L'absurdité d'Elwyn n'en finissait jamais et si quelques badauds s'osaient à vouloir le concurrencer, ils étaient vite en train de nager dans leurs regrets. Une fois qu'on lançait un Cadburry dans un délire, il était rare de le revoir avant un bon moment. Après le départ inopiné de Nea, le pauvre brun avait vécu dans une bulle durant des semaines, ne sortant de chez lui que pour aller chercher de la nourriture ou finir son parcours devant un des écrans géants de la grande surface voisine pour regarder de la meilleure des manières son émission animalière favorite. Forcément, on venait toujours le virer de là parce qu'il faisait peur aux clients avec ses commentaires inintelligibles pour le commun des mortels. Il était clair que l'intelligence d'Elwyn était souvent un frein à son intégration parmi ses congénères car il se montrait parfaitement incapable de se taire. Il essayait, parfois, dans ses grands jours, mais la réussite n'était que rarement au rendez-vous car la fondation de la personne qu'il était revenait tout de suite au grand galop. Il avait bien besoin de s'épancher durant des heures puisque le brun n'avait pas tellement eu la chance de le faire quand il était petit. Ses parents n'avaient jamais pris le temps de s'intéresser à ses frasques, ce qui constituait une douleur persistante chez Cadburry. Il était constamment en quête d'attention, ce qui expliquait sûrement ses actes envers Nea. L'emmerder le plus possible pour qu'elle lui réponde, le remette à sa place mais aussi lui prouver qu'elle captait ce qu'il faisait. Leur relation avait débuté sur des bases uniques, évidemment, mais leur dynamique resterait certainement quelque chose qu'on croisait très peu au sein de cet univers et c'était définitivement ce qui plaisait à Elwyn. "Je peux juste attendre que tu dormes pour les prendre, tu sais." Il était suffisamment malin pour créer une opération commando avec pour but la connaissance des mensurations de la belle Nea. Pour sûr qu'il tenterait un jour, quand il aurait besoin de savoir tout cela, pour un cadeau ou autre chose. Non, il n'allait pas lui demander, ce serait beaucoup trop facile et tout le monde savait qu'Elwyn n'appréciait que peu la facilité. Raison pour laquelle sa pauvre tortue s'amourachait de celle du vieux voisin, l'impossible n'était qu'une notion abstraite chez les Cadburry et effectivement, la petite famille verrait bien où tout ce mélo les mènerait. En attendant, Dangar lui montrait son fond d'écran et Elwyn aurait dû avoir honte de voir son popotin ainsi exhibé mais à dire vrai, il ne put qu'avoir un éclat de rire naturel. "Ah ouais, ça rend super bien! Te mater? Tu voulais que je fasse quoi d'autre Nea Bea puisque je pouvais pas tellement te toucher? Mais me demander de choisir, c'est vil... Mais c'est ton sourire qui m'a eu. La première fois que tu m'es as fait un, ça m'a..." Il n'irait pas exprimer tout à fait ce qu'il avait ressenti parce qu'il n'y arriverait pas, pas Elwyn en tout cas. Il était très bon pour faire le mariole mais lorsqu'il était question d'élaborer un peu plus que des théories sur l'amour et les émotions humaines, il n'y avait plus grand monde sur la ligne d'arrivée. Au moins, maintenant, ils étaient au chaud, dans le confort apparent d'un appartement sans dessus dessous, non, il ne fallait pas remercier l'immense solitude du grand bonhomme. "Fière? Malgré ma réplique d'Avengers? Le vaisseau spatial Sith en chewing gum à côté de la télé? Qui a pris possession de Nea Bea?" Elle lui aurait mis un coup de balai dans le temps et peut être qu'Elwyn aurait apprécié parce que c'était une preuve qu'elle voyait ce qu'il faisait... N'importe quoi, en l'occurrence. Ses mains autour de son cou, Elwyn ne pouvait que lui sourire en osant retirer le premier bout de papier. "L'ugli est l'un des agrumes les plus rares et les plus chers. C'est un hybride entre le pamplemousse et le mandarinier." Avant de s'armer du second avec ce regard très concentré. "Tous les citoyens du Kentucky sont obligés par la loi à prendre au moins un bain par an." On ne lésinait pas sur l'hygiène dans le coin, apparemment. Un autre. "Il est tout à fait possible de mourir de chagrin, on appelle cela le "syndrome du tako-tsubo" ou "syndrome des coeurs brisés". C'est une maladie du muscle cardiaque qui survient après un choc émotionnel violent." Tout cela n'avait clairement pas failli lui arriver, bien sûr que non. Il jeta le post it avec le dessin d'une petite cuillère, intérêt zéro avant d'attraper le dernier et de perdre ses yeux ambrés dessus. Il n'allait pas oser, il n'était pas capable, si? Il le tourna donc vers les yeux de Nea, cachant les siens derrière l'orange du papier car les trois mots qui y étaient notés n'étaient pas habituels chez lui. Il ne les avait jamais prononcés et peut être qu'il ne le marquerait plus jamais. Pourtant, ils appartenaient à Nea. Tout ce qu'il était appartenait à elle, de toute façon.

