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 come here and visit my world (ariane)

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Message(#) Sujet: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyLun 3 Juil 2017 - 23:25


come here and visit my world
Ariane & Rose


Une semaine s’était écoulée depuis que Rose était tombée sur ce carton par hasard. Une semaine que les doutes la consumaient, que la curiosité la dévorait. A l’origine partie explorer les placards de sa grand-mère pour récupérer d’anciennes photos de sa jeunesse passée dans le cirque familial, la rouquine ne s’était pas attendue à découvrir bien plus. Les dates sur le carton brun lui avaient rapidement laissé croire qu’elle trouverait son bonheur, ces souvenirs qu’elle espérait tant redécouvrir. Néanmoins ce qu’elle y avait trouvé était tout autre. Ses yeux bleus ciel s’étaient posés sur les photographies d’un bébé roux, une fille à la vue de ses vêtements. Si elle avait d’abord cru s’y voir, le doute était bien rapidement apparu. Elle ne reconnaissait ni les endroits, ni les gens. Et cette petite qu’elle pensait être elle, vieillissant de photos en photos, devenait différente. En fouillant plus attentivement, ses mains avaient fini par trouver des lettres, toutes adressées à sa grand-mère, signées de la main d’une femme dont elle ignorait l’identité. Toutes parlaient d’un même sujet, Ariane. Prénom qu’elle avait par la suite trouvé au dos des photographies, délicatement écrit en dessous de dates ou d’événements importants. Des anniversaires, des cérémonies scolaires. C’était toute une vie qu’elle avait trouvé là, une vie cachée.

Il avait fallu un certain temps à la jeune femme pour faire le rapprochement entre ce visage qui lui était familier et son origine réelle. Demander directement à sa grand-mère aurait pu lui faire gagner du temps, cependant Rose s’était sentie trahie par ses secrets. Les lettres qu’elles avaient lues lui semblaient si confuses, incompréhensibles. Elle ne comprenait pas pourquoi sa grand-mère s’intéressait tant à cette Ariane. Qui était-elle pour elle. Deux jours avaient eu le temps de passer avant que la mémoire ne lui revienne. Cette femme elle l’avait vue, de nombreuses fois. Bien plus près qu’elle ne l’aurait cru d'ailleurs. Parker, c’était le nom inscrit sur la porte en face de chez sa grand-mère, la même porte où elle avait vu maintes fois sortir cette femme. Cette même femme dont l’existence entière était contenue dans un carton, bien enfouie. Ariane Parker. Depuis cette découverte, son nom n’avait cessé de résonner dans l’esprit de la rouquine, devenant peu à peu une obsession. Incapable d’en parler à qui que ce soit, Rose avait fini par démarrer des recherches afin d’en savoir davantage. Qui était-elle, que faisait-elle.

Cet après-midi pour la première fois depuis trois jours, la rouquine avait pris son courage à deux mains. Elle avait obtenu l’adresse du lieu de travail d’Ariane grâce à Internet, une méthode bien efficace que lui avait enseignée son amie Chelsea. On pouvait tout trouver là-dessus lui disait-elle, et elle avait bien raison. Age, emploi, photos, tant d’éléments que l’étudiante avait pu ajouter à sa liste d’informations. Pourtant le manque de réponse était encore important et chaque minute, elle continuait d’en désirer plus. Sa soif de curiosité n’était jamais satisfaite tant le mystère qui planait autour d’elle était immense. De nombreuses fois, l’envie de partager sa découverte avec Robin l’avait prise, mais chaque fois, elle s’était ravisée. Peut-être que tout cela n’était qu’un malentendu, une erreur. Mieux valait n’embêter personne avec cette histoire avant qu’elle n’en sache un peu plus, c’était ainsi qu’elle s’était convaincue. Convaincue de partir à sa rencontre dans l’espoir d’obtenir des réponses, sans pour autant être certaine des questions qu’il fallait lui poser. La rencontrer à la suite de son travail lui avait semblé être la meilleure approche, ou tout du moins la plus intrusive. Sa simple arrivée en bas des locaux de GQ avait généré une vague de panique dans son corps. Arriverait-elle à lui parler ? Aurait vraiment-elle le courage de lui poser toutes ces questions qui l’avaient amenée ici ? Non, elle ne pouvait pas. Le souffle coupé, Rose tenta de reprendre son calme, cherchant un rythme de respiration plus normal. Il fallait trouver une alternative car reculer maintenant était impossible à imaginer. Elle devait lui parler, vite.

« Elle va prendre votre appel dans quelques minutes, ne quittez pas je vous donnerai le signal » De nouveau, son rythme cardiaque accéléra. Maintenant que le moment fatidique approchait, le stress la gagnait de nouveau. Bien que créer un premier contact téléphonique allait être plus facile qu’une rencontre en face à face, prendre la parole lui sembla tout de suite insurmontable. Pourtant il était trop tard pour faire machine arrière, car sans transition, la femme lui indiqua que son moment était arrivé. De l’autre côté du téléphone, dans un bureau de l’immeuble qui lui faisait face, se tenait la femme à qui elle désirait parler le plus au monde. « Euh, bonjour » balbutia-t-elle, complètement chamboulée par la situation. « Je m’appelle… » Un léger silence s’installa, durant lequel la rouquine se retint de révéler sa véritable identité. « … Gabrielle » Le prénom de sa grand-mère avait été le premier à lui venir à l’esprit, prénom qu’elle portait également fièrement en deuxième position sur ses papiers d'identité. « Je vous appelle parce que... j’ai besoin de vos conseils. Je… je crois que je suis amoureuse de quelqu’un mais j’ai peur de ne pas être assez bien pour elle. Elle est beaucoup plus âgée, elle a l’air d’avoir beaucoup plus d’expérience. Je ne sais pas comment m’y prendre pour lui plaire » Sa voix n’avait cessé de dérailler, entre stress et timidité face à une histoire pas si improvisée que cela. Et puis maintenant elle n’était plus que de l’attente. Sa voix, comment était-elle ?

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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyMar 18 Juil 2017 - 14:25


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Ariane & Rose


« Et t’as jamais pensé à juste, ne plus mettre de sous-vêtements? » j’ai Clara qui serre les lèvres devant son hilarité chronique, alors qu’elle remplit ma coupe de vin puis la sienne. De vin blanc hen, on était quand même en plein après-midi, et les patrons pouvaient passer dans le couloir longeant la baie vitrée où nous nous trouvions un peu n’importe quand. J’y tenais à mon boulot, j’étais pas non plus une alcolo, mais, mais. Mais en vrai, l’alcool bien frais aidait à mettre les idées en ordre, et surtout à avoir un minimum de respect et de candeur face aux appels parfois un peu trop répétitifs et autres questions de base des lecteurs. La preuve « Je veux dire, il t’a déjà mentionné à quel point il aimait tes rondeurs. C’est pas une raison pour les cacher, non? Assume, ma belle! » et un message inspirant, et de un. Une histoire de copain qui lui avait mentionné que son corps n’était plus comme celui de sa jeunesse, qu’il l’aimait là, sans jugement, mais qu’elle avait grandi, évolué, grossit. Et le résultat – une belle libido en moins. Ces gens et leur complexe de mannequin au bord de la perfection, quand même. Elle venait de se limiter quelques séances de draps bien olé olé pour la peine, des semaines au compteur... et pour quoi? Parce que le reflet que lui renvoyait son miroir ne lui convenait plus. Clara fait signe qu’on passe à un autre appel et j’allonge mes jambes une après l’autre sur la table de conférence, trip de pouvoir à son apogée. L’enregistreur toujours braqué dans ma direction, j’entends le clic rassurant du téléphone qui change de tonalité, et la confirmation qu’on est de nouveau en ondes après l'interlude Maya Angelou du jour. Maligne, je me laisse aller à jouer au jeu des prédictions. « Cœur brisé ou homosexualité pas assumée? » que je chuchote à mon assistante du jour, qu’on a piqué à la section sports extrêmes pour la coller à la ligne rose de Miss Scarlett d’urgence. Après 3 ans, j’avais quand même des privilèges, faut dire.

Gabrielle qui passe en ondes maintenant. Petite voix enrouée qui me confirme qu’elle en est probablement à son premier appel, à sa première question. Pas nécessairement inquiète, pas trop en confiance non plus. En même temps, je le lui donne volontiers. Téléphoner à une inconnue parfois sympathique, toujours trop directe, lui dévoiler ses problèmes de cœur ou de corps, et surtout prendre ses conseils pour ce qui se rapproche le plus de la vérité absolue, fallait quand même piler un brin sur son orgueil. La confiance des gens à mon égard, et en mes pseudos-capacités à les pointer vers la bonne voie de leur sexualité & variables relations interpersonnelles me fascinait à chaque jour, et aujourd’hui ne faisait pas abstraction à la règle.  « Un doublé. » que Clara me confirme, entendant la question de la jeune femme à l’autre bout du fil. « Tu lui as dit, déjà? » je demande, de but en blanc, jouant distraitement avec un bracelet tissé que Sofia m’a ramené de sa dernière virée au marché du port. « Parce que c’est la première erreur – de lui coller des intentions qui ne lui sont pas propres. » on croirait entendre ma mère. J’ai l’autre belle blonde qui baisse les yeux même, et je dénote de suite une petite pensée pour feu ma relation avec Tad, et cette débandade qu’aura laissé en traînée de honte et d’ego brisé un couple où j’aurais pas du tout assuré niveau intentions erronées. « Après, c’est toi qui voit, mais la majorité du temps quand l’intérêt est là, l’âge et l’expérience ce sont que des leviers de plus pour mettre en confiance la personne des deux qui est plus stressée. » je ne comptais plus le nombre de mecs ou de nanas qui se seraient lancés à tous vents pour accompagner leur crush inexpérimenté et le guider vers les plaisirs de la chair. « Pour ça, faut quand même que vous soyez toutes les deux majeures, aussi. » que j’ajoute, un rire qui se glisse, parce que c’était pas non plus une promo glauque pour un détournement de mineures. La direction slow clap doucement, en approuvant cette mention PG13.

