C’était dur ce matin. Je n’avais pas dormi de la nuit aussi. C’est souvent mon quotidien avec mon métier, mais on s’y habitue. Et d’habitude, j’ai tout de même quelques heures pour dormir parfois. Mais pas ce matin. J’avais à peine tourné la clé dans la serrure de ma porte, que mon téléphone perso sonna. Au moins, c’est pas le boulot qui m’appelle pour une descente ou une urgence. Non, c’était Maxyn. Et je ne pus m’empêcher de m’inquiéter. C’était certainement urgent. Il était à peine 7h30 du matin. Putain il est plus tard que ce que je pensais en fait. Elle doit avoir besoin de moi pour emmener Zoey à la crèche, à tous les coups. Et ça ne manqua pas. C’était bien ça. Je soufflais un peu de désespoir mais je ne pouvais pas refuser, je n’ai plus droit à l’erreur. Même lorsque je suis en mission je ne peux pas m’empêcher de lui répondre et d’être là pour elle. Enfin, pour Zoey surtout. Maxyn n’a plus besoin de moi, c’est terminé ce temps. Même moi je n’ai plus besoin d’elle. Et pourtant on fait tout pour rester amis encore. Et ça se passe bien je dirais. C’est toujours plus ou moins délicat encore, mais ça s’arrange, c’est le principal. J’avais juste le temps de prendre une douche rapide, d’enfiler un jean et un t-shirt pour finalement me rendre chez mon ex. Je récupérais Zoey et allais l’installer dans le fauteuil bébé de ma voiture. Il ne fallut pas bien longtemps avant d’arriver à la crèche. Elle gazouillait, essayant de parler, dans tous les sens. Je ne comprends pas tout encore, mais c’est vraiment très drôle et ça me réveille bien pour le coup. Une fois arrivée, je la fais sortir et on se dirige tous les deux, main dans la main, jusqu’à sa petite classe. Elle marche vraiment de mieux en mieux, la vraie fille à son père. Mais à peine allait-on rentrer, que je croisais une personne que j’avais bien connu, et je ne pus m’empêcher de sourire de surprise Naïa ? Seulement son prénom qui sortait de ma bouche. S’il fallait, ce n’était que son pur sosie et je ne voulais pas non plus m’enfoncer. Après tout, ça faisait déjà presque 17 ans qu’on ne s’était pas revu. Enfin, si mon compte est bon. Mais elle n’a pas vraiment changé ni vieilli, juste mûrie et elle est devenue une vraie belle femme. Enfin, si c’est bien elle bien sûr.

Un son, une onde, un bruit agaçant me tirait de mon agressif cauchemar. Si certains n'ont pas la chance de rêver, moi j'ai la malchance d'avoir des nuits hantées par des cauchemars révolutionnaires en matière d'imagination, il paraît pourtant que tout est lié, notre vie, nos attentes, nos angoisses, nos mauvais et bons souvenirs... Se devrait alors être inquiétant ? À croire que même mon subconscient veut me pourrir la vie. C'est après un petit temps d'adaptation aux quelques rayons de soleil qui perçaient entre mes rideaux que je sortis finalement de mon délicieux lit, j'avais le sentiment que cette journée allait être différente, chargé d'imprévus, seulement la question était, serait-ce en mal où en bien ? Dieu seul le sait à mon grand désespoir.

Un grand moment dans la salle de bain m'était nécessaire chaque matin, oui j'ai l’avantage -ou le désavantage- de prendre soin de moi et de mon image, cela va donc avec une grande maîtrise de ce que j'enfile chaque jour, jusqu'au maquillage et à la coiffure bien que je reste toujours naturel un au minimum, la nature a été généreuse avec moi, alors pourquoi se cacher derrière un masque ?J'avale rapidement un cappuccino, je saisis mon sac à main et ma petite sacoche de boulot remplis de papiers en tous genres avant de mettre un pied dehors.

Direction la crèche à Toowong, je dois déposer mon dossier "d’évaluation" sur le cas d'un petit garçon qui a bien trop peur et qui est malheureusement trop souvent couvert de bleus ou d’égratignures, oui ce n'est pas toujours très facile ce métier, mais j'ai vu pire.
J'étais comme à ma mauvaise habitude, en retard ! Une fois arrivé sur place je me rendais d'un pas pressé dans les bureaux, ou l’accueil n'est pas forcément des plus chaleureux. Ceci me prit quelques minutes, je ne comptais pas non plus traîner, j'avais beau gérer mon planning seule je n'aime pas réellement perdre mon temps.
Je m'imaginais simplement traverser ses couloirs, croiser quelques bambins et rentrer dans ma voiture, direction mon bureau, seulement ce fut toute autre chose, un seul instant qui allait certainement changer le cours de cette journée. Mon regard se poser sur cet homme, une silhouette différente mais qui me semblait si familière... Un instant mon esprit semblait planer, le temps de ce rapprochement, le temps qu'il parle et dise mon nom. Il n'y avait pas de doute, il s'agissait bien d'Enzo, surprise un sourire gêné, presque tiraillé se dessinait sur mes lèvres.

- Enzo ! qu'est-ce que tu fais là ?

Je ne savais pas réellement quoi dire, trop d’étonnement. J'avais l'impression de faire un retour au passé et je perdais presque toute mon assurance de femme, comme si j'étais encore cette ado de presque 16 ans face à lui. Je réalisais finalement qu'il tenait une petite fille par la main, il avait dû prendre le chemin du bon père avec toute une petite famille à lui, après tout il le mérite. Je me penchais vers cette petite bouille d'amour et passer mon index délicatement sur la joue de l'enfant avant de me relever doucement.

- Elle est adorable !

