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antoine & iris

on essaie de se dire que la réalité vaut mieux que le rêve. on se persuade qu’il vaut mieux ne pas rêver du tout. ✻✻✻ Quelle idée j'ai eu de m'inscrire à cette course ! Je me suis vue plus endurante que je ne le suis vraiment. Les mètres ne défilent pas à la vitesse à laquelle je voudrais et je ne vous parle pas du temps ! Je crois que les minutes n'ont jamais été aussi longues, tous comme les kilomètres. D'ailleurs, je crois que les organisateurs nous ont arnaqué ! Cette course ne fait pas que cinq kilomètres, ce n'est pas possible, je suis sûre d'en avoir déjà fait au moins dix ! Heureusement pour moi, je viens de passer les panneaux qui annoncent le dernier kilomètre. Je n'ai plus qu'à croiser les doigts pour ne pas faire un malaise avant. Je traîne un peu plus les pieds qu'au début, mais j'ai bon espoir. Je ne compte plus les personnes qui me doublent, mais parmi elles, un jeune homme attire mon attention. Non pas par la musculature qu'il dévoile à tout le monde, mais par la sensation de m'être familier. Je l'ai peut-être déjà croisé à l'hôpital, qui sait. Je prends mon courage à deux mains et puise dans les dernières ressources qui me reste pour le suivre. À ce qu'il paraît, quand on fait du sport à deux, le temps passe plus vite, alors espérons que ce soit vrai. Je retrouve un peu plus de force et mes pas s'allongent. Mon coeur est à deux doigts de s'échapper de ma poitrine, mais je vois enfin la ligne d'arrivée et je dois tenir. Le public est plus nombreux ici et ça me porte un peu plus, je donne tout ce que j'ai et les mètres défilent sous mes pieds. « Après vous ! » L'homme ralentit juste avant la ligne d'arrivée et c'est donc moi qui la franchie en première. C'est gentil de sa part, surtout que ce n'était pas si facile de le suivre. Naturellement, je ne m'arrête pas nette une fois la ligne franchie, mais je parcours encore quelques mètres dans un rythme moins soutenu, tout comme les autres. J'attrape ensuite la bouteille d'eau qu'un bénévole me tend et je lui lance un timide sourire, avant de finalement prendre la parole. « Merci. » Il s'éloigne ensuite de moi, continuant de distribuer des bouteilles aux différents participants. Le jeune homme qui m'a laissé passer la ligne d'arrivée avant lui s'approche de moi. J'ouvre ma bouteille et en prends une gorgée. « Hey, t'es vachement forte toi ! Tu m'as impressionné ! » Je remets le bouchon en plastique, alors que je rigole légèrement. « Vous n'avez même pas couru jusqu'au bout. Vous avez fait exprès de me laisser passer la première. Parce que vous aviez pitié de moi ou par simple galanterie ? » Je rigole de nouveau. Cette question est rhétorique, je n'attends pas de réponses de sa part. « Merci beaucoup. Sans vous, je ne sais pas si j'aurais réussi à franchir la ligne d'arrivée. Vous m'avez redonné le courage de finir. » Il n'a pourtant rien fait de particulier. Mais je ne pouvais pas abandonner cette course et quand il m'a doublé, j'en ai profité pour prendre son rythme et pour me laisser ''emmener''. Je viens essuyer ma main moite sur ma cuisse et je lui tends ensuite. « Je m'appelle Iris. » Autant faire les présentations et puis rencontrer un peu de monde nouveau ne me fera pas de mal. « Je n'aurais jamais dû faire cette course, pas après avoir été sans faire de sport pendant près de quatre mois. » Dis-je tout en tentant encore de retrouver une respiration dite normale. Depuis quatre mois, en dehors de mon boulot et de mes rendez-vous personnels, je n'ai pas vraiment le temps de faire autre chose. Pourtant, j'en aurais besoin. Charlotte n'arrête pas de me dire encore et encore que je dois sortir, que je dois voir du monde et qu'il faut que j'arrête de penser à Callie et à cette période sombre de ma vie. C'est difficile, car je n'y arrive pas. Je ne peux pas m'empêcher de penser à elle, surtout en vivant toujours dans la maison que nous avons partagée. « Je crois qu'on veut vous parler. » D'un signe de tête, je montre l'homme qui attend patiemment depuis tout à l'heure, une caméra à la main. Serais-je en train de parler avec quelqu'un de connu sans que je m'en rende compte ?


