pré-destiné pour elle. Après tout, la jeune femme avait eu une adolescence mouvementée mais elle avait fini par trouver la bonne voie.

Aujourd'hui, elle avait opéré une petite fille suite à un accident domestique. Joy avait dû aller rassurer la maman inquiète, mais lui avait assuré qu'elle pouvait aller dormir en paix chez elle. La petite fille pourrait partir dès le lendemain après une nuit d'observation. Joy était crevée après cette longue journée, le soleil s'était couché dehors et c'était signe qu'elle pouvait enfin rejoindre son appartement. Elle était de journée ces derniers jours, et elle avait donc pris un rythme bien précis. Elle devait donc faire le dernier tour de ses patients de la journée avant de pouvoir décrocher complètement, et laisser sa place à sa relève. La brune passa de chambre en chambre quand elle finit par arriver à la chambre de cette fameuse petite fille, elle était perplexe en voyant une infirmière s'agitant autour du lit de la gamine. Joy fronçait les sourcils, elle croisa les bras en l'observant attentivement. Elle ne comprenait pas bien ce qu'elle faisait avec les poches, elle fronçait les sourcils. Elle reconnut l'infirmière en question, elle n'était dans le service que depuis cet été et n'avait pas eu l'honneur de travailler réellement avec elle... Le regard bleu perçant de l'infirmière finit par se poser sur elle, Joy avait dû être insistante avec son regard... En même temps, la petite était sa patiente et après une opération si bégnine, elle espérait qu'on ne lui foire pas tout derrière elle... « J’ai retiré la poche. Ça n'a pas eu le temps de couler.» Joy allait parler mais elle la regardait faire alors qu'elle finissait de tout remettre en place.  « Le dossier a été raturé. C’était pas clair. Maintenant tout va bien. » Joy s'avança alors pour prendre le dossier accroché au bout du lit, elle se mit à lire les dernières observations. « Qu'est ce que vous avez fait ? » dit-elle, parcourant le dossier de la jeune fille en biais. L'infirmière semblait tellement sur la défensive que Joy se mit à s'inquiéter. « C'est mon dernier tour de garde, j'espérais pouvoir rentrer chez moi tranquillement... Alors s'il y a quelque chose qui ne va pas, dites-le moi. » finit-elle par dire en relevant enfin le regard vers la jeune infirmière devant elle. Joy ne connaissait pas la jeune femme, elle n'avait pas vraiment entendu parler d'elle et de ses compétences. Si l'infirmière avait fait une erreur, elle devait lui dire maintenant qu'il était encore temps. Joy n'étais pas dû genre à balancer mais il fallait que tout soit net avant qu'elle parte, elle ne voulait pas être accusée de négligence.  Elle espérait quand même qu'elle ne lui gâche pas son début de soirée...

Lily est consciencieuse et appliquée dans tout ce qu’elle entreprend, même les travaux les plus minimes et les tâches jugées moins importantes. A ses yeux, tout est important et le moindre pas de côté est à considérer comme un échec. Or la Keegan n’est pas à associer à un tel mot et elle ne l’a jamais été non plus. Sa vie est synonyme de lisse perfection, elle ne saurait accepter aucune autre sorte de réponse, et le tout s’étend jusqu’à son travail sans mal. Elle a passé les concours sur le tard pour changer de voie et enfin prendre celle à laquelle elle aspire depuis toujours, ce n’est pas pour commettre des impairs au bout de quelques mois à peine. Ni maintenant ni jamais. Elle n’a pas à prouver ce qu’elle vaut à personne, mais elle peut au moins leur démontrer qu’ils ne sont pas meilleurs qu’elle sous couvert de plusieurs années d’expérience. Ils ne s’occupaient pas de soigner leur grand frère chaque fois que leur père l’avait passé à tabac, eux.

