Call me unpredictable
Megan Williams & @Bonnie Belmont ☆ crédit/peachspoon

Je suis devenue ce genre de personne. Le genre qui, plutôt que donner rendez-vous dans un bar étudiant ou aux influences irlandaises, ou bien dans un café, comme n’importe quelle fille de vingt-quatre ans, donne rendez-vous dans un club de jazz un soir de scène ouverte. Je suis devenue comme ces gens qui se la racontent, prétendant aimer les belles choses, les choses de la haute et ça ne devrait surprendre personne : j’ai toujours aspiré à mieux que les quidams. J’ai toujours désiré viser haut dans l’échelle sociale, j’ai toujours voulu devenir le genre de personne qui se pointe à un rendez-vous avec une vieille connaissance avec des Jimmy Choo au pied et une petite robe noire Prada.

Bonnie me trouvera peut-être changée. Je n’en sais rien, après tout, elle-même est peut-être devenue très différente aussi, qui sait. Après plusieurs mois sans réellement converser – s’envoyer des vidéos drôles sur instagram sans rien écrire ne compte pas – et des années sans réellement passer du temps ensemble, je n’ai pas la moindre de à quoi m’attendre. Quant à elle, si elle ne suit pas mes aventures sur les réseaux sociaux, elle tombera certainement des nues de voir qu’à vingt-quatre ans à peine, une énorme bague de fiançailles et une plus discrète alliances trônent toute deux sur mon annulaire. Nous verrons.

En attendant l’arrivée de la petite blonde, je sirote un Charleston sans avoir la moindre idée de ce qu’il y a dans ce cocktail, et j’observe le petit homme, premier courageux à s’être lancé sur scène. Il possède une belle voix, mais pas de charisme : ce n’est guère compliqué de comprendre pourquoi il n’a pas et ne fera jamais carrière dans un milieu où les apparences sont tout. Existe-t-il des milieux où ce n’est pas le cas, de toute façon ? Ce n’est pas innocent de ma part, d’inviter Bonnie en espérant qu’elle sera bien disposée malgré une longue période sans avoir de relation. Ce n’est pas désintéressé non plus. Je ne cherche rien à lui soutirer, mais j’ai besoin de quelqu’un avec qui parler de la possibilité de reprendre mes études, quelqu’un qui n’est pas Damon : lui m’idéalise, et me poussera à croire que je peux faire tout ce que je veux tant que je suis assez motivée et que j’y mets toute mon énergie. Moi, je sais qu’il y a cinq ans, je n’étais pas faite pour les études. J’ai envie de croire que cela peut-être différent, mais je ne m’engagerai pas dans cette voie simplement parce que j’en ai les moyens, pas si je vais au casse-pipe.

J’ignore ce que je veux faire. Chaque chose en son temps. Mais je ne peux pas rester dans cette inactivité toute ma vie. Faire chanter mon ex-amant pour qu’il me dégote une place dans son film ne compte pas : je n’ai pas de réel talent d’actrice. Pas vraiment d’appétence pour la profession non plus, si je dois être tout à fait honnête. Je suis consciente que je ne ferai pas carrière dans le cinéma. « Bonnie ! » Je fais un grand geste à la petite blonde qui a passé la porte du club de Jazz, me permettant de parler un peu fort pour l’attirer parce que je me suis placée au fond de la salle, pour discuter. Je dépose un baiser sur sa joue, avant de me rasseoir. « J’ai voulu faire quelque chose de sympa. J’espère que t’es jamais venue et que tu découvres l’endroit. » Cela me confèrerait la fierté de ceux qui influencent, des lanceurs de tendance. « Bon, je préfère aller droit au but : est-ce qu’on a un pansement à arracher ou pas ? »  Autrement dit : m’en veux-tu de ne pas avoir réellement gardé le contact après avoir arrêté l’université ? « Je suis pas douée pour garder le contact, et il s’est passé pas mal de choses dans ma vie. Je vais devoir te présenter des excuses pour ça ? » Je l’interroge avec un grand sourire sur les lèvres.

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@Megan Williams  & @Bonnie Belmont ☆ crédit/keetikagifs

Bonnie a toujours aimé faire la fête et profiter avec des amis, d'ailleurs l'un de ses amis et accessoirement aventure d'une nuit il y a quelques années se produisait pour le festival de jazz en ville. Cameron et elle, c'était l'histoire d'une erreur où alcoolisés ils avaient commis quelque chose qu'ils se sont vite promis de ne plus jamais commettre et surtout de ne jamais en parler à Angus. Alors, elle n'a pu que répondre par la positive à l'invitation de son amie Megan, ce soir-là.

