❀ i have emotional motion sickness, somebody roll the windows down
« I'm on the outside lookin' through
You're throwin' rocks around your room
And while you're bleeding on your back in the glass
I'll be glad that I made it out
And sorry that it all went down like it did

I have emotional motion sickness
Somebody roll the windows down
There are no words in the English language
I could scream to drown you out »

(contexte chronologique : quelques jours avant ce rp.)

Madison a sorti l’une des robes qu’elle porte habituellement aux repas de familles, le genre que ses parents approuvent beaucoup plus que ses jeans et ses pulls habituels. Elle l’a enfilée, s’est observé dans le miroir, composant son plus beau sourire. Elle a l’impression d’être une copie d’elle-même, une projection de rêve. Elle se sent étriquée dans son rôle. Elle ôte la tenue, fouille dans son dressing, se demande ce qu’elle porterait si elle s’écoutait. Elle sort les vestes, les pantalons, passe son doigt le long des tissus, laisse son esprit rêver. Assise en culotte sur son lit, elle sirote un verre de vin blanc - le seul qu’elle s’autorisera, avant de sortir, pour ne pas risquer d’arriver ivre au vernissage - avant de finalement décider de porter la tenue qui l’inspirait, pour voir ce qu’elle pense. Elle se regarde dans la glace. Et elle se voit.

Elle hésite longuement avant de quitter chez elle. Elle a l’impression de transgresser quelque chose, simplement en portant une veste et un pantalon et non une robe, des bottes compensées au lieu de talons délicats. Mais dans ces habits, elle n’a plus l’impression d’être déguisée. Alors elle passe le pas de la porte avec un frisson et part prendre le bus.

Oliver l’attend à l’entrée de la galerie, et dès qu’il l’aperçoit, Madison lit dans son regard la déception. Elle n’est pas habillée comme il voudrait. Il n’est pas aussi conservateur que ses parents, bien sûr, mais il préfère quand Madison s’en tient au rôle qu’il veut lui laisser, celui de la petite-amie parfaite et féminine. Elle comprend que ce soir, en rentrant, il lui fera une remarque. Peut-être même qu’ils se disputeront. Ils ne font plus que ça, ces derniers temps. Mais pour l’instant, ils sont en public, et dans un setting professionnel, alors Oliver se contente de l’embrasser sur la joue avec un sourire pour lui dire bonsoir et de glisser son bras autour de sa taille pour la mener à l’intérieur. Il ne lui dit pas qu’elle est belle.

Il y a du beau monde, ce soir. Madison s’accroche à l’unique verre de vin qu’elle pourra boire, ne s’approche pas trop du buffet - qui n’est là que pour faire joli, dans ce genre de soirées. C’est Madison qui a eu l’invitation pour l’évènement via un ami de l’université qui connaît Elsa, la peintre exposée ce soir, que Madison a déjà croisé plusieurs fois en soirée aussi. Le réseautage dans tout son charme. Elle a voulu proposer à Maxine de venir avec elle, mais Oliver se plaint trop que les deux jeunes femmes passent beaucoup de temps ensemble. Alors elle a fait un compromis, a invité son petit-ami. Après tout, il adore les moments comme ça, charismatique et social comme il sait l’être. Et cela ne loupe pas : il discute facilement avec les gens, les fait rire, laisse accidentellement Madison de côté.