Le doux visage de Joy ne lui inspire pourtant rien de bon, raison pour laquelle Lily explique rapidement son point de vue sur la situation. Etant au cœur des événements, elle sait que ce dernier prévaut sur tous les autres. La poche a été retirée et tout danger à jamais évité, il n’y a pas de quoi en parler davantage et chacune a sûrement bien des choses à faire encore ou une vie à laquelle retourner. Le dossier qui glisse entre ses doigts pour se retrouver entre ceux de la seconde infirmière lui fait la même sensation que sa mère s’assurant que son instituteur n’a pas injustement trouvé une erreur dans sa copie pour qu’elle descende à 98 au lieu de 100. « Qu'est ce que vous avez fait ? » Elle l’a dit, ça, pourtant. Elle n’a rien fait, elle a juste retiré la poche. Trois secondes à peine, cela n’a eu aucune conséquence. Éternellement sur la défensive, Lily fronce une fois de plus des sourcils pour jauger la jeune femme face à elle tel un animal se préparant à se battre - puisque la fuite serait bien trop lourde de conséquences. « C'est mon dernier tour de garde, j'espérais pouvoir rentrer chez moi tranquillement... Alors s'il y a quelque chose qui ne va pas, dites-le moi. » Cette fois-ci, la brune se permet d’ajouter un rire tout aussi faux que semble l’être l’inquiétude de l’inconnue face à elle. “C’est tout ce qui vous intéresse ? Rentrer le plus tôt possible ?” Ironiquement, face à elle Lily ne rêve que de rester entre les murs de l’hôpital le plus longtemps possible pour mieux s’oublier elle-même et ne laisser personne d’autre prendre la relève sur certains de ses patients. A ses yeux, l’inconnue apparaît soudainement comme une ingrate ayant eu la mauvaise idée d’avoir une vie privée au lieu de se consacrer entièrement à la passion qui est la sienne. Qui devrait être la sienne, en tout cas. “J’ai déjà expliqué ce qu’il s’est passé. Si partir est ce qui vous motive le plus alors je ne vous retiens pas.” Elle profite de faire claquer sa langue contre son palais pour reprendre le dossier des mains, ce dernier étant bien plus sa propriété que celle de l’inconnue. Après tout, elle n’en avait pas terminé avec cette petite patiente et il est hors de question qu’elle pâtisse de l’erreur passagère de la jeune mariée ou du manque flagrant d’attention donné par une inconnue. “Elle va parfaitement bien, c’est mon travail de m’en assurer.” C’est sûrement le travail de tout le monde ici mais Lily préfère tout de même clarifier son point de vue, puisque la jeune femme face à elle se contentera sans doute de le détourner encore une fois.

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☽ octobre 2020. L'interne était très consciencieuse, et elle passait sa vie à l'hôpital. Elle était connue pour avoir dû mal à lâcher l'affaire. L'interne avait vécu une histoire d'amour tumultueuse pendant près de cinq ans avec un chirurgien renommé qui avait fini par quitter l'hôpital pour ne plus avoir à la recroiser. Cette histoire s'était tassée avec les mois, et elle n'était plus le centre de l'attention, heureusement pour elle, car elle détestait ça. Son travail, c'était sa vie. Elle passait le plus clair de son temps à choyer ses patients, elle avait voulu se spécialiser en chirurgie pédiatrique et elle comptait bien devenir la meilleure. Son métier était une fierté, elle revenait de loin, et personne ne pourrait lui retirer ça, même pas une infirmière à l'air hautain. Ce n'était clairement pas l'infirmière en face d'elle qui allait commencer à la juger. « C’est tout ce qui vous intéresse ? Rentrer le plus tôt possible ?» L'air hautain et sarcastique de la brune face à elle ne lui plaisait pas du tout. Elle n'avait pas l'air de la connaître car Joy était une férue de travail et on avait dû mal à la faire partir, c'était d'ailleurs pourquoi elle prenait le soin de faire le tour de ses patients du jour à chaque fois qu'elle était sur le point de finir sa garde. Joy eut un petit rire ironique en soupirant. « Lily, c'est ça ? » dit-elle, de manière rhétorique, elle n'attendait aucune réponse, elle s'avança vers les machines de la jeune patiente pour vérifier ses constantes. « Sachez que je prends toujours le temps de checker mes patients avant de repartir sereinement chez moi pour dormir six heures et revenir au plus vite les retrouver. » dit-elle d'un ton assuré sans la regarder. Lily prenait le risque de la juger, ce n'était pas vraiment une bonne idée. Joy aussi avait horreur qu'on remette en cause son travail, c'était bien pour cela qu'elle prenait toujours le temps de s'assurer que tous ses patients étaient entre de bonnes mains. « J’ai déjà expliqué ce qu’il s’est passé. Si partir est ce qui vous motive le plus alors je ne vous retiens pas.» L'infirmière continuait avec son insolence, Joy fronça le sourcils en se retournant pour regarder l'autre brune. « Ecoutez, j'ai opéré cette petite aujourd'hui et c'est mon travail de vérifier qu'elle est entre de bonnes mains. Si pour vous c'est "être pressée", pour moi c'est "avoir une bonne conscience professionnelle". Je ne quitterai jamais un patient si j'ai un doute. » dit-elle en croisant les bras, fixant l'infirmière qui semblait tout remettre en cause, et Joy prenait le temps de se justifier pour mettre les choses au clair. Tous les internes, et tous les chirurgiens ne prenaient pas le temps de s'assurer du bon maintien de leur patient une fois opéré.  « Elle va parfaitement bien, c’est mon travail de m’en assurer. » Joy pencha la tête toujours en la regardant. « Très bien, c'était tout ce que je voulais entendre. Je ne suis pas là pour remettre en cause votre travail, moi. » dit-elle d'un ton neutre, mais on pouvait ressentir que l'interne avait été froissée de la manière dont Lily lui avait parlé, et avait insinué certaines choses. « J'aurais juste été là pour aider. » finit-elle par ajouter que Lily se choisissait la mauvaise ennemie. Joy n'était pas du genre à mettre des bâtons dans les roues, ce qui était primordial pour elle était surtout que ces patients passent la nuit car elle ne serait pas là en personne pour s'en assurer. Elle avait toujours dû mal à les laisser derrière elle mais il fallait bien qu'elle dorme pour être toujours d'attaque.

