Son métier était l'une des rares choses dont elle pouvait se vanter la miss Shaw. Pas qu'elle faisait un boulot de rêve ou même qu'elle avait besoin de se vanter, elle n'était pas ainsi mais c'était l'une des rares choses qu'elle réussissait à gérer sans tout foutre en l'air. Elle était douée pour ça, autant dans son métier, que dans sa capacité à tout gâcher dans chacun des autres domaines de sa vie. Mais l’hôpital c'était sa seconde maison, et si très peu de gens aimaient passer du temps dans ce lieu si spécial, pour Sofia c'était une toute autre histoire. Ici, elle se sentait bien, elle se sentait utile, elle sentait que sa présence avait un sens, pour les autres et pour elle même, et pendant ce temps, elle n'était pas seule et toute personne qui connait un tout petit peu Sofia savait à quel point être seule est compliquée à gérer pour la kiné. A l’hôpital elle n'est jamais seule, que ce soit quand elle enchaine les consultations en urgence, celles des postopératoires ou les rendez-vous externes et si parfois elle rentre exténuée de ses journées, elle ne changerait rien à cette parcelle de sa vie.

«Oh mais qui je vois sur ton planning ? C'est monsieur cul de l’Australie. Je comprends mieux ton air joyeux dès le matin. » Sofia lève les yeux au ciel en riant à la remarque de sa collègue et amie. C'est une blague débile qui a commencé entre deux collègues et qui s'est un peu propagée à quelques membres féminins du service qui s'amusent à débattre du patient le plus sexy qu'elles aient pu voir. Pas très professionnels vous en conviendrez mais un bon moyen de se détendre un peu entre  certains rendez-vous pas toujours très joyeux et si Sofia ne participe pas vraiment à ce débat, elle en rit quand même de bon cœur. « C'est nouveau ça, je savais pas que vous lui aviez donné ce titre. » Elle finit son café, premier de la journée mais surement pas dernier, toujours debout prête à commencer sa journée pour ne pas faire attendre ses patients. « On ne lui a pas encore attribué réellement, on attendait ton avis, tu es celle qui peut mieux le juger alors file on attends un débrief. » Elle secoue la tête en souriant toujours. « Tu sais que c'est sa cheville que je regarde et c'est un regard médical. » A aucun moment le nom du patient n'a été prononcé mais pourtant Sofia a vite comprit à quel patient en particulier sa collègue faisait référence, faut dire que des comme lui, elles n'en voyaient pas tout les jours. « Oui oui madame la kiné exemplaire mais sa cheville on s'en fout nous. File rejoindre monsieur muscle et ne bloque pas trop sur son fessier. » C'est sur cette remarque de sa collègue qu'elle quitte la salle de pause pour rejoindre son patient renommé cul de l’Australie visiblement par certaines ici et c'est en souriant qu'elle se dirige vers les salles de soin. La secrétaire lui indique qu'il est déjà sur place et Sofia ne le fait pas attendre plus longtemps avant de rejoindre la salle de soin. Et en entrant elle le trouve déjà prêt pour sa séance de kiné, il est à l'heure, il est investi et il est sans pantalon. Détail qui habituellement ne fait pas réagir Sofia mais elle sourit malgré tout en repensant à la discussion qu'elle vient d'avoir avec sa collègue. Mais ce n'est pas sur les fesses de son patient qu'elle s'attarde en entrant dans la salle, du moins elle essaye de s'enlever cette pensée de la tête pour éviter de se retrouver à vraiment bloquer dessus, et c'est plutôt à son état général qu'elle s'intéresse, avant de se concentrer plus tard sur sa cheville, ce pourquoi il est là quand même. « Comment ça va ce matin ? En forme prêt à souffrir ? » Elle voit bien les cernes sur le visage de son patient mais elle a un peu de tact pour éviter de faire une remarque sur le sujet et elle tente de détendre l'atmosphère par une blague, chose avec laquelle elle n'est guère douée. Elle s'avance vers la salle de soin avant de réaliser qu'elle a oublié d'enfiler sa blouse. Elle a l'esprit visiblement un peu perturbé ce matin, mais elle finit par l'enfiler donnant un côté bien plus médical à cet instant. « Et cette cheville elle tient le coup ? » Faut dire que si ce n'est pas les muscles qui manquent chez son patient, la cheville a quant à elle subit quelques dégâts et si la force est bien là, la souplesse reste à retravailler mais ils sont là pour ça tout les deux. A quelques centimètres de Jackson Mills, elle fait très petite la kiné mais elle fixe la cheville du Jackson et elle commence par quelques manipulations pour tester la cheville, sa résistance, sa souplesse et la réaction de Jackson à ses quelques exercices avec lesquels il est habitué désormais. « Tu devrais bientôt pouvoir refaire du patinage artistique. » Qu'elle lance avec une pointe d'amusement, une petite taquinerie qu'elle se permet puisqu'il n'est pas un tout nouveau patient et qu'elle apprécie de dialoguer avec lui et faut bien avouer qu'imaginer ce grand bonhomme faire du patinage ça a quelque chose d'assez drôle non ? Du moins ça fait sourire Sofia mais il en faut peu pour la faire sourire.

