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« Parce que tu ne me l'as jamais demandé peut être? » Elle marque un nouveau point, qu’il concède. « J'ai habité quelques mois à Paris et ma résidence secondaire est le palace de mon beau-père et d'Ariane, à Nice en effet. » Les mots palace et résidence secondaire sonnent à ses oreilles comme tout droit sortis d’un film. Apparemment, l’ambiance familiale semble aussi folklorique que la sienne. « Ces clichés sur les français … mais c’est super bon les escargots figure toi ! » Il écarquille les yeux tout en se reculant sur son fauteuil. Il agite la tête de droite à gauche comme s’il ne veut pas y croire. « Non ! Hiii ! Comment tu peux dire ça avec autant d’assurance ?» demande-t-il d’une voix amusée tout en ponctuant sa phrase d’une légère grimace.

« T’es déjà allée en France ? » « Jamais mis le pied en Europe » qu’il dit sur le ton de la déception. A vrai dire, il ne sait pas pourquoi il n’a jamais décidé d’aller un peu plus loins que l’Australie, Nouvelle Zélande et les états unis. A croire que l’Europe a quelque chose d’un peu effrayant. L’inconnu, la peur de l’inconnu et sans doute le fait qu’il ne prend jamais de vacances. « Je ne suis pas du genre baroudeur malgré la tête de redneck », qu’il dit en désignant de son index sa tête qui peut parfois être associée à celle d’un redneck des terres intérieures de l’Australie. « J’crois que la dernière fois que je me suis pris des vacances, c’était pour le mariage de mon frère … et c’était à Melbourne. Pas la destination de rêve pour des vacances. » qu’il doit bien admettre en levant une épaule.

Et instinctivement, il copie la position de la jeune femme pour pouvoir lui faire face. « Tu penses y retourner ? En France ? Ou est-ce-que tu as décidé de faire de Brisbane ton petit nid ? » si au début, les questions avaient eu des airs d’échanges étranges, il semblerait qu’ils prennent leur aise et apprennent doucement à faire un pas vers l’autre. « T’es sure que tu veux rien boire d’autre ? », demande-t-il dans un sursaut alors qu’il désigne d’un geste de tête la cuisine. Pas le plus agréable des hôtes s’il oublie de la mettre à son aise avec une boisson ou une quelconque attention anodine. Il se surprend à se sentir à son aise. Il se surprend à ne pas avoir envie de partir, de pas avoir envie de se faire appeler par le commissariat. Il ne pense même plus à son rendez-vous programmé pour la soirée. Il ne pense à rien d’autre qu’à celle qui est venue frapper à sa porte alors qu’il pensait ne plus jamais la revoir … ou alors pas de si tot. Et sans s’en rendre compte, il boit ses paroles. Son regard se pose sur ses lèvres et alterne entre ses lèvres et son regard.

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« Arrêêête, t'as jamais goûté! Tu changerais vite d'avis, j'en suis sûre! » Il penche la tête sur le côté, pas du tout convaincu à l’idée de déguster ce genre de spécialités.

« Hm.. j'te voyais bien justement être un baroudeur. Torse nu avec ton sac à dos » Il arque un sourcil tout en posant son regard sur une Mara, qui est sérieuse et qui semble vraiment l’avoir imaginé de la sorte. Il esquisse un sourire amusé. « Torsu nu avec un sac à dos ? C’est comme ça que tu m’imagines ? » demande-t-il amusé sur un ton taquin mais il est prudent, il sait qu’il ne veut et ne doit pas faire la moindre allusion. Quelqu’elle soit. « Melbourne, je suis née là-bas tiens. » Il prend note tout en finissant sa bouteille de bière qu’il laisse prendre place aux côté de son bouquin auquel il ne pense même plus. Il remarque qu’avec sa question sur un potentiel retour en France, elle est un peu plus pensive que d’ordinaire. Apparemment, la France est un point important de son histoire. « Je suis ici pour l’instant. On verra dans les mois à venir où la vie nous portera. » « Une attitude que je respecte. » dit-il avec le plus grand des sérieux. Se laisser porter. Ne pas trop faire de plan sur la comète. Préférable pour ne pas se faire décevoir ou anéantir par les aléas de la vie. Une attitude prudente bien que certains interprétaient cela comme une fougue, une folie.

« J’ai encore mon verre d’eau, ça me suffit. Être une star m’oblige à avoir un régime strict ! D’ailleurs les escargots … c’est loin d’être dans mon régime » « La malbouffe et le houblon, c’est mon régime à moi. » qu’il dit sur le même ton de l’humour. Il finira par mourir en crachant ses poumons à cause des clopes qu’il consume bien trop souvent, tout comme la malbouffe qu’il engouffre par simple flemme de cuisiner. D’ailleurs, s’en griller une le tente mais il se retient. Pourquoi ? Il n’en a pas la moindre idée. Car il a peur peut-être de cligner des yeux et de la voir prendre la poudre d’escampette.