Heureuse d'enfin partager avec elle, autre chose que des messages sur les réseaux sociaux et des commentaires sur leurs tenues ou des conseils beauté. Elle avait entendu parlé de son mariage, c'était un peu drôle de voir qu'elle était plus âgée mais pourtant Bonnie reste toujours l'éternelle célibataire endurcie alors que Megan, elle, goûte aux joies du mariage et de la vie d'épouse rangée. Quelque chose qui lui semble si inaccessible.

Elle avait enfilé une robe obtenue par un de ses partenariats sur les réseaux sociaux et arborait un maquillage naturel mais soigné, elle a toujours eu le sens de l'harmonie. Lorsqu'elle entra dans le bar, elle remarqua bien vite la blondinette en train de siroter un cocktail, se disant qu'elle allait très vite la rejoindre en commandant un Spritz ou un Cosmopolitan. Impatiente de prendre de ses nouvelles, elle s'avançait alors jusqu'à elle et se pencha pour lui faire un bisou sur la joue. Si elles ne s'étaient pas vues depuis longtemps, son affection pour elle n'avait pas changée.

« Megan ! C'est gentil de m'avoir invité, je suis contente de te revoir. » répondit-elle, enthousiaste.

Elle interpella alors un serveur et se commanda le cocktail favori de Carrie Bradshaw, clairement l'une de ses idoles pour accompagner la blonde et aussi trinquer à leurs retrouvailles.

« Je suis déjà venue avec Angus et puis cette année, il s'occupe des réseaux sociaux du groupe de Cameron qui se produit pour le festival. Je dois le soutenir quand ça sera son tour. » déclara-t-elle, plus calmement.

Après tout, elle aussi se destinait à un boulot de community manager mais plus pour les grandes entreprises, idéalement dans la beauté ou les cosmétiques mais elle devait déjà obtenir son diplôme avant de se prononcer. Elle fronçait les sourcils ensuite à la franchise de Megan. Quel pansement à arracher ? Elle n'était pas sûre de saisir mais pouvait comprendre que c'était peut-être parce qu'elle avait peur que ses mois d'éloignement ont laissé une rancune mais la jeune étudiante en communication n'est pas du genre rancunière.

« Non, absolument pas. T'inquiètes pas pour ça, va. Je ne t'en veux absolument pas. La vie fait que parfois on s'éloigne mais c'est pour mieux se retrouver, n'est-ce pas ? » s'écria-t-elle, espérant alors la rassurer.

Megan n'a pas besoin de s'excuser, en tout cas pas à ses yeux, elle lui adressa un sourire et posa sa main sur la sienne en signe de compassion et compréhension. Elle n'était personne pour juger ni pour l'accabler. C'était son choix après tout et elle ne pouvait rien dire.

« Pas besoin, non. J'ai cru comprendre que tu étais mariée désormais alors c'est moi qui devrait te présenter mes félicitations et tous mes vœux de bonheur. » ajouta-t-elle, ensuite.

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Megan Williams & @Bonnie Belmont ☆ crédit/peachspoon