Nous étions deux opposés. Deux charges électriques réparties dans une seule molécule. J’étais sans aucun doute la négative, la plus posée des deux, celle qui veillait à ce que tout reste clean et que tout le monde ait les pieds sur Terre. A bien y regarder, j’étais un peu comme ma mère. Là où je me pensais plus comme mon père, ce dernier ressemblait davantage à Elwyn. Wynnie qui était le positif. Je doutais qu’il ait besoin de ma charge pour subvenir tout seul. J’étais certaine de ne lui être d’aucune utilité. Après tout, je l’avais déjà perdu une fois lorsqu’il était allé se marier avec une autre. qui ne me disait pas que pour ses besoins sociologiques, il repartirait avec une autre femme pour je ne sais quoi ? Concevoir un enfant ? Ou alors vivre en ménage afin de voir si l’homme et la femme pouvaient cohabiter ensembles ? J’avais cette peur irrationnelle de le perdre encore une fois car j’avais pris conscience d’une chose : même si lui n’avait pas besoin de moi, j’avais besoin de sa charge positive pour que ma polarité puisse subvenir, qu’elle puisse exister, irradier, être belle, plus belle que moi. Je ne lui dirai pas car je ne suis pas douée avec les sentiments. Je ne me souviens même pas avoir dit une seule fois je t’aime dans toute ma vie. Sauf lors de notre dispute où ma colère avait pris le dessus. Mais bien que mon esprit soit grisé par l’alcool, ce dernier demeurait attaché à sa rationalité. A quoi bon dire je t’aime, si tu ne le montres pas ? Les mots me brûlaient les lèvres mais refusaient d’en franchir la barrière, de peur de s’envoler et d’être mal reçus. "Je peux juste attendre que tu dormes pour les prendre, tu sais." Je n’en doutais pas une seconde. Je serai capable de me réveiller avec lui sur moi et un mètre ruban en train de me parler comme l’armoire dans la Belle et la Bête. J’arquai cependant un sourcil avant de soupirer. « Je ne te conseille pas, chéri. Sauf si tu veux te prendre un coup dans les parties et je vais en avoir besoin donc évite de me mettre en colère dès le réveil. » Car je pourrais à coups sûrs aller chercher le balai pour lui en coller un grand coup sur la tête. « Et puis tu feras comment ? Je ne me rendrai pas sans combattre et les menottes sont à moi. » Je me rappelai notamment de la fois où il s’était retrouvé attaché au lit sans pouvoir bouger alors que je lui faisais couler des glaçons sur le corps pour lui promettre de nettoyer après ses conneries. J’avais encore dû glisser dans une de ses substances désagréables. La prochaine fois que je l’attacherai, cela sera sans doute dans le cadre d’un jeu sexuel. Après tout, je suis un peu étrange là-dessus. Pas adepte du bondage mais un brin dominatrice au lit. Grande frustrée que je suis. Nous en venons à parler des zones de nos corps qui plaisent. Et bien évidemment qu’il s’agit de ses fesses. Cet abruti le sait puisqu’il s’est baladé maintes et maintes fois en caleçon moulant dans la baraque pour me faire flancher. Sauf que j’ai tenu bon. Enfin l’alcool a eu raison de moi mais j’ai quand même réussi à tenir un bout de temps. "Ah ouais, ça rend super bien! Te mater? Tu voulais que je fasse quoi d'autre Nea Bea puisque je pouvais pas tellement te toucher? Mais me demander de choisir, c'est vil... Mais c'est ton sourire qui m'a eu. La première fois que tu m'es as fait un, ça m'a..." Il élude la question. Je parlais de parties du corps et mon sourire n’en fait pas partie. D’ailleurs, s’il voulait de mon sourire, il serait servi. Je vins lui servir mon plus lumineux avant de m’approcher de lui. « Tu n’as pas répondu à la question correctement. Je ne t’accorde qu’un demi-point. Je ne parlais pas mimique mais partie du corps, soufflai-je de ma voix rauque, quelque chose que tu peux toucher du bout des doigts. » Savoir jouer avec la tonalité vocale était un art. A vrai dire, la séduction était un art et je ne voulais pas que mon scientifique se barre avec la première connasse venue (désolée madame, je ne te connais pas mais je te hais). Donc, j’allais devoir l’alpaguer par les deux choses qui pourraient retenir un homme. Son estomac. Merci, je sais faire à manger correctement même si faire manger des légumes à Elwyn revient à lui enfoncer de force dans la gorge et le pénis. Chose que j’ai dû ménager puisqu’il s’est barré. Ou alors Elwyn a un fonctionnement beaucoup plus complexe que ses congénères et il s’agit de son cœur. Assurément plus compliqué. Plus Elwynien. Il allait m’en donner du fil à retordre le loustic. "Fière? Malgré ma réplique d'Avengers? Le vaisseau spatial Sith en chewing gum à côté de la télé? Qui a pris possession de Nea Bea?" Je me tourne vers lui, entrainant ma robe sur mon passage avant de lever les yeux au ciel. « Je n’habite plus ici et je ne compte pas revenir tant que tu n’auras pas prouvé que tu ne te barreras pas avec la première… » Connasse ? Pute ? Salope ? Trainée ? Erreur de la nature que j’allais détruire ? Tiens, la jalousie, ça faisait longtemps. Assieds-toi et prends un journal. « gourde venue. » Mon ton s’était voulu plus affirmer alors que mon regard demeura brûlant. Mais pas le feu du désir, l’autre. Celui qui donnerait envie à tout homme de se barrer en courant. « Je te rappelle que Je suis une amazone et que Je refuse de partager mon homme avec la première expérience sociologique venue. Donc, je ne reviendrai à la maison que lorsque tu m’auras fait part de ton désir de partager Toutes les expériences avec moi. Et rien qu’avec moi. Et en ce qui concerne ta réplique en chewing-gum, c’est répugnant. » Je retroussai le nez avant d’être près de lui en trois enjambés alors que je relevai les bras pour qu’il vienne retirer ses écritures. "L'ugli est l'un des agrumes les plus rares et les plus chers. C'est un hybride entre le pamplemousse et le mandarinier." Oui, sans doute. Mais où allait-il chercher toutes ses informations ? "Tous les citoyens du Kentucky sont obligés par la loi à prendre au moins un bain par an." Je grimaçai. Pour une femme qui prend deux douches par jour et qui passe ses journées dans l’eau. Une fois par an, c’est peu. Et immonde. « Sans doute pour éviter le risque de propagations des infections, argumentai-je à voix haute. » Mais comme à son habitude, il ne m’écoutait pas et ôta le troisième. "Il est tout à fait possible de mourir de chagrin, on appelle cela le "syndrome du tako-tsubo" ou "syndrome des coeurs brisés". C'est une maladie du muscle cardiaque qui survient après un choc émotionnel violent." Donc, j’aurai vraiment pu crever. Je le laissais prendre le dernier et me le montrer. Se cachant derrière comme un enfant qui aurait dit une bêtise. Je dardai mon regard ébène dessus avant de sentir mon cœur se gonfler malgré lui. « Je ne sais pas lire, dis-je cependant. » Je voulais l’entendre de sa bouche, d’un murmure à mon oreille. J’avais besoin de m’assurer que la chose était réelle. Je lui ôtai cependant le petit post-it des mains avant de venir lentement le ranger dans la coque transparente de mon téléphone portable que je jetai sur le canapé. « Il ne s’agit ni plus ni moins que de la conjugaison du verbe aimer à la première personne du présent de l’indicatif. Quant au verbe aimer, il vient du latin amare, qui veut dire la même chose. Et le verbe aimer prend souvent des formes toniques. » Me voilà qui me transformai en Elwyn sur ce coup, paniquant légèrement à la signification de cette phrase. Qui pour les autres ne devaient pas dire grand-chose mais pour nous beaucoup. Je caressai sa nuque du bout de mes doigts. « Je ne l’ai jamais dit. Trouvant la signification de cette phrase dénuée d’intérêt puisqu’on en a ôté le sens principal. » Mon regard ne quittait pas le sien, nos iris étant accrochées alors que je fis un pas en avant. « Mais je t’aime, Elwyn crétin Cadburry. Et si tu t’avises de me provoquer un syndrome de ? C’est quoi ça déjà ? A nouveau, je te le ferai payer de la pire manière qui soit. Et crois-moi qu’un coup de lasso, ça peut faire très très mal. » Je me mis sur la pointe des pieds pour venir effleurer ses lèvres sans franchir la barrière du baiser. Lui laissant le fait de digérer ce que je venais de lui dire. le cœur battant à tout rompre, proche de l’arrêt total de ce dernier. Tandis que mon corps s’échauffa légèrement, en attente d’une action de la part du brun. N’importe laquelle.

