Ils ont un suspect. Tout ce dont ils ont besoin, c’est de preuves. Ils savent que c’est lui. Ou tout du moins, Charlie sait que c’est lui. Elle veut que ce soit lui, parce qu’il est le deuxième que tout pourrait accuser, et parce que cela signifierait aussi que cette histoire n’a rien à voir avec les activités sordides du père de Colin, ce que pensent pourtant bon nombre de ses collègues. Ils ne sont même pas sur l’affaire mais ne manquent jamais une pause café pour lui faire part, à elle ou à Anwar, des fins déductions de leur esprit aiguisé. Tout ce qu’ils font, c’est se contenter de la facilité. L’Australie ne connaît pas beaucoup de tueurs, encore moins en série, et encore moins sévissant dans le Queensland. Tout ce qu’ils ont à faire, c’est ouvrir le premier article venu et suivre les mêmes conclusions d’un pigiste embauché sur le tard, pour accumuler tous les synonymes de “mort” et les mettre dans un seul article. Ça vend, ça plaît ; et ça fait oublier à tout un chacun que cette fille était autrefois une personne bel et bien vivante, qu’ils ont peut-être connu il y a longtemps.

Depuis quelques jours, elle a perdu son éternel sourire, sans doute un peu trop hantée par la réaction du père lorsqu’ils ont dû lui annoncer l’identité du corps retrouvé: sa propre fille. Elle avait beau être portée disparue depuis près de vingt ans, il continuait à garder espoir, comme n’importe quel être humain l’aurait fait à sa place. Sa façon à elle de faire face à la situation - outre le simple fait de faire son travail pour que l’enquête soit résolue - consiste à utiliser tous les moyens à sa disposition pour parvenir à son but, ce qui comprend notamment l’utilisation de son répertoire, comme par exemple le nom d’Andrea. Elle sait très bien comment son ami occupe la majeure partie de ses journées et si elle ne cherche généralement pas à en savoir davantage, pour ne pas avoir à volontairement fermer les yeux face à des activités sans doute peu légales, cette fois-ci elle jure que le contexte est différent et qu’elle a une bonne raison de lui avoir demandé de faire quelques recherches supplémentaires sur ce Conrad Peyton. Il y a forcément quelque chose à trouver à son sujet, parce que personne ne se retrouve sur la liste des suspects d’une affaire de meurtre par hasard. Quand bien même leur liste est encore très grande, cela n’a aucune importance. Des indices le relient à l’affaire, il leur reste simplement à en trouver davantage, ou alors à trouver un mobile. Et à ce moment-là, elle jure qu’elle ne se vantera même pas d’avoir eu raison face à Anwar alors qu’il faisait de toute évidence fausse route depuis longtemps.

Ses mains autour de son mug de thé (la trentaine arrive à pas de course), elle prend distance avec cette chaleur rassurante uniquement au moment où elle aperçoit Andrea passer une tête dans le bar à son tour. Charlie se lève pour brièvement la prendre dans ses bras, incapable de se contenter d’un ‘salut’ comme la plupart des gens. “Chocolat chaud. Et muffin aux doubles pépites de chocolat.” Elle lui présente la table avec un sourire, ayant déjà commandé pour elle ce qu’elle lui avait demandé, comme convenu. C’est peu cher payé pour les heures qu’elle a dû passer à écumer internet et ses bas-fonds, après tout, et Charlie la paie surtout avec une gratitude inégalable. “Je te jure qu’on discutera de la pluie et du beau temps après mais… je dois te demander ce que t’as trouvé.” Andrea ignore les raisons derrière cette demande soudaine de recherches sur Conrad, et si elle peut aisément se douter que cela a à voir avec une de ses affaires, elle ne sait pas laquelle. Et tant mieux, cela permet au moins d’assurer une certaine partialité dans ses recherches - et surtout de ne pas assurer le renvoi illico presto de ses fonctions pour Charlie.