Peu de mes approches ne sont pas intéressées. Aujourd’hui, je suis motivée par l’envie de reprendre mes études, mais le besoin de me rassurer sur ce même sujet, d’être certaine qu’il ne s’agit pas d’une chimère inatteignable pour quelqu’un comme moi qui, en plus, a passé bien longtemps loin des bancs de l’école. Pourtant, cela ne veut pas dire que je ne suis pas sincèrement heureuse de revoir la jeune femme. Nous n’étions guère proche, mais je n’ai que de bons souvenirs en sa compagnie ; Bonnie est aussi solaire que je le suis et, lors des soirées étudiantes que j’ai passées en sa compagnie, sa personnalité m’a rapidement séduite. Elle est l’âme des pièces dans lesquelles elle pénètre. Elle semble véritablement impliquée dans ses amitiés et relations de façon plus générale. Elle est toujours agréable, jamais vexante et c’est simple, d’évoluer à ses côtés. Les relations vont et viennent, mais je n’ai pas perdu contact avec la jeune femme à cause d’une quelconque embrouille entre elle est moi, juste parce que nos chemins se sont séparées quand nos vies ont pris deux routes radicalement opposées. « Megan ! C'est gentil de m'avoir invité, je suis contente de te revoir. » - « Le plaisir est partagé, sincèrement. » La blonde interpelle le serveur et, tandis qu’elle commande un Cosmopolitan, je me contente d’un verre de vin blanc sucré. Boire en soirée a toujours fait partie de mes habitudes, mais jamais à outrance. Il ne s’agit donc pas d’une soirée que je commencerai avec de l’alcool fort, ou un quelconque cocktail trop sucré conçu pour masquer le goût de l’alcool et pousser à la consommation. Je ne juge pas ceux qui s’amusent un peu plus fort que moi, mais j’ai trop vu les conséquences du manque de retenue à ce sujet pour ne pas être vaccinée. « Je suis déjà venue avec Angus et puis cette année, il s'occupe des réseaux sociaux du groupe de Cameron qui se produit pour le festival. Je dois le soutenir quand ça sera son tour. » Les noms qu’elle évoque ne m’interpellent pas : nous n’étions pas assez proches pour être présentées à nos groupes d’amis respectif. Angus n’est pas un prénom assez rare pour que je réalise quoi que ce soit. « Tu connais le groupe qui joue ce soir ? » Je l’ignorais, mais j’ai donc eu le nez creux en lui proposant cet endroit comme lieu de rendez-vous. Ce n’est guère surprenant : en ville, tout le monde parle de ce petit club de Jazz, en ce moment.

« Non, absolument pas. T'inquiètes pas pour ça, va. Je ne t'en veux absolument pas. La vie fait que parfois on s'éloigne mais c'est pour mieux se retrouver, n'est-ce pas ? » Un sourire étire mes lèvres face à cette réponse et je hoche la tête avec conviction. Pas de rancœur de son côté donc, c’est un soulagement pour moi de ne pas avoir à m’expliquer sur les raisons qui m’ont poussée à m’éloigner de cet univers suite à l’arrêt de mes études. « Pas besoin, non. J'ai cru comprendre que tu étais mariée désormais alors c'est moi qui devrait te présenter mes félicitations et tous mes vœux de bonheur. » » - « Oh, merci. » Je ne suis plus habituée à recevoir ce genre de félicitations, presque deux ans après la cérémonie. Mais Bonnie n’a pas eu la chance de le faire avant, et elle n’a pas pu passer à côté du bonheur – d’abord faux, puis authentique – que j’étale sur les réseaux sociaux. « Ça fera bientôt deux ans oui. On va bientôt renouveler nos vœux d’ailleurs, donc tes félicitations sont appropriées. » Lorsque l’on me félicite quant à mon mariage, je ne rougis pas plus que je ne suis gênée. J’aime étaler mon bonheur conjugal, synonyme de réussite autant que d’allégresse. Par réflexe, je joue avec mon alliance et mon immense diamant de fiançailles. « Tu vas bientôt être diplômée non ? Les félicitations pourront passer de camp si je ne me trompe pas. » Si mon compte est bon, elle termine sa dernière année. « Tu as déjà trouvé un stage ? » Doit-on toujours en effectuer lorsqu’arrive la fin des études supérieures ?

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@Megan Williams  & @Bonnie Belmont ☆ crédit/keetikagifs

Le paraitre a toujours fait partie de la vie de Bonnie. Déjà dès sa plus tendre enfance, elle a appris à être ce qu'elle n'est pas. Si ici, elle peut être elle-même, elle reste conscience que ses faits et gestes sont épiés. Dans un monde régi par les réseaux sociaux et par la société parfois cruelle, elle se cache beaucoup trop derrière les apparences. Peu de gens la connaisse vraiment et c'est pourquoi, elle trie ses proches sur le volet pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Son passé la hantera toujours et elle ne peut s'empêcher d'avoir une certaine méfiance lorsqu'elle rencontre une nouvelle personne. Mais Megan fait partie de ses personnes qu'elle a croisé et avec qui, elle a accroché facilement. Les deux blondes se ressemblent niveau caractère et il est agréable d'avoir des amies auxquelles, on peut s'identifier. Si aujourd'hui, leurs vies sont diamétralement opposées, elle n'en reste pas moins heureuse de la retrouver et de reprendre leur amitié, là où elle s'est arrêtée. Son cocktail récupéré, elle leva son verre pour trinquer avec la jeune femme, le sourire aux lèvres.