Est-ce que le commun des mortels était suffisamment brave pour supporter les loufoqueries de Cadburry? On avait tous les droits d'en douter car le grand bonhomme semblait incapable d'arrêter le flot intenable de ses pensées. Il essayait, oui, il triturait à droite puis à gauche, toujours prêt à faire endormir son cerveau mais la machination ne pouvait jamais durer très longtemps. Le pire restait certainement quand sa cervelle et son coeur s'alliaient, là, le danger devenait omniprésent. Nea était l'archétype même de cette réunion de ses deux organes les plus puissants. Il avait passé tant de temps à la chérir en silence, se jouant d'elle de mille et une manières car il n'avait jamais su comment faire autrement. Le pauvre Elwyn, ce gamin en manque d'attention, voilà ce qu'il était et au lieu d'exposer des faits clairs aux quelques femmes qu'il avait pu trouver fort plaisantes et à son goût eu fil du temps, il passait par des déviations d'au moins une centaine de kilomètres: clairement, le trafic finissait bouché par sa faute. Là, tout semblait aller pour le mieux car Dangar devait avoir conscience de ce qu'il pensait d'elle, non? Enfin, il ne pouvait que l'espérer car il n'avait jamais été très éloquent avec ses sentiments. Oh, il avait sûrement dû mentionner quelques bribes d'Histoire pour faire des analogies des plus complexes mais rien de grandiloquent et qui aurait permis à Nea de comprendre ce qu'il tâchait d'accomplir. Heureusement, le temps avait passé, il n'y avait plus rien qui semblait être sur leur chemin et les faire vaciller de nouveau. Au final, il avait juste fallu être suffisamment honnête, avec soi-même dans un premier temps, pour pouvoir accepter la réelle teneur de ses émotions. Du Elwyn tout craché de tourner autour du pot durant des semaines, jusqu'à s'épuiser en pleine course d'honneur. "Eh, si c'est pour un cadeau, tu pourras pas être en colère de mes intentions! Et puis, tu sais, pas besoin de menottes, je dois avoir une corde quelque part dans le garage, ça peut faire office de lien... Tu vois, Nea Bea, à chaque problème sa solution parce que la nature est bien faite. On trouve des explications pour tout, même pour la nature de nos bleus. C'est vrai quoi, quand tu te cognes, t'as un bleu. A cet endroit, le sang se transforme, l'hémoglobine qui est bleue est changée en bilirubine qui est jaune. Les deux se mélangent et donnent du vert. Lorsque toute l'hémoglobine est changée, tu as un jaune. Parfaite nature." Il avait une fois de plus digressé, on ne pouvait pas vraiment changer le grand Cadburry. Néanmoins, il tâcha de se reprendre, au moins suffisamment pour affronter le sourire diablement séducteur de la brune en face de lui car Nea en jouait forcément après avoir appris le pot aux roses, à savoir tout ce qu'Elwyn avait adoré dès les premières secondes. "Ta bouche, c'est une partie de ton corps, non? Enfin, je veux dire, ton sourire, il est sur tes lèvres donc par extension et par un algorithme de l'ordre de A + B, j'ai répondu à ta question..." Il fallait nécessairement qu'il cherche la petite bête quelque part parce qu'il était rationnel, Elwyn, toujours et jusqu'à son dernier souffle. "Après, j'ai forcément hésité avec ta poitrine mais tu me laisses pas être romantique." La belle excuse, comme souvent avec lui. Il n'était qu'un homme et malheureusement pour lui, le brun avait un certain nombre de faiblesses, de celles qu'il ne pouvait décemment pas contrôler. Il s'y essayait pourtant parce que Nea le regardait avec des yeux qui avaient le don de l'effrayer. Oui, elle avait l'air si sûre d'elle, apparemment fortement contrariée par cette période de leur passé commun. Il n'osait pas le signifier mais Heïana, son ex-femme, était très loin de répondre à la définition de gourde, c'était même plutôt l'inverse et il s'était estimé chanceux d'avoir pu connaître une courageuse comme elle. A la place, Elwyn n'en dit rien, c'était mieux ainsi s'il ne voulait pas subir les foudres de son ancienne colocataire. "Mais je veux partager toutes les expériences avec toi... Bon, peut être pas celle de la sculpture du vaisseau eu chewing gum, ça, c'était très personnel durant mes moments de grande perdition certes, mais tout le reste, c'est avec toi. Même braver les interdits. Imagine si on va dans l'Utah un jour, tu savais que là bas, il est interdit de faire l'amour en pleine lumière?" Où était le rapport? Elwyn n'en avait aucune idée mais la pensée était arrivée jusqu'à son système nerveux et il avait fallu qu'il la partage avec Nea pour se sentir mieux. Il y avait d'autres choses qu'il allait devoir partager avec elle d'ailleurs, notamment cette lecture de posts-it qui s'éternisa forcément vu tout ce qu'il avait posé sur sa jolie robe. Jusqu'au dernier. Le fameux. Celui qu'il montra à la jeune femme en ayant peur de sa réaction et forcément, il fallut que Nea en joue quelques instants, avant d'aller le coller à l'intérieur de son téléphone, Elwyn souriant sans rien dire. Elle parlait, lui ressemblait quelque peu en sortant la définition du mot dans le dictionnaire, comme si elle l'avait apprise par coeur pour ce moment. Cadburry n'en avait pas fait autant pour une fois et il ne dit rien, étonnant a priori mais lorsqu'on savait à quel point le brun était effrayé de ses propres sentiments, on avait de quoi reconsidérer toute l'affaire. "De tako-tsubo. Coeurs brisés. J'en doute pas une seule seconde mais je dirais que toi aussi, t'as du boulot Nea Bea pour éviter que je termine avec le syndrome... Deadpool aime Wonder Woman et regarde tout ce qu'il est capable de faire, le fou furieux, quand on lui retire son coeur? Tu voudrais que je me tue dans une explosion d'ordre cosmique?" Il passait par une semi déviation afin de lui dire ce qu'il y avait là, au fond de son palpitant, une main se posant sur la joue de Nea, la seconde mourant dans le creux de son dos alors que ses lèvres se déposèrent finement contre les siennes. Qu'il se taise, enfin. Qu'il assume aussi. Et qu'il ne retourne plus en arrière, cette fois-là.