« Et si tu me parlais un peu de toi, sinon? » voilà la partie la plus intéressante, celle pendant laquelle les auditeurs tendaient toujours un peu plus l’oreille. Le moment des confidences, le moment où ils peuvent se relier à la personne en question, où ils peuvent trouver réponses à leurs propres interrogations via les siennes. « Qu’est-ce qui ferait que cette fille-là justement, pourrait succomber à tes charmes? »  et une gorgée de vin plus tard, je suis toute ouïe. Vas-y Gabrielle, vends-moi du rêve.
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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyDim 30 Juil 2017 - 18:04


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Ariane & Rose


Réfléchir au discours qu’elle allait pouvoir donner, aller même jusqu’à en rédiger les grandes lignes pour s’assurer de ne rien oublier ou tout simplement par désir d’être claire, n’avait pas servi à grand-chose. Envolées toutes les idées qu’elle avait voulu exprimer, les questions, les remarques. Voilà que ses premiers mots à l’intention de cette inconnue si mystérieuse avait été prononcés. Elle qui voulait jouer dans l’anonymat se trouva bien peu originale et créative lorsqu’elle constata que le premier prénom qui lui était venu à l’esprit était celui de sa grand-mère. Cette même grand-mère qui semblait connaître personnellement la femme qui se trouvait à l’autre bout du fil. Un peu paniquée à l’idée que son pseudonyme ne la trahisse, Rose prit sur elle. Cette femme devait parler à des dizaines de personnes par jour, sans compter les courriers qu’elle devait recevoir, dans des quantités bien plus importantes encore. Pour elle, Gabrielle ne devait être qu’un prénom parmi tant d’autres. Alors elle continua, improvisant un discours cohérent avec son travail. La reine du courrier du cœur, quel autre meilleur sujet pouvait-elle donner que celui de Lene. Sa belle Lene. Pourtant, à peine avait-elle évoqué sa situation au téléphone, que les regrets l’envahirent. Elle allait la trouver ridicule avec ses problèmes. Persuadée que tous les passants l’observaient ou allaient jusqu’à écouter ses confessions avec une curiosité malsaine, la rouquine se replia sur elle-même, collant un peu plus le téléphone à sa bouche pour s’éviter d’avoir à parler trop fort.

« Tu lui as dit, déjà? » Pour la première fois, elle entendit sa voix. Cassée, confiante, le genre de voix qui inspirait un caractère fort, tout le contraire de ce que sa voix aigüe et hésitante pouvait dégager à l’heure actuelle. « Parce que c’est la première erreur – de lui coller des intentions qui ne lui sont pas propres. » Le cœur emballé par cette voix qui continuait de parler au creux de son oreille, Rose avait du mal à se concentrer sur le fond. « Après, c’est toi qui voit, mais la majorité du temps quand l’intérêt est là, l’âge et l’expérience ce sont que des leviers de plus pour mettre en confiance la personne des deux qui est plus stressée. » Avec ces conseils qui se mettaient à affluer, l’étudiante se sentit perdue en confusions. Son appel n’avait pas réellement eut pour but d’obtenir de l’aide quant à sa relation avec Lene, mais pourtant cette femme semblait si à l’aise avec le sujet que l’envie d’entendre son avis prenait le dessus. C’était son métier après tout. « Oui, c'est vrai… » Hochant la tête pour approuver ses paroles, oubliant par la même occasion que son interlocutrice ne pouvait pas remarquer ses gestes, Rose attendit la suite avec grande impatience. « Pour ça, faut quand même que vous soyez toutes les deux majeures, aussi. » Le rouge aux joues, Rose laissa échapper un petit cri de gêne avant de répondre d’une voix timide « Oui, oui, bien sûr, je suis majeure » tout en cachant son visage aux yeux des gens qui continuaient de passer à côté d’elle. « Et si tu me parlais un peu de toi, sinon? Qu’est-ce qui ferait que cette fille-là justement, pourrait succomber à tes charmes? » C’était le monde à l’envers. Rose venait ici pour apprendre plus sur cette Ariane et voilà que c’était à elle d’en dévoiler davantage sur son histoire et qui elle était. Un peu hésitante, elle laissa une pause silencieuse s’installer avant de prendre une profonde inspiration. « Je ne crois pas avoir quelque chose de plus, ou en tout cas le truc qui lui plaise. Je viens d’un cirque, en France. » Ce qui, quand on y pensait, était pourtant pour le moins exceptionnel et particulièrement intéressant. « Je travaille pour une actrice aussi. Mais je crois que tous ces trucs-là ne l’attirent pas plus que ça » ajouta-t-elle avec une once de déception dans sa voix. Persuadée qu’elle en avait trop dit et beaucoup trop perturbée à l’idée de discuter de cela à une parfaite étrangère, Rose perdit de nouveau confiance en elle. « Vous savez quoi, c’est pas grave, je… laissez tomber. Merci de m’avoir répondu » Puis sans laisser le temps d’une réponse, elle raccrocha.

Cela faisait maintenant presque vingt minutes que la rouquine avait mis un terme à sa conversation téléphonique et qu’elle était restait plantée là, assise sur les marches de l’immeuble de GQ. Elle n’arrêtait pas de penser à l’hilarité qu’il y avait dû avoir dans le studio lorsqu’elle s’était mise à paniquer. Cette femme devait la trouver pathétique désormais. Néanmoins son envie de la rencontrer ne l’avait pas quitté, ce qui expliquait probablement qu’elle se trouvait encore ici, à patienter. Quelques coups d’œil vers son téléphone lui laissaient croire que sa journée de travail allait bien prendre fin et qu’elle allait tôt ou tard finir par sortir. Le temps était incroyablement long, si long que ses pensées la dévoraient de stress. Pensive, elle sortit de son sac à main une des photos trouvées chez sa grand-mère, visiblement les dix ans d’Ariane si on en croyait la légende. Avec un peu de recul, on pouvait presque croire que Rose se trouvait sur cette photo. Non, c’était stupide. Alors que son regard azur se releva, l’étudiante aperçut une chevelure de feu quitter l’immeuble et s’avancer dans sa direction. C’était elle, elle pouvait en mettre sa main à couper. Le souffle coupé, Rose serra la photo et se leva dans un bond dynamique pour aller à sa rencontre. « Excusez-moi » cria-t-elle pour attirer son attention dans un premier temps. « Excusez-moi, vous êtes bien Ariane Parker ? » lui demanda-t-elle, la photo toujours entre les mains. « Je vous ai eu au téléphone tout à l’heure… » Etait-ce dans son intérêt de le préciser ? Pas certain.

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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyDim 30 Juil 2017 - 21:59


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Ariane & Rose


Elle est hésitante la petite, elle ne sait pas trop quoi ajouter. Normalement, ça prenait toujours quelques secondes pour bien maîtriser la question, et encore plus de temps pour y trouver une réponse. C’était pas du facile, c’était pas du simple, c’était de s’ouvrir et de se vendre, de se présenter et d’en donner l’eau à la bouche. No wonder qu’elle prenait son temps, qu’elle cherchait ses mots, qu’elle en perdait ses repères. Mais si elle n’arrivait pas à être plus rapide et plus en confiance, y’avait fort à parier que celle qu’elle tentait d’attraper dans ses filets se barre de là aussi vite sans plus d’explication. Fallait y mettre du tien aussi Gabrielle, la vie c’était pas juste de laisser tout aller en croisant les doigts pour que ça se fasse au mieux pour toi. « Tant que tu n’étais pas la femme à barbe, ça peut le faire. » l’humour sauvait bien des mots, bien des maux, lorsqu’on lui laissait un peu de place. Clara roule des yeux en gobant une nouvelle gorgée de vin et à mon tour je dodeline de la tête en espérant que ça la décoince la petite, qu’elle m’en donne un peu plus là, qu’elle soit généreuse et que les prochaines minutes ne soient pas faites que de silence ou de malaise. Elle essaie autre chose, elle passe du cirque à une actrice et je retiens un soupir de glisser parce qu’elle a clairement pas compris le devoir, et que j’ai là un diagnostic bien clair et évident la concernant elle, et son problème de cœur. « C’est normal, ça ne dit rien sur toi, c’est que des trucs extérieurs là. Rien de vrai, rien de concret, rien qui me parle de la fille que tu es. » si elle se basait sur son boulot, sur les gens qui gravitaient autour d’elle, sur des éléments auxquels elle relègue un peu trop de pouvoir, de contrôle, c’était pas gagné d’avance. Un peu plus de matière, quelques qualités même, des caractéristiques, des valeurs, ses trucs préférés dans la vie, ce qu’elle déteste, ce qui la rend vivante, j’sais pas, du personnel, du secret, du goûteux… non? Non. Elle s’empresse, elle bafoue et elle s’excuse, ce à quoi je ne peux rien faire d’autre que d'encaisser. Si tu veux changer quelque chose, faut d’abord que tu le veuilles vraiment quoi. Et je ne la forcerai pas, pas plus que les 15 autres qui me feront le coup cette semaine. « C’est toi qui sait, Gab. À plus. » le déclic de la ligne me confirme qu’elle n’a probablement pas entendu mes derniers mots et ce n’est pas plus mal. J’aimerais parier que ça la fera réfléchir, qu’elle passera quelques heures, quelques jours à tourner autour du malaise qu’elle a ressenti à vouloir répondre à ce genre de questions, mais je me doute qu’elle a rangé cet échange dans un tiroir bien loin, bien ancré, qu’elle oubliera volontairement d’ici le dîner. Bah, au moins j’aurai essayé. « Ça faisait longtemps qu’on m’avait pas raccroché la ligne au nez, c’est presque amusant tout ça. » habituellement, ça venait parce que j’étais un peu trop directe, un peu trop franche. À mes débuts, j’avais particulièrement confiance en mes propos – trop souvent – et j’étais repartie bredouille et insultée plus d’une fois devant des réactions pas toujours polies et bien souvent fondées des auditeurs. Mais voilà que j’avais raffiné ma touche, et que surtout, j’étais devenue un peu plus compréhensive. Toujours aussi blasée, là y’avait rien qui change, mais plutôt je revoyais les mêmes profils, les mêmes personnalités, et toujours ce même mal-être à plusieurs consonances, saveurs. C’était étrange comme sentiment, de vouloir les aider tout en méprisant leurs erreurs, de tout donner pour eux tout en voyant que c’était perdu d’avance, mais cette dualité rendait mon métier particulièrement intriguant et intéressant, un duel entre moi-même dont je sortais toujours un peu plus inspirée, un peu plus allumée. « Bon, allez, encore deux autres et on s’barre. » l’étincelle était presque là, fallait pas non plus abuser.