Naïa, ça ne pouvait être qu’elle, je pourrais la reconnaitre entre milles. Autant que mes sœurs lorsque je les avais perdu de vue. Sauf que Naïa je ne l’avais jamais considéré comme ma sœur, elle a été mon premier crush et ma première fois. Je me rappelle que j’étais tellement surpris et sur le cul quand elle m’a fait comprendre que je l’intéressais aussi. J’avais déjà 16 ans et j’étais surement l’un des rares qui n’avait pas encore fricoté avec une fille, ou même qu’une fille ne s’intéresse à moi. Aussi, faut dire que je n’étais pas aussi social que certains. Sterling aussi avait galéré, encore plus que moi d’ailleurs. Je ne me suis d’ailleurs jamais plaint là-dessus, le plus important pour moi à l’époque était surtout de me barrer de l’orphelinat pour retrouver mes petites sœurs. Mais Naïa avait réussi à changer la donne. Je ne lui avais pas non plus courut après aussi. Mais je n’aurais pas pu rêver mieux comme premier flirt et première fois tout court. Je m’en étais aussi beaucoup voulu auprès de mon ami qui flashait sur elle à l’époque aussi. Mais finalement nos chemins s’étaient séparés et je n’avais plus eu de nouvelles d’elle. Aujourd’hui, ça me faisait vraiment plaisir de la revoir, surtout qu’elle me reconnaissait également Je viens déposer ma fille, Zoey. Lui répondais-je en baissant la tête et le regard vers ma fille, sourire aux lèvres. Je compris alors très rapidement que Naïa était gaga des enfants vu qu’elle me fit savoir qu’elle était adorable tout en passant un doigt sur sa petite joue toute douce Et toi alors ? T’es devenue maman ? Oui parce que après tout, je ne voyais pas pour quelle autre raison elle avait bien pu se retrouver ici ce matin. Même si je trouvais bizarre de ne pas l’avoir croisé plus tôt, mais peut-être venait-elle d’inscrire son enfant, ça paraît également logique.

Honnêtement, quelles étaient les probabilités pour que je tombe sur Enzo, ici dans cette crèche de Brisbane . Le destin nous joue parfois de drôles de tours, loin de moi l'idée de penser que c'est une mauvaise chose de le revoir, mais en était-ce une bonne pour autant ? Que je suis compliqué parfois. A vrai dire je ne savais pas vraiment si j'avais envie de me rappeler toute cette vie d'avant, je ne me considérais plus comme la même et essayée d'effacer toute cette période de tristesse. Certes il y avait de bons souvenirs, seulement avec le temps il me semble que j'avais tout associé ensemble, sans réellement faire la part des choses, me serai-je oublié moi-même par la même occasion ? Réflexion trop perplexe pour un matin si éprouvant.

Inconsciemment je revenais en arrière et je ne pouvais m'empêcher de me repasser tout ce film dans ma tête en quelques secondes, contre toute attente se fut un bon sentiment, comme si je me cachais de ce que je ressens dans le fond, enfin de ce que j'avais ressentis pour lui. Notre histoire peut paraître banale et peut-être différente selon les angles, moi je me souviens de la gamine que j'étais, éperdument attiré par mon ami, mon pilier dans cet orphelinat Enzo, loin de me douter que son meilleur ami ait aussi des vues sur moi, cela me semblait trop compliqué, irréel. Il était mon premier, celui à qui j'avais offert mon cœur, il était de ceux que je n’oublierais jamais, même s'il m'avait comme brisé en m'abandonnant à mon propre sort, mais comment pourrais-je lui en vouloir d'avoir voulu quitter cette vie sans espoir ?

Je détournais le regard, l'attention vers la ravissante petite fille avec lui, Je ne pouvais m'empêchais de l'envier. Ma question, presque idiote eut la réponse que j'attendais, elle était donc sa fille, il en avait de la chance et sa "femme" aussi, oui car il n'a pas dû l'avoir seul cet enfant.
Après mon petit geste attendrissant je m'attendais à tout, sauf cette question si délicate à mes yeux, qui me glaça immédiatement le sang. Toute la logique est là, pourtant la triste réalité en est autrement et bien lus dure ! Je ne m'habitue toujours pas à cette vérité d'avoir perdu ma fille, ce petit être que j'avais tant désiré et que j'aimais comme ma propre vie dès l'instant ou je l'avais serré contre moi, ce triste jour. Les images assaillaient mon cerveau, mais je m'efforçais de ne pas transparaître mes sentiments. Je baissais le regard quelques instants, en pinçant mes lèvres.

- Enfaîte j'ai...

J'ai perdu ma fille après sa naissance . Non, je me vois pas du tout lancer ça ainsi, alors que je viens de le retrouver, je ne suis pas du genre à étaler ma vie, surtout sur un point si terrible, alors comme d'habitude je fais bonne figure, même si l'angoisse devait se faire sentir suite à ce silence.

- Je n'ai pas eu cette chance simplement, mais je garde espoir !

J'armais cette réponse avec un chaleureux sourire pour masquer la réalité, tout ce que je voulais c'était m'éloigner le plus possible de ce sujet. le boulot un bon moyen de dériver vers autre chose et puis à vrai dire je suis curieuse de savoir ce qu'il fait ! Même si de mon côté c'est certainement un peu moins passionnant, enfin je suis contente de ce que je fais et c'est le principal. Était-il toujours dans l'armée ? Y était-il réellement allé enfaîte, ou resté longtemps ? A vrai dire je ne sais rien de lui depuis ses 16 années qui nous séparent, peut-être a-t-il prit un chemin totalement différent.

- Je suis ici pour le travail, je venais déposer quelques papiers. Je suis assistante sociale maintenant ! Et toi tu fais quoi comme travail ?

