Je pense qu’au fond, se lâcher sexuellement est une question de confiance. Par exemple : avec Macaire, les choses étaient plates, sans saveur. Je me suis mariée pour faire plaisir à ma mère, pour qu’elle me lâche et quitter la maison. Ainsi, j’avais plus ou moins rempli le contrat. Une femme douce, jolie, intelligente. Qu’on sortait les vendredis, qu’on sautait les jeudis pairs car les impairs, la femme n’était plus qu’un jouet. La femme qui attendait patiemment que le mari rentre de son travail pour lui faire à manger. Et puis la femme qui se fait tromper. Un classique. Nul besoin d’écrire un livre sur mon mariage avec lui. A vrai dire, je pense que ma vie a véritablement commencé le jour où j’ai claqué la porte de la maison. Peu de temps après, je rencontrai Elwyn. Elwyn que je surnommai d’abord l’imbécile, puis ensuite le génie. Puis le beau cul, le mec, LE mec et pour finir mon mec. Tandis que je m’abandonnai à lui pour la première fois de ma vie. Certes, nous avions eu quelques ébats bien pimentés mais jamais comme celui-là. C’était différent. Car je n’exerçai aucun contrôle, aucune prise et je le laissais prendre les rênes. Me prendre tout court. Mon cœur explosa, foudroyé par l’intensité alors que le quarantenaire vint en même temps que moi. Ou peu de temps après. Je lui rendis son baiser, laissant nos langues exercer le ballet qu’elles seules savaient si bien faire. Avant venir le regarder. Ma main montait sur son torse de manière négligée avant de venir le pousser de ma jambe, m’arrachant un gémissement rauque lorsqu’il se retira. Mes yeux ne quittant pas sa silhouette, je tournais la tête pour voir le bordel dans la cuisine. "Tu me laisses quand même te ramener dans mon lit ou je dois ranger tout de suite la cuisine?" Je pris le temps de passer les mains dans mes cheveux désordonnés avant d’humecter mes lèvres. « Hm. » Clairement, je connaissais la réponse. Mais j’avais cette tendance à toujours vouloir jouer avec lui. « La maniaque en moi a envie de te forcer à ranger. » Je mis mon buste en avant, prenant appui sur mes mains, le regard enflammé par notre précédente étreinte. « Mais la petite amie idéale te dirait de la conduire au lit. » J’avisai les ustensiles au sol. Pour venir descendre et me pencher doucement pour prendre une poêle. « Le souci étant que j’ai un peu faim. Tu comprends, l’alcool, l’étreinte, donc je pense que tu vas devoir ranger. » Je m’approchai de lui pour venir lui tendre l’objet. Un sourcil haussé. « Après je n’ai pas encore décidé si je nous faisais une omelette et je me contentai de rester dans mon coin pour t’admirer ranger. Voir comment tu t’es débrouillé en mon absence. » Je mis un peu sur la pointe des pieds, effleurant ses lèvres sans réellement céder au baiser. Toujours joueuse, toujours plus. Mes doigts libres glissèrent dans ses cheveux si doux alors que ma poitrine se colla contre son buste, sans me départir de mon sourire. Celui qui en disait long sur le devenir de cette soirée.

Il l'avait attendue, c'était indéniable car Elwyn n'avait pas été totalement Elwyn ces derniers mois. Il s'était perdu dans des tergiversations qui paraissaient habituelles mais qui laissaient surtout présager qu'il n'avait pas su vivre avec ses regrets. La science sonnerait sa fin, il le savait parce qu'il partait toujours dans des délires tout seul et il le payait fatalement. Cette histoire de mariage avait été un exemple probant en la matière car il avait vu Nea détaler à peine l'idée eut-elle été lancé mais est-ce qu'il avait pu lui en vouloir? Pas pour cela, mais pour tout le reste. Pour n'avoir rien dit de ce qu'elle ressentait. Pour l'avoir rejeté constamment au cours de leur petit arrangement dès qu'il s'approchait un peu trop près du sujet de leurs sentiments respectifs. Ils avaient chacun eu leurs torts dans cette défaite cuisante, il ne fallait plus en douter mais ce n'était plus ce qui intéressait Cadburry car il avait retrouvé la brune sulfureuse, elle qui arrivait toujours à lui pomper toute son énergie. Cette nuit-là ne ferait pas exception en vue du jeu qui s'était mis en place et qui l'avait laissé pantelant mais pas totalement sans ressource non plus. Il prit effectivement le temps de l'embrasser, de lui prouver que ce n'était pas que du sexe cette fois-là, que ce qu'ils partageaient allait bien au delà