dirty paws
@Charlie Fawcett   

Conrad Peyton. Le nom paraissait assez unique pour qu’une recherche aboutisse. Enfin c’est ce qu'Andrea c’était dit en recevant ce nom par texto. Charlie lui avait demandé de lui sortir ‘les trucs louches’ de la vie de cet inconnu et Andy c’était exécutée, sans poser de question. Elle ne savait évidemment pas ce que son amie voulait qu’elle trouve, alors elle n'avait rien laissé rien au hasard. Ceci étant dit: Andrea ne pensait pas avoir à faire à un grand criminel puisque monsieur Peyton n’utilisait même pas un VPN et laissait trainer tout un tas de données un peu de partout sur internet. IP, adresse, téléphone, numéro de carte bancaire, liste de sa dernière commande Amazon, ses mails, les vidéos YouTube qu’il avait liké… Après deux/trois jours de recherche Andrea avait stocké tout un tas d’information sur la cible, sans pour autant avoir l’impression de tomber sur quelques chose de véritablement inquiétant ou incriminant à ses yeux… Enfin, sauf si aimer les petit poney quand on était un adulte était un crime, évidemment.
Son ordinateur dans son sac à dos, elle avait pressé le pas jusqu’au DBD où Charlie lui avait donné rendez-vous. Passant sa tête par la porte du café, elle remarquait rapidement la blonde, la prenant dans ses bras avant de tirer sa chaise pour s’installer en face d’elle, posant sont sac à dos sur ses genoux. « Chocolat chaud. Et muffin aux doubles pépites de chocolat. » « Wow, doubles ? dit donc, t’hésite pas ! » lâchait-elle en pouffant de rire, attrapant déjà la tasse de chocolat chaud, soufflant un peu sur la surface avant d’en prendre une petite gorgée. « Je te jure qu’on discutera de la pluie et du beau temps après mais… je dois te demander ce que t’as trouvé. » Andrea hochait lentement la tête en reposant sa tasse, restant premièrement silencieuse pour rapidement croquer dans le muffin. « Je prend de l’avance avant que tu n'le récupère… » notait-elle la bouche à moitié pleine, sachant rapidement, tout de même l'air satisfait face à ce muffin délicieux. « J’ai pas l’impression d’avoir trouvé grand chose... » annonçait-elle enfin, reposant le muffin entamé dans sa petite assiette, avant d’essuyer ses mains sur sa serviette en papier et de tirer son ordinateur portable de son sac à dos. « Déjà il est franchement pas prudent sur internet, donc je n'sais pas ce que tu cherches, mais monsieur Peyton a pas l’air super rusé... Même moi je serais une criminelle plus convaincante. » expliquait-elle, ouvrant le capot de son ordinateur, déjà allumé, le déverrouillant de son emprunte digital pour ouvrir un document texte sur lequel elle avait tout sauvegardé, capture d’écran à l’appuie. « Donnés bancaire, numéros de sécu … j’ai tout trouvé sans trop de difficulté. » avouait-elle. Parfois ça lui faisait un peu peur de voir avec quel facilité on pouvait obtenir ce genre d'information. Tout le monde n'était pas aussi imprudent que Conrad Peyton, heureusement.« Pas de trace de lui sur le dark web, ce qui est plutôt rassurant. » Elle doutait qu'il sache comment y accéder a vrai dire. Elle descendait la page du fichier arrivant sur des captures d’écran d’historique internet. « Sauf si My Little Poney est une sorte de secte... je n'vois pas trop ce que tu pourras faire de tout ça. » concluait-elle en haussant les épaules, repoussant un peu l’ordinateur vers Charlie pour qu’elle voit d’elle même. « Ceci dit, hier il a regardé un tuto pour faire un couscous. J'ai testé du coup et c'était vraiment très bon ! » ajoutait-elle très sérieusement, reprenant un morceau de muffin.

Elle soigne ses amis, mais elle soigne surtout ses amis qui peuvent l’aider à obtenir des informations, bien sûr. Ce n’est pas la raison pour laquelle elle parle à Andrea quasiment au quotidien, mais disons simplement que c’est une aide supplémentaire qui est particulièrement non négligeable - et ce peu importe ce qu’en dit le protocole au sein de la police, ou tous les rapports dont elle exclut évidemment l’aide précieuse de la blonde. Ce n’est pas légal et, de facto, cela n’existe officiellement pas. Elles sont deux amies partageant un café, rien de plus. « Wow, doubles ? dit donc, t’hésite pas ! » L’ironie est évidente, et Charlie y répond avec un sourire simple et heureux. Elle espère sincèrement qu’Andrea vient avec les informations qu’elle espère et, en réalité, elle n’en doute pas même une seule seconde. « Je prend de l’avance avant que tu n'le récupère… » Andrea souligne une seconde fois en parlant du muffin, lequel Charlie avait déjà oublié, sans doute un peu trop obnubilé par son enquête et l’importance de cette dernière. Il est question d’une personne décédée alors oui, bien sûr que tout a son importance. “Ne t’en fais pas.” qu’elle se contente de répondre, assez distraitement. La nourriture est effectivement le cadet de ses priorités pour l’heure.

« J’ai pas l’impression d’avoir trouvé grand chose... » Elle joue le suspens, prenant le temps de reposer le muffin que Charlie ne lui laisse pas vraiment manger, déjà occupée à sortir son ordinateur portable de son sac. Pour peu, elle jurerait faire partie d’une scène de ces films d’espionnages américains. En réalité, elle se contente simplement de faire son travail par des biais détournés et, de ce fait, risquer plus que jamais sa position. “Pas grand chose à quel point ?” La blonde demande, sincèrement soucieuse. Elle ne veut pas avoir tort. A une infinité de niveaux, elle ne doit pas avoir tort, parce que cela finirait par inclure des conséquences qu’elle ne veut même pas imaginer dans son quotidien, ou sa vie professionnelle, ou même auprès de son entourage. Parce que oui, il a beau s’agir de son travail, son entourage n’en serait pas épargné, et une personne toute particulière surtout. « Déjà il est franchement pas prudent sur internet, donc je n'sais pas ce que tu cherches, mais monsieur Peyton a pas l’air super rusé... Même moi je serais une criminelle plus convaincante. » Charlie grince des dents lorsqu’elle utilise le terme de criminelle, refusant encore de lui dire dans quel genre d'affaires trempe possiblement Monsieur Peyton. Pour autant, il est évident qu’elle demande des informations à son sujet pour des questions professionnelles, et non parce qu’elle l’a dans son viseur - elle est en couple et heureuse, rappelons-le. “Les apparences sont bien souvent trompeuses. C’est pour ça que j’ai besoin de ta magie.” Il existe bien souvent un gouffre immense entre les personnes que semblent être les individus qu’ils rencontrent et celles qu’ils sont réellement, une fois leurs écrans d’ordinateurs redressés et les volets de leurs appartements refermés. « Donnés bancaire, numéros de sécu … j’ai tout trouvé sans trop de difficulté. » Et quand bien même ce n’est pas ce qui intéresse Charlie, elle ne peut s’empêcher de trouver la chose plutôt remarquable - et encore une fois, de prendre peur quant à ses propres données, qui pourraient sans doute être recueillies tout aussi rapidement. « Pas de trace de lui sur le dark web, ce qui est plutôt rassurant. » Ce qui n’est pas une preuve en soi pour autant. Ne pas être allé en Chine ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas complicité avec l’ennemi, par exemple. “Il a peut-être ses groupes privés et ses contacts déjà établis.” Peu importe le sujet dont il est question. Des fous, il en existe partout, et tous ne sont pas aussi doués pour accéder à cet espace sombre d’internet.