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on essaie de se dire que la réalité vaut mieux que le rêve. on se persuade qu’il vaut mieux ne pas rêver du tout. ✻✻✻ « Ne me remerciez pas vraiment, je n'ai rien fait du tout. C'est vous qui avez tout fait, alors c'est votre capacité physique ainsi que votre mental que vous devez remercier. » C'est vrai que j'ai dû puiser dans mes propres ressources et que donc il n'a pas joué un grand rôle sur le côté physique. Mais d'un point de vue psychologique, il est mon sauveur. Avant je n'étais pas comme ça, mais depuis quelques temps, j'ai besoin que l'on me stimule, que l'on me pousse à faire les choses et j'ai trouvé en cet homme ce dont j'avais besoin. Je finis par me présenter à lui et il en fait autant. « Enchanté, moi c'est Antoine. Et vous pouvez me tutoyer je vous en prie. » C'est légèrement essoufflée que je reprends ensuite la parole. J'ai toujours aimé le sport et la sensation que cela te procure d'en pratiquer. Tu te sens bien dans ta peau et tu as envie de recommencer, encore et encore. C'est sûr que les lendemains sont parfois compliqués, mais cela ne vaut pas grand-chose à côté de la fierté que l'on a en sentant que nous sommes musclés. Malheureusement pour moi, j'ai mis le sport de côté depuis plusieurs mois et aujourd'hui, cette course, est le lancement nouveau de ma ''vie sportive''. « Quatre mois sans courir vous dîtes ?! Euuuh ça ne se voit absolument pas … la preuve vous avez fini devant moi qui cours tous les jours. » Je pense la tête légèrement sur le côté. Serait-il en train de se moquer de moi ? S'il dit ça, c'est parce qu'il ne m'a pas vu lorsque j'étais sur le point d'abandonner, de cracher mes poumons. Alors que je m'apprête à lui faire une remarque, je vois l'homme qui se tient à côté de lui et qui semble impatient de pouvoir lui causer. « Oui excusez-moi, je suis Nathaniel Weever et je suis agent de publicité et j'aimerai que vous tourniez dans une de mes publicités justement. » Je reste là, légèrement en retrait, mais vu ce qui risque de se passer, je n'ai pas envie de partir. Antoine se tourne vers moi et je hausse alors les épaules, lui faisant ainsi comprendre que je ne peux rien faire pour l'aider. « Euh moi ? Vous vous trompez peut être de cible non ? Parce que vu mon état, je ne pense pas être la meilleure personne pour cela. » Je croise les bras contre ma poitrine et attend que ce fameux agent lui réponde. « Justement c'est pour cela et vous avez le profil idéal pour tourner dans notre campagne de publicité. » Heureusement que je n'ai pas retiré mon T-Shirt, j'aurais pu moi aussi me faire accoster pour cette publicité et croyez-moi, il aurait passé un mauvais quart d'heure, car il aurait été hors de question que je participe à un tel truc. Mais le jeune homme semble beaucoup plus docile et il finit par accepter. Il se concentre et répète à plusieurs reprises la phrase qu'il devra dire au moment venu, le slogan. Les gens ont commencé à s'agglutiner autour de nous et ils s'amusent à prendre en photo ou en vidéo la scène. C'est vrai que c'est marrant et peu commun de croiser en pleine rue, lors d'une color run, un gars qui doit faire de la pub pour un déodorant. « Après une bonne course, rien de mieux que de sentir bon … c'est pour cela que j'utilise Australian Life … Australian Life, pour les hommes haut en couleur comme moi ! » Et voilà, cette fois-ci, c'est la bonne ! Antoine salut l'agent et le cameramen avant de finalement revenir vers moi. Je pince mes lèvres, m'obligeant ainsi à ne pas exploser de rire. « Chut ne dis rien … Ne me juge pas. » Je secoue la tête de gauche à droite, lui faisant ainsi comprendre que je ne le jugerais pas. Mais s'il pensait passer à côté de différentes remarques, c'est raté. « Je pourrais dire à ma famille et à mes amis que j'ai rencontré une star ! » Techniquement, au début j'ai bien cru que c'était vrai, que c'était quelqu'un de la télé et que je ne l'avais même pas reconnu. « D'ailleurs, tu ne veux pas me faire un petit autographe ? Je pourrais le revendre aux enchères et je suis sûre que je pourrais en tirer beaucoup d'argent ! Écris sur mon T-Shirt au pire, je n'ai rien d'autre et comme je ne voudrais pas passer à côté de ça.. » Je commence à tirer sur mon vêtement, lui laissant croire que je veux réellement cet autographe. « Je suis méchante, désolée. Mais tu t'en es très bien sorti ! » dis-je en lâchant finalement mon T-Shirt.

