Lucia&Evelyn #2 ► Moved out to a brand new life

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Lucia Whitemore & @Evelyn Pearson Lucia&Evelyn #2 ► Moved out to a brand new life 873483867

Pendant mes premiers jours à l’agence je me suis battue contre ma maladresse et ma timidité naturelle. Je n’en revenais pas quand Evelyn m’a rappelée, la veille du réveillon de noël pour me dire qu’elle serait ravie de travailler avec moi. Bien sûr j’avais eu l’impression de faire une bonne impression à son ancien assistant au téléphone, même si sa flegme anglais m’avait empêchée de réellement savoir ce qu’il pensait de moi. Il m’avait dispensé quelques précieux conseils, que ce soit pour l’entretien d’embauche ou pour la suite, me laissant penser que j’avais toutes mes chances. En bonne élève j’avais pris des notes, un peu trop de note. Beaucoup trop de notes, si bien qu’arrivée en face de la brune le lundi matin j’avais rougi en baissant les yeux vers mon carnet gribouillé jusque dans les marges. Mais si j’en crois Neal, nous avions Evelyn et moi un premier point commun : le besoin de tout noter : si je ne me baladais plus avec mon petit carnet rose poudré depuis la fin de mes études j’avais été ravie de pouvoir recommencer à mâcher l’arrière de mes stylos. Attachées à ce genre de détail je m’étais même rendue dans une petite papeterie, et avais passé des dizaines de minutes à choisir le carnet qui symboliserait le début de ma nouvelle vie. Je ne voulais pas de spirales, pas de petits carreaux, des simples lignes, et rien de trop tape à l’œil. Mon choix s’était finalement porté sur un carné vert d’eau orné de croissants de lune doré, discret mais plutôt mignon.

La veille de mon premier jour j’avais passé plusieurs heures à choisir quoi mettre dans mon petit sac en cuir, sous l’œil désespéré d’Eirlys, ma plus si nouvelle colocataire. Elle avait trouvé le moyen de me dire que j’aurais pu prendre un cahier fait à partir de papier recyclé, et que le rouge à lèvre rose que j’avais glissé à l’intérieur portait le logo d’une marque qui avait fait polémique à cause de suspicion de tests sur animaux, je n’en avais eu que faire. Je ne m’étais couchée qu’après avoir rigoureusement sélectionné ma première tenue, à défaut de posséder les chics tailleurs qui devaient garnir le dressing d’Evelyn j’avais enfilé ma blouse rose poudrée fétiche et un pantalon noir en, réussissant à arracher à Eirlys que la tenue m’allait bien, même si Made in China.

Les premiers jours j’avais été ravie de constater que j’avais trouvé mes marques plus rapidement que prévu, jonglant avec l’emploi du temps méticuleusement trié – chaque couleur représentant un type de rendez-vous bien particulier, le tout en vingt-deux nuances différentes et répondant avec un peu plus d’assurance chaque fois au téléphone lorsqu’Evelyn s’absentait des bureaux. J’aimais déjà son contact, être entourée de femmes fortes comme ma mère ou Hannah m’a toujours donné la sensation de l’être un peu plus moi-même, et Evelyn avait de l’assurance pour nous deux. Chaque jour j’avais tenté de me caler sur son ton de voix, de gagner en assurance par mimétisme à défaut de pouvoir le faire si facilement en profondeur et si j’étais consciente d’être encore loin du but, ses sourires me montraient que j’étais sur la bonne voie.

Aujourd’hui, je vais rencontrer des clients pour la première fois. J’ai tenté d’empêcher mes mains de trembler en attachant mes cheveux ce matin, et je crois que j’ai fait bonne figure en arrivant dans les locaux de Pearson. Je tente toujours d’arriver quelques minutes avant Evelyn, et ce matin je les mets à profit pour relire les notes que j’ai prise sur les Sanders. Couple parfait mais tous les deux exigeants, ils se marient en septembre et après une mauvaise expérience avec une première wedding planner ils ont choisi d’arrêter les frais et de se tourner vers Evelyn. Neuf mois c’est apparemment court pour organiser un mariage comme celui qu’ils désirent, même si cela me semble assez conséquent à moi qui n’y connais rien, et la brune a accepté que ce mariage soit le premier dont je puisse observer et participer à l’organisation de A à Z. Dans la voiture, je ne peux empêcher ma nervosité de transparaître, et Evelyn s’en rend certainement compte puisqu’elle tourne la tête vers moi. « Je vous promets que je ne vous embarrasserai pas. » Elle ne me l’a pas demandé, n’a même pas émit cette crainte mais mon manque de confiance en moi me pousse à la rassurer à ce sujet. Je ne suis pas encore passée au tutoiement, je ne le ferai que lorsqu’elle m’y aura intimée et l’année ayant démarré sur les chapeaux de roue, nous n’avons eu que peu de vraie conversation depuis mon démarrage il y a cinq jour. Bientôt une semaine entière, et elle n’a pas encore changé d’avis, réalisé que je n’étais peut-être qu’une imposture pour embaucher un type avec cinq ans d’expérience et diplômé d’une université plus prestigieuse que la mienne. « Kate et Mike Sanders. Ils sont tous les deux journalistes, se connaissent depuis cinq ans, sont fiancés depuis juillet et veulent se marier la fin de l’hiver. » Je répète, autant pour moi que pour lui montrer qu’évidement, j’ai appris tout ce qu’il y avait à apprendre. « Elle vient d’une famille catholique, lui non, il veut un grand mariage, elle non. A nous de trouver le bon compromis. » Je ne peux m’empêcher de penser que c’est l’inverse, généralement. « Vous voulez que j’observe en silence ? » Je peine à croire que je serais capable de poser la moindre question pertinente de toute façon.

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Dernière édition par Evelyn Pearson le Dim 12 Jan 2020 - 16:51, édité 2 fois

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Evelyn Pearson & @Lucia Whitemore

Jouer les mères Noël de service avait quelque chose de très satisfaisant, ce n'était pas faux ; c'est exactement ce qu'Evelyn s'était joyeusement dit en soignant son timing – comme toujours – et en choisissant d'appeler Lucia à la veille du réveillon de Noël. Au-delà de l'impression d'avoir fait une dernière bonne action, remplaçant ainsi sa casquette de mère Noël par celle de Mère Thérèsa, et ce bien plus souvent qu'à son tour ces derniers temps, sans doute dans l'espoir vain que le Seigneur ne vienne lui chatouiller les pieds pendant son sommeil pour lui faire payer son rapprochement plus que significatif avec son représentant number one sur Terre, elle lui avait confirmé que c'était elle qu'elle avait choisi pour occuper le poste d'assistante qu'elle avait officiellement rendu vacant plusieurs semaines plus tôt. La vérité, c'était que l'entretien préliminaire qu'elle avait fait passer à la jeune femme n'était qu'une formalité – un peu hypocrite au demeurant puisque dans le fond, elle avait su dès qu'elles s'étaient quittées après leur première rencontre qu'elle mourrait d'envie de lui donner sa chance. Ça s'était confirmé lorsque Neal avait fait suite à l'appel téléphonique qu'il avait eu avec la jeune femme ; elle lui avait, à lui aussi, fait une assez forte impression pour qu'il se sente obligé, d'un ton solennel au travers duquel son charmant petit accent avait percé pour mieux faire frissonner la brunette, de faire savoir à son ancienne patronne qu'il lui donnait sa bénédiction. Alléluia. Pour faire bonne figure toutefois, et asseoir son autorité de patronne à proprement parlé, Evie avait rabattu les oreilles de Lucia sur l'idée qu'il ne s'agissait-là que d'un essai de longue durée pour le moment, la gratifiant de clin d'œil plein de sous-entendus. L'entrain qu'elle mettait à bien faire les choses, et en plus cette façon si adéquate qu'elle avait de tout noter dans ce petit carnet qu'elle transportait toujours avec elle, ça donnait vraiment le sentiment à Evelyn que Lucia était partie pour durer à ses côtés, et c'était tant mieux finalement. Elle ne payait peut-être pas de mine derrière ses grands yeux de biche – qui lui rappelaient d'ailleurs une autre de ses stagiaires, Maze, plus communément appelé Bambi justement à cause de ses grands yeux bruns –, il y avait chez elle un petit quelque chose qui faisait qu'elle avait à cœur de voir de quel bois elle se chauffait… et c'était la raison pour laquelle elle voulait l'avoir à ses côtés, un peu comme si elle avait soudain reçu une mission de la part d'un être supérieur qui l'empêchait de considérer son embauche à la légère. Était-ce ce qu'on ressentait quand on était touché par la grâce ? Comment le savoir ? Un memo mental, et elle se promit de demander à Owen si c'était ce qu'il avait ressenti quand il avait brusquement abandonné la blouse pour la soutane.
Et puis finalement, pas le temps de s'appesantir sur le sujet. La journée était sur le point de commencer. Sans surprise, Lucia était déjà à l'agence lorsqu'elle arriva à son tour – la ponctualité, la politesse des rois… un point pour la petite biche. Fraîche comme une rose, Evie avait le sourire prêt à être décoché toute la sainte journée, un exercice plus difficile qu'il n'y paraissait. Il s'agirait bientôt de draguer le prochain couple qu'elle aurait la chance d'ajouter à sa liste de clients, ce pourquoi Evelyn s'était préparée avec soin dès le levé du jour. La canicule ne faiblissant pas en Australie, elle ne s'était pourtant pas autorisé la décontraction, et c'est en jupe-crayon beige et chemisier ajouré blanc laiteux, lunettes de soleil vissées sur le nez et cheveux aussi soyeux que le crin du plus bel équidé de l'écurie, qu'elle se présenta à la jeune femme. Aussi vite, elle l'invita à rejoindre le VTC qu'elle avait commandée pour qu'elles puissent se rendre sur les lieux de leur rendez-vous.

Assise à l'arrière tout à côté de Lucia, Evelyn renifla sa nervosité comme on renifle l'effluve d'un rosier. Tournant la tête vers sa protégée, elle lui dit, un sourire à demi-esquissé sur son visage légèrement maquillé "Lucia, respirez." lui conseilla-t-elle, même si elle comprenait que, dans une certaine mesure, tandis qu'il s'agissait de sa première vraie rencontre avec un couple dont elles s'occuperaient, qu'elle puisse se sentir un peu nerveuse "Commençons par le commencement, dites-moi ce qu'il en est." Même si elle connaissait son dossier sur le bout des doigts et que, rompue à l'exercice depuis sept ans maintenant, elle savait mieux enquêter que quiconque sur les couples qui venaient à elle ; elle avait écumé les réseaux sociaux de Mike et Kate Sanders avant d'envisager leur contrat, et n'avait pas besoin que Lucia se répande à leur sujet. En fait, elle connaissait jusqu'au parfum de glace préféré de madame, pas avare de publication Instagram sitôt qu'elle en enfournait une, et même les heures de passage à la salle de sport de monsieur qui, sous ses airs de hipster barbu et engagé dans la cause journalistique qui le faisait vibrer, espérait perdre la petite brioche gagné l'an dernier pour rentrer dans son futur costume trois-pièces #NoPainNoGain.
Pourtant, elle l'encouragea, disséminant des hum hum à chaque nouveau détail prononcé par Lucia, et reconnaissant à la parlotte des vertus thérapeutiques qui lui permettraient de se détendre, même si ce n'était qu'un peu. Hochant la tête en signe d'appréciation, heureuse que la jeune femme ait fait ses devoirs, elle se permit un trait d'humour "On aime les mariages hivernaux, ça promet." C'était un véritable enfer en général mais on était Australie alors. Sous ses lunettes, Evelyn adressa un regard à Lucia qui continuait sur sa lancée "Un défi qu'il sera facile à relever. Les futurs époux changent toujours d'avis à un moment ou à un autre. Malgré ce qu'ils pensent, ce ne sont pas eux qui décident." C'était la future épouse. Et dire que ça prétend pouvoir diriger le monde mieux qu'une femme…
Elle releva ses lunettes sur le sommet de son crâne, opinant, négativement cette fois, du chef lorsque Lucia lui demanda si elle voulait qu'elle observe en silence "Absolument pas. Vous avez voix au chapitre, Lucia. Toutes les idées sont bonnes à prendre, et les vôtres auront le mérite ne pas encore être formatées par votre expérience, puisque vous êtes toute neuve dans le milieu – un instant, j'ai quelque chose pour toi." Une perche tendue vers le tutoiement, autant se débarrasser de ce genre de choses, trop formelles, maintenant. Evie se pencha pour ramasser son sac à ses pieds, retenant Lucia de sortir de la voiture en lui tendant un petit écrin tout en longueur, orné d'un petit nœud qu'elle avait confectionné elle-même, et qui contenait un stylo chromé de luxe gravé à son nom "Ça va de pair avec le carnet." lui fit-elle dans un chuchotis, et après un clin d'œil qui disparut aussi vite derrière les verres opaques de ses lunettes de soleil qu'elle fit descendre sur son nez d'un index à l'ongle verni en rouge foncé, elle se détourna. C'était un peu trop tôt comme cadeau d'embauche, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher, l'ajoutant à la liste des cadeaux de fin d'année qu'elle avait offert à ses neveux, quelques jours plus tôt. Sans s'attarder sur la réaction de la jeune femme, redoutant un peu le câlin inopiné, elle actionna la poignée de la porte arrière du véhicule pour s'en extirper avec toute l'élégance qui s'imposait.