« Je sais pas qui t’harcèle, mais je pense que t’as intérêt de répondre.» Il lève un sourcil et tourne la tête vers la table dans la cuisine. Est-ce-qu’elle a raison ? Devrait-il se lever ? « Le boulot appelle, n’envoie pas de message. », qu’il dit avec la plus grande simplicité. « Est-ce-que c’est vraiment si difficile à croire que je veuille passer un moment avec toi, rien qu’avec toi ? » et son regard se fait un peu plus perçant, comme s’il essaie de lire ce qui se cache derrière le masque de la jeune femme. Ses lèvres s’étirent en un sourire rassurant. Car, c’est ce qu’il se passe. Il n’a d’yeux que pour elle. Elle est désormais au centre de son attention.

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« J’ai connu ça y'a quelques temps, mais dans l'excès, alors bon... En France, impossible de ne pas boire! Tu sais le vin, tout ça. » A mille lieux de s’imaginer son problème alimentaire, il laisse échapper un éclat de rire tout en acquiesçant d’un signe de tête. Il connait que ça des français : les escargots et le fin, et un drôle d’accent chantant qu’ils ne parviennent jamais à s’en défaire. Dans la majeure partie du temps. « J’imagine — pour oublier qu’on engloutit de minuscules escargots », surenchérit-il sur le ton de la plaisanterie.

Et ils redeviennent plus sérieux.
Sa question est plus personnelle. Il veut en savoir plus sur elle. Vraiment. Sur ce qui se cache derrière cet air de glace, cette distance et ces barricades qu’elle bâtit sans cesse entre eux, sans la moindre raison. Il vient de mettre les pieds dans le plat. Pour la première fois, il s’approche d’une zone sensible. « Oui, c’est difficile pour moi de croire que quelqu’un puisse être sincère avec moi. » La sincérité de la jeune femme le surprend, car normalement elle les dissimule ses fêlures. Mais ces fêlures la rendent encore plus intrigantes et son regard s’attendrit presque automatiquement. « Tu sais, la dernière personne que j'ai fréquenté continue de m'humilier publiquement. Sa seule intention étant de.. j'en sais rien en fait. Mais bon, qui me dit que tu vas pas finir toi aussi, par salir mon image médiatique? » Première fois qu’elle parle de son passé, de son intimité, d’une relation passée. Et, il prend conscience que sa notoriété n’est pas que positive. Comme quoi la banalité de sa vie peut avoir du positif, quand on y réfléchit bien. « C’est ce qui t’inquiète ? Si c’est ce qui t’inquiète, je peux tout de suite te rassurer … je suis absolument une merde en ce qui concerne les réseaux sociaux. Je dois avoir quoi 50 amis sur Facebook et pas plus sur Instagram. L’archétype du mec lambda. », qu’il répond d’une voix rieuse même si ce n’est que la stricte vérité. « J’suis pas doué pour mentir — depuis gamin, mes mensonges ressemblent toujours à des synopsis de films hollywoodiens, je ne prends plus le risque de mentir depuis que j’ai seize ans. Sans pour ça que j’ai que les 50 amis sur facebook » Un regard complice.

Il se lève et se dirige vers son téléphone portable qu’il lui montre et qu’il éteint sans même prendre le temps de jeter un coup d’oeil aux différentes messages reçus.

« Donc … quand je te dis que j’ai envie que tu restes et que j’ai envie d’en savoir un peu plus sur toi, tu peux être certaine que c’est le cas. » dit-il en rejoignant sa place sur le canapé, reprenant sa position initiale. « Le truc relou, c’est qu’il va falloir qu’on se fasse confiance sur ce coup là. » et il lève les épaules. Il utilise le « on » car ils sont tout les deux sur le même bateau, à s’apprivoiser et à se faire confiance. A petits pas.

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« T’as tout compris ! Et après, on mange des cuisses de grenouilles parce qu'on est pas assez rassasiés ! » Nouvelle grimace bien qu’elle soit accentuée par un sourire amusé.

