Le dos bloqué, je n’avais pas été foutu d’aller à la salle depuis deux jours. Ni même au boulot. J’espérais que ma coéquipière s’en sortirait. Je savais que mon dos allait se débloquer, qu’il me fallait du repos, ne pas trop bouger, mais ça, c’est plus facile à dire qu’à faire. Je savais que si je devais recevoir de la visite, si Maxyn devait passer rapidement pour une quelconque aide, ou même Mina ou Cassie, je ne pourrais pas aller leur ouvrir ou bien alors, bien trop lentement. Voilà pourquoi je n’avais pas pris la peine de verrouiller. Même pour les urgences, si j’en avais absolument besoin. Je ferais tout pour les éviter, mais je préférais être assez prudent avec ma santé. Je gardais alors mon téléphone toujours à proximité. Il se mit alors à vibrer alors que j’étais à deux doigts de m’endormir devant la télé et voyais que c’était Jessy. Qui était devant ma porte. J’haussais les sourcils, surpris par cette visite surprise, mais me mit à sourire tout en lui répondant en évitant de trop bouger, qu’elle pouvait rentrer, la porte n’étant pas fermée à clé. Je ne bougeais pas de mon canapé, pouvant voir qui pouvait rentrer ou non et attendais bien sagement qu’elle me rejoigne Tu m’excuseras de ne pas venir t’accueillir. Lui répondais-je dans un rire qui laissait transparaître mon mal être. C’est vraiment horrible d’être handicapé de la sorte, surtout pour une connerie pareille. Vivement que je me rétablisse.

D’abord Delilah, maintenant c’était au tour de Jessy. Mais c’est une relation bien différente, je n’ai pas aussi honte avec elle, au contraire j’aurais tendance à en déconner comme avec mes bon vieux potes. Même si elle est bien plus jolie que mes potes. Mais au moins, elle faisait le déplacement et j’appréciais le geste, même si en soit, j’allais bien mieux que le jour même de mon froissement de muscle violent. Mais pas question – d’après le docteur – que je m’aventure trop loin et qu’il me faut un maximum de repos. Assez contraignant surtout quand on est un sportif né. L’armée pour moi, ça avait été un jeu d’enfant. Tellement que j’en suis parti. Jessy me demanda alors comment j’allais. Je n’osais même pas me redresser pour mieux lui parler. Moins je bouge et moins j’ai mal. Même si là, ça va beaucoup mieux qu’hier déjà. La rassurais-je alors, voyant qu’elle n’était pas venue les mains vides. C’est parfait, merci beaucoup. Lui répondais-je, avec un large sourire, content qu’elle vienne s’occuper de moi ainsi. Même si j’aurais bien gardé Delilah sous le coude. Mais avec une amie, c’est déjà bien moins gênant et plus facile. Elle vint ensuite me faire la bise, bougeant bien plus que moi pour l’effectuer, quand elle me posa forcément la question fatidique C’était tout con. A la salle de sport, j’ai fait un faux mouvement et paf, je me suis bloqué. Je te raconte pas comment j’ai douillé pour rentrer ! Un petit rire, une petite douleur et voilà, elle savait tout.

Hier avait été dur pour mon dos, c'est vraiment pas agréable, c'est gênant, surtout quand on se retrouve par se faire aider par une demoiselle qu'on apprécie particulièrement. Et depuis, je suis resté bien scotché au maximum à mon lit, même s'il fallait bien que j'aille aux toilettes. Je me suis un peu trop fait livré aussi, mais ça repose bien au final. Même si je commence bien à m'ennuyer. Mais hors de question que je fasse le con. Surtout que j'avais prévenu ma sœur Mina et qu'elle risquait de passer ce soir également. J'aurais jamais eu autant de visite en si peu de temps, ça fait plaisir également. Je n'ai pas de médecin, je ne tombe jamais malade ! J'envoyais un simple clin d'oeil à Jessy, sentant que mon rire était resté coincé avec mon dos. De toute façon, j'avais bien entendu les patients qui ont déjà eu ce problème que les médecins ne servaient à rien dans ces moments-là et qu'il fallait simplement attendre que ça passe tout en se reposant. Et ça m'arrangeait, j'ai horreur des toubibs. Mais par contre j'adorais quand on faisait des gâteaux pour moi, je n'en mange pas assez. J'espère pour toi. Répondais-je à Jessy, toujours en essayant de ne pas rire. J'essayais alors de me redresser un peu plus pour paraître moins avachi alors qu'elle me demandait si je n'étais pas allergique au chocolat. Non t'inquiète, j'ai aucune allergie connue. L'informais-je alors avant de lui demander Tu peux m'en couper un part s'teu plaît ? Tu m'as donné envie là ! Lui souriais-je, prêt à goûter ce gâteau purement naturel. Je lui expliquais alors comment je m'étais retrouvé handicapé à ne plus pouvoir bouger de mon lit. Forcément, je me doutais bien qu'elle me dirait ça. Je lui souriais et répondais-je Mais non, c'est moi qui ai pas géré sur ce coup-là. Je peux encore et toujours t'assurer que c'est très bon pour la santé.