d'une simple soirée ou de quelques jeux de rôle qui les excitaient comme des idiots. L'amour était là, l'amour avait provoqué ce feu d'artifices et par conséquent, il fallait gérer la suite de cette affaire. Nea le fit se détacher d'elle donc et Elwyn ressentit bien vite la fraîcheur du soir sur sa peau dorée, comme si elle lui manquait déjà. La brune était déjà partie pour continuer les distractions, s'armant d'une poêle pour le chercher un minimum... Comme avant, on n'allait pas tout changer tout de suite non plus. "Je vais donner mon avis mais... Là, je propose que tu sois la petite amie idéale. Voilà le plan commando: tu vas jusqu'à la chambre, je range et je fais une omelette rien que pour toi. Comme ça, t'es la petite amie parfaite, je suis un petit ami génial et tout le monde y trouve son compte, non? Car, non, Nea Bea, je ne te laisserai pas rester dans cette cuisine à me regarder sous peine de subir tous les savoirs inutiles que j'ai en stock... Exemple numéro un: Une étude scientifique américaine a démontré que les mouches mâles repoussées sexuellement par les femelles sont plus attirées par les aliments contenant de l'alcool que les autres, tu le savais pas ça, hein? Allez oust, j'ai du boulot, Dangar." Il lui caressa le dos après avoir déposé un baiser délicat sur sa joue, forcément qu'elle allait jouer avec ses nerfs, elle n'aurait pas été Nea sinon. Bien vite pourtant, Elwyn ramassa son bazar, constatant que c'était vraiment un merdier incroyable sur cette table, le tout en cassant quelques oeufs pour la fameuse omelette, vêtu de son fameux tablier de cuisine Deadpool. Il avait toute la panoplie, pour sûr. Il réussit à ne pas la faire brûler cette omelette, exploit, mais il avait vraiment été ultra concentré jusqu'au bout avant de déposer la nourriture et des boissons sur un plateau et se diriger doucement vers la chambre, sifflotant les paroles de Winnie L'Ourson en arrivant à la porte. Elwyn, le roi de la constance.

Je ne saurai dire ce qui m’avait débloqué mais je m’étais donnée entièrement à Elwyn. J’avais commencé à faire confiance en ce début d’histoire que nous étions en train de construire lui et moi. Deux ans presque passés avant que je ne me rende compte que j’avais besoin du Cadburry dans ma vie. J’avais besoin de lui comme un être humain avait besoin de respirer tous les matins. Wynnie était devenu ma bouteille d’oxygène, celle qui me permettait de respirer. Ou alors disons plutôt du gaz hilarant vu comment il se comportait parfois. Mas à cet instant précis, je me foutais pas mal de ses bêtises, de ce qui avait pu nous séparer car je savais que je ne serai plus la même après cette soirée. Je pourrais le retirer, le repousser à nouveau pour lui tourner le dos mais j’étais fatiguée. Après ma frayeur de grossesse, j’ai pris conscience d’une chose : je devenais vieille. Lui n’a jamais semblé aussi beau. Les hommes ont cette faculté de bien vieillir, de devenir plus beaux avec le temps alors que nous n’étions que vulgaires fleurs. Une personne nous arrachait à notre pelouse, nous mettait dans un vase pour ensuite nous laisser nous fâner. Je savais qu’Elwyn trouverait une formule pour me rendre immortelle. Je lui faisais assez confiance pour venir lui rendre son baiser avec une douceur nouvelle. Je n’ai jamais fait dans la dentelle. Les déclarations d’amour, les trucs de fillettes, très peu pour moi. Certains diraient que j’ai autant de sensibilité qu’une petite cuillère comme Ronald Weasley et ils auraient raison. Je ne fais pas dans le romantisme mais Elwyn savait l’être pour deux alors que le froid s’abattit sur moi. Je décidai donc de passer devant lui pour ramasser une poêle, me baissant avec une infime lenteur et avec une grâce dont moi seule était capable. Merci mais je suis unique. "Je vais donner mon avis mais... Là, je propose que tu sois la petite amie idéale. Voilà le plan commando: tu vas jusqu'à la chambre, je range et je fais une omelette rien que pour toi. Comme ça, t'es la petite amie parfaite, je suis un petit ami génial et tout le monde y trouve son compte, non? Car, non, Nea Bea, je ne te laisserai pas rester dans cette cuisine à me regarder sous peine de subir tous les savoirs inutiles que j'ai en stock... Exemple numéro un: Une étude scientifique américaine a démontré que les mouches mâles repoussées