« A nos retrouvailles ! » s'écria-t-elle, enthousiaste.

Après que les verres se soient entrechoqués, elle s'empressa de boire quelques gorgées du breuvage. Véritable victime de la consommation, elle aime bien trop ce genre de cocktails mais elle ne voulait pas non plus trop abuser ce soir, elle tient surtout à prendre des nouvelles de la jeune femme, échanger avec elle sur leurs vies respectives, histoire de se mettre à jour. Consciente, qu'elles ne fréquentent pas les mêmes personne, elle ne lui tenait pas rigueur de son évocation sur son meilleur ami et un autre ami. Elle réfléchissait ensuite quelques secondes à sa question sur la programmation.

« Absolument, pas. A part, le groupe de Cameron. The Sand Witches, je connais pas les autres. » répondit-t-elle, alors.

Elle a tellement cette impression, d'avoir loupé tant de choses quand elle lui révèle, qu'elle était mariée depuis deux ans et qu'elle s'apprête à renouveler ses vœux. Le mariage lui semble être un mirage inatteignable pour elle, pourtant, au fond, elle rêve d'avoir un peu de stabilité dans sa vie. Parfois, elle s'imagine participer à cette fameuse émission de télé-réalité, l'un de ses plaisirs coupables, Love is Blind, ce qui lui permettra peut-être d'arrêter de chercher les mauvais garçons.

« C'est un merveilleux projet. J'adorerais être là, cette fois et rencontrer ton mari. Il s'appelle Damon, c'est ça ? » demanda-t-elle, calmement.

Elle n'a encore jamais rencontré le jeune homme dont elle a pourtant aperçu le visage sur les photos postées par Megan. Et puis, elle n'était même pas là, le jour du mariage, si leur amitié reprenait là où elle s'était arrêté quelques années en arrière, elle veut lui montrer son intérêt et sa disponibilité. Fixant alors, la blonde jouait avec ses bagues, elle souriait, heureuse qu'elle ait réussi à trouver sa moitié. Quelque part, elle est envieuse de cette vie qu'elle s'est toujours refusé à avoir, de peur de souffrir. Bonnie est cette éternelle séductrice qui enchaine les relations plus ou moins sérieuse. Et elle n'a pas encore trouvé la bonne personne, tout du moins elle ne cherche pas vraiment, préférant officiellement se consacrer à ses études. La vérité est tout autre en réalité mais c'est quelque chose qu'elle a toujours préféré garder pour elle, dans un coffre fermé à double tour. C'est comme ça qu'elle définit son côté si secret, ce besoin de cacher à ses proches tout ce qu'elle vit au quotidien. Elle hocha la tête à sa question, en effet, elle s'apprête à être diplômée d'ici 2024.

« Oui, je vais être diplômée l'année prochaine. C'est ma dernière année. » confirma-t-elle.

A la suite de ses paroles, elle se rendait compte, qu'elle n'avait pas mené sa recherche de stage sérieusement, ce dont pourquoi, elle est sans rien pour l'instant. Il est temps que tu te bouges, Bonnie, lui disait sa voix intérieure.

« Non, pas encore. J'aimerais beaucoup faire ça dans une boite de cosmétiques mais je suis la pire pour ça, je stresse toujours et fait tout à la dernière minute. Disons que les lettres de motivation, les entretiens et les examens, c'est pas trop mon truc. » expliqua-t-elle, ensuite.

HJ:

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Megan Williams & @Bonnie Belmont ☆ crédit/peachspoon

« A nos retrouvailles ! » La petite blonde semble bien loin de toute rancœur et quant à moi, je trinque avec elle de bon cœur. Mon verre de vin tinte contre le verre à cocktail de Bonnie tandis que je me demande si ces retrouvailles seront fructueuses et si je trouverai les réponses à mes questions. Peut-être, peut-être pas mais, quoi qu’il en soit, avec l’article à paraître, je me fais la remarque qu’il est agréable de mettre le nez dehors en compagnie de quelqu’un qui n’a absolument rien à voir avec le film ou toutes les intrigues familiales des Williams. C’est rafraîchissant, d’avoir la sensation de n’être plus que la version de Megan d’il y a quelques années, quand j’étais autant imprudente qu’insouciante. Aujourd’hui, seul le premier est malheureusement resté. « Absolument, pas. A part, le groupe de Cameron. The Sand Witches, je connais pas les autres. » Je hoche la tête. « J’ai une amie qui s’est produite il y a quelques jours - » Et preuve que je ne cherche même pas à me faire mousser, je ne donne même pas à Bonnie le nom de Jo. « Mais j’ai pas jeté un oeil au reste de la programmation. J’espère que le programme de ce soir sera bien. » Et s’il ne l’est pas, je m’en moque au fond : je ne suis pas là pour parler du bon vieux temps autour d’un verre et écouter de la bonne musique. Ma démarche, comme souvent, est entièrement intéressée.