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Lucia Whitemore & @Evelyn Pearson

Mon cœur bat la chamade mais j’essayer de ne pas le lui montrer. J’espère de donner l’image d’une jeune femme concentrée, uniquement concentrée, mais même moi je me doute que je ne suis pas particulièrement convaincante. Que je ne trompe personne, et que même le chauffeur de notre VTC pourrait devenir qu’il s’agit de mon premier vrai jour. Le premier où je suis confrontée à quelque chose de concret, au cœur du métier. Evelyn m’a expliqué que tout se jouait à la première rencontre, que c’est presque là que l’issue du mariage dépend de ça, l’événement bien sûr, pas l’union. Quoi que certains superstitieux restent persuadés que le jour de la célébration en lui-même influe sur la solidité du couple, au-delà des adages idiots de l’acabit de mariage pluvieux, mariage heureux. Alors oui, s’il ne déterminera pas si les Sanders resteront ensemble jusqu’à ce que la mort les sépare, ce jour est important, pour moi peut-être plus que pour eux. J’ai envie de faire une bonne impression à ma nouvelle patronne, mais je ne veux pas non plus prendre le risque de dire quelque chose d’idiot. Quoi qu’il en soit effectivement je ne mens à personne avec mon faux air confiant : la brune me conseille de respirer, palpant certainement ma nervosité. Comme un exercice de relaxation – je suis presque sûre que pour elle il s’agit de ça – elle m’invite ensuite à lui rappeler les éléments principaux du dossier. Evidement qu’elle les connais par cœur. Je l’ai surprise ces derniers jours à faire des recherches poussées sur chacun des époux, et j’ai tenté de l’imiter, sans le même talent cependant : il faut se rendre à l’évidence, j’ai encore du chemin à faire avant de devenir digne d’un agent des renseignements. Je maîtrise instagram à la perfection, parfait stéréotype de ma génération sur ce point, mais pour ce qui est du reste, ce n’est pas la même histoire.

Si j’en crois son hochement de tête satisfait et son silence, je ne me débrouille pas trop mal. Je ne lui apprends rien mais ne raconte pas d’énormité, c’est déjà ça. Mais quelle idée de se lancer là-dedans, j’avais seize ans la dernière fois que j’ai accompagné mes parents à un mariage. « On aime les mariages hivernaux, ça promet. » et cela doit changer les habitudes d’Evelyn qui revient du vieux continent, là-bas il s’agit certainement d’une aberration, de se marier en hiver. Le climat clément doit faciliter son activité, où en tout cas il est certain qu’elle doit moins souffrir de la saisonnalité, même si peu d’australien auraient l’idée de célébrer leur union en décembre ou janvier. La chaleur est étouffante, c’est indéniable, et sans l’air climatisé de la berline, nous serions certainement tous les deux en nage. Surtout Evelyn. Je me sens affreusement banale à côté d’elle, même en ayant passé la plus délicate de mes blouses, même en ayant enfilé un pantalon noir pincé. J’ai l’air fade quand elle sourit, et gauche lorsque j’évolue à ses côtés. « Vos week-ends doivent être plus tranquille en cette période non ? » Je n’ai pas encore fait une semaine complète, et ne sait pas si elle a beaucoup de clients sur le point de vivre leur grand jour en ce moment ou si, comme pour Kate et Mike Sanders, elle travaille principalement en vue des saisons les plus douces. « Un défi qu'il sera facile à relever. Les futurs époux changent toujours d'avis à un moment ou à un autre. Malgré ce qu'ils pensent, ce ne sont pas eux qui décident. » Je lui adresse un sourire. Elle doit souvent avoir à faire à des futures mariées qui possèdes plus son caractère que le mien dans ce cas, puisque je suis du genre à dire oui à tout par amour. A accepter ce que l’on me donne, à m’en contenter. Comme l’on dit souvent que c’est souvent l’avis de la femme qui compte lors d’une recherche immobilière : lors de notre emménagement à Sydney je n’ai eu que peu voix au chapitre, je ne m’en suis pas formalisée à l’époque, bien trop heureuse que Lawrence veuille vivre avec quelqu’un comme moi qui, à mes yeux, n’avais pas de quoi lui plaire. « Absolument pas. Vous avez voix au chapitre, Lucia. Toutes les idées sont bonnes à prendre, et les vôtres auront le mérite ne pas encore être formatées par votre expérience, puisque vous êtes toute neuve dans le milieu – un instant, j'ai quelque chose pour toi. » Je hoche la tête lorsqu’elle me dit que j’ai voix au chapitre, sans trop savoir si je suis contente, excitée, ou paralysée par l’appréhension. « Ça va de pair avec le carnet. » Entre ça et la main qu’elle pose sur mon bras pour me retenir, son invitation au tutoiement et le petit écrin qu’elle sort de son sac, je reste muette quelques secondes, submergée par un flot de sentiments contradictoires.

La panique d’abord, parce que je ne sais pas si je vais réussir à l’impression face au couple, si je serais assez pertinente pour que mes interventions le soient elles aussi, pour qu’elles rendent Evelyn fière. Et j’ai envie de la rendre fière. Pas uniquement parce qu’elle m’impressionne, mais bien parce qu’elle m’a donné ma chance.

La surprise lorsqu’elle abandonne le vouvoiement. Lorsqu’elle sort le petit écran au nœud délicat de son sac à main, lorsqu’elle le tend dans ma direction après m’avoir stoppée alors que je j’étais sur le point de tendre la main vers la poignée pour quitter le véhicule.

La reconnaissance, la gratitude que j’ai plus de mal à dissimuler, à gérer aussi, en grande émotive que je suis lorsque je comprends que le petit écrin est pour moi, que pour marquer le coup elle m’a offert un présent. Un présent hors de prix, je suis trop sensible à ces choses-là pour ne pas m’en rendre compte lorsque j’ouvre la boite en velours et y découvre le stylo bleu nuit gravé de mon nom complet. Je relève vers elle de grands yeux ronds qu’elle a déjà quitté le véhicule et je m’empresse de la suivre, certainement un peu trop rapidement, certainement un peu trop gauche. « Merci beaucoup, sincèrement. » Que je lui lance au-dessus de la voiture avant d’en faire le tour pour la rejoindre sur le trottoir en face de la maison des Sanders. « Je n’ai rien pour vous…pour toi. Je me sens idiote maintenant. » Je n’aurais pas eu les moyens de lui offrir un cadeau d’une telle valeur, ni quelque chose d’aussi joli dans les finitions, mais je me promets d’apprendre à connaître un peu mieux ses goûts pour faire mouche en restant dans mon budget. Mes yeux se posent sur la jolie maison typiquement australienne. Elle ressemble à la mienne, à celle de mes parents, voilà ce que je ne peux m’empêcher de penser. « Vous organisez toujours la première rencontre chez les futurs mariés ? » Que je lui demande, pressant le pas pour rattraper la brune et me maintenir à son niveau alors qu’elle emprunte l’allée principale. Je noterai la réponse à cette question ce soir après mon service, c’est certain. « Ils sont prévenus de ma présence ? » Plus vraisemblablement, la brune n’est pas du genre à laisser quoi que ce soit au hasard, ça je l’ai déjà compris.

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Evelyn Pearson & @Lucia Whitemore

"Pas vraiment, il faut anticiper la pleine saison qui débute sitôt l'hiver terminé. Le printemps reste la période la plus propice pour se marier, même en Australie." Sa préférence à elle allait à l'automne – qu'importe l'endroit où elle se trouvait, elle restait sa saison favorite. Mais la question n'était pas là, et tandis qu'elle gratifiait Lucia du cadeau qu'elle lui avait apporté comme un gage détourné d'encouragements et de félicitations, elle préféra ne pas observer les réactions de la jeune femme de trop près, et lui faussa compagnie sans demander son reste. Loin d'être insensible, Evie partait pourtant sacrément amputée en ce qui concernait les émotions. Elle avait appris à gérer les siennes, un travail de quinze ans qu'un retour en Australie avait bien failli ruiner sitôt qu'elle avait rencontré le regard débordant de jugements de ses sœurs aînées, championnes toutes catégories pour la déstabiliser. En ce qui concernait celles des autres, c'était toujours à double-tranchant. Si elle réussissait à faire avec dans son travail, se confrontant de bonnes grâces aux pleurnicheries et crises de nerfs des mariés et de leur famille respective, elle devait admettre que dans sa vie privée, traiter avec tout ça la mettait dans un embarras tel qu'elle avait longtemps cru que quelque chose n'allait pas chez elle. Et c'était assurément le cas. Mais n'était-elle pas trop âgée désormais pour chercher à réparer cette faille dans son système si bien huilé ?
Voilà pourquoi elle se hâta de quitter la voiture, ne tenant pas à ce que Lucia se répande en remerciements, ou qu'elle se sente obligé de la prendre dans ses bras en pensant que ça lui ferait plaisir. Ça n'aurait pas été le cas. Evelyn aurait juste eu l'impression d'assister à un spectacle tellement gênant qu'elle aurait immédiatement ressenti le besoin de détourner la tête pour ne pas couver l'impression d'être contaminée par cette pathologie qu'on appelait la sensibilité.

Dégainant son petit doigt pour replacer une mèche de cheveux qu'elle cala derrière son oreille ornée de petites pierres, elle amorça un pas pour traverser la rue jusqu'à la maison des Sanders ; quand Lucia descendit enfin du véhicule et qu'elle la rejoignit avec, en bandoulière, son cœur gonflé de reconnaissance. Heureusement qu'Evie portait des lunettes, ça lui permettait de dissimuler le voile de gêne qui brouilla son regard chocolat lorsque son assistante démontra un regret de ne pas pouvoir lui rendre la pareille… ce à quoi elle répondit derechef, se tournant dans sa direction en même temps, et toupillant sur ses talons hauts dans une pure démonstration d'élégance à peine surjouée – le tout made in Pearson "Aucune raison, pourtant. On m'a appris que si l'on fait un cadeau en espérant en recevoir un en retour, le geste perd de sa valeur, et l'intention s'annule." Elle avait peut-être la réputation d'être mal élevée, Celie avait tout de même réussi à lui inculquer quelques petites choses qui faisaient partie de son mode de fonctionnement et lui donnaient définitivement des allures de fille de bonne famille ; ce qu'elle s'était défendue d'être toute sa vie au demeurant "Je sais que tu en feras bon usage, et j'ai déjà tout ce qu'il me faut en matière de stylos. Garde ton argent, Lucia."
Un sourire plus tard, puis elle se tourna pour couver la maison des Sanders du regard, non sans laisser échapper un soupir qui accompagna le retrait de ses lunettes de soleil dont elle glissa l'une des branches entre le col de son chemisier et la naissance de son décolleté "Non, je préfère généralement être en terrain neutre. Les bars d'hôtels, les restaurants…" Ainsi, tout le monde était sur un pied d'égalité, jouissant des commodités de rigueur dans ces endroits, et pas du confort relatif à un terrain conquis d'avance, histoire que personne ne prenne le dessus sur l'autre. Elle y tenait beaucoup, mais il fallait parfois sortir de sa zone de confort. C'était clairement le cas ici, elle s'obstina à ne pas démontrer plus de contrariété cependant. Elle avait déjà la nervosité sous-jacente de Lucia à gérer, aussi laissa-t-elle la sienne de côté pour emprunter cette mine imperturbable qu'elle avait masterisé avec le temps "Mais les Sanders ont insisté pour que le leur se passe chez eux. J'ignore pourquoi. En revanche, ce que je n'ignore pas, c'est que si on ne s'active pas un peu, ils risquent d'attendre, et je déteste ne pas arriver en avance. Tu n'as rien oublié, tu es prête ?" demanda-t-elle à la jeune femme, s'enquérant en même temps de sa silhouette qu'elle trouva parfaite. Un petit signe de la tête pour lui donner son assentiment silencieux, et d'un mouvement de la main, elle l'invita à la suivre.
Elles traversèrent dans un clapotis de talons hauts qui représentaient la partition de prédilection d'Evie qui, après un instant à prendre connaissance des lieux, fût interpellée par la question de Lucia. Elle lui accorda un regard bienveillant "Même s'ils ne l'étaient pas, tu n'aurais pas à t'inquiéter de leur réaction. Lucia…" commença-t-elle et exceptionnellement, mettant ses craintes personnelles de côté, elle se risqua à poser une main réconfortante sur l'épaule de la jeune femme qu'elle regarda plus intensément, ne quittant pas le sourire encourageant dont elle s'arma pour mieux la tranquilliser sur le moment "Si tu as des questions, si tu as des doutes, c'est le moment idéal." Elle récupéra sa main pour jeter à œil au cadran de sa montre. Elle ajouta à son attention "Il te reste moins de dix minutes pour m'en faire part. Au-delà de ça, on sera officiellement en retard, et on veut à tout prix éviter ça." conclut-elle, mi-figue mi-raisin, attendant patiemment – mais pas trop tout de même - que Lucia s'épanche si elle en ressentait la nécessité.