C’est vrai que depuis que mon père s’en est allé, j’ai toujours été malade que très légèrement, jamais assez pour me dire que j’avais besoin de consulter un médecin. C’était donc une réalité de dire que je n’avais jamais eu besoin de médecin, mais je suis conscient que j’en aurais besoin à un moment donné. Comme chaque être humain. Tu n’as pas tort, je m’en trouverais un à ce moment-là. Lui répondais-je avec un sourire et un clin d’œil pour l’accompagner. Elle rajoutait qu’elle ne m’avait jamais vu en piteux état, ça c’est clair, même quand je suis un peu malade ou un peu blessé, je fais tout pour le cacher. Pourtant je me suis fait bruler le bras juste après ton retour à la salle l’année dernière. Voilà les seuls moments où je rencontre des médecins. Lui expliquais-je avant de lui demander une part de ce gâteau qu’elle m’avait cuisiné et qui semblait délicieux. L’homme qu’elle chérira sera vraiment un homme chanceux. Mais j’ai comme l’impression qu’avec son agression, ce n’est pas pour toute de suite. En même temps ça ne veut rien dire non plus. Je la remerciais de bien vouloir me servir avant de lui expliquer la cause de mon blocage de dos. J’en avais déjà parlé une fois, je pouvais bien me débloquer une deuxième fois, surtout avec une femme que je considère davantage comme une amie. Je me suis mis légèrement à rire avec ses petites remarques auxquelles je m’attendais forcément. L’idée de la piscine me semblait bien plus adaptée. Tu vas trouver ça bizarre, mais je pense que je vais t’écouter. Et prend pas l’habitude hein ! Un petit clin d’œil et j’enchaînais De toute façon, rester enfermer dans une salle c’est pas ce que je préfère, par conséquent, l’idée d’alterner un peu plus avec la piscine est une excellente idée ! Elle me découpa le gâteau, c’était tant mieux comme ça je n’aurais aucun effort à part celui de manger, et elle me le tendit Merci encore Jessy. Une première bouchée me suffit pour savoir que j’allais dévorer ce gâteau Si t’en veux, c’est maintenant, parce que dans dix minutes y’en a plus ! Je riais légèrement sans trop que ça me tue le dos et continuais mon encas.

Pourquoi avoir un médecin quand on n’en a pas besoin. Je comptais bien sûr en voir un quand ça n’irait pas. Mais pour l’instant, je n’étais pas vraiment pressé. Je préfère à la rigueur aller de temps en temps aux urgences quand je me fais bien trop mal, mais prendre rendez-vous ou aller dans un cabinet, non merci. Je me farcis déjà ça avec le dentiste, c’est déjà pas mal. Je préfère largement les cabinets de tatouages, c’est bien plus agréable. En attendant, la précipitation ne m’a jamais dérangé. Pour seule réponse, je haussais les épaules à mon amie. Et puis pour l’une des rares fois, je tombais d’accord avec elle, et concédais même à écouter son conseil. Parce que oui, ce blocage de dos, je ne veux plus jamais l’avoir, c’est juste atroce. Ca ne lance pas de douleur atroce, mais au moindre mouvement ça pince tellement que c’en est presque insupportable. Je me suis alors mis à rire à la remarque de mon amie sur mon accord avec elle Exactement ! Lui avais-je répondu quand elle me confiait également que ça m’évitera ce genre d’accident à l’avenir. J’avais par la suite goûté à son délicieux gâteau, et lui faisais part qu’il valait mieux qu’elle en prenne une part avant que je ne dévore tout. Je m’étais mis à rire avec elle avant qu’elle ne se décide d’en prendre une. Tu me racontes quoi de beau toi alors ? Oui, parce que depuis qu’elle était arrivée, la conversation n’avait forcément tourné qu’autour de moi et de mon accident stupide. Vu qu’elle est là, autant en profiter pour parler un peu d’elle.