 « Je vois qu'on se moque de sa patientèle ! » Il joue l'homme vexé et elle lève les yeux vers lui pour rire encore un peu plus de lui et accentuer l'effet de sa moquerie. « Je n'oserais pas me moquer de toi voyons, je tiens à ma vie quand même. » Faut dire qu'elle ne ferait pas le poids face à lui, vous connaissez le jeu tape taupe ? Et bien face à Jackson elle aurait autant de chance que ces pauvres taupes miniatures sur lesquelles on s'amuse à faire abattre notre gros marteau. Mais s'il est bien plus fort et plus costaud qu'elle, elle n'a pas peur de lui et c'est bien pour ça qu'elle se permet de se moquer un peu de lui. Mais quand il croise les bras devant lui, il laisse apparaitre des biceps beaucoup trop détaillés pour que le regard de Sofia ne soit pas attiré ne serait-ce que quelques secondes sur la forme des muscles qui se dessine devant ses yeux. Oui il est sportif, oui il est musclé, et si des sportifs elle en a vu plusieurs passer sur sa table de soin, des gabarits comme celui de Jackson Mills c'est pas si courant que ça. « Tu serais surprise de ma grâce insoupçonnée Shaw ! » A nouveau elle rit à la remarque de son patient. « Insoupçonnée c'est clairement le mot. » Elle réponds du tac-o-tac, parce qu'il faut bien avouer que le mot gracieux n'est pas le premier auquel on penserait en voyant cet homme. A quel mot tu penses toi Sofia en voyant Jackson Mills, si ce n'est pas gracieux ? Sexy ? Canon ? Cul de l'Australie? « Mais maintenant c'est bon je t'imagine glisser avec grâce sur la glace dans une tenue moulante et faire des pirouettes. » Tenue moulante, pourquoi donc rajouter ce genre de détail dans ton esprit Sofia? Elle a l'image en tête, pas de l'homme en tenue moulante, mais de Jackson qui fait des vrilles et des quadrilles avec légèreté et c'est bien trop drôle pour qu'elle ne rit pas à nouveau, parce que soyons honnête, il n'a pas le gabarit pour ce genre de chose non ? « Je paierai cher pour voir ce spectacle. Même si en tant que ta kiné, je devrais être invitée gratuitement pour service rendue. » Elle secoue la tête toujours le sourire aux lèvres et pendant quelques secondes elle manipule avec plus de soin la jambe de son patient. Elle plie, tire, tourne, tends, et détends la cheville et les ligaments de son patient pour tester la flexibilité, la sensibilité et la souplesse de la cheville à chacun des mouvements naturels du pied, puis elle place une main sous le genou de Jackson pour tester le comportement du mollet et du genou impactés eux aussi par la lésion subie à la cheville. « Détends toi un peu. » Le mouvement est rendu plus compliqué par le patient et elle sent des tensions inhabituelles. « C'est la douleur qui fait que tu es aussi tendu aujourd'hui ? Non parce que là je peux rien faire si tu continues à bloquer le mouvement comme ça. » Elle a bien vu les cernes sous les yeux de son patient quand elle est entrée mais ce n'était pas la première fois qu'il semblait manquer de sommeil alors elle n'avait rien dit mais là désormais si ça impacte la séance, elle se permet de s'en inquiéter. « Tu veux en parler ou tu vas réussir à te détendre tout seul et me laisser travailler ? » Elle le dit avec douceur et légèreté mais elle est pourtant prête à écouter son patient, si ça peut l'aider à se détendre alors c'est tout bénéfique pour lui et pour elle qui pourra enfin continuer son travail sans avoir à forcer pour faire bouger ce monstre de muscles et de nerfs trop tendus.  

