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 La décadanse ¤ Primrose

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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyDim 31 Jan - 21:22



« Ils viennent tous... Mais je suis pas tout le monde, moi. Je suis Wren Doherty, j'marche pas comme les autres. » Primrose sourit ; il n’est pas comme les autres, c’est certain. D’autres auraient sûrement déjà profité d’elle, de sa jeunesse, de son innocence, de sa fémininité. D’autres auraient joué d’elle, l’auraient faite supplier, lui auraient demandé des actions immondes pour obtenir son dû. Oh, c’est parfois ce qu’elle fait pour gagner son argent, mais jamais pour payer sa coke. Wren n’est pas comme tout le monde, ni comme les autres de son espèce. Il est le gentleman détaché, le concerné qui se fout de tout. Alors oui, Primrose a les lippes qui s’étirent parce qu’il en bombe le torse en clamant son affirmation, ce qu’elle sent en étant contre lui. « Tu marches plus haut, Wren Doherty. » Sa nuque doit le détester à force qu’elle doit courber sa tête pour mieux l’observer, lui, ses traits marqués et son regard brillant d’une lueur qu’elle ne lui connaissait pas vraiment. Prim s’était satisfaite pour lui quand il a arrêté tout cela, quand il a choisi une nouvelle voie pendant un temps, l’ambition nouvelle créée au creux de ses envies qui ne pouvait que le pousser à continuer comme ça. Mais non, le voilà de nouveau présent ici, dans ces lieux peu fréquentables. La petite rose serait triste pour lui si son sang n’était pas tapé d’une décadence folle qui court absolument partout dans son organisme. « Je veux pas qu'y ait un autre non plus. Déjà parce que ce serait merdique pour mon business et de deux, parce que je te connais bien... Pas les autres. Ils risqueraient de t'utiliser pour plus que les billets que tu m'offres. » Il est prévenant comme ça, Wren, et Primrose tord ses lèvres dans une moue compatissante, approchant une main vers sa mâchoire pour y tapoter deux doigts. « Merci. » C’est bizarre, c’est étrange, c’est sûrement malsain aux yeux d’une personne extérieure. On ne remercie pas la personne qui vous a foutu le nez dans la poudre. On ne remercie pas celui qui exhibe ses sachets sous votre nez pour pousser toujours plus à la consommation. On ne remercie celui qui revient inlassablement en proposant mieux, plus fort et plus intense. Et pourtant, c’est exactement ce que Primrose fait. Elle le remercie pour la facilité qu’il lui donne, la protection qu’il lui offre, la sécurité qu’il lui procure. Il y a une certaine stabilité dans l’instabilité de leurs échanges, et cela la réconforte plus qu’il ne le devrait, elle qui devrait s’alarmer de s’agripper et s’accrocher aussi fort – l’addiction de ce qu’il trimbale dans ses poches étant plus forte que le reste.

« C'est facile, ouais, parce que je pense jamais à rien. Ni à personne. Et puis, eh, on peut s'amuser en étant sentimentale, tout est possible. » Primrose lâche un léger rire. Elle n’aime pas être sentimentale, ou plutôt, elle n’aime pas le montrer. Avec la cocaïne, cela est mis de côté normalement. Elle pense plus avec sa tête qu’avec son cœur. Un moment d’égarement qu’elle ôte en secouant la tête, bien décidée à ne pas se laisser l’opportunité de gâcher un peu plus leur moment. « Puis, tu sais, si un jour, tu veux te sortir de ce merdier, peut être que je pourrais te trouver une planque ou quelque chose. » Primrose écarte son visage pour mieux le voir, les sourcils froncés. « Comment ça ? Quel merdier ? Je– Je n’ai pas besoin de planque. Pourquoi tu penses que j’ai besoin d’une planque ? » Parce qu’il va la paniquer à dire ce genre de choses. « De toute façon, je ne compte pas en partir pour l’instant. Je suis bien ici, à moitié vrai, et j’y gagne bien mes nuits. » Au profit de sa dignité, de sa santé et de son corps mais tant pis. A chaque offrande mérite son sacrifice. La petite rose agite la main entre eux tout en se détachant de lui, se mettant à rire de nouveau. « Allez, allez, je veux voir tes talents de danseur ! » Elle ôte ses chaussures pour monter sur le canapé, tapant ses mains entre elles et sautillant sur les sièges. Que Wren ne pense pas au merdier dans lequel Primrose se fourre tous les jours, il n’en voit que la partie visible.

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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyLun 1 Fév - 18:47


Wren ne comprendrait certainement jamais pourquoi elle le remerciait à l'heure actuelle. D'avoir bousillé sa vie? D'avoir risqué à peu près tout ce qui la rendait humaine en l'initiant à la première dose? Rien ne semblait faire sens dans son crâne mais tout cela, le suédois le mettrait bien vite sur le compte de la cocaïne parce que c'était toujours la meilleure des excuses plutôt que d'expier ses fautes. Il en avait tant à expier envers Primrose par ailleurs et c'était ce qui blessait autant: sans lui, elle n'aurait pas été dans cet état de manque perpétuel, elle ne passerait pas mille heures par semaine à penser à son prochain rail et elle n'aurait pas besoin de ce putain de substitue à la vie pour se sentir justement vivante. Ils en étaient là pourtant, à danser comme des mômes après avoir consommé une énième ligne ensemble, comme s'il était tout à fait commun qu'un dealer et son client agissent de la sorte. Wren ne voulait pas penser à cela, aux règles habituelles, aux standards du milieu dans lequel ils évoluaient car leurs deux âmes avaient bien mérité une courte pause dans cet univers désastreux qui était devenu le leur par la force des choses. Tout serait de retour à la normale dès le lendemain: l'un comme l'autre oublieraient ce moment où ils avaient ri en se regardant dans les yeux, où ils avaient parlé de cette peine qu'ils ressentaient par des mots subtils, non, ils ne se rappelleraient que le fichu manque avant la prochaine dose. C'était comme cela, c'était le destin qu'ils avaient choisi mais que Wren méprisait les trois quarts du temps. Il aurait aimé pouvoir assurer à Primrose que rien de ce qu'elle ressentait ne durerait, qu'un jour ou l'autre, la drogue ne serait plus un besoin vital mais juste une envie passagère mais le suédois ne pouvait pas lui mentir. Une fois qu'on mettait ses pieds là dedans, on n'en sortait jamais totalement. Elle n'était plus vouée qu'à plonger, sous le regard bienveillant d'un suédois qui aurait dû faire un peu plus attention à la fragilité de la jeune femme avec tout ce qu'elle devait déjà vivre au quotidien. Si seulement il y avait un moyen de l'aider, si seulement elle pouvait s'épanouir ailleurs qu'ici... "Pas maintenant, tout de suite, mais un jour. Peut être que tu voudras arrêter ça, que tu trouveras mieux pour gagner du fric... Mais je sais que c'est pas facile, personne nous laisse partir de notre monde sans payer les frais." Si Primrose rapportait au patron, il était évident qu'il trouverait le moyen de la garder en laisse et Wren connaissait le prix qu'elle aurait à payer. Non, il ne voulait pas penser, la Anderson avait raison, ils devaient s'amuser, oublier et danser. Il la regarda donc le toiser du haut du divan, la jeune femme bougeant dans un rythme approximatif sous les basses de la mélodie et Wren se mit à rire en toute délicatesse. "Ils seront jamais aussi bons que les tiens, déjà." Doherty n'était pas doué pour ce genre d'expressions corporelles, il fallait le dire mais il ne pouvait pas exceller partout, il tenta de bouger pourtant, moyennement convaincant. "Toi qui en fais ton taf, tu peux m'apprendre, tiens. Sait-on jamais que je me reconvertisse..." Sûr qu'en gigolo, il ferait fureur.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyDim 7 Fév - 19:42