« C'est un merveilleux projet. J'adorerais être là, cette fois et rencontrer ton mari. Il s'appelle Damon, c'est ça ? » - « On sait pas encore quelle forme ça prendra, ni on fera ça. » Il y a des choses que tout soit fait dans l’intimité cette fois pour contraster avec notre gros mariage qui ne rimait à rien, et nous n’avions que faire de quatre-vingt quinze pour cent des invités, choisis en grande majorité par Saül Williams. « Oui, c’est Damon. Je suis sûre qu’il serait ravi, lui aussi. » Damon est toujours charmant avec mes amies – ci ce n’est Jo mais, soyons honnête, elle le mérite la plupart du temps – mais je crois qu’à chaque nouvelle tête, il se demande à quelle sauce il va être mangé. Il faut dire que je fréquente pas mal de forts caractères et de demoiselles hautes en couleur. « On pourra organiser quelque chose, dans tous les cas. Tu vois quelqu’un ? » Loin de moi l’idée d’être curieuse, mais les doubles dates sont souvent moins malaisant que l’idée de tenir la chandelle auprès d’un couple lorsqu’on est seul.

« Oui, je vais être diplômée l'année prochaine. C'est ma dernière année. » Mes comptes sont bons alors, je félicite la jeune femme d’un simple sourire. Pour les individus comme Damon, ce n’est peut-être pas grand-chose, pas un accomplissement mais plutôt une formalité, que d’arriver à la fin de ses études mais moi, je sais et j’estime que cela demande du travail et du dévouement. Un dévouement que je n’ai pas été capable de faire naître en moi à l’époque, et je n’avais de toute façon pas les moyens de poursuivre pendant plusieurs années sans travailler en même temps. J’ai préféré plonger dans la vie active plutôt que de me tuer à petit feu en jonglant avec mes études et des petits boulots étudiants qui m’auraient à peine permis de joindre les deux bouts. « Non, pas encore. J'aimerais beaucoup faire ça dans une boite de cosmétiques mais je suis la pire pour ça, je stresse toujours et fait tout à la dernière minute. Disons que les lettres de motivation, les entretiens et les examens, c'est pas trop mon truc. » Je réfléchis un instant avant d’ajouter. « Je sais que c’est pas la cosmétique, mais Damon travaille chez Michael Hills. La boîte appartient même à sa famille, à vrai dire. » Je n’évoque pas Saül qui, de toute façon, sera officiellement évincé d’ici quelques semaines. Si elle souhaite travailler dans la mode et le luxe, peut-être que la haute joaillerie l’intéressera. « Ce serait un job prestigieux et t’aurais un premier pied dans le luxe. Je peux voir si c’est possible de tirer quelques ficelles pour t’obtenir un stage, si ça t’intéresse. » Damon cherche à fuir cet environnement toxique, mais il n’était de toute façon pas fait pour ça dès le début. Si Bonnie s’oriente vers ce genre de milieu, peut-être y trouvera-t-elle son compte. Et avec le changement de direction, peut-être que l’atmosphère de l’entreprise familiale deviendra plus agréable.

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@Megan Williams  & @Bonnie Belmont ☆ crédit/keetikagifs

Revoir Megan, ça lui donnerait presque de la nostalgie à Bonnie après tout ce temps. Pourtant, elle n'est pas du genre à s'extasier du passé mais la voir aussi rayonnante, elle se sentait émue et admirative. Trinquant alors avec son amie, elle acquiesçait le sourire aux lèvres. Elle porta ensuite son verre à sa bouche pour boire quelques gorgées de son cocktail. A ses paroles sur son amie, elle ne chercha pas à en savoir plus, ce qui l'intéressait en cet instant, c'est surtout de rattraper tout ce temps perdu et se mettre à jour sur les nouvelles dans la vie de la blonde. Elle se fichait même de la programmation pour être complètement honnête, elle haussait alors les épaules pour montrer qu'elle ne s'y ait pas attardé non plus.