 « J'te signerai un autographe si t'es sage. » « Je suis toujours sage. » Qu'elle réponds du tac-o-tac l'air peu sérieuse même si c'est plutôt vrai non ? Elle est sage Sofia, c'est du moins l'image qu'elle renvoi, un visage qui ne semble pas vieillir, un sourire qui est toujours présent sur son visage, une bonne humeur qu'elle essaye de distribuer autour d'elle, elle a souvent été vu comme un rayon de soleil Miss Shaw, miss Sunshine, mais c'est sans compter sur ces derniers mois qui n'ont pas été les plus joyeux et qui ont entamé un peu sa capacité à s'amuser de tout, à s'émouvoir de tout, à s'extasier d'un rien. Mais elle est sage, professionnelle, souriante et joyeuse, c'est du moins l'image qu'elle espère donner d'elle à ses patients. Une figure de confiance et de bonne humeur alors que tout ses patients ne respirent pas le joie de vivre ou le bonheur en venant en séance. Mais elle essaye de donner un espace dans lequel chacun se sent bien, dans lequel chacun peut exprimer ses douleurs sans craindre la faiblesse, un espace ou pendant qu'elle s'attarde sur les maux de ses patients, les mots sortent pour libérer d'autres tensions auxquelles elle ne pourrait pas venir à bout avec ses mains. C'est ce qui se passe pour Jackson au moment ou elle lui demande s'il veut parler de ce qui rends le corps de son patient si tendu, ce qui lui complique grandement la tâche. Elle accepte le long silence, elle accepte le regard que Jackson pose sur elle, comprenant l'importance des silences, elle a beau sourire beaucoup, parler aussi parfois, elle sait qu'avouer ses failles et ses erreurs n'est pas une chose aisée et elle n'a aucun mal à comprendre que Jackson ne réponde pas. Alors elle se contente de son silence, qui est aussi une forme de réponse et ses mains s'attardent sur le corps de son patient et sur la cheville fragilisée par une blessure, essayant par d'autres moyens que la parole de venir à bout de ces tensions qu'elle sent sous ses doigts. C'est après un long moment qu'il parle et elle relève les yeux vers lui sans pour autant arrêter ses manipulations remarquant un changement dans l'attitude de Jackson sans pour autant qu'elle puisse encore comprendre la raison de ce changement. « C'est compliqué en ce moment ...  Judy Chapman, ça te dit quelque chose ? » Le prénom n'est pas inconnu de la kiné et bien qu'elle n'ait jamais reçu en séance ou même échangé avec cette jeune fille, Sofia connaît ce nom. Comme beaucoup d'autres personnels ici à l’hôpital qui sont amenés à côtoyer des jeunes du service de pédiatrique, le nom de Judy Chapman a résonné dans les discussions ces derniers temps, entre collègues, entre jeunes, mais Sofia est surprise d'entendre Jackson prononcer ce prénom.  « J'ai entendu parler de cette jeune fille oui. » Pas besoin d'expliquer les raisons qui font que Sofia a entendu parler de Judy, mais elle commence à comprendre les tensions dans le corps de Jackson alors qu'elle se sent un peu plus tendue elle aussi et surtout moins souriante en sachant l'histoire qui se cache derrière ce prénom. « J'encaisse mal sa TS. » Les mots sont importants, la réalité l'est encore plus. Et si Sofia a déjà eu sur sa table de soin des personnes ayant fait des tentatives de suicides ratées, mais qui n'ont pas été sans laisser des lésions à leur corps, il n'est pour autant pas toujours aisée pour Sofia d'évoquer ce sujet du suicide. Elle, la jeune femme si souriante, si amoureuse de la vie, elle oublie parfois de se blinder face au malheur d'autrui, face à la détresse des autres. Et aujourd'hui, c'est d'une jeune fille, même pas encore majeur, que la vie a semble-t-il déjà dégoutté au point d'en arriver à un tel geste, qu'ils sont en train de parler. « Tu la connais depuis longtemps ? » Personne ne peut rester insensible face à ça, mais pour Jackson ça semble encore plus fort, et son corps réagit aux mots. Ses muscles se contractent et Sofia sent bien que la manipulation risque d'être compliquée et ce n'est peut-être pas ce dont a le plus besoin là maintenant Jackson alors qu'il se confie à elle. « J'voudrais lever des fonds pour organiser des activités à l'hôpital. Tu sais, les ados et les brancards ça matche pas bien, c'est trop d'isolement pour des jeunes qui se cherchent ... » Oh ça elle le sait, elle qui en plus de ses journées de boulot à l’hôpital, essaye dès qu'elle le peut de participer aux évènements organisés par l’hôpital pour égayer un peu le quotidien de ces jeunes qui passent trop de temps ici et pas assez à l'extérieur. Entourés de médecins, d'infirmières, ils apprennent à parler en langage médical et ce n'est pas ça être jeune. Elle est d'autant plus réceptive aux mots de Jackson qu'elle partage la même vision que lui. Si les jeunes enfants ont encore une part d'innocence même à l’hôpital, s'ils sont capables de rire et de s'amuser d'un rien, ce n'est plus la même chose une fois qu'arrive l'adolescence. Elle ne connait pas