Clara enchaîne avec le prochain appel, et c’est en voyant quelques collègues passer dans le couloir que je réalise qu'une nouvelle fois, je serai parmi les seuls qui resteront au bureau tard ce soir. J’avais un article à terminer pour le lendemain, et je me sentais déjà plus que drainée face à ce que j’avais à y écrire. Si je me souvenais bien, c’était un top sur les accessoires et autres joujoux à la mode ce mois-ci pour mettre un peu de piquant dans son lit. Plastique, huile, latex et vibrations plus tard, ma nuit serait assaisonnée de ce qui fait rougir les filles lorsqu’elles tombent sur cette page du magazine, et qui intriguent les mecs lorsqu’ils passent le premier paragraphe. La fin de l’après-midi passe crème, entre les questionnements d’un adolescent en réorientation sexuelle, et les confessions d’une dame qui retrouve sa libido après plus de 10 ans à l’avoir vu dormir profondément, et c’est l’estomac qui grogne et le cœur qui rêve au japonais du coin que je me faufile dans l’ascenseur, en direction de mon repas du soir. Clara est partie depuis longtemps, et si l’étage reste le moindrement actif, je remarque quelques têtes pensantes qui entrent dans la salle de réunion pour un dernier meeting avant de plier bagage. Le nez sur mon portable, j’entends à peine ce qui se trame dans le hall, puis sur le trottoir, et mon trajet simple censé prendre 10 minutes top chrono est interrompu lorsqu’on m’appelle, de derrière. Évidemment que je m’arrête dans ma course, curieuse, intriguée. « Elle-même. » c’était rare qu’on m’interpellait par mon vrai nom. Ça sonnait toujours comme Scarlett, ou Parker, parfois Ari, mais sans plus. La jolie rousse devant moi me semble hésitante, et c’est dans l’attente qu’elle ajoute quelque chose que j’essaie de lui rendre le tout plus facile. On s’est parlé, donc? « Laissez-moi deviner, vous êtes la mère célibataire qui songe à tout quitter pour retrouver l’homme de sa vie à Bali? » silence. « Ou l’adolescente qui en pince pour son prof de 2 fois son âge? » plus elle reste muette, plus la réponse s’impose d’elle-même. « Enchantée, Gabrielle. » je ne me souviens pas des noms de tout le monde, pardon hen guys, mais elle, elle était restée marquée dans un coin de ma tête, allez savoir pourquoi. Trop de doute et une tonalité qui tique, ça laisse son impression quoi. « Tu sais que c’est très impoli de raccrocher au nez des gens? » je garde mon sérieux le plus longtemps possible, avant d’éclater de rire. La pauvre, je voudrais pas non plus qu’elle me fasse une attaque en plein centre-ville. « J’rigole, c’est cool, ça arrive. On tombait dans le plus personnel, je comprends. Y’a pas de mal. » si elle savait à quel point c’était normal, routinier, elle ne serait pas aussi blanche, elle en rigolerait elle aussi. Mais nah, toujours silencieuse. « Eh bien… c’était un plaisir. » le malaise qui s’installe, mon appétit qui insiste, et elle qui ne bouge pas, ne dit mot. Je sais pas quoi faire, je suis pas douée pour ça, mais en même temps, j’ai l’impression du travail inachevé, du mandat pas du tout accompli qui stagne. Bon allez, un peu d’heures supplémentaires pour la cause. « J’allais me chercher un truc à manger en face. Tu viens? » en face à face, sans la moindre oreille indiscrète et avec toute mon attention, elle finirait peut-être par résoudre le puzzle qu’était sa vie amoureuse. À voir.
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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyMar 8 Aoû 2017 - 13:19


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Ariane & Rose


« Tant que tu n’étais pas la femme à barbe, ça peut le faire. » Face à cette tentative d’humour plutôt moqueur, Rose ne sut pas totalement comment réagir. Comme à son habitude, l’information fut traitée par son cerveau au premier degré et sa première réflexion fut de corriger le tir, car non, les cirques d’aujourd’hui n’exposaient plus des femmes à barbe aux yeux du public. Puis rapidement, elle réalisa qu’il ne s’agissait là que d’une façon d’amuser l’audience, peut-être même elle aussi, ce qui était pour le moins raté. La rouquine n’avait jamais aimé qu’on puisse rire des gens. La gêne ne s’installa que davantage entre cette femme et elle. « C’est normal, ça ne dit rien sur toi, c’est que des trucs extérieurs là. Rien de vrai, rien de concret, rien qui me parle de la fille que tu es. » C’était pour elle la phrase de trop, celle qui déstabilise au point de s’écrouler, celle qui fait bondir le cœur un peu trop loin, un peu trop fort. Cette femme avait une aisance à l’oral qui la dérangeait, la piquait là où ça faisait mal. Elle ne désirait probablement pas être de ce genre-là, ou alors tout était entièrement calculé pour ravir les oreilles de son public avide de potins croustillants, néanmoins cela ne collait pas avec elle. Rose, la gamine trop innocente, sans répondant. Alors comme une petite peureuse, elle avait décidé de fuir et de raccrocher, sans réellement prendre la peine d’écouter la réponse que la journaliste lui donna. Etait-ce réellement nécessaire ? L’étudiante n’était pas certaine de pouvoir encaisser une nouvelle blague douteuse ou toute autre remarque trop personnelle.

A force d’attente et de réflexion, la jeune femme avait fini par se convaincre que cette femme jouait un rôle pour son podcast, qu’elle ne devait probablement être vraiment comme ça dans la vraie vie. Cette pensée la rassura quelque peu, du moins assez pour la motiver à rester, à attendre. Son envie d’apprendre à la connaître demeurait encore assez importante pour oser affronter un tel ouragan verbal. Enfin, elle l’espérait. Oui, elle devait sûrement être plus douce lorsque des milliers de personnes ne l’écoutaient pas. Rien à craindre. Lorsque sa silhouette entra dans son champ de vision, la confiance la regagna, tout du moins en quantité suffisante pour oser l’intercepter. Elle aurait juré que sa voix avait manqué de dérailler dans la peur de sa réaction, néanmoins son interlocutrice eut la politesse de s’arrêter à côté d’elle. « Elle-même. Quelques secondes furent nécessaires à la rouquine pour emmagasiner le choc généré par cette rencontre. Celle qui hantait ses jours et ses nuits se tenait enfin devant elle, charismatique et assurée. Belle et un brin sauvage. « Laissez-moi deviner, vous êtes la mère célibataire qui songe à tout quitter pour retrouver l’homme de sa vie à Bali? Ou l’adolescente qui en pince pour son prof de 2 fois son âge? » Dubitative, Rose fit battre ses paupières, incapable de répondre quoi que ce soit à ses questions. « Enchantée, Gabrielle. » Elle avait deviné. « Tu sais que c’est très impoli de raccrocher au nez des gens? » L’étudiante crut mourir l’espace d’une seconde. D’une seule seconde qui pourtant, lui parut durer une éternité. Son visage devait probablement respirer l’effarement, puisque rapidement, son interlocutrice se mit à rire. « J’rigole, c’est cool, ça arrive. On tombait dans le plus personnel, je comprends. Y’a pas de mal. » Décidemment pas certaine de pouvoir survivre à son humour, Rose prit une grande inspiration et osa finalement articuler quelques mots à son égard. « Non vous avez raison, j’aurais pas dû faire ça, désolée. J’ai paniqué bêtement… » Une petite grimace de gêne déforma ses traits enfantins. « Eh bien… c’était un plaisir. » Loin d’être la gamine la plus maligne du monde, Rose parvint malgré tout à déceler le malaise dans la voix de la journaliste et se sentit à son tour plus que gênée par la scène qui se produisait.

Avant qu’elle n’ait eu le temps de tenter de détendre l’atmosphère, son interlocutrice reprit de nouveau de la parole. « J’allais me chercher un truc à manger en face. Tu viens? » La joie illumina de nouveau son visage pâle. « Oui avec plaisir, je vous suis » répliqua-t-elle avec un enthousiasme qu’elle ne lui avait pas montré jusqu’à présent. Tandis qu’elle se mit à la suivre dans une marche plutôt rapide, la rouquine se souvint avoir dans la main la photographie d’Ariane, aussi s’empressa-t-elle de la fourrer dans son sac sans réellement prendre le temps de la ranger avec soin. La situation était assez gênante pour le moment, il était inutile d’aggraver les choses en passant pour une psychopathe. « Ça fait longtemps que vous travaillez là-bas ? Vous faites ça avec une telle aisance, je ne m’y attendais pas » Contrairement à la majorité des gens qui devaient l’appeler et qui avaient d’abord écouté son émission avant de se lancer. A bien y réfléchir, commencer de la sorte n’aurait pas été idiot pour s’imprégner du personnage. Mais c’était trop tard maintenant. Arrivées dans le restaurant japonais vers lequel Ariane l’avait guidée, elles furent immédiatement accueillies par un des employés qui leur demanda ce qui pourrait leur faire plaisir. Savoir qui est cette femme pour ma grand-mère était la réponse la plus adéquate, sauf que ce serveur asiatique devait probablement s’en moquer. Après un coup d’œil vers la carte, Rose s’exécuta pour de toute façon, commander les rares propositions végétaliennes. « Je vais vous prendre une soupe, des makis avocats, d’autres au concombre et un riz nature s’il vous plait. » Son regard de biche se posa alors sur son interlocutrice qui n’avait toujours pas commandé. « Laissez-moi vous inviter, pour me faire pardonner d’avoir ruiné une partie de votre émission. » Elle marqua une courte pause d’hésitation. « J’imagine que vous aviez prévu de prendre à emporter et de rentrer chez vous pour vous reposer, mais ça me ferait plaisir de partager ce repas avec vous. De… discuter un peu » ajouta-t-elle de nouveau gênée. « Bien sûr je comprendrais vous ayez mieux à faire, surtout que j’ai déjà eu ma chance tout à l’heure, mais je suis sûre qu’on a plein de choses à se dire. En réalité j'ai plein de questions pour vous » Et plus qu’elle ne devait probablement le croire. Peut-être fallait-il contenir cette excitation soudaine pour éviter de la faire fuir.
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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyMer 16 Aoû 2017 - 3:44