sexuellement par les femelles sont plus attirées par les aliments contenant de l'alcool que les autres, tu le savais pas ça, hein? Allez oust, j'ai du boulot, Dangar." Je l’écoutais, un sourcil haussé avant d’avoir un sourire lumineux à son intention suivie d’un petit rire. Cependant, je dus déposer les armes. (Il peut rêver). Avant de lui souffler un baiser tout en quittant la pièce pour aller dans sa chambre. Enfin, je regardai le bordel qui régnait là-dedans. « Une vraie colonie de vacances à lui tout seul. » Rapidement, je ramassais tout ce qu’il y avait au sol pour venir saisir le drap, le passer autour de moi comme s’il s’agissait d’une toge romaine avant de me laisser choir sur le dos, attendant qu’il ouvre la porte. Je reconnus l’air de Winnie l’ourson avant de froncer le nez. Mes jambes se caressaient l’une l’autre avant de venir lui sourire. « Alors Pedobear, prêt à manger ton pot de miel ? » Je lui servis un petit clin d’œil avant de voir qu’il avait effectivement réussi à faire une omelette. Je me redressai, laissant tomber mes cheveux le long de mon buste caché par le drap pour regarder son tablier. « Sérieux si tu me fais à manger ainsi vêtu, je ne vais plus vouloir retourner dans ma ferme. » Je tapotai la place devant moi pour qu’il vienne s’asseoir ne le quittant pas des yeux, un petit sourire flottant sur mes lèvres. Signe de béatitude. Pour une fois, je ne le méritai ce foutu surnom.

Il retrouvait un peu de calme, un concept clairement très relatif avec le Cadburry, lui qui ne put s'empêcher de siffloter en s'occupant du rangement à faire dans la cuisine. Finalement, il mit peu de temps, coupant son esprit en deux pour gérer et l'omelette et les poêles par terre. Comme quoi, parfois, Elwyn pouvait être un garçon tout à fait efficace. Il devait être trop fatigué pour avoir des milliards de pensées qui traînaient au fond de son cerveau, sans digression effective, il pouvait tout à fait maîtriser les tâches du quotidien sans créer un bordel sans nom. Bien sûr, dans tous les cas, le quarantenaire avait encore un sacré travail à faire pour paraître parfaitement normal, rien que dans le tablier qu'il portait à l'heure actuelle, on se doutait qu'il n'était pas tout à fait commun. Elwyn aimait beaucoup son tablier Deadpool, tout comme il adorait la chanson de Winnie L'ourson donc le tout justifiait qu'il débarque avec ce combo dans sa chambre à coucher. Forcément, Nea n'était pas sagement assise dans le lit à feuilleter un des milliers de bouquins qui traînaient ça et là, des thèses de sciences peu intéressantes, on pouvait la comprendre. Non, à la place, elle avait pris une position relativement suggestive, se la jouant déesse romaine en lançant les hostilités. Habituel entre eux. "Et si j'aime pas le miel, Nea Bea? Je peux le remplacer avec du jus de pomme, tu penses? Non, parce qu'on parle pas assez des bienfaits de ce qu'on peut trouver dans une pomme. On parle toujours de la tarte tatin, de la compote mais le jus, hein, pourquoi il reçoit pas autant d'amour?" Il était reparti, voilà, il n'en fallait vraiment pas beaucoup pour que le moulin à paroles se remette en selle, le grand homme s'avançant doucement dans la chambre, sautant par dessus quelques legos qui traînaient encore par terre. Certes, Elwyn avait remis en état la cuisine mais il ne s'était pas encore attelé à sa chambre, son jardin secret qui mêlait les écrits de haut niveau et des jeux pour enfants. "C'est vrai, t'apprécies mon tablier Deadpool? J'ai hésité entre ça et un de Mario Kart mais bon, je pouvais pas craquer sans toi..." Non, il aurait été vraiment peiné de s'armer de ce nouveau tablier sans Nea pour l'étrenner avec lui. Cadburry s'assit à ses côtés sur le lit, posant la nourriture sur ses genoux, s'armant de la fourchette pour en piquer un bout et le présenter aux lèvres de Nea. "Promis, j'ai rien brûlé. Et j'ai rien ajouté de dangereux genre des marshmallows ou de la pâte à sel... C'est que des oeufs, et beaucoup d'amour dans un coup de fourchette. D'ailleurs, elle est cool cette expression là, coup de fourchette, je vais rebaptiser la boutique comme ça un de ces quatre..." Et bla et bla et bla. Usant. Du Elwyn heureux comme un môme. "C'est pour quoi la toge, Nea Bea?" Il avait envie de l'embrasser, l'idiot et il en avait le droit. Il n'en revenait toujours pas.

