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1 résultat trouvé pour SAME

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Tag same sur 30 YEARS STILL YOUNG YV4dgvCSujet: in real life (andy)
Evelyn Pearson

Réponses: 7
Vues: 498

Rechercher dans: mémoire du passé   Tag same sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: in real life (andy)    Tag same sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyLun 8 Oct 2018 - 21:21
in real life
andy & evie


On pouvait dire ce qu’on voulait sur les réseaux sociaux ; que ça abrutissait la nouvelle génération, ces trolls, pour qui se cacher derrière un petit écran était une preuve irréfutable d’un courage pourtant discutable ; que ça limitait le champ des possibles, et nous faisait se concentrer sur l’égocentrisme assumé de ses usagers, souvent rendus à partager leur vision toute masturbatoire de leur propre existence au travers d’un contenu soigneusement trié sur le volet, arrangé à grand coup d’applications magiques – il suffisait de corriger un éclairage malheureux, ou encore un bourrelet disgracieux pour faire verdir de jalousie le premier qui tombait sur la page formatée par l’envie d’être comme les autres, de faire comme les autres et de le revendiquer, haut et fort : #SAME. Le débat était vaste, trop sans doute pour qu’Evelyn ne consente à s’y lancer à bras le corps en défendant son point de vue. Etonnamment, elle ne faisait pas partie de ces puristes qui s’offusquaient de l’émergence des nouvelles technologies et des nouvelles façons de les utiliser, n’en déplaise à son côté vieille âme qu’elle cultivait sans en avoir l’air. S’il y avait incontestablement des dérives liées à l’usage intempestif des réseaux sociaux, à ses yeux, ils avaient la même silhouette rassurante que les outils qu’on chérissait tendrement quand, enfermé dans un atelier d’artiste, on se préparait à façonner la prochaine pièce maîtresse d’un nouveau projet.

C’était donc fort à propos que, le nez momentanément plongé dans son téléphone portable personnel, elle vérifia pour la énième fois le dernier message privé qu’elle avait reçu de la part d’Andy Rivera. Ils s’étaient donné rendez-vous cet après-midi-là, à la terrasse du Death Before Decaf. Après quelques échanges cordiaux via leur messagerie Instagram respective, Evie avait eu envie d’en savoir davantage sur l’homme qui se cachait derrière la photo de profil impeccable qu’elle avait longuement fixée en consultant les nouveautés qu’il avait posté : la vérité, c’était qu’elle avait grande hâte de le rencontrer. Tombée amoureuse des photos qu’elle avait eu l’occasion d’admirer en furetant sur sa page, une idée avait progressivement germé dans son esprit, et puisqu’elle estimait n’avoir rien à perdre en faisant confiance à son culot patenté, elle avait sauté le pas en le contactant d’abord pour le complimenter sincèrement sur son travail sublime et si singulier, et puis au fil de la conversation, elle lui avait proposé cette rencontre pour discuter de vives voix. Elle croulait peut-être sous les deadlines imposées par ses clients les plus exigeants, les invitations faites mains qu’elle avait terminées de façonner sur le coin de table propret du café s’étendant en éventail pour l’aider à mieux patienter, elle n’aurait repoussé cet instant pour rien au monde. Peut-être était-ce à cause de cette fameuse idée, mais elle n’avait pas ressenti cet élan de curiosité depuis trop longtemps, et s’étant surprise à apprécier l’effet délicieux que ça avait sur elle, elle avait l’impression d’être redevenue la petite fille, impatiente et survoltée,  qu’elle était alors au matin de Noël : elle avait une petite idée de ce à quoi s’attendre, mais n’en étant pas vraiment certaine non plus, la surprise de l’instant la rendait toute extatique.

« Par ici ! » cria-t-elle à l’homme qu’elle reconnu de loin, relevant la tête entre deux scroll. Elle lika un dernier post de sa petite sœur dans la foulée de sa brusque agitation, puis lourda délicatement son téléphone portable sur la table. Etonnée par son propre bazar, elle secoua la tête, traduction éphémère du jugement sévère dans lequel elle se drapa un court instant, et se mit à ranger ses cartons d’invitation et ses feutres aquarelles en se hâtant de les ranger dans leur plumier. Soucieuse de tout débarrasser avant qu’Andy n’arrive, elle rassembla rapidement son travail pour les glisser dans le dossier, décoré de sa main, qu’elle avait emmené avec elle, puis se levant à moitié de son siège pour accorder au nouvel arrivant l’accueil qu’il méritait, elle rabattit une ou deux mèches de cheveux par-dessus son épaule. Le regardant progresser dans sa direction, elle lui sourit, se décalant de la table pour le saluer en bon et due forme, déployant toute sa chaleur si tôt qu’il se trouva à sa proximité. Ne voulant pas s’encombrer de manières trop guindées – exit la poignée de mains, beaucoup trop formelle en cette circonstance – elle s’approcha de lui, et lui fit une accolade serrée « Je suis contente que tu aies accepté de me rencontrer, installe-toi. » l’invita-t-elle d’emblée, dans un espagnol qui semblait maîtrisé, mais qui ne l’était absolument pas en réalité ; elle avait passé des heures à mémoriser cette simple phrase, ce qui rendait son action beaucoup moins spontanée, mais Dieu merci, elle n’avait pas bégayé – il ne lui restait plus qu’à croiser tous ses doigts pour que le jeune homme passe à l’anglais le plus rapidement possible, sinon elle souffrirait en silence, ou elle se ridiculiserait. Se séparant de lui pour lui désigner, d’un geste de la main, la chaise en face d’elle, restée vide pendant plusieurs minutes avant qu’il n’arrive, elle n’attendit pas que le suspens autour de la langue qu’ils utiliseraient trouve une chute, car elle ajouta de son plus bel accent australien « Je t’ai attendu pour prendre quelque chose. Fais-toi plaisir, c’est moi qui régale – s’il vous plaît ! » fit-elle, se tournant à moitié et levant le bras, en direction d’un des serveurs, planqué à l’intérieur du café.
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