Nous en avions perdu du temps. Je l’avais senti à l’orée de mes trente-cinq ans alors que je soufflai mes bougies en compagnie de quelques amis que je m’étais faite à l’étranger. L’absence d’Elwyn m’avait paru si douloureuse, si insupportable que j’en avais presque portée le deuil toute la journée. Habituée à ses idées loufoques pour le « Nea’s day » comme il l’appelait. J’avais fêté la chose loin de lui, loin de Théo alors que je n’avais plus que mon cœur brisé pour me guider. J’ai tenté de me perdre dans des draps, de glisser des mains dans des cheveux, de laisser dériver ma bouche sur des corps qui n’étaient pas le sien. Pour au final en revenir au même constat, j’étais malade d’amour pour un homme marié à une autre. Telle une masochiste, j’avais regardé l’émission, j’ai pu voir les traits délicats de la femme à qui il disait oui. Et une petite voix ne cessait de me répéter que cela aurait dû être moi. La rage l’a emporté alors que dans un élan stupide, je fracassai l’ordinateur sur le sol pour sortir nager des heures durant. Immergée dans l’eau, je tentai de remettre mes idées en place, de me dire qu’il n’en valait pas la peine. Et puis mon regard sombre à croiser le sien. Les mots ont jailli, la rancœur tenace qui s’évaporait ce soir. Je ne savais pas s’il s’agissait de l’influence de l’alcool ou bien du fait que j’avais ouvert les portes de mon cœur. Mais je le jetai limite à ses pieds, tentant de lui faire confiance. Tentant de reconstruire ce que nous avions détruit. Ce que j’avais détruit. Car il avait raison, le tout était en partie ma faute car je savais pas ce que je voulais. Femme trompée, à la confiance ébranlée, je ne savais pas quoi faire. J’étais clairement au bord du précipice et je devais décider si nous plongions du haut de cette falaise tous les deux ou si je le faisais seule. La voix enjouée de mon amant, ancien amant, me tira de mes rêveries alors que je levai les yeux vers lui. "Eh, si c'est pour un cadeau, tu pourras pas être en colère de mes intentions! Et puis, tu sais, pas besoin de menottes, je dois avoir une corde quelque part dans le garage, ça peut faire office de lien... Tu vois, Nea Bea, à chaque problème sa solution parce que la nature est bien faite. On trouve des explications pour tout, même pour la nature de nos bleus. C'est vrai quoi, quand tu te cognes, t'as un bleu. A cet endroit, le sang se transforme, l'hémoglobine qui est bleue est changée en bilirubine qui est jaune. Les deux se mélangent et donnent du vert. Lorsque toute l'hémoglobine est changée, tu as un jaune. Parfaite nature." Il faut toujours qu’Elwyn se perde dans les méandres de son esprit. En temps normal, je lui aurai donné une tape sur le sommet du crâne en lui disant de se focaliser sur la discussion. Mais à la place, je me contentai de jouer avec mes cheveux alors que ma main vacante remontait le long de ses muscles. « Tu voudrais m’offrir un vêtement ? Depuis quand tu fais ce genre de cadeaux toi ? » Je lui en avais offerte des chemises afin de palier à ses tee-shirts de geek. Histoire qu’il soit présentable de temps en temps. Ne m’aventurant jamais en-dessous de la ceinture, n’étant que sa colocataire. Mais il en a eu des vêtements jetés en plein visage pour lui dire de mieux se saper. Je me plus donc à lui sourire, aussi éclatant soit-il alors que mon regard s’anima d’une ferveur que lui seul était capable d’attiser. Ta bouche, c'est une partie de ton corps, non? Enfin, je veux dire, ton sourire, il est sur tes lèvres donc par extension et par un algorithme de l'ordre de A + B, j'ai répondu à ta question..." J’avais un sourcil avant de secouer la tête. Il ne m’aurait pas ainsi, je ne lâcherai pas le morceau tandis que mes doigts joueurs caressaient la peau nue de son bras. "Après, j'ai forcément hésité avec ta poitrine mais tu me laisses pas être romantique." Je m’autorisai à lever les yeux au ciel. Forcément, tout est de ma faute. « Et pourtant, ils ne sont pas très gros. Je fais à peine du 80B. » Je n’avais pas pris un gramme, pas perdu non plus. Sauf du muscle à certains endroits où j’avais un léger embonpoint. Mais étant sportive, ma poitrine ne s’était jamais développée correctement. Une fois sur place, j’avisai les lieux de mon regard acéré de rapace. Mes paroles dépassèrent la barrière de mes lèvres, consciente que la rancœur était toujours là. Que je ne parviendrai pas à la maitriser tant qu’il ne me dirait pas ce que je voulais entendre. Qu’il n’y avait que moi et non une autre pétasse au teint plus mat et aux yeux plus clairs que les miens. Pour la première fois, je me suis sentie laide face à cette femme que je n’avais jamais vu de mes propres yeux. Le pire étant qu’elle était gentille. Je l’ai vu durant l’émission, trop gentille. Alors que je ne le suis pas. Je suis tout l’inverse. Mes sœurs m’appelaient le dragon pour une unique raison. Tandis que de la bouche de mon père, je n’étais que Neadorable. Aussi adorable qu’une vipère terrée dans son nid protégeant ses petits. "Mais je veux partager toutes les expériences avec toi... Bon, peut être pas celle de la sculpture du vaisseau eu chewing gum, ça, c'était très personnel durant mes moments de grande perdition certes, mais tout le reste, c'est avec toi. Même braver les interdits. Imagine si on va dans l'Utah un jour, tu savais que là bas, il est interdit de faire l'amour en pleine lumière?" De nouveau, sa voix m’arracha à mon raisonnement, consciente que mon visage devait s’être ôté de toutes ses couleurs. Je me tournai vers lui, dardant mes iris chocolatées sur sa silhouette. « Est-ce que cela veut dire que tu veux qu’on fasse l’amour en plein jour ? » Pour une fois, je peinai réellement à suivre son raisonnement, proche de lui, mes bras enserrant sa taille. Alors qu’il vint lire les petits morceaux de papier collés sur moi. J’inclinai la tête sur le côté, essayant d’assimiler le maximum d’informations dans ma petite tête. A ses côtés, je me sentais si bête des fois. Et le voilà, le voilà qui se cache derrière le morceau coloré à attendre que je lui dise les mots. Car nous étions à un siècle où les femmes prenaient la parole, disaient leurs sentiments. Je les clamai donc de manière maladroite, tentant de le faire à la Elwyn sans y réussir malgré tout. "De tako-tsubo. Coeurs brisés. J'en doute pas une seule seconde mais je dirais que toi aussi, t'as du boulot Nea Bea pour éviter que je termine avec le syndrome... Deadpool aime Wonder Woman et regarde tout ce qu'il est capable de faire, le fou furieux, quand on lui retire son coeur? Tu voudrais que je me tue dans une explosion d'ordre cosmique?" Je fronçai les sourcils, m’apprêtant à répondre lorsqu’il vint me faire taire d’un baiser. Je rapprochai mon corps du sien, m’abandonnant totalement à cette étreinte qui était salvatrice pour mon cœur qui ne demandait rien d’autre. Mes doigts caressèrent sa nuque alors que je lui rendis son baiser, consciente qu’il me rendait ainsi mon souffle. Celui qu’on m’avait ôté des mois auparavant. Lorsque l’air vint à nous manquer, je reculai ma tête avant de venir ôter à mon tour le post-it et lui montrer ce que j’avais écrit. « Propriété de Nea. » La chose était claire. Puis, je tendis mon petit doigt, ne faisant jamais rien contre les autres. « Je ne te briserai pas le cœur, Cadburry si tu ne joues pas avec le mien. » Je fis la navette entre mon petit doigt et ses yeux avant d’attendre le cœur battant à tout rompre.