Quelque part, même si parfois je trouve que Maxyn abuse un peu de mon sentiment de vouloir me faire pardonner, ce matin-là, je ne pourrais jamais lui en vouloir. Parce qu'elle m'avait permi malgré elle, de me retrouver face à mon premier amour. Oui, je pouvais l'appeler ainsi vu qu'on avait partagé quelque chose de fort ensemble, même si ça n'avait pas duré plus d'une nuit. Je l'avais regretté tellement de fois d'être parti si rapidement après pour l'armée. Mais je me sentais mal par rapport à mon ami que je n'aurais jamais pu revenir vers elle, même quand j'ai quitté l'armée. Aujourd'hui, ça me fait bizarre de la retrouver toujours aussi rayonnante, mais un bien fou également. Je lui demandais forcément si elle aussi était devenue maman, mais je sentais comme une tristesse dans sa voie. Elle voudrait l'être, je pourrais mettre ma main à couper. Et c'est d'ailleurs ce qu'elle me confirma. Je lui souriais simplement, affectueusement, espérant au fond pour elle que ça se réalise pour elle, mais ne dis rien pour autant. Allez savoir pourquoi. Je n'ai jamais vraiment parlé pour dire de simple chose. Prendre la parole pour moi est quelque chose de précieux. Enfin, plus vraiment avec Selina, avec elle j'enchaîne connerie sur connerie, faudrait peut-être que je me calme. Mais là, avec Naïa, j'en suis comme impossible, j'ai du mal à m'exprimer normalement avec elle. Surement du à cause de notre passé commun. Elle m'expliqua alors qu'elle était là seulement pour le boulot. Assistante sociale. Oui, ça lui allait parfaitement. Je souriais de nouveau, et cette fois-ci, je lui répondais sans problème Je suis chez les stups. J'ai pas duré longtemps à l'armée, du moins un peu plus que … Oui mon ami, celui qui avait lui aussi des vues sur Naïa, m'avait rejoint à l'armée, mais il n'était pas resté, pas autant que moi. Mais impossible de parler de lui de nouveau avec elle, c'était bien trop gênant. J'enchaînais alors J'y suis resté cinq ans. Mais mes sœurs me manquaient trop. Alors j'ai fait des petits boulots avant de rentrer chez les stups. Lui expliquais-je succinctement, même si elle ne m'avait pas vraiment demandé ma vie professionnelle. Je sentais alors Zoey s'impatienter, à tirer sur mon bras, voulant aller à la crèche. Je rajoutais alors à Naïa Tu nous accompagne en haut ? On pourra mieux discuter quand j'aurais déposé le petit monstre. Lui proposais-je avec un petit rire.

Il semblait, content, devrai-je même dire heureux ? De me retrouver, de tomber si hasardeusement sur moi en ce lieu. De son point de vue, oui je pouvais le comprendre, je lui rappelle certainement de bons souvenirs, ce serait de nier de dire que ce n'est pas la même chose pour moi, je dirais simplement que c'est différent ! Et puis les hommes ne sont pas pareils, ils arrivent à prendre plus de recul sur les situations "sentimentales" compliqué, même si tout cela n'est bien sûr que du passé, nous les filles, on est bien trop sensible, en tout cas moi je le suis et en le revoyant j'avais l'impression de ne pas avoir oublié, de revivre cette tristesse qui m'avait envahi à son départ, seulement en tant qu'adulte maintenant, je me devais de passer au-dessus de tout ça et puis heureusement pour moi il n'était pas le seul homme qui a fait battre mon cœur. Alors tout comme lui, je souriais, je faisais bonne figure, la seule chose que je ne pouvais pas lui enlever ses qu'avec lui je n'ai pas le besoin de faire semblant, il a connu une bonne partie de mon passé et puis on s'est connus durant tant d'années que même en ayant grandi, j'ai la drôle de sensation de toujours le connaitre, comme un lien invisible.

Ce qui me tira un peu vers le fond fut cette question, savoir si j'étais moi aussi devenue maman, c'était d'une logique certaine il faut le dire ! Trouver une femme de mon âge dans une école, à cette heure avec cet air pressé et puis cette délicatesse qui me correspond tant. Oh que oui j'aimerais couler des jours heureux comme on me l'imagine, avec un mari aimant et fidèle, deux adorables enfants et ma maison pleine de bazar avec des soirées bien trop courtes pour s'occuper des petits monstres, à la place j'ai seulement une maison vide, bien trop rangé, un divorce sur les bras, le regret de ses années dont je changerais le cours pour tout l'or du monde et ne jamais avoir perdu cette petite fille. Malheureusement on ne peut pas remonter dans le temps, et nous devons tous vivre avec nos blessures, tel un châtiment mondial. Je sauvais rapidement les apparences avec ma réponse sur mesure, une chance pour moi il se dirigeait comme je le voulais sur un autre sujet.

Je l'écoutais attentivement, sans être étonnée du métier qu'il avait donc choisi par la suite, ça lui colle bien à la peau et puis je suis sure que son travail lui plaît. Je restais un peu sur ma faim avec cette phrase en suspens, enfin je me doutais aisément de la fin qu'il lui aurait donnée, je suis loin d'être idiote, était-il gêné de parler son meilleur mais d'époque ? Peut-être était-il au courant de ce qui s'était passé entre nous par la suite, ou peut-être que non... Je ne voulais pas risquer de remuer des souvenirs si vieux et certainement inutiles, il faut avouer que ce n'est pas non plus une chose dont j'étais fière, quel genre fille se permet de succomber à deux amis en l'espace de quelques mois seulement, j'aurais pu tout détruire entre eux, finalement heureusement que la vie nous a éloigné les uns des autres. J'écoutais attentivement la reprise de sa phrase, il est vrai qu'il avait la chance d'avoir des sœurs, il n'était pas aussi seul que moi sur cette terre. Je comprenais facilement son désir de revenir auprès d'elles, j'aurais fait la même chose à sa place. Je n'eut pas le temps d'ajouter un mot, il reprit la parole en me proposant de l'accompagner jusqu'à la salle de sa petite fille, son petit monstre comme il venait de le dire.

- Tant qu'elle ne me mange pas c'est avec plaisir !

Bah oui, un monstre sa mange même les grands, non . Je leur offrais un sourire à pleine dent et me plaçais aux côtés de la petite Zoey, en suivant Enzo qui commençait à alors à marcher. Je la dévorais des yeux, il faut dire qu'elle était magnifique ! Je ne savais trop dire si elle tenait plus du papa ou de la maman, étant donné que je ne connaissais pas sa femme, enfin je supposais qu'il en avait une. Cette question me trottait d'ailleurs dans la tête subitement, oui la curiosité et un vilain défaut parfois, mais après tout c'est Enzo, je peux bien me permettre de lui poser ce genre de question.