Judy, mais elle donnait une dizaine d'autres jeunes ado qui correspondent aux mots de Jackson. « J'vais ouvrir un club de course. » Elle la kiné, sait parfaitement tout les bienfaits du sport quotidien que ce soit pour le corps ou le moral des patients et elle en vient à penser aux nombreuses idées possibles pour proposer des activités physiques régulières et adaptées aux jeunes qui sont hospitalisés mais pour ça Jackson a raison, il faut des fonds. « Répare-moi. » C'est presque déstabilisant pour Sofia de voir les yeux de Jackson qui la fixent ainsi. Comme un appel à l'aide qu'elle n'était pas prête à entendre, pas alors que l'homme face à elle semble n'avoir besoin de l'aide de personne tant il dégage une force incroyable. Mais à cet instant, c'est au delà d'un corps qu'elle observe depuis plusieurs séances puisque c'est son métier, c'est au delà des muscles qu'elle voit Jackson. Elle est loin la discussion sur le plus beau cul de l'Australie avec sa collègue, ou même sur le corps du policier en justaucorps, ils sont sérieux désormais. « Tu devrais bientôt pouvoir retrouver ta mobilité, c'est qu'une question de temps et de patience désormais. » Il semble avoir besoin d'être rassuré et elle tente de le faire, la blessure est contraignante et handicapante pour lui mais elle n'inquiète pas la kiné qui en a vu beaucoup des blessures comme celle ci. « Tu vas pouvoir recourir très vite et si tu te fais doubler par un jeune de 12 ans, ça ne sera pas à cause de ta cheville. » Elle essaye de le faire sourire, de le détendre aussi parce qu'il veut qu'elle fasse son travail mais pour l'heure l'articulation et le corps entier est verrouillé et tendu. « Ton projet ça fait longtemps que tu y penses ? » Essayer de le faire parler, de le faire penser à autre chose qu'à cette jeune fille qui semble l'avoir bien chamboulé. Elle le questionne tout en restant attentive à la cheville de Jackson qui reste la raison de sa présence aujourd'hui. « Je trouve que c'est une très bonne idée de vouloir proposer plus d'activité pour les jeunes surtout les ados, on essaye d'organiser des choses pour égayer leurs quotidiens mais je réalise que du sport adapté régulier ça n'existe pas encore. Tu sais déjà comment tu vas t'y prendre pour trouver des fonds ? Si tu as besoin je peux te mettre en relation avec certaines personnes, et si tu as besoin d'aide n'hésite pas à me solliciter. » Elle est enthousiaste Sofia, que ce soit pour enfiler un costume pour Halloween, pour faire la distribution de cadeau à Noël, ou désormais pour apporter ses connaissances spécifiques pour soutenir toutes actions qui peut permettre de proposer de nouvelles activités à l'hôpital. Et la voilà qui pense désormais carrément à un programme avec des sports différents, avec un gymnase intégré à l’hôpital, avec des journées dédiées au sport dans les chambres pour ceux qui ne peuvent se déplacer, elle a des idées pleins la tête mais tout ça c'est impossible sans lever des fonds, et elle se focalise sur l'idée de Jackson déjà et c'est avec attention qu'elle attends d'en savoir plus.

 « Quelques nuits ... » Elle aurait pu faire une blague, lui dire que quitte à avoir des nuits courtes et des cernes autant que ce soit pour une toute autre activité, mais Sofia est dans un cadre professionnel et si elle arrive facilement à créer du lien avec ses patients, elle sait rester à sa place de kiné. Et puis, elle n'a jamais été forcément de celle qui parle et blague sur ce genre de chose avec beaucoup de facilité. Elle se contente de penser à ce projet qu'il semble mûrir en lui depuis quelques nuits. Un projet qui lui donne des idées à elle aussi, un projet qui réussi à lui redonner un peu d'enthousiasme alors qu'elle pense à tout ce que ça pourrait apporter aux jeunes hospitalisés. Le bénévolat a toujours fait partie d'elle, et elle est prête à s'investir dans toutes sortes de projets à condition qu'elle y voit un véritable intérêt pour une cause qu'elle défends et celle des enfants a toujours été une cause importante pour elle. Elle s'enthousiasme pour le projet de Jackson, elle le questionne aussi pour en savoir plus, pour comprendre ce qui occupe l'esprit de son patient depuis quelques nuits et elle sent au fil de la discussion que les muscles de son patient se détendent sous ses doigts rendant son travail plus facile alors il n'y a aucune raison qui ferait que Sofia ne prolongerait pas la discussion, et au contraire même elle l'invite à se confier encore et lui propose même son aide dans un projet dont elle ne sait finalement pas grand chose encore. « A court terme, j'pense me charger bénévolement de la mise en pratique. Mais c'est sûr que l'appui d'une titulaire du service de rééducation ne pourra qu'accélérer la validation du projet. » Elle sent qu'il croit en ce qu'il propose, qu'il croit en son projet et ça suffit pour la convaincre aussi de se laisser entraîner dans un tel projet. Elle n'a encore guère