L’infirmière observe sa comparse de haut en bas, incapable d’émettre un jugement digne de ce nom alors que la fatigue et l’agacement prennent le pas sur toutes les autres pensées qu’elle pourrait avoir à son égard. « Lily, c'est ça ? » Éternellement méfiante, elle observe sa cadette avancer vers les machines. Le fait qu’elle connaisse son prénom aurait pu la rendre fière mais à l’instant présent, c’est tout l’inverse. Elle a l’impression d’être dos au mur pour la première fois de sa vie, incapable d’user de ses meilleurs mensonges et de ses plus beaux sourires pour se sortir d’affaire. « Sachez que je prends toujours le temps de checker mes patients avant de repartir sereinement chez moi pour dormir six heures et revenir au plus vite les retrouver. » Elle aussi, si c’est vraiment tout ce dont il est question. Est-ce un concours de cernes ? La mariée ne doute pas de ses chances de victoire et personne n’en douterait non plus si elle venait à retirer son maquillage parfaitement exécuté pour cacher une triste réalité. Est-ce qu’elle aussi est obligée de dormir chez ses parents depuis que son mariage bat de l’aile ? Non, sûrement pas. Lily gagne le concours d’empathie, quand bien même elle ne s’y est jamais inscrite et elle ne voudra jamais y participer non plus. « Ecoutez, j'ai opéré cette petite aujourd'hui et c'est mon travail de vérifier qu'elle est entre de bonnes mains. Si pour vous c'est "être pressée", pour moi c'est "avoir une bonne conscience professionnelle". Je ne quitterai jamais un patient si j'ai un doute. » Les yeux bleus de Lily toisent l’interne de haut en bas alors qu’elle imite ses mimiques sans même le vouloir, croisant à son tour ses bras sous sa poitrine. “Alors nous sommes d’accord.” Elle n’est pas en train de courber l’échine ni ployer le genoux, mais rivaliser contre une personne qui utilise les mêmes armes que soi s’avère bien plus compliqué que prévu. Tant que leur jeune patiente se porte bien, c’est réellement tout ce qui a de l’importance aux yeux de Lily. Son ego a été maltraité bien assez de fois ces dernières semaines pour qu’elle ne veuille pas risquer de l’amener plus bas que terre. Cela ne l’empêche pas pour autant de garder ses pieds ancrés dans le sol et ses yeux plongés dans le brun de ceux de l’inconnue.

Une fois de plus, la brune répète donc que l’état de la patiente est stable et même très bon pour une personne venant de subir une opération. Il n’y a réellement pas de quoi s’alarmer sur aucun sujet : elle va bien et elle continuera de bien se porter. « Très bien, c'était tout ce que je voulais entendre. Je ne suis pas là pour remettre en cause votre travail, moi. » Elle roule des yeux à l’évocation du “moi”, évidente pique tournée contre elle. L’attaque est la seule défense que Lily a toujours eu et ce n’est pas ce soir qu’elle risque de changer de façon d’être ; surtout parce que justement elle n’a aucune idée de comment se comporter autrement. « J'aurais juste été là pour aider. » A cela, la réponse est évidente. “Je n’ai pas besoin d’aide.” Le ton de Lily est plus bas, plus calme, mais jamais elle ne laissera qui que ce soit sous entendre qu’il peut lui venir en aide. Elle se débrouille seule depuis toujours, elle panse les plaies de Joseph seule, elle suture Alfie seule, elle redonne confiance en Matt seule (okay, y’a eu un peu de retard sur le programme à ce niveau là). Elle n’a pas besoin de personne pour l’aider à prendre soin de ses proches ou de ses patients. Elle n’a pas besoin d’aide, tout court, pour rien du tout. “Ses constantes sont stables, elle dort paisiblement.” Raison pour laquelle elle ne souhaite pas la déranger davantage et s’avance donc déjà vers la porte de la chambre pour en sortir. Le repos est précieux, les deux jeunes femmes ne le savent que trop bien. “Six heures, hein ? Chanceuse.” Elle tente un sourire en demi teinte et une blague qui l’est tout autant, abordant maladroitement le sujet du nombre total d’heures de sommeil auquel la jeune femme peut avoir le droit de profiter. “Lily, en effet. Enchantée.” Éternelle vieux-jeu, la Keegan lui tend une main qui se veut chaleureuse pour rapidement faire table rases de mots qui n’avaient pas lieu d’être. “Je suis contente de travailler avec des personnes consciencieuses.” C’est tout ce qui importe.