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on essaie de se dire que la réalité vaut mieux que le rêve. on se persuade qu’il vaut mieux ne pas rêver du tout. ✻✻✻ Pour plaisanter, je viens lui demander qu'il me signe un autographe, histoire de garder un souvenir de cette rencontre. Je lui mentionne aussi le fait que je le revendrais pour me faire un peu d'argent et ceci vient toucher son ego. « Ah je suis déçu, j'ai bêtement pensé que tu l'aurais gardé en souvenir et que tu l'aurais même affiché dans ta chambre et tout en l'embrassant même tous les soirs avant de dormir. » Je rigole une nouvelle fois. Il est fou lui. Même avec une vraie célébrité, une personne que je pourrais idolâtrer, je ne le ferais pas. Je lui tends le T-Shirt que j'ai retiré, histoire qu'il laisse une trace de lui et de sa pseudo-célébrité. Je viens ensuite m'excuser de lui avoir dit ça, de me moquer de lui. « Non t'es plutôt drôle, et ne t'excuse parce que je serais pareil … voir peut être pire. Bah en même temps j'ai l'habitude d'en tourner. Je suis d'ailleurs à New York que pour quelques jours avant de retourner à Hollywood pour jouer le rôle principal du prochain Fast and Furious. » Dit-il en réponse à mon compliment sur son rôle d'acteur. « Fast and Furious ? Rien que ça. Et Hollywood ? » Je mets une main devant ma bouche comme fasciner par tout ce qu'il me dit. Il ne néglige pas sur les moyens et même si je sais très bien que tout ceci n'est pas vrai, les personnes autour de moi ne sont pas aussi lucides que moi. Antoine commence à asperger mon T-Shirt de déodorant, essayant de le signer ou de faire quelques choses qui s'en rapproche. Je me mets alors à tousser. Non pas pour rigoler, mais bien parce que le surplus de matière rend l'air moins sain. Je mets ma main devant la bouche et fais un pas en arrière, histoire de ne pas lui tousser dessus. « Pauvre couche d'ozone ! » Parmi les personnes se trouvant autour de nous, un groupe de jeunes femmes se démarquent et se rapprochent d'Antoine dans le but d'obtenir de lui un autographe. « Désolé je ne prends ni photos, ni autographes, ni rien. » Je me tourne vers ses femmes et hausse les épaules. « Il a récemment eu un petit soucis avec des fans. Elles lui ont sauté dessus, agrippé ses vêtements et tirer dans le but de pouvoir le rapprocher. Mais malheureusement, ses vêtements n'ont pas tenu et il s'est retrouvé presque nu. Depuis, il refuse tout contact. » Elles paraissent presque choquées de ce qui a pu lui arriver. « Alors je vais vous demander de reculer un peu et de le laisser tranquille. » Je viens me mettre entre eux, Antoine et les filles, et je fais comme si j'étais sa garde du corps. L'une d'entre elles me regarde de haut en bas et je lui lance alors un regard noir. « Quoi ? Parce que je suis une femme, je ne peux pas assurer la sécurité d'un homme qui fait plus d'une tête que moi ? » Je fronce les sourcils. Et ouais, je peux faire peur quand je m'énerve. Cette femme s'éloigne, tout comme les autres. Je me retourne alors vers Antoine, un large sourire sur les lèvres. « On va manger ? J'ai cru voir un stand qui propose des ravitaillements. »

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on essaie de se dire que la réalité vaut mieux que le rêve. on se persuade qu’il vaut mieux ne pas rêver du tout. ✻✻✻ « Oui mais tu sais, j'ai la possibilité d'amener quelqu'un sur le tournage, tu n'as qu'à venir dans les backstages. » Plus ça va, plus nos conneries deviennent complètement folles. Une personne censée ne pourrait pas croire à cela et pourtant.. ces femmes qui se tiennent debout, à nos côtés, tombent complètement dans notre piège et elles gobent tout ce qu'on dit. Ça devient même compliqué de trouver quoi dire maintenant. Quoique l'idée de venir prendre la défense d'Antoine et de jouer à son garde-du-corps me germe dans la tête. Je prends une grande respiration et me lance. Si je reste sérieuse et que je joue la méchante que j'avais l'habitude de faire quand j'étais petite quand on me cherchait des embrouilles, je pourrais leur faire croire cette bêtise aussi. Pour certaines d'entre elles, ça marche automatiquement, mais pas pour toutes et je prends un malin plaisir à casser les préjugés qu'elle peut avoir. Elle jette un rapide coup d'oeil au jeune homme puis tourne les talons et s'éloigne de nous. « Oh merci pour ce moment c'était juste énorme. Sinon oui on peut aller manger, mais pour te remercier, c'est moi qui paye. On va au stand de