La vie de Jessy était apparemment plat et sans grand événement qui chamboule tout. C’était un peu triste mais tout de même reposant. Sans grand scandale, c’est toujours mieux. Le plus important c’est qu’elle soit heureuse dans sa vie, que son rêve de passer professeur à l’université se soit concrétisé, même si je sais très bien qu’au fond son rêve c’est d’avoir une galerie, d’être peintre à temps plein. J’ai toujours admiré ce genre de rêve artistique, je n’ai jamais eu de rêve pour l’avenir professionnel, je me suis simplement dirigé vers ce que je savais faire de mieux. Parce que être agent des stups, je ne vois pas en quoi c’est passionnant. Si la drogue nous fascine, dans ce cas-là autant être dans l’illégalité. C’est davantage l’injustice qui me révolte et qui me passionne dans ce que je fais. En rien une passion. Et j’aimerais que Zoey en ait une. Pour les femmes c’est toujours plus facile j’ai l’impression. Jessy me fit rire juste après en me disant qu’elle évitait les taxis. J’eus mal à cause de mon dos, mais il était évident qu’avec son accident, elle ait ce genre de traumatisme. Vaut mieux pas trop te brusquer en effet. Lui répondais-je en lui souriant de façon bienveillante. Elle me demandait alors bien rapidement ce qu’elle pouvait faire pour mouvementer un peu sa vie. Hum … Ca va te paraître assez indiscret mais est-ce que je peux l’être ? Oui ma question était bizarre, mais ma proposition encore plus. J’attendais sa réponse, même si je me doutais bien de cette dernière et lui disais Faire des rencontres, ça pourrait peut-être mettre un peu moins de monotonie dans ta vie non ? Je n’avais rien à dire non plus, ma vie sentimentale est une catastrophe, mais c’est en ça que ma vie est loin d’être ennuyeuse et sans danger physique.

C’est évident que Jessy stressait à l’idée de remonter dans un taxi, et il n’y a rien de plus normal à cela. Il fallait juste qu’elle se laisse du temps pour remonter ce stress qui n’était pas anodin. Faut te laisser le temps. Après tout, c’est trop cher les taxis. Lui répondais-je, histoire de relativiser en riant un peu. Même si le faible gloussement que je peux avoir me donne horriblement mal au dos. J’essaye un maximum de ne pas rire, mais parfois ce n’est pas très évident. Plus on se retient, moins on y arrive. C’est une évidence. Alors que nous mangions tranquillement notre part de gâteau, j’osais lui demander comment elle se débrouillait pour faire des rencontres. Comme je m’y attendais, elle n’est pas du genre à beaucoup sortir pour faire des rencontres. Faut dire que je suis dans le même embarras qu’elle. Je n’ai jamais trouvé très intéressant de sortir exprès pour rencontrer des personnes, seulement quand j’ai quelque chose de prévu. Seulement elle me titilla la curiosité avec l’une de ses paroles Et la dernière ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Oui j’étais assez curieux aujourd’hui, d’habitude, je ne le suis clairement pas autant, mais je n’avais rien de mieux à faire que d’embêter un peu ma jeune amie. Si je pouvais lui être en plus de cela d’une quelconque d’aide, je ne me gênerais pas. Moi non plus je ne suis pas vraiment fait pour ça. Mais j’ai quand eu la chance de rencontre Maxyn en sortie improvisée. Lui racontais-je en haussant les épaules. Bon le fait est qu’on avait des connaissances en commun, c’est que ça a tout de même aidé la chose. Je n’aurais sûrement pas osé lui parler si elle n’avait été qu’une simple inconnue. Il faudrait trouver un autre moyen pour faire des rencontres ... Finis-je par proposer, pensif.