Pas maintenant, tout de suite, mais un jour. Peut être que tu voudras arrêter ça, que tu trouveras mieux pour gagner du fric... Mais je sais que c'est pas facile, personne nous laisse partir de notre monde sans payer les frais.” Primrose penche la tête, la moue butée et les oreilles qui veulent se fermer. Elle s’est plongée elle-même là-dedans. Elle est arrivée à Brisbane avec des rêves qui ont vite été mis au placard. Elle a profité du cœur esseulé de son frère pour songer à un avenir plus brillant, plus beau, plus clinquant. Dans un sens, elle a réussi son pari. Les réseaux sociaux lui apportent un petit surplus non négligeable, mais pas suffisant pour qu’elle puisse mener le train de vie dont elle rêve. Dont elle aspire. Tu aurais dû faire des études, tu aurais dû faire des meilleurs choix. Oui, elle aurait dû faire plein de choses différemment. Son parcours n’a pas été simple, elle se l’ait compliqué comme il n’est pas permis. Maintenant, la petite rose se trouve dans un gouffre sans échelle, sans issue vers la surface. Le pire dans tout cela est qu’elle s’y plaît bien. Même si pour cela, elle ment à ses abonnés et, surtout, elle subit le regard inquisiteur de son frère un peu plus à chaque fois. Le jugement de Caleb envers son métier la blesse mais il ignore le reste, il ignore les démons, il ignore les vices de sœur. Cette dernière excellant dans le paraître, il est clair que ce n’est qu’une illusion et qu’à force de s’y enfoncer, la corde va bien finir par lâcher un jour ou l’autre. “J’espère gagner au loto, un jour. C’est facile et légal, pour le peu qu’on est de la chance. Mais on est pas ceux qui ont de la chance, n’est-ce pas?” Primrose fait la moue, la main dans ses cheveux. Le loto, elle y a déjà joué. Elle a déjà gratté plein de tickets, coché plein de chiffres différents. Mais ce n’est jamais arrivé, elle attend toujours et elle n’a que ses yeux envieux pour observer le monde autour d’elle poursuivre leur destinée d’une façon plus honnête et honorable qu’elle.

Mais du haut de son canapé, la petite brune paraît déjà plus grande. Du fond du cachet bien imbibé qui s’est incrusté partout en elle, la petite brune paraît aussi bien plus libérée. Voilà pourquoi elle s’y accroche. Pourquoi elle s’y désespère. Pourquoi elle y revient toujours. A Wren qui rôde autour d’elle toujours, qui finalement ne l’oublie jamais alors qu’elle pourrait penser que si. Elle n’est pas unique, elle n’a rien de spécial, elle sait juste ramener l’argent qu’il veut. Pourtant, il traine toujours un peu avec elle, lui offrant une parenthèse dans sa soirée, dans sa nuit, où elle peut être elle-même au lieu d’être Poppy. Primrose sait que cela ne va pas durer. Elle devra y retourner, il faudra qu’elle aille jouer les aguicheuses pour que sa soirée soit productive. Elle ne peut pas laisser Wren la détourner de son but premier - même si elle le laisse la distraire pendant un moment. “Ils seront jamais aussi bons que les tiens, déjà.” La petite rose déploie un rire retenu. “Vu que je fais depuis des années, heureusement qu’ils sont meilleurs que les tiens. Je ne gagnerai rien, sinon.” Voir Wren tenter de s’en sortir avec ses trop grands membres la fait rire bien plus qu’il ne faudrait. La faute au cachet, dira-t-on, devant le spectacle cocasse qu’il lui offre tout de même. “Toi qui en fais ton taf, tu peux m'apprendre, tiens. Sait-on jamais que je me reconvertisse…” Primrose sourit brillamment, amusée encore plus à l’idée d’un grand suédois à sa place. “Tu aurais un succès fou, j’en suis certaine. Il faut bouger un peu plus tes hanches. T’es trop crispé. Viens là.” Toujours de son canapé, elle lui fait signe de venir. Une fois arrivée à sa hauteur - Primrose s’extasiant brièvement d’être un peu plus grande pour une fois - elle tourne Wren pour qu’il soit dos à elle et qu’elle puisse poser ses mains sur ses larges épaules. “Parait que je masse bien. Des clients me l’ont dit. Y en a qui paient juste pour ça.” Elle a eu le temps d’en voir, des choses étranges. Pourquoi ne pas aller dans un centre directement ? Parce qu’elle coûte moins chère, Primrose, avec ses petits doigts qui parcourent les épaules et le haut du dos du jeune homme. “Faut te détendre. Faut penser à ce que les autres aimeraient voir. Utiliser ses atouts.” Son menton sur sa tête, les yeux bleutés rivés devant eux, perdue dans son monde. “Exagérer les mouvements. Ne plus penser à soi mais aux autres. Ne pas être un être vivant mais un objet.” Ses propres mots qui se perdent et l’enveloppent dans un désarroi qu’elle ne comprend pas, qui l'assaille soudainement. Plonger dans son mal être, l’évoquer à voix haute, en déborder d’amertume. Vraiment, Primrose aurait dû faire de meilleurs choix dans sa vie avant d’en arriver là.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyDim 7 Fév - 21:45


Il était évident que la chance n'était pas de leur côté, ni de celui de Primrose ni de celui de Wren, même si ce dernier n'en était pas franchement traumatisé. Il avait toujours fait avec ce qu'il avait, même si le tout était plus tragique que joyeux. De toute façon, il ne recherchait pas tellement le bonheur, le suédois, il se complaisait dans le chaos, ce qui devait expliquer pourquoi il se sentait aussi à l'aise dans les pires endroits. La zone désaffectée, les ruelles sombres de Brisbane et même ce strip-club, tous les lieux où le vice semblaient se donner rendez-vous, c'était toujours ici que Doherty terminait ses journées et il trouvait le concept plus agréable que de se retrouver au fond de son canapé avec un verre à la main et un bon livre. Wren avait besoin d'action, de cette fichue drogue plus puissante que les autres, cette divine adrénaline qui le rendait dingue dès qu'il en manquait. C'était sûrement le plus triste pour un homme qui n'arriverait probablement jamais à se poser nulle part, tout cela à cause d'une éducation ratée, de drames qui l'avaient forgé à fuir plutôt qu'à se battre pour obtenir ce qu'il aurait énormément désiré. Il préférait ce rien latent au dessus de son crâne mais cela semblait être également le cas du côté de la jeune Anderson. Elle n'envisageait effectivement pas de quitter son travail, même si celui-là lui offrait violence et sévices psychologiques perpétuels: non, elle allait rester parce que c'était plus facile ainsi et qu'il n'y avait aucune chance qu'elle gagne au loto. Wren ne put que hocher la tête pour approuver les fichus dires de la petite brune, non, il n'y aurait pas d'argent facile, que celui qui faisait mal, qui blessait et qui rendait les choses extrêmement compliquées. Au moins, les deux jeunes gens pouvaient encore se procurer quelques heures de pause au milieu du chaos notoire qu'était devenue leur existence... C'était là, c'était maintenant. Wren et ses idées à la con, comme s'il était en mesure de devenir un jour un stripteaseur de renom, il n'arrivait déjà pas tellement à danser de manière générale alors que sa dégaine devienne suave, le travail était beaucoup trop colossal. Cela dit, Primrose devait prendre l'idée comme un véritable challenge puisqu'elle le toisait du haut de son divan, ses petites mains fines se portant sur ses épaules alors qu'elle lui expliquait les bases de son métier. Allait-il en retenir ne serait-ce qu'une leçon? Probablement pas, parce qu'il était défoncé, Wren, et qu'il oublierait ce qu'il y avait de tragique dans le discours de la Anderson. "Un succès fou à cause de ma belle gueule, pas de mes déhanchés." C'était un fait avéré, Wren attirait parce qu'il avait des traits singuliers et des yeux verts particulièrement électrisants, on n'allait clairement pas vers lui pour ses talents de danseur ou sa gentillesse. Pourtant, il en était là, avec Primrose et il n'était pas méchant avec sa cliente, il semblait vouloir l'aider. Tristesse profonde. "Pour un massage? Cela dit, c'est jamais désagréable puis ça doit être plus sympa pour toi que le reste." Il n'allait pas catégoriser ledit reste car ce n'était pas quelque chose que Wren voulait considérer pour la petite brune dans son dos, elle qui paraissait si innocente et qui ne l'était nullement parce que sa vie avait tracé ce chemin douloureux pour elle. "Utiliser mes atouts, ça, je sais le faire mais pas quand il s'agit de pole dance, lap dance ou strip tease de manière générale, je vois pas comment je pourrais m'en servir dans ce genre de contexte." Non, il ne pouvait pas comprendre, Wren, pas avant que Anderson prononce des mots durs, la fatalité empruntant cette route jusqu'à son cerveau, le grand brun se retournant instinctivement vers elle pour capter ce regard blessé, par la force des choses. "Un objet? Prim, c'est... Comment tu fais pour ça? Pour te détacher autant? Te donner à des gens comme ça et t'insérer dans le crâne que t'es plus que ça, qu'un vulgaire objet entre leurs mains... Tu mérites tellement mieux." Il le pensait, vraiment, et Wren en avait mal au coeur en cet instant alors que la cocaïne aurait dû le rendre heureux. Parfois, il en était juste autrement.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyJeu 11 Fév - 7:26