de précision sur ce qu'il veut faire, sur ce qu'il veut apporter concrètement mais elle partage ses conclusions, elle partage son envie d'apporter à ces enfants autre chose que les murs blancs de leur chambre d’hôpital. Comment ? Elle ne le sait pas encore et ses nuits sont occupées par d'autres questionnements déjà pour ne pas avoir à les encombrer de plus d'interrogations, mais Jackson est là avec un projet, Jackson a réfléchi déjà, et elle se dit que finalement c'est peut-être le moment ou jamais pour elle de rejoindre l'idée, de s'investir elle aussi au côté de Jackson. « Je suis plutôt du genre à inscrire mon nom sur un planning pour le bénévolat mais tu peux compter sur moi. Je ne sais même pas pourquoi ça n'existe pas encore. Le sport à l’hôpital devrait être depuis longtemps proposé aux patients. » Et elle sait très bien que pour certains patients la pratique du sport est impossible, mais comme pour certains la participation aux différentes activités est impossible, elles ne sont pas annulées pour autant, parce qu'il en faut pour tout le monde et le sport devrait être un enjeu majeur désormais. « Ça risque d'être compliqué à mettre en place parce qu'il va falloir prendre tout un tas de précautions et pouvoir inclure le plus de jeunes possibles sans mettre en danger quiconque mais le sport est si important que je pense sincèrement que ça vaut le coup de se battre pour arriver à proposer quelque chose pour ces jeunes. » C'est une passionnée Sofia, et quand elle se laisse emporter par la passion des choses auxquelles elle tient, elle ne se retient pas. Jackson pourra compter sur elle en tout cas, c'est ce qu'elle essaye de lui faire passer comme message."A plus long terme, j'voudrais organiser un marathon." Elle n'a aucun doute sur la capacité de son patient à courir un marathon, il suffit de voir son corps, sa forme physique mais elle ne peut s'empêcher de sourire avant de rire doucement en entendant la phrase de Jackson. « C'est un club de sport ou un camp d’entraînement militaire que tu veux ouvrir ? » Elle plaisante à la remarque de son patient en entendant parler de marathon. Elle est kiné mais elle n'est pas pour autant la plus sportive du monde. Elle entretient son corps, elle prends soin de son corps mais un marathon à ses yeux ça ressemble plus à une épreuve de torture qu'à une épreuve sportive. « Tu sais que les jeunes ne pourront pas tous courir un marathon non ? Moi même je ne peux pas courir un marathon mais promis je serais prête à me mettre à la course pour soutenir ton projet. » Et puis elle s'est bien mise au vélo récemment alors pourquoi pas à la course ? Et s'il faut se mouiller pour soutenir un tel projet alors elle est prête à le faire. « Et si je réussis à te remettre sur pied, peut-être qu'en remerciement pour que je puisse finir le marathon tu me feras le cadeau de me porter les 40 premiers kilomètres ? » Courir deux kilomètres, voilà le projet de Sofia, ambitieux non ? Mais si pour le marathon elle a aucune chance de réussir à boucler le parcours pour ce qui est du projet, elle compte bien ne pas en rester là.

« Watch me te botter les fesses Miss Shaw, tu vas te découvrir des talents au sprint que tu n'aurais jamais soupçonné ! » Le regard de Sofia se fige et se concentre sur la cheville de son patient alors qu'elle se sent presque rougir légèrement à la remarque de Jackson. Ou peut-être que son ses propres pensées qui l'a font rire alors qu'elle se surprends à penser que peut-être elle apprécierait que Jackson lui botte les fesses sans qu'elle n'ait à courir pour échapper à ce qui ressemble dans son esprit à autre chose qu'à une allusion au sport. Ses mains qui massent plus fortement la cheville, elle se cache derrière ses mèches de cheveux qui tombent sur son visage. Il n'est pas rare qu'elle ait à faire face à des remarques de ses patients, mais rares sont ceux qui arrivent à la déstabiliser comme vient de le faire Jackson. Enfin tu te déstabilises toute seule Shaw, mais faut croire qu'aujourd'hui entre tes collègues et Jackson, les fesses soient le sujet du jour. Enfin celle de Jackson, puis les tiennes, mais pas dans le même contexte, et je suis sûre que tu en es triste. « Serais-tu en train de sous-entendre que tu voudrais me courir après ? » Oh elle est belle la cheville de Jackson et Sofia se sent soulagée que son patient n'ait pas eu la mauvaise idée de se blesser à l'épaule ou à une autre partie supérieure de son corps ce qui l'obligerait à affronter le regard de Jackson. Elle est rouillée Sofia, elle n'a jamais été douée pour tout ça, c'est sans doute ça l'inconvénient de se marier avec le premier homme que l'on rencontre. Mais il a l'air de plaisanter Jackson alors elle plaisante avec lui sans penser à ce que ça pourrait signifier. Rien, elle n'est que son kiné, il n'est que le patient et ce n'est qu'une séance parmi tant d'autres, un moyen pour détendre le patient et faciliter son travail.

