Ce serait mentir que de dire que Lily a choisi la date du quatorze novembre par le plus grand des hasards et que ça n’ait pas été lié au choix arrêté de date des feux d’artifices dans toute la ville. Elle avait envie de les voir depuis l’extérieur, elle avait envie qu’ils soient sur un point assez dégagé. Ils recommencent tout, Matt et elle, alors elle avait envie que ce soit parfait. Ils n’avaient encore jamais pu fêter Diwali et bien que Lily ne croit pas réellement à tout ce qu’il s’y rapporte, n’en reste pas moins que s’il s’agit de laisser s’envoler des bougies dans le ciel et de voir des feux d’artifices alors elle répondra toujours présente. Elle a toujours aimé fêter la fête nationale simplement pour le bouquet final, elle ne se refait pas et, sur ce point au moins, elle n’en a pas envie.

Sa main dans la sienne et sa tête contre son épaule, elle leur fraye un chemin à travers la foule pour arriver au point parfait, n’en déplaise à tous ces inconnus qui se sont immiscés sur leur passage qu’elle avait déjà préconçu dans son esprit. Après tout, ils ont passé la journée à aller d’un point à un autre, d’un magasin à un autre, d’un parc à un autre sans ne jamais s’arrêter - ou peut être pour faire une pause ou dix lorsqu’ils passaient devant le moindre stand de nourriture mais ça non plus, ça ne changera pas. Quand il mangeait, au moins, elle pouvait l’embrasser sans même qu’il ne puisse faire semblant qu’elle le dérangeait et qu’elle l’empêchait d’être sérieux. Ouais, ouais, bla, bla, bla.

“Y’a le feux d’artifice dans dix minutes et après on pourra lâcher les lumières.”

Ils sont tombés par hasard sur des panneaux leur apprenant les feux d’artifices de ce soir mais Lily connaît déjà la programmation par cœur, parce que le hasard fait bien les choses ou… quelque chose comme ça, non ? Ce n’est pas le moment de préciser qu’elle a travaillé le parcours pendant des jours et les horaires des activités tout autant, Matt n’a pas besoin d’en savoir autant et sûrement même qu’il s’en moque, ce n’est pas aussi important que ça en a l’air. Si les feux ne débutent que dans dix minutes, pourtant, cela signifie qu’ils ont encore un peu de temps devant eux et maintenant qu’elle leur a trouvé une place au plus près de la rambarde pour surplomber la ville, elle se retourne en direction de son mari pour l’embrasser. Et ça lui avait manqué, ça, d’associer le terme de “mari” à celui “d’embrasser” sans aucune négation au milieu. Ce qu’elle n’avait pas prévu, pourtant, ce sont les mots qui s’ensuivent dès lors qu’elle commence à jouer avec les doigts de Matt et ne cesse de remonter les yeux dans les siens, un faible sourire au coin des lèvres. “Est ce que… J’aime bien ce quartier. Je le trouve agréable. Je pourrais y vivre, je pense. Pas toi ?” Vivre dans des appartements différents et des quartiers qui le sont tout autant n’a plus rien de naturel pour la jeune femme et elle pense - et espère - qu’il en est de même pour Matt. Ça compte toujours comme avancer doucement, à ses yeux. Tant qu’ils continuent d’avancer, elle est toujours heureuse.

Y’a des couleurs partout, peu importe où on passe. Elle en a sur les joues et dans les cheveux, elle ne voit absolument pas les prochains envois de poudre arc-en-ciel tant elle est occupée à voir tout le reste au point où je la laisse faire, sillonnant toujours quelques pas derrière elle tant son rire guide le reste. Ce n’est que lorsque la foule se resserre que ma main se fait la même autour de la sienne, la ramenant à moi comme le ferait un gamin jaloux de finir par la perdre à travers la marée de monde aux aguets.  

Je sais même pas on est là depuis combien d’heures, mais je sais depuis combien de mojitos, de tacos et de glaces. J’ai compté les bouchées bien plus que les baisers, alors qu’on donne l’impression d’être de nouveaux mariés en constante lune de miel quand y’a rien de nouveau dans mes regards brillants vers elle ni dans mes blagues de merde répétitives au possible. Même mes jeux de mots me donnent une impression de déjà vu, mais elle m’aime assez pour en rigoler encore. Entre mes doigts, son alliance tourne, la première. La seconde n’est pas encore là, rien que parce que j’ai tout un plan en marche pour ça. Et non, c’est pas parce que je le mentionne en narration que tu en sauras plus, ni Lily dans le rp. Ouais, ouais, la note de la rédaction est terminée. “Y’a le feux d’artifice dans dix minutes et après on pourra lâcher les lumières.” “T’as appris le programme du jour et de la soirée par cœur ou comment ça marche?” que je pouffe contre sa joue, ses lèvres ensuite, bien plus taquin qu’enclin à faire le moindre reproche. De nous deux elle est clairement la plus organisée du lot, et même si on a pris des heures en entier pour déambuler ici y’a absolument pas eu le moindre moment où j’ai eu l’impression de m’emmerder ou juste de chercher quoi faire. Son planning est parfait, elle avec.