- Et la maman, elle travaillait ?

En général je vois bien plus de mère déposer leur enfant à la crèche ou à l'école, cette question était comme logique après tout, bien que peut être déplacé. Je l'imaginais très bien heureux avec une ravissante femme à ses côtés, après tout il le mérite réellement. Nous arrivions au même moment devant la porte de la salle de crèche, du moins je le devinais car Enzo s'arrêtait. Je me doutais que je n'aurais pas ma réponse tout de suite et avant même qu'il prenne la parole.

- Je crois que c'est ici, alors à bientôt princesse !

Je m'approchais de sa fille qu'il avait prise dans ses bras un peu plus tôt et je déposais un baiser sur sa petite joue rebondie en souriant avec tendresse. Sans vraiment savoir pourquoi j'avais ajouté à bientôt....

Je sentais que Naïa n'était pas non plus aussi à l'aise que moi à l'idée de se retrouver ici, il y a sûrement certains éléments de sa vie que je n'ai pas connu qui font qu'elle se sent ainsi. Mais ce n'est pas moi qui vais aller chercher ce qu'il ne va pas, on vient juste de se retrouver, je ne vais pas aller la harceler de questions, même si elle est l'une des rares à éveiller de la curiosité chez moi. Je lui racontais donc vite fait mon parcours après l'armée, et lui propose de nous accompagner pour éviter de nous reperdre de vue une autre fois. Je n'en avais pas envie, j'étais bien trop content de la retrouver après toutes ces années. Je voulais en savoir un maximum avant que nos chemins se séparent de nouveau. J'espérais même qu'ils se recroisent de nouveau encore plusieurs fois. Zoey me tira alors la langue à l'annonce de ce surnom qu'elle aime bien de temps en temps et qu'elle n'aime pas la plupart du temps. Mais je trouve que ça lui va bien, même si elle est adorable la plupart du temps. Le reste du temps eh bien …. voilà. Naïa me fit rire quand elle espérait ne pas être mangé, mais Zoey se mit à bouder, seulement je sentais bien que la présence de mon ancienne amie d'enfance ne la dérangeait pas. Je venais à déposer ma fille par terre quand Naïa me demanda des nouvelles de la maman. Je la regardais, un peu interloqué, j'aurais du m'attendre à cette question et avant même que je ne puisse répondre Zoey avait filé dans sa classe. Je lui fis signe de la main, qu'elle me rendit et également à Naïa. Finalement, le courant était bien plus passé, sûrement parce qu'elle venait de l'appeler princesse, c'était sûrement ça et un coup bien joué. Sa mère a eut un empêchement ce matin, alors oui elle m'a appelé pour que je vienne l'emmener à l'école. Lui expliquais-je en haussant les épaules, n'ayant pas spécialement envie de lui raconter mon aventure avec Maxyn, vu comment ça s'était fini surtout. Aujourd'hui je m'occupe de Zoey et je l'assume, c'est ce qui importe le plus. Partante pour un café ? Proposais-je alors à mon ancienne camarade, vu que ça serait toujours plus sympa pour découvrir l'avancée de nos vies, plutôt que dans les locaux ou devant les portes de la crèche.

près tout s'il me demande de le suivre c'est que... Qu'il n'a pas envie de je lui file entre les doigts . Se devait être ça, en même temps il aurait été dommage de se quitter là, après seulement quelques mots échangés et faire comme si de rien n'était, bien sûr ça aurait été possible, mais illogique... Il ne faut pas être un génie pour comprendre que je n'étais pas des plus à l'aise, mais ce n'est pas pour autant que j'aurais aimé rompre cette conversation rapidement, il faut peut-être me laisser un peu le temps d'accepter cette retrouvaille étonnante ! Il faut dire que mon dernier souvenir que je gardais de lui n'était pas réellement positif à cause de son départ précipité à l'armée et depuis de nombreuses années c'était l'image que je gardais de lui, il fallait simplement que je me fasse à l'idée qu’aujourd’hui tout est différent, il presque une autre personne pourrai-je dire ? Alors à moi de me créer une nouvelle impression de lui, bien plus charmante je l'espère, comme ce qu'il est réellement, comme tous ses souvenirs d’adolescence si bons, avant que tous les deux nous ne commettions l'irréversible il y a si longtemps.

Une touche d'humour et je le suivais en direction de la salle de crèche pour sa petite Zoey. Ils étaient vraiment adorables tous les deux, s'il y a bien une chose que je n'aurais jamais imaginé c'est bien croiser mon premier amour dans une école avec sa petite fille, il faut dire que c'est forcément agréable, un peu étrange, mais que dans mon cas, ça m'a sapé un peu le moral aussi ! C'est un peu comme si on se pointait à une réunion d'anciens élèves, tout le monde est en couple avec des enfants et il y a toujours cet ami(e) qui lui, n'a pas réussis à faire sa vie et j'ai l'impression d'avoir décroché ce premier rôle, félicitation Naïa ! Car honnêtement si à 30 ans passé on a ni enfant, ni maris, on passe un peu pour un ovni, ou une fille facile qui ne veut pas se poser, ou encore une fille qui finira seule avec des chats. Moi qui n'aime pas spécialement les chats...

C'est rapidement que la petite perle fila retrouver ses camarades, j'eus droit à un sourire, je pense qu'elle avait apprécié mon petit surnom. Je souriais rêveusement en la voyant s'éloigner. Je replongeais mon regard sur Enzo quand il répondit à ma question sur sa mère, elle l'avait appelé ? En général on appelle pas son mari, ils sont censés vivre ensemble, non ? Alors j'en déduisais avec doute qu'ils étaient séparés, je n'allais pas creuser le sujet maintenant, ça ne me regarde pas trop non plus, mais j'aurais été heureuse de savoir s'il menait une parfaite petite vie de père de famille. Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche, il prit la parole à nouveau pour ne proposer un café, j'étais un peu surprise, mais contente, c'est toujours plaisant de voir qu'on s'intéresse à vous. Machinalement je regardais ma montre pour voir s'il n'était pas trop tard, mais bon... Il ne fallait pas laisser passer cette occasion, je m'arrangerais plus tard dans mon emploi du temps, j'ai la chance de pouvoir gérer ça comme je veux en majorité.