Sofia n'est pas du genre à flirter avec ses patients, elle n'avait même jamais remarqué que son patient avait des fesses que l'on pourrait qualifier de « fesses de l'Australie » dixit ses collègues. Elle cherche l'amour partout mais pas au sein de l’hôpital, son métier c'est la dernière chose qui lui reste réellement, et elle est fière de ce qu'elle fait ici. Elle est fière d'être la kiné souriante et positive pour ses patients, elle est heureuse d'être celle qui redonne l'espoir ou qui soulage les douleurs, elle aime vraiment ce qu'elle fait et c'est bien pour ça aussi qu'elle écoute avec beaucoup d'attention le projet de Jackson et qu'elle est prête à s'investir dans celui ci. Ce n'est ni pour les beaux yeux de Jackson, ni pour ses formes de dieu Grec. C'est pourtant tes pensées Sofia, pourtant toi qui jette un coup d’œil à la musculature si taillé et détaillé de l'homme que tu as face à toi. Non, ce n'est pas pour faire plaisir à Jackson mais bien parce qu'elle croit en ce qu'il défends, qu'elle croit en son projet aussi pour le bien des enfants. Et c'est pour eux qu'elle est prête à se mettre à la course, même si courir un marathon, même pour les enfants elle sait que c'est au dessus de ses forces. Pas grave, elle a des solutions à ce problème et une solution qui n'inclut pas d'avoir Jackson qui lui botte les fesses pour la faire avancer. Non, plutôt qu'il porte tes petites fesses, c'est mieux comme programme. Ce qui semble faire rire le patient qui a l'air bien plus détendu que quand il est entré dans la salle de soin. « Téma la princesse ! » Elle rit à son tour, surprise des gestes et de la spontanéité qui est perceptible dans la réaction de Jackson. « Et oui, princesse c'est exactement ça. Enfin quelqu'un qui reconnaît ma grande valeur. » Sa voix, ses mimiques sont accentuées pour lui donner un air de petite chose précieuse. Et si petite elle l'est, elle n'a rien de précieux même si dans l'idée Sofia a longtemps rêvé d'être une princesse juste pour rencontrer son prince charmant. Mais elle n'a plus 10 ans, ni même 20 ans, elle a connu trop de déception, elle s'est montrée parfois bien plus proche d'une méchante reine qui détruit le rêve et l'amour dans les contes, que d'une gentille princesse mais ça Jackson n'a pas à le savoir. « Peut-être que pendant la course, je verrais mon prince venir me sauver de ce calvaire et m'emmener sur son cheval blanc. » Quitte à être dans les clichés autant l'être à fond. Mais il n'existe pas de prince, et si demain quelqu'un se pointe à un marathon sur son cheval blanc, il sera sûrement l'un des mecs à éviter mais rien n'est sérieux dans leur discussion non ? « En fait, j'comptais plutôt t'inviter à sortir pour te remercier, mais si tu préfères faire du poney ... » Rien n'est sérieux, rien n'est sérieux, rien n'est sérieux. Et tu as beau te répéter en boucle cette pensée, le regard de Miles sur toi, t'obliges à baisser les yeux à nouveaux et tu es clairement incapable de montrer que tu es douée dans ce jeu. Tant pis pour toi. Elle est perturbée Sofia, et la pièce semble soudain avoir gagné quelques degrés. « Le poney c'est pas mal comme sortie. » Elle baragouine quelques mots clairement incapable de savoir comment réagir face à ce qui semble être une invitation. Mais une invitation inattendue et dans un contexte ou elle ne s'autorise pas ce genre de chose normalement. Est-il sérieux ? Se moque-t-il d'elle ? Et si c'est une blague et qu'elle réponds, vive la honte. Et si c'est pas une blague mais qu'elle ne réponds pas va-t-elle regretter ? Tu es vraiment incroyablement nulle pour ça, et après tu t'étonnes d'être seule encore à 31 ans. « Et te voir sur un poney ça pourrait être vraiment marrant, même si pour le bien du poney, vu tout tes muscles, je pense qu'il vaut mieux que ce soit toi qui le porte. » Le regard de Sofia qui s'attarde sur les muscles de Jackson au moment ou elle évoque la musculature de son patient. Les joues rouges, le regard qui se perds un peu sur le corps de Miles, la kiné Shaw a semble-t-il laissé place à la femme Sofia durant quelques instants. Elle se ressaisit pourtant, elle essaye du moins. « Mais tu n'es pas obligé de me remercier je ne fais que mon travail. » Parce qu'elle n'accepte jamais ce genre d'invitation, pas qu'elle se refuse de sortir avec un patient, si elle vient à recroiser un ancien patient dans un autre contexte et que le feeling entre eux est bon, alors elle peut se laisser tenter, mais là elle est censée être professionnelle. Censée oui, c'est le mot mais Jackson Miles semble venir perturber la kiné. « Mais si jamais je veux faire le marathon je vais avoir besoin d'un coach. » Tu as envie de l'inviter, tu en meurs d'envie. Et pourtant elle ne le fait pas. « Tu connais peut-être quelqu'un pour me coacher ou une salle pour me remettre en forme ? » Bien rattrapée Sofia, mais tu es encore toute rouge et tu auras du mal ce soir à ne pas repenser à cette séance pas comme les autres et à ce patient pas comme les autres.