La ville est à nos pieds et l’effet est incroyablement cool. Mon jeu préféré gamin, c’était immanquablement d’imaginer des histoires et des quotidiens à tous les gens que je voyais d’en haut, ceux dans leur building à vivre ou à bosser, ceux dans leur voiture à circuler à travers les dédales d’une Brisbane endormie. “Est ce que… J’aime bien ce quartier. Je le trouve agréable. Je pourrais y vivre, je pense. Pas toi ?” la question vient doucement et à tâtons, elle fait attention Lily mais elle a pas besoin. C’est qu’on revient de loin, et même si ses lèvres ne lâchent les miennes que pour mieux les retrouver, personne autour ne pourrait vraiment se douter que y'a quelques semaines encore, l’histoire qu’ils auraient pu nous inventer d’ici en haut était diamétralement différente de celle actuelle. “Y’a des tas de parcs. ” un baiser s’égare contre sa nuque, un sourire aussi. “Les maisons ont des terrains relativement grands aussi.” puis un autre file le long de sa mâchoire. “C’est pile entre le DBD et l’entrepôt où je veux mettre les bières de la micro-brasserie.” et? “Et y’a une école primaire à dix minutes à pieds.”  oh well. “T’es sûre que t’es prête à recommencer à endurer mes tests de cocktails on the daily?” t’es sûre que t’es prête tout court, Lily?

La ville est belle. “T’as appris le programme du jour et de la soirée par cœur ou comment ça marche?” Mais Matt l’est encore plus. “Y’a une bonne et une mauvaise réponse ?” Elle avance et demande telle une enfant, un sourire faussement gêné au coin des lèvres. Il pose une question pour laquelle il connaît déjà la réponse, Matt ; et il connaît la vérité surtout. Bien sûr qu’elle a tout appris et mémorisé par contre dans le moindre détail parce que le hasard n’a pas à se frayer une place jusque dans sa vie, lui qui est bien trop susceptible de la foutre en l’air alors qu’elle met tant d’efforts à recoller les morceaux un à un, avec passion et amour. La ville est belle à tel point qu’elle n’en a rien à faire, Lily, parce que ses pouces glissent sur les joues roses et vertes de Matt et ses lèvres se posent une fois de plus sur les siennes, là où elle se sent bien et en sécurité.

La ville, pourtant. Le sujet est devenu important depuis peu, celui du quartier en particulier. “Y’a des tas de parcs. ” Elle ne sait pas si elle sourit pour ses arguments ou pour ses baisers. Les deux, sans aucun doute. Les deux la rendent heureuse. “Les maisons ont des terrains relativement grands aussi.” Son cou se contorsionne pour laisser place à ses baisers ; et dans des grands jardins ils pourraient mettre des balançoires. Ils pourraient avoir d’autres chats, avec un grand jardin. Flocon serait content, il jouerait au chasseur. Neige le regarderait depuis la baie vitrée en le jugeant et en grognant. Et eux, ils pourraient être heureux, d’avoir un grand jardin. “C’est pile entre le DBD et l’entrepôt où je veux mettre les bières de la micro-brasserie.” C’est parfait pour lui alors c’est parfait pour elle. L'hôpital n’est pas à côté mais il n’est pas davantage éloigné non plus, alors cela ne lui importe pas personnellement. Au contraire, cependant, elle est bien heureuse que Matt ait déjà pensé à toutes ses choses et qu’il y ait surtout pensé au point de faire des calculs. Il se projette, lui aussi ; c’est bien ce que ça signifie ? “Et y’a une école primaire à dix minutes à pieds.” Ses pouces trouvent refuge de part et d’autre de sa ceinture noire devenue jaune alors qu’elle relève ses yeux bleus cerclés d’orange en sa direction. Ils sont de toutes les couleurs et ils seraient ridicules si ce n’était pas le cas de tout le monde autour d’eux. L’école primaire, elle l’avait vue elle aussi. Elle a vu les autres écoles ensuite, pour quand les enfants grandiront. Les. Enfants.
Les leurs.