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☽ octobre 2020. Il n'était pas question de prouver quoique ce soit à cette infirmière, mais Joy n'avait pas aimé ses sous-entendus qui ne correspondaient pas du tout à l'éthique reconnaissable de Joy. L'interne n'avait que son travail dont elle était fière, et pour lequel elle se raccrochait énormément. Combien de fois l'année passée, et encore en début d'année avait-elle passé des nuits en plus juste pour ne pas rentrer chez elle ? La relation qu'elle avait entretenue pendant cinq années avec ce chirurgien avait mal fini et son travail l'avait sauvé, elle avait réussi à ne pas sombrer et avec la fin d'année qui approchait, elle espérait pouvoir avoir une meilleure année devant elle. Ce n'était donc pas une infirmière qui allait sous entendre quoique ce soit, et la faire ruminer toute une nuit parce qu'elle n'aurait pas été capable de rétorquer que non, elle n'était pas du genre à partir à la va-vite parce qu'elle voulait absolument rentrer chez elle. Joy était bel et bien ici pour s'assurer que tous ses patients du jour étaient entre de bonnes mains et si Lily se braquait parce qu'on surveillait son travail, ce n'était pas du ressort de l'interne. En effet, elle n'était pas là pour juger quoique ce soit, elle était là pour s'assurer que la patiente se porte bien. « Alors nous sommes d’accord.» Les deux brunes se défient du regard, les bras croisés comme moyen de défense, très probablement, elles se toisent du regard et Joy ressent une certaine méfiance de l'infirmière, une méfiance qu'elle ne comprenait pas... Elle n'était pas venue ici en tant qu'ennemie, bien au contraire.

Lily semblait sûre d'elle alors que quelques minutes plus tôt, elle semblait perturbée et agitée, Joy l'avait observée une courte minute avant de venir voir que tout allait bien. Apparemment, l'infirmière n'avait pas l'habitude qu'on la reprenne, et même si cela n'avait pas été la volonté première de l'interne, c'était aussi son devoir de vérifier que tout se passait bien. Lily assurait que c'était le cas alors Joy acquiesça en affirmant que c'était tout ce qu'elle voulait entendre.  « Je n’ai pas besoin d’aide.» Joy eut un léger rictus en commençant à comprendre le personnage de l'infirmière, apparemment elle semblait être sur la défensive et ne pas aimer qu'on vienne l'aider. « C'est pourtant notre boulot non, de s'entraider ? » dit-elle sur un ton plus léger, fixant l'infirmière, tentant de désamorcer cette tension qui n'avait pas lieu d'être. C'était bel et bien le but de s'aider entre collègues, surtout dans le monde médical qui pouvait être très surprenant, et assez imprévisible. Elle vit l'infirmière se diriger vers la porte de sortie, et Joy la suivit, la patiente dormait et ce n'était pas le moment de la réveiller... « Six heures, hein ? Chanceuse. » Joy fronça les sourcils, elle la regarda, ne sachant pas comment réagir mais on dirait bien que Lily s'était détendue. Elle avait enfin compris que Joy n'était pas l'ennemie ici. « Les soirs de pleine lune seulement. » rétorqua-t-elle avec un petit rire, il était clair que le sommeil n'était pas quelque chose qu'elles devaient connaître. Joy était plus habituée à des micro-siestes lors de ces gardes plutôt qu'à des nuits entières dans un lit bien douillé. Quand on faisait ce métier, on ne dormait jamais vraiment sur ses deux oreilles. « Lily, en effet. Enchantée. » Joy était satisfaite de voir que l'infirmière avait décidé de baisser les armes qui n'avaient pas lieu d'être levées par ailleurs. « Joy, enchantée également. » dit-elle en serrant la main de l'infirmière qui semblait avoir une aussi bonne conscience professionnelle qu'elle. Joy se doutait qu'elle n'était pas là depuis longtemps et d'ailleurs, cela devait être une des seules à ne pas avoir suivi tout le mélodrama dans lequel elle avait joué un des rôles principales lors de sa rupture avec le grand chirurgien renommé de l'hôpital... « Je suis contente de travailler avec des personnes consciencieuses. » Joy eut un petit sourire alors qu'elles avançaient vers le comptoir principal du service. « Le plaisir est partagé. » dit-elle alors en reposant ses dossiers à leur place. Elle leva la tête pour regarder l'infirmière. « Vous êtes arrivée depuis peu de temps dans le service, je me trompe ? » se risqua-t-elle de demander, après tout ça pouvait être hyper vexant si jamais elle bossait là depuis dix ans. « Je peux vous offrir un café pour me faire pardonner de mon intrusion surprise ? » finit-elle par dire, cinq minutes de plus ne la tuerait pas, d'autant plus si ça pouvait lui servir d'apaiser les tensions avec une infirmière, Joy préférait toujours avoir de bonnes relations avec ses collègues. Cela compensait de toutes les relations toxiques qu'elle avait autour d'elle...