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Lucia Whitemore & @Evelyn Pearson

« Pas vraiment, il faut anticiper la pleine saison qui débute sitôt l'hiver terminé. Le printemps reste la période la plus propice pour se marier, même en Australie. » J’intègre les différentes informations qu’elle me donne. L’automne sera vite là, et nous entrerons donc dans le vif du sujet, dans la frénésie des mariages tous les week-ends auxquels j’assisterai peut-être sans les avoir préparé, je ne sais pas exactement comment Evelyn souhaitera travailler. Peut-être dans un premier temps ne me fera-t-elle intervenir que sur les cérémonies sur lesquelles j’ai directement travaillé, me faisant monter en charge progressivement, ou peut-être me plongera-t-elle directement dans la fosse aux loups. Ne pas savoir me stresse et me noud le ventre, comme la nouveauté l’a toujours fait. Je suis à l’aise avec mes habitudes, et je me suis toujours contentée de ça, avant de me rendre compte que justement, je n’étais plus heureuse dans cette situation-là. J’apprends encore à jongler avec tout ça, l’inconnu, ne pas savoir où je mets les pieds. Le seul saut dans le vide que j’ai effectué jusqu’ici c’est ma décision de suivre Lawrence à Sydney, et on sait tous comment cela s’est terminé.

J’ai grandi dans une famille aimante, je n’ai jamais manqué de rien, mais malgré ça je n’ai jamais su réagir devant de telles marque d’attention. A travers ce geste Evelyn m’accord de l’importance, elle officialise presque le début de notre collaboration, elle qui est la première à vraiment me faire confiance. Evidement que je ne sais pas comment réagir à ça, que c’est trop pour que mon petit cœur ne fonde pas. « Aucune raison, pourtant. On m'a appris que si l'on fait un cadeau en espérant en recevoir un en retour, le geste perd de sa valeur, et l'intention s'annule. » Je ferme ma bouche restée légèrement entrouverte et sort le stylo de son écrin pour l’accrocher à mon carnet, avant de glisser la petite boite dans mon sac à main. J’ai beau être une fille simple je sais reconnaître les belles choses, et il s’agit là d’un cadeau qui a de la valeur. « Je sais que tu en feras bon usage, et j'ai déjà tout ce qu'il me faut en matière de stylos. Garde ton argent, Lucia. » Je hoche la tête, notant dans un coin de mon esprit de préparer à la brune l’une des pâtisseries dont j’ai le secret pour lui exprimer reconnaissance en respectant sa consigne : ne pas dépenser trop d’argent. Je ne suis pas une grande pâtissière mais je me débrouille plutôt bien, ma famille a toujours apprécié de gouter mes créations. Entourée de cérébrales il a bien fallu que je me trouve une place : j’ai toujours été la plus attentionnée. « Non, je préfère généralement être en terrain neutre. Les bars d'hôtels, les restaurants… » Encore une information que je griffonnerai méticuleusement en bas d’une page. « Pour que le rapport de force s’équilibre ? Je pensais que le client était roi. » Y a-t-il une autre raison possible ? « Mais les Sanders ont insisté pour que le leur se passe chez eux. J'ignore pourquoi. En revanche, ce que je n'ignore pas, c'est que si on ne s'active pas un peu, ils risquent d'attendre, et je déteste ne pas arriver en avance. Tu n'as rien oublié, tu es prête ? » Je rattrape la jeune femme pour marcher à son niveau, continuant malgré tout à cogiter, brande bavarde lorsqu’on m’en laisse l’occasion. « Peut-être sont-ils échaudés par leur précédente expérience, tu m’as dit que cela ne s’était pas bien passé avec la dernière planificatrice. » Le tutoiement vient, difficilement, cela manque encore de pratique et de naturel, mais il vient. « Tu as réussi à savoir pourquoi ? » Le mariage est un événement stressant, et j’imagine que certaines épouses doivent être particulièrement sur les nerfs. Mais j’ai du mal à imaginer quelqu’un de la trempe d’Evelyn ne pas être capable de gérer la situation, quel que soit l’état de la futur mariée. « Ils ont peut-être du coup juste besoin de se sentir en confiance, écoutés. » Je comprends ça, s’il y a bien un endroit où je me sens un peu plus moi-même, c’est entre les quatre murs de la maison familiale, même si cela a été moins vrai ces derniers temps. Je me tais finalement, laissant la brune répondre, et me rendant compte que je m’épanche en supposition : chassez le naturel il revient au galop. « Même s'ils ne l'étaient pas, tu n'aurais pas à t'inquiéter de leur réaction. Lucia… » Elle s’arrête finalement, et pose une maison sur mon épaule. Je suis du genre tactile, mais j’ai compris que ce n’était pas le genre de la brune, alors je comprends les efforts qu’elle fait certainement pour esquisser un geste comme celui-là. « Si tu as des questions, si tu as des doutes, c'est le moment idéal. Il te reste moins de dix minutes pour m'en faire part. Au-delà de ça, on sera officiellement en retard, et on veut à tout prix éviter ça. » Même si j’avais eu des questions je les aurais gardées pour moi : j’ai compris à quel point ma patronne tenait à arriver en avance, et je ne veux pas la mettre en porte à faux pour ce premier rendez-vous un peu inhabituel : je suppose que tous les futurs mariés ne partent pas avec l’apriori que les Sanders doivent avoir pour la profession, compte tenu de leur précédente expérience. « Non c’est bon, tu as raison, ne nous mettons pas en retard. » Je prends une inspiration et tente de lui renvoyer un sourire que j’imagine confiant. Rapidement nous atteignons la jolie porte blanche de la maison, à laquelle Evelyn sonne alors que je reste en retrait de deux pas, juste derrière.

C’est Kate Sanders qui nous accueille, sans grande surprise, et avec un grand sourire qui me laisse penser que je me suis peut-être trompée. Evelyn se présente, et quand viens mon tour je n’ai pas besoin de forcer le sourire bienveillant qui illumine mes traits doux. « Lucia Whitemore, bonjour, je travaille avec Melle Pearson. » Ma voix ne tremble pas, pas encore et me voilà galvanisée par ce constat alors que Kate nous invite à entrer et à la suite sur le patio, de l’autre côté de la maison. « Mike est là-bas, nous vous attendions, je vous sers quelque chose à boire ? Un thé glacé peut-être ou une limonade fraîche. » Je me permets quelques coups d’œil discret sur l’intérieur immaculé des Sanders, avant d’accepter un verre de limonade : bien élevée, ma mère m’a appris à ne jamais refuser le cadeau qu’un hôte nous offre, puisqu’il s’agit d’après ses dires souvent de sa façon d’être plus à l’aise avec ses invités. Arrivée au niveau du patio – qui a encore une piscine aussi grande ? – je salue le futur époux avant de prendre sagement place à côté d’Evelyn, croisant mes jambes de façon élégante, autant par mimétisme que grâce à ma bonne éducation. Je laisse Evelyn prendre le lead pour l’instant et ouvre mon carnet, prête à prendre note des exigences du couple autant que des réactions de ma nouvelle mentor.

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"Je vois que tu as gardé des bonnes notions de tes cours de management ; un autre point pour toi." laissa filer la jeune femme avec un sourire en biais, le regard posé sur le visage de Lucia. Elle n'avait pas tort, mais s'il y avait bien quelque chose qu'Evelyn avait appris à force d'expérience, c'était qu'attribuer le statut de monarques à ses clients pouvaient parfois s'avérer dangereux. Et pourtant, sans leur aval, l'organisation était stoppée nette ; pas de fanfaronnade en calèche, pas de salut princier au balcon et de feux d'artifice dans les jardins du château loué pour l'occasion. Il fallait se montrer habile pour ne pas froisser ses majestés, et ne pas outrepasser le statut de laquais qui venait avec la signature du contrat d'organisation. Et qu'importe si celui de duchesse convenait le mieux à l'élégance d'Evie, elle s'était faite à l'idée que si son histoire était contée un jour, son nom n'apparaitrait jamais autrement que sous une nomination moins reluisante et sincèrement, ça lui convenait mieux que bien. Elle en avait l'habitude finalement, d'être reléguée à une position gorgée d'ingratitude, la place qu'elle occupait au sein de sa propre famille n'ayant jamais été aussi royale que celle de ses sœurs. Mais elle en avait fait une force, choisissant un parcours professionnel qui lui permettait d'agir dans l'ombre, sans pour autant souffrir de la pression imposée par ceux pour qui elle travaillait. C'était une progression manifeste si on considérait que sa mère avait passé sa vie à lui rabattre les oreilles à propos des moindres efforts qu'elle abattait pour s'insérer dans le cahier des charges de leur famille qui, au fur et à mesure que le temps passait, avait davantage pris des allures d'entreprise à laquelle elle avait refusé de prendre part – parce que quitte à être mal traitée, elle préférait cent fois que ce soit par des inconnus, que par la femme qui l'avait mise au monde.
"Ils sont restés vague à ce sujet, mais ce n'est pas rare que des clients s'entretiennent avec plusieurs organisateurs à la fois sur une période donnée." répondit-elle à Lucia entre deux questions, l'enjoignant à la suivre en même temps. L'index dressé devant elle, comme un professeur s'apprêtant à apposer la conclusion à un chapitre particulièrement pointilleux, elle ajouta "J'ai appris que si le courant ne passe pas lors du premier entretien, ce n'est pas la peine d'insister. C'est comme tout, ça ne peut pas toujours fonctionner… il faut vite passer à autre chose, et se dire qu'on fera mieux la prochaine fois." C'est pourquoi faire bonne impression était primordial, et qu'elle s'inquiéta de leur pseudo-retard.