« Sauf si My Little Poney est une sorte de secte... je n'vois pas trop ce que tu pourras faire de tout ça. » - “Sérieusement ?” Souffle-t-elle, très clairement dépitée par la situation, et ne le devenant qu’un peu plus encore lorsque ses yeux se posent sur l’historique internet dudit Conrad, qui ne montre absolument rien d’étrange (toutes proportions gardées, parce que les historiques sont toujours particuliers). « Ceci dit, hier il a regardé un tuto pour faire un couscous. J'ai testé du coup et c'était vraiment très bon ! » Et si Andrea se permet de prendre les choses aussi simplement, ce n’est pas le cas de Charlie, dont le visage se retrouve momentanément caché par ses mains qu’elle passe dessus, grognant comme le ferait une enfant. “T’es remontée jusqu’à où ?” Un mois ? Six ? Un an ? Cinq ? L’affaire est ancienne, peut-être qu’il s’est tenu à carreau depuis et peut-être que cela expliquerait par la même occasion l’absence de preuve. Il y a sans nul doute une explication à tout ça. “Il aurait pu trouver le moyen de te berner ? Tout le monde peut jouer au gars lambda, je veux dire. Il existe d’autres façons de supprimer ses activités sur internet ?” Elle veut avoir raison, et pour une fois ce n’est même pas une question d’ego. Elle veut protéger son ami, voilà tout, et elle le fera même si elle estime qu’il ne le mérite plus, peu importe ce qu’il en coûte.

dirty paws
@Charlie Fawcett   

« Pas grand chose à quel point ? » La pauvre allait être déçue et Andrea expliquait que monsieur Peyton n’était pas bien rusé, comme pour préparer le terrain et aider Charlie à revoir ses attentes à la baisse. « Les apparences sont bien souvent trompeuses. C’est pour ça que j’ai besoin de ta magie. » assurait-elle, elle avait l’air pleine d’espoir, Andréa avait presque de la peine de lui dire ce qu’elle avait trouvé. Et on voyait bien que Charlie ne voulait pas y croire, elle semblait se convaincre elle même qu’il y avait autre chose, quelque chose que Andy n’avait pas trouvé. « Il a peut-être ses groupes privés et ses contacts déjà établis. » Andrea grimaçait un peu, faisant défiler le pdf sur une liste de contacts, justement. Nom, prénom, numéros de téléphone. C’était peut-être ça les contact dont Charlie parlait? Rien de bien secret visiblement. Quoi qu’il en soit, l’informaticienne était vraiment dubitative quand à l’utilité de infos qu’elle avait récupéré, surtout cette histoire de petit poney. « Sérieusement ? » « Yep. Son poney préféré c’est Rainbow Dash. Elle a une crinière de couleur d’arc-en-ciel, donc ça se comprend, je pense que ce serait ma préféré aussi. » Déclarait-elle très sérieusement, avant d’évoquer le délicieux couscous qu’elle avait fait grave à Conrad. « T’es remontée jusqu’à où ? » « Hm… » Elle retirait l’ordinateur vers elle, parcourant le fichier alors que Charlie grognait déjà, la visage caché derrière ses mains. « …deux-mille…six. » annonçait-elle un peu hésitante, sentant bien que ce qu’elle annonçait à son amie ne lui plaisait pas. Elle n’aimait pas décevoir les autres, de manière général, alors elle sentait son ventre se noué face à la déception de la blonde. « Avant ça y’a rien. » se risquait-elle d’ajouter, comme pour s’assurer que Charlie la comprenait bien. « Il aurait pu trouver le moyen de te berner ? Tout le monde peut jouer au gars lambda, je veux dire. Il existe d’autres façons de supprimer ses activités sur internet ? » Andrea prenait une rapide gorgée de son chocolat chaud avant de secouer lentement la tête. « Non. Enfin, je doute qu’il berne qui que ce soit. Le mec à Googlé pour savoir si c’était normal d’avoir un bouton rouge sur le pénis. Donc à partir de là, clairement, je pars du principe qu’il ne cherche pas à cacher de quoi que ce soit. » expliquait-elle, grimaçant un peu. Elle avait vu les pornos qu'il cherchait, les questions existentiels qu'il posait à google, ses conversations par mail avec sa femme, bref, Andy n'était pas de la police mais vraiment elle n'avait rien trouvé qui sorte de l'ordinaire. « Il a pas l’air de savoir ce qu’est un VPN, ni de s’avoir utiliser la navigation privé de son navigateur… Puis il ne supprime rien. Clairement. Et même s’il le voulait on n’peut pas tout effacer, c’est impossible, même moi je n’saurais pas effacé totalement ma trace sur internet, ya des trucs qui ont été archivé depuis bien longtemps et qui seront du coup toujours dispo…. » assurait-elle, un air désolé sur le visage. « Bref. S’il joue les mecs lambda il le fait depuis qu’il a commencé à utilisé internet, avec son premier compte Facebook, qu’il a utilisé deux mois avant de perdre le mot de passe et d’en créer un autre. » Elle poussait la petite assiette où se trouvait son muffin pour en proposer à Charlie. « Et il a trois mots de passes, qu'il utilise pour tout et l'un d'entre eux est, tiens toi bien : "un, deux, trois, quatre, point d'exclamation". » Elle scrutait le visage de Charlie, un regard désolé, même si au fond elle n'y pouvait rien. « Après, c'est peut-être un méchant, mais il ne fait rien de méchant sur internet... » concluait-elle comme dans l'espoir de faire relativisé Charlie qui avait l'air vraiment dépité par le rapport de Andrea. « Je te forward le pdf par mail, tu le feuilletteras plus en détail quand tu voudras, sait on jamais, peut-être que t'y verras un truc que j'ai pas vu. »