“T’es sûre que t’es prête à recommencer à endurer mes tests de cocktails on the daily?” La question se compose d’un millier de sous entendus et pourtant elle ne le prend pas mal, bien au contraire. La nouvelle Lily préfère pointer où ça fait mal dès le début plutôt que d’attendre que le pire se produise sans ne jamais rien faire. Elle lâche enfin ses lèvres pour cesser de jouer à l’amoureuse transie (elle se contente de l’être) et se contenter de garder ses yeux vissés dans les siens. “Oui. Totalement sûre. Aucun doute. Et s’il fallait donner des synonymes pendant mille ans, je pourrais le faire.” Parce qu’elle n’a plus le moindre doute à propos de quoi que ce soit désormais. Elle a connu la vie sans lui et pour rien au monde elle ne voudrait y retourner. “Et toi ? Les daily mug cakes ? Et j’ai toujours rêvé de peindre un mur en gris à paillettes, aussi.” Elle a été celle qui a paniqué la première fois mais cela ne signifie pas pour autant qu’il peut lui aussi douter, surtout après qu’elle lui ait donné toutes les raisons du monde pour que ce soit le cas. Elle joue avec la boucle de sa ceinture et en oublie le décompte pour les feux d’artifice, déjà un peu trop occupée à leur imaginer de nouveau un futur heureux, à deux. “On pourrait recommencer à zéro, ici. Et faire les choses bien.” Neige manque à Flocon et Matt manque terriblement à sa femme, voilà la vérité. Elle a envie de retrouver sa vie d’avant, celle dont il faisait partie à chaque seconde.

L’énumération n’est pas forcée, les baisers non plus. La cabane en forêt et les randonnées qui sont venues avec ont servi de la plus douce des façons à nous aider à reprendre nos marques, autant l’un avec l’autre que l’un et l’autre. C’est pas facile tous les jours, y’a des restes de doutes que je me déteste d’avoir, mais c’est véritablement mieux au fur et à mesure qu’on prend notre temps. C’est mieux aussi, quand je prends mon temps pour éparpiller des baisers contre sa nuque, sa joue.

“Oui. Totalement sûre. Aucun doute. Et s’il fallait donner des synonymes pendant mille ans, je pourrais le faire.” et elle est sûre, c'est tout ce que je voulais (avais besoin d') entendre. J’ai tâté le terrain entre deux sourires, terrifié comme un putain d’enfant à l’intérieur que sorti de nulle part elle finisse par me dire que non finalement, elle ne l’est plus. Qu’elle y a pensé, qu’elle attendait juste que je lui pose la question pour qu’elle puisse enfin me le dire. Les scénarios catastrophes sont nombreux n’en reste que maintenant je sais que ce ne sont que des mauvaises impressions connes au possible. Ses yeux brillent et son sourire aussi, c’en est fini des baisers parce que je veux entendre absolument tout ce qu’elle a à dire à la clé. “Et toi ? Les daily mug cakes ? Et j’ai toujours rêvé de peindre un mur en gris à paillettes, aussi.” à son tour de dire tout ce qui lui passe par la tête, alors qu’autant le fond que la forme sont bien en place. Mes doigts eux, se chargent de jouer avec des mèches à elle qui finissent par voler sous la brise d’été australienne, ma tête qui hoche de la positive autant pour les desserts que pour le reste, que pour elle. “On pourrait recommencer à zéro, ici. Et faire les choses bien.” c’est à son oreille que je viens sceller l’entente. On a pas besoin de petits caractères, on les veut noirs sur blancs bien gras et bien visibles. « Garde ça pour tes vœux, Keegan-McGrath première du nom. »

Un baiser qui revient, l’autorisation est là. Derrière elle, les feux d’artifices se lancent et si je l’aide à faire volte-face, c’est autant pour qu’elle ne manque pas le spectacle qui se joue au-dessus de nos têtes que pour parsemer son cou de mes lèvres autant que de mes mots. « Est-ce que tu veux qu’on choisisse une date? » pour le mariage, celui qu’on fera à notre goût, celui qu’on organisera avec qui on veut, pas avec une équipe de tournage qui s'incrustera jusqu’à la lune de miel. « Est-ce que tu veux qu’on demande à Lucia de nous aider à organiser notre mariage avec le plus de rose et de gâteaux possible? » j’ai su que Lucia avait amené Ginny en croisade sucrée, ce serait mentir de dire que je ne rpeve pas de partir en pareille escapade avec Lily aussi.