« Les réseaux sociaux c'est qu'une partie du négatif. Tu n'imagines pas le nombre de choses qu'on a pu me faire. Enfin, t'en vois une partie avec le fou que j'obsède. Les français sont un peu délirants des fois. Un jour, j'ai retrouvé mon string pendu au lampadaire en face de chez moi. » Oliver fronce les sourcils avant de secouer la tête, choqué. Il ne s’attend pas du tout à cette anecdote et on peut voir à son comportement qu’il oscille entre laisser échapper un éclat de rire et s’en offusquer. Les français sont donc bel et bien délirants, plus délirants que certains australiens. La messe est dite. « Woh ! » s’échappe de ses lèvres. « Woh ! » qu’il répète toujours aussi choqué que lorsqu’il a prononcé son premier woh. « Ils ont de la créativité les français, tu peux pas leur enlever ça. » Il s’installe davantage confortablement sur sa place. « Sérieusement ? Je crois que je peux te confirmer que je ne peux m’imaginer une seconde ce que tu as pu survivre comme choses creepy. » Et, il remercie le ciel de ne pas avoir à affronter ce genre de choses. Il se demande néanmoins comment elle fait pour vivre avec ce risque, avec ces fous, avec ce fou qui squatte devant chez elle … pour quoi ? Pourquoi ? Sa banalité, il l’admire et l’aime bien plus quand il entend ce genre d’anecdotes. Ici, elle est en sécurité. Il est le locataire moyen. Il vit dans un quartier banal, dans une rue anodine. La banalité comme on l’aime.

Quand il reprend place à ses côtés, le ton est un peu plus sérieux sans pour autant être solennel. Le sujet est tout simplement un peu plus sérieux. Question de confiance. Question de au moins déposer quelques armes ; tout le monde sait qu’ils seraient incapables de se délester de toutes. «Je te promets rien mais ok. » « C’est un bon début — je prends. » qu’il dit tout en lui adressant un sourire complice. Il prend car il n’a pas le choix. Elle ne lui laisse pas le choix.

« Je te proposerai bien une soirée pleine de folies et de rebondissements …» Il jette un coup d’oeil circulaire dans son appartement. « …mais comme tu peux le constater, mon appart’ est plutôt sommaire. Je peux te proposer de mater un film ; pas sur qu’il y ait quelque chose d’interessant, je dois avoir un jeu de cartes … et quelques bouquins.» Il arque un sourcil. « A moins que tu ne veuilles me révéler une anecdote farfelue provenant de ta vie … ou pire encore, me poser une nouvelle question qui me mettra mal à l’aise pour quelques secondes. »

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Alors qu’il lui annonce avoir l’appartement le plus emmerdant de la planète, il aperçoit une étincelle venir illuminer son regard. Il ne parvient pas à cacher sa surprise quand il la voit se rapprocher de lui pour venir s’installer à califourchon sur lui. Instinctivement, ses mains se posent sur ses cuisses et son regard vient se perdre dans le sien. « Les choses simples sont les meilleures. J’ai déjà trop d’artifices dans ma vie, pas besoin d’essayer d’être impressionnant » Son sourire s’étire alors qu’il ne lui coupe pas la parole. « On peut regarder ton film préféré ou … tu peux me révéler ce qui fait ta passion pour ton métier ? » Il se mordille l’intérieur de la joue alors qu’elle a noué ses doigts derrière sa nuque, anéantissant quelques centimètres qui les séparent. Néanmoins, il ne cille pas. Il ne bouge pas. Il garde les mains posées sur elle mais il ne s’aventure à rien. Il ne cède pas. Pas même à l’envie de venir lui couper la parole en prenant possession de ses lèvres. Il lui a dit : pas de partie de jambes en l’air ce soir. Il lui a dit et est un homme de paroles. « Ma passion pour mon métier — laisse-moi rassembler mes esprits » qu’il dit pour commencer sur le ton de la plaisanterie, faisant allusion au fait que cette promiscuité pouvait être quelque peu bouleversante.  

« Je me suis pas engagé par passion mais plutôt par dépit - y’a mieux pour vivre son rêve. » ironise-t-il. Il doit bien avouer qu’être officier de police avait été au début une pensée pour plaire á son père, lui montrer que son avis comptait quoiqu’il arrive, quoiqu’il en dise. Sa réaction avait réduit le tout à néant. Les années passées, il s’était découvert une passion pour son boulot qui avait de plus en plus de sens. « Ca va peut-être sonner un peu débile mais je crois que l’idée de pouvoir faire la différence … j’crois que c’est ce qui me pousse à me lever chaque matin. L’idée de pouvoir rendre ce monde un peu moins pourri et de donner un petit coup de main à ceux qui n’ont pas les armes pour se défendre. »  Il rigole avant de laisser tomber sa tête en arrière, se reposant sur le dossier du canapé. « Rien qu’à m’entendre parler, j’ai envie de m’en coller une. L’arrogance du mec … » qu’il dit d’une voix chantante en faisant les gros yeux comme s’il ne parle pas de sa propre personne.