C’est lorsqu’ils s’approchent d’une nouvelle peinture, une immense toile d’un paysage destructuré aux couleurs iréelles, que Madison remarque un visage familier - elle reconnaît ces cheveux avant tout. « Oh, Carmine ! » Elle s’exclame, sincèrement surprise et heureuse de le croiser. Elle agite ses mains, ne sachant pas trop quoi faire de son corps, tout à coup affreusement consciente qu’elle a eu l’air trop enjouée. « C’est drôle de vous croiser là, vous connaissez Elsa ? » Elle demande, intriguée, avant de sentir que la présence à côté d’elle s’agite, et qu’elle rougisse. « Eh bien, Madison, tu ne me présentes pas ? » Demande Oliver avec un sourire qui se veut amusé - et qu’en cet instant, Madison reconnaît comme cachant son agacement. « Oh, euh, oui, bien sûr, pardon, je suis bête. Carmine, je vous présente Oliver, mon petit-ami. Oliver, je te présente Carmine Cavendish », elle explique pendant que les deux hommes se serrent la main. « Mr Cavendish, bien sûr. J’ai adoré la réalisation de la dernière campagne Hurtwave et Gibson », dit Oliver avec un grand sourire. Evidemment, Oliver connait ce genre de choses, toujours bien au fait des informations du milieu musical. « Vous êtes un féru de peinture aussi ? » Il demande, lançant la conversation par lui-même sans attendre que Madison, le maillon commun, fasse le lien.



@Carmine Cavendish   (et le tag de stalkage demandé par @Archie Kwanteen hihi)

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C’est ce côté charmant chez Oliver qui a d’abord plu à Madison.Elle l’a rencontré à une soirée, ils avaient des amis en commun. Madison l’a trouvé charismatique, passionné,  elle qui a toujours aimé les gens qui sont habités par leurs émotions. Après plusieurs verres, ils se sont mis à refaire le monde en parlant de leurs peintres favoris, s’entendant tous les deux sur leur amour pour Rothko. Sur le papier, Oliver était tout ce qu’elle recherchait chez un homme : quelqu’un d’intéressé par l’art, d’assez extraverti pour palier à sa timidité, et assez poli pour plaire à ses parents. Et, bien sûr, beau, objectivement beau, avec ses traits fins, son corps de danseur élancé. Plus facile, encore, resta l’attirance d’Oliver pour Madison. Il a fait le choix pour elle, a flirté avec, a fait le premier pas. Elle s’est contentée d’accepter. Ca a toujours été ainsi, pour elle, quand elle sort avec un garçon.

Pendant longtemps, Madison a vu le charme d’Oliver comme un trait de personnalité, une qualité. Aujourd’hui, elle comprend qu’il s’agit d’un levier que le jeune homme aime utiliser pour attirer l’attention sur lui, séduire au lieu de s’intéresser aux autres. C’est peut-être même pour ça que leur couple fonctionne si bien : Oliver aime prendre de la place, elle aime en laisser.

Alors quand Oliver commence par complimenter Carmine, Madison sent son estomac se contracter car elle sait qu’il n’est pas sincère - ou plutôt qu’il n’est pas réellement intéressé par ce que fait Carmine. Il ne supporte simplement pas que Madison connaisse Carmine, elle, et que lui n’ait pas l’avantage dans la discussion. Il veut prouver qu’il a sa place aussi. Il lance la discussion, questionne Carmine sur son intérêt pour la peinture. « D'Art en règle général. » Répond Cavendish avec son sourire parfait. Madison est légèrement en retrait, concentrée sur la conversation. « J'aurais pu le deviner. La mode, le cinéma, la peinture ... la danse peut-être ? » « Peut-être. » Carmine est poli comme il sait l’être, mais il décide de reporter son attention sur Madison - qui sent l’angoisse caresser sa nuque à l’idée de voler la vedette à Oliver devant quelqu’un d’autre. « J'aime beaucoup votre tenue, Madison. » Les joues de Madison rougissent instantanément. « Oh, merci… » « Elle est magnifique, n’es-ce pas ? » Réplique Oliver en passant son bras autour de ses épaules dans un geste prétendument affectueux. Voilà, Madison est jolie pour lui, maintenant que c’est utile de le dire. Madison a le regard plongé dans celui de Carmine, elle a l’impression de tenir une seconde conversation en silence. « Même si elle sait que je la préfère en robe, pas vrai Madi ? » Il lui donne un petit coup d’épaule avec un rire amusé. Madison a envie de disparaître. Ce qui semble être une plaisanterie, ou une inside joke, cache quelque chose de plus sincère, et tout à coup, Madison a peur, peur du retour de soirée et la mauvaise humeur d’Oliver, mais peur surtout que Carmine comprenne quelque chose. Car l’anglais a le regard dans le sien, et attend son signal à elle.