Lily refuse catégoriquement toute aide, peu importe le contexte. Le fait que cela intervienne sur son lieu de travail et qui plus est avec une parfaite inconnue n’aide absolument pas la brune à lâcher prise sur le sujet. Il lui semble totalement inenvisageable de montrer la moindre once de faiblesse face à une personne qu’elle ne connaît et dont elle ne peut par conséquent pas anticiper les actions, encore moins la façon dont cette dernière risque de lui planter un couteau dans le dos ensuite. Il faut croire qu’après vingt ans passés à ses côtés, Alfie lui aura au moins appris à ne faire confiance à personne - sauf à lui, malgré tout et surtout malgré elle-même. « C'est pourtant notre boulot non, de s'entraider ? » Elle voit bien que l’interne tente d’apaiser les tensions et c’est là la seule raison pour laquelle Lily ne répond pas à cette question rhétorique. Evidemment que non, elles ne sont absolument pas là pour s’entraider. Elles sont là pour aider ceux qui en ont besoin, elles sont là pour soigner, elles sont là pour tout le monde sauf pour elle-même et ce n’est pas encore une stupide histoire d’entraide. Elle, en tout cas, est présente ici pour réparer avec d’autres ce qu’elle n’a jamais été capable de faire avec son propre frère. Chacune a son travail et si chacune le suit, alors il n’y aura jamais aucune erreur médicale et famille endeuillée. Lily, de son côté, n’a commis aucun faux-pas. Elle le sait.

Tenant toujours à avoir le bon rôle dans n’importe quelle situation, Lily devient désormais la plus sage des deux alors qu’elle sort de la chambre d’hôpital pour continuer et terminer bien rapidement cette discussion qui n’a pas lieu d’être. Elle doit aussi redorer son image pour ne pas avoir à passer pour l’infirmière de pacotille qu’elle n’est pas, surtout pas après tous les sacrifices qu’elle a dû faire pour en arriver là. « Joy, enchantée également. » Le nom sonne différemment à ses oreilles sans que Lily soit capable d’en expliquer la raison. A défaut, elle serre donc sa main contre la sienne et y ajoute un sourire presque sincère. Il en a tout l’air, en tout cas. Elles échangent des banalités et le monde entier dira que la hache de guerre est ainsi enterrée. Lily ne s’opposera jamais à une telle pensée.