- Avec plaisir !

Je lui offrais un ravissant sourire, après tout ce serait l'occasion de pouvoir pousser un peu plus ma curiosité à son sujet, savoir exactement son parcours, rattraper un peu toutes ses années qui nous ont séparés, même si au final c'est impossible, chaque minute passée est perdue à jamais, on peut juste essayer de profiter des prochaines pleinement. Et par la suite, est-ce que ce serait la fin ? Je me demandais bien si se café aller signer le début de futures prochaines fois, ou si par la suite on allait reprendre le cours de nos vies, comme si de rien n'était.

- Je crois qu'il y en a un en bas de la rue, mais bon si je me trompe tu auras le droit de me laisser payer l'addition ailleurs !

Un léger rire sortait de ma bouche, oui il faut avouer que je suis un peu tête en l'air, je suis capable de passer 100 fois devant la même chose sans m'en rendre compte et je suis nulle en géographie, bref je n'avais plus qu'à prier en espérant qu'il y ait vraiment un café plus loin. Je me mettais alors à marcher, rien d'étonnant jusque-là, je m'apprêtais à descendre la première marche des escaliers quand ma cheville villa soudainement, inutile de préciser que sur mes talons, je n'avais pas un équilibre suffisant. Cependant hors de question de m'affaler dans les escaliers... Ma réaction fut de m’accrocher au bras d'Enzo.

Le petit monstre qui n'était autre qu'une princesse mais aussi ma fille finit par aller jouer avec ses petits camarades dans sa classe où elle se sentait presque aussi bien que chez elle. Oui parce que parfois c'est dur de lui faire quitter ses camarades de jeu. Bon, il ne me faut pas non plus de longues minutes et une crise de pleurs par la suite, non elle est aussi contente de me voir, limite parfois elle veut m'embarquer dans sa classe. Ouais je suis un peu trop grand moi maintenant. Et pourtant parfois je me projette quand j'étais gosse moi aussi, quand tout allait bien, jusqu'à ma brutale croissance à mes douze ans. Je n'avais pas eu d'autres choix que de devenir un homme. Je l'avais bien ressenti que ce n'était pas normal, mais c'était pas négociable. Mais pour ma fille, je vais tout faire pour qu'elle grandisse le moins vite possible. En attendant, le passé m'avait bien vite rattrapé aujourd'hui et ça me faisait plaisir. Parce que Naïa a été l'une des personnes les plus importantes dans ma vie d'orphelin et l'une de celles qui m'a permis de continuer malgré l'absence de mes sœurs. Alors la retrouver après toutes ces années pour la laisser repartir comme si de rien n'était ? Non, je ne pouvais pas, et pourtant j'étais sûr qu'elle avait du travail à faire, tout comme moi, mais mon emploi du temps est totalement flexible, chose qui semble être également le cas pour la brune puisqu'elle accepta ma proposition. Je ne pus m'empêcher de sourire. Elle m'indiqua alors qu'il y en avait un pas loin, et que si elle se trompait, elle paierait les cafés. J'ai laissé échappé un rire, chose que je ne fais que rarement et seulement avec mes proches amis pour finalement secouer la tête pour accepter ce deal. On redescendait alors les escaliers, je restais tout de même à ses côtés, ne voulant pas la distancer alors que d'habitude je dévale les escaliers. Et j'ai tellement eu bien fait. Parce que du haut de ses talons, elle perdit l'équilibre et heureusement elle se rattrapa de justesse à mon bras, que j'avais redressé pile poil au moment je la vis défaillir, et je m'étais même bien rapproché d'elle. Tu vas bien ? Lui demandais-je, inquiet pour sa cheville. Ouais elle m'avait fait flippé d'un coup. Mais je me suis senti horriblement rougir à me retrouver aussi proche d'elle, de son visage que je n'avais jamais pu oublier. Je me suis alors mis à baisser la tête et à tousser de malaise.

Peut-être que j'allais me mettre en retard sur mon emploi du temps côté travaille, mais après tout c'est pour la bonne cause, non ? Il était impossible pour moi de laisser Enzo s'échapper si vite, enfin je n'avais pas eu à le faire car il me proposait de prolonger un peu ses retrouvailles, mais il aurait été impensable de refuser, même si tout cela me faisait remagner quelques souvenirs que j'avais presque enterrés, il faut être honnête ! J'y voyais un peu de mal certes à me replonger dans cette atmosphère nostalgique, seulement il faut y voir le côté positif et essayer de profiter de l'instant, de me souvenir de cette enfance ... Oui l'orphelinat c'était triste, c'était démoralisant, ça ne faisait que vous rappeler un peu plus que le destin vous a pourrie la vie et enlevé vos parents, seulement dans toute cette obscurité, il y avait une bonne chose, la seule, tous ses "camarades" qui vivaient dans le même enfer, on serrait les coudes et arrivait même à passer de bons moments, rire et profiter un peu de la vie, oui on se recréer une pseudo famille, en sachant très bien que malheureusement, ceci allait avoir une fin aussi.

J'avais l'impression de réellement l'amuser avec mon histoire de café en bas de la rue et pour la première fois depuis tout à l'heure il se mit à rire, enfin une émotion digne de ce nom, car il faut dire qu'il n'est pas très expressif se chère Enzo, seulement ça ce n'est pas nouveau ! Déjà quand je l'ai connus, ce n'était pas le genre de garçon qui étale toute sa tristesse, son parcours ou encore moins ses sentiments, il avait une vraie carapace en fer pour se protéger, certainement... Parfois je me demande encore comment j'avais réussi à lui plaire, attirer son attention est touché son cœur, peut-être qu'il ne m'a jamais trop rien dit ou avouer à l'époque, mais parfois les mots sont superflus et à en voir sa tête en me découvrant tout à l'heure, il était loin de m'avoir oublié, c'est bel et bien la preuve que j'avais comptée pour lui, il y a bon nombre d'années. Parfois je me demande ce qui se serait passé s'il n'était pas partis à l'armée, ou si on avait gardé contact, on en serait peut-être pas là ? Ou se serais pire... Dieu seul le sait comme on dit.