Ils auront le jardin, l’école non loin, le mur à paillettes. « Garde ça pour tes vœux, Keegan-McGrath première du nom. » McGrath, seulement McGrath. Elle veut être pleinement sa femme sans être constamment rattachée à son passé. Elle était Keegan lorsqu’elle était une éternelle enfant qui n’avait pas conscience qu’il existait un Matt dans ce monde. Aujourd’hui tout a changé et elle souhaite que cela se sache jusqu’au nom de famille dont elle signe tous ses papiers depuis plus de six mois déjà. Pourtant elle ne dit rien, elle ne grimace pas. Bien au contraire, Lily comprend ce qu’il souhaite lui dire par ces mots là et où il s’en va, alors elle ne sait que sourire davantage encore sans que cela n’ait rien de forcé. Il joue avec ses mèches et toutes les personnes qu’elle a poussé pour arriver là doivent sûrement les détester maintenant. Tant pis pour eux.

Elle se retourne pour observer les feux dans le ciel, les mains de son mari emprisonnées dans les siennes qu’elle garde posées contre ses clavicules. Ses baisers à lui se posent dans son cou et elle rigole doucement, sourit silencieusement. Ses baisers à elle trouvent refuge contre chacune de ses phalanges et elle profite de cet instant comme s’il était le dernier. Elle a encore et toujours peur que ce soit le cas. « Est-ce que tu veux qu’on choisisse une date? » Les feux sont beaux mais ils perdent bien rapidement en importance. Peu importe toutes les couleurs qu’ils propulsent dans le ciel noir, cela ne fait soudainement plus aucune importance. La présence quotidienne du brun dans sa vie lui aura manqué bien plus qu’elle ne pourrait jamais l’admettre ou même s’en rendre compte. “Oui.” Elle voudrait le marier de suite mais ça n’irait pas de paire avec leurs résolutions. Le 14 février, c’était leur premier mariage. Début décembre, c’était leur première rencontre. Elle pourrait retrouver des dizaines de dates significatives, entre le premier “je t’aime” et la première fois où ils ont posé les pieds à Cuba, la première fois où elle a commencé à amener ses affaires de cuisine chez lui ou lorsqu’ils ont commencé à oser se confier l’un à l’autre. Ils en avaient déjà franchi des dizaines, des étapes, mais ils ne s’en étaient simplement pas rendus compte. Cette fois-ci ils doivent seulement penser au futur et apprendre du passé, s’en éloigner. Ainsi donc, aucune de ces dates ne sera répétée avec simplement une année de plus au compteur. “Avant l’hiver. On ira surfer en étant doublement mariés, comme ça, et après on pensera juste aux vagues.” Parce que Lily voudra que son mariage soit parfait, pour une fois qu’elle a son mot à dire. Elle voudra préciser chaque détail et chaque aspect et elle sait qu’elle va jouer avec sa patience, tout comme elle sait qu’il ne le lui reprochera jamais. Elle sera aussi stressée qu’impatiente en imaginant leur mariage mais ça en vaut la peine. Il en vaut la peine. “Fin avril, après ton anniversaire ?” Son anniversaire aussi, elle voudra qu’il soit parfait. L’année dernière déjà elle avait tout gâché, cela ne se reproduira pas. N’importe quel jour serait parfait pour se marier de nouveau avec lui et faire de ce moment le plus beau de leur vie.

Maintenant qu’il n’est plus seulement question d’eux deux mais aussi de Lucia, elle dépose l’arrière de sa tête contre son épaule pour ainsi mieux l’observer du coin des yeux. « Est-ce que tu veux qu’on demande à Lucia de nous aider à organiser notre mariage avec le plus de rose et de gâteaux possible? » Il pense à tout le monde, Matt. Il pense à elle, il pense à Lucia. Il fera travailler ses fournisseurs du bar s’il le peut aussi, il demandera à ses amis s’ils veulent participer sur un point ou un autre du mariage. C’est pour ça qu’elle l’aime, aussi. “Elle serait contente de participer.” Et Lily, elle, serait contente de reposer entre ses mains son nouveau mariage. “Neige sera content aussi. De vous retrouver. Flocon et toi.” Ils vont avoir leur vrai mariage, ils vont avoir leur maison. Ils recommencent de zéro et prennent le temps de le faire à leur image ; et bon sang qu’elle est heureuse. “C’est ce que tu veux, hein ? Et pas juste pour me faire plaisir.” Une fois et une seule fois elle osera poser la question, ses mots faisant foi jusqu’à la fin des temps après ça. Au milieu du bruit assourdissant du spectacle, Lily reste pourtant infiniment calme alors qu’elle replace son visage un peu plus près de son cou pour y trouver refuge et fermer les yeux, jouant un instant de ses cils contre sa peau.