ravitaillement et ensuite on va prendre des hots dogs ou un truc du genre. Je t'inviterai bien au restaurant, mais vu notre état je ne suis pas sûr que l'on soit acceptés. Mais ne t'en fais pas le resto ça sera pour un prochain coup c'est promis. » Antoine me remercie, mais répond également à ma question concernant le fait qu'on aille au stand de ravitaillement. « Il faut dire qu'elles nous ont permis de faire marcher notre imagination. Comment ont-elles pu nous croire ? » Personnellement, je pensais qu'à partir de l'histoire de Fast and Furious elles lâcheraient prise. Les gens sont fous quand même. Nous commençons à marcher en direction de ce fameux stand. « Dis-moi, tu m'avais cachée que tu étais bodyguard toi. On ne croirait pas comme ça. » Je hausse les épaules et la moue sur mon visage lui indique qu'il ne faut pas se fier aux apparences. « Plus sérieusement, tu fais quoi dans la vie ? » « Je suis chirurgienne pédiatrique. » Et oui, ça correspond plus à l'image que je renvoie aux personnes. Les petits muscles que j'ai sont suffisants pour ce métier et je n'ai pas besoin de me battre avec les gens, ou alors que très rarement. « Mais quand on y réfléchit bien, ça peut s'en rapprocher. Quand je suis avec mon bistouri, je peux être très dangereuse. » Le sourire qui accompagne mes paroles peut être un peu sadique, mais il quitte rapidement mon visage, car je ne voudrais pas que le jeune homme pense que je maltraite mes patients. Nous arrivons au niveau du ravitaillement, les bénévoles nous servent et on s'éloigne, nos assiettes entre les mains. Antoine baisse le regard sur ce qui se trouve dedans et sa remarque ne se fait pas attendre. « Euh vu le peu de ressources que l'on a, vient on va aller manger ensemble quelques part sur le chemin et on s'arrêtera sur un banc pour continuer à discuter. T'en dis quoi ? » Je hoche vivement la tête. « Tu viens de me dire que tu m'offrais le repas et tu me demandes vraiment si je veux t'accompagner ? » Il ne me connaît pas encore lui. De la nourriture gratuite et il voudrait que je m'en aille comme ça, comme une voleuse ? Nous mettons les sachets des différents aliments proposés dans nos poches et nous partons un peu plus loin, à la recherche de notre future nourriture. « Tu n'es pas australien ? Depuis tout à l'heure, j'entends ton accent et je me retenais de faire une remarque. »

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on essaie de se dire que la réalité vaut mieux que le rêve. on se persuade qu’il vaut mieux ne pas rêver du tout. ✻✻✻ « J’appellerai même plus ça de l’imagination tant on est allé loin. Et qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Certaines personnes sont très bête et ne réfléchisse pas. C’est leur cas je suppose. » Je suis complètement d'accord avec lui, ces personnes n'ont pas réfléchi. Ils ont été obnubilés par la possible célébrité d'Antoine. D'ailleurs, je ne comprends pas ce genre de personnes, celles qui changent complètement de comportement en présence d'une célébrité ou même celles qui se sentent obligées d'accoster cette personne. Maintenant que ces femmes sont parties, nous prenons la direction de stand de nourriture. Antoine lance le sujet de mon véritable métier. C'est une bonne chose, car nous allions pas parler de sa pseudo-célébrité pendant deux ans. Je viens alors lui dire que je suis chirurgienne pédiatrique et je ne peux plus m'empêcher de rajouter une remarque, juste pour plaisanter. « Eh bien je ne veux pas avoir à faire avec ton bistouri. » « Ne t'en fais pas, tu es trop vieux pour ça. Sans vouloir te vexer. » Je ne dis pas ça pour le vexer. Je ne connais pas son âge, mais il semble quand même plus vieux que mes patients, même les plus âgés. Au vu de la quantité de nourriture qui s'offre à nous, Antoine me propose d'aller manger ailleurs. Je rigole et lui dis qu'il n'a pas besoin de me poser la question, surtout s'il me propose de payer. « Bah vu ton physique de crevette, je me suis dit que peut être tu n’étais pas une grande mangeuse. Ce n’est pas la première chose qui me vient en tête quand je te vois. Mais tu me surprends un peu plus à chaque fois. » « J'aime la nourriture, j'aime manger, j'aime les bonnes choses. » Je lui lance un large sourire et nous reprenons la marche à la recherche d'une nourriture digne de ce nom. Sur le chemin, je questionne Antoine sur ses origines. Son accent est discret, mais j'ai pris l'habitude d'y prêter attention depuis mon arrivée, quand j'étais à la recherche