Joy relève la tête et avec ce geste viennent de nouvelles questions. « Vous êtes arrivée depuis peu de temps dans le service, je me trompe ? » Ce n’est un secret pour personne, tant et si bien que Lily ne peut pas se permettre d’affirmer le contraire. Elle aurait aimé se vanter d'avoir des années d’expérience au sein de l’hôpital mais le mensonge serait bien trop immense ; même pour elle. “Seulement quelques mois, en effet.” Cela ne l’empêche pas d’être douée, passionnée, expérimentée. Elle ne vient pas de nulle part, elle n’a pas passé son concours en donnant de l’argent à tout va. « Je peux vous offrir un café pour me faire pardonner de mon intrusion surprise ? » Après avoir rapidement pesé le pour et le contre de cette proposition, Lily l’accepte finalement dans un hochement de tête suivi d’un simple sourire sincère. Elles n’iront pas dans le meilleur café de la ville (aka celui de son mari, bien sûr) mais la cafétéria de l’hôpital fera l’affaire. Petit à petit, elles ont appris à ne pas être très exigeantes, tant que cela leur permet de tenir le coup et de passer outre le manque de sommeil. “Tu es là depuis un certain temps, non ? Je suis certain de déjà avoir entendu ton prénom. Ou je l’ai peut être vu sur une fiche.” Il existe une quantité de médecins en tout genre, tant et si bien que Lily s’étonne elle-même de s’être souvenue d’un seul prénom dans la masse. “Je ne te retiendrai pas longtemps si c’est la fin de ton service, promis.” Le sourire est plus grand encore cette fois-ci, plus sincère aussi alors qu’elle mène la voie en direction des machines à café de pacotille. “On ira prendra un café au DBD la prochaine fois, ça sera bien meilleur.” Il n’y a pas à préciser que c’est le café-bar que tient son mari puisqu’il n’y a aucune corrélation entre les deux. Il fait simplement les meilleurs cafés de la ville, voilà tout.

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☽ octobre 2020. S'il y avait bien un endroit où Joy montrait un tout autre visage, c'était bien dans le service pédiatrique de l'hôpital, où elle passait la majeure partie de son  temps. Joy n'était pas connue pour être joviale dans la vie de tous les jours, son passé faisait qu'elle ne portait pas son prénom à merveille. Pourtant, entre les quatre murs de ce service, Joy se montrait d'une alégresse qui ne lui ressemblait pas. C'étaient en fait les enfants qui lui donnaient cette force-là, elle pensait continuellement à son frère décédé trop tôt et faisait tout pour le rendre fier. En entrant dans cette chambre, elle n'était pas venue dans l'idée d'accabler l'infirmière. Pourtant, la brune s'était mise sur la défense et Joy, sans savoir pourquoi, tentant d'apaiser la situation car il n'y avait pas de raisons d'agir de la sorte. Elle n'était là que pour checker tous ses patients avant de partir, le cœur léger, comme à son habitude. Lily n'avait pas l'air très coopérative mais Joy insista sur le fait qu'elle n'était là que pour aider même si elle comprit vite que l'infirmière n'était pas habituée à de tels comportements bienveillants. La jeune interne ne préféra pas relever, après tout, elle ne connaissait pas assez Lily pour pouvoir lui faire une remarque, qu'elle serait capable de mal interpréter au vue de sa réaction passée. 

L'interne décida de suivre sagement Lily à l'extérieur de cette chambre. Elle la connaissait de nom car il fallait bien connaître tous les infirmiers de ce service. L'interne, elle, s'était faite un nom pour avoir été la petite-amie, pendant près de cinq ans, de ce chirurgien renommé de l'hôpital, et qui avait fini par partir à la suite de leur rupture. Autant dire, qu'elle s'était faite toute petite ces derniers mois, et commençait à peine à sortir la tête de l'eau même si elle sentait encore les regards insistants de certains collègues qui s'acharnaient à juger son histoire d'amour sans en savoir une miette. « Seulement quelques mois, en effet. » En effet, la brune en face d'elle n'était pas là depuis longtemps, sûrement une nouvelle arrivée, Joy ne pensait même pas à une reconversion professionnelle. Elle hocha la tête en prenant en compte la réponse de sa collègue, elle réfléchit un court instant et se disait peut-être qu'un café pour adoucir les mœurs. Elle n'avait pas envie de se mettre une énième infirmière sur le dos. Elles allèrent donc jusqu'à la cafétéria.  « Tu es là depuis un certain temps, non ? Je suis certain de déjà avoir entendu ton prénom. Ou je l’ai peut être vu sur une fiche. » Joy ne put s'empêcher d'avoir un petit rire à la remarque de Lily, bien sûr qu'elle avait entendu son prénom, encore une peste qui avait dû baver sur son dos. « Ou tu l'as peut-être entendu entre deux ragots. » se contenta-t-elle de répondre, sans préciser quel ragot, parce que Joy en avait marre qu'on parle d'être en disant "petite amie de", ou "ex de"... Non, elle était le Dr. Petterson avec des ambitions qu'elle n'avait jamais lâchées et qu'elle ne lâcherait jamais d'ailleurs. D'un côté, le départ de son ex petit ami lui avait permis de s'épanouir un peu plus dans son métier, et surtout de changer l'image qu'elle avait au sein de l'hôpital. « Je ne te retiendrai pas longtemps si c’est la fin de ton service, promis. » Joy sourit, pour la première fois depuis qu'elle avait posée le regard sur l'infirmière, elle avait l'impression que l'infirmière était sincèrement gentille en disant cela.  « On me pousse toujours pour sortir d'ici, ça ne changera pas. » dit-elle pour faire déculpabiliser son interlocutrice. L'interne mettait toujours mille ans pour sortir de ce service, et rentrer chez elle. C'était sa seconde maison, pour ne pas dire la principale en réalité.  « On ira prendra un café au DBD la prochaine fois, ça sera bien meilleur. » En parlant de café, Joy s'arrêta enfin devant la machine pour y passer sa carte et utiliser quelques crédits pour prendre un grand café noir, elle n'était pas très compliquée. « Tu aimes bien aller là bas ? » demanda-t-elle alors par curiosité, ne connaissant pas vraiment ce nom de café mais Lily semblait apprécier cet endroit. « Je ne dirai jamais non à de la caféine de toute façon. » précisa-t-elle un sourire en coin, autant Joy était une amatrice de vin, autant elle adorait aussi boire du café, c'étaient probablement ses deux boissons favorites d'ailleurs. Elle prit son gobelet, et se recula pour laisser la place à l'infirmière de prendre son carburant pour le reste de la soirée.