« Yep. Son poney préféré c’est Rainbow Dash. Elle a une crinière de couleur d’arc-en-ciel, donc ça se comprend, je pense que ce serait ma préféré aussi. »
“Bordel de merde.”

Andrea en rigole peut-être, mais ce n’est certainement pas le cas de Charlie, pour qui la conversation est on ne peut plus sérieuse. En réalité, ce sont surtout les conséquences et la portée de cette dernière qui le sont. Elle n’en veut pas à son ami, qui ne peut pas deviner l’importance de l’enquête derrière, mais sans doute qu’elle aimerait qu’elle montre un peu plus de sérieux. Elle se doute qu’elle ne lui a pas donné un nom au hasard simplement pour occuper son après-midi ou retrouver un ex dont elle s’est soudainement souvenue en plein milieu de la nuit - quoi qu’à ce sujet, elle en aurait été capable. Après avoir soufflé un instant, pour prendre sur elle et se calmer, elle reprend le flot de ses questions à l’égard d’Andrea, commençant par lui demander jusqu’où remontent ses investigations. « …deux-mille…six. Avant ça y’a rien. » Merde, merde, merde. Voilà tout ce qu’il y a à en retenir: merde. 2006, c’est bien suffisant. Cela veut dire qu’elle a parcouru toute la plage nécessaire à son enquête et qu’elle n’a rien trouvé pour autant, ce qui n’est absolument pas bon signe (parmi tous les autres indices qui ne sont pas bon signes non plus). En d’autres termes, Charlie commence peu à peu à comprendre qu’elle courait après des chimères et qu’elle a surtout emporté son amie dans cette quête.

Et même si elle ne compte pas abandonner avant d’avoir épuisé toutes les maigres pistes d’espoir, celles-ci trouvent une à une porte close. « Non. Enfin, je doute qu’il berne qui que ce soit. [...]. » Il ne semble pas être le couteau le plus aiguisé du tiroir, voilà ce qu’Andrea tente de lui dire sans prendre la moindre pincette. Cette fois-ci, au moins, elle a le mérite de tirer un sourire à Charlie. Sans doute que maintenant qu’elle se rend compte qu’il n’y a plus le moindre espoir, elle n’en attend plus grand chose. Elle continue en lui faisant comprendre qu’il n’est pas précautionneux non plus, ce qui le fait s’éloigner un peu plus encore de l’étiquette de génie du crime que Charlie avait eu l’audace de lui poser sur le front alors qu’il faisait office de coupable idéal. Maintenant, il n’est plus idéal, et il semble qu’il est surtout parfaitement innocent. Sans Andrea et son enquête, elle se serait entêtée à vouloir mettre un innocent en prison, voilà ce qu’elle en retient. Elle l’aurait fait pour vouloir protéger son ami, et ce même si ce dernier lui a menti pendant des années. Elle n’est pas non plus un couteau bien aiguisé dans ce même tiroir, de toute évidence. « Après, c'est peut-être un méchant, mais il ne fait rien de méchant sur internet... » La conclusion est enfantine, presque touchante en réalité. Elle comprend bien qu’Andrea essaie par là de lui remonter le moral, c’est évident. Et quand bien même elle n’y arrive pas forcément, Charlie la remercie pour ses efforts. “Je suis à la recherche du genre de méchant qui est forcément méchant sur internet.” Elle se contente de dire, ne pouvant de toute évidence pas lui donner beaucoup plus de détails alors qu’il s’agit d’une affaire en cours.