Il avait été si peiné sans elle, incapable de poser des mots sur ce qu'il était en train de devenir, le misérable Elwyn. C'était une évidence, oui, qu'il avait atrocement souffert mais il n'en avait parlé à personne, pas même à sa petite soeur. Il n'avait jamais été en mesure d'échanger le moindre mot sérieux avec un autre Cadburry: ils avaient juste tous un patrimoine génétique complètement déglingué. Elwyn ne savait pas si dans un futur plus ou moins proche, un membre de sa famille arriverait à s'épanouir dans ses émotions. En tout cas, on pouvait douter que ce fut lui vu à quel point le brun était nul lorsqu'il était question de parler des choses qui importaient. Il était toujours là quand on lui posait des questions sur les cigognes, l'année d'invention du microscope et les multiples théories sur la fin du monde. Là, oui, effectivement, il y avait du monde au portillon, des milliards de mots même mais quand on lui demandait s'il aimait quelqu'un, il faisait dévier la conversation sur le nombre de tâches de peinture sur la carapace de Juanita. Voilà quel homme il était, ou plutôt quel lâche il avait été jusque là, tournant toujours autour du pot pour ne pas avoir à annoncer les évidences. Pourtant, elle avait été si présente celle qui concernait Nea, il y avait pensé sans cesse durant des semaines, non, des mois, Elwyn ne s'en était tout simplement pas remis. Il n'essayait plus cette fois, de passer outre, il assumait ce qu'il y avait là, au fond de ce coeur qui avait été mort pendant beaucoup trop de temps. Il souriait maintenant parce que Nea l'interrogeait, découvrait peu à peu les quelques artifices qu'il avait conservés au plus profond de lui, surtout lorsqu'il était question de sa sensibilité et son attrait pour les autres êtres humains. "Bien sûr, Nea Bea que je fais ce genre de cadeaux pour ma copine. Et c'est pas la taille qui compte, si?" Il n'allait pas préciser encore plus, tout ce qui avait de l'importance, c'était qu'Elwyn avait tout fait pour ne pas faire paniquer Nea quand ils n'étaient que deux personnes qui couchaient ensemble les soirs d'hiver. Il ne voulait pas paraître trop prétentieux en s'osant à ce genre de cadeaux envers elle car la jolie brune ne lui devait rien et certainement pas d'accepter quoique ce fut venant de lui. Tout cela était amené à changer et Cadburry en était clairement le plus heureux des hommes vu le large sourire qu'il lui offrit en continuant à débiter moult savoirs inutiles sortis tout droit de son cerveau malade de quarantenaire désabusé. "On a jamais fait en plein jour?" Peut être, peut être pas. Ce n'était qu'un détail du passé désormais et l'avenir leur tendait désormais les bras, sous forme de posts-it divers et variés. Autant dire qu'Elwyn avait eu une montée d'adrénaline et de stress en devant montrer le bout de papier à Nea mais il avait réussi, voyant que tout cela comptait pour la jeune femme. Il l'avait embrassée, c'était quelque chose qu'il savait faire, quelque chose qui lui manquait également avant que la brune n'initie un nouveau pacte entre eux. Elwyn attrapa son petit doigt en le serrant, tout était si normal entre eux, n'est ce pas? "Deal, Dangar." Il lui fit un clin d'oeil, sa main serrant encore plus le creux de ses hanches, heureux de la savoir si proche de lui après tout ce qu'ils avaient traversé. Un désert sentimental infernal pour le quarantenaire. "Bon, la propriété de Nea voudrait pas t'empêcher d'aller profiter de la douche. En plus, aucune farce t'y attend, t'as intérêt à en profiter, ce sera la meilleure douche de ta vie. Tu veux que je te prépare quelque chose à boire ou à manger pendant ce temps là?" Il était prêt à prendre ce rôle là, patient comme jamais, pourtant peu enclin à lâcher la belle brune entre ses bras. Elwyn le ferait si c'était pour mieux la retrouver par la suite car il n'attendait que cela. Que le début de leur vie ensemble. Sans concession.

Elwyn est un homme compliqué. On dit des femmes. mais dans notre relation, les sexes ont toujours été inversés. Bien qu’à ce niveau-là, il n’est pas à plaindre. Mais il se comportait plus souvent comme une nana que moi. Il faut dire que j’ai un caractère bien trempé et qu’il est souvent difficile d’y faire face. Seulement, il se perdait bien souvent dans les méandres de son esprit. Au départ, cela m’était bien égal puis au fur et à mesure, j’ai pris des méthodes drastiques. Comme une tape derrière la tête. Car il ne m’écoutait que rarement, ne cessant de me répondre avec des choses plus farfelues les unes que les autres. Seulement ce soir, je le sentais presque fébrile, presque inquiet de savoir comment se déroulerait la soirée. Après tout, la dernière rencontre s’est soldée par un départ précipité du Cadburry et de mes larmes. Non, ne faisions rien comme les autres. Assurément, nous ne vivions pas une comédie romantique. Ou encore une fois, je tenais le rôle du mec et lui de la nana. mais je ne suis pas fleur bleue, je ne l’ai jamais été. Déjà lorsque je parlais de mon futur avec mon ami d’enfance, je ne me voyais pas faire des déclarations énamourées et chialer sur un canapé pendant des semaines. Alors, c’est vrai après la rupture avec Wynnie, j’ai chialé. Ah que oui, j’ai chialé pendant des heures mais pas des semaines. Après, j’ai tenté de faire passer cette rage, cette dépression par le sport. Un bon moyen de se défouler. Je fixe alors Elwyn en haussant un sourcil, dubitative. Car je ne l’avais jamais connu dans un contexte romantique. Encore une fois, c’était de ma faute. Je me suis refusée à avoir une relation avec lui pour la simple et bonne raison que je vivais avec lui et que cela risquerait d’entacher cette colocation. "Bien sûr, Nea Bea que je fais ce genre de cadeaux pour ma copine. Et c'est pas la taille qui compte, si?" De nouveau, je darde mes iris chocolatées sur les siennes avant de prendre sa main pour la poser sans préambule sur ma poitrine. « On dit souvent que cela doit tenir dans les mains d’un honnête homme. Je ne sais pas si tu es honnête mais ça tient dans la tienne en tout cas. » Puis d’une tape, je dégageai ses doigts. Mon esprit était encore en cours de méditation sur son droit de toucher ou d’embrasser les parties de mon corps. Mon cœur avait déjà décidé et semblait prendre place au tribunal pour que j’accorde mes faveurs à l’Australien. Mais j’étais encore dubitative. Après tout, il m’avait joué un sale coup. Et cela m’avait profondément blessé et je ne suis pas femme qui pardonne en une soirée. Sinon, je ne serai plus moi. et je ne l’intéresserai sans doute pas. "On a jamais fait en plein jour?" Je vins fouiller dans ma mémoire à mesure que nos ébats me revinrent dans cette dernière comme un coup de fouet avant de secouer la tête à la négative. « Toujours la nuit et jamais en dehors de l’appartement. Faudra changer ça. Je voulais ce soir mais t’as refusé. » Après tout, le faire dans un lieu public était assez grisant. J’avais dû le faire une ou deux fois, sans que cela ne marque mes esprits. Cela restait rangé dans un coin de ma tête avec mes fantasmes beaucoup trop nombreux. et bizarres. « En vrai t’es un prude, toi. » Quand