La tension qui émanait de Lucia était saine, aussi Evelyn lui proposa tout de même de s'en décharger au moins un peu avant qu'elles n'entrent dans le vif du sujet en rejoignant la maison de leurs clients du jour. Elle s'en voulut de se montrer un peu pressante lorsqu'elle lui indiqua que c'était bon, qu'elles pouvaient y aller, et se promit de prendre plus de temps quand elles auraient terminé pour s'enquérir du vrai ressenti de la jeune femme. C'était important de ne pas la laisser gérer ses difficultés toute seule, et même si elle ne ressentait jamais vraiment le besoin de s'épancher, ce n'était pas le cas de tout le monde. Oui, ce serait difficile de rester là à l'écouter, mais la collaboration demandait ce genre d'efforts, et parce qu'elle appréciait assez Lucia pour essayer, elle ferait de son mieux pour gommer la froideur subtile qui se dégageait de son cœur mal rafistolé. Cependant, pour la énième fois depuis qu'elle envisageait Lucia comme sa future assistante, elle se mit à regretter Neal et sa bonhomie. Lui, il était doué pour ce genre de choses et sans doute qu'à l'heure actuelle, il aurait été le plus à même d'apaiser la nervosité de la jeune femme, et qu'une blague douteuse se serait échappée de son esprit vif. Son accent aurait fini de rendre le tout plus savoureux... mais il se trouvait à des milliers de kilomètres du quartier dans lequel elles s'engouffrèrent en cadence, c'était inutile de se torture l'esprit à ce sujet.
"Hey, tête haute, Lucia. Ça va bien se passer, je te le promets." chuchota-t-elle à son intention, lui relevant la tête d'un très léger coup sur le menton avec la bosser de son index qu'elle avait doucement replié. En plus, elle lui donna un clin d'œil rapide que l'ouverture de la porte devant elles amputa à moitié pendant qu'un sourire lumineux – que d'autres auraient probablement jugé comme étant commercial, mais dont l'apparition de fossettes confirma qu'il était sincère –, étira les traits harmonieux de son visage "Kate, bonjour. Evie Pearson, nous avions rendez-vous pour l'organisation du mariage." Elle lui tendit la main, non sans croiser mentalement les doigts pour que la jeune femme ne soit pas du type-américain, et ne lui saute au cou pour la serrer dans ses bras. Heureusement ce ne fût pas le cas. Un regard de connivence avec Lucia, et cette dernière se présenta dans les grandes lignes – plutôt formellement, mais elle lui faisait confiance pour paraître moins guindée au fur et à mesure de ce premier rendez-vous. Ça viendrait, elle en était persuadée, le bénéfice du doute qu'elle lui accordait depuis leur toute première rencontre ne s'étant pas annulé depuis qu'elles avaient commencé à se côtoyer plus régulièrement. Elle avait soif de s'améliorer et de progresser, c'était quelque chose qu'Evie avait tout de suite senti lorsqu'elles avaient échangé, et qui lui laissait penser qu'elle était sur la bonne voie.
"Un thé glacé, je vous remercie. C'est de ce côté, je suppose ?" fit-elle en s'engouffrant dans la maison des Sanders, un sourire toujours accroché au visage pendant que Kate leur indiquait où se rendre "Votre maison est sublime. Rien d'étonnant vu le quartier dans laquelle elle se trouve." Faire la conversation était primordial dans ce genre de conjoncture. Une chance qu'Evelyn fût plutôt bonne dans cet exercice. S'assurant que Lucia était toujours derrière elle, elle eut une petite pointe d'attendrissement en la voyant admirer l'architecture de l'endroit, puis elle se laissa surprendre par le futur époux qui les attendaient à l'entrée du patio, et qui s'autorisa une accolade qui fit dire à la jeune femme "Oh, très bien, je vois. Bonjour." Elle fit un pas de côté pour vite échapper au jeune homme, échangeant un autre regard avec Lucia avant de s'installer à ses côtés. Elles eurent le même réflexe, sortant leur petit carnet pour assurer le compte-rendu de l'entretien tandis que Mike prit la parole, les yeux posés – légèrement exorbités remarqua-t-elle – sur une Evie qui pencha la tête sur le côté en plissant les yeux "Mon père était un grand fan du votre. Sans rire, j'en ai beaucoup entendu parler durant mon enfance. Son dernier match a été épique, je n'ai jamais réussi à m'en remettre." L'ombre qui passa dans le regard de la jeune femme fût trop rapide pour être notifiée. Dans une démonstration étonnante de self-control, elle se souvint que, faire preuve de sarcasme en lui rappelant que le dernier match duquel il parlait était celui qui lui avait coûté la vie et que par définition, lui non plus ne s'en était jamais remis, ne lui apporterait que des problèmes. A la place, elle lui sourit, évitant de poser son regard sur Lucia dont elle sentait toujours la nervosité, et lui répondit avec une douce diplomatie "Ça a été le cas de beaucoup de monde. J'ai peu de souvenirs, mais vos mots me touchent, Mike." Un mensonge éhonté, aussi bien à propos des souvenirs que de la portée des mots du jeune homme qu'elle avait, en vérité, tout juste envie de lui recracher à la figure.
Pour se donner bonne contenance, elle se tourna vers Lucia, et lui dit sur le ton de la confidence "Inutile de noter ça." Histoire d'alléger l'atmosphère, et d'accueillir le retour de Kate avec un sourire et un compliment mesuré "Il a l'air délicieux, merci." Le thé glacé, s'entend. Les chevilles croisées dans une posture élégante qui lui venait instinctivement désormais, Evelyn posa ses deux mains la page ouverte de son carnet, son stylo de prédilection calé entre deux de ses doigts. Elle s'obligea à regarder les deux futurs mariés, préférant cependant s'attarder sur le visage de Kate à qui elle demanda "C'est vous que j'ai eu au téléphone l'autre jour, mais vous m'en avez dit très peu finalement. Je pense que ce serait judicieux de commencer par le retour de vos expériences précédentes, histoire de ne pas réitérer les erreurs commises par ceux vers qui vous vous étiez tournés la première fois. Vous êtes prêts ?" demanda-t-elle, aussi bien au couple qu'à Lucia, vers qui elle tourna enfin la tête pour soutenir son regard un instant, dans une tentative commune de s'accorder tout le courage qu'elles méritaient face à ces deux futurs jeunes mariés. A cet instant précis, elle qui était pourtant en confiance lorsqu'elle était entrée, redouta la suite des événements.

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Lucia Whitemore & @Evelyn Pearson

« Je vois que tu as gardé des bonnes notions de tes cours de management ; un autre point pour toi. » A l’entendre me complimenter, je rougis jusqu’à bout des oreilles. Je ne suis pas, ou plus habituée à ce que l’on vienne me flatter, si bien qu’à chaque petite phrase de la sorte je me sens encensée au même titre que si elle s’était lancée dans un réquisitoire enflammée qui aurait vanté mes mérites. Plus j’admire la personne qui me félicite plus j’ai du mal à l’accueillir sans rougir et concernant Evelyn ma vénération n’a aucune limite : parce qu’en plus d’être classe et chic, d’avoir réussi et d’être indépendante, elle m’a donné ma chance. A partir de là je serais prête à me plier en quatre pour lui plaire et pour lui venir en aide si elle en avait un jour le besoin. « Merci, je compte bien les collectionner. » Je tente un trait d’esprit pour lui apparaître comme spirituelle, mais mon sourire est bien trop franc et mes yeux brillent trop de reconnaissante pour que je ne parvienne à masquer mes pensées. Tant pis. « Ils sont restés vague à ce sujet, mais ce n'est pas rare que des clients s'entretiennent avec plusieurs organisateurs à la fois sur une période donnée. » Je hoche la tête, tout de suite plus concentrée, prête à graver dans mon esprit la moindre information. « J'ai appris que si le courant ne passe pas lors du premier entretien, ce n'est pas la peine d'insister. C'est comme tout, ça ne peut pas toujours fonctionner… il faut vite passer à autre chose, et se dire qu'on fera mieux la prochaine fois. » Je réfléchis un instant alors que nous arrivons à la porte, et dans un sourire espiègle je lui demande « Ça ne doit pas t’arriver souvent à toi, ce genre de déconvenue. » Elle ne ressemble pas à femme qui collectionne les échecs. Son affaire est florissante et sa réputation n’est plus à faire : je sure persuadée qu’elle compte sur les doigts d’une main le nombre de couple ayant refusé de travailler avec elle. Je suis même certaine qu’ils se bousculent au portillon pour la chance d’une entrevue avec Miss Pearson. Si je devais me marier, je voudrais que ce soit elle qui s’occupe de l’organisation. Voilà ce que je pense alors qu’elle me devance à la porte d’entrée. Elle déborde d’assurance, de classe et de charisme. Moi à côté je fais pale figure, même si aujourd’hui je me suis levée aux aurores pour tenter de lui arriver à la cheville. Je suis assez satisfaite du résultat, avec ma jolie blouse bleue, mes cheveux ondulés au fer, mon trait de liner fin et mon teint naturellement blanc rehaussé de touches discrètes de poudre de soleil. Mais je suis certaine que, la concernant, même le dimanche au réveil elle a du style, quand il m’a fallu une heure et demie pour arriver ça ce résultat-là. « Hey, tête haute, Lucia. Ça va bien se passer, je te le promets. » Elle me tire de mes pensées d’un petit coup délicat sous le menton pour redresser ma tête, et automatiquement je me plante droit comme un i, menton relevé, et je lui adresse un sourire alors que la porte s’ouvre.

Kate Sanders aussi est une femme de goût et d’un certain rang. Le chic de sa tenue est écrasant, un peu trop à mon gout, et elle respire la confiance en elle et le flegme, autant de choses que j’ai bien du mal à appréhender. Je viens d’une famille aisée où l’argent n’a jamais mangé, mais contrairement aux deux jeunes femmes je n’ai pas vécu dans un opulent luxe. Evelyn se présente et nous pénétrons à l’intérieur, le temps pour moi de m’accorder sur le fait que la demeure aussi est sublime. Presque trop luxueuse pour une fille qui comme moi, a grandi dans une maison typique Australienne, sur la côte aussi mais dans un quartier bien moins luxueux. « Un thé glacé, je vous remercie. C'est de ce côté, je suppose ? » Je me met un coup de pied aux fesses pour accepter moi aussi un verre avec un grand sourire qui masque mon trouble, et je suis la brune à l’extérieur, sous le patio. « Votre maison est sublime. Rien d'étonnant vu le quartier dans laquelle elle se trouve. » Le regarde de la future mariée se pose sur moi, comme si elle attendait que je confirme. « Oui, c’est vraiment magnifique, et décoré avec gout qui plus est. » Elle a l’air satisfaite, et moi je m’enorgueillis déjà d’avoir fait l’illusion et trouvé les bons mots. Un coup d’œil à Evelyn me prouve que j’ai réussi le premier test de notre cliente, alors je laisse en silence retomber la pression. Le dénommé Mike lui, à l’air plus approchable, ou plus Australien en tout cas puisqu’après avoir étreint Evelyn il me serre à mon tour rapidement dans ses mains. Je suis à l’aise avec ce type de geste, je prendrais dans mes bras tous les inconnus de cette planète si j’estimais que c’était socialement acceptable, alors je lui rend son étreinte, avant de m’asseoir à côté de la brune. « Mon père était un grand fan du votre. Sans rire, j'en ai beaucoup entendu parler durant mon enfance. Son dernier match a été épique, je n'ai jamais réussi à m'en remettre. » Mon sang ne fait qu’un tour, et je ne peux m’empêcher de détailler Evelyn. A la place du jeune homme, je ne me serais pas invitée sur le terrain du personnel, et j’ai du mal à anticiper les réactions de ma patronne. Elle force encore une fois mon respect, si elle est troublée elle n’en montre rien. « Ça a été le cas de beaucoup de monde. J'ai peu de souvenirs, mais vos mots me touchent, Mike. » Elle tourne ensuite son visage vers moi. « Inutile de noter ça. » Mon stylo n’avait pas bougé de toute façon, je suis assez fine et sensible pour savoir quand un sujet l’est, lui aussi. Et je n’ai pas l’intention de la blesser. La future mariée offre une distraction bienvenue en arrivant à son tour sur le patio, et en imitant la brune je glisse un compliment sur ma citronnade.

Mes réactions, mon langage corporel, tout se calque sur elle pour tenter de s’en inspirer. Elle croise les cheville et décale ses jambes sur le côté, j’en fais de même. Je tente de m’imprégner de ses sourires, des ridules qu’elle fait apparaître au coin de ses yeux comme de la chaleur dans sa voix, en espérant que tout cela déteigne sur moi. « C'est vous que j'ai eu au téléphone l'autre jour, mais vous m'en avez dit très peu finalement. Je pense que ce serait judicieux de commencer par le retour de vos expériences précédentes, histoire de ne pas réitérer les erreurs commises par ceux vers qui vous vous étiez tournés la première fois. Vous êtes prêts ? » Elle me jette un regard et moi j’adresse un sourire au couple. « Je vais prendre des notes, mais n’hésite pas à me le dire si cela vous dérange ou vous met mal à l’aise. » Kate décide pour le couple, répond que c’est très bien, et finalement je sens que c’est elle qu’il faudra convaincre, Evelyn avait encore une fois raison. « Sa vision ne collait pas du tout à la nôtre. » Hum, mais encore ?... J’échange un regard avec Evelyn, devinant qu’il va lui en falloir plus. « Sa vision ? Qu’est-ce qui vous a mis mal à l’aise tous les deux ? » Je suis douce, compréhensive, je finalement je réalise moi-même que pour les relations humaines je pourrais avoir un certain talent si je me débarrassais de ma timidité. Le couple échange un regard, et c’est le brun qui reprend la parole. « Disons que ... Kate et moi avons du mal à nous accorder sur certains détails. Et la personne avant vous a fini par perdre patience. » Je sens que lui tente de noyer le poisson, alors que sa future épouse n’a pas l’air d’être du genre à faire dans la dentelle. « Ce n’est pourtant pas si compliqué ce que nous demandons. Il faut arriver à satisfaire sa famille et la mienne. A organiser une soirée intimiste mais qui grandiose et qui marque les esprits. » Je jette un coup d’œil à la brune. Réponse à la future mariée est l’une des cordes de son arc, pas du mien.