La tête qui bouge, qui vacille. Les notes de musique qui glissent dans ses oreilles, son sourire béat accroché aux lèvres rougies et brillantes. Ses cheveux épongent la folie de ses gestes précédents, elle n’y voit rien, elle n’y respire plus rien, il y a simplement la musique de fond, la lumière de forme et en concret, en jouet, en solide, il y a eux. Le grand suédois, habitué sans l’être, un visage connu dans le coin qui veut se faire discret. La petite rose qui se fane un peu plus à chaque fois tout en pensant qu’au contraire, elle reprend des couleurs, de l’énergie, de l’esprit. Tourbillon percutant, elle ne voit pas, elle ne réalise pas, elle a enfin fermé sa raison et mis sa conscience de côté. Elle affirme ses pas, elle assume son besoin, son envie, persistant, qui s’accroche à son cou jusqu’à l’étranglement. Il n’y a plus de machine en arrière, elle est déjà trop submergée pour pouvoir reculer. Tant pis. T’es en colocation, tu n’as rien à payer - si, ta part du loyer, ah ? Elle a dû oublier parce que la part de son loyer, c’est ce qu’elle donne ce soir à Wren. En même temps que son âme, ses incertitudes, son envie de s’échapper. Il est la clé de sa solution, son messie au milieu de cette mer couleur noir pétrole. Ses yeux vert d’eau qui sont aussi perdus que les siens, l’arroseur qui s’arrose lui-même et cela pourrait être triste dans d’autres circonstances mais Primrose adore. Elle apprécie. Parce qu’il a bien au moins de cela pour tenter de se déhancher, d’agir en fonction de la musique. "Un succès fou à cause de ma belle gueule, pas de mes déhanchés." Elle ne peut pas le contredire. Wren est attirant. Il a des traits qui donnent envie d’être caressés. Mais il n’a pas de fluidité dans ses gestes. Il n’est pas souple, il est awkward, il n’attirera certainement jamais personne avec ce genre de gestes. Primrose pouffe de rire parce qu’il est ridicule mais qu’il se le permet de l’être. Avec elle. Il ne donne pas l’impression d’offrir ce spectacle à tout le monde. Elle est touchée. C’est là l’erreur première de leur relation malsaine. L’attachement qui a l’air de les lier. Une grave erreur quand on connaît leur rôle respectif.

Il finit par s’avancer, à venir à elle, docile comme tout qu’il peut l’être. “Pour un massage? Cela dit, c'est jamais désagréable puis ça doit être plus sympa pour toi que le reste." Il ne le voit pas mais elle hoche la tête derrière lui. “Y en a qui passent juste leur temps à parler. On est plus agréables à regarder, je suppose.” Elle a même eu un extra une fois pour tous les conseils qu’elle a pu avoir donné. Les meilleurs instants. Le répit au milieu de la tempête. Des hommes qui ont besoin d’évacuer. Ils se sentent en puissance face aux filles du club, ils pensent pouvoir se confier sans aucune crainte. Ils n’ont pas tort. Mais les filles ne peuvent se transformer en psychologue et Primrose a toujours douté que ses conseils furent utiles à quoique ce soit. "Utiliser mes atouts, ça, je sais le faire mais pas quand il s'agit de pole dance, lap dance ou strip tease de manière générale, je vois pas comment je pourrais m'en servir dans ce genre de contexte." La petite rose sourit légèrement, ses doigts continuant à naviguer sur ses épaules, bien décidée tout de même à le détendre. Quitte à ce qu’il n’apprenne rien, autant qu’il ressorte avec un bien être physique en plus que psychologique.

Mais il y a un voile, une boule qui se forme et qui arrive au milieu sans qu’ils ne s’y attendaient. Primrose se perd, elle divague, elle affirme ce que ses pairs, sa famille, ses amis qui savent pensent d’elle, de son métier, de sa place ici. Un objet, une babiole que parfois on oublie, souvent on ne voit plus. Cela fait réagir Wren, qui se retourne, les phalanges de la jeune Anderson le suivant à moitié avant de rejoindre les côtés de son corps. "Un objet? Prim, c'est... Comment tu fais pour ça? Pour te détacher autant? Te donner à des gens comme ça et t'insérer dans le crâne que t'es plus que ça, qu'un vulgaire objet entre leurs mains... Tu mérites tellement mieux." A ces mots, Primrose sourit. Avec tristesse mais elle sourit quand même. Elle lève un doigt pour le tapoter sur le nez de Wren, plusieurs fois. “C’est là que t’interviens, Wren. C’est grâce à toi si je peux tenir, me détacher autant.” Sans ses pilules, sans sa poudre, elle aurait sûrement plus de remords. Plus d’incertitudes. Elle ne pourrait pas offrir ses hanches, sa poitrine, la courbe de ses fesses aux regards masculins. Mais le pire est le reste du temps. Hors du club, où elle a l’impression que c’est marqué sur son visage, en néon brillant, qu’elle est une stripper. Les moments où elle n’a rien pour empêcher les pensées de faire un embouteillage dans son crâne tellement qu’elles arrivent nombreuses et d’un seul coup. Primrose penche la tête tout en dégageant le visage de Wren de mèches qui retombent sur son front. “J’ai fait ma paix avec ça.” C’est à moitié faux. Mais ça reste aussi à moitié vrai. “Tu vas pas faire comme mon frère et me sortir les discours moralisateurs, j’espère. J’en ai déjà un et ça me suffit largement.” qu’elle sort avec un léger rire même si vraiment, Wren, elle n’a pas besoin d’un autre frère protecteur dans sa vie. La pression est déjà assez forte avec un.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyVen 12 Fév - 15:05