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Et elle perd ses mots, elle s’excuse, elle me met mal à l’aise la petite. On disait qu’il ne fallait jamais rencontrer ces gens qu’on imaginait, que ce soit pour les avoir vus à la télé, pour les avoir entendus à la radio, pour les avoir lus à travers ses bouquins préférés. Bien que je ne m’attribuais absolument pas le même fame qu’eux, j’avais presque l’impression que la petite en perdait toute constance de devoir faire face à mes remontrances à saveur d’ironie, maintenant face à face. Je balaie, parce que je ne suis pas non plus prête à ramasser sa dépouille en pleine crise de panique sur le bitume. « Oh t’inquiètes, j’ai entendu bien pire. » ça a le potentiel de rassurer, cette petite phrase pleine de sous-entendus, d’idées qu’on ne précise même pas juste parce que. Le secret professionnel a le dos large, et il semble la soulager le temps de quelques respirations. Mieux. Les passants ne se retournent presque plus devant notre échange étrange, bien fait. Si je croyais pouvoir passer mon chemin autant qu’elle prendra le sien, c’est toutefois plus qu’étonnée que je me retrouve à marcher à ses côtés, à traverser la rue avec Gabrielle sur mes talons. Elle est mignonne la gamine, elle essaie de faire la conversation, mais au final, je me demande bien ce qui peut la triturer à ce point, ce qui l’a fait raccrocher la ligne dans une soubresaut quelques heures plus tard. Appelez-moi workaholic, mais je détestais laisser une histoire en suspens, ne pas comprendre la motivation, ne pas avoir tous les éléments pour m’en faire une opinion, pour aider peut-être. C’est ludique et c’est bien con, et mon patron serait heureux de me voir réduite à remette en doute mes capacités, mais j’ai l’ego large et la curiosité qui reprend du poil de la bête, et voir la mine pensive de l’autre rousse à ma gauche suffit à ce que j’ai envie d’élucider le mystère, et de lui forcer la main un peu plus. « 3 ans. Mais y’a 28 ans derrière à parler et à analyser qui font le reste. Ça, et une belle et grande absence de gêne. » que je réponds, lui ouvrant la porte du japonais pour qu’elle passe devant. Le parcours n’avait pas été des plus simples ni digne d'un conte de fée professionnel, mais chaque endroit où j’avais pu poser les pieds avant de me retrouver à GQ avait encore une grande importance à mes yeux – et non, pas de raison de tomber dans la nostalgie, je faisais qu’expliquer un peu le contexte, on se calme. Gabrielle commande, je laisse la carte des sushis passer sous mes doigts et mon regard affamé, avant de lever à peine la tête à sa mention, réalisant que quelques secondes plus tard ce qu’elle offrait. Ah ouais? Je l’avais pas déstabilisé méchamment au point qu’elle souhaite payer mon dîner? « Sympa, merci. » j’étais polie, maman me l’avait appris très tôt, et c’est faussement sérieuse et comptant sur mon air totalement dédié que je m’empresse de rebondir.  « La table d’hôte, le #4 en extra, la salade de wakame format double et une grande bouteille de sake. » j’aurais pu lui laisser encore plus de temps pour paniquer un brin, misant sur le fait qu’elle avait retrouvé ses esprits depuis l’appel, mais son visage me fait l’effet d’un miroir translucide d’où je vois exactement à quel point elle est horrifiée de mon appétit d’ogre. « J’rigoooole. » crise de cœur, attaque de panique prise 2, fallait pas non plus que je joue trop avec ma chance. Mon choix s’arrête sur un modeste combo raviolis frits et sushis avocat, avant de rendre le menu et de m’amuser à jouer avec le bras mobile du chat donnant accès à la salle à manger. On nous prend à part bien vite pour nous installer sur la banquette du fond, celle donnant sur le coin de rue où je m’amuse parfois à compter le nombre de passants joggant avec la panique au corps pour ne pas manquer le prochain bus. Ouais, cet endroit était devenu mon quartier général à force.

« J’avais prévu manger en vitesse au bureau avant de terminer un truc. Disons que je vais capitaliser sur l’heure de lunch que j’ai pas prise ce midi. » pas besoin de la rendre encore plus coupable, maintenant que je réponds à ses propres craintes. La vérité, c’était que je sortais très rarement du bureau ces jours-ci, au-delà des événements à couvrir pour le magazine. Je faisais stoïquement partie des premiers arrivés et des derniers partis, autant accro au calme d’avant et d’après heure de pointe dans les locaux, qu’à mon ordinateur qui n’était jamais bien loin, les idées qui y rebondissent. « Si je peux aider… » j’en doute, maintenant que ses sourcils se froncent et qu’elle semble particulièrement alarmée par ce qu’elle a à me demander, et c’est presque un genre d’instinct maternel qui lui répondra, doucement, à l’instar de ma propre mère qui avait adopté cette tactique il y avait bien longtemps avec moi quand je ne voulais pas lui balancer trop facilement ce qui me trottait en tête. « Alors… on les passe une à une toutes ces questions? » autant maximiser notre temps, et faire le tour de ce qui la tracasse assez pour que ça vaille un plat de japonais, et un moment en tête-à-tête avec la figure la moins sympathique du bloc. « Parce que ça me semble bien délicat comme problème, si ça t’a retourné autant. » on nous sert du thé au jasmin en attendant les plats, et j’en profite pour y tremper mes lèvres – les brûlant un peu au passage. J’adore le parfum qui se dégage des tasses, je prends même quelques secondes pour le humer parfaitement. « Autant faire un blitz pour que ça soit utile un brin. » son silence me force à en ajouter une couche, puis une autre. Elle rend pas ça particulièrement simple, et à ce rythme, on aura reçu la facture avant que j’ai pu lui tirer les vers du nez – elle qui était si confiante à ma sortie de l’immeuble. Ultime tentative, je me base sur ce qui fonctionne bien dans d’autres situations, lire ici qui fonctionne bien avec d’autres personnes que moi. « J’me déteste de te dire ça, parce que ça m’horripile quand les gens le font mais… » j’inspire profondément, je me fais violence. « Tes cheveux sont awesome. C’est rare de croiser une rousse naturelle de nos jours, elles sont toutes fausses les pauvres. » voilà. Une jolie qualité, ça réussit à délier les langues n’est-ce pas?
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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyVen 15 Sep 2017 - 0:06


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Pour une gamine comme elle qui avait grandi au sein d’une communauté, aller vers les gens et se sociabiliser n’avait rien de difficile. S’ouvrir aux autres, faire des rencontres relevaient au contraire de son élément. Des personnages loufoques, elle avait vu des dizaines et des dizaines au cours de son existence d’artiste de cirque, des gens marginaux, elle en avait côtoyé durant ses années d’école de stylisme, mais quelqu’un comme elle, elle n’avait jamais connu. « 3 ans. Mais y’a 28 ans derrière à parler et à analyser qui font le reste. Ça, et une belle et grande absence de gêne. » Un rictus gêné quitta ses lèvres fines. Une absence de gêne, elle n’aurait probablement pas trouvé mieux pour définir son impression. Plus qu’intimidée, la rouquine se sentait mal à l’aise en sa présence. Elle ne l’effrayait pas, mais la dérangeait. Sa voix cassée acérait bien plus encore ses paroles déjà tranchantes. Si elle n’avait jamais cru pouvoir rencontrer plus impénétrable que Lene, Rose s’était trompé. Elle était une tornade de feu, dynamique, intrépide. Néanmoins, la jeune femme n’en restait pas moins égale à elle-même et lui avait proposé de l’inviter par souci de moralité. Cette femme avait beau lui répéter que leur petit incident n’était qu’un détail, Rose n’y prêtait pas attention. C’était ainsi qu’on l’avait élevée après tout. « La table d’hôte, le #4 en extra, la salade de wakame format double et une grande bouteille de sake. » Un air dubitatif s’afficha soudain sur son visage pâle parsemé de légères taches de rousseur. Il fallait la pincer. Cette femme n’était pas réelle. Incapable de lui faire la moindre remarque malgré sa gêne, elle se contenta de sourire avec difficulté. « J’rigoooole. » Les sourcils arqués, elle avait maintenant son sourire crispé alors que l’envie de courir vers la sortie lui traversa l’esprit. Elle allait la bouffer à un tel rythme. « Oh mais il n’y avait pas de souci » tenta-t-elle de répondre sans grande conviction cependant.

Avec une grande docilité, elle s’était laissée guider à travers les tables du restaurant vers une banquette où Ariane lui fit signe de s’asseoir. A la voir regarder autour d’elle, elle semblait familière avec l’endroit. « J’avais prévu manger en vitesse au bureau avant de terminer un truc. Disons que je vais capitaliser sur l’heure de lunch que j’ai pas prise ce midi. Si je peux aider… » Les mots ne parvenaient pas à dépasser l’état de pensée et se retrouvaient bloqués sur le seuil de ses lèvres. La bouche entre-ouverte, elle observait son interlocutrice sans force et sans succès. « Alors… on les passe une à une toutes ces questions? Parce que ça me semble bien délicat comme problème, si ça t’a retourné autant. » Elle n’eut pas le temps d’essayer de répliquer quelque chose à sa remarque que le serveur revint vers elles, déposant dans un sourire poli une tasse de jasmin devant chacune. Avec automatisme, Rose vint envelopper la tasse de ses mains fragiles, accusant la chaleur de l’objet avec plaisir. Il lui fallait bien cela pour affronter le phénomène qu’était son interlocutrice. « Autant faire un blitz pour que ça soit utile un brin. » Même lorsqu’elle se voulait serviable, l’animatrice tendait vers l’insolence, la désobligeance. Malgré son impression de déranger, Rose prit une grande inspiration et se lança. « Je vais essayer, je ne voudrais pas vous retenir trop longtemps » commença-t-elle avant d’avaler une gorgée de son thé. « En réalité, je n’ai aucun problème et mon appel n’était qu’une excuse pour vous parler parce que… » Dans une courte pause qui devait lui permettre de trouver l’inspiration, Rose sortit de son sac son carnet de dessins et son stylo, cachant du mieux qu’elle le pouvait les croquis qui s’y trouvaient. « … J’écris un article sur vous pour mon école de… journalisme » Surprise par l’histoire qu’elle avait réussi à inventer en quelques secondes pour protéger ses réelles intentions, la jeune femme reprit son souffle. « Je voulais vous approcher de façon discrète, mais je pense que c’est plus simple si je vous interroge directement. Je vais dresser votre portrait, si vous voulez bien répondre à quelques questions classiques » Pour paraître plus convaincante dans son mensonge, Rose baissa le regard vers son carnet, imitant la lecture de questions inexistantes. En réalité, toutes étaient inscrites dans son esprit depuis des jours, prêtes à sortir au moment le plus propice. Obtenir des informations sur cette femme si mystérieuse allait peut-être s’avérer plus simple qu’elle ne l’aurait cru.