« Je te forward le pdf par mail, tu le feuilletteras plus en détail quand tu voudras, sait on jamais, peut-être que t'y verras un truc que j'ai pas vu. » Charlie hoche la tête et la remercie par la même occasion, pour son geste autant que pour les longues heures que ce travail lui a demandé. Tout ça pour rien, surtout. “Ça t’a demandé combien de temps, tout ça ?” Elle demande, sans doute empreinte d’une culpabilité sincère. Elle lui a fait perdre son temps. Elles ont toutes les deux perdu du temps, en réalité. “Je suis désolée, j’espérais sincèrement qu’on tenait notre gars. Il était le coupable idéal à plusieurs niveaux et, ouais… J’avais pas envie de penser aux autres possibilités.” Non parce qu’elle est du genre à économiser son énergie, Andrea le sait bien, mais parce que le problème est immense et la dépasse très clairement. “Je vais devoir courber l’échine face à mon coéquipier, j’imagine.” Anwar avait raison depuis le début. “Bref. J’espère que cette recherche ne t’a pas trop démoralisée.” Parce qu’elle n’a rien trouvé de franchement intéressant, et qu’au final tout ceci n’a servi à rien non plus. Alors, il y aurait de quoi être parfaitement démoralisé, oui.

dirty paws
@Charlie Fawcett   

« Je suis à la recherche du genre de méchant qui est forcément méchant sur internet. » Andrea ne pouvait retenir une petit grimace désolée face à cette conclusion. Elle aurait vraiment voulu trouver quelques choses d’intéressant, ne serait-ce que pour redonner le sourire à son amie qui avait l’air de plus en plus abattue à mesure qu'Andy lui montrait ce qu’elle avait trouvé. Elle lui remettrait tout de même le fichier de ses trouvailles, histoire que Charlie en ai le coeur net. « Ça t’a demandé combien de temps, tout ça ? » « Hm… » Andrea ne savait pas trop si elle devait répondre sincèrement compte tenu de la situation, elle voyait bien que Charlie s’en voulait de lui avoir demandé de faire tout ça pour rien. « ça m’a pris une petite semaine, mais c’est plutôt amusant de voir tout ce qu’on peut trouver sur une personne, donc ça ne m’a pas dérangé. » assurait-elle. Oui, à raison de plusieurs heures par soir, après ses journées de boulot, mais elle avait plus vu ça comme un jeu qu’autre chose, même si certain soir elle s’était un peu forcée, la fatigue se faisant ressentir, ça lui faisait quand même plaisir de se rendre utile. C'était pas si souvent que ça qu'on lui demandait de rendre service. « Je suis désolée, j’espérais sincèrement qu’on tenait notre gars. Il était le coupable idéal à plusieurs niveaux et, ouais… J’avais pas envie de penser aux autres possibilités. » « Pas besoin de t’excuser. C’est mieux d’en avoir le coeur net plutôt que d’accuser un gars innocent. » concluait-elle simplement. Elle ne savait pas de quoi Charlie l’accusait, mais quoi que ce soit, il valait mieux qu’il n’en soit pas accusé... right?.« Je vais devoir courber l’échine face à mon coéquipier, j’imagine. » Andrea grimaçait de nouveau, venant maladroitement tapoter l’épaule gauche de la blonde. Elle était vraiment mauvaise pour ce genre d’interaction sociale, mais voulait tout de même être là pour Charlie, même si la complexité réelle de la situation lui échappait totalement. « Bref. J’espère que cette recherche ne t’a pas trop démoralisée. » Andy secouait aussitôt la tête à la négative, avant de mordre dans son muffin. « Non moi ça va, j’ai gagné un muffin. C’est toi qui a l’air démoralisée par contre… » notait-elle. « Si tu veux que je fasse des recherches sur quelqu’un d’autre : n’hésite pas, je serais toujours contente de t’aider, que le résultat soit celui attendu ou non. » assurait-elle. Elle avait envie de lui dire que se tromper faisait partie du job, que ce n’était pas dramatique, mais se rappelait que premièrement elle n’avait aucune idée de ce qu’était la réalité du boulot de Charlie et qu’en plus de ça elle ne connaissait rien de l’affaire sur laquelle elle bossait. Donc autant … c’était vraiment dramatique. Alors elle gardait ses phrases pseudo-réconfortantes pour elle, se contentant d’esquisser un petit sourire désolée à Charlie, n’aimant pas la voir comme ça. « Puis je te ferais gouter ce couscous, tu verras que ces recherches n’ont pas été pour rien. » concluait-elle, tentant un brin d’humour pour détendre l’atmosphère.