La tristesse régnait dans l'ambiance générale alors que la cocaïne était censée empêcher ce genre d'effusions, à croire que tout pouvait arriver. Wren n'était pas quelqu'un qui se montrait sensible habituellement mais il y avait toujours eu ce lien particulier avec Primrose, cette envie de la protéger alors qu'il était celui qui l'avait initiée au pire de ce monde. Clairement, le grand Doherty était un sacré paradoxe mais il ne savait pas tellement comment agir autrement: elle était sa cliente la plus fidèle, celle qui lui ramenait un pécule intéressant pour qu'il puisse payer son loyer et avoir d'autres dépenses essentielles, pouvait-il vraiment arrêter de la fournir? Non, parce qu'il savait qu'elle en avait besoin, tout comme lui avait besoin de cette adrénaline infernale au quotidien pour ne pas sauter du haut d'une falaise sans crier gare. Certains faits ne pouvaient être changés et leur relation était à jamais marquée par la poudre blanche: était-ce un mal? Wren n'aurait pas été capable de le dire, il se sentait juste vidé par l'évidence... Celle qu'il avait raté le coche à un moment donné, qu'il aurait pu l'aider à faire quitter ce monde avant que Primrose ne ressente plus rien du tout, qu'elle ne soit plus que l'ombre d'elle-même. Ou un objet comme elle le narrait si bien. Il n'y avait rien de plus difficile à accepter que ce genre de discours parce qu'elle était encore jeune, qu'elle était censée avoir la vie devant elle et un bonheur à atteindre. Au lieu de cela, elle se perdait dans ce strip club en acceptant toutes les prestations qu'on lui demandait parce qu'il fallait bien payer la cocaïne et son mode de vie des plus chers. Wren, alors, ne pouvait que l'écouter, entendre ce désespoir latent dans le timbre de sa voix et se sentir inutile face à tout cela. Il ne pourrait clairement jamais l'aider à se battre contre cette nature qui la définissait depuis des années et il aurait été de toute manière franchement mal placée pour cela. Il était le pire d'eux deux, celui qui aurait pu avoir le monde à ses pieds et qui se retrouvait de nouveau dans ce rôle de dealer de bas étage, prêt à mettre le feu au monde entier à la moindre saute d'humeur. "Pas sûr. Je pense juste que certaines personnes sont seules." Il les comprenait, ces types qui venaient jusqu'ici juste pour parler à quelqu'un. Combien de fois s'était-il senti ainsi de son côté? Bien sûr, il avait surtout été question de cette phase atroce de sa vie où il était seul face à son addiction, seul face à son envie de tout faire brûler. Il n'aurait probablement jamais osé venir à un strip-club pour échanger cela dit car l'ego de Wren lui interdisait la moindre marque de faiblesse. Du moins, habituellement. Là, il était face à Primrose et il la laissait agir comme bon lui semblait, tapoter son nez, ranger une mèche de ses cheveux et sûrement se dire qu'il était le pire individu qu'elle ait jamais rencontré. Ou tout l'inverse. Sans lui, elle ne serait plus elle. C'était ce que la drogue lui avait fourni comme alternative, une manière de rester vivante face aux douleurs à supporter et Wren déglutissait, plus que jamais conscient de la terreur de ce genre de mots. "Est-ce que t'arriveras toujours à te détacher avec ce que je te fournis?" Est-ce que ce serait toujours suffisant, une dose de ci de là? Un jour ou l'autre, l'addiction prenait le pas sur tout le reste et une soirée comme une autre pouvait devenir le théâtre d'une overdose sans précédent. Le suédois le savait mieux que quiconque mais il n'allait pas lui dire explicitement, pas à elle. "Je serais très mal placé pour ça, tu sais. Je suis le type le moins parfait qui existe et qui fait toujours les pires choix. Je pourrais pas juger ce que tu as choisi comme mode de vie. Je suis dealer alors que j'avais un métier génial. Je suis seul alors que j'aurais pu être heureux. Je suis dangereux alors que j'aurais pu être un type normal. Alors non, Primsou, je dirais rien sur tes choix. Quelque part, tu fais preuve de courage quand moi, non." Elle acceptait son destin sans sourciller, lui se battait dans le vide pour toujours descendre plus bas et c'était peut être lui qui avait le plus mal des deux, sa tête venant se poser contre le ventre d'Anderson, cherchant un réconfort qu'il n'aurait pas voulu de qui que ce fut d'autre car ils étaient tous deux des êtres abîmés, mais ils avaient la drogue pour les réunir. Raison de plus pour ne jamais arrêter dans ce cas.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyJeu 18 Fév - 17:24



"Pas sûr. Je pense juste que certaines personnes sont seules." Primrose ne sera jamais en mesure de pouvoir juger qui que ce soit. Elle qui comble sa solitude, son mal être persistant formé par ses seules incertitudes par des achats compulsifs, par des débordements qui ne devraient pas être, qui ne sont que superficielles. Elle ne pourra jamais être de ceux qui pointeront du doigt tout ce qui est faux, tout ce qui n’est pas acceptable parce qu’elle est en première ligne, sur beaucoup de lignes différentes. Si ces personnes seules veulent venir combler leur manque affectif au club plutôt qu’ailleurs, elle ne va pas les interdire. Il y a pire que d’être payée à parler, à écouter, à prêter une oreille attentive. Ce sont les autres maladroits, les incertains, les barrières qui s’abaissent et qui s’effondrent. Tel le serment d’Hippocrate, rien ne sort, rien ne bouge, rien n’est répété. Il y en a certaines qui s’en amusent dans les vestiaires, y en a qui s’en moquent, se vantant d’avoir pu jouer de la détresse des malheureux pour soutirer toujours plus d’argent. La petite rose peut encore s’estimer heureuse de ne pas en être là, d’avoir un minimum de valeur et d’indulgence pour ne pas se montrer aussi peste et sans cœur. Ce sont en général les clients qui la touchent le plus, au fin fond d’elle-même. C’est d’une grande tristesse que certains en arrivent là, souvent par honte, parfois par facilité.

"Est-ce que t'arriveras toujours à te détacher avec ce que je te fournis?" Primrose n’a pas l’air de saisir la question ; une légère ride du lion apparait entre ses sourcils, les yeux bleus interrogeant les comparses verts clairs, les lèvres qui formulent un léger “c’est-à-dire ?” parce que vraiment, elle ne voit pas d’alternative possible. Evidemment que pour elle cela suffira. Qu’elle n’a pas besoin d’autre chose. Wren peut en venir à se demander si la cocaïne sera suffisante mais il n’a pas de doute à avoir. Jusqu’à preuve du contraire, cela fait toujours effet. Même si Primrose augmente un peu plus sa limite, s’attachant et se rendant un peu plus dépendante mais sans le voir parce qu’elle gère, merci bien pour elle. "Je serais très mal placé pour ça, tu sais. Je suis le type le moins parfait qui existe et qui fait toujours les pires choix. Je pourrais pas juger ce que tu as choisi comme mode de vie. Je suis dealer alors que j'avais un métier génial. Je suis seul alors que j'aurais pu être heureux. Je suis dangereux alors que j'aurais pu être un type normal. Alors non, Primsou, je dirais rien sur tes choix. Quelque part, tu fais preuve de courage quand moi, non." La tête du grand suédois atterrit contre elle et la petite brune enroule ses bras autour, le couvant adorablement même si dans le fond, cela ne sert à rien. Primrose ignore beaucoup de la vie de Wren, comme l’inverse est réel aussi. Pourtant, il y a quand même quelque chose, comme s’ils arrivent à se comprendre dans leurs malheurs sans être foutu de le dire par les mots. Wren réussit à la toucher comme ceux qui laissent tomber leur armure face à elle et elle, elle n’est qu’une gamine qui tente du mieux qu’elle peut pour combattre ou embrasser ses démons. Elle a fini de se battre, elle a abandonné face à eux, elle se laisse manger, avaler, submerger. Est-ce que cela est vraiment une forme de courage ? Certains verront ici de la lâcheté. Elle a les lèvres qui se posent sur les cheveux du brun, le berçant inconsciemment parce qu’il se prend pour la pire terreur que le monde ait jamais porté alors que c’est faux. Primrose le voit, cette partie de lui qui reste intouchée, bonne, qui mériterait qu’on lui accorde plus d’importance. Il est comme elle, à faire toujours les mauvais choix et devoir en porter les conséquences sur ses épaules à chaque pas de son existence. Un fardeau quotidien dont ils sont censés se délester quand ils sont ensemble. “On fait du mieux pour survivre tout ça. On peut pas nous blâmer d’essayer.” Parce qu’ils continuent à se lever le matin, qu’ils fréquentent le monde extérieur, qu’ils tentent de socialiser avec leurs pairs. Un pas après l’autre, vers l’avant, c’est ce que Primrose tente de se rassurer. “Un jour, ça ira mieux.” Elle le dit à haute voix, aussi bien pour Wren que pour s’en convaincre elle-même. “Mais il va falloir m’expliquer ta définition de courage parce que je ne vois pas en quoi je le suis.” qu’elle ajoute avec un léger sourire, ses phalanges passant de mèche en mèche du jeune homme contre elle, son menton sur son crâne. A force qu’on lui dise qu’elle ne fait pas assez d’efforts, qu’elle pourrait ambitionner pour plus, qu’elle n’est qu’un gâchis infini, elle a fini par y croire. Même si Primrose est déjà partie avec des bases chancelantes, dans une fratrie où elle s’est toujours sentie inférieure et étouffée par son frère et ses soeurs.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyJeu 18 Fév - 22:12