On était enfin en marche pour sortir de l'établissement, a priori, rien de dangereux, de risquer, ah si... Un simple escalier, aurai-je du oublier ma chance légendaire qui me poursuit ? Je m'apprêtais à affronter sans crainte cet obstacle insignifiant et malheureusement ma cheville semblait m'abandonner en route ! Je me voyais basculer et hors de question de dévaler ses quelques marches comme un ballon. Enzo était mon seul espoir et je saisissais son bras dans la seconde suivante, me rendant compte qu'il avait dû se rapprocher au même moment pour me venir en aide, ouf j'étais sauvé ! Il semblait s'inquiéter, me demandent de suite si j'allais bien, ceci me fit tout de suite sourire malgré la situation, presque embarrassante et je ne devais pas être la seule à me sentir étrangement mal à l'aise, car les joues d'Enzo semblaient prendre des couleurs ! Si bien qu'il tourna la tête pour tousser, une réelle toux ou bien il esquivait ce rapprochement impromptu ? Je pensais évidemment avoir la réponse, s'en était presque... Mignon.

- Oui ça va ! Merci de ne pas m'avoir laissé chavirer, ça aurait été drôlement ridicule !  

Je gardais le sourire et je me détachais d'Enzo afin de ne pas le gêner un peu plus, même s'il faut avouer que cette situation ne m'avait pas déplu tant que ça. Une fois redressé je bougeais délicatement ma cheville, pour vérifier que je n'avais rien de grave, on ne va pas se cacher que j'avais une légère douleur, mais rien d'inquiétant, ça va passer dans la journée certainement.

- Allez, en espérant qu'il n'y est pas d'autres obstacles pour moi !

Un léger rire s'échappait de mes lèvres et je descendais - avec précaution - les escaliers, pas d'accident, je suis encore en vie ! Il ne nous fallais pas longtemps pour ensuite sortir de l'établissement et je scrutais avec attention l'horizon, en espérant voir apparaître un café un peu plus loin, dis moi que je ne suis pas dingue ! Non pas que je ne voulais pas payer l'addition, je voulais simplement ne pas passer pour une folle à imaginer un café fantôme dans le coin et avoir tort par la même occasion, mais mon attente pris fin après quelques pas, car je voyais une bannière un peu plus loin, celle d'une sorte de brasserie, je tournais la tête vers Enzo avec un air triomphant.

- J'avais raison, bon je te préviens je ne bois pas de café, que du chocolat !

Ouais je suis une grande enfant, et alors il est ou le problème ?

Naïa est certainement la personne qui aura fait le plus battre mon cœur, du moins en adrénaline. Ca n’avait pas été facile d’aller vers elle à l’époque, je ne pensais pas du tout que j’aurais pu l’intéresser plus que comme un ami. Une certaine ignorance et innocence que je n’ai plus et que j’aimerais avoir maintenant. Je m’en fichais tellement à l’époque. Et elle est sortie bien trop facilement du lot. Mais je dois bien avouer qu’elle m’avait aidé à guérir surtout. Et voilà qu’aujourd’hui en la revoyant, elle avait de nouveau fait bondir mon cœur, et pas seulement la surprise de la voir, mais aussi la peur qu’elle se torde la cheville. Quelle idée de venir bosser en talons aussi ! Ok, j’ai rien à dire, j’adore vraiment les femmes en talons et je ne lui dirais d’ailleurs jamais rien, je me suis juste inquiété pour elle, et elle l’avait bien compris. Ouais je peux cacher certaines choses, mais pour les autres, j’ai toujours fait en sorte que non. Je ne veux juste emmerder personne avec des détails de ma vie aussi. Oui, et ça aurait été dangereux aussi ! Lui répondais-je avec un petit rire très léger, puisque après tout, elle allait bien, c’est le principal. J’espérais pour elle aussi qu’aucun autre obstacle ne s’impose devant elle. Mais même si ça devait arriver, j’étais là pour le lui éviter, ou lui éviter de se faire mal. Je ne la laisserais pas tomber. Physiquement, parce que je l’avais déjà laissé tomber pour l’armée, et je m’en veux vraiment parfois. Finalement, on ne tardait pas à voir apparaître le café au coin de la rue, celui qu’elle avait bien pensé. J’apprenais alors qu’elle n’avait pas cédé à la caféine depuis tout ce temps. Moi c’était l’inverse malheureusement. Si je n’avais jamais cédé à l’alcool, moi j’ai toujours eu la caféine pour compenser. Ah oui ? Tu ne bois pas de café ? T’aimes pas ? Je ne sais vraiment pas comment tu fais ! Lui demandais-je interloqué, parce que sans café, je suis incapable de me réveiller. Mais oui, c’est bien une addiction je sais bien, mais sûrement la moins inoffensive. J’en prends pas non plus douze par jour donc ça va en soit. On rentrait alors dans le fameux café, lui ouvrant la porte tel un gentleman et la laissais choisir de là où elle voulait s’installer.