je disais que j’étais le mec. Un rire monta dans ma gorge alors que j’étais toujours contre lui. Il fallait d’ailleurs que je prenne mon courage à deux mains pour lui dire ce qu’il attendait. Je devais séduire la demoiselle. Et à juger par le baiser donné, cela devait lui plaire. Mon corps se réchauffa partiellement à cette étreinte alors que je lui demandai de jurer. De me dire qu’il ne me donnerait pas ce foutu syndrome japonais. Bref, on s’en fout. Et alors qu’il me saisit le petit doigt, un sourire en coin vint prendre place sur mes fines lèvres. "Bon, la propriété de Nea voudrait pas t'empêcher d'aller profiter de la douche. En plus, aucune farce t'y attend, t'as intérêt à en profiter, ce sera la meilleure douche de ta vie. Tu veux que je te prépare quelque chose à boire ou à manger pendant ce temps là?" Wait ? Quoi ? Il refuse une douche avec moi ? Ou alors n’a-t-il pas saisi que je voulais la prendre avec lui ? je fais les gros yeux, pleine d’incompréhension. Puis, je soupirai avant de venir passer une main dans mes cheveux. Enfin, je me reculai, m’arrachant à cette douce étreinte qu’il me donnait. Puis, je vins tirer lentement sur la fermeture éclair de cette robe qui n’était qu’un simple morceau de tissu au final, tant elle était ouverte de partout pour laisser le tissu glisser sur ma peau. Je me penchai, vêtue de mon bustier et de mon porte-jarretelles avant de venir lui lancer en plein visage. « Pour le reste, je ne suis pas certaine de parvenir à le retirer seule. Tu vois, le bustier compresse ma poitrine. Et je serai ravie d’entendre ton savoir sur le port de ce genre de sous-vêtements les siècles précédents. » Ma main se saisit de la pince qui retenait ma lourde masse capillaire avant de les détacher. « Après si tu te juges trop prude, je peux le faire toute seule. cela ne sera pas la première fois que je partage un moment d’intimité avec ton pommeau de douche. » Un clin d’œil lancé et je tournai les talons pour aller jusqu’à la salle de douche. Avec un sourire mauvais sur les lèvres. J’allais le bouffer tout cru. Sauf s’il faisait un arrêt cardiaque en plein milieu de la pièce. Pauvre petite chose qu’il était.

Elle allait toujours le rendre chèvre, Elwyn savait que c'était inéluctable mais il n'essayait pas tellement de résister à l'affaire. Franchement, à quoi bon? Nea pouvait lui mettre toutes les mandales du monde qu'il reviendrait la voir pour la prochaine car il n'avait jamais trouvé plus attirante que la brune, sa Wonder Woman. Comme quoi vivre dans un fantasme pouvait réussir à n'importe quel homme car Cadburry n'aurait jamais imaginé avoir la chance de vivre avec le sosie de son héroïne préférée? Après tout, le brun en avait passé du temps en grandissant à vivre dans ses rêves et imaginer mille scénarios où il réussirait à séduire la plus belle femme du monde. Bon, certes, il était rêveur mais il ne s'était pas attendu à ce que tout cela devienne réalité avant le jour de sa mort. Les dieux devaient toutefois l'apprécier pour lui offrir cette opportunité sur un plateau, sans qu'il n'ait à faire dix mille prières à l'église du coin en achetant une dizaine de cierges par semaine. Parfois, la vie était juste bien faite et le destin faisait bien les choses, même si le côté rationnel du quarantenaire n'était franchement pas d'accord avec ce genre de façons de pensée. De toute manière, à l'heure actuelle, il n'était plus tellement dans une phase réflexive, pas du tout quand Nea jouait aussi aisément avec ses nerfs. Poser ses grandes mains sur sa poitrine, carrément? Il sentit la chaleur l'envahir instantanément car Elwyn était fan de cette partie de son corps et il adorait la toucher. S'y perdre. En mourir. Mais le tout ne dura que quelques secondes, de quoi lui ouvrir l'appétit en somme mais pas assez pour le faire sombrer totalement dans le jeu de la tentation. "Je suis très honnête. Je connais même la version latine du mot et toute l'étymologie du concept alors crois moi, Nea, y a plus honnête que moi. Du coup, ça veut peut être dire que j'aurai le droit de les tenir plus souvent?" Il jouait sa chance à fond, même si Cadburry savait qu'il y avait plus de chance qu'il finisse castré qu'avec une approbation de la part de Nea. De toute évidence, il aimait jouer et ils étaient loin d'en avoir fini tous les deux. Bien au contraire, ils donnaient l'air de tout juste démarrer vu comment Dangar relançait les enchères. "Ah ouais, c'est une disgrâce ça. C'est pas ça, Nea Bea... Mais pas avec tes parents pas loin, sinon crois moi que j'aurai joué au Monopoly avec toi dans n'importe quel endroit du monde." Il n'était pas aussi prude qu'elle pouvait l'annoncer, Elwyn, au contraire, avait une libido très prononcée. Récemment, certes, il n'en avait pas eu beaucoup car son cerveau était certainement trop déprimé pour qu'il ose penser à ce genre de sujets. Néanmoins, il avait retrouvé Nea et celle des grands jours par dessus le marché donc, difficile de paraître être un parfait gentleman quand ce n'était pas ce qu'elle vous demandait de prime abord. En effet, Elwyn avait proposé de se comporter comme le petit ami idéal mais la brune n'avait pas l'air de l'entendre de cette oreille, s'osant à le tenter toujours plus fortement. La robe tomba à terre, le regard d'Elwyn fila sur sa silhouette élancée et parfaitement idéale. Elle avait sorti le grand jeu en termes d'apparat, non? "Le port de tout ça? Et bien, tu sais, c'était quand même différent. Il y avait plus de tissus que ça et puis, il y avait pas mal de fils pour accrocher tout cela. Si toi, tu peux pas retirer seule, pense aux femmes des autres siècles qui restaient coincée jusqu'à ce que mort s'en suive dans leurs sous vêtements. Tu savais d'ailleurs que le corset, ça date du XVIème siècle? Dire que c'était un signe de fermeté d'âme... Ils avaient pas pensé au fait que ça pouvait être vu comme un instrument de torture pour certains." Etait-il vraiment en train de supporter une thèse sur le sujet? Du Elwyn tout craché mais il avait de nouveau ouvert les yeux, entendant les derniers mots de Nea avant qu'elle ne disparaisse vers la salle de bain. Il resta planté là, la bouche ouverte, son regard s'étant clairement baladé vers ses fesses d'ange avant qu'elle ne quitte son champ de vision. Son pommeau de douche? Et puis quoi encore? Il accourut vers le lieu indiqué par la jolie brune et s'annonça en en entrant en trombe. "Tu toucheras pas à ce pommeau de douche! Nea Bea, vous cherchez les ennuis ou je me trompe?" Il s'approcha d'elle, collant son buste à son dos avant de venir déposer de multiples baisers appuyés dans son cou car sa patience avait des limites, homme qu'il était. "Et t'as pas le droit de dire que je suis prude... Je veux être un gentleman, parce que tu sais que je veux pas juste te sauter dessus, je veux faire l'amour avec toi, c'est relativement différent." Les nuances étaient toujours essentielles aux yeux du grand Cadburry, dont les mains voguaient sur les hanches de Nea, dans l'attente de sa réaction. Cette fois, cela dit, il n'avait pas peur parce qu'il n'avait probablement jamais été aussi sûr de lui.