d'autres étrangers. Bingo ! Il est français. « C'est classe ! J'aime beaucoup la France. » J'ai eu la chance d'y aller plusieurs fois quand j'étais plus jeune. « Je suis anglaise, mais je vis ici depuis bientôt huit ans. Et oui, j'ai de la famille ici, depuis peu. Mes sœurs ont débarqué ici, il y a plusieurs mois. » Nous finissons par arriver face à trois camions qui proposent chacun de la nourriture différente. « Je te laisse choisir parce que là mon cœur balance. » Je ferme les yeux et commence à faire un jeu de hasard, comme un enfant. Après deux éliminations, il ne reste plus qu'un camion : celui des pizzas. Nous nous rapprochons et heureusement pour nous, il n'y a personne. « Que puis-je faire pour vous ? » Je regarde quelques secondes la liste qui s'offre à nous, puis je relève la tête vers le vendeur. « Une pizza quatre fromages pour moi. »

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on essaie de se dire que la réalité vaut mieux que le rêve. on se persuade qu’il vaut mieux ne pas rêver du tout. ✻✻✻ La remarque d'Antoine concernant ce que je viens de lui me fait rire. J'aurais dû me douter qu'il allait faire ça, qu'il allait m'embêter avec cette remarque. Il a beau prendre un air sérieux, je comprends très vite qu'il rigole. Nous continuons de marcher et je rassure le jeune homme en lui disant que j'aime la nourriture. « Tu vois tout de suite on va être encore plus copain là. Si tu veux un coup je te ferais un repas typique de chez moi et tu m'en diras des nouvelles. » Je hoche vivement la tête, comment refuser une telle invitation. Je sais que la France est réputée pour les bons plats. Comment je sais qu'il est français ? Parce qu'il finit par me le dire. Je lui explique alors que j'aime bien la France, ou du moins ce que j'en ai vu lors de mes courtes visites. « Tout dépend des circonstances en fait, pour ma part j'ai un avis partagé de la France. C'est un beau pays mais il faut rester là-bas très peu de temps et là oui on en garde un bon souvenir. » Je ne connais pas les raisons qui font qu'il est là aujourd'hui et peut-être que je ne les connaîtrais jamais, mais je suppose qu'il a une bonne raison de me dire ça concernant son pays d'origine. C'est ensuite à mon tour de lui dire d'où je viens. « Iris, anglaise vivant depuis des années ici et ayant ses sœurs qui ont débarqué ici il y a plusieurs mois. Cette histoire me dit quelque chose. Charlotte ça ne serait pas ta sœur ? Tu sais petite, blonde et organisatrice d'événements. » « Si, c'est bien ça ! » Je suis plutôt surprise de me retrouver avec quelqu'un qui connaît ma sœur. Il faut croire qu'elle a commencé à se faire un cercle d'amis, ou de clients, car dans le fond, je ne sais pas encore d'où Antoine et elle se connaissent. Mais je n'ai pas le temps de lui demander où est-ce qu'ils se sont rencontrés, nous arrivons devant les trois différents camions et le choix est dur, car ce qu'ils proposent semble très bons. Je finis par choisir et nous nous dirigeons vers celui qui propose des pizzas. Rapidement, j'annonce au pizzaiolo que je vais en prendre une aux quatre fromages. « Moi j'vais vous prendre une montagnarde, ainsi qu'une bouteille de Coca et une d'Ice Tea. » L'homme note tout cela et il fait payer Antoine. C'est quand même gentil de sa part de me payer le repas, alors que nous nous connaissons à peine. La commande passée, nous nous éloignons légèrement du camion et nous nous installons sur un banc qui ne se trouve pas très loin. « J'ai tellement hâte de manger là ! J'ai les crocs ! T'approche pas trop de moi, je pourrais succomber. » Je rigole légèrement à sa remarque. « Je ne me fais pas de soucis là-dessus, je ne suis pas très comestible, tu le regretterais très vite. » Il aurait certainement de quoi manger, car malgré mon poil plume, il y a de la viande sur mes os. Je sais très bien qu'il rigole et c'est la même chose de mon côté, c'est pour cette raison que je viens gentiment lui donner un coup d'épaule. « Comment est-ce que tu as rencontré Charlie ? » Comprenant assez rapidement qu'Antoine ne la connaît peut-être pas sous ce surnom, je me rattrape. « Charlotte. » Dans le fond, il n'est pas idiot et il a sûrement compris, mais au moins là, il n'y aura pas de confusion. « Je vois que la petite arrive à rencontrer de beaux hommes et dire qu'elle veut me ramener en Angleterre. » En venant ici, c'était son objectif principal, mais si elle arrive à se faire une vie ici, peut-être qu'elle changera d'avis.