« J'ai pas regardé non plus, je t'avoue. » déclara-t-elle, alors.

Elle se doutait forcément de la démarche de Megan mais ne lui en tenait pas vraiment rigueur, elle est de la même trogne Bonnie. Intéressée et parfois même ambitieuse. Le fait d'avoir grandit dans une famille de la haute, peut-être. Si aujourd'hui, elle a finit par s'assagir, elle n'en reste pas moins une influenceuse. A sa réponse sur le renouvellement des vœux, elle fronça les sourcils, interrogée.

« Si je peux aider en quoi que ce soit, hésites pas. Tu cherches un lieu peut-être ? » demanda-t-elle, calmement.

Depuis qu'elle vit à Brisbane, elle a eu l'occasion de découvrir la ville en long, en large et en travers. Que ce soit les bars, les discothèques ou les salles de spectacle, elle les a tous arpenté à la recherche d'un peu de lumière. Parce que Bonnie, elle a ce besoin de briller en société, de capter les regards, ce qui ne plait pas toujours à son meilleur ami qui la met en garde sur les garçons qu'elle fréquente. Mais habituée à plonger tête la première dans les relations qui font souffrir, elle ne sait pas trop faire autrement. Pourtant, elle n'est pas jalouse de Megan. Elle souriait légèrement lorsqu'elle lui confirme qu'il s'agit bien de Damon, fière d'avoir retenu en scrollant ses publications sur les réseaux sociaux. Puis la question fatidique, voyait-elle quelqu'un en ce moment ? Elle chercha ses mots avant de lui répondre, sérieusement.

« Honnêtement ? Disons que je vois quelqu'un mais c'est compliqué. » commença-t-elle sur un ton sérieux.

Elle marqua une pause avant de reprendre plus calmement, prenant le temps de bien expliquer les choses.

« J'ai toujours eu des relations compliqués alors en ce moment je me prends pas la tête. Donc quelqu'un, non. Disons plutôt, plusieurs. » reprenait-t-elle.

Elle se retenait de faire le compte dans sa tête et but quelques gorgées de son cocktail, un peu gênée. Le sujet dériva ensuite sur ses études et son stage de fin d'année, ce qui l'arrangeait. La proposition que lui fait alors Megan l'intrigue, ça pourrait être intéressant. Elle se tournait vers la blonde, curieuse d'en savoir un peu plus sur le poste qu'elle pourrait obtenir.

« C'est gentil de proposer. Tu m'enlèverais une sacrée épine du pied. Est-ce qu'ils ont un département de communication numérique ?» questionna-t-elle.

Elle réfléchissait quelques secondes et passa ses mains parfaitement manucurées dans ses cheveux blonds.

« Un stage de community manager, ça serait parfait mais je veux pas abuser non plus. T'es vraiment adorable. » ajouta-t-elle.

Elle esquissa un sourire reconnaissant et fixait la jeune femme lorsque la musique retentissait dans le bar. Elle jeta un œil à la scène et s'en désintéressa bien vite pour finir le contenu de son cocktail.

« Et toi, qu'est-ce que tu fais en ce moment ? » posa-t-elle, ensuite à la blonde.

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Megan Williams & @Bonnie Belmont ☆ crédit/peachspoon

« J'ai pas regardé non plus, je t'avoue. » Je hausse les épaules. Aucune de nous deux ne s’est renseignée sur les réjouissances musicales et, pour être honnête, je n’en ai pas grand-chose à faire. Je ne suis pas là pour la musique, mais parce que me rapprocher de Bonnie m’aidera peut-être à y voir plus clair quant à la possibilité de reprendre le chemin des études. Si j’arrivais à mener à bout un bachelor, me sentirais-je moins idiote et plus légitime pour évoluer aux côtés de Damon et de ses amis de Columbia ? Aurais-je moins honte de ma basse extraction puisque j’aurais fait un pied de nez au destin à tous les niveaux ? Est-ce que cela m’aiderait à savoir ce que je veux faire de ma vie maintenant que la photographie n’est plus une option ? Peut-être pas, mais cela m’offrirait au moins une façon de faire l’autruche pendant plusieurs années. « Si je peux aider en quoi que ce soit, hésites pas. Tu cherches un lieu peut-être ? » - « Non, je crois que Damon sait déjà ce qu’il veut faire, mais qu’il a l’intention de garder la surprise jusqu’au dernier moment. Pour me demander ma main, il m’a emmenée en week-end à Bali et on y est retournés pour notre premier anniversaire de mariage. » Une de ces deux affirmations est vraie, l’autre est une pure invention mais je maîtrise cette histoire à la perfection, depuis le temps que je la raconte. Ce qui compte de toute façon à mes yeux, c’est ce que Damon et moi sommes maintenant.