Wren faisait définitivement partie de ces personnes-là, justement, les gens seuls, tout un concept qu'il n'aurait jamais pensé comprendre un jour. Néanmoins, le grand brun n'avait pas tant eu le choix que cela finalement, que de préférer cette douloureuse solitude à une vie remplie d'amour et de soutien. Il n'était tout bonnement pas né dans la bonne famille, n'avait jamais réellement suivi la bonne route et maintenant, Wren ne pouvait pas se plaindre de se retrouver au bord de la route avec cette tête de chien battu. De toute évidence, il ne pouvait rien réparer, plus après tout ce temps qui s'était écoulé depuis qu'il avait passé un peu de temps au sein de sa famille et il s'en voulait, c'était abrupt, prenant et il en avait parfois la nausée parce qu'il n'avait pas géré, le suédois, il le savait très bien. Il n'avait pas fait preuve d'une once de courage en affrontant ses peurs et ses incertitudes, préférant se renfermer sur lui-même et ne plus croiser la moindre tête connue. C'était bien connu que fuir ses problèmes permettait de les résoudre, n'est-ce pas? Doherty avait beau savoir qu'il était dans le faux, qu'il se dirigeait inexorablement vers le trépas, il n'arrivait tout bonnement pas à faire autrement parce qu'il était une âme profondément brisée, un homme qui se pensait abrupt mais qui n'était qu'un coeur tendre dans le fond. Bien entendu, Wren faisait toujours en sorte de ne pas le montrer: c'était même une règle d'or pour lui. Il préférait largement mentir et éloigner les gens en se montrant médisant voire mauvais mais tout cela n'était que de bien belles illusions qui ne réglaient pas son réel souci. Son profond sentimentalisme, son engagement envers les siens, les gens qu'il faisait entrer dans sa vie et dont il ne pouvait jamais considérer le départ, trop de principes qu'il aurait mieux valu ne pas voir chez quelqu'un comme lui. Il était trop tard pour revenir en arrière cependant et le grand nordique n'avait plus qu'à accepter son triste sort, celui d'un homme qui faisait toujours en sorte d'être seul alors qu'il aimait beaucoup d'individus sur cette planète, se donner l'illusion d'être un dur à cuire qui ne s'inquiétait de rien alors qu'il était perpétuellement en quête de bonnes nouvelles chez les quelques âmes qui comptaient pour lui. Primrose en faisait partie par la force des choses parce que cela faisait des années qu'ils se rencontraient régulièrement, la drogue étant le parfait prétexte pour se parler sans le moindre tabou mais également, pour s'attacher inexorablement à cette petite brune qui vendait son âme au diable au quotidien pour suivre un train de vie qu'elle ne pourrait jamais faire subsister sur la durée. Wren en avait mal au coeur de se dire qu'un jour ou l'autre, elle craquerait, ne pourrait plus assumer tout ce qu'elle était en mesure de faire à l'heure actuelle et il savait que cette belle âme allait se casser. Il ne le voulait pas, lui qui posait sa tête contre son ventre, se refusant à se bercer par sa propre souffrance pour écouter la sienne mais finalement, n'avaient-ils pas exactement la même? C'était une possibilité car les deux individus possédaient quelques ressemblances dans leur manière de gérer leurs failles et leurs traumatismes, en les cachant, en jouant un rôle qui ne leur seyait guère. Un jour, vraiment, t'es sûre de ça?" Lui ne le voyait pas ainsi car Wren avait pris cette timide résolution de ne pas demeurer trop longtemps sur cette planète pour ne pas se voir devenir la pire version de lui-même, il n'en était pourtant pas loin déjà. Il laissait Primrose l'enlacer, ses bras s'enroulant normalement autour de sa petite silhouette, signe de vulnérabilité qu'il aurait préféré taire encore une fois mais il était humain, le grand idiot. "Tous les soirs, tu viens ici alors que tu détestes ça. Tu craques jamais. Tu tiens depuis des années dans un rôle que tu dois certainement mépriser. Il faut avoir beaucoup de force pour mentir aussi aisément à la face du monde. Toi, t'y arrives, pas moi." Lui, il mettait le feu partout autour de lui lorsqu'il se consumait dans sa rage. Anderson, elle, se contentait de prendre des pilules et d'attendre que l'enfer passe.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptySam 6 Mar - 16:35



Un jour, vraiment, t'es sûre de ça?" Primrose n’est jamais sûre de rien. Elle n’est même pas sûre d’elle-même malgré ce qu’elle peut montrer, ce qu’elle peut dégager quand elle est sur scène. Quand elle devient Poppy, un alter-égo qui est à mille lieux de ce qu’elle est réellement. On l’avait prévenu, quand elle a commencé. On lui avait dit qu’elle se dévoilera autrement, que peut-être elle pourra commencer à s’affirmer en tant que femme. Que ce n’est pas un métier honteux, qu’il n’y a rien dans ce qu’elles font qui méritent qu’on en rougissent, qu’on s’en cachent, qu’on n’assument pas. Non, ce n’a jamais été la danse, le regard des hommes, la pole dance qui est problématique. C’est ce qu’on ne dit pas, les petites lignes, ce qui amènent à croire qu’elles font plus. Qu’elles se salissent, qu’elles s'abîment, qu’elles se déshonorent totalement. Et dans le cas de Primrose, tout est vrai. Elle se laisse séduire plus facilement par l’appât d’un gain qu’elle claquera encore plus rapidement qu’il ne le faut, avant même de penser ce qu’elle pourrait en faire plus utilement. La petite rose n’a pas son pareil en ce qui concerne ses choix. Elle coche toujours les mauvaises options et son instinct n’est pas des meilleurs. Mais elle veut croire qu’un jour, ça ira mieux. Que derrière la tempête perpétuelle se tient un soleil qu’ils auront bien mérité, aussi bien elle que Wren. Mais pour l’instant, ils n’ont qu’eux-mêmes pour se rapprocher, la petite brune enlaçant le grand suédois contre elle. A défaut de ne pas pouvoir se protéger eux, ils peuvent au moins se réconforter d’une façon ou d’une autre. Ils ont l’air d’avoir besoin d’une parenthèse de douceur et Primrose est fatiguée, épuisée par un rythme effréné. “J’ai envie de le croire.” Un côté optimiste qu’elle n’a pas encore entièrement étouffé, qui lui permet de voir le verre un peu rempli à défaut que son compte en banque reste éperdument assoiffé et asséché. "Tous les soirs, tu viens ici alors que tu détestes ça. Tu craques jamais. Tu tiens depuis des années dans un rôle que tu dois certainement mépriser. Il faut avoir beaucoup de force pour mentir aussi aisément à la face du monde. Toi, t'y arrives, pas moi." Primrose sourit contre ses cheveux, parce qu’il n’imagine sûrement pas que c’est bien plus compliqué que cela. Qu’elle n’y arrive pas forcément si bien. Qu’elle tente un peu plus tous les jours de faire tenir les miettes de sa personne, que c’est une bataille sans fin pour ne pas que tout s’effondre et qu’elle ne finisse pas par se perdre elle-même. “C’est de la résignation plus que du courage. De l’habitude plus que de la force.” C’est un point de vue comme un autre. Là où Wren voit du courage, Primrose ne voit ici qu’un semblant d’instinct de survie en faisant du mieux qu’elle peut. Elle y arrive avec tous les défauts de sa vie, avec toutes les pièces détachées qu’elle a elle-même causées. Elle n’est pas courageuse, elle est la première des lâches. “Si je viens ici, c’est parce que je ne connais rien d’autre. C'est le choix par défaut, la solution de facilité.” Elle gagne bien plus en une soirée ici que dans n’importe quel autre travail. Comment pourrait-elle songer à changer, elle et ses habitudes ancrées depuis si longtemps ?
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptySam 6 Mar - 16:56