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Même si elle était touchée par l'égard que semblait avoir Lucia à propos de ses talents d'organisatrice de mariage, Evelyn aurait aimé lui dire qu'en vérité, c'était de ses erreurs qu'elle avait appris. Bien sûr qu'elle avait eu des désaccords avec des clients, bien sûr qu'elle était passée à côté de beaux contrats à cause d'un feeling qui ne passait pas entre elle et un couple de futurs mariés ; la perfection n'existait pas, elle était surfaite, voire insaisissable. On pouvait tenter de s'en approcher, mais c'était prendre le risque de s'y brûler les ailes, car chacun en avait une vision différente, parfois extravagante, parfois moins. Seulement, quelque chose en elle, une espèce de fierté mal placée, l'empêcha de revenir sur ses propos, un peu comme si cela entamerait la vision que la jeune femme avait d'elle depuis leur première rencontre. Et c'est là qu'elle, la femme indépendante et sûre d'elle qu'elle était, se rendit compte à quel point elle prenait à cœur le fait d'avoir quelqu'un comme Lucia à ses côtés ; quelqu'un qui croyait en elle et en ses capacités sans rien attendre en retour, qui lui accordait une confiance qui lui paraissait aveugle, et pas sous l'unique prétexte qu'elle venait de cette famille-là, ou de ce milieu-là. Ça ne lui était pas arrivée beaucoup au cours de sa vie, et même ces fois où elle avait cru être appréciée pour ce qu'elle était, elle avait fini par y dénicher un loup et s'apercevoir qu'à tous les coups, on ne s'accrochait pas à elle pour les bonnes raisons, qu'il y avait toujours quelque chose à puiser dans ce qu'elle partageait avec autrui. Le plus douloureux dans ce domaine, ça avait été d'apprendre qu'Owen éprouvait de la fierté, et rien d'autre, d'être vu avec une fille Pearson à l'époque où ils étaient ensemble, lui laissant croire et ruminer l'idée que si elle avait été quelqu'un d'autre, si elle avait été une Stevenson ou une Nelson, elle n'aurait pas été aussi digne d'attention.
Alors, debout devant la porte des Sanders, la tête tournée vers Lucia qu'elle regarda un instant, elle sentit un véritable élan de gratitude pour elle. Elle n'était pas seulement une potentielle alliée dans la cause qu'elle mènerait la fleur au fusil, elle était un oisillon qui, sous son apparente fragilité, ne demandait rien d'autre qu'on lui montre la voie pour s'affranchir des craintes qu'elle couvait timidement, ainsi repliée dans son petit nid douillet. C'était à Evie qu'elle avait confié sa première grande envolée, et c'était une grande responsabilité, en plus d'un honneur qui la remplit d'un ravissement qu'elle garda pour elle, toute pudique sur ses émotions qu'elle était. Les conseils qu'elle lui prodiguerait poseraient les bases du futur dont elle disait avoir envie ; c'était un peu étourdissant de se rendre compte qu'on avait l'avenir de quelqu'un entre ses mains, mais la manière avec laquelle la jeune femme semblait convaincue par son expérience, ça la confortait dans l'idée qu'elle avait le meilleur profil pour assurer ses arrières si elle perdait de la hauteur, et risquait la décente dangereuse. Sa seule vraie crainte à cet instant, c'était de la décevoir, d'altérer sa perception des choses, et de mal jouer son rôle de mentor… et sans doute était-ce pour cette raison qu'elle sentit comme une tension s'emparer d'elle lorsqu'elle arriva devant les Sanders, et devant le futur époux en particulier. Car la mention de son défunt père mise à part, elle savait qu'elle était scrutée par les petits yeux curieux de son accompagnatrice qu'elle voulait guider aussi bien qu'elle l'espérait – avec expertise, et élégance.

Elle se rengorgea d'assurance néanmoins, tournant la tête vers Lucia qui pendant ce temps-là, pris les commandes de la conversation avec une compréhension douce et instinctive. Tant qu'elle douterait d'elle-même, elle ne serait pas capable d'admettre qu'elle était douée pour le contact avec les autres… c'était à Evie de la mettre suffisamment à l'aise pour qu'elle accepte ses facilités dans ce domaine sans avoir le sentiment de faire preuve de vanité. Elles y travailleraient, mais pas tout de suite, elles avaient plus urgent à faire.
Posant son stylo dans la rainure de son carnet, elle pencha la tête sur le côté, amorçant une réponse pour le couple qui lui faisait face "Si ça peut vous rassurer, vous n'êtes pas, et vous ne serez pas les derniers, à rencontrer des difficultés à accorder vos violons. C'est humain de considérer le mariage comme l'un des plus beaux jours de votre vie, et ça l'est encore plus de vouloir qu'il se passe selon votre vision de la perfection… nous, nous sommes là pour vous accompagner dans ce long processus – ce long processus, oui. La patience, c'est la clef. N'est-ce pas Lucia ?" fit-elle, tachant d'inclure la jeune femme dans la conversation, et partageant un petit clin d'œil avec elle, histoire de.
Mais Kate et Mike le savaient déjà, tout ça, se fit-elle mentalement remarquer en posant de nouveau ses yeux devant elle, s'affolant en secret qu'un organisateur de mariage puisse manquer de patience à ce point. Les jeunes mariés étaient les êtres les plus hésitants au monde, à quoi s'attendait la personne qui avait fini par lâcher prise ? A une promenade de santé ? Evelyn secoua la tête pour chasser les quelques noms d'oiseaux qui lui venaient à l'esprit en pensant à cet incapable "C'est l'un de vos souhaits à tous les deux, également ? Le côté intimiste, mais aussi grandiose et qui marque les esprits ? Ou vous ne vous basez que sur ceux de votre famille ?" Elle replaça une mèche de cheveux du bout des doigts, empruntant une mine concentrée, toute tournée vers les futurs jeunes mariés "C'est important de distinguer l'un et l'autre. Parce que même si le mariage est l'union de deux familles, c'est avant tout l'union de deux personnes… vous voyez un peu ce que je veux dire ?" En gros, on se fichait pas mal de l'avis de tante Susan et d'oncle Peter. Elle en avait vu tant des familles qui imposaient leurs envies à leurs enfants sous le prétexte que c'étaient eux qui s'occupaient de régler la note à la fin, ou sous d'autres prétextes plus traditionnels et spirituels qui la faisaient bondir intérieurement. Un raclement de gorge se fit entendre. Mike "Pour ma part, le côté intimiste me plairait plus que le côté grandiose, mais…" Elle tourna la tête vers le jeune homme. Elle n'avait pas directement reposé les yeux sur lui depuis sa mention de Kai, ce qui sembla légèrement le troubler quand elle s'y risqua ; il fit rapidement bonne figure lorsqu'il se souvint qu'ils n'étaient pas seuls. Evie, elle, remarqua son hésitation et enfin, il laissa filer une petite grimace qui désignait Kate.
Cette dernière se mit à rire, un aveu silencieux à propos de son avis sur le côté intimiste que préférait son mari "J'ai toujours rêvé d'une robe de princesse, et de tout ce qui va avec. L'ouverture de bal féérique en premier lieu, je trouve que ça donne le ton de la soirée." finit-elle par dire d'une toute petite voix avant de se reprendre, et d'ajouter en laissant un nouveau rire percer le ton rêveur de sa voix "Je crois qu'on tient notre premier point de désaccord. Vous notez, Lucia ?" fit-elle à l'adresse de la future assistante d'Evelyn qui se tourna vers elle, un sourcil haussé "Tu comprends mieux ce que je veux dire quand je te parle de défi ? On nous en offre un sur un joli plateau, j'espère que tu savoures." ajouta-t-elle à son encontre, pince sans rire.

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Lucia Whitemore & @Evelyn Pearson

C’est intimidant. Je me suis préparée à sauter dans le grand bain, j’ai répété sourires est formules de politesse devant mon miroir hier soir et j’ai réfléchi à toutes les façons possibles d’appréhender cette rencontre. J’ai fait la liste de mes craintes, des raisons qui pourraient faire tourner cette rencontre au vinaigre, et en tête de liste j’ai eu peur que Kate et Mike Sanders soient des gens froids et peu accueillant. Je sais que ma confiance en moi est ma principale faiblesse, et ma pire hantise reste d’avoir l’impression de déranger, de ne pas être la bienvenue. La méfiance et le rejet à mon égard je les vis mal, je fais partie de ces gens qui ne comprennent pas que chacun a le droit de choisir s’il apprécie son prochain ou non, et lorsque je sens que je ne le suis pas, apprécié, je suis capable de m’en vexer, de me sentir blessée, dans certaines circonstances de déployer des efforts considérables pour changer la donne mais, la plupart du temps, je m’efface et perds le peu de confiance en moi que je possède.

Mes craintes s’envolent quand je réalise que notre hôtesse semble être déterminée à nous mettre à l’aise. Certes, je ne suis pas idiote au point de me fier à une première impression et je sais que cela ne veut pas pour autant dire que c’est gagné, que le vent peut tourner si nous la décevons, mais je me détends un peu. Je laisse mes yeux courir un peu plus sur la décoration de la villa, c’est moderne, cela manque un peu d’âme à mes yeux mais on ne peut pas reprocher aux Sanders de ne pas avoir de goût. Ou plus vraisemblablement à Kate Sanders uniquement, puisqu’elle me fait déjà l’impression d’être une femme qui gère sa barque d’une main de maître et sans trop de soucier des opinions contraires aux siennes. Je me demande quels sont les torts de celui ou celle qui nous précéda dans notre tentative d’organiser l’union du couple, et je compte sur la présence d’Evelyn pour ne pas les reproduire puisque j’ai peu de doute sur le fait que, seule, j’aurais sauté à pied joints dans les même pièges. A-t-elle toujours été naturellement douée pour ça la brune ? Ou bien a-t-elle appris avec le temps ? J’ai du mal à l’imaginer autrement qu’avec autant d’assurance qu’aujourd’hui, j’ai du mal à l’imaginer échouer à quoi que ce soit. « Si ça peut vous rassurer, vous n'êtes pas, et vous ne serez pas les derniers, à rencontrer des difficultés à accorder vos violons. C'est humain de considérer le mariage comme l'un des plus beaux jours de votre vie, et ça l'est encore plus de vouloir qu'il se passe selon votre vision de la perfection… nous, nous sommes là pour vous accompagner dans ce long processus – ce long processus, oui. La patience, c'est la clef. N'est-ce pas Lucia ? » Je hoche la tête avec un sourire, en accord avec elle aussi bien sur son premier point que le second, j’ai les yeux qui pétillent lorsque je pense au mariage, en grande romantique que je suis. Si j’avais raté celui de l’une de mes sœurs pendant mon absence, je crois que je ne m’en serais pas remise. Je ne coupe pas la brune, je ne m’en sens pas la légitimité et quelque chose que souffle qu’elle attendait simplement un signe de la tête pour dérouler son argumentaire qu’elle plante alors que moi, je l’observe avec attention. « C'est l'un de vos souhaits à tous les deux, également ? Le côté intimiste, mais aussi grandiose et qui marque les esprits ? Ou vous ne vous basez que sur ceux de votre famille ? » Ah la famille. Evelyn m’a déjà prévenue que souvent, ce sont eux qui posent problème dès lors qu’on gratte sous la surface, je ne suis pas donc surprise qu’elle commence par cet angle-là, pousser l’un des deux époux à admettre que c’est la volonté de sa famille qu’il défendait jusqu’ici. « C'est important de distinguer l'un et l'autre. Parce que même si le mariage est l'union de deux familles, c'est avant tout l'union de deux personnes… vous voyez un peu ce que je veux dire ? » Elle est impressionnante Evelyn, je ne peux dire le contraire et, de mon côté, j’aimerais avoir autant d’aisance qu’elle en a dans son petit doigt.