« J’me déteste de te dire ça, parce que ça m’horripile quand les gens le font mais… » Le sourcil arqué, Rose attendit avec impatience la suite de sa phrase, son stylo en suspens dans l’air. « Tes cheveux sont awesome. C’est rare de croiser une rousse naturelle de nos jours, elles sont toutes fausses les pauvres. » Loin de s’être douté d’une telle remarque, elle lui répondit par son sourire le plus brillant. Il n’avait pas plus grande fierté que sa chevelure de feu, cette même chevelure qu’elle partageait avec son père et ses frères. « Oh merci, c’est de famille. » Elle ne croyait pas si bien dire. « Les vôtres sont aussi superbes, je pense même qu’on pourrait nous confondre de dos » Elle avait d’ailleurs été la première à prendre les photos d’enfance d’Ariane pour les siennes. Troublée par cette pensée, elle se racla la gorge et but encore un peu. « Puisqu’on parle de famille, vous accepteriez de me parler un peu de votre histoire pour commencer ? Ou peut-être que c’est trop personnel… » osa-t-elle finalement demander.

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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyVen 22 Sep 2017 - 3:50


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Alors, alors. Gabrielle qui avait fait tous ces efforts, qui avait enduré mon cynisme de mi-journée, mes remarques acerbes, mon discours sur le bel amour, celui auquel je crois plus mais qui fait si bien sur papier. « Oh. » tout ça pour un papier à mon sujet? La blague. « Ça risque pas d’être bien passionnant, ma pauvre. » que je balance, encore moins motivée par l’idée d’avoir à parler de moi pour vrai maintenant. Y aller d’humour ironique - pas de problème. Critiquer en laissant mon opinion renverser tout le reste -certainement. Mais parler de mon passé, d’où je viens, de mon parcours - je pouvais très clairement m'en passer. Surtout au sujet de mon boulot et de tout ce qui y touchait. Parce que même si je travaillais dur, même si je bossais des heures de fou pour arriver à rendre des trucs potables qui plaisaient à mon oeil inquisiteur, j’étais pas une journaliste en devenir, une petite perle de verve à suivre. J’avais de la facilité avec les mots certes, avec les corps aussi, avec ma perception des autres, mon instinct affûté. Mais le reste, la technique, les connaissances pratiques, la méthodologie, l’essence même du journalisme… je ne couvrais pas la Bande de Gaza et les catastrophes naturelles non ; je parlais de coeurs brisés et de positions sexuelles efficaces. « Probablement, en effet. » je double confirme, déjà parce que pour qu’elle se soit donné autant de mal, chapeau, mais surtout parce qu’y aller clairement lui éviterait d’autres discours pas nécessaires sur sa pseudo histoire qu’elle a balancée en ondes sans réserve. C’était fort probablement pour cela qu’elle avait autant faibli lorsque j’avais demandé des détails, du croustillant. Une gorgée de thé plus tard, j’hoche distraitement de la tête, assimilant ce qu’elle peut bien raconter à travers, ses justifications, le fameux cours pour lequel elle avait cru bon déterrer mon cas parmi des tas d’autres intéressants chez GQ que dis-je, dans le monde du journalisme au grand complet. « Mon histoire? Ça serait bien mieux si on parlait des appels que je reçois, des vraies questions bien marrantes tu vois. » et je laisse même échapper un petit rire, drôlement mal à l’aise pour faire contraste avec l’attitude que j’arborais tout à l’heure, que j’arbore toujours lorsqu’on veut mon avis, lorsqu’on met ses anecdotes, ses problèmes, ses échecs sur la ligne 034. C’était ça qui me donnait de la parole, du tonus, de la constance - devoir donner mon avis, peu importe ce en quoi il résulte. L’inconfort apparaît tout naturellement, entre la tasse de liquide bouillant que je fais tourner de mes doigts gauches, et les baguettes que je tape nerveusement de mes doigts droits. Mais voilà, elle ne démord pas et pire, elle lève ses grands yeux brillants d’étudiante prête pour l’aller-retour le plus ennuyant de sa vie dans 3, 2, 1. Quand faut y aller… « Bon, alors… je suis née à Paris, j’y suis restée quelques années à peine, juste assez pour m’en souvenir, pour avoir envie d’y retourner. » ce que j’ai fait, plusieurs fois depuis. À chaque reprise, avec maman, avec Sofia, presqu’avec Tad une fois, j’avais ce même périple, ces mêmes arrêts. Les cafés que je connaissais par coeur, les boulangeries de coin de rue, les parcs à perte de vue. Je glissais un musée ou deux dans l’itinéraire, mais ce n’était pas les attractions en elles-même qui me manquaient de Paris, c’était l’émotion, l’expérience, les détours, les vieilles rues, la langue. J’y avais grandi pour un bref total de 5 ans, mais toute mon enfance en était bercée, la jeune Ariane et ses grands idéaux, ses aspirations malléables. Ses racines. Justement. « Mère célibataire, l’espoir du père qui devait revenir un matin, mais qui s’est barré sans donner le bon numéro de téléphone. Classique. » et non, avant que vous vous emportiez, j’avais pas ce rapport étrange avec les mecs parce que j’avais des daddy issues. Maman avait très bien su s’occuper de moi pour deux, elle avait géré sans aucun doute possible, et c’était bien malgré elle que je n’avais pas connu mon père. Moi, j’y voyais pas de manque. Un p’tit pincement au coeur qui s’est estompé avec les années, une légère déception quand je voyais le rapport que Sofia pouvait avoir avec le sien de paternel, mais sinon rien de majeur, rien de triste du moins.

« Et puis on est déménagées à Brisbane. Lycée, collège, ce genre de trucs. J’ai fait les écoles publiques, c’est là où on autorise le plus les teintures et les piercings bien punk. Maman adorait. » que je poursuis, voyant qu’elle est attentive, voyant que ça ne l'ennuie pas autant que j’aurais cru. Si elle s’attendait à ce que je lui dise que j’avais eu la piqûre de l’écriture gamine, elle se trompait déjà. C’était venu plus tard, par défaut presque, par consensus. Hugo qui m’avait prise de court, qui m’avait presque défiée d’aligner un mot devant l’autre. Parce qu’avant, c’était de théâtre que je rêvais. De voyages aussi, surtout. « Et... et ensuite j'ai quitté le cocon familial pour être roadie pour une troupe de théâtre. Y’a eu quelques voyages en Europe aussi, et en Asie. Puis je suis revenue ici, avec une mère qui s'inquiétait pour ma carrière, alors j’ai lancé mon blogue - GQ m’a embauchée et… et ça t’aide un peu ou c’est peine perdue? » et je ris encore un peu, la bouche sèche, juste à temps alors que les plats arrivent, et qu'on nous ressert du thé. Ils offrent la carte de sake, je lève le nez pour l’instant. Je disais jamais non à une petite coupe habituellement, mais l’impression de passer une entrevue a tout de même fait ressortir la fibre professionnelle en moi, l’envie de performer, malgré le fait que mon histoire n’a pas de possibilité d’être améliorée, changée, imagée, colorée. Elle est, et faut faire avec. « Y’a des trucs précis que tu veux savoir ou tu y vas au feeling? » je sépare mes baguettes et les aligne vers un sushi, puis un autre. Autant voir avec elle si déjà elle avait ce dont elle avait besoin, où si j’allais devoir lui en donner un peu plus - principalement sur mon boulot, ce dont je me doutais déjà.
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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyDim 15 Oct 2017 - 18:40