Il était plus triste qu'il n'aurait dû l'être, Wren, il était censé être un roc pour autrui pour prouver que sa marchandise rendait plus heureux que l'inverse. Oh bien évidemment, c'était le pire des mensonges: Doherty se sentait misérable depuis qu'il avait remis le nez dans ce genre d'affaires, s'enfonçant de plus en plus de sa propre stupidité et ce besoin constant de se sentir vivant de toutes les manières qu'il pouvait connaître. Aucune d'entre elles n'était bonne et il avait beau le savoir depuis pas mal d'années, le suédois n'avait pas envie de changer de mode opératoire. S'enfoncer, se perdre, ne jamais remonter à la surface, c'était tellement plus plaisant qu'user de sa force pour se dévoiler et avancer, non? Il était le cliché parfait de l'homme damné à répéter les mêmes erreurs encore et encore, jusqu'à ce que la mort ne vienne le cueillir à cause de tous les abus qu'il continuait de perpétrer. Wren aurait pu être tant de choses, il aurait pu aspirer à mieux, à être quelqu'un qu'il aurait aimé plutôt que ce masque qu'il méprisait plus que tout dès lors qu'il se retrouvait tout seul, loin des yeux d'autrui. Dès qu'il se regardait dans un miroir, Wren réalisait cela, qu'il s'était perdu en chemin, que se montrer assuré et déterminé à assoir sa domination sur le reste du monde ne le rendait pas plus heureux que son voisin. Ce n'était devenu qu'une façon comme une autre de survivre, l'homme préférant prendre les devants pour que personne ne puisse entrer dans sa vie. Il pouvait avoir des connaissances, voire quelques amis mais il était hors de question que tous ces gens sachent ce qu'il cachait au fond de lui, cette fragilité qu'il exprimait à ce moment précis, sa tête perdue contre le buste de Primrose. Elle le comprenait, il la comprenait tout autant, c'était devenu leur contrat depuis que Doherty lui avait vendu une première dose, comme s'il avait compris instinctivement qu'elle était à son image. Malheureusement, le grand brun aurait aimé qu'il en fut autrement, que la jeune Anderson s'envole de ses propres ailes et puisse profiter dignement de ce qu'elle aurait pu être si elle n'était pas tombée dans les affres du vice. Parfois, il suffisait de peu, d'un instant d'égarement qui coûtait une vie entière et c'était peut être ce que Primrose était en train de condamner et Wren en avait mal au coeur. Il la laissait y croire néanmoins, hochant doucement la tête parce qu'il voulait penser lui aussi qu'elle s'en sortirait, qu'elle trouverait son bonheur d'une façon ou d'une autre, même si pour aboutir à ce résultat, elle devrait encore abîmer une partie essentielle de son être. Il l'écouta alors, la jeune femme tâchant de lui expliquer qu'elle n'exprimait pas une once de courage en continuant sur cette route toute tracée par son mal-être et Wren n'était pas tout à fait en accord avec ce qu'elle disait. Primrose ne se rendait probablement pas compte de tout ce qu'elle mettait de côté pour faire plaisir à des clients, un patron, tant d'idiots du village qui ne lui offriraient jamais rien en retour. Doherty rêvait d'être différent d'eux mais ce n'était pas le cas, lui qui lui donnait la pire des choses en lui présentant une nouvelle dose pour qu'elle reste accrochée à lui, qu'il ait toujours quelqu'un à qui parler malgré tous les écarts qu'il pouvait faire dans son existence. Il releva des yeux ténébreux vers la brune, se disant que tout cela était du parfait gâchis, qu'il espérait mieux pour elle, qu'il ferait n'importe quoi pour la détacher de ce qui semblait être désormais ancré en elle comme cette addiction à la cocaïne d'ailleurs. "De quoi tu rêves, Primsou? Qu'est-ce qui te rendrait libre et heureuse? Si t'étais pas là à souffrir en silence pour un peu d'argent, qu'est-ce que tu ferais?" Il voulait qu'elle rêve, qu'elle n'oublie jamais qu'elle avait son destin en main et qu'elle pourrait tout à fait changer le cours de sa vie. Si elle faisait disparaître les pires membres de cette équation douloureuse pour elle, dont le suédois faisait définitivement partie.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyMer 10 Mar - 18:06



Ils n’ont que leurs bras pour se bercer dans leurs illusions, que leurs esprits pour espérer, oser voir une lueur quelque part dans le brouillard. Primrose réussit à avoir une part qui souhaite toujours s’y raccrocher, s’accorder sur la première onde lumineuse qui passe parce qu’elle est désespérée à ce point. Sa vie n’est pas si misérable ; ses parents s’aiment toujours, sa fratrie reste soudée, il n’y a jamais eu de grands drames à déplorer. Et pourtant, Primrose n’arrive pas à s’en contenter. Elle ne voit que ce qu’elle aurait aimé avoir, tout ce qu’elle aspire à devenir encore un jour. Quelqu’un d'influence, quelqu’un de prestigieuse, quelqu’un qui pourra dire quelque chose quelque part. Sa passion pour les réseaux sociaux dévore un peu plus son estime d’elle-même qui s’entiche à accéder toujours plus haut. Juste pour l’image, pour une célébrité facile, pour l’avidité la plus basique. L’argent est le premier des vices et il est celui qui prend le pas sur chacune de ses avancées dans la vie. Les grands drames se sont créés par eux seuls, Primrose en étant l’instigatrice, la victime et la coupable en même temps. Rongée, trahie par elle-même depuis l’adolescence, la voilà en pleine fleur de l’âge à faire un travail qu’elle garde parce que c’est simple, ça rapporte et c’est habituel. Aucun doute, aucune interrogation, la vie quotidienne qui fait son office. Les paroles de Wren ne sont pas surprenantes mais assez étonnantes. Jamais on ne lui a dit qu’elle est courageuse. C’est même plutôt l’inverse. L’univers dans lequel elle évolue n’aidant pas non plus à peaufiner une image meilleure d’elle-même.

Quand Wren lève les yeux vers elle, Primrose ne peut qu’honteusement penser qu’elle aurait eu moins de mal avec un frère comme lui. Oh elle ignore la partie inférieure de l’iceberg dohertyien, La jolie rose n’a pas idée du mal qu’il y a derrière ces grands yeux verts clairs, la dangerosité qui s’y cache. Rien que son rôle autour d’elle n’est que nuisible, jouant celui qui la tire par la manche pour l’attirer vers le fond avec lui. Non, Prim, ce n’est pas un frère qui aurait été exemplaire. Mais justement. N’est-ce pas là un attrait majeur ? Le complexe d’être celle après l’enfant aîné, l’enfant prodige, coincée après celui qui réussit, qui a coché toutes les cases de ‘la vie parfaite’. C’est injuste parce qu’elle a été aux premières loges pour voir que Caleb n’a jamais eu la facilité. Mais elle n’a jamais été à la hauteur, même quand lui était au plus bas, il n’a été que victime des éléments. Alors que Primrose a choisi de faire ce qu’elle fait, de provoquer le regard désapprobateur de ses parents. Elle ne les rend pas fière et dans le fond, elle aurait juste envie qu’ils acceptent sans que cela provoque un froid quand on évoque son métier. Alors oui, avoir Wren en frère par procuration lui semble une bonne alternative, lui avec son imperfection certaine, les mauvais choix qu’il doit avoir fait et certainement tout ce qui va avec.