Bien malgré elle, Charlie redescend sur Terre et toute l’euphorie et l’excitation que l’attente de cette rencontre amenaient avec elle font aujourd’hui place à un pragmatisme morose et glaçant. Peyton n’est de toute évidence pas l’homme qu’ils cherchaient, et puisque leur liste de suspects ne compte qu’à peine deux noms, tous les yeux se tournent désormais vers le père de Colin. A vrai dire, tous les yeux étaient déjà focalisés sur ce dernier, à la seule exception de Charlie qui pensait bien faire en allant voir ailleurs. Parfois, la vérité n’a pas à être cherchée éternellement. « ça m’a pris une petite semaine, mais c’est plutôt amusant de voir tout ce qu’on peut trouver sur une personne, donc ça ne m’a pas dérangé. » Charlie n’arrive pas réellement à comprendre comment passer une semaine devant un écran d’ordinateur peut avoir quoi que ce soit d’amusant, mais elle comprend bien que tout le monde est loin d’être fait du même bois, raison pour laquelle elle ne pense pas un seul instant à juger Andrea. Ce sont leurs différences qui les rassemblent, au contraire. « Pas besoin de t’excuser. C’est mieux d’en avoir le cœur net plutôt que d’accuser un gars innocent. » Bien sûr, oui. Elle a beau avoir la mauvaise habitude de foncer tête baissée, elle ne le fait pas pour autant dans son travail, bien trop consciente des enjeux immensément importants de ce dernier et surtout des conséquences. “C’est pour ça que j’ai fait appel à toi avant toutes choses. Il n’y a aucune procédure contre lui pour le moment.” Et de toute évidence il n’y en aura pas, Charlie étant la seule à se battre en ce sens. Elle l’était, jusqu’à aujourd’hui.

Finalement, et bien malgré elle, la blonde passe à autre chose et tente de faire sortir Conrad de l’esprit d’Andrea, à commencer parce qu’il ne mérite pas de recevoir leur attention de façon aussi négative. De toute évidence, il n’est pas celui qu’elle pensait être. « Non moi ça va, j’ai gagné un muffin. C’est toi qui a l’air démoralisée par contre… » Sans doute un peu trop mollement, Charlie rigole. Elle a déjà été bien plus en forme, c’est certain. “Je vais m’en remettre, t’en fais pas. Ça fait partie du métier.” Et c’est encore loin d’être le pire de ce qu’elle puisse vivre, évidemment. En réalité, elle doit se contenter d’accepter son erreur autant que sa défaite, et c’est sûrement ce qu’elle arrive le moins à faire. « Si tu veux que je fasse des recherches sur quelqu’un d’autre : n’hésite pas, je serais toujours contente de t’aider, que le résultat soit celui attendu ou non. » Ses cheveux volent doucement de droite à gauche, suivant le mouvement de sa propre tête. “Tu sais bien que je suis pas supposée te faire chercher ce genre de choses. Ou te faire chercher quoi que ce soit, tout court.” Elles agissent dans la plus pure illégalité qui soit, et Charlie minimise autant que possible l’implication de son amie, pour protéger Andrea autant qu’elle l’aime. “J’apprécie beaucoup que tu répondes toujours à l’appel mais on sait toutes les deux qu’il vaut mieux l’éviter autant que possible.” Et ce même si Andrea se retrouve bien souvent payée en muffins ou autres cafés et pâtisseries. En réalité, Charlie se sent toujours coupable de lui demander ce genre de service, à un niveau plus ou moins élevé.

« Puis je te ferais gouter ce couscous, tu verras que ces recherches n’ont pas été pour rien. »
“Arrête, je vais être capable de te prendre au pied de la lettre et tu vas me voir débarquer sur le pas de ta porte sans prévenir.”

Elle lui répond dans un sourire simple, pour lui prouver que la discussion n’a pas à tourner vers une certaine négativité. Ce n’est pas parce qu’elle ne lui répond pas avec ce qu’elle aurait voulu entendre qu’il existe véritablement un problème: comme Andrea l’a dit elle-même, cela leur a surtout évité de mettre un innocent dans une situation terriblement difficile. “Enfin, si tes colocs m’en laissent. Ils sont pas dû genre à tout manger, j’espère ? Parce que ça serait signe de rupture de contrat illico presto à mes yeux.” Même si Charlie ne sait pas ce à quoi peut ressembler une vie en colocation, en réalité, papa et maman ayant eu à coeur de lui acheter un appartement à la seconde où elle en a été en âge.