Joy murmure pour elle-même mais Lily ne peut pas s’empêcher de tendre l’oreille pour écouter avec attention. La faute à son enfance passée sous silence et dans laquelle personne ne parlait réellement à haute et intelligible voix - sauf leur père, quand il cirait sur Joseph, juste avant de le frapper. Pourtant, de toutes ses habitudes acquises dans ce temps là, son oreille affinée n’est pas une de celles dont elle pense à se plaindre. « Ou tu l'as peut-être entendu entre deux ragots. » Lily n’a en réalité que faire de ce genre de messes basses et tout savoir sur la vie de tout le monde ne l’intéresse pas. C’est un cercle vicieux dans lequel elle ne souhaite pas s’aventurer, sachant par avance que si elle apprend des choses sur ses collègues alors il en sera de même pour eux, à son propos. Sa vie privée étant justement privée, elle souhaite que rien ne change à ce propos et que son passé ne soit connu que d’un petit groupe de personnes, choisies et triées sur le volet - plus ou moins, si on prend en compte le fait qu’il y ait tout de même deux junkies sur quatre.

Enfin avenante, Lily leur fraye un chemin jusqu’à la cafétéria et promet de ne lui dérober de ses précieuses minutes que le temps pour elle de partager un café et quelques mots. En réalité, elle ne souhaite simplement pas déjà s’attirer les foudres de collègues dont elle ne connaît pas la force de frappe. Même au sein de l’hôpital, elle ne peut que penser stratégie. C’est plus fort qu’elle. Au moins son sourire, lui, ne découle d’aucune tactique guerrière. « On me pousse toujours pour sortir d'ici, ça ne changera pas. » Lily rigole à cette annonce, se reconnaissant aisément dans ces mots là. A force d’être de garde autant que possible et d’enchaîner les remplacements, certains de ses collègues lui demandent avec toujours moins de ménagement de rentrer chez elle. Ironique, quand on sait qu’elle n’a plus de “chez elle” et qu’elle vit plutôt chez ses parents dont elle avait fui le foyer il y a plus de quinze ans déjà.

Par habitude, elle ne peut s’empêcher de parler du DBD. Ça aussi, c’est plus fort qu’elle, et Matt devrait sérieusement penser à l’embaucher pour faire officiellement la pub de son établissement à ce rythme. « Tu aimes bien aller là-bas ? Je ne dirai jamais non à de la caféine de toute façon. » A son tour, Lily se fait une place près de la machine, calquant ses gestes sur ceux qu’avait eu Joy quelques secondes plus tôt. Le café sera immense et bien corsé pour elle aussi. Autant de caféine que possible, il n’y en aura jamais trop. “C’est la meilleure caféine de la ville. J’y suis presque tout le temps, en fait. C’est mon mari qui tient l’établissement.” Si elle n’est pas à l’hôpital, elle est au DBD. Et si vraiment vous n’avez pas de chance et qu’elle est introuvable, c’est qu’elle s’adonne à sa passion pour le surf. Sa vie est bien rangée, bien ordonnée, bien prévisible. Elle l’aime de cette manière et elle ne voudrait la changer pour rien au monde. “Je ne voulais pas partir du mauvais pied avec toi. On a l’air d’avoir plus de points en commun que je le pensais.” Tout ceci est la version de Lily d’un simple “je suis désolée de t’avoir jugée trop vite et d’avoir réagir comme une conne”, sans les excuses et le langage inapproprié. Elle a sa propre façon de parler, elle qui a aussi sa propre vision du monde. A force, plus rien n’est étonnant. “C’est pas mon truc les ragots, aussi. Au moins tu le sais.” Cela ne l’empêche pas de penser qu’ils ont pourtant tous une source, qu’elle soit plus ou moins vraie et plus ou moins intéressante. Ce sera un problème pour plus tard, pourtant, alors que Lily souhaite désormais simplement user de small talk pour détendre l’atmosphère et s’assurer qu’elles puissent se saluer sans gêne la prochaine fois qu’elles se verront. Pour elle, c’est un jeu d’enfant, surtout alors qu’elle y ajoute un sourire pleinement sincère et des yeux pétillants qui en oublieraient presque la fatigue accumulée.