Alors elle plisse légèrement les yeux, et espère lui faire comprendre qu’il faut aller dans le sens d’Oliver, le laisser prendre de la place, ne surtout pas complimenter ou favoriser trop Madison. Silencieusement, elle essaie de dire à Carmine que tout va bien, qu’elle est habituée, et elle espère qu’il entend ses mots muets. « Alors, hm, Carmine, qu’est-ce que vous pensez du vernissage ? » Demande Madison pour dévier la conversation de sa tenue. « Oliver était en train de me dire que le côté déstructuré et coloré lui rappelait un peu Basquiat », elle souligne, remettant Oliver en centre de la conversation. « C’est évidemment difficile d’égaler Basquiat, mais j’aime beaucoup les oeuvres chargées visuellement, comme celle-ci » , dit-il en désignant de la main le tableau devant lesquels ils se trouvent. « Il y a tellement de choses à regarder, le tableau est un dialogue constant avec le public. » En dialogue constant avec le public. Madison sent qu’elle rougit à nouveau. Cette phrase, c’est elle qui l’a dit à Oliver, il y a un quart d’heure.  « Oui, exactement », elle murmure, effacée, avec un sourire poli. « Est-ce que vous collectionnez des oeuvres ? » Demande Oliver en se tournant vers Carmine, intéressé et fasciné par le milieu de l’art, et des gens assez fortunés pour posséder des toiles.


@Carmine Cavendish  

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Madison est persuadée de l’intelligence artistique de Carmine, adorerait pouvoir échanger avec lui autour du vernissage. Mais elle se doit de rester en retrait et d’observer, de laisser à Oliver la possibilité de briller. Lui aussi est intéressé par l’art, c’est bien l’une des rares choses qu’ils partagent encore tous les deux, mais il est aussi important pour lui de briller. Alors elle lui laisse la place, se prive d’une conversation sincère avec Carmine. Oliver a d’ailleurs déjà tourné la conversation vers un sujet qui n’intéresse pas vraiment Madison - la possession d’art - qui préfèrerait qu’ils continuent de partager leurs avis sur les œuvres. Elle préfère discuter du conceptuel plutôt que du matériel. « À Londres, oui. La demeure que j'occupe actuellement s'y prête moins. » Oliver hoche la tête d’un air entendu, comme s’il pouvait comprendre, comme si lui aussi collectionnait des œuvres. Mais en réalité, il est comme Madison - il possède quelques tirages, quelques toiles, souvent acheté auprès d’amis artistes. Comme Madison, il vient d’une famille à l’aise financièrement, mais il a choisi une carrière qui ne rémunère pas autant. Encore aujourd’hui, Madison a un compte d’épargne bien rempli, des héritages et chèques de Noël, mais elle évite d’y toucher, essayant d’être indépendante. Elle est fière de ne plus avoir à demander de l’aide à Archie, de pouvoir payer son loyer par elle-même. Elle se convaint que ça fait d’elle quelqu’un qui connait la valeur de l’argent.  « Ma dernière acquisition est un tirage original de Iain MacMillan. » Madison lève un sourcil, interpellé et impressionné. « Rien de très passionnant : des gens qui traversent la rue. Un cadeau pour ma sœur. » La bouche de Madison s’ouvre en un parfait o de surprise. « Non, sérieusement ?! » Elle demande, se mettant à rire. « Mais c’est incroyable, je ne savais même pas que le tirage était à la vente ! » Oliver à côté d’elle fronce les sourcils. Il n’a pas la référence et ne supporte pas ne pas être mis dans la confidence. Madison rougit et rajoute à son attention : « C’est, hm, la photographie des Beatles qui traversent la rue » Elle sait qu’il déteste qu’elle lui apprenne quelque chose. « J’avais compris, Madison », il ment avec aplomb. « Je suis juste presque choqué, c’est impressionnant », il rebondit avec un sourire qui se veut amusé. « Votre soeur a de la chance », il ajoute, avant de se tourner vers Madison et de lui dire, « On dirait le genre d’extravageance que ferait ton frère ! » Madison évite un instant le regard de Carmine, sent qu’elle rougit et ne sait pas quoi répondre. Elle déteste que l’ombre d’Archie plane sur Carmine en cet instant, alors qu’il ait à une soirée mondaine, sûrement en train de se changer les idées.