dirty paws
@Charlie Fawcett   

« C’est pour ça que j’ai fait appel à toi avant toutes choses. Il n’y a aucune procédure contre lui pour le moment. » Andrea était soulagée d’entendre ça. Le pauvre fan de petit poney n’allait pas finir en garde à vue ou en prison sans raison, c’était une bonne nouvelle. « Je vais m’en remettre, t’en fais pas. Ça fait partie du métier. » Andy hochait lentement la tête, elle qui était plutôt sensible aurait certainement du mal à passer par ce genre d’émotion, de grande déception, l’impression d’être dans le faux depuis le début… bref elle se remettrait bien trop en question à tout instant. Elle admirait vraiment Charlie et cette force de caractère, dont elle, elle manquait terriblement. « Tu sais bien que je suis pas supposée te faire chercher ce genre de choses. Ou te faire chercher quoi que ce soit, tout court. » « Ah oui c’est vrai j’ai tendance à l’oublier… » notait-elle. Vu que c’était quelqu’un de la police qui lui demandait de faire ça, elle ne se posait pas trop de question et oubliait simplement qu’elle enfreignait la loi… voir plusieurs lois à vrai dire. A ses yeux, bien innocents, c’était un exercice interessant et elle savait (tout comme Charlie devait le savoir aussi) qu’elle ne ferait rien de toute ces informations, étant bien trop réglo. « J’apprécie beaucoup que tu répondes toujours à l’appel mais on sait toutes les deux qu’il vaut mieux l’éviter autant que possible. » « Oui chef! » lâchait-elle un petit sourire aux lèvres avant d’évoquer le foutu couscous, selon elle la meilleure trouvaille de toute cette affaire. « Arrête, je vais être capable de te prendre au pied de la lettre et tu vas me voir débarquer sur le pas de ta porte sans prévenir. » « Sans prévenir… tu risque de ne pas avoir de couscous, je vais pas en faire tout les jours en attendant ta venu. » notait Andy entre deux gorgées de chocolat chaud. Elle s’imaginait déjà Charlie sonner a sa porte alors que dans sa cuisine elle n’avait aucun des ingrédients nécessaire pour sa recette. Panique à bord. « Enfin, si tes colocs m’en laissent. Ils sont pas dû genre à tout manger, j’espère ? Parce que ça serait signe de rupture de contrat illico presto à mes yeux. » Andrea grimaçait un peu. « Là, je peux rien promettre malheureusement… C’est qu’ils mangent pas mal ces deux là ! » admettait-elle dans un rire. « Mais si je refais ce couscous, je t’en garderai un petit Tupperware rien que pour toi. » assurait-elle déjà refermant le capot de l’ordinateur pour le remettre dans son sac à dos. « Bon, du coup, raconte un peu, à par cette affaire top secrète, il se passe quoi dans ta vie ? » ça faisait un petit moment qu’elles n’avaient pas parlé, ou en tout cas pas parlé comme deux amies, alors autant profiter d’avoir Charlie là pour prendre de rapides nouvelles avant de la laisser repartir.

Le sujet de Conrad Peyton se retrouve peu à peu caché sous le tapis, tel n’importe quel autre cadavre digne de ce nom. Toutes deux savent qu’il est bien et bien là mais la nouvelle règle de mise leur impose de l’ignorer, parce que tout est bien plus simple de cette manière. « Sans prévenir… tu risque de ne pas avoir de couscous, je vais pas en faire tout les jours en attendant ta venu. » Charlie esquisse un sourire malicieux. “Tu fais vraiment pas d’efforts.” Elle se doutait bel et bien qu’Andrea n’en fait pas tous les jours, et c’était bien là ce qu’elle trouvait le plus amusant dans cette auto-invitation chez elle. Parfois, il n’y a rien de plus simple pour rendre les gens mal à l’aise. En réalité, jamais la blonde ne serait venue sans la prévenir, bien trop au fait qu’Andrea n’aimerait pas du tout l’idée. Le contraire n’est cependant pas vrai. « Là, je peux rien promettre malheureusement… C’est qu’ils mangent pas mal ces deux là ! » Les colocataires en prennent pour leur grade, mais puisque Charlie connaît à peine leur prénom et pas même leur visage, une nouvelle règle indique qu’elles ont le droit de se moquer sans que cela n’ait aucune conséquence. Ce n’est pas comme si elle allait aller jusque chez elle pour leur répéter ce qu’Andrea dit d’eux une fois qu’ils ont le dos tourné. Non, bien sûr que non. Charlie n’est pas l’amie du siècle, mais elle n’est pas aussi terrible que ça non plus. « Mais si je refais ce couscous, je t’en garderai un petit Tupperware rien que pour toi. » L’ordinateur refermé marque définitivement le clap de fin du chapitre Peyton, et tant mieux. “J’accepte l’offre.” Ce sera toujours un repas de moins à préparer seule, après tout.

« Bon, du coup, raconte un peu, à par cette affaire top secrète, il se passe quoi dans ta vie ? » Top secret n’est pas vraiment le mot, à en juger par la découverte d’un cadavre non loin de la ville qui affole tous les journaux télévisés autant que Twitter. Mais après tout, Andrea ne sait pas que Charlie est sur cette affaire bien précise. “Rien de plus, tu sais. Cette affaire top secrète me prend tout mon temps, j’essaie de pas trop délaisser Cameron.” Il n’est son petit-ami que depuis quelques mois à peine mais, bien sûr, Charlie tient à lui, quand bien même il est le premier à être heureux de ne plus l’avoir sur le dos au quotidien. “Ni mes amis.” Rajoute-t-elle dans un sourire, parlant bien sûr par là d’Andrea. “Ton boulot se passe toujours bien ? Le jour où le bureau décide de sortir son système informatique des années 2000, je donnerai ton nom.” Mais pour l’heure, ils en sont encore loin.