Il est bien différent Jackson. Il était tendu, l'air fatigué, perturbé par un événement qui n'avait rien de banal et bien heureusement. Mais, à cet instant précis, il semble bien plus à l'aise et c'est la kiné qui dans sa propre salle de soin se retrouve à rougir et à sourire avec une certaine gêne sur le visage. Lui ne se retient pas de sourire, il semble s'amuser de la situation, de la gêne de Sofia qui est un peu trop réactif aux paroles de son patient. Il s'en amuse, et elle essaye tant bien que mal de sauver les apparences. De cacher aussi peut-être qu'elle n'est pas indifférente au charme de son patient. Mais elle n'est pas très douée pour cacher des choses. Pourtant elle s'en sort, un peu du moins, en se cachant derrière son rôle, derrière sa mission et peut-être aussi derrière sa blouse évitant de regarder l'homme devant elle pour ne pas gâcher les efforts qu'elle vient de faire pour retrouver une posture professionnelle. C'est la première fois qu'elle se sent ainsi. Perturbée mais pas de façon négative. Elle apprécie même le petit jeu sauf qu'elle n'en a pas le droit, pas ici. Et pourtant, elle sent qu'elle pourrait regretter si elle ne tente pas sa chance. Sa chance de quoi ? Elle n'a pas de réponse Sofia, mais elle le voit à sa manière de réagir que quelque chose est différent, c'est peut-être juste elle qui est différente, mais si elle n'accepte pas l'invitation de son patient, il y a en elle l'envie de l'inviter en retour. Elle se dégonfle, elle n'assume pas, mais elle n'a pas encore dit son dernier mot. « C’est certain … » Oui c'est certain, et si c'était toi? Sofia aurait tant aimé qu'il se propose pour être son coach personnel, mais elle vient de le repousser alors elle imagine qu'il n'a pas de raison de lui proposer une telle chose. Ce n'était qu'une blague la sortie, le poney, le marathon. Non, le marathon c'est pas une blague même si Sofia dans un marathon c'est une blague sans fin, comme son marathon qu'elle ne pourra jamais fini. Et pourtant, si l'idée de sortir avec Jackson semble être une idée qu'elle a encore du mal à accepter, enfin une idée, plutôt une envie devrais-je dire. L'idée de se remettre en forme est bien réelle. « Le Dojo Riley, à Toowong. »  Elle passe devant en venant au travail sur son vélo, elle vit dans cette partie de la ville et voilà que l'idée de rejoindre une salle de sport lui semble être l'idée du siècle. Non elle ne pense pas à ça pour passer du temps avec Jackson, quoique. Non, mais ça peut-être aussi un bon moyen de se motiver non ? Tu es désespérante Sofia. « Oh j'habite tout prêt ce serait l'endroit parfait. » En voilà une bonne excuse pour choisir cette salle et pas une autre. « Si Danika n’est pas là pour te recevoir, demande Mike, y’a pas meilleur pour le cardio. » Et y'a pas un coach qui s'appellerait Jackson à tout hasard dans cette salle ? Elle n'assume pas de poser les questions directement, dans un autre cadre peut-être aurait-elle trouvé le courage de le faire mais pas aujourd'hui, pas ici. « Danika ou Mike, très bien, je note, je vais leur demander de me faire travailler dur et je pourrais courir plus vite que toi, un jour. » Elle le taquine encore un peu avant de s'éloigner de la table de soin. « Allez j'ai fais le plus dur, c'est à ton tour de bosser là. Mets toi debout et voyons voir si tu retrouves ton équilibre. » Elle le regarde se mettre debout, s'installer sur le petit coussin mou qui permet de faire travailler les ligaments, et si elle observe la cheville, c'est aussi sur une vision entière sur le corps de Jackson qu'elle a actuellement. « Il y a des chances que je te croise au Dojo Riley ? » Elle assume moyennement sa question bien trop maladroite. « Enfin, je me demandais juste combien d'heure de musculation tu dois faire par semaine pour arriver à de tels muscles. » Ce n'est guère mieux comme remarques. Faut croire que monsieur cul de l'Australie a réussi à te perturber Sofia.