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On pouvait clairement lire de la déception sur le visage de son interlocutrice. Oh, oui. Il y avait de quoi perdre en satisfaction dans une telle situation. La journaliste pleine de fourberie et avare d’histoires croustillantes n’avait plus rien à se mettre sous la dent. En quelques secondes, Rose avait retiré tout l’attrait qui l’avait poussé à la suivre. Peut-être voulait-elle partir maintenant. Les muscles tendus, Rose se tenait prête à agir. S’il fallait la retenir, elle saurait se montrer persuasive. Elle ne la laisserait pas lui glisser entre les doigts, pas si près du but. Son regard bleu azur fixait la jeune femme avec espérance et tension. Les secondes défilaient sans que son manque d’engouement ne quitte ses traits. « Mon histoire? Ça serait bien mieux si on parlait des appels que je reçois, des vraies questions bien marrantes tu vois. » Son assurance terrible et imposante s’était dissipée. La rouquine fronça les sourcils, étonnée par la gêne qu’elle pouvait lire en elle. Il fallait bien que son histoire cache des secrets pour réagir ainsi, se cacher et détourner l’attention. « On peut, c’est certain. Mais ça serait bien moins intéressant » Elle avait tenté de répondre avec le plus de professionnalisme possible, de ce qu’elle avait pu voir à la télévision. Les journalistes avaient toujours une aisance à l’oral qui l’impressionnait. Il fallait faire de même pour faire durer l’illusion. Son regard se posa sur les mains d’Ariane qui ne tenaient plus en place. Parler d’elle était donc si compliqué. Avant de pouvoir l’encourager, elle vit une lueur dans ses yeux. Un déclic, un signe qui lui fit comprendre que le moment était venu. « Bon, alors… je suis née à Paris, j’y suis restée quelques années à peine, juste assez pour m’en souvenir, pour avoir envie d’y retourner. » Son cœur se tordit dans sa poitrine. Paris, sa belle Paris. Elles avaient donc la France comme point commun, un autre. Se pouvait-il que sa grand-mère l’ai connu là-bas. Elle espérait le savoir. « Mère célibataire, l’espoir du père qui devait revenir un matin, mais qui s’est barré sans donner le bon numéro de téléphone. Classique. Et puis on est déménagées à Brisbane. Lycée, collège, ce genre de trucs. J’ai fait les écoles publiques, c’est là où on autorise le plus les teintures et les piercings bien punk. Maman adorait. » Une mine surprise s’afficha sur son visage. Elle tenta un instant d’imaginer cette femme, le corps recouvert de piercings et les yeux cernés de noir. Soudain consciente d’avoir uniquement écouté son discours, Rose se mit à griffonner quelques notes sur son carnet. « Et... et ensuite j'ai quitté le cocon familial pour être roadie pour une troupe de théâtre. Y’a eu quelques voyages en Europe aussi, et en Asie. Puis je suis revenue ici, avec une mère qui s'inquiétait pour ma carrière, alors j’ai lancé mon blogue - GQ m’a embauchée et… et ça t’aide un peu ou c’est peine perdue? » Voilà maintenant qu’elle évoquait sa vie de roadie, énième point commun. C’était bien trop pour s’agir d’un hasard. Il y avait là tant d’éléments qui liaient sa vie à la sienne que Rose s’y perdait. Elle avait à peine entendu sa question, les pensées bien trop occupées par ce qu’elle avait retenu. « Ah, euh oui, c’est parfait, merci » bafouilla-t-elle en continuant de noter quelques informations.

Les plats furent amenés. Rose en avait presque oublié qu’elles se trouvaient au restaurant et qu’il allait falloir manger. Amenant son carnet vers elle pour faire de la place, elle remercia le serveur d’une petite voix et refusa poliment la carte des sakés. « Bon appétit » glissa-t-elle à l’intention de la journaliste par automatisme. Elle avait posé son carnet à côté d’elle pour se concentrer sur ses baguettes qui vinrent attraper un maki. « Y’a des trucs précis que tu veux savoir ou tu y vas au feeling? » La bouche pleine, l’étudiante hocha vivement la tête, avalant au mieux et faisant passer le tout à l’aide d’une gorgée de thé. « Il y a quelques points que j’aimerais bien éclairer dans ce que vous avez dit » Ses yeux se relevèrent vers elle, remplis de curiosité. « Vous avez dit être née à Paris, d’une mère célibataire. Est-elle française ou australienne ? Est-ce que vous avez de la famille en France que vous connaissez ? » Une nouvelle gorgée de thé désormais tiédi. « Vous avez également évoqué une troupe de théâtre nomade, c’est bien ça ? Dites m’en plus. La vie de bohème c’est particulier, que pensait votre mère de tout ça ? J’imagine que voir sa fille partir au bout du monde quand on est seule ce n’est pas évident. Est-ce qu’elle vous a toujours supportée à ce propos ? » Rose se surprenait à apprécier le rôle d'interviewer. Ses questions étaient de plus en plus privées, sans qu’elle ne s’en rende réellement compte. Il y avait tant de mystère derrière elle, tant de choses qu’elle rêvait de découvrir, qu’elle en oubliait presque l’intrusion. « Dernière question, vous n’avez jamais cherché à connaître l’identité de votre père ? » Elle marqua une pause, soudain embarrassée. « Dites-moi si je vais trop loin dans mes questions… » ajouta-t-elle le regard confus.

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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyMer 18 Oct 2017 - 3:17


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Elle semble trouver que mon récit convient, je fronce les sourcils en accompagnant le geste d’une gorgée de thé. « Ça me semble bien décousu, tout ça. » parce que c’était probablement l'une des premières fois où on me demandait de parler de ma famille, de l'endroit d'où je venais, plutôt que de mon boulot en soit. Les étudiants en communications, en marketing, en journalisme, revenaient toujours avec les mêmes questions sur mon parcours, sur mes tâches, sur mon salaire. Mais parler de ma mère? Une première. J’ai tout de même envie de jeter un coup d’oeil aux notes qu’elle a pu prendre, mais je me retiens. Elle a l’air déjà plutôt mal à l’aise, il ne faudrait pas qu’en plus elle me fasse une attaque sur son bloc-notes. Les plats arrivent sur l’entrefaite et je me régale déjà. La dernière fois où j’ai plongé mes baguettes dans les divers menus de l’endroit remonte à trop longtemps à mon goût, et à celui de mon estomac, et j’attends à peine que Gabrielle ait lancé le truc avant de prendre une première bouchée. « Idem. » que je réponds, à l’instar de maman qui répond toujours ainsi. C’est l’habitude qui prend le dessus, j’y porte à peine attention. Sofia roulait des yeux lorsque je lui répondais de la sorte, mais autrement, c’était un automatisme que j’entendais d’une oreille distraite, quand j’y portais vraiment attention. Parlant d’elle. « Oh, elle est australienne. De Brisbane. Elle est seulement tombée amoureuse de Paris par la bande. Elle l’aime encore, si tu veux savoir. Si ça a la moindre importance. » Paris et ses monuments, Paris et son art, Paris et ses saveurs. Grandir à travers le rêve d’une mère qui est nostalgique de la plus belle ville du monde à ses yeux, s’en souvenir un peu, assez, alors que j’y avais passé les premières années de ma vie. Et y retourner, avec elle, sans elle, la redécouvrir à chaque fois. Tiens, elle me manque, là, la ville lumière. « Elle déééééétestait. En fait, je crois qu’elle adorait détester ça. J’étais souvent partie, je manquais tous les trucs importants, ça la rendait folle. Même si je la tenais au courant de tout ce qui se passait. Elle a le coeur d’une artiste, alors je pense que c’est ce qui l’a empêché de venir me rattraper au vol, par la peau du cou. » je laisse un rire s’échapper d’entre mes lèvres, après avoir avaler une bouchée de sushis d’une bonne rasade de thé. La grande question, celle qui fait mal. Maman rêvait elle aussi de revenir à ses beaux jours, de repartir à la découverte du monde comme elle l’avait déjà fait jadis. Mais ses engagements, son âge, ses contrats, ses connaissances, ses enjeux, tout ça la gardait bloquée en Australie. Elle était bien venue me rejoindre une fois, et une autre après. Des surprises, à chaque fois, quelques moments passés à deux, des amies à l’autre bout du globe qui partagent leur amour pour les voyages, pour le mode de vie de nomade. Puis elle repartait à Brisbane le coeur gros, et je filais vers la prochaine aventure en tentant de la lui faire vivre un peu, par procuration.

La rouquine finit de noter quelque chose, et lève la tête vers moi. Là, je me doute que ce sera un peu plus sérieux, ou du moins, que ce que trahit ses prunelles risque d’être plus piquant à aborder. Je pense aux potins du milieu, aux mauvaises langues, à quelque chose de salace peut-être. Voudra-t-elle des confessions sur mes collègues, sur les pires rapaces de l’industrie? Mon père. Le malaise est presque palpable, et je m’empresse de répondre. Un peu trop, justement. « Non. » aucun manque ici, aucun ennui. Comment voulait-on être nostalgique de quelque chose qu’on n’avait jamais connu? « Je veux dire “non”, pour toutes ces questions. Ça va pas trop loin et… j’ai jamais vraiment voulu le connaître. S’il est parti, c’est qu’il ne voulait pas me connaître lui non plus, tu vois? » et j’ai presque un A+ au jeu du déni le plus complet, du lâcher prise exemplaire. Évidemment que je suis curieuse, évidemment que j’aimerais en savoir plus, mais la vie m’avait appris à me contenter de ce que j’avais, à en faire au mieux. Aucun signe de sa part, 28 ans plus tard? Fallait pas vivre au pays des licornes et des paillettes non plus. Les griffures de son crayon sur le papier me ramènent à l’ordre, et je prends une nouvelle bouchée, l’air ailleurs. « On devrait peut-être mettre l’accent sur les trucs plus professionnels, n’est-ce pas? » pas que je suis blasée, mais l’heure tourne. Et si elle veut tirer quelque chose de pertinent pour son cours de journalisme, autant laisser mes daddy issues de côté.  « Quoique je t'avertis, si c’est pour dévoiler des trucs inédits sur GQ, je suis tenue au secret d’état. » que je murmure, sur le ton de la confidence, le clin d’oeil qui suit flirtant avec mon air malicieux.
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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptySam 28 Oct 2017 - 18:54