Je priais secrètement pour que ma malchance qui me persécute ne frappe pas une deuxième fois, espérons que l'épisode trop vu des escaliers sera le seul, le dernier ! Je ne veux pas finir à l’hôpital ou une bêtise du genre, même si je dois l'avouer l'idée de finir dans les bras d'Enzo si je ne peux plus marcher était étrangement délicieuse, mais Naïa arrête ton délire, tu vas très bien et il n'y aura pas d'autre scène du genre ! Je passerais pourquoi sinon ? Il ne manquerait plus que mon ancien ami me prenne pour fille pas dégourdie. En tout cas une chose est sûre cette petite frayeur à finalement détendue un peu plus l'atmosphère entre nous, je retrouve un Enzo un peu plus souriant, joyeux, on se croirait dans le passé, tout ça me paraît si loin est si proche de moi à la fois, les souvenirs vous procures des ressentis étranges parfois...  J'étais persuadée qu'un bon moment nous attendais, je veux finalement profiter à fond de cet instant que le destin nous a offert, il paraît que rien n'arrive jamais par hasard, alors essayons de vérifier cette thèse.

Une fois la marche reprise je croisais les doigts pour qu'un café, peu importe soit il se trouve quelque part dans cette fichue rue, ou alors on pourra dire que je me suis moi-même imaginer ce lieu et se serais plutôt inquiétant vu le nombre de fois où je passe par ici, allez croit en toi.
Quand je vis la brasserie au loin j'avais presque envie de crier comme une gamine "ahh je te l'avais dit !" mais hors de question qu'il ne me prenne un peu plus pour une folle, alors j'affichais simplement un air satisfait, assez voyant. Je lui confiais alors que je n'aimais pas le café, chose qui paraît souvent surréaliste... Pourquoi tous les adultes devraient aimer le café ? Le chocolat ce n'est pas qu'un truc de gosse, mince alors... Un peu quand même je l'avoue, mais chut je ne vais pas m'enfoncer encore un peu plus ! Il m'avouait que c'était étonnant, ma parole c'est amer et fade à la fois, c'est vous qui êtes bizarre à boire ça tout autres êtres de cette planète.

- Ah non je n'aime pas du tout... J'ai mon secret pour avoir la forme, pas besoin de caféine !

Je lui faisais un clin d’œil sur une pointe d'humour à la fin de ma phrase, non bien sûr je n'ai pas de secret, juste... Je mets un super réveil, un peu de musique le matin et c'est ma dose à moi de caféine allons nous dire ! Une fois arrivé sur place il m'ouvrait la porte, un geste qui paraît logique, normal et pourtant c'est le genre de petite chose qu'on voit de moins en moins et qui me fait toujours rêver du prince charmant, que je n'aurais jamais d'ailleurs... Oui il doit être enterré loin, très très loin de moi pour qu'à mon âge je me retrouve aussi seule qu'une île en plein océan. Mais ça c'est un autre sujet... Je scrute rapidement la salle, il n'y a pas trop de monde, mais je décide de me diriger dans un petit coin cosy pour être tranquille, pouvoir parler sans risquer d'avoir une oreille malsaine qui traîne et c'était un peu aussi l'occasion de l'avoir quelques instants rien que pour moi. Je m'asseyais et retirais ma veste pour être plus à l'aise, une fois installé face à Enzo je mettais mes mains sur la table, laissant mon regard vagabonder. Après quelques secondes je fis un signe au serveur pour qu'il vienne prendre notre commande, je reposais mon attention sur Enzo. C'était quand même fou cette histoire, me retrouver là, avec lui dans ce petit café, je n'en revenais toujours pas et dans un élan de nostalgie, j’attrapais une de ses mains délicatement en posant mon regard dans le sien en souriant chaleureusement.

- En tout cas, je suis très heureuse de te revoir... J'aimerais que tu me racontes un peu plus en détails ta vie, dis-moi par exemple comment cette magnifique petite crevette est arrivé ? Je suis sure que c'est une belle histoire !

Non, on ne peut pas rattraper le temps passé, mais on peut essayer d'en amoindrir le coup des années . J'étais vraiment curieuse de tout, j'étais passé dans une optique bien plus positive qu'au début, comme si d'un coup l'appréhension des retrouvailles s'était envolée.

Nos retrouvailles, je les avais déjà imaginées oui. Mais il y a des années déjà, et cette idée, cette envie même de retrouver Naïa s’était perdue avec le temps. Aujourd’hui forcément je me trouvais idiot de ne pas avoir essayé de la retrouver avant. L’épisode de l’orphelinat n’a pas été facile, mais elle m’a permis d’avoir la tête hors de l’eau tellement de fois, comme tous les autres que je considérais comme ma famille, mais c’est surtout elle qui m’a activé ce cœur que je croyais perdu à jamais. L’idée d’être amoureux était terrifiante à l’époque. Mes parents n’ont pas aidé c’est sûr. Mais au final, tout s’était arrangé, et je le devais à Naïa. Naïa que j’avais un peu trop abandonné. Je me sentais mal par rapport à ça, je regrette vraiment d’avoir été si simple dans ma vie, de n’avoir pas cherché à la revoir. C’est sûrement parce que je n’ai jamais osé, surtout par rapport à mon meilleur ami, je suis resté bloqué dans l’adolescence pour le coup. Mais je comptais bien remédier à ça. Passer du temps avec elle, et surtout créer une nouvelle relation avec elle, récupérer ces années passées du mieux qu’on pouvait. Elle n’avait donc pas besoin de caféine pour être en force le matin T’en as de la chance, faudra que tu me partages ça un de ces quatre. Lui répondais-je avec amusement, espérant quand même que ce soit vrai, au moins pour se revoir après aujourd’hui. Oui j’avais plus envie de la lâcher comme à l’époque. Je ne suis plus ce gamin débile, et je peux parfaitement créer une relation amicale avec elle à présent. Une fois installé dans le fameux café, elle me demanda alors comment était arrivée ma petite princesse dans ma vie, après m’avoir dit qu’elle était heureuse de me revoir. Je me suis senti légèrement chauffer des joues de nouveau mais préférais enchaîner sur l’histoire de Zoey plutôt que de continuer dans la rougeur Belle histoire, pas vraiment. Enfin au début, c’était parfait avec sa maman, Maxyn, mais on a eu un accident qui a fait qu’elle est devenue aveugle. Notre relation s’est dégradée. Encore plus quand elle a voulu Zoey et qu’elle l’a eu malgré le fait que je n’étais pas prêt. Commençais-je à lui expliquer, pas très chaud pour continuer mon histoire. Mais je me devais d’être honnête si on voulait rebâtir notre relation. Mais il est évident qu’encore une fois, je vais la décevoir, comme tous les autres.