Jackson est sérieux, Jackson est appliqué et impliqué dans sa rééducation. Jackson est résistant, il est fort mais Jackson qui rit c'est pas quelque chose de si courant dans sa salle de soin et elle rit aussi en le voyant poser le pied par terre et perdre presque son équilibre. « Viens voir par toi-même. On adore les p'tites nouvelles. » La remarque la ferait presque rougir légèrement. Est-ce qu'il est en train de dire que lui aussi adore les p'tites nouvelles ou est-ce qu'il adore cette petite nouvelle là? Sofia est clairement déstabilisée par ce patient et il semble s'en amuser en plus. « Je suis pas si petite d'abord. » Ce n'est qu'une remarque pour ne pas montrer le fait qu'elle a bien retenue qu'il faisait partie de cette salle, et qu'il serait sans doute là un jour ou l'autre quand elle se décidera à se mettre au sport. « Maintenant cesse de me déconcentrer, j'veux réussir à toucher le sol ! » C'est à son tour de rire légèrement en levant les yeux au ciel amusée par la remarque de son patient. « Oh mais c'est que tu serais presque en train de me donner des ordres dans ma salle de soin. Tu es trop à l'aise, tu passes trop de temps ici visiblement. » Et ce n'est pas pour déplaire à miss Shaw même si elle ne l'avoue pas, pas même à elle même. C'est un patient. Un patient qu'elle trouve sexy, un patient qu'elle a plaisir à recevoir, pas uniquement parce qu'il est sexy, mais aussi parce qu'il est concentré et déterminé à suivre les consignes de la kiné. Et croyez le ou non, ils ne sont pas tous comme lui. Elle l'écoute pourtant, elle se tait et elle observe les progrès réaliser par son patient. La cheville est mise à contribution, et elle tient bien même si elle voit tout les efforts que doit faire Jackson pour tenir en équilibre. Il lui faudra encore quelques temps et quelques séances, mais les progrès sont visibles et bientôt elle sait qu'il pourra courir à nouveau sans craindre une nouvelle entorse.

Elle le quitte un peu, retrouvant son bureau tout en observant les mouvements de son patient, il est habitué, il connait les exercices et s'applique à les faire, échangeant quelques mots avec Sofia qui s'assure que la cheville se comporte bien et ne se fatigue pas outre mesure. La séance se passe bien, bien mieux qu'elle ne l'avait commencé avec la discussion sur la tentative de suicide de cette jeune fille, et c'est avec le sourire qu'elle lui dit que la séance de torture est terminée. Les yeux dans ses dossiers pour écrire le compte rendu de la séance et les progrès réalisés par Jackson, elle est distraire par la voix de son patient. « J't'attends (...) » Elle s'apprête à répondre, mais la vision qui s'offre à elle ne lui permet pas de parler. Le dos ou plutôt les fesses de Jackson sont piles dans son champ de vision et elle les fixe quelques instants avant de détourner le regard, les joues rougies par ce moment qu'elle vient de vivre. Oh putain, c'est qu'elles ont raison, c'est vraiment le cul de l'Australie. Elle finira par le dire à ses collègues, mais avant ça, elle se retient de profiter de la vue encore un peu et si ses yeux font des allers-retours entre Jackson et le mur derrière lui, elle n'ose pas parler ne sachant pas trop ce qu'il attends justement, dans cette tenue et dans cette position. Elle sent qu'il joue avec elle et elle a du mal à résister, elle a chaud, très chaud mais elle est au travail et elle ne peut pas le montrer. « ... au dojo. Passe me voir. » Elle soupire, silencieusement, mais elle se sent presque soulagée de l'entendre dire ça. C'est en tout cas sa première pensée, et sa seconde alors ? C'est qu'elle se sentirait presque déçue qu'il ne parle que du dojo finalement. « J'y manquerai pas, ce sera avec plaisir et d'ici là fais pas de folie avec ta cheville. » C'est qu'elle glousserait presque Sofia. Mais elle réalise que si elle pensait avoir renoncer à l'amour, elle ne veut pas renoncer pour autant à ce genre de moment, à ce genre de sensations, à ce genre d'échanges qui lui donnent le sourire et l'envie de plaire, l'envie de séduire, l'envie d'être une femme tout simplement. Jackson quitte la salle et pourtant elle reste là, le sourire aux lèvres et avec l'envie forte de s'inscrire à la salle de sport. Pour les beaux yeux d'un homme ? Ou juste pour ses fesses ? Elle sourit en repensant à cette vision, elle se sent encore un peu gênée mais elle réalise bien vite qu'il a tout fait pour qu'il la regarde et finalement ça l'amuse beaucoup. Et peut-être qu'à la salle ce sera à elle de le mettre mal à l'aise et de se venger, parce qu'elle ne sera plus sa kiné là bas.