"De quoi tu rêves, Primsou? Qu'est-ce qui te rendrait libre et heureuse? Si t'étais pas là à souffrir en silence pour un peu d'argent, qu'est-ce que tu ferais?" Primrose se mord la joue, elle hésite, elle réfléchit, les prunelles bleutées qui dérivent vers le sol, le mur, le canapé avant de hausser les épaules. “Beaucoup trop de choses inaccessibles.” Les rêves ne sont pas bons à être pensé. Elle ne veut pas s’y plonger parce que ses rêves deviennent ses poisons et ils intoxiquent ses veines autant qu’ils la prennent à la gorge, perpétuellement. Et puis, poser comme ça, répondre “manger du caviar au petit déjeuner dans une veste de chambre en coton égyption sur une terrasse d’une villa dans le sud de l’Italie” ne lui parait pas forcément adéquate. Surtout que cela n’arrivera jamais alors, à quoi bon se torturer l’esprit ? “Je préfère ne même pas y penser. Je me sentirai encore plus misérable sinon.” Primrose se détache de lui pour l'entraîner au fin fond du canapé, où elle se cale directement contre son épaule, le visage tourné vers lui. “Et toi ?
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyJeu 11 Mar - 0:18


Malheureusement pour lui, Wren avait fini par devenir un des hommes les plus terre à terre au monde. Il avait arrêté de rêver vers ses treize ans quand il avait vu l'ambiance familiale dépérir au fur et à mesure, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des miettes d'un amour qui aurait dû être inaltérable lorsqu'il s'agissait de liens de sang. Vint alors le temps de la rue, le fait de devoir sortir les poings et serrer les dents pour paraître absolument invincible face à autrui, alors le grand Doherty n'avait plus montré la moindre émotion. Il n'était devenu qu'un businessman parmi tant d'autres, petit livreur de dopes des quartiers minables de Brisbane, loin des gangs ou de toute autre association de malfaiteurs qui aurait pu mettre la main sur lui. Wren avait toujours tenu à conserver son indépendance parce qu'il n'avait jamais été question qu'il en fasse ce métier et voilà où il en était, plus de dix ans plus tard. La case départ. Le retour à des débuts fracassants qui avaient bien failli le ruiner de bout en bout. Voilà où était rendue son ambition, au fin fond d'une poubelle qu'il aurait bien voulu cramer avec une allumette, c'était le plus déchirant dans cette affaire, le fait qu'il ait perdu à point le contrôle et qu'il ne savait plus comment retrouver la maîtrise de la barre. Wren n'avait jamais su faire, réaliser le moindre rêve, avoir suffisamment de volonté pour ne pas craquer face à la facilité: il avait toujours cet attrait pour les actes sombres, pour le mal sous toutes ses formes et la drogue, le deal, les vieux travers, c'était tellement plus simple à assumer que tout ce qu'il avait déjà eu dans la tête comme fantasmes de gamins. Il aurait sûrement pu en faire quelque chose avant de sombrer dans les addictions, avant de se retrouver dans la peau du démon qui se présentait deux à trois fois par mois face à Primrose pour lui soutirer quelques billets pour une dose qu'elle chérissait tant, uniquement par sa faute. Il aurait pu être grand, au sens figuré parce qu'au sens littéral, il avait déjà bien du mal à se tenir dans l'encadrement de la porte sans devoir fléchir, mais il avait fauté quelque part. Il ne pouvait alors que se tenir contre la jeune Anderson, espérant que si elle le serrait suffisamment fort, il oublierait son identité et toutes les merdes qu'il terrait dans son placard mais qu'il continuait d'accumuler au fur et à mesure. Un jour ou l'autre, il devrait le payer et au prix fort, par dessus le marché, mais en attendant, il tenait à jouer l'aveugle, se contentant de cet instant réconfortant dont ils avaient besoin tous deux car ils ne rêvaient plus. Depuis trop longtemps. "Rien est inaccessible. C'est ce que ma mère me disait quand j'étais môme en tout cas." Il ne savait pas s'il la croyait à l'époque mais il était certain de ne pas le faire aujourd'hui. Le suédois avait désormais le recul nécessaire pour se rendre compte que rêver ne suffisait jamais à atteindre le bonheur, il y avait d'autres variables et l'une d'entre elles, la chance, lui faisait clairement défaut. Il se laissa entraîner vers le divan, recevant la tête de Primrose contre son épaule, son bras venant l'entourer avec cette chaleur qu'il espérait suffisante pour que la nostalgie cesse de l'étreindre, elle. "J'ai des rêves de gamin. Je voulais ouvrir un resto de spécialités nordiques dans le temps et tous mes plats auraient eu le nom d'un truc mythologique ou quelque chose du genre. Je rêve d'avoir une vie plus simple, moins merdique, de pas avoir à dealer ou à consommer des rails pour me sentir bien dans ma peau mais je sais pas si c'est accessible ça non plus. Par contre, toi, tu t'y connais en pâtisserie, non? Peut être que tu pourrais venir dans mon resto fictif pour briller." Il aimerait cela, qu'elle participe à un projet avec lui, qui ne verrait sûrement jamais le même jour car Wren ne résistait pas à l'appel de ses démons. Il n'en serait potentiellement jamais capable et de toute manière, il n'avait pas un billet en poche pour envisager autre chose à l'heure actuelle. Juste des rêves, rien de plus.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyVen 12 Mar - 16:44



"Rien est inaccessible. C'est ce que ma mère me disait quand j'étais môme en tout cas." Elle n’avait pas tort, la maman de Wren. Rien n’est inaccessible tant qu’on s’en donne les moyens. C’est peut-être ce qui leur manque à tous les deux. Aussi bien Wren que Primrose se laisse bercer dans une douce comptine, pensant que la lumière va venir à eux à coup de flûte de pan ensorcelante et que tout arrivera sur un plateau d’argent comme par enchantement. Ils se sont bien trouvés, il faut croire, même si Wren a tous les spectres d’un démon qui prend forme de la plus flegmatique des manières. Primrose ne l’a jamais détesté, elle n’a jamais pu, aucune force de pouvoir haïr autrui, même celui qui l’a faite plongée dans un exotique tourbillon d’excès et de dépendances. Non, elle préfère rester contre lui, se sentant dans une certaine sécurité qui n’est peut-être qu’un écran de fumée mais qui reste rassurant, qui ne pourra malheureusement pas durer parce qu’il va bien falloir qu’elle reprenne du service si elle veut gagner sa croûte. Juste un moment, un répit mérité alors qu’elle enfouit son visage contre son torse pour reprendre une respiration, ou deux. "J'ai des rêves de gamin. Je voulais ouvrir un resto de spécialités nordiques dans le temps et tous mes plats auraient eu le nom d'un truc mythologique ou quelque chose du genre. Je rêve d'avoir une vie plus simple, moins merdique, de pas avoir à dealer ou à consommer des rails pour me sentir bien dans ma peau mais je sais pas si c'est accessible ça non plus. Par contre, toi, tu t'y connais en pâtisserie, non? Peut être que tu pourrais venir dans mon resto fictif pour briller." Primrose a un sourire qui se dessine, une courbe que le suédois ne peut pas voir pour l’instant mais qu’il peut deviner car s’en suit un léger rire, plus proche du gloussement que de l’éclat, discret mais réel. “Mon frère tient un restaurant français. L’Interlude.” Est-ce qu’il est judicieux de donner ce genre d’informations, surtout à un individu comme Wren ? Elle l’ignore. Elle s’en fiche, la petite rose. Elle a cette confiance étrange en lui qui reste inexplicable vu leur lien mais qui reste présent. Le cours du temps et des années a fait son affaire, c’est sûrement pour cela que Primrose se permet. Même si elle camoufle ce qui la brise le plus, au fin fond d’elle-même, parce que Wren n’a pas besoin de connaître ce genre de choses. Il n’est sûrement pas assez stupide pour n’avoir rien vu de toute façon, le seul dealer qu’elle fréquente qui a l’air d’avoir des remords à faire ce qu’il fait. “Si un jour tu as besoin de conseils ou d’aide ou autre, je peux toujours vous mettre en contact.” Oh l’ironie est si douce. Tu pousses Wren dans quelque chose que tu n’es même pas fichue de faire. Non, elle ne voit là qu’un moyen de l’aider à s’en sortir lui si jamais il ne veut plus de cette vie. “J’y connais rien aux pâtisseries nordiques. Je vais me renseigner. Je pourrai t’organiser une dégustation.” Même si leur collaboration culinaire ne restera sûrement que fictive et imaginaire, Primrose se note dans un coin de sa tête de regarder sur le sujet, n’étant jamais avare d’augmenter ses connaissances en la matière. Elle relève son minois avec un sourire triste. “Il va falloir que j’y retourne, Wren.” Elle n’a jamais aimé prononcer ces mots-là mais la récréation est terminée. Leur parenthèse doit prendre fin avant qu’un vigile ou, pire, le boss, vienne tambouriner à la porte parce que l’heure est passée.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyVen 12 Mar - 21:15