« Et vous ? » Demande poliment Carmine alors qu’il est question de collectionner des œuvres. « J’essaie le plus possible. Madison et moi avons beaucoup d’amis artistes, c’est une façon aussi de les soutenir. » Un fait qui donne l’impression qu’Oliver est particulièrement altruiste et philanthrope. Madison se contente de sourire. « Oh, d’ailleurs, Madi, il faut qu’on aille dire bonsoir à Alice », il lui signale avec un sourire et un petit signe de tête. « Ah, euh, oui. Tu… Tu y vas et je te rejoins ? » Elle propose timidement. Oliver fronce légèrement les sourcils. « Ah, d’accord. » Il ne prend pas la peine de dire “pas de soucis”. Il mentirait, de toute façon. Il se tourne vers Carmine avec un sourire mielleux. « J’étais ravi de vous raconter Carmine, au plaisir de vous recroiser à d’autres vernissages », il affirme en offrant sa main pour la serrer avant de s’éclipser. « A tout à l’heure, Madi », dit-il avant de lui coller un bref baiser sur la joue, ignorant que Madison déteste les marques d’affection physique en public, trop pudique.

Madison sent qu’elle rougit bêtement, et maintenant qu’Oliver est parti, elle a du mal à soutenir le regard de Carmine. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle a l’impression que Carmine a vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû. « Hm, euh, merci, pour, euh.. » elle commence, ne sachant pas trop où aller, « il est… » Il est quoi, exactement ? Elle ne finit pas sa phrase. Elle rougit, mord l’intérieur de sa joue. « Enfin, bref. Vous… Vous avez plutôt bonne mine », elle lui dit. « Pardon, on dirait que j’ai l’air surprise, ce n’est pas… Pas ce que je voulais dire », elle bégaye, rougissant à nouveau. Elle a l’impression que toute l’aise qu’elle avait pu développer avec Carmine a été avalée par Oliver, et elle se retrouve à nouveau timide et gauche.


@Carmine Cavendish  

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Madison déteste s’entendre bafouiller et se sentir rougir. Elle déteste qu’au contact d’Oliver, elle sent son assurance disparaître, comme si elle était avalée dans l’ombre de son petit-ami. Lui aussi doute d’elle, elle le sait. Au début de leur relation, il ne savait pas s’arrêter de la complimenter. Elle était merveilleuse, ses photographies incroyables, elle était intelligente, drôle, belle. Jamais de sa vie quelqu’un avait tant complimenté Madison. Elle s’était sentie presque mal à l’aise d’être tant aimée et admirée. Aujourd’hui, après deux ans de relation, il n’est pas rare qu’en rentrant de soirées, Oliver lui fasse remarquer une chose stupide qu’elle a dite dans une conversation, ou lui reproche de ne pas avoir assez dansé avec lui, ou dansé tout court, d’avoir regardé un autre garçon ou de n’avoir pas assez parlé. Elle se demande ce qu’il va lui dire, en rentrant ce soir, à propos de leur interaction avec Carmine. Elle a l’impression d’entendre la voix d’Oliver dans le coin de sa tête, jugeant le moindre de ses gestes, alors qu’elle essaie d’avoir une conversation normale avec le mannequin britannique.