Est ce de l’arrogance ou est ce la simple vérité ? Être quelqu’un de bien. Essayer d’être quelqu’un de bien, de faire le bien autour de lui. D’équilibrer la balance qu’il a vu de trop nombreuses fois penchées dans un mauvais côté. Il redresse doucement la tête pour planter son regard dans celui de la jeune femme qui est cette fois ci parvenue à le déstabiliser.

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« C'est vraiment mignon l'arrogance je trouve!» qu’elle chuchote ironiquement tout en venant passer une main dans ses cheveux et attire aussitôt de nouveau son attention.

« Je trouve ça cool comme métier. C'est gratifiant de venir en aide aux gens.» Il acquiesce. C’est gratifiant mais il y laisse des plumes. Chaque jour, il y laisse quelques plumes. Car les soucis des autres éclaboussent. C’est toujours la même chose. Il ne fait pas que réparer, trouver des solutions. Les plaies de ces victimes, des familles laissent toujours des marques indélébiles. Les années de service le lui montrent et il n’a plus la force de les ignorer. Il vit avec. « Et puis tu vois, tu rencontres des jolies jeunes filles, qui roucoulent dans tes bras après… Et le chevalier servant Dawson arrive en courant pour sauver sa princesse dans sa course de verre !»  qu’elle ponctue tout en agitant les bras et en prenant une voix de narrateur de contes. Un éclat de rires s’échappe de ses lèvres alors qu’il tapote ses cuisses tout en secouant la tête de droite à gauche. « J’avais oublié cette partie là du boulot, c’est vrai.» qu’il dit tout en prenant un faux air pensif. Il fixe même le plafond pendant quelques secondes. Mais, ce qu’il vit avec elle est bel et bien une première, une première dont il ne devait surtout pas parler. Il ne doit pas vivre ce genre de relations avec de potentielles victimes. Cela provoquerait toujours des soucis. Et il s’en rendrait compte tôt ou tard. A bien s’en souvenir, il ne sait pas pourquoi tout a été différent avec elle. Sa vulnérabilité. Le fait qu’elle ait été si directe, glaciale, sure et directive. Le fait que son regard l’a envouté à la minute où elle a planté son regard dans le sien. Possible. « J’ai plutôt tendance à oublier ma vie privée au grand dam de ma mère, d’ailleurs. » finit-il par dire avec un peu plus de sérieux.  « Si tu te permets de dire que j’ai une sale tête, elle est bien moins polie et diplomate pour mentionner les services que je peux enchainer. Pas vraiment le temps pour les jolies jeunes filles qui roucoulent … » … ce qui signifie qu’elle est une exception ?

Ses doigts ont repris place sur les cuisses de la jeune femme, et il s’en rend compte quand le bout de ses doigts se met à brûler et l’invitent à des gestes qu’il ne s’autorise pas. Alors, il laisse glisser ses mains pour qu’elles viennent prendre place sous sa nuque. « Je préfère de loin ta version du chevalier servant qui vient sauver la princesse. Beaucoup plus vendeur. » qu’il dit en hochant la tête à sa propre remarque qui est bien évidemment prononcée sur le ton de la plaisanterie. Une de ses mains s’échappe de sous sa nuque pour venir effleurer du bout des doigts sa joue et l’arrête de sa mâchoire. Son regard n'est plus concentré sur ses yeux, non. Son regard fixe désormais ses lèvres et il s'en rend compte quand il prend conscience que sa nuque s'est tendue vers elle ... il s'arrête au milieu de sa course et se pince les lèvres pour finalement plonger son regard dans le sien. Un sourire aux lèvres et il laisse de nouveau poser sa tête sur le rebord du dossier.

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« Alors je pense que je m'entendrais bien avec ta mère si on est d'accord pour dire que t'as une salle tête et que tu travailles trop. » « Est-ce-qu’on peut arrêter de parler de ma sale tronche pour quelques minutes ? », qu’il dit sur le ton de la plaisanterie. Pas que cela le dérange en fin de compte. Simplement qu’il cherche à rendre la situation moins sérieuse, tout comme elle. Les deux apprentis en relations humaines sont en train de s’apprivoiser et disons que c’est plus difficile mais ils y arrivent. Ils s’apprivoisent. Pas à pas.