La vie était censée être merveilleuse mais Wren avait apparemment perdu cet espoir bien des années auparavant, ou ce qui semblait même être des siècles d'ailleurs. Il avait arrêté d'y croire au moment où son père avait mis le feu à toute la famille avec cette haine aisée à percevoir dans ses prunelles. Le jeune Doherty avait dû apprendre à vivre avec cette violence inhérente à son patrimoine génétique mais il la méprisait, ce qui entraînait nécessairement encore plus de violence. Alors, il suivait ce chemin chaotique où seuls la drogue et les vices semblaient lui être propices et lui offrir quelques rayons de lumière au milieu des nuages. Wren ne se comprenait pas tout à fait lui-même, on parlait tout de même d'un môme qui avait eu des rêves plein la tête et qui adoraient lire des romans mythologiques en élaborant toutes sortes de recettes originales. Il était devenu terre à terre au fil du temps, se refusant de penser à autre chose qu'au matériel dont il avait besoin pour faire tourner son business qui lui permettrait d'avoir quelques billets en poche à la fin du mois. Wren s'était tout bonnement perdu en chemin mais il n'était pas le seul, il y avait Primrose qui suivait le même chemin que lui, elle qui s'était lancée à corps perdu dans cette consommation de cocaïne en se disant sûrement que le tout l'aiderait à survivre au jour en cours... Jusqu'à ne plus pouvoir en sortir. Wren en était responsable, à cent pour cent responsable et il ne pouvait pas avoir le moindre regret en la matière car il n'avait pas envie de se sentir seul et il le serait sans la brune. Quel égoïsme dont il faisait preuve à nouveau, s'autorisant de vieux rêves de gamin en espérant que Primrose sauterait à pieds joints dans cette brèche, pour se sentir heureuse dans une bulle qui serait toujours seulement la leur. "Ton frère? Je suis pas sûr qu'il m'apprécierait... Surtout pas en sachant comment on se connait, toi et moi." Il était l'image même de l'homme à abattre, le suédois, lui qui avait initié sa soeur cadette dans le deal et qui continuait de lui rendre visite pour les mêmes raisons, partageant même quelques doses gratuites supplémentaires avec la jeune femme parce qu'il fallait bien justifier sa propre faiblesse, non? Il enregistrait l'information pourtant, Wren, en serrant doucement Anderson contre lui, se laissant emporter par le doux silence entre eux, un silence qui ne pouvait pas durer éternellement, peu importe à quel point ils en auraient rêvé, l'un et l'autre. "Je t'embaucherai pour les desserts, dans mon resto." C'était aussi simple que cela, Doherty n'avait même pas besoin d'une dégustation parce qu'il faisait confiance à Prim, peu importe ce que cela impliquait et à quel point c'était bizarre en vue de leur lien. Le déchirement était là parce qu'ils savaient que la fin viendrait, que la douleur retrouverait sa place dans leur vie respective. "Est-ce que ça va aller? Parce que je peux payer pour une nuit entière si tu veux une pause de tout ça..." Il serait même capable de l'emmener dans un motel spa ou une connerie du genre pour qu'elle se sente libérée quelques heures, comme s'il était son ami. Comme s'il n'était pas aussi mort à l'intérieur qu'elle.
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Message(#) Sujet: Re: La décadanse ¤ Primrose La décadanse ¤ Primrose - Page 2 EmptyMar 30 Mar - 19:08



"Ton frère? Je suis pas sûr qu'il m'apprécierait... Surtout pas en sachant comment on se connait, toi et moi." La petite brune sourit légèrement, camouflant son minois contre le vêtement de Wren parce que c’est absurde ce qu’il dit. Primrose passe son temps à naviguer entre les faux semblants, les mensonges véritables et les vérités camouflées, et sa victime privilégiée est certainement son frère. Même si Caleb a connaissance des agissements de sa petite soeur, qu’il sait ce qu’elle fait pour gagner sa vie, ce simple fait se suffit pour mener déjà à son égard un regard rempli de reproches non dits et d’une lutte déjà perdue d’avance. Autant Primrose peut se sentir désabusée dans son travail, jusqu’à en avoir honte quand il faut l’évoquer, le dire, le faire comprendre, autant elle ne cherche pas à s’en défaire. Appeler cela l’esprit de contrariété sûrement. Cela lui donne une façon d’exister et au moins, elle est certaine de n’y trouver ni son frère ni sa gourgandine de fiancée, même si cette dernière se complait bien trop la rabaisser vis-à-vis de son métier. Alors Wren ne sera jamais présenté comme son dealer. Caleb est à mille lieux d’imaginer que sa frêle cadette puisse pousser la corde à l’extrême, l’enfant terrible et maudit de la fratrie en tout point de vue. Primrose souffle légèrement contre l’apparence du grand suédois, relevant doucement ses prunelles bleues sur lui. “Caleb apprécie tout le monde. Il n’a pas besoin de savoir comment on se connait.” Ce n’est qu’un détail ; qui n’est pas petit, qui ferait forcément et automatiquement détester Wren aux yeux de Caleb. “Je ne compte pas lui faire savoir ce… Ce pan là de ma vie.” Il ignore les extras qu’elle peut faire, il ignore encore plus sa consommation et la jolie brune ne compte pas le lui dire. Il n’y a pas de place pour de telles vérités.

Le suédois la sert un peu plus contre elle et Primrose ferme brièvement les yeux parce que ça fait du bien, c’est réconfortant de pouvoir relâcher la pression, même pendant quelques instants. Même si ce n’est que pour savourer de la poudre toute fraîche, il n’empêche que Wren est délicat avec elle, qu’elle a l’impression qu’elle peut compter sur lui quoiqu’il arrive - oh, ce qui n’est pas bon, pas bon du tout de se lier d’amitié avec son dealer. "Je t'embaucherai pour les desserts, dans mon resto." Primrose étouffe un rire léger, passager, presque absurde quand on considère que tout ce qui se dit l’est encore plus. Ce ne sont que des rêves éphémères, des espoirs qui n’aboutiront jamais parce que l’un comme l’autre sait que la facilité est toujours plus attirante, même si ça attise les problèmes de conscience. "Est-ce que ça va aller? Parce que je peux payer pour une nuit entière si tu veux une pause de tout ça..." La petite rose se redresse pour quitter ses bras apaisants tout en remettant les pans de la robe autour d’elle en ordre. "Ça va aller. Tu m’as donné de quoi repartir.” L’humour ne te va pas, surtout dans ce contexte-là. Elle tourne la tête vers lui tout en posant sa main sur son bras. "Évite de t’attirer des ennuis, surtout au club, Wren. Cela compliquerait les choses si t’es déclaré indésirable.” Ils seraient obligés de se voir en dehors et ça sera forcément trop dangereux ; elle l’a déjà fait et ça ne s’est pas forcément bien terminé. Elle y tient, à leur relation tordue. “Et réfléchis à ce dont on vient de parler. Mon frère sera plus qu’heureux de partager son expérience.” Ses doigts se serrent dans une légère pression autour de son bras, comme pour lui soutenir qu’elle était sérieuse dans ses propos, avant de se relever. “Si jamais tu veux passer un moment plus… Agréable, je sais que Bella te trouve “charmant”.” Elle imite les guillemets parce que quand Bella a dit ça, il est clair que ce n’était que pour être politiquement correct car elle a éclaté de rire après. “Je suis sûre qu’elle sera ravie de danser que pour toi.” Primrose sourit légèrement tout en remettant ses chaussures qui lui pèsent une blinde aux pieds maintenant qu’elle a retrouvé une certaine légèreté pendant quelques minutes. Même si elle n’ignore pas que Wren va tout simplement décamper d’ici parce qu’il n’est pas du genre à avoir des séances privées. Chose qu’elle s’est bien gardée de le préciser à Bella, qui aurait pu voir qu’il s’échappe avec elle à chaque fois qu’il vient. Les rumeurs sillonnent vite et la jolie brune ne veut pas qu’on vienne fouiller son casier.
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