Je ne lui simplifierai jamais les choses. J’en serai incapable parce que j’aime donner du challenge aux hommes qui m’abordent. Même si Elwyn était plus que ça. Il était vingt fois plus que tous les toquards qui ont traversé les pans de ma vie. Mais durant notre colocation et dès l’instant où j’ai su que je lui plaisais : j’ai tout fait pour que ses dents rayent le parquet. Comme j’en avais fait la promesse à Wren des années plus tôt. Je ferai en sorte de décrocher la mâchoire à tous les hommes qui croiseraient mon chemin. Et Wynnie n’aurait pas dû faire exception. Ou plutôt n’aurait pas dû en être une. Mais l’évidence était là. J’étais tombée sous le charme de ce nigaud qui parlait trop. Qui disait tout ce qu’il pensait, qui menait des expériences à torts et à travers. Je me surprenais à mater ses fesses avant de venir lui hurler dessus. A lancer des poivrons, des courgettes, le balai, presque tout sauf nos animaux. Bien que Monsieur Ronron n’est jamais pu le voir en peinture. Alors quand je me retrouve face à Wynnie, étant dépourvue de presque tout mise à part mes sentiments, je peux m’empêcher de lui faire un peu de charme. D’attiser les flammes du désir pour nous deux. A venir le provoquer de mes mots en posant ses mains sur ma poitrine. J’eus un sourire en coin avant de les ôter rapidement. Trop rapidement pour lui sans doute. "Je suis très honnête. Je connais même la version latine du mot et toute l'étymologie du concept alors crois moi, Nea, y a plus honnête que moi. Du coup, ça veut peut être dire que j'aurai le droit de les tenir plus souvent?" J’eus un franc éclat de rire. Sans doute un peu mesquin. « Tu peux toujours rêver. T’es pas un soutien-gorge à ce que je sache. Et toucher ma poitrine relève du sacré, il faut le mériter. » Je redressai le menton car si je lui rendais la tâche facile, cela ne serait pas drôle. En effet, nous ne serions plus nous. Lui qui m’autoriserait à toucher son torse parfaitement sculpté ou ses fesses sublimes et moi mes seins. Après tout, les hommes sont si prévisibles face à une paire de seins. Ou les fesses d’une femme. S’ils savaient à quel point c’est chiant. Avoir mal quand tu cours ou encore quand tu as tes règles. Ou même avoir ses règles tout court. Il s’en est pris des choses dans la tronche quand j’étais dans ma période rouge. Déjà peu commode en temps normal mais alors un vrai dragon pendant cette période. "Ah ouais, c'est une disgrâce ça. C'est pas ça, Nea Bea... Mais pas avec tes parents pas loin, sinon crois moi que j'aurai joué au Monopoly avec toi dans n'importe quel endroit du monde." Je vins minauder en battant des cils avec un sourire mauvais sur les lèvres. « Dégonflé. Pourtant, Il était prêt. Est-ce que je lui ai manqué plus qu’à toi ? » J’osai un regard vers son membre, sans me départir de ma mimique un peu joueuse avant de le laisser là. Après un baiser un peu plus passionné que les précédents, j’ôte ma robe et vint détacher mes cheveux. Les rejetant en arrière dans un hair porn absolument merveilleux. Debout devant lui dans un corset blanc avec le restant de ma lingerie de la même couleur et très fine, je le fixe d’un sourire attendant ses explications. "Le port de tout ça? Et bien, tu sais, c'était quand même différent. Il y avait plus de tissus que ça et puis, il y avait pas mal de fils pour accrocher tout cela. Si toi, tu peux pas retirer seule, pense aux femmes des autres siècles qui restaient coincée jusqu'à ce que mort s'en suive dans leurs sous vêtements. Tu savais d'ailleurs que le corset, ça date du XVIème siècle? Dire que c'était un signe de fermeté d'âme... Ils avaient pas pensé au fait que ça pouvait être vu comme un instrument de torture pour certains." Je me décidai à ne pas répondre avant de rire. Un instrument de torture pour lui et non pour moi. Après tout, je lisais dans son regard qu’il se faisait violence. Alors, je tournai le dos pour sortir la démarche féline du placard avant de lui parler du pommeau de douche. J’aurai pu décompter mais il arriva si vite dans la salle de bain que j’avais juste détaché mon porte-jarretelle alors que je sentis son torse contre mon dos. J’en eus le souffle coupé alors que sa voix avait changé de tonalité. "Tu toucheras pas à ce pommeau de douche! Nea Bea, vous cherchez les ennuis ou je me trompe?" Je déglutis avant de retenir un gémissement, sentant sa barbe naissante dans la naissance de mon cou. Salopard, il sait que c’est une zone érogène pour moi. Bon à vrai dire, cela doit l’être pour la majorité féminine mais je n’irai pas vérifier ses hypothèses. « Tu vas faire quoi si je cherche les ennuis ? » Ma main se perdit sur son jeans, n’osant me retourner. Je désirai qu’il le fasse, que cela vienne de lui. Car j’avais assez fait pour la soirée. Je suis certes féministe mais lorsqu’il s’agit de lui, je suis comme toutes les femmes, j’aime me sentir courtisée. "Et t'as pas le droit de dire que je suis prude... Je veux être un gentleman, parce que tu sais que je veux pas juste te sauter dessus, je veux faire l'amour avec toi, c'est relativement différent." Mes doigts continuèrent à vagabonder sur son pantalon alors que j’inclinai un peu plus la tête, me reculant pour que son corps épouse parfaitement le mien. « Et c’est comment un Elwyn qui fait l’amour ? C’est différent de ce que nous faisions auparavant. » Je le regardai par-dessus mon épaule avec mes yeux brûlants. Après tout, je ne l’avais pas touché depuis des mois. « C’est vrai qu'on l'a très peu fait de manière conventionnelle contrairement à mon ex-mari qui se contentait d’un missionnaire tous les vendredi soir pour me tromper avec sa secrétaire. » Merde, je parlais trop. Je ne lui avais jamais dit la raison de mon divorce avec Macaire. « Un jour, je satisferai ton fantasme et tu devras t’occuper du mien, Wynnie. » Mais en attendant, je m’approchai de la cabine pour venir faire couler l’eau, me penchant avec trop de lenteur. Voyons voir ce dont était capable un Elwyn qui désirait faire l’amour à sa copine.