L’envie de rompre les centimètres qui les sépare, il la met dans un coin de son esprit et se laisse tomber dans le dossier du canapé. Il ferme les yeux pendant quelques secondes pour se concentrer, se re-concentrer. Le silence s’impose de nouveau entre eux. L’élément supplémentaire de leur duo, leur invité aujourd’hui surprise. « Ma version reste quand même très enfantine. » dit-elle après s’être raclé la gorge. Avec ces quelques mots, elle rompt le silence qui s’est installé entre eux. Un silence auquel ils s’étaient habitués par le passé et qui cette fois-ci était étrange. Il redresse la tête une nouvelle fois pour la regarder. « Ca donne un petit côté craquant. », qu’il dit tout en plongeant son regard dans le sien. Le côté craquant vient surtout du fait que cela vient de sa bouche, de ses lèvres, d’elle. Ses doigts viennent jouer avec le pan de son haut et son regard se baisse même sur ses doigts pendant une ou deux secondes. « Tu sais que tu ne me rends pas la chose facile … » commence-t-il par dire tout en reposant son regard dans celui de la jeune femme. « Toi, comme ça, si près … », il continue et sa voix semble presque s’éteindre pour devenir un murmure. Et il se redresse doucement et au fur et à mesure que les mots s’échappent de ses lèvres, il s’approche d’elle sans la quitter du regard. « J’ai cette fâcheuse envie — » Il n’est désormais qu’à quelques centimètres de ses lèvres et peut même venir sentir son souffle venir se confronter au sien. Son regard quitte ses yeux pour se poser sur ses lèvres. Une seconde. « — de t’embrasser … » Ce ne sont plus que quelques centimètres qui les séparent et il pourrait presque voir la chaire de poule que provoque ce rapprochement dans son cou. Sa main est venue se poser sur sa joue, le bout de ses doigts se perdant dans sa crinière dorée. « … vraiment envie » répète-t-il alors qu’il sent son palpitant venir battre un peu plus fort dans sa cage thoracique.

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Les doigts de l’enquêteur presse doucement les hanches de celle qui laisse pendant un court instant tomber les dernières barrières dressées entre eux. Pendant ce court instant, il s’imagine déjà pouvoir goûter à ses lèvres une nouvelle fois. Pendant ce court instant, il a presque l’impression de se voir avec elle, dans ses draps, les jambes entremêlées et un sourire amusé et satisfait sur leurs visages. Mais, elle le ramène tout droit dans la réalité en se levant brusquement. Il ne manque que le pouf comme dans les comics quand un magicien disparait brusquement. Pouf. Plus de Mara. Elle s’échappe de ses mains pour le laisser, affalé dans le dossier du canapé, le regard fixant le plafond et un bas ventre qui s’agite. Il se pince les lèvres alors qu’elle dévore son verre d’eau comme si elle s’échappait d’un road trip dans le Sahara. Lui, il essaie de se concentrer sur ce corps qui a une longueur d’avance sur lui. Passant les mains sur son visage à plusieurs reprises, il se redresse pour pouvoir la suivre du regard se diriger vers le balcon qui donne sur la rue animée.  « Je peux ?» qu’elle demande tout en ayant d’ores et déjà la cigarette entre ses lèvres. Elle fume. Nouvelle anecdote qu’il ne connaissait pas. « Encore un truc que j’ignorais sur toi » Prenant appui sur le dossier du canapé, il se redresse pour la rejoindre sur le balcon.

L’odeur du tabac vient lui chatouiller les narines et aussitôt sa dépendance pour la nicotine se réveille. Bordel ! La nicotine, c’est vraiment son péché. « Certainement mon plus grand défaut - la clope. » qu’il dit d’une voix rieuse. « Que je fume, ok … mais je pensais que toi, tu avais un mode de vie plutôt sain. Je me suis planté sur toute la ligne ? C’est ce que je me dis quand je te vois tirer sur ma clope. » Il ajoute cela tout en levant un sourcil, sourire aux lèvres. La version de mara qu’il découvre au fur et à mesure ne semble pas lui déplaire ou l’effrayer ; au contraire. Il est vrai qu’il a toujours cru qu’elle faisait partie de ces personnes qui sont saines, healthy. Des personnes qui prennent soin de leur corps, mangent et boivent que des choses saines et font du sport régulièrement. Il est à des années lumières de la réalité mais ça, il ne le sait pas encore.

« J’vais vite fait prendre une douche - demain je dois être au boulot à l’aube et … t’as dis que j’avais pas à t’impressionner alors … une nouvelle chose que tu ignorais, j’essaie de prendre en main mon manque de sommeil » … ouais enfin c’est plutôt ses supérieurs qui lui ont demandé de se ressaisir. Il tapote sur la baie vitrée du plat de la main comme pour se motiver à se bouger. « Fais comme chez toi. » Un acquiescement de la tête pour finalement disparaitre pendant quelques minutes.