“Oui.” ils ont rien compris les gens qui pensent qu’il faut faire des gros discours compliqués dans la vie. Que plus t’ajoute de mots à tes phrases et que plus tu mets des adverbes dans tes paragraphes plus ton point sera mieux compris. Ici, un simple petit oui, trois lettres et rien de plus, c’est juste de ça dont j’ai besoin. Mes bras se resserrent autour d’elle et mon menton est définitivement en train de vivre sa meilleure vie alors qu’il s’ancre à la courbe de sa nuque à son épaule. “Avant l’hiver. On ira surfer en étant doublement mariés, comme ça, et après on pensera juste aux vagues.” ses arguments me font sourire, elle qui pense à la météo et au surf et au soleil et aux vacances et elle qui pense à tout. Je compte plus le nombre de trucs que j’ai pu oublier, de rendez-vous et de renouvellements et de notes à l’agenda pendant qu’elle était pas là. Aujourd’hui pourtant, elle est revenue et si je l’enlace un peu plus encore, c’est parce que je le réalise un peu mieux. “Fin avril, après ton anniversaire ?” « Faudra que je mange que de la salade d’ici là pour être beau dans mon costume cravate ou comment ça marche? » je pouffe, pas le moins du monde prêt à lui éviter toutes les pires télé-réalités du monde mettant en vedette de futurs jeunes mariés. On a fait partie de l’une, mais y’en a une infinité à l’écran qu’on va s’amuser à saigner rien que pour voir comment les mariages des autres seront différents du nôtre. Le nôtre sera à notre image et rien qu’à nous.  

Et on y est à des mois de planification pour la meilleure saveur de gâteau, pour les plus belles couleurs de fleurs. Va falloir qu’elle fasse des essayages de robes et qu’on se mette d’accord sur les faireparts et leur calligraphie et on sera les plus traditionnels et clichés des mariés et autant je le sais autant que j’ai hâte. Ça fait de moi un idiot, non? Un idiot amoureux. “Elle serait contente de participer.” « Tu m’étonnes. La dernière fois je suis sûr que son cœur a fini brisé. » je l’ai entendu à travers la salle, il résonnait jusqu’à ce que Swann se charge de le recoller les morceaux à grands coups de sourires rassurants level 15 et de battements de paupières qui lui donnent l’air d’être Bambi 24/7. Lui et Gin on les mêmes techniques pour calmer les cœurs cassés, apparemment. “Neige sera content aussi. De vous retrouver. Flocon et toi.” la garde partagée a toujours été douloureuse, on se le cachera pas. C’est pas parce qu’on s’envoyait des dizaines de photos des chats par textos même dans nos pires journées que c’est pareil que de flatter Neige jusqu’à ce qu’on joue au jeu de qui s’endort le plus vite entre lui et moi. Il gagne tout le temps, le p’tit gars. « Omg faut qu’ils soient les porteurs d’anneaux. Stp stp stp stppp. »

Les feux d’artifices sont parfois la vedette, d’autres fois, ce sont les cils de Lily sur la peau de mon cou qui reprennent le rythme. “C’est ce que tu veux, hein ? Et pas juste pour me faire plaisir.” « C’est là où d’habitude j’aurais fait une blague complètement nulle qui sème le doute. » mes doigts se sont enlacés aux siens, ça fait des tresses presque et c’est épatant comment on arrive pas à faire de nœuds avec nos jointures même quand elles sont autant serrées que ça les unes aux autres. « Tu t’en sauves pour cette fois et cette fois seule. » un baiser se perd sur sa tempe, un autre trouve réconfort sur sa joue. J’ai pas envie de faire de blagues autant que j’ai envie d’être (re)marié avec elle. « Oui je veux. » ouais bon j’aurais pu dire juste oui et ça aurait été implicite, mais apparemment j’aime le préciser encore et toujours, au cas où. « Et tant mieux si ça te fait plaisir à toi aussi. » ça, c’est soufflé avec un rire et un sourire. Avec une voix momentanément chantante aussi, genre comme si son bonheur était un dommage collatéral. Son bonheur est ma priorité ouais, ça l’a toujours été.