Avec Elwyn, la vie était toujours colorée. Je ne m’ennuyais jamais et je ne savais jamais à quoi m’attendre. J’avais toujours cette appréhension en rentrant à la maison, me demandant sur quel joyeux bordel j’allais encore tomber. Il était si farfelu parfois. Et encore une fois, je n’ai pas été déçue car même en ayant déménagée, rien n’avait changé. Il restait profondément le même. Mais n’était-ce pas ça l’amour justement ? Accepter l’autre sans avoir à le faire changer ? Je ne voulais pas que Wynnie change quoique ce soit dans son comportement. Qu’il reste tel quel et ensuite, j’aviserai. Au pire, je reprendrai mes activités de lancer de légumes en pleine poire avant de venir faire à manger. J’étais presque certaine qu’il s’agissait d’une discipline olympique. Je me mis donc à ranger la chambre, enfin déplacer le bordel serait le terme le plus exact. Car étant complètement nue, j’étais freinée par de potentielles blessures à cause d’untel ou untel objet. Puis, je me laissais choir sur son lit en constatant que les draps étaient -à peu près- en bon état. J’en pris un pour me faire une toge avant de m’étaler en l’entendant arriver. "Et si j'aime pas le miel, Nea Bea? Je peux le remplacer avec du jus de pomme, tu penses? Non, parce qu'on parle pas assez des bienfaits de ce qu'on peut trouver dans une pomme. On parle toujours de la tarte tatin, de la compote mais le jus, hein, pourquoi il reçoit pas autant d'amour?" Je me redressai alors que mon regard croisa le sien. « Des fois, je me demande quel chemin sinueux il y a dans ta tête pour que t’en arrives à me parler de ton amour pour le jus de pommes ? » Un petit rire cristallin s’échappa de ma bouche alors que je me mordis l’intérieur de la joue. « Je suppose que c’est parce que ce n’est qu’une boisson alors que le miel ainsi que les pommes en elles-même sont des aliments. Après, c’est toi le scientifique, Wynnie. Pas moi. » Il est vrai que j’ai toujours été d’une nullité sans nom en sciences. Je me contentai de regarder le prof sans intérêt car j’étais plus attirée par la littérature que par les mathématiques. Et cela avait été un nouveau calvaire pendant mes études toutes les matières scientifiques. Je le laissais venir jusqu’à moi avant de m’asseoir, laissant le drap tomber le long de mes jambes avant de les croiser en tailleur pour lui faire face. "C'est vrai, t'apprécies mon tablier Deadpool? J'ai hésité entre ça et un de Mario Kart mais bon, je pouvais pas craquer sans toi..." Certes Mario Kart était notre jeu. Et je fronçai le nez avant de venir toucher son tablier du bout de mes doigts. « Je suppose que j’achèterai le Mario Kart pour moi alors. Après, je ne sais pas si une Nea entièrement nue sous un tablier serait vivable pour ta rétine. Ça serait dommage que tu nous fasses un arrêt cardiaque. » Un sourire de garce illumina mon visage alors que je jetai un coup d’œil à la nourriture. Une omelette. Rien de plus simple. Après, j’espérai qu’il s’était quand même nourri de manière correcte pendant mon absence. "Promis, j'ai rien brûlé. Et j'ai rien ajouté de dangereux genre des marshmallows ou de la pâte à sel... C'est que des oeufs, et beaucoup d'amour dans un coup de fourchette. D'ailleurs, elle est cool cette expression là, coup de fourchette, je vais rebaptiser la boutique comme ça un de ces quatre..." Je pris la nourriture entre mes dents avec une lenteur qui me caractérisait avant d’avaler la nourriture. « C’est pas mauvais mais je reste certaine que ça aurait été meilleure avec des marshmallows. » J’eus de nouveau un petit rire avant de passer une main négligée dans mes cheveux et de lui donner égaement la becquée, volant sa fourchette au passage. "C'est pour quoi la toge, Nea Bea?" Je me penchai pour venir effleurer ses lèvres, cette toge cachant le plus gros de mon corps. « La vraie question est pourquoi pas la toge, Wynnie ! J’avais envie de me transformer en déesse grecque et tu seras l’humble mortel qui succombera devant ma beauté. » Après tout, des jeux toujours des jeux. « Alors c’est quoi ton offrande pour que j’exauce un de tes vœux ? D’ailleurs quel est ton vœu ? » Je le regardai, joueuse avant de reprendre de l’omelette. Et ça faisait du bien d’avoir de la nourriture.