Elle essaie, oui - parce que de toute évidence, elle n’y arrive pas, et Carmine le perçoit très bien. « Est-ce que tout va bien ? » Il a murmuré, sans aucun jugement, avant d’attraper une coupe de champagne sur le plateau d’un serveur et la tendre à Madison. « Timer social. » Madison essaie de sourire d’un air entendu, parce qu’elle a compris ce qu’il sous-entendait, et elle porte l’alcool à ses lèvres un peu trop brusquement, comme un naufragé qui s’accroche à une bouée. La première gorgée pétille dans sa bouche et calme son anxiété, sans même qu’elle n'ait besoin d’être ivre. La promesse de l’ivresse, qu’elle atteindra en rentrant, ce soir, suffit à l’apaiser un instant. Elle mordille l’intérieur de sa joue avant d’inspirer. « Désolée, je… » Je quoi, Madison ?, se dit-elle, se sentant à nouveau stupide. « J’ai littéralement été élevée pour savoir bien paraître en société, mais je ne suis pas toujours très douée. C’est sûrement pour ça que je laisse Oliver faire la conversation dans ces moments », elle dit avec un espèce de petit rire, comme pour essayer de justifier la scène à laquelle Carmine vient d’assister. Il a trop vu, trop compris. Elle sait qu’il est trop poli pour ouvertement le critiquer. « Mais ça me fait plaisir de vous voir, vraiment », elle ajoute, parce qu’elle ne veut pas que Carmine pense qu’il est une obligation sociale. « Et puis, je n’ai pas eu l’occasion de vous remercier en face pour Vogue Australia. Je… Je ne sais même pas comment vous remercier, à vrai dire », elle bredouille. « Je… » Je, quoi, Madison ?! Elle secoue à nouveau la tête. « Comment est-ce que vous allez, vous ? » Elle demande, sincère malgré ses joues rougies et sa timidité.

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Madison est heureuse de voir Carmine avec un sourire en coin et un visage lumineux ; elle s’imagine qu’il va mieux, l’espère, surtout. Les peines de coeur sont toujours une épreuve, ou du moins c’est ce qu’on a toujours dit à Madison, qui n’a jamais vraiment vécu de rupture amoureuse qui l’ont chagriné. Elle est plutôt frustrée, généralement, quand quelque chose s’écroule ou s’arrête, mais elle est souvent celle qui donne l’impulsion, qui rompt, malgré sa peur maladive de décevoir les autres. Avant Oliver, elle a eu quelques copains, sans beaucoup de conviction - elle pense qu’Oliver est le premier garçon qu’elle aime vraiment. Du reste, les vraies peines de perdre quelqu’un, Madison pense les avoir vécu quand certaines de ses amitiés ont stoppées, parfois abruptement. Elle repense à son amitié d’adolescente avec Charlie, la façon qu’elle a eu de disparaître, parce que c’était plus simple à gérer que de reconnaître qu’elle était amoureuse d’elle - Madison arrive à se le dire, aujourd’hui, amoureuse d’une autre fille, même si elle essaie d’enfermer cette information au plus profond d’elle-même.

« Mieux. » Madison a un sourire sincère et soulagée. « Je suis contente de le savoir » , elle répond d’une petite voix moins nerveuse. C’est étrange de penser qu’Archie, cette présence étrange entre eux, a brisé le cœur de l’anglais. Madison n’est pas très à l’aise avec toute cette situation. « Connaissez-vous cette artiste depuis longtemps ? » Madison secoue légèrement la tête. « Seulement trois ou quatre ans, c’est une amie d’ami, disons qu’on fréquente les mêmes cercles », elle dit avec un petit sourire, un peu gênée à l’idée d’ennuyer Carmine avec ses histoires. « Mais j’aime beaucoup sa démarche artistique, le fait de travailler sur des grands formats, la représentation un peu irréelle mais familière à la fois… Enfin, ça me parle », elle conclue maladroitement en détournant le regard. Elle se demande si Carmine se souvient de leur conversation sur l’art, sur la confession de Madison qui lui avait avoué aimer la photographie parce que cela ressemblait presque au réel.