Prévoir un nouveau mariage après avoir réalisé leur premier un an plus tôt à peine n’a rien de la vie dont rêvait la jeune Lily, mais ça a tout de la vie que la Lily d’aujourd’hui souhaite réellement vivre. Ils sont loin des contes de fées et c’est ce qu’elle aime chez eux, finalement. Certes, elle aurait préféré pouvoir en arriver à cette conclusion sans lui faire de mal mais maintenant elle a compris, elle sait, et elle fera tout pour lui. « Faudra que je mange que de la salade d’ici là pour être beau dans mon costume cravate ou comment ça marche? » La réponse est évidente mais la jeune femme prend tout de même la peine de la formuler à voix haute puisqu’elle ne veut plus jamais laisser le moindre doute ou la moindre question s’immiscer entre eux. Pas à nouveau. “Tu seras beau dans ton costume même sans avoir à te transformer en tortue.” Ils pourront se marier sur la plage, cette fois. Ils pourront vraiment faire ce dont ils ont envie et si Lily tient tout de même à respecter un minimum la tradition du costume, elle le laissera se brûler les pieds dans le sable s’il ne veut pas porter de chaussures. Elle n’en portera pas non plus.

Oui, Lucia s’occupera de l’organisation de leur mariage, si c’est effectivement ce qu’elle veut.
Non, hors de question, les chats ne porteront pas les anneaux parce qu’ils risqueraient de prendre ça pour une énième part de bacon et qu’il n’est pas prévu de faire un détour chez le vétérinaire lors de ce jour si particulier. Ce deuxième jour si particulier, mais le premier qui importe réellement.

Son visage posé contre son torse, elle se concentre toujours bien plus sur la respiration de son mari plutôt que les feux d’artifice illuminant la ville à quelques centaines de mètres d’eux. Ils sont beaux, ils sont festifs, mais ils ne réchaufferont jamais autant son cœur que cette journée passée en compagnie de Matt. Même leur peau parsemée de toutes les couleurs et leurs habits tachés ne viennent en rien diminuer toute la joie que la jeune femme peut ressentir. Ils prennent un nouveau départ, enfin. « C’est là où d’habitude j’aurais fait une blague complètement nulle qui sème le doute. » Elle aime la version où elle ne panique pas plus que de raison mais quand bien même, elle l’aurait accepté sans mal, désormais certaine que leurs lendemains seront meilleurs. « Tu t’en sauves pour cette fois et cette fois seule. » Est ce qu’elle aura le droit à ses baisers contre sa peau à chaque fois qu’il fera semblant de la sauver des pires tourments que l’humanité n’ait jamais connu ? Parce qu’elle, en tout cas, elle ne voudrait les refuser pour rien au monde, en témoigne son éternel sourire enfantin - et amoureux. « Oui je veux. » C’est tout ce qu’elle voulait entendre et maintenant, c’est promis, elle arrêtera de poser la question et de jouer le rôle de celle qui doute éternellement. Il ne lui a jamais laissé aucune raison de le faire ; elle n’aurait jamais dû trouver le moyen d’y arriver quand même. « Et tant mieux si ça te fait plaisir à toi aussi. » “C’est toi qui me rends heureuse.” C’est lui qui lui fait plaisir aussi, c’est leur nouveau mariage qui lui redonne espoir, ce sont leurs rêves à deux qui lui donnent envie de continuer à se battre chaque jour et chaque seconde. Pour lui, pour eux. Elle aurait dû le faire dès le premier instant, il y a deux ans de cela. Puisque les remords ne la mèneront nulle part, pourtant, elle dérobe une ultime fois ses lèvres de la façon la plus délicate qui soit, la plus amoureuse aussi. Le reste du monde n’existe déjà plus et ses doigts se colorent des pigments ancrés dans les cheveux de son mari. “On dort à l’hôtel, ce soir ?” Parce que leur ancien appartement n’est pas une option, celui des parents de Lily non plus. C’est encore bien loin d’être aussi parfait qu’elle le voudrait mais ils vont apprendre, c’est promis. Il faut simplement que tout se passe étape par étape, à commencer par dérober à nouveau tout ce qu’ils trouveront comme échantillons de la salle de bain et à défaut de mettre du sable partout, c’est de la poudre de la fête de Diwali qu’ils dissémineront de partout. Surtout, c’est contre lui qu’elle s’endormira et ça, c’est tout ce dont elle a envie.