Sa réponse, simple aux yeux de tous me réchauffait un peu le cœur, oui "que tu me partages ça un de ces quatre." ça veut certainement dire qu'il y aura d'autres fois, non ? De mon côté je ne comptais pas le laisser filer facilement après ce sympathique rendez-vous improvisé, mais de toute évidence c'était pareil à son côté, du moins c'est ce que j'avais cru comprendre, peut-être que je lis mal entre les lignes. Il faut avouer que rompre ainsi le contact, à nouveau après un simple café serais de la bêtise pure et dure ! Je suis persuadé de ne pas avoir croisé son chemin à nouveau pour rien, oublions un peu le mauvais côté du passé, il a mûri et je suis persuadé qu'il ne me laissera pas le perdre une seconde fois, car oui il m'avait comme abandonné soyons honnêtes et durant des années je lui en ai voulus, il a mis longtemps à sortir de ma tête, mais aujourd'hui c'est différent, nous allons repartir sur les bases solides que nous avions au tout début, dans l'espoir de construire une belle amitié . Ça me serait plus que bénéfique d'avoir quelqu'un sur qui compter dans cette ville, j'ai beau connaître pas mal de monde, je me sens parfois si seule de ne pas pouvoir partager mes joies, mes peines... Enfin c'est aussi de ma faute, je suis devenue bien trop méfiante, pour ne pas dire sauvage ! En dehors de mon travail bien sûr.


-Aucun souci, on se fera un rendez-vous partage de secrets !

Je laissais un petit rire s'échapper à la fin de ma phrase, au moins le ton était définitivement lancé, hors de question de se perdre de vue à nouveau. Je lui glissais en plus que j'étais heureuse de le revoir, la stricte vérité ! Mais je vis rougir Enzo, s'en était presque adorable ! Je n'eus aucune réaction, je ne voulais pas le gêner un peu plus, je ne suis pas là pour le mettre mal à l'aise, je relâchais alors doucement sa main en écoutant le début de son "récit". Et là ce fut le changement d'ambiance, sur le coup je me sentis presque mal d'avoir posé la question, surtout avec autant d'enthousiasme. Je pinçais mes lèvres, comme si j'avais fait une bêtise, mais après tout s'il me le raconte c'est que ça ne le dérange pas de m'avouer cette histoire, il aurait très bien pu me mentir je n'y aurais vu que du feu.

- Je suis désolé, je... Je n'aurais pas dû commencer par cette question, je ne veux pas tu sentes forcer de me raconter ça si c'est trop difficile pour toi...

Oui, car j'avais bien senti dans sa voix que ce n'était pas très facile à dire, comme s'il venait d'annoncer une catastrophe causé par ses propres moyens, mais après tout si c'est un accident il n'est en rien responsable ! Après tout je comprenais assez la suite, les relations qui se dégradent suite à un événement terrible, je connais malheureusement.  Moi qui l'imaginais en heureux père de famille dans sa charmante maison avec une femme adorable, j'étais soudainement attristé pour lui, profondément, c'est toujours affreux de voir une famille se détruire, voler en éclats ! Surtout quand il y a un enfant. Le serveur arrivait soudainement, je sursautais presque quand il nous demanda ce qu'on voulait.

- Un chocolat viennois s'il vous plaît et... Un café, non ?

Je regardais Enzo d'un air interrogateur. Une fois la commande passé, je me demandais alors s'il allait continuer ou pas à m raconter cet épisode de sa vie, enfin peut-être qu'il n'a rien à ajouter après tout.

Est-ce que j’étais prêt à raconter la triste vérité à Naïa ? J’avais bien commencé, mais c’était toujours possible de lui mentir, d’arranger la vérité pour éviter qu’elle m’en veuille ou qu’elle me fasse même la morale. Non je n’en ai pas envie, mais je ne pourrais jamais lui mentir, il aurait fallu que je lui mente dès le départ en fait pour y arriver. C’est foutu, mais vu que je veux renouer avec elle, il est évident que je lui dois la vérité, quitte à ce qu’elle m’en veuille par la suite. Mais je serais capable de tout pour qu’elle accepte cette triste vérité et qu’on reste tout de même amis. Elle s’excusa par conséquent d’avoir commencé par cette question, mais en même temps c’était celle qui coulait de source, vu qu’elle venait de rencontrer ma fille et qu’elle semblait gaga d’elle déjà. Je ne me voyais pas lui dire d’attendre la fin de la conversation pour me poser cette question, ça aurait soulevé des tonnes de questions. Ne t’en fais pas va, ça ira, j’appréhende juste un peu ta réaction. Lui répondais-je tout en haussant les épaules, avec un petit air désolé sur mon sourire. Le serveur ne tarda pas à se montrer pour prendre nos commandes. Naïa se commanda alors un chocolat viennois, et malgré le fait que ça paraissait alléchant, pour ma part je me contentais de cela Un café crème s’il vous plaît. Complétais-je au serveur après la question de mon amie d’enfance. J’attendais alors que le serveur soit bien reparti en direction du bar pour reporter mon attention sur cette si jolie fille qui me faisait vibrer à l’époque de mon adolescence. Je ne pouvais m’empêcher de lui sourire d’ailleurs. Mais ça n’allait pas durer, j’allais aborder ce sujet si délicat de ma vie Tu risques de ne pas apprécier la réaction que j’ai eu, mais voilà, je suis parti quand Zoey avait à peine quelques mois. Je me suis exilé à Dublin sans prévenir mon ex. Je suis parti cinq mois, et ça m’a fait réaliser que je ne pouvais pas abandonner Zoey comme ma mère m’a abandonné. Depuis, je fais tout pour me racheter auprès de Maxyn, mais surtout auprès de Zoey. Voilà, la bombe était lâchée et je redoutais les retombées.