« Honnêtement ? Disons que je vois quelqu'un mais c'est compliqué. J'ai toujours eu des relations compliquées alors en ce moment je me prends pas la tête. Donc quelqu'un, non. Disons plutôt, plusieurs. » - « J’ai longtemps été dans ce cas de figure. » C’est compliqué est même un euphémisme pour décrire ma précédente relation avec un homme marié. « Si je peux être honnête avec toi… » Et si je la vexe, alors tant pis, je ne suis pas du genre à mâcher mes mots quand je n’ai pas d’intérêt dans l’affaire. « C’est compliqué, ça se termine rarement bien. » Notre histoire à Damon et moi l’a été également, mais tout semble simple depuis que nous nous sommes réellement autorisés à tomber amoureux l’un de l’autre. Rien n’est compliqué entre nous, seulement tout ce qui gravite autour du clan Williams. « Mais tant que tu t’amuses et que ça te convient. » Je hausse les épaules et lui adresse un sourire. Personne ne m’imaginait mariée à mon âge, moi la première, alors je suis loin d’être le genre de personne qui met la pression aux autres femmes pour se poser avec quelqu’un et faire leur vie avec lui. Si notre union n’avait pas été arrangée, rien ne nous aurait pressé à nous marier, Damon et moi, et nous aurions certainement pris tout le temps du monde.

« C'est gentil de proposer. Tu m'enlèverais une sacrée épine du pied. Est-ce qu'ils ont un département de communication numérique ? » - « Je suppose que oui. C’est une boîte énorme et, dans le luxe, ça m’étonnerait qu’ils aient pas ça. » Je n’ai pas eu affaire à tous les collègues de Damon – dieu soit loué étant donné les photos de moi qui ont circulés à la MHI fut un temps – mais je suis certaine qu’il existe un bonhomme en costume pour chacune des branches que l’on imagine dans une entreprise de cette envergure. « Un stage de community manager, ça serait parfait mais je veux pas abuser non plus. T'es vraiment adorable. » - « Je te promets rien, mais je vais essayer. Ça coute rien et si ça peut te rendre service. » Entre chez MHI, c’est presque comme décrocher un premier stage chez Cartier ou Tiffany : l’opportunité ferait briller les yeux de beaucoup de jeunes diplômés. « Je te tiens au courant. » Je lui adresse un petite sourire en pianotant des doigts sur la nappe en velours rouge. « Et toi, qu'est-ce que tu fais en ce moment ? » - « Hum ? » Lointaine, je tourne la tête dans sa direction avant de me secouer les puces. « Oh, comme boulot ? » C’est un bien sombre bordel, mais qui fait envie de l’extérieur. « J’ai été photographe de plateau après avoir arrêté les études, puis je suis passée derrière l’objectif quand mon beau-père cherchait une égérie pour une de ses collections. J’ai bien aimé, j’ai fait quelques contrats du même genre pendant un moment. »  Et je continue encore à le faire lorsque l’opportunité se présente à moi. « Je suis en plein tournage d’un film qui devrait sortir à l’automne prochain. Nine, c’est adapté d’une biographie, t’en as pas entendu parler ? » Le livre a eu un franc succès, mais encore faut-il s’intéresser au monde du sport. « C’est pas forcément ce que j’imaginais. » C’est exactement ce que j’imaginais, je savais dès le début que ce n’était pas forcément ma vocation mais l’opportunité d’être une épine dans le pied de Scott était bien trop belle. « J’ai hâte de la première, je vais pas te mentir, mais je sais pas si je ferai ça à plein temps après. » Je ne sais même pas si j’aurais l’opportunité de le faire. « Je réfléchis de plus en plus à reprendre les études, en fait. »