Outback vibes #1
Lucia Whitemore & @Hannah Whitemore

« Tu préfèrerais les chiens ? » Amusée, je secoue la tête. « Je préfèrerais une flopée de neveux surtout, et vu que Gaby a pas l’air décidée... » J’esquisse un sourire insolent avant de hausser les épaules. Il est loin, le jour où Hannah se sentira assez proche d’un homme pour envisager de se poser avec lui à ce point. A ce rythme là, j’aurais le temps d’être grand-mère avant d’être tante, et si je n’insiste pas, c’est que je me rend compte de mon indélicatesse concernant les problèmes de la plus agée de la fratrie : ce n’est pas une question de bonne volonté concernant Gabrielle. Je sais tout de son désir d’avoir un enfant, comme je sais qu’ils ont du mal, elle et son mari. La pensée me pince le cœur et je reprends un air plus sérieux. « On va prendre un chien en vrai. » Swann et moi, qui se cache derrière ce on est une évidence si bien que je ne précise pas. « Je te laisse les chats du coup. » Derrière la plaisanterie, je dissimule une vraie information. Un chien, ce n’est pas un bébé mais, un chien, cela reste tout de même une certaine forme d’engagement l’un avec l’autre.

A nous livrer plus en une heure qu’en presque un an, il semblerait que nous en ayons toutes les deux oublié qu’il fallait surveiller les balises indiquant le chemin à suivre. Résultat, nous nous sommes éloignées des sentiers banalisés et la brune est la première à le réaliser. Moi, je tente d’abord de dédramatiser, consciente que je céderais à la panique si je ne le fais pas. Continuer à avancer en espérant retomber sur le sentier de randonné me semble risqué et, après réflexion, je préfère rebrousser chemin. « Si tu préfères, pas de soucis. » « Tu crois que t’es capable de retrouver nos traces ? » Ou en tout cas d’avoir mémorisé les embranchements que nous avons pris ? « On ne va pas croiser de bêtes sauvages Lucia, ne commence pas à jouer les oiseaux de mauvaise augure. » « On est en pleine nature et la nuit va tomber, je vois vraiment pas de raison de s’inquiéter. » Australienne pure souche, cela ne m’empêche pas d’avoir peur de la moindre petite bête : les légendes sont fausses, nous sommes loin de tous être des Crocodile Dundee en puissance. « Y a intérêt. » Rebroussant chemin, je reste attentive au moindre détail et, forcément, je perds un peu en discussion. Les mains résoluments enfoncées dans les poches de ma veste, je suis prise d’angoisses que ma soeur n’aide pas en affirmant que « On dirait le début d’un mauvais film d’horreur. » « Je suis vachement rassurée là. » Et surtout, je commence à avoir faim (même s’il est vrai qu’il n’y a que peu de moments où ce n’est pas le cas). Mon téléphone en extension de mon bras, j’y jette quelques regards frénétiques, espérant retrouver un peu de réseau. C’est finalement la voix de notre père qui me fait relever les yeux, pour le trouver à quelques mètres de nous. « Qu’est ce que vous faites les filles, on s’est demandé si vous vous étiez perdues ? » Nous l’étions à vrai dire, mais je laisserai Hannah le préciser : moi je me contente de courir jusqu’à mon paternel, trop heureuse de retrouver la civilisation. Nous n’avons peut-être pas atteint les chutes ce soir, mais je suis forte du sentiment que nous nous sommes un peu retrouvées, ma soeur et moi.

RP terminé