C'en était fini de ses réflexions pour la soirée, Nea savait parfaitement comment annihiler la monde pensée qui pourrait l'écarter de la vie terrienne. Il fallait bien une exception à tout cela, une personne en mesure de le faire revenir de n'importe quelle galaxie perdue. Pourtant, Elwyn avait les habitudes les plus difficiles à faire disparaître: on ne pouvait pas vraiment lutter contre ses manières d'intellectuel notoire, lui qui ne pouvait pas se réveiller tant qu'il n'avait pas lu un article scientifique d'un journal local. Bon, le tout était contrebalancé par son besoin alarmant d'avaler des Miel pops pour garder ce côté enfantin bien en place. Hors de question de vivre avec un Cadburry de mauvaise humer, aucun individu sensé n'en ressortait vivant. Il pouvait être morne et taciturne, oui, et en général, c'était dans ce genre d'instants qu'on s'inquiétait de son état mental. Après tout, le brun avait ce besoin essentiel de parler à outrance, de ne plus vivre avec aucun filtre pour l'empêcher de respirer convenablement. Le tout était franchement mis à mal quand Dangar était dans la région et faisait circuler ses idées dans un bien autre organe que on cerveau. Il se retrouvait bien souvent dans l'incapacité de se relancer dans un discours pompeux, pas quand la jeune femme remportait la lutte avec une aisance incomparable. L'exception. La seule. Celle qui le rendait totalement dingue parce qu'elle jouait avec lui, constamment et qu'Elwyn essayait de se défendre avec ses armes de nerd insupportables. Il n'était apparemment pas capable de les utiliser ce soir-là parce qu'il était juste beaucoup trop heureux de la revoir. Vraiment la voir. Nea, sans énormément d'artifices, à moitié dévêtue, à lui rappeler ce qu'il avait laissé partir comme un idiot et vraiment, il en souffrait le martyr à ce moment-là. Il ne dit rien alors, ouvrant et refermant la bouche dans l'espoir de pouvoir collecter suffisamment de sa cervelle pour pouvoir trouver la meilleure réplique. Bof. "Sacré? Comme certains animaux en Inde? On fait aussi des sacrifices pour ta poitrine, tu penses? Me force pas à sacrifier Juanita, hein." Il liait ses mains dans un air suppliant, humour ridicule, quelque chose qui ne changeait pas tellement. Elwyn n'avait jamais eu rien de meilleur pour lui que ce trait là car il savait qu'il pouvait faire rire n'importe qui, dans n'importe quelle circonstance. Même Nea. Même cette femme, oui, qui le cherchait, l'homme sentant son sang descendre à une vitesse vertigineuse quand elle jouait autant avec ses nerfs. "Non. C'est juste que lui a moins de volonté que moi." Fait avéré. Néanmoins, Elwyn était en mesure d'user de ses neurones contrairement à la plupart des hommes du coin. Il ne voulait pas faire tout et n'importe quoi en se justifiant comme faisant partie du "sexe fort", quelle belle connerie à son sens. On savait, au moins, qu'il n'y avait pas plus grand féministe que Cadburry, toujours prêt à mettre la femme à ses côtés sur le trône, préférant jouer dans l'ombre de son côté. Aucun doute quand il voyait Nea le quitter alors qu'elle n'avait conservé que sa dernière couche de vêtements, Elwyn savait qu'il ferait toujours tout ce qui était en son pouvoir pour lui apporter le bonheur qu'elle méritait. Il n'était clairement pas comme tous les autres qu'elle avait pu avoir avant lui et d'ailleurs, Cadburry ne ressemblait à personne d'autre. Il était grand et idiot la plupart du temps, mais il savait aussi quand il ne devait pas passer à côté de l'opportunité de sa vie, la preuve alors qu'il venait se coller au dos de Nea, laissant ses doigts la frôler sans jamais la toucher vraiment. Il s'offusquait, le brun, qu'elle ait pu envisager de se faire du bien loin de lui. Là, c'était une véritable torture et ses doigts qui pianotaient à divers endroits de son pantalon n'aidaient pas Elwyn à faire sens de cette proposition indélicate qu'elle avait pu faire. "Te torturer jusqu'à ce que tu confesses que tu me préfères à mon pommeau de douche. Je sais, je risque de galérer." Elle était dure au mal, Nea, mais il l'aimait pour cela, alors qu'il lui picorait le cou, sentant que la brune faisait exprès de se coller un peu plus à son buste pour le rendre fou à lier. Elle n'avait franchement pas besoin d'aller jusque là, pas avec Elwyn en tout cas. "C'est un Elwyn qui retient pas tout ce qu'il ressent. Et je t'avais pas déjà dit que ton ex fiancé savait pas ce qu'il laissait partir? Un nul fini." Aucun besoin de le dire, il en avait toujours été convaincu mais tant mieux, en un sens, c'était mieux pour lui. Il regardait Nea s'éloigner et aller allumer le jeu d'eau, son dos se cambrant pour qu'il profite toujours plus de la vue. "Tu parles de quelle fantasme également? Parce qu'y en a plusieurs, non?" Il lui dit cela en la rejoignant, sa force les propulsant tous les deux dans la cabine de douche. Il laissa ses mains passer sur tout le corps de Nea qu'il pouvait atteindre, ses lèvres torturant délicatement son cou avant qu'il ne tourne la jeune femme vers elle et prenne d'assaut ses lippes si charnues. Elle était contre le mur de la douche et l'eau les ternissait de nouvelles couleurs, sans qu'Elwyn n'y prenne garde, ses doigts agrippant la croupe de Nea pour qu'il la garde fermement contre le carrelage de la douche, là où il n'y aurait qu'elle et lui. Enfin, elle et lui.