Carmine et elle sont tournés vers le tableau, dans un bulle à eux. De loin, on dirait qu’ils discutent simplement de l’art au mur. Mais Carmine inspire, et murmure la phrase suivante : « Loin de moi l'idée de paraitre désagréable… Est-ce qu’il sait ? » Madson sent qu’elle se crispe immédiatement. Pas parce qu’elle en veut à Carmine de poser la question, mais parce qu’elle ne parle jamais de ces choses-là à voix haute. « Je l’aime », elle répond d’une petite voix, comme une enfant pris sur les faits. « Peut-être pas exactement comme il le faut », elle admet les yeux baissés. « Mais je l’aime quand même. » Elle le répète parce qu’elle a besoin que cela devient vrai, comme une incantation. « Alors… Non, il ne sait pas », elle murmure, les joues rougies. « Je ne l’ai pas dit à beaucoup de gens. Je ne me le suis pas dit beaucoup à moi-même non plus », elle confesse. Elle évite toujours soigneusement le regard de l’anglais, prend une gorgée de champagne. « Je l’ai dit pour la première fois il n’y a qu’un an, à Archie », elle murmure avant de secouer la tête. « Vous… Vous aussi, peu de gens le savent ? »


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Madison se doute que Carmine a ses propres barrières autour de son secret. Après tout, il n’a pas profité du scandale de janvier pour avouer publiquement quoi que ce soit - elle se demande tout à coup si lui et AJ Buckley ont vraiment eu une aventure, et où Archie vient se mettre dans tout ça. Dans un monde différent, peut-être que Madison et Archie auraient pu discuter de ces choses-là, de leurs peines de coeur, en rire ensemble, se réconforter. Mais ce n’est pas leur quotidien. Ce n’est même pas celui qu’elle partage avec Saddie, pourtant apparemment hétérosexuelle. Que se cache-t-il dans les gênes Kwanteen pour qu’aucun des membres de cette famille ne soit capable de parler de ses sentiments ? Est-ce leur éducation ? Carmine vient d’un milieu encore plus aisé et normé, et Madison est prête à parier que les injonctions qu’il a subies ne sont pas plus douces. « Ma famille proche.. .Mon ex-compagne ... » Madison n’ose pas demander si Carmine l’a aimée elle, ou s'il a été dans la même situation qu’elle et Oliver, une histoire d’amour étrange, pas tout à fait comme il faut. Elle est incapable de demander frontalement à Carmine son orientation sexuelle, et a toujours grincé des dents quand les gens autour d’elle arrivent à s’étiquetter sans gêne. Ses études d’art lui ont fait connaître beaucoup de gens qui se revendiquent ouvertement une myriade d'identités, et elle ne sait toujours pas si elle est jalouse ou admirative ou en colère contre ceux qui n’ont pas de mal à s’afficher publiquement. Parfois, elle a envie de leur crier de se taire, comme pour les empêcher de dire ce qu’elle a longtemps considéré comme un gros mot. Aujourd’hui, c’est différent. Aujourd’hui, c’est l’amertume qui l’emporte. « Mon meilleur ami ... » Oh, pense Madison, les joues légèrement rosies. Elle a compris le sous-entendu. Mais polie comme elle est, elle ne posera évidemment pas plus de questions.

« J'aimerais m'assurer que vous ne vous sentez pas seule. » La douceur dans la voix de Carmien envoie quelques frissons dans le dos de Madison. Elle n’est pas habituée à autant de gentillesse. La présence étouffante d’Oliver plane entre eux, mais elle secoue légèrement la tête pour la chasser. Elle n’est pas sûre de comment répondre. Elle n’a pas assez bu pour être complètement honnête, mais la sollicitude de Carmine la touche sincèrement. « Il vient, quand je l’appelle à l’aide », elle dit d’une petite voix. Ce n’est pas d’Oliver dont elle parle, et elle sait que Carmine le comprend très facilement. C’est la figure d’Archie qu’elle invoque. « Je ne sais pas s’il le fera toujours », elle admet tristement, mais essaie de sourire. « Mais j’ai des amis aussi, je… C’est… C’est moi qui veut être seule, souvent, en fait », elle confie. « J’ai grandi avec cette croyance. Que les gens comme moi sont condamnés à être seuls. » Elle porte le champagne à ses lèvres, évite le regard de Carmine. « Si vous le pouviez, est-ce que vous voudriez être différent ? » Être hétérosexuel.



@Carmine Cavendish   (et ouuuui mon nouveau joli rang hinhinhin)