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pretty young thing -- @Lily McGrath      

☽ octobre 2020. Les deux jeunes femmes étaient clairement parties sur un mauvais pied. A qui la faute ? Peut-être que Joy s'était montrée trop pressante, mais Lily avait montré une force de défense toute aussi déplacée. Pourtant, la brune s'était retrouvée en elle car elle non plus n'accordait pas sa confiance aussi facilement. L'interne avait vécu tellement d'abandons et de trahisons dans sa vie qu'elle pensait que l'humain n'était capable que de faire des crasses. La brune jaugea Lily du regard, tentant tout de même d'apaiser les tensions car elle avait assez d'ennemis autour d'elle. Et puis, Joy avait connu une année 2020 assez difficile à l'hôpital, et tout avait commencé en janvier quand ses disputes avec son petit-ami étaient de plus en plus fréquentes et que son linge sale était nettoyé en public alors qu'elle ne souhaitait en aucun cas être le centre de l'attention. Bien au contraire, Joy était connue pour être efficace et discrète, Aiden l'avait mise dans une position qu'elle avait subit et qu'elle lui avait reproché lors de leur dernière dispute... Des mois s'étaient écoulés et la brune montrait pattes blanches aussi souvent que possible.

Elle réussit à dompter doucement l'infirmière, même si ce n'était probablement qu'une tactique de Lily pour se débarrasser plus vite de l'interne. Joy osa tout de même l'inviter à boire un café pour s'excuser de son intrusion un peu trop abrupte. « C’est la meilleure caféine de la ville. J’y suis presque tout le temps, en fait. C’est mon mari qui tient l’établissement. » Dites-donc, voilà une première confidence de l'infirmière.  « Oh. C'est cool ça, ça serait donc un plaisir d'aller là-bas. » Lily était donc mariée et semblait fière de son mari, parfois les apparences pouvaient être trompeuses, tout n'était pas aussi simple. Joy aussi arborait un sourire qui cachait de terribles cicatrices. Les deux jeunes femmes avaient beaucoup plus de points communs qu'elles ne pourraient le croire. « Je ne voulais pas partir du mauvais pied avec toi. On a l’air d’avoir plus de points en commun que je le pensais. » Ou bien, elles étaient prêtes à avouer être plus similaires finalement... Elles pourraient passer leur vie à s'adonner à leur travail, elles étaient prêtes à devenir un container de caféine au besoin et semblaient se méfier de tout être qui pouvait réussi à respirer par deux narines. « Sans racunes. » dit-elle dans un sourire complice, alors qu'elle portait enfin le gobelet à ses lèvres, heureuse de pouvoir goûter à du café, enfin, si on pouvait appeler ça du café. « C’est pas mon truc les ragots, aussi. Au moins tu le sais. » L'interne ne put s'empêcher d'émettre un petit rire, au moins Lily lui accordait le bénéfice du doutes dans tout ce qu'elle avait pu entendre sur elle dans ces fameux bruits de couloir... « Ravie de l'entendre. » conclut-elle alors que Lily avait fini par elle-aussi récupérer son élixir noir. « On a vraiment pas mal de points communs, c'est inquiétant. » ajouta-t-elle en rigolant, elle non plus n'était pas du genre à participer aux bavardages de couloir. Les deux brunes reprirent chemin vers l'accueil de la pédiatrie, et c'était sans aucun doute qu'elles pourraient se saluer sans crainte maintenant. Tout était clair entre elles, et peut-être même qu'elles pourraient compter l'une sur l'autre à l'avenir, il y avait beaucoup de requins ici, on n'avait jamais trop d'alliés.

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