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on essaie de se dire que la réalité vaut mieux que le rêve. on se persuade qu’il vaut mieux ne pas rêver du tout. ✻✻✻ Nous avons enfin trouvé ce que nous allons manger et nous sommes installés sur un banc, attendant sagement que notre fameux repas arrive. Le jeune homme fait une remarque concernant sa faim et je lui fais comprendre que me manger ne serait pas une bonne idée. « Ah oui ? Une femme aussi belle que toi serait finalement pourrie de l'intérieur ? Je ne peux pas le croire … dis-moi que c'est faux !! » Antoine rigole et moi aussi. Nous nous entendons bien et ça fait plaisir de rigoler autant, ça redonne de l'énergie. « Qu'est-ce que tu veux, la chirurgie fait de belle chose désormais. On peut tout changer et moi, j'ai choisi de refaire l'extérieur. » Je hausse les épaules, comme si j'étais moi aussi tombée dans la normalité qu'est aujourd'hui la chirurgie esthétique. Ce n'est bien sûr pas le cas, je suis plus du genre à critiquer ces personnes, alors hors de questions de devenir comme elles. « Mais merci pour le compliment. » Je lui lance un sourire, le plus honnête possible, car ça fait toujours plaisir à entendre. Un peu plus tôt, il m'a parlé de Charlotte et je suis intéressée de savoir comment il a eu l'occasion de la rencontrer. « Eh bien elle est organisatrice de soirée et donc j'ai eu l'honneur de participer à une soirée dont elle était l'organisatrice. » Un nouveau sourire s'installe sur mon visage en pensant à ce que Charlie fait ici. Petit à petit, elle arrive à laisser sa marque dans la ville et j'entends de plus en plus parler d'elle et de ses soirées. « C'est l'effet Rosenbach ça, un travail dur et acharné qui paye toujours. » Je ne tarde pas à faire un commentaire concernant le nouveau style de vie qu'à ma sœur ici, même si à la base, ce n'est pas son objectif principal vu qu'elle souhaite repartir en Europe. « Arrête voir de dire des bêtises ! Et j'ai l'impression que c'est de famille en tout cas, parce que vous êtes de belles jeunes femmes toutes les deux… en revanche je dois avouer que Charlotte est un très bon coup au lit. » Sa phrase commençait bien, mais plus les mots s'échappent de ses lèvres, plus j'appréhende la suite. J'aurais presque pu m'y attendre, à une telle chute et je viens mettre mes mains sur mes oreilles. Je n'ai pas envie de savoir ce qu'Antoine et Charlie ont pu faire ensemble. C'est trop tard, les images se multiplient dans mon esprit. « Je rigole ne t'en fais pas il s'est rien passé entre ta sœur et moi. Nous avons juste parlé et je l'ai aidé à ranger la salle avant d'aller boire un coup ensemble. » Je fronce les sourcils. « Tu trouves ça drôle ? » Il faut dire que cette blague était facile et à portée de tous, je l'aurais certainement fait si j'étais à sa place. « Je suis heureuse de voir qu'elle s'en sort bien, qu'elle arrive à se faire une vie ici. » Je sais bien qu'à la base, elle ne compte pas rester ici, mais ne sait-on jamais, peut-être qu'elle changera d'avis si j'arrive à la convaincre. Le pizzaiolo s'approche de nous, les mains bien chargées. Mais pas de soucis pour ça, nous nous empressons de le débarrasser. Je prends ma pizza et donne l'autre à Antoine. Rapidement et parce que j'ai faim, j'ouvre la boîte et prends une première part.

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