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Les quelques secondes d’attente qu’Ariane lui imposa étaient difficiles à supporter pour la fragile Rose. Elle en avait presque le stylo qui tremblait, en équilibre entre ses doigts frêles et fins. Elle la regardait de ses yeux enfantins, la bouche-entrouverte, dans l’espoir d'en avoir plus. Aller trop loin n’était pas dans son habitude. Elle avait toujours eu cette curiosité innocente et cette bienséance qui l’empêchait de poser la question de trop, d’être trop intrusive. Leurs rôles s’inversaient. C’était au tour de la journaliste d’être déstabilisée, d’être celle dont la vie était affichée au grand jour. A l’inverse des autres, ce qu’elle lui racontait n’irait jusqu’aux oreilles de personne. Il n’y avait pas d’auditeurs, pas de collègues dans le studio, personne d’autre que Rose et ses pensées troublées. « Oh, elle est australienne. De Brisbane. Elle est seulement tombée amoureuse de Paris par la bande. Elle l’aime encore, si tu veux savoir. Si ça a la moindre importance. » Son visage s’illumina sous un sourire. « Je la comprends, comment ne pas tomber amoureux de Paris » Ses pensées s’envolèrent dans ses souvenirs lointains, dans les rues pavées de la capitale, dans l’esprit de liberté qu’elle y avait trouvé. Elle aurait pu rêver de Paris encore longtemps, s’il n’avait pas fallu revenir à la réalité, à Ariane. « Elle déééééétestait. En fait, je crois qu’elle adorait détester ça. J’étais souvent partie, je manquais tous les trucs importants, ça la rendait folle. Même si je la tenais au courant de tout ce qui se passait. Elle a le cœur d’une artiste, alors je pense que c’est ce qui l’a empêché de venir me rattraper au vol, par la peau du cou. » Un nouveau sourire. Elle semblait l’aimer sa mère, ça se sentait, ça  s’entendait. Elle fit glisser la mine de son crayon contre le papier, continuant avec brio son rôle d’élève en journalisme. Elle se plaisait dans ce jeu, elle y trouvait satisfaction, visiblement elle était crédible. La trentenaire se livrait à elle si facilement, découvrir cette vie qu’elle ne voulait pas raconter au début était plaisant. On ne pouvait jamais savoir ce qui se cachait derrière un visage quand on rencontrait les gens. « Je vois » avait-elle répondu dans un petit mouvement de tête. Vint la question fatale, celle qui avait échappée, celle qu’on redoutait. « Non. » Elle avait répliqué avec tant de rapidité et de concision que Rose crut un instant l’avoir vexée. Prête à se confondre en excuses, elle fut coupée par la nouvelle prise de parole de la rousse. « Je veux dire “non”, pour toutes ces questions. Ça va pas trop loin et… j’ai jamais vraiment voulu le connaître. S’il est parti, c’est qu’il ne voulait pas me connaître lui non plus, tu vois? » L’air emplit de nouveau ses poumons alors que ses muscles retrouvèrent leur détente. Encore une fois, plus de peur que mal. « Je comprends, même si on ne sait jamais. Peut-être qu’il avait de bonnes raisons ? Enfin, je respecte tout à fait votre point de vue. Merci pour la réponse honnête » Dans le cas d’Ariane, il ne faisait nul doute que Rose aurait remué ciel et terre pour retrouver son père. Elle l’admirait un peu de savoir vivre dans cette ignorance, d’être si détachée de quelque chose qui était pour elle si important.

Le nombre de makis sur son plateau en bois avait amplement diminué, seul un dernier survivant trônait parmi les résidus de wasabi et quelques derniers morceaux de gingembre. Plus par gourmandise que par faim, la rouquine fit entrer le dernierdans sa bouche et prit une profonde inspiration. Elle n’avait pas vu le temps et le repas passé, à écouter son interlocutrice lui parler. « On devrait peut-être mettre l’accent sur les trucs plus professionnels, n’est-ce pas? Quoique je t'avertis, si c’est pour dévoiler des trucs inédits sur GQ, je suis tenue au secret d’état. » Une petite moue embêtée s’afficha sur son visage tacheté. Que faire, que dire. « Eh bien, je voulais écrire un papier plus tourné sur votre histoire personnelle en réalité. Vous avez déjà été interviewée plusieurs fois concernant votre carrière, je pensais que ce point de vue serait plus… inédit » Pas facile de jouer la comédie. Elle chercha une autre façon de la convaincre quand le serveur se dirigea vers elles pour débarrasser les plats vides et déposer l’addition sur un coin de la table. Sauvée. Bien qu’il fut déjà reparti vers la cuisine, Rose s’attela à préparer son paiement, posant son carnet sur le bord de la table le temps de récupérer son sac et son porte-feuille qui s’y trouvait.  Maladroite comme elle était, le sac fit glisser le carnet au sol, éparpillant partout ce qui était rangé entre chaque page. Des croquis de robes, des notes, des morceaux de tissus et surtout, la photographie d’Ariane enfant. Le temps de réaliser, la rouquine aperçut les yeux de son interlocutrice, eux aussi dans la direction de la photo. Aussi vite qu’elle le pouvait, elle ramassa le tout et colla le tas de documents contre sa poitrine. « Je suis vraiment empotée, désolée » Un rire nerveux s’échappa de sa bouche. Pitié qu’elle n’ait pas vu, pitié qu’elle n’ait pas vu.
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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyMer 1 Nov 2017 - 4:09


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Ariane & Rose


Son entrain face à Paris me rappelle direct la mention qu’elle a pu faire de la France pendant son appel, tout à l’heure. Certains vous diront que j’avais une bien drôle de mémoire et ils avaient totalement raison - les détails qui se cachaient là parfois, ça me sidérait. « Mais tu y es allée aussi non? De ce que tu disais tout à l’heure, tu es passée par la France avec un cirque… ou c’était juste pour les besoins de ton rôle? » je laisse allre, maligne, avant de prendre une bouchée. Elle était mal à l’aise la petite, et pourtant, ce n’était pas sur son cas que les projecteurs étaient braqués depuis qu’on nous avait servi le thé. Mine de rien, elle arrive presque à camoufler à elle seule le rire jaune que je laisse passer lorsqu’on mentionne mon paternel, tellement elle semble se faire violence pour garder un souffle normal. Mon empressement à éviter le sujet n’est pas un détonateur en somme, et Gabrielle ne semble pas trop vouloir insister. Ou du moins, juste assez. « J’ai jamais dit que je ne voulais pas entendre ses raisons. Je suis persuadée qu’il doit en avoir une bonne, pour qu’elle ait pu tenir toutes ces années. » et je serais bien curieuse de voir si justement, c’était valable. Rien n’empêchait le fait que ma mère avait toujours su jouer les deux rôles et que je n’avais manqué de rien avec elle. C’était probablement la qualité que j’admirais le plus de sa part, à savoir de ne dépendre de personne, d’arriver à ses fins avec brio sans avoir besoin de qui que ce soit d’autre, mis à part elle-même. Le repas se poursuit, la gamine finalise ses notes, répond même à mes interrogations à savoir si un volet plus professionnel s’ajoutera à l’interview. Elle mentionne qu’on m’a déjà beaucoup questionné ce qui me fait hausser le sourcil. Tout sauf l’habitude, vraiment pas l’intérêt non plus. On aimait bien lire ma rubrique, mais on se fichait de la langue de vipère qui la rédigeait. Non pas que je diminuais mon boulot bien au contraire, je l’adorais, toutefois il fallait être honnête et voir que côté carrière, c’était tellement éclectique qu’il n’y avait vraiment rien de concluant, rien de bien concret à en retirer. Rien, sauf ce qui remplit les quelques feuilles éparpillées de la rousse, recouvertes de son encre empressée de ne manquer absolument aucun mot. « Bien vu. J’aime les journalistes qui sortent du cadre... » que je laisse aller, le sourire bienveillant presque, l'assiette qui se termine d’un geste. Puis, c’est bizarre. Puis, elle égare ses affaires, échappe ses trucs au sol, ramasse le tout, s’excuse, se confond, perd ses mots. Et toujours, un regard qui me fixe, une robe à fleurs que je reconnais, un jardin où j’allais passer tous mes anniversaires depuis notre arrivée à Brisbane. « … moins quand ils débordent là où ce ne sont pas leurs affaires.  » ma voix est tout sauf chantante, nettement intriguée.

C’est malpoli, c’est pas du tout cool, c’est loin d’être la meilleure manoeuvre pour qu’elle ne fasse pas un arrêt cardiaque à la voir se stresser toute seule depuis qu’elle m’a accroché à la sortie de GQ, mais je tends effrontément la main avant d’attraper la dite photo, qui dépasse bien d’en travers tous les feuillets qu’elle garde près de son coeur. « T’as pas pris ça sur Facebook ou sur mon blogue, je me trompe?  » la question est bien plus que rhétorique. Je sais pertinemment que ce cliché ne s’est jamais retrouvé nulle part, puisqu’il gît dans nos albums photos avec tous ses autres potes, tous ces souvenirs qu’on a accumulés à deux since day one. Aurais-je affaire à une stalkeuse en bonne et due forme? Ma première? « Ça date de plus de 10 ans. » qu’elle m’entendra commenter, toujours aussi perplexe, les rétines qui détaillent en vitesse l’écriture de ma mère que je reconnaîtrais entre mille, derrière la photo, accompagnée de mon prénom, de la date, de l’endroit où elle a été prise. « Tu veux me dire qui est ta source, ou elle a peur pour ses jambes? » et je lève la tête, ne lui redonnant pas mon dû, gardant le papier glacé bien fermement entre mes doigts. Je comprends son besoin d’avoir une touche plus personnelle, de mettre en vedette le côté humain derrière la love doctor si ça peut intéresser une personne ou deux peut-être, dans son papier. Mais son malaise est trop pesant pour qu’elle soit ce genre-là, pour qu’elle tire de la graine façon ninja du journalisme, pour qu’elle se faufile là où il faut pas pour en retirer des détails du genre. Ça jure avec ses hésitations depuis tout à l’heure, ses interrogations, ses balbutiements. De qui aurait-elle bien pu avoir cette photo? Pas de Sofia, c’était assuré que ma copine n’aurait jamais fait confiance à une inconnue pour ce genre de chose. Mais maman? De où, de comment? « Tout ça, c’est bizarre. »  l'entrevue, les questions, le souvenir, mes prunelles sont vissées dans sa direction, essayant de capter le moindre signe, la moindre faiblesse, yeux de faucon qui la détaillent. « Trop bizarre. » mauvaise impression, l'instinct qui n'aime pas. Et je conclus, attrapant ma veste, me levant d’un bond. Qu’elle l’écrive son texte, qu’elle les baratine ses lecteurs sur ma pauvre petite vie éclatée, mais elle illustrerait ses phrases avec autre chose qu’une photo d’Ariane gamine. « Je vais y aller. Et je garde la photo, si tu n'y vois pas d'inconvénient. » confisquée, à moi, à personne d'autre. Parce que je n’ai plus rien à faire ici, parce qu’elle me fait flipper, presque. « Merci. Pour les sushis. » et j'enclenche le pas vers la porte, sans regarder derrière, sans penser à savoir si elle me suit, si elle est toujours à la table, si… j’ai raison de faire volte-face, si je fais bien de retourner à sa hauteur quelques vulgaires secondes après être partie, si c’est justifiable ou non de lui demander, de but en blanc. « Qui es-tu? Toi, tu sors d’où? »
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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptySam 11 Nov 2017 - 17:36


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Avec cette longue conversation et cette immersion dans le passé de son interlocutrice, Rose en avait presque oublié le commencement. Cet appel qu’elle a commencé par donner, cette fausse histoire, ce faux prénom. « Mais tu y es allée aussi non? De ce que tu disais tout à l’heure, tu es passée par la France avec un cirque… ou c’était juste pour les besoins de ton rôle? » Il lui fallut quelques secondes pour que ses idées ne se remettent en place et que tout soit de nouveau clair dans son esprit. Que dire, que faire. Mentir c’était mal, on lui avait toujours interdit, déconseillé, elle n’avait que très rarement essayé. Mais là la petite voix dans sa tête lui disait que c’était probablement la meilleure chose à faire parce que en cet instant elle était Gabrielle l’étudiante en journalisme, pas Rose, pas cette gamine qui avait grandi dans un cirque sur les routes de l’Europe. « Désolée, j’ai inventé ça avec le reste pour vous approcher… J’espère que vous ne m’en voudrez pas » Ça lui pinçait le cœur de devoir raconter des bobards parce que ça ne lui ressemblait pas. Elle craignait qu’Ariane ne cherche à gratter un peu plus, elle semblait bien plus à l’aise avec les questions pièges qu’elle, si elle en posait ne serait-ce qu’une de plus, la rouquine n’était pas certaine de tenir. Ce rôle qu’elle se donnait, il ne tenait à pas grand chose. « J’ai jamais dit que je ne voulais pas entendre ses raisons. Je suis persuadée qu’il doit en avoir une bonne, pour qu’elle ait pu tenir toutes ces années. » L’étudiante avait avalé le peu de salive que sa bouche sèche parvenait à créer. Maintenant elle savait qu’il ne fallait pas aller plus loin, que ses questions risquaient d’éveiller chez elle des sentiments qu’elle ne voulaient pas voir naître. Et s’il était déjà trop tard, si elle avait déjà réussi à parsemer de sombres pensées dans son esprit, si elle avait réussi à raviver un souvenir effacé et douloureux. L’interrogation de la journaliste lui permet de mettre fin à l’interview, la soulageant d’un poids. « Bien vu. J’aime les journalistes qui sortent du cadre... » Elle avait sourit timidement avant de s’occuper de son sac pour payer au plus vite et probablement s’enfuir pour comprendre tout ce qui venait de se passer. Néanmoins les choses ne se passèrent pas aussi bien qu’elle l’avait voulu, foutu maladresse. « … moins quand ils débordent là où ce ne sont pas leurs affaires.  » Elle avait vu.

Son cœur s’arrêta de battre tandis que ses yeux restèrent grand ouverts. Son ton avait considérablement changé. Il n’était plus question de sa façon piquante de parler, c’était tout simplement froid, effrayant. Elle pouvait presque s’attendre à recevoir ses foudres, peut-être même le reste de thé qui était posé devant elle. « Je … » Tout était confus et le regard qu’elle lui portait n’arrangeait pas les choses. Rose avait peur, peur d’affronter un caractère si différent du sien, un caractère contre lequel elle ne pouvait se battre. « T’as pas pris ça sur Facebook ou sur mon blogue, je me trompe? Ça date de plus de 10 ans.  » Assez de mensonges. La rouquine préféra le silence à une fausse réponse de plus. Son regard se baissa vers la photo qu’elle tenait dans ses mains, vers cette petite qu’elle avait cru être elle. « Tu veux me dire qui est ta source, ou elle a peur pour ses jambes? » En réalité il n’y avait personne derrière la découverte de cette photo, sa grand-mère n’y était pour rien. La jeune femme pouvait même mettre sa main à couper qu’elle aurait préféré que jamais sa petite fille ne tombe là dessus. Mais ça, elle ne pouvait pas lui dire, elle ne pouvait rien lui dire. Alors une fois de plus, elle resta muette, les yeux penchés vers le bas comme un chiot qu’on aurait battu. « Tout ça, c’est bizarre. Trop bizarre. Je vais y aller. Et je garde la photo, si tu n'y vois pas d'inconvénient. » Son regard azur s’était aussi relevé vers elle, encore un peu plus confus. Quelque chose en elle désirait la retenir, sans qu’elle ne comprenne trop pourquoi. Elle avait l’impression que si elle la laissait partir maintenant, tout était terminé. Ses chances de savoir qui elle était vraiment s’envolaient avec elle. Malgré tout, elle ne bougea ni son corps, ni ses lèvres et observa impuissante la femme s’en aller. A peine sa silhouette avait-elle disparut de son champ de vision que Rose se laissa tomber sur la chaise, totalement abattue. Puis avant d’avoir le temps de penser à son échec, elle vit une ombre face à elle. Ariane, elle était là, elle était revenue. « Qui es-tu? Toi, tu sors d’où? » Sa gorge brûlait d’un feu ardent et ses yeux commencèrent à lui piquer. Son innocence lui laissait croire que c’était une question de karma, qu’elle ne faisait que récolter ce qu’elle avait semé. Pourtant on lui donnait presque une deuxième chance, celle de dire la vérité, de se rattraper. Sa première approche avait été la mauvaise, qu’avait-elle à perdre maintenant. Ariane semblait déjà la détester après tout. « Je… je m’appelle Rose. Rose Leoni. » balbutia-t-elle en battant nerveusement des paupières. « Je ne suis pas étudiante en journalisme mais j’ai vraiment grandi dans un cirque en France et ailleurs. Je… » Elle marqua une pause, détournant son regard par malaise. « J’ai trouvé cette photo chez ma grand-mère alors j’ai essayé de comprendre » La descente de sa salive lui enflamma la gorge. « Je suis désolée » avait-elle finit par souffler, au bord des larmes. « Je peux partir et ne plus jamais vous importuner si vous voulez, je comprendrais. Tout ce que j’ai entendu aujourd’hui, je le dirai à personne je vous le promets. J’en ai jamais eu l’intention. Je.. suis vraiment vraiment désolée » Il ne faisait aucun doute qu’elle accepterait sa volonté, mais elle ne l’espérait pas pour autant.

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Message(#) Sujet: Re: come here and visit my world (ariane) come here and visit my world (ariane) EmptyLun 13 Nov 2017 - 0:43


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J’étais à la porte, la poignée dans mon champ de vision, la tête déjà ailleurs. Mais ce petit soucis qui grugeait, qui prenait possession de mes neurones, qui m’empêchait de voir clair, de vraiment laisser de côté la scène qui venait de se passer, les questions un peu trop personnelles de la rousse, tout ce malaise qui la guidait. Comme si je lui devais quelque chose, comme si c’était normal de débarquer du jour au lendemain dans la vie d’une pure inconnue, de lui raconter des bobards et de l’inviter à dîner pour la baratiner encore plus. J’ignorais d’où elle tenait ça, cette curiosité envers moi, et honnêtement, je la voyais bien avoir été la stalkeuse en chef de n’importe qui d’autre à GQ, quelqu’un de plus connu, de plus reconnu. Pour ma part, je me contentais amplement de ne pas jouer dans la même cours que ces célébrités siliconées, et l’épisode intrusif d’aujourd’hui ne me le confirmait que trop. Je détestais qu’on se mette le nez dans mes affaires, encore plus lorsque j’ignorais d’où, de comment, de pourquoi mon interlocuteur avait décidé de me prendre pour cible. C’est sûrement ce qui motive mon demi-tour, ma présence à nouveau à ses côtés, bien grande, bien droite, le regard planté dans sa direction. J’ai besoin d’avoir du contenu à son sujet moi aussi, une munition quelconque. Je digère à peine de lui avoir tout balancé comme ça, sous prétexte qu’elle écrivait un papier. Pas que je cachais un gros secret d’état, mais plutôt que ce genre de confession ne me ressemblait pas d’ordinaire, encore moins envers elle. Elle se présente donc, Rose, elle répond à mes interrogations un peu trop brusques probablement pour son petit coeur. Mais elle m’a piqué, et si elle s’est rendue là sans que je craque, c’était déjà un immense chance.

« Ta grand-mère? » je retiens un rire, parce que ce serait casser cette mine fermée, cette expression neutre que je maintiens depuis mon retour près d’elle, et il n’est pas question qu’elle puisse lire quoi que ce soit d’autre que de l’incompréhension. À ça, elle aurait très bien pu ajouter que son chien avait mangé l’autre partie de cette photo, là, que je vois dépasser de sous la pile de papiers qu’elle a ramassés à la va vite, et qui semble déchirée, écornée. Je suis à deux doigts de m’élancer pour l’attraper elle aussi et l’ajouter à ma collection de photos piquées, mais elle s’emporte et se confie, elle s’excuse et se désole et je reste muette, attentive. « Ouais, ça vaut mieux. » que je souffle, pas méchante, pas douce non plus. Je n’ai pas envie de la traumatiser à vie, néanmoins je n’ai pas non plus envie de l’entendre inventer encore d’autres histoires pour que je lui raconte les miennes, et de les noter à mes dépends en croyant que je suis trop nunuche pour voir clair dans son jeu. Si ça se trouve, elle n’est même pas rousse naturelle, et s’est teint de la même couleur que moi pour compléter son portrait de groupie attitrée. Ça me désole, et j’imagine qu’elle aurait bien d’autres trucs à faire de sa vie que de tenter de mieux connaître la mienne, mais ce serait trop m’attendrir à son sujet. Sourcil haussé, pas encore tout à fait satisfaite des explications entendues, mais pas du tout l’envie d’en entendre d’autres, je finis par tirer un trait sur notre conversation. Elle a eu peur, ça va, c’est ok. Elle ne m’attendra plus à la sortie du bureau, elle ne me traquera pas dans les ruelles de Brisbane, elle ne sera pas terrée dans un coin sombre de mon appartement en plein milieu de la nuit. « La prochaine fois, trouve une excuse un peu plus réaliste quand même. »   que mon dos lui renverra maintenant que j’ai repris pour une seconde fois le chemin de la sortie. Qu’elle y comprenne la nuance - je n’en voulais pas, de prochaine fois.
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