dirty paws
@Charlie Fawcett   

« J’accepte l’offre » Andrea prenait note, même si il y avait de forte chance qu’elle oublie avant de changer le sujet du tout au tous, profitant de ce moment avec Charlie pour prendre de ses nouvelles. « Rien de plus, tu sais. Cette affaire top secrète me prend tout mon temps, j’essaie de pas trop délaisser Cameron. » Ah oui Cameron, Andrea en avait vaguement entendu parlé, ne l’avais jamais rencontré pour autant, en tout cas elle était contente d’entendre que Charlie était toujours en couple et que ça semblait marché entre eux… enfin elle n’avait pas les détails mais préférait voir la mention du jeune homme comme quelque chose de positif, elle était peut-être trop optimiste. « Ni mes amis. » Andrea hochait lentement la tête, elle n’était pas du genre à en vouloir à ses amis pour si peu, elle savait bien que chacun avec. Une relation différente avec son boulot et que Charlie était très investie dans le sien. Elle ne pouvait qu’être admirative, à vrai dire. « Ton boulot se passe toujours bien ? Le jour où le bureau décide de sortir son système informatique des années 2000, je donnerai ton nom. »  Elle échappait un petit rire. « Windows 98 a un côté très rétro, c’est tendance. » assurait-elle en pouffant de rire. « Oui, le boulot se passe bien, on a pas trop le temps de s’ennuyer puisqu’on bosse pour plein de project différent. » La boite dans laquelle est bossait était une sorte de sous-traitant, aidant des entrepreneuse et des boites avec leur création de logiciel ou d’application mobile. Donc un jour elle bossait sur une app de rencontre, la semaine suivante elle se penchait sur la création d’un logiciel pour trier des documents administrative de la mairie de Brisbane, puis sur l’amélioration de l’application des transports en commun de la région… Bref, elle ne faisait que du codage, mais  n’avait, selon elle, c’était passionnant. Enfin la plus part du temps. « Je n’sais pas si j’aurais les épaules pour bosser pour un truc aussi sérieux et important que la police… » notait-elle alors, revenant sur le sujet, terminant son chocolat. Elle avait déjà bossé pour un truc sérieux avant. Son premier emploi était dans une boite créant des intelligences artificielles à des fins militaire. Il y avait difficilement plus sérieux que ça. Mais elle n’avait pas du tout aimé l’idée que ses travail soit impliqué dans le meurtre de millier de gens. Ce qu’elle pourrait faire la polie, en soit, se rapprocherait plus de ce qu’elle aimait bien faire en trainant sur le darkweb : tracker des méchants. Mais l’idée de le faire sous la supervision de la loi l’angoissait étrangement. « Je préfère chasser des petits méchants dans mon coin, bloquer leur ordi à distance pour les emmerder et voilà. » concluait-elle en haussant les épaules.

« Windows 98 a un côté très rétro, c’est tendance. »
“Et je te parle même pas des jeux d’arcade en salle de pause.”

Non, ils n’en ont pas, bien sûr. Ils n’ont pas le budget pour ça, quand bien même Charlie serait la première à appuyer l’idée. Cela leur donnerait au moins une maigre occupation, plutôt que de broyer du noir, chacun devant son café à peine buvable. Néanmoins, et comme à son habitude, elle prend les choses avec le sourire et préfère voir le bon côté de chacune d’elles plutôt que de se focaliser sur le négatif, qui reste néanmoins omniprésent. « Oui, le boulot se passe bien, on a pas trop le temps de s’ennuyer puisqu’on bosse pour plein de project différent. » Et puisque ses projets à elle ne se résument pas à travailler sur des personnes mortes ou disparues, Charlie pense que c’est une bonne chose. Elle fait ce qui lui plaît et elle reçoit assez de demandes pour ça, alors c’est véritablement tout ce qui importe. Andrea a toujours été passionnée par son travail, c’est une des nombreuses choses qu’elle admire chez elle, et c’est tant mieux. Elle est bien plus heureuse de cette façon.

« Je n’sais pas si j’aurais les épaules pour bosser pour un truc aussi sérieux et important que la police… » Elle reprend, avec bien plus de sérieux. Charlie lui offre un sourire empathique, ne pouvant effectivement pas parler à sa place. “J’avais encore cette peur quand j’avais entamé le processus de recrutement.” Elle confesse. Tous ses collègues l’ont sans doute ressentie aussi, sauf ceux qui osent dire que la police était une véritable vocation depuis la naissance, bla bla bla. “Mais c’est pas facile tous les jours, en effet.” Et certains jours, elle continue de douter d’avoir les épaules suffisantes, même si elle finit toujours par prendre sur elle et faire son travail, ce qui tend tout de même à prouver que la réponse est bel et bien positive. Avoir les épaules suffisantes ne veut pas dire qu’elle n’est pas touchée par la misère qu’elle côtoie au quotidien, voilà tout. « Je préfère chasser des petits méchants dans mon coin, bloquer leur ordi à distance pour les emmerder et voilà. » C’est sans doute une conclusion un peu enfantine, mais elle a au moins le mérite de faire décocher un sourire à la policière. “On est un peu comme Batman et Robin, j’imagine.” A quelques maigres différences près, cela va de soi - et Charlie milite pour être Batman, aussi. Du reste, elle n’a aucun mal à comprendre qu’Andrea ne se sente pas à l’aise à être en première ligne, et c’est sûrement même une idée qui l’arrange, puisqu’elle peut toujours lui demander de travailler dans son coin sur une affaire ou une autre pour tenter de dénicher des indices que la police n’aurait su trouver seule, avec les moyens conventionnels. A n’en pas douter, elles forment une bonne équipe. A leur façon.