C’est le futur époux qui prend la parole, à ma surprise. Je m’attendais à ce que, muselé, il laisse sa fiancée s’exprimer en n’exprimant son avis à lui que par petites touches. « Pour ma part, le côté intimiste me plairait plus que le côté grandiose, mais… » Je l’observe en silence alors qu’il hésite, alors qu’il jette un regard en coin à la blonde, et mon visage se pare d’un doux sourire alors que je réalise qu’il me fait penser à mon père. Lui aussi défend ses convictions sans oser les affirmer, en les déclamant à voix basse, mais en se souciant malgré tout de faire le bonheur de ma mère avant toute chose, avant de penser à lui. Je suis prête à parier que pour leur mariage à eux ils se posèrent les mêmes questions. « J'ai toujours rêvé d'une robe de princesse, et de tout ce qui va avec. L'ouverture de bal féérique en premier lieu, je trouve que ça donne le ton de la soirée. Je crois qu'on tient notre premier point de désaccord. Vous notez, Lucia ? » Je suis surprise lorsqu’elle s’adresse à moi, parce que, concentrée sur son fiancé j’en avais oublié Kate. Je hoche la tête, concentrée et sérieuse. Je n’ai pas besoin de noter à vrai dire puisque, je me garde bien de le dire mais la jolie robe de princesse et l’ouverture du bal féérique, tout ça se sont des points qui me semblent bien clichés. Mais dans ma bouche ce terme ne prend aucune connotation péjorative, moi aussi si je supportais l’idée d’avoir des dizaines d’yeux braqués sur moi je rêverais à ce genre de chose. La société nous en remplit la tête dès le plus jeune âge alors que nous faisons la sieste devant Cendrillon, La Belle au Bois Dormant et autres films jeunesse. « Tu comprends mieux ce que je veux dire quand je te parle de défi ? On nous en offre un sur un joli plateau, j'espère que tu savoures. » Je tourne la tête vers Evelyn, sans trop savoir ce qu’elle attends de moi. Que je confirme ? Que je donne mon avis sur la question en priant pour la chance du débutant ? Moi aussi je croise les doigts pour l’avoir, alors que je me risque à prendre la parole. « Bien sûr, mais je ne vois rien d’inconciliable… » Je jette un coup d’œil à ma mentor, comme pour m’assurer que je ne suis pas en train de dire de bêtise. « … Et je suis persuadée qu’on va réussir à démêler tout ça. Il me semble que la question qu’il faut que vous vous posiez Mike c’est, qu’est-ce qui vous déplait dans le côté grandiose de la chose ? » Mes doigts se serrent autour de mon stylo, mais j’arrive à conserver un filet de voix stable et intelligible. « C’est l’aspect tape à l’œil ? » Je ne crois pas, si je me fie à mon instinct, la maison luxueuse m’indique qu’il ne rougit pas lorsqu’il s’agit d’étaler ses richesses. « Ou c’est le nombre d’invités ? Je vous comprends, parfois on a envie de garder les plus beaux instant de notre vie un peu pour nous. » Moi, si je pouvais vivre selon l’adage pour vivre heureux vivons cachés, je le ferais sans hésiter. Je me tourne vers Kate, parce que je sens qu’elle sera décisionnaire dans toute cette histoire et que c’est elle qu’il faut surtout rallier à notre cause. Lui, il faut le convaincre qu’un sourire sur les lèvres de sa fiancée vaut tous les sacrifices. « Et je vous comprends Kate, je pense qu’on rêve toutes à la robe de princesse. » Non, en fait je sais que certaines n’en ont que faire, mais je n’ai pas le sentiment qu’elle soit du genre à apprécier qu’on la détrompe. Je glisse finalement un œil vers Evelyn. J’ai trop parlé, maintenant je suis prise d’un vent de panique, pas loin de la tétanie. Je tente de garder une respiration stable, mais je réalise tout d’un coup que trois paires d’yeux tournées vers moi, ça fait beaucoup.

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Dernière édition par Evelyn Pearson le Ven 6 Mar 2020 - 12:54, édité 2 fois

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Evelyn Pearson & @Lucia Whitemore

Tachant de joindre Lucia à la conversation, Evelyn laissa un court silence s'installer après sa boutade. Le regard posé sur la jeune femme, l'atmosphère autour d'elles changea sans que personne d'autre ne s'en aperçoive véritablement, retirées dans une bulle éphémère que l'organisatrice de mariage souffla rien que pour la protéger. La tête tournée dans sa direction, elle patienta un instant, le temps que les yeux de la douce blondinette ne rencontrent les siens tandis qu'elle attendait de déceler le déclic qui se ferait à l'intérieur d'elle-même quand enfin elle comprendrait qu'elle n'était pas seulement venue pour prendre des notes. C'était tout un processus, un peu comme celui d'enjoindre quelqu'un à tenter le grand bain pour la première fois de sa vie. Il fallait être assez subtil pour motiver le baigneur à envisager de faire trempette, lui donner l'impression que l'idée venait de lui… puis l'encourager à ne pas craindre la noyade, sans pour autant le prendre en traître en le poussant sans pitié pour éviter de le braquer et amenuir ses chances de se rendre compte par lui-même que c'était facile en vérité, qu'il fallait simplement se laisser porter par son instinct et flotter doucement, sûrement. Et là, devant ses grand yeux chocolat, Evelyn devina que quelque chose avait fait mouche chez la jeune femme au point qu'elle se sentit plus à l'aise pour tenter de mettre sa tête sous l'eau afin d'explorer le nouveau monde qui s'ouvrait à elle ; un léger frisson de fierté maternelle parcourut l'échine de la brunette lorsque leur bulle se perça tout à coup. Avec un sourire, elle apposa son assentiment aux dires de Lucia qu'elle se jura de féliciter pour le travail qu'elle accomplissait malgré sa nervosité.

Elle détourna les yeux pour les poser à nouveau sur le couple Sanders "C'est un peu de tout ça à la fois. Il faut que vous sachiez qu'au contraire de Kate, je viens d'une famille plutôt modeste." Tout de suite, elle agrippa son stylo pour noter cette information – qui lui avait échappée lors de ses recherches en amont – sur la page vierge de son carnet, traçant lettres et arabesques avec la décontraction de l'experte en calligraphie qu'elle était. Il ne fallait rien laisser au hasard, ainsi glaner ce genre de petits détails sur la vie privée de ses clients était aussi important que de s'inquiéter du temps qu'il ferait à la date prévue pour célébrer des noces. Ça pouvait permettre d'anticiper certaines réactions et de désamorcer des drames, ce pour quoi elle était plutôt douée au demeurant. Le menton baissé, elle enjoignit Mike de continuer avec un petit signe de la tête, le stylo toujours posé sur le papier qui se mit à vivre sous le tracé régulier de la bille qui s'activait – elle lança un regard en biais à Lucia, un air de s'excuser de lui ravir son poste de scribe ; les habitudes avaient la dent dure, elle avait été complètement seule maîtresse de ses entretiens pendant deux ans "Je n'aimerais pas que ma partie de la liste des convives qui sont… disons… d'un autre milieu social que celui dans lequel j'évolue désormais, ne se sentent pas à leur place en assistant à notre mariage. Il soupira fort par le nez, se calant plus confortablement sur le fauteuil qu'il avait investi, puis écarta les mains lorsqu'il ajouta, la tête rentrée dans ses épaules "Je n'aime pas cette expression, mais à défaut de mieux : je ne veux pas qu'ils aient l'impression de faire tache si nous partons sur un mariage trop tape à l'œil, c'est aussi simple que ça." Le syndrome des self-made men qui, partis de rien et à force d'acharnement, s'étaient vus propulsés dans un milieu qu'ils avaient dû apprivoiser au fur et à mesure, abattant travail et efforts pour se fondre dans la masse et, pour reprendre les mots de Mike, ne pas faire tache. Evelyn avait connu le chemin inverse, aussi elle ressentit un vague sentiment d'empathie pour le jeune homme qui lui adressa un sourire timide ; comme s'il savait à quoi elle pensait, et qu'un petit quelque chose les liaient tous les deux en dehors de la passion du père de Mike pour celui d'Evie.
Elle trouva son raisonnement très délicat. La mauvaise impression qu'il lui avait faite quelques instants plus tôt sembla s'estomper doucement, de quoi lui laisser cogiter son jugement pour le donner plus tard – il n'était pas à l'abri de faire une autre bourde, elle saurait rester vigilante. Elle opina du chef qu'elle releva alors, un sourcil très légèrement arqué au-dessus de son œil gauche "Je comprends ce que vous voulez dire. Je trouve d'ailleurs que c'est tout à votre honneur d'y penser, ce n'est pas le cas de tout le monde." fit-elle pendant que Kate interjetait avec une certaine douceur dans le son de sa voix "J'avoue que moi-même, je n'avais pas vu les choses de cette façon."Elle lui donnait la sensation de s'apercevoir tout juste que son futur époux pouvait se montrer aussi amène et dans son for intérieur, ça la fit sourire.
Mais elle reprit vite le cours de ce pour quoi Lucia et elles s'étaient rendues ici aujourd'hui "Comme l'a dit très justement Lucia, et je suis d'accord avec elle, rien n'est inconciliable ici. En se basant sur ce que vous venez de nous dire, Mike ; partir sur une cérémonie à l'aspect simpliste pour n'embarrasser personne, mais utiliser des prestations qui colleront à votre envie de donner un certain standing à votre journée, ce n'est pas impossible… loin de là, c'est même très tendance." Un nouveau sourire, et elle fit doucement pivoter son visage pour s'intéresser Kate "Et puis ce n'est pas incompatible avec la robe de princesse. D'ailleurs, qu'en est-il de vos recherches à ce sujet ?" Et ses sourcils se levèrent pour marquer son interrogation avant qu'elle n'enchaîne avec l'aisance d'une vendeuse de tapis – mais de tapis de luxe, cela va sans dire "Vous savez que nous proposons un accompagnement de la future mariée dans sa quête de la robe parfaite ? Et du costume parfait, nous ne vous oublions pas, Mike." Elle abandonna son stylo pour joindre ses doigts soignés entre eux après avoir désigné Lucia d'un geste de la main "Lucia est toute neuve dans le milieu, mais je suis persuadée qu'elle saura vous lister les meilleures boutiques dans lesquelles vous rendre pour commencer vos premiers essayages… si vous êtes intéressée, évidemment." Une première mission en solitaire pour la jeune femme qui, en fonction de la réponse de Kate, serait amenée à s'occuper elle-même de l'accompagner dans ses recherches. Un gage de confiance aussi bien de la part de Kate que d'Evie ; qui se pencha avec assurance et élégance pour récupérer son verre de thé glacé dont elle savoura une longue gorgée, vrillant doucement ses grands yeux bruns sur Lucia.

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Jusqu’ic les choses se passent mieux que ce que j’aurais pensé : mais c’est souvent le cas. La faute à mon manque de confiance en moi, je ne peux généralement pas m’empêcher d’imaginer le pire. Là, avant le rendez-vous, je m’étais préparée à toute éventualité. Les moins agréable me dépeignaient évidement licenciée, sur demande de la famille Sanders auprès de laquelle j’aurais fait, sans le vouloir, la pire des gaffes que je puisse faire. Pour l’instant, le courant a l’air de bien passé. J’ai récolté une première blague de Kate sur ma tendance à noter chaque mot qui s’échappe de la bouche de mon mentor, j’arrive à poser des questions, quelques questions, sans bégayer et prendre une teinte rosée. Mike semble même plutôt réceptif à mes questions, il s’ouvre, il s’ouvre sur ce qui l’inquiète mais je n’ai pas le sentiment d’y être pour grand-chose. « C'est un peu de tout ça à la fois. Il faut que vous sachiez qu'au contraire de Kate, je viens d'une famille plutôt modeste. » Un coup d’œil à Evelyn m’apprend que l’information lui avait échappé à elle aussi. Ça me rassure dans un sens, pas de lui trouver des failles et des choses qu’il ignore, mais de ne pas être passée à côté de ça alors que j’aurais dû le savoir. Je me retiens de noter l’infirmation lorsque je vois Evelyn agiter son propre stylo : je le ferais plus tard, quand toute l’attention ne sera pas focalisée sur moi. « Je n'aimerais pas que ma partie de la liste des convives qui sont… disons… d'un autre milieu social que celui dans lequel j'évolue désormais, ne se sentent pas à leur place en assistant à notre mariage. Je n'aime pas cette expression, mais à défaut de mieux : je ne veux pas qu'ils aient l'impression de faire tache si nous partons sur un mariage trop tape à l'œil, c'est aussi simple que ça. » Je hoche la tête doucement, et si je ne comprends pas bien,, je ne laisse rien paraître. Je ne suis pas richissime mais je n’ai manqué de rire et, élevée dans ma bulle, j’ai du mal à comprendre que ce point puisse poser un problème. Je suis candide et naïve, pour moi les différences sociales ne devraient pas être un frein à un beau mariage.

La douceur avec laquelle il s’exprime cependant achève de me convaincre que je l’apprécie, que c’est un type bien, et qu’il ressemble beaucoup à mon père. A partir de là, même si je ne crie pas victoire du tout, je me surprends à penser qu’il sera plus simple de le comprendre et de l’aider. Evelyn réagit avant moi, même si j’ai posé la question, mais je lui cède bien volontiers le lead de notre entretien : je suis contente d’avoir poussé le futur marié à s’ouvrir mais ne sais pas bien comment gérer sa réponse. « Je comprends ce que vous voulez dire. Je trouve d'ailleurs que c'est tout à votre honneur d'y penser, ce n'est pas le cas de tout le monde. » La fiancée réagit à son tour et semble elle aussi réaliser tout ça. Et là, sous nos yeux, c’est un petit miracle qui s’opère, en tout cas c’est l’impression que tout ça me donne. Evelyn, je la rêve en marionnettiste même si le terme ne lui rend pas rigueur. Elle a amené les tourtereaux à ouvrir les yeux sur la façon de penser l’un de l’autre et je ne sais que dire, impressionnée. « Comme l'a dit très justement Lucia, et je suis d'accord avec elle, rien n'est inconciliable ici. En se basant sur ce que vous venez de nous dire, Mike ; partir sur une cérémonie à l'aspect simpliste pour n'embarrasser personne, mais utiliser des prestations qui colleront à votre envie de donner un certain standing à votre journée, ce n'est pas impossible… loin de là, c'est même très tendance. Et puis ce n'est pas incompatible avec la robe de princesse. D'ailleurs, qu'en est-il de vos recherches à ce sujet ? » Et la voilà qui transforme un mariage simple en quelque chose de tendance : elle n’a pas tort cela dit, la mode est au minimalisme même si j’ai moi-même bien du mal à suivre le courant. « Vous savez que nous proposons un accompagnement de la future mariée dans sa quête de la robe parfaite ? Et du costume parfait, nous ne vous oublions pas, Mike. » Tout va trop vite pour moi, elle a transformé un doute, un sujet de divergence entre les deux époux en un moyen pour elle de grossir le chèque qu’elle empochera. Je suis admirative et a peu près certaine d’être incapable d’arriver à l’imiter un jour. « Lucia est toute neuve dans le milieu, mais je suis persuadée qu'elle saura vous lister les meilleures boutiques dans lesquelles vous rendre pour commencer vos premiers essayages… si vous êtes intéressée, évidemment. » Lucia, c’est la terre qui te parle. Timide, je sors de mon état contemplatif pour adresser un sourire aux deux jeunes gens, avant de me focaliser sur Kate. « Oui évidement. L’avantage d’avoir grandi ici, dans le quartier en fait, à côté de Pandanus Beach, et d’avoir rêvé au jour de mon mariage toute ma vie, c’est que je connais la ville sur mes doigts. » Non pas du tout, j’ai découpé des robes de mariée dans des magazines, mais je n’ai pas la moindre idée de où en trouver, en vrai. Mes joues rosissent légèrement, rien de bien inquiêtant mais assez pour que je calme mes ardeurs. « Si ça vous intéresse, je pourrais vous faire faire une première liste, avec quelques exemples, et nous ferons une sélection ensemble. » Je ne sais pas comment cela se passe mais je suppose que ce sera à moi d’appeler pour prendre un rendez-vous, de travailler avec elle une première sélection à partir de catalogue pour aider les commerçant à l’aiguiller ensemble. Après tout, rien de bien différent de mes découpages dans des magazines de mode, si ?

Kate regarde ma patronne un instant, semble hésiter, mais c’est une sourire convaincant de son mari qui semble la convaincre. Pourtant, lorsqu’on a une maison comme celle-ci, est-on vraiment à quelques centaines de dollars près ? De mon côté j’aime trop me faire traiter comme une princesse pour ne pas sauter sur l’occasion si un jour elle venait à se présenter à moi. « C’est d’accord. » Elle est conquise, je vois déjà les étoiles dans ses yeux à l’idée d’enfin la trouve, LA robe. « J’ai du mal à dégager du temps pour les recherches, les présélections… » Je lui renvoie un regard compréhensif, avant de rajouter. « Et c’est normal. Je suis sure qu’on pourra également s’occuper de vos demoiselles d’honneur. Vous les avez choisies ? Elles pourraient nous accompagner. » J’ignore si je sors des sentiers battus ou pas, mais en tout cas je fonce. Droit dans le mur peut-être mais, poussée par ma spontanéité et ma bonne écoute, j’ai l’impression d’être en train de parler à une amie, Kate, j’ai vraiment envie de l’aider. Et alors que je suis déjà sur une autre planète, Mike se racle la gorge et me fait atterrir. « Très bien, très bien. Mais nous n’avons pas encore parlé du lieux... » Et à son ton, j’ai l’impression que voilà un second point de divergence.

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Le bon déroulé des événements confortait Evelyn dans son idée que Lucia était celle sur laquelle il fallait miser. Son instinct ne l'avait pas trompée. La manière dont elle se débrouillait pour passer au-dessus de ses craintes et affronter son premier entretien devint exaltant – tant d'ailleurs qu'elle était prête à lui accorder un galon supplémentaire sous la forme d'une mission qu'elle aurait à gérer seule pour se prouver à elle-même qu'elle en était capable ; qu'au-delà du soutien que lui apportait sa patronne, évoluer en solitaire serait un bon moyen d'affirmer le don qu'elle semblait avoir. C'était grisant de la voir ainsi, assise aux côtés de quelqu'un qui n'avait plus rien à prouver, et elle ne dénotait absolument pas dans le décor bien au contraire. Il y aurait bien sûr des ajustements à apporter à son expertise, des conseils à lui prodiguer pour qu'elle affirme ses bonnes manières et gagne des astuces pour mener la conversation à son avantage, et le tour serait joué – rien qui ne lui prendrait trop de temps à lui inculquer, elle qui se savait assez pédagogue et patiente pour réussir à affiner sa perception du métier. Pour Evie, il était évident qu'elle ne s'était pas fourvoyée en lui accordant et le bénéfice du doute et sa confiance. En un seul rendez-vous clientèle, Lucia réussissait à cocher toutes les cases de la liste des bons points d'une assistante parfaite, de quoi l'encourager à se montrer aussi bravache qu'elle l'avait été quand elle l'avait accostée la fois dernière dans ce café.
Elle sentit néanmoins quelque chose vaciller chez elle à l'instant où elle avait émis l'idée de la laisser jouer solo. Sa bouche disait quelque chose que ses yeux ne réussissaient pas à transmettre. Une fraction de seconde suffit à Evelyn pour savoir qu'elle avait peut-être menti. Rien de grave en soi, tout le monde le faisait, surtout dans ce milieu-là. Elle marqua une pause dans la dégustation de son verre, sentant un doute l'envahir en même temps que la rasade de sucre qui lui descendit dans la tranchée, rafraîchissante et salvatrice ; pas à l'encontre de la douce blondinette, mais plutôt à propos de sa manière de la pousser à s'affranchir du stress qui s'était insinué en elle avant de rencontrer le couple qui leur faisait face depuis de longues minutes maintenant. Se montrait-elle trop brusque, trop empressée de la voir voler de ses propres ailes ? Sans doute un peu, aussi elle s'en voulut de ne pas savoir contrôler l'enthousiasme de la former. Elle y travaillerait, car l'empressement était une erreur qu'elle ne pouvait pas se permettre de commettre quand des milliers de dollars australiens étaient en jeu. Au-delà de sa réputation, c'étaient avec les espoirs et les envies d'autrui qu'elle composait, et ce n'était pas à prendre à la légère.

Le léger flottement qu'elle ressentit donc du côté de Lucia, elle ne laissa le temps à personne de s'en apercevoir "Nous sommes tous des natifs de Brisbane, c'est sans doute pour cette raison que le courant passe aussi bien. Je ne suis pas chauvine, mais je dois admettre que ça facilite les choses de s'entretenir avec des compatriotes. Allez les Reds." fit-elle, poings légèrement serrés devant elle pour pousser la comédie de la supportrice jusqu'à son maximum tandis qu'elle grimaçait intérieurement, jamais aussi mal à l'aise lorsqu'il s'agissait de faire semblant d'être intéressée par le sport – cette chose qui lui avait volée ce qu'elle avait plus de cher au monde. Mais au moins, ça détourna l'attention des joues écarlates de la jeune femme à ses côtés qui, au demeurant, réussi à marquer un point que Kate accepta sans plus de cérémonie "Nous sommes là pour ça justement. Et si vous êtes trop occupée pour vous rendre sur place, il y aura toujours moyen de faire venir les robes jusqu'à vous." Une prestation de plus à ajouter au devis qui ne finissait plus de s'allonger ; le cynisme de sa réflexion intérieure ne l'empêcha pas de continuer à parler, toujours aussi douée pour ne rien laisser transparaître sous le masque parfait qu'elle portait, entre maquillage savamment appliqué, et flegme hérité de ses quinze années à vivre en Angleterre – la fameuse stiff upper lip qu'elle avait appris à masteriser avec le temps "C'est tout à fait possible d'organiser des essayages à votre domicile. A partir de votre sélection, nous pourrions transformer votre salon en showroom privé… oh, et pourquoi ne pas convier quelques-unes de vos amies à cette occasion ?" Lucia intervint, mentionnant les demoiselles d'honneur. Un nouveau bon point pour elle comptabilisa-t-elle sans vraiment le vouloir, se penchant pour poser son verre sur la table basse "Ou vos demoiselles d'honneur, exactement, ce serait parfait. Votre temps s'en trouvera optimisé, et nous nous chargerons de tout. Nous vous accorderons la gratuité des boissons et collations pour cet évènement évidemment. Un petit cadeau de mariage en avance, ça n'a jamais fait de mal à personne." Et ça lui permettrait, à elle, de respecter ses engagements auprès de ses partenaires directs qui profiteraient de ce tremplin inestimable pour gagner des clientes en se répandant en hors-d'œuvres savoureux "Réservez votre réponse pour plus tard, rien ne presse à ce sujet. Réfléchissez-y ensemble ; en attendant, Lucia s'occupera de vous lister les boutiques en question." conclut-elle avec un sourire pour la jeune femme à ses côtés, non sans avoir gribouillé quelque chose sur son carnet avant toute chose.
Mike reprit la parole "Et je sens que vous avez très envie d'entamer le sujet, Mike. Dites-nous tout, quel est le problème avec le lieu ?" reprit-elle, la main venant glisser une longue mèche de cheveux derrière son oreille élégamment ornée de brillants "Nous nous étions arrêtés sur les vignobles Sirromet. Le cadre désuet nous plaît beaucoup et la possibilité de choisir entre différents décors nous enthousiasmait, puisque nous ne sommes pas encore décidés à propos du thème de notre mariage. D'ailleurs, nous avions visité les lieux avec vos prédécesseurs, mais…" Evelyn sut et termina la phrase de Mike en penchant la tête sur le côté, la mine pleine de compassion "Les réservations sont complètes sur plusieurs mois. J'ai moi-même booké deux cérémonies pour l'année prochaine et celle d'après à cet endroit, je suis vraiment désolée." Désolée, parce qu'elle savait que cet endroit était très prisé des futurs mariés et que les annulations étaient rares. Elle ne voulait pas l'admettre à voix haute, refusant de donner l'impression que ce problème était sans solution. Même si sur le coup, elle ne sut quoi ajouter d'autre, perdue dans une réflexion soudaine que des hum, hum, hum légèrement audibles vinrent traduire, tandis qu'elle cherchait dans son esprit en ébullition un équivalent aussi charmant que les vignobles Sirromet à leur proposer pour soulager la déception qu'elle lisait dans leurs grands yeux.

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Lucia Whitemore & @Evelyn Pearson

Je te de mettre un frein à mon enthousiasme mais je me laisse embarquer dès lors que je crois maîtriser un tant soit peu la situation. Sauf qu’évidement ce n’est pas le cas, dès que je réalise que tous les regards sont tournés vers moi – c’est ce qui arrive généralement lorsqu’on ouvre la bouche pour prendre la parole, je ne m’y ferais jamais – je me sens me liquéfier. Respire Lucia. Inspire, expire tu peux le faire. Terminer ma phrase sans bafouiller me demande toute ma concentration si bien que lorsqu’Evelyn reprend la parole, je lui en suis reconnaissante. J’espère qu’elle n’a pas changé d’avis à mon sujet. J’espère qu’elle réalise que ce que je suis en train de faire là, c’est déjà un exploit pour moi. Je crois que je me suis trop excitée au sujet de ce nouveau boulot, qu’il m’emballe comme rarement j’ai été emballée et que je serais dévastée si je venais à le perdre. Cela achèverait de me convaincre que je n’ai pas ce qu’il faut et que je ferais mieux de me destiner à une carrière de serveuse dans des cafés ou des bars, puisque c’est là la seule chose que je maîtrise correctement. Bien sûr que je doute, je suis persuadée qu’Evelyn a l’habitude que tout soit parfait, tout ce qui sort de sa bouche est d’une justesse incroyable, comment ne pas se sentir écrasée par une femme avec un tel charisme ? « Nous sommes tous des natifs de Brisbane, c'est sans doute pour cette raison que le courant passe aussi bien. Je ne suis pas chauvine, mais je dois admettre que ça facilite les choses de s'entretenir avec des compatriotes. Allez les Reds. » Trop concentrée sur ma propre respiration – il ne s’agirait pas que je rougisse jusqu’aux oreilles et me mettre à haleter comme un chien en bout de course – je ne perçois pas le manque de conviction dans le ton de la brune. Elle est d’ailleurs douée pour les faux semblants puisque rien ne parait et que le jeune couple en face de nous ne tique pas plus que moi. « Nous sommes là pour ça justement. Et si vous êtes trop occupée pour vous rendre sur place, il y aura toujours moyen de faire venir les robes jusqu'à vous. » Pourquoi je n’ai pas eu cette idée moi au juste ? Je ne maîtrise pas encore sur le bout des doigts l’ensemble des services qu’Evelyn propose en terme d’organisation alors je me tais je me contente de hocher docilement la tête en souriant, heureusement ça je sais faire. « C'est tout à fait possible d'organiser des essayages à votre domicile. A partir de votre sélection, nous pourrions transformer votre salon en showroom privé… oh, et pourquoi ne pas convier quelques-unes de vos amies à cette occasion ? » Doucement mais surement, je tente de proposer que ce soient les demoiselles d’honneurs qui se joignent à elle, on peut faire ça non ? Je suppose qu’elle gagnera ainsi du temps et nous avec. Pas sûre de moi, je jette un regard à Evelyn, en espérant ne pas m’être laissée emporter. « Ou vos demoiselles d'honneur, exactement, ce serait parfait. Votre temps s'en trouvera optimisé, et nous nous chargerons de tout. Nous vous accorderons la gratuité des boissons et collations pour cet évènement évidemment. Un petit cadeau de mariage en avance, ça n'a jamais fait de mal à personne. » Je réprime mon soupir de soulagement et reprends petit à petit des couleurs, contente de voir que je peux avoir de bonne idées. « Réservez votre réponse pour plus tard, rien ne presse à ce sujet. Réfléchissez-y ensemble ; en attendant, Lucia s'occupera de vous lister les boutiques en question. » Je griffonne en gros en gras et en plein milieu de ma page la tâche, impossible que je l’oublies, il est même certain que je ne rentrerais pas chez moi ce soir avant de m’être familiarisée avec toutes les boutiques de la ville proposant des prestations qui collent à l’image de marque d’Evelyn et de son entreprise.

Mike reprend la parole, certainement peu intéressée par le sujet des robes de mariées. Qu’est-ce que qu’elles ont qui nous intéressent tant nous les filles, ces robes vaporeuses et volumineuses ? « Et je sens que vous avez très envie d'entamer le sujet, Mike. Dites-nous tout, quel est le problème avec le lieu ? » Elle décèle un problème là où je n’avais pas encore eu le temps d’interpréter l’inflexion dans le ton de Mike. Et elle a raison, puisqu’il s’ouvre rapidement à nous. « Nous nous étions arrêtés sur les vignobles Sirromet. Le cadre désuet nous plaît beaucoup et la possibilité de choisir entre différents décors nous enthousiasmait, puisque nous ne sommes pas encore décidés à propos du thème de notre mariage. D'ailleurs, nous avions visité les lieux avec vos prédécesseurs, mais… » Je ne connais pas l’endroit et je n’ai pas l’expertise nécessaire pour répondre et de toute façon, la réponse de ma boss ne se fait pas attendre. « Les réservations sont complètes sur plusieurs mois. J'ai moi-même booké deux cérémonies pour l'année prochaine et celle d'après à cet endroit, je suis vraiment désolée. » Je crois lire sur le visage de la brune qu’elle n’a pas la réponse à cette question et moi, timide, je tente une intervention, à voix basse, presque comme si j’avais peur de m’exprimer trop fort. Je préfèrerais qu’Evelyn seule m’entende, qu’elle me corrige et me fasse taire si je dis quelque chose qui ne convient pas. « Je suppose que Boulevard Garden est réservé des années à l’avance aussi mais… Je sais que mes parents avaient dû abandonner l’idée au profit du Hillstone à St. Lucia. L’endroit était apparent d’un romantisme à couper le souffle, et à l’époque il ne faisait pourtant pas partie des lieux les plus prisés si bien qu’ils avaient pu y trouver de la place… Du coup peut-être que… » Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas si je peux proposer ce genre de chose alors que je ne sais pas comment la popularité du lieu a évolué. Ce que je sais c’est que mes parents en parlent encore trente ans après et qu’ils m’ont même nommée d’après l’endroit alors, c’est que ça doit valoir le coup. « Mais si ça ne convient pas je peux faire des recherches. On peut faire des recherches. » Je jette un coup d’œil à Evelyn pour qu’elle m’arrête si jamais je suis en train de m’enfoncer.

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Moved out to a brand new life
Evelyn Pearson & @Lucia Whitemore

Avec Neal, la complémentarité s'était établie au fil du temps, devenant un point essentiel de leur collaboration durant sept longues années. Evelyn n'avait jamais su si c'était parce que, caractériellement parlant, ils étaient le jour et la nuit, ou si quelque chose de plus profond les liait finalement, même si elle l'avait parfois soupçonné, secrètement charmée par l'idée qu'ils s'étaient bien trouvés, et pas uniquement sur le plan professionnel. On dit que les opposés s'attirent, aussi ils n'avaient pas échappé à ce dicton, représentant chacun une face bien distincte de la même pièce. Neal contrebalançait les travers trop autoritaires d'Evie qui, elle, s'échinait à compenser les moments de folie du jeune homme, et ils étaient nombreux. C'était instinctif ; ils avaient une confiance en leurs compétences communes, respectant les limites de l'autre avec une conscience tranquille, motivés à l'idée de donner le meilleur d'eux-mêmes pour combler les attentes de ceux qui les sollicitaient – pour le meilleur, mais rarement pour le pire. Ils formaient une équipe merveilleuse, un idéal en tous points que la jeune femme savait qu'elle ne retrouverait probablement jamais au cours de sa si brillante carrière… du moins, c'était ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive de la façon dont les choses se goupillaient tout au long du rendez-vous qui se jouait à ce moment précis.
Lucia n'en était qu'à ses balbutiements, elle parvenait pourtant à saisir les perches que sa patronne lui tendait avec un naturel qui lui rappelait son ancien assistant. Et même si ce n'était encore que du bout des doigts, le chemin qu'elle aurait à parcourir paraissait cependant bien moins tortueux qu'elle-même le pensait sans doute. Serait-elle en passe de retrouver la perle rare qui manquait à sa collection ? Evelyn l'espérait, toujours secrètement heurtée par la tournure qu'avait pris sa collaboration avec son ex-associé. Et alors que les choses avaient si mal débuté lorsqu'elles étaient arrivées chez leurs clients du jour, elle s'apercevait combien l'ambiance dans le salon des Sanders avait permuté, devenant aussi agréable qu'un échange de banalité entre des amis de longue date. Chacun avait trouvé sa place, Lucia en premier.
C'est parfait, s'intima-t-elle dans ses pensées, réfléchissant à haute voix pour palier au problème que le choix du lieu des noces lui posait. Elle l'admettait, elle jouait l'impuissance pour forcer davantage Lucia à se lancer dans l'inconnu, et faire entendre son raisonnement avec la force timide qui la caractérisait. Il n'y avait rien de mal dans le fait de provoquer un peu les choses pour qu'elles se déroulent et à ce moment-là, elle ne se sentit pas honteuse le moins du monde d'amenuir un peu son expertise pour permettre à la jeune femme de briller. Au contraire, elle le faisait de gaieté de cœur, tournant la tête dans sa direction quand elle reprit la parole. Le sourire qui réhaussa ses pommettes fût sincère, et le sourcil qu'elle arqua pour appuyer ce qu'elle s'apprêtait à déclarer ajouta un peu de taquinerie à l'accent hybride qui enrobait sa voix si chaude, et s'éleva dans l'espace qui la séparait du couple Sanders.

"Elle est douée, oui." fit-elle en opinant doucement et en inclinant la tête de trois-quarts, prenant en considération la proposition de la jeune femme à qui elle adressa un autre regard, fière de sa vivacité d'esprit, mais surtout impressionnée par cette capacité qu'elle avait de savoir réagir à une vitesse folle pour trouver des solutions – toujours bonnes, quoi qu'elle fût tentée d'en penser, l'expression incertaine qui assombrissait son visage juvénile la trahissant trop souvent encore. S'en apercevait-elle au moins, qu'elle était faite pour ça ? A la regarder, Evelyn était persuadée que non.
Elle fit battre ses longs cils, et changea la position de ses chevilles. Tournant la tête dans l'autre direction, elle se concentra à nouveau sur Kate et Mike, à qui elle dit "Ce serait une bonne alternative, mais je vous conseille de ne rien envisager avant de vous être rendus sur les lieux. Comme le dit Lucia, les recherches seront un bon moyen de vous faire une idée des meilleurs spots à considérer pour remplacer celui dont vous rêviez… et le temps que nous mettions cette liste en place, vous pourrez vous faire à l'idée d'un autre endroit avec plus de sérénité. Je sais que c'est difficile, vous êtes déçus. Mais tout problème à sa solution, et nous en faisons notre affaire. Soyez tranquilles, vraiment." Encore une liste à ajouter à leur liste. C'était le métier, on finissait par s'y faire. Aussi griffonna-t-elle cette nouvelle entrée dans son carnet toujours grand ouvert sur ses genoux et dit, tout à la fois "Très bien, je crois que l'essentiel a été dit pour ce premier entretien. D'autres suivront évidemment, nous n'en sommes qu'au tout début." Au tout début du début, à vrai dire. Tant de choses restaient à être traitées, discutées, négociées. L'année allait être longue, forte de petits moments comme celui-ci, certains plus agréables que d'autres. Mais elle en avait l'habitude, c'était pour ça qu'elle aimait son métier ; mener à terme un projet comme celui-ci, c'était avoir la certitude de ne pas s'ennuyer, jamais, quitte à en perdre le sommeil et à ne pas compter ses heures de travail, reléguant toute notion de vie personnelle au dernier rang de ses priorités, transi par tant de choses à la fois que la crainte d'échouer était remplacée par l'excitation d'arriver au jour-j avec la sensation du vrai devoir accompli.
Elle posa son stylo-plume et joignit ses doigts entre eux "Vos incertitudes étant ce qu'elles sont à l'heