Ce baiser. Je ne pensais pas qu’il allait autant me donner de frissons, qu’il allait me transporter autant. Bon ok, il est vrai que lorsque je m’attarde depuis un petit moment sur une femme, je ressens ce genre d’émotion quand j’arrive à l’embrasser. Ca ne manquait pas à la règle avec Delilah, mais j’avais l’impression que cela faisait bien longtemps que cela ne m’était pas arrivé. Dans un premier temps, je ne fus pas surpris que la blonde ne me réponde pas vraiment à ce baisé, mais ce qu’elle me faisait part après s’être reculée me surpris. En effet, elle ne me remballait pas du tout, elle me faisait juste savoir qu’elle ne voulait pas qu’on fasse ça ici. Je n’avais pas vraiment réfléchi à vrai dire, je m’étais juste laissé emporter par l’émotion. Oui ce n’était pas le meilleur endroit, je nous avais affichés clairement. Mais c’est bien quelque chose qui ne m’a jamais touché, auquel je ne prête pas du tout attention. Je pouvais tout de même comprendre, je me sentais donc gêné quand je la vis ainsi, vouloir bien plus de discrétion. Heu oui pas de soucis, on peut aller chez moi si tu veux. C’était sorti comme un extra-terrestre et je me sentais con juste après. Mais c’était dit et j’allais devoir attendre sa réponse pour savoir si vraiment elle allait accepter. Et si elle me disait non, je risquais encore plus de me sentir con et je ne pourrais plus jamais la regarder dans les yeux. La regarder tout court. Mais encore une fois, elle me surprenait à accepter. Moi qui était si peu sûr de mes chances, c’est comme si je n’aurais jamais du avoir un seul doute. C’était étrange comme situation, mais tout à fait plaisant. Enfin la chance se montrait. Mais je n’allais pas non plus crier victoire trop vite. Ce soir 20h ça te va ? Lui proposais-je alors, parce que les gars m’appelaient déjà et l’après-midi n’était pas encore terminée. Le devoir nous appelle. Le soir venu, je ne tardais pas à rentrer pour une fois, et les gars devinaient très bien que c’était soit pour ma fille, soit pour une nouvelle femme. Je rentrais un peu plus tôt justement pour faire la cuisine. Mais comme à mon habitude, je n’étais pas fichu de faire quelque chose d’original et de bon. Autant commander une pizza, je verrais bien quand elle arrivera.

Un léger stress me gagnait. Oui, j’étais anxieux parce que je voulais vraiment que ça se passe bien entre Delilah et moi ce soir. J’ai l’impression que je n’avais pas eu de rendez-vous galant depuis des années. J’ai revu Amelia il y a peu, mais c’était loin d’être un vrai rendez-vous comme celui qu’on allait passer ce soir. Cela avait été du hasard, du moins, presque. Et j’aurais bien voulu éviter d’en arriver aussi loin avec elle, de nouveau. Parce qu’elle ne m’a plus donné de nouvelles après cette nuit passée ensemble. Moi non plus d’ailleurs. Et ce n’était pas plus mal. J’avais tellement eu peur de retomber amoureux d’elle, que finalement, ça n’a pas été le cas, pour mon plus grand bien. Donc, tout ça pour dire, que mon dernier vrai rendez-vous de ce genre remonte à des années. Le pire ? C’est que c’était avec ma cousine. Brr, j’en ai encore froid dans le dos. Même si bon, par moment je ressens une gêne et un petit pique dans le cœur quand je la vois. Même si ces derniers temps, on ne se voit plus autant. Mais ce n’est pas pour autant qu’on est loin du cœur. Enfin, j’imagine. C’est vrai que la distance s’était pas mal faite depuis qu’on avait appris qu’on avait le même sang et on ne s’est plus jamais vu sans son frère. Peu importe à quand remontait mon dernier rendez-vous, tout ce qui compte ce soir, c’est que j’en ai enfin un avec une sacrée belle femme qui me plaît depuis plus d’un an. Je n’en reviens toujours pas que la concrétisation se fasse enfin. Ou tout du moins, essaie de se faire. Je venais de finir mon petit plat assez basique quand elle se mit à sonner. Je m’essuyais rapidement les mains que je venais de laver et filais lui ouvrir. Sourire aux lèvres, comme rarement, je l’accueillais Bonsoir. Tu es ravissante. A vrai dire, je ne pense pas qu’elle ait vraiment fait un grand effort sur la tenue, tout comme moi avec ma simple chemise avec mon jean, mais je ne sais pas, je suis tellement heureux de la voir à ce rendez-vous, avec même une bouteille de vin que j’étais prêt à boire en mangeant avec elle, que je la trouvais radieuse. Ou alors c’était juste moi qui était radieux de bonheur. Je me décalais alors sur le côté en la laissant rentrer. Oui, elle connaissant déjà mon petit appartement, pas des plus classes et originaux mais au moins je m’y sentais à l’aise. Particulièrement avec Delilah. Je te préviens, je nous ai rien préparé de grandiose, seulement des pâtes à la bolognaise. Sauce faite maison, oui, j’ai fait un effort, et non, interdiction de se moquer si c’est raté ! La prévenais-je alors avec un sourire en coin, pour bien prouver que je déconnais.

Ce n’était rien de sensationnel, mais je voulais tout de même faire bonne impression. En même temps, j’avais déjà réussi à l’inviter au restaurant. Cela avait été déjà bien, mais pas suffisant pour moi, parce que au final, on s’était quitté comme des collègues qui avaient envie de bien plus apprendre à se connaître. Au final, la distance était toujours là quelque peu. Peut-être ressentait-elle déjà l’attirance que j’avais pour elle. Je ne sais pas. En tout cas, là, elle devait bien savoir qu’elle ne me laissait pas indifférent. Je l’avais embrassé après tout. Et là ce soir, j’espérais continuer ce baisé. Peu importe où il nous menait, je voulais encore toucher ses lèvres et sentir son odeur. Mais pour l’heure, je voulais tout de même la mettre à l’aise et ne pas l’avoir invité juste pour satisfaire des besoins naturels. Non, je n’ai jamais aimé ce genre de relation de toute façon. Je lui annonçais alors que le plat que je nous avais préparé n’était pas grandiose, mais ça semblait lui convenir, c’était tant mieux. La bouteille de vin irait parfaitement bien avec, et moi je ne risque pas de pouvoir me contrôler. Je refermais derrière elle et lui disais Ca a été ta fin de journée ? Lui demandais-je alors que j’étais reparti pour nous mettre la table. Fais comme chez toi, te gêne pas. Lui disais-je alors. Qu’elle ait envie de se servir à boire, qu’elle ait envie de se laver les mains, d’aller aux toilettes, je voulais vraiment qu’elle se sente à l’aise chez moi. Ca jouera peut-être sur la façon dont se terminera cette soirée, même si ça parait plutôt évident. Après tout, on s’était donné rendez-vous pour finir ce baisé que j’avais commencé plus tôt dans la journée. Mais est-ce que je trouverais assez de courage pour le recommencer, ça c’est une autre histoire.

D’un côté, oui, je préférais agir comme cela. Le fait qu’elle m’ait repoussé à la fin de notre descente du jour était une bonne chose. Ca nous évite de trop nous précipiter, de faire ça trop rapidement, et surtout devant bien trop de témoin, je dois bien l’avouer. Ici, on sera bien plus tranquille. Si toutefois bien sûr, on se jetait à l’eau pour tenter de nouveau ce petit baisé qu’on avait échangé. Certes, si elle ne l’avait pas apprécié ou si elle ne l’avait pas voulu. Elle ne serait pas là ce soir. Alors oui, je devais me lancer, me jeter à l’eau. Après tout, je l’avais bien fait quelques heures plus tôt, pourquoi ne serais-je pas capable de refaire la même chose là ce soir ? Faut dire que l’adrénaline est bien loin d’être différente. J’étais tellement ravi qu’on ait pu s’en sortir indemne après notre escapade un peu dangereuse, que le baisé était venu naturellement et que je n’avais réfléchi à rien. Maintenant qu’on était dans notre rendez-vous bien plus officiel, c’était bien plus gênant. Peut-être qu’après le dîner, tout en buvant un peu de vin rouge, je me sentirais pousser des ailes bien plus facilement et je pourrais continuer ce que j’avais rêvé de continuer depuis notre descente. Je sentais encore la sensation de ses lèvres sur les miennes et je voulais encore les goûter. Je me sentais un peu rougir quand elle me parlait du reste de sa journée ordinaire mais pas tant que ça. Je voulais développer ça encore avec elle, mais pour l’instant, il y avait d’autres priorité Tu peux t’asseoir, c’est déjà prêt. Du vin rouge en guise d’accompagnement ça te va ? Pitié, faites qu’elle dise oui, parce que si je ne buvais pas un peu, jamais je n’aurais le courage d’oser faire un pas vers elle. Oui, c’est moi qui fais pitié je sais, surtout que je suis contre l’alcool. Mais si ça peut aider, un petit peu, de temps en temps, pourquoi pas ?

Franchement, j’avais hésité pour le repas. Est-ce que je me prenais la tête comme pour un vrai rendez-vous galant ou est-ce que je me la jouais totalement cool et tranquille, le bon vieux pote qui allait simplement commander la pizza ? Finalement, les deux étaient bien trop extrêmes pour que j’en choisisse un. Alors oui, j’avais opté pour un plat entre les deux. Un plat simple mais fait maison. Pas besoin non plus de trop me prendre la tête, c’était parfait. Ca aurait été avec Amelia, oui, je me serais bien trop pris la tête, mais ça, c’est à cause de notre passé ensemble. Et je comptais bien oublier tout ça en compagnie de Delilah ce soir. Je fus alors surpris de constater qu’elle n’était pas venue les mains vides, et ça me faisait plaisir, au moins ça se sentait encore plus qu’elle ne se sentait pas forcée de venir. Ah ! Merci ! Lui avais-je répondu tout en lui prenant la bouteille qu’elle me tendait. Je me suis mis à rire légèrement quand elle me demandait si j’avais de quoi ouvrir Oui en effet. Parce que même si je ne bois pas d’alcool, j’aime avoir un petit verre de vin pour accompagner mon repas parfois. Là, ce soir, ça risquait d’être bien plus qu’un simple verre. Oui, je sentais que j’en avais besoin, j’en ai envie aussi, mais je n’allais pas non plus finir la bouteille à moi tout seul, mais à tous les deux, pourquoi pas. Je nous ouvrais donc la bouteille et nous versais deux bons verres pour commencer. J’allais chercher le plat de pâtes et le plaçais entre nous deux. Vas-y, sers-toi. Lui disais-je alors, me rendant compte que j’aurais tout de même pu la servir. Mais ce sont bien des choses avec lesquelles je ne suis pas très à l’aise, la galanterie. J’essaie, et j’y arrive parfois, mais faut dire que lors de mes rendez-vous, je ne suis jamais assez à l’aise pour réfléchir correctement et ne pas faire de gourdes.

C’était une soirée sans prétention. Tellement que vu de l’extérieur, on aurait simplement dit deux bons vieux amis qui dine ensemble. Peut-être qu’au fond, ce n’était que ce qu’il nous attendait. Mais cette me plaît vraiment, depuis le premier jour, alors si on restait amis sans que je n’ai eu l’occasion de tenter une histoire un peu plus compliqué avec elle, je m’en voudrais. Alors bien sûr, je stresse face à cette idée, face à l’idée que oui en effet, je devais me lancer pour tenter quelque chose avec elle. Après tout, 10% du travail était fait, vu qu’on avait échangé un premier baisé, qu’elle m’avait proposé en quelque sorte de faire ça ailleurs, et que maintenant elle était chez moi. Bon d’accord, c’est davantage proche du 50% à vrai dire. Mais la suite des événements est tellement compliqué pour moi que forcément, le taux de pourcentage est bien plus élevé. Mais pour l’instant, autant me concentrer sur ce dîner, qui, je l’espère, n’était pas raté. J’avais misé sur une recette que j’ai l’habitude de faire donc ça devrait aller normalement. En espérant qu’elle aime, voilà tout. Mais il y avait sa bonne bouteille de vin pour faire passer le tout. On commençait alors à manger tranquillement avant qu’on ne se mette à parler de tout et de rien, et surtout qu’on se mette à boire sans vraiment s’en rendre compte. Ca commençait peu à peu à monter et je dois bien avouer que ça me faisait du bien, ça me rendait la confiance que j’avais tendance à perdre facilement face à une femme de cet envergure. Peut-être que c’est pour cela aussi que les femmes ne s’attardent pas plus longtemps avec moi. Même si c’est clairement mon manque de paroles qui les dérangent. Peut-être aussi que je ne m’exprime pas assez sur mes sentiments. Ca c’est bien quelque chose dont j’ai horreur. Alors, c’était bon ? Demandais-je à Delilah quand elle eut fini son assiette. J’avais essayé de manger doucement cette fois-ci, vraiment, mais j’avais quand même terminé avant elle, et mon gosier avait eu particulièrement soif. Je n’ai pas grand-chose à te proposer, mais si tu veux un yahourt, il y en a plein !

Heureusement pour moi, Delilah avait terminé son assiette et avait apprécié le repas. Je me serais senti con dans le cas contraire. Bien sûr, comme elle le disait si bien, rien à voir avec un restaurant, ça se saurait sinon, je serais devenu cuisto plutôt que de cuisiner de pauvre dealer et camé incapable de tenir sur leurs deux jambes. C’est ce qui compte. Répondais-je simplement à Delilah quand elle me confirmait qu’elle s’était régalée, malgré mon manque de talent et manque d’originalité. En même temps, à la base, je ne lui avais pas vraiment proposé de venir pour manger ensemble, non, et c’était assez stressant à l’idée de devoir en parler, ce sont des choses qui m’ont paru toujours gênantes à en parler. J’ai toujours préféré la subtilité et les actions face aux paroles. Mais là, est-ce que j’allais vraiment pouvoir trouvé l’occasion de saisir ma chance et l’opportunité qu’elle m’avait donné en venant jusque chez moi, sans que ça ne paraisse bizarre ? Je lui proposais tout de même et apparemment bêtement un yaourt. Ok, encore moins d’originalité, mais je ne voulais pas tout de même paraître radin ou la laisser affamée si elle en voulait davantage. Je m’étais quand même mis à rire avec la jeune femme, me sentant tout de même mal à l’aise, mais valait mieux pas que je me laisse aller. Il fallait que je trouve une idée et vite. J’ai peut-être de quoi faire un dessert dans mes placards ... Je ne garantis pas que la date de péremption ne soit pas atteinte par contre. Je riais de nouveau, parce que oui, dans les placards, j’ai tendance à ne pas faire très attention. Déjà dans le frigo, oui, c’est déjà pas mal. Après tout, oui pourquoi pas faire un dessert ensemble, ça pourrait rapprocher, oui je l’espérais vivement. Parce que sinon, je risque de coincer encore longtemps, et tout ce que je veux, c’est ne pas paraître stupide, ni même perdre ma chance avec Delilah.

L’alcool montait peu à peu au cerveau et je sentais que ce dernier commençait à s’inhiber fortement. Encore heureux que la bouteille de vin était terminée. J’aurais été capable de boire un dernier verre, parce que non, je n’étais pas totalement détendu, je ne savais pas quoi faire. J’avais proposé de faire quelque chose, quelque chose à deux qui aurait pu nous rapprocher, quelque chose qui aurait pu nous détendre et essayer de retrouver cette complicité qu’on avait eu l’après-midi même. Mais elle n’en avait pas envie, ou du moins elle n’avait plus vraiment faim. Etait-ce vrai ou simplement qu’elle en avait marre de ma présence ? Franchement, si je ne comprenais pas en général les réactions des femmes, celles de Delilah ont toujours été un grand mystère pour moi. Je ne comprends d’ailleurs même pas comment j’avais réussi à l’embrasser sans qu’elle me repousse. Et comment j’avais fait pour qu’elle vienne jusqu’à chez moi ce soir pour manger ensemble. Je me trompe peut-être vu ses réactions, mais elle devait avoir un minimum envie de se tenir en ma compagnie, c’est déjà pas mal. Mais il m’en faut peu pour me décourager, surtout à ce stade-là de ma vie. Il fallait que j’improvise et vite avant qu’elle ne se lasse pour de bon de ma médiocrité dans ce repas et qu’elle s’en aille. Pour l’instant, le temps que je réfléchisse c’était certainement de débarrasser la table. Je me levais et ma tête se mit à tourner, mais vraiment, tellement que je dus m’appuyer sur la table pour ne pas tomber Ouah, je crois que j’ai un peu abusé du vin. Je me suis mis à rire bêtement … Vraiment ? Je venais de faire ça ? C’était bien une première. La seule personne en dehors de ma famille qui m’avait entendu rire comme ça n’était autre que Selina, et peut être Maxyn, oui, certainement. Mais depuis, non. Je ne me laissais tout de même pas aller, je respirais un bon coup et je commençais à débarrasser, même si je sentais qu’un accident risquerait de vite arriver. Et ça ne manqua pas. En voulant déposer les assiettes et les verres dans l’évier, l’un de ces derniers a glissé et en voulant le récupérer, un bout de verre m’entailla la main. Je regardais alors ma main, stupidement, comme si c’était un spectacle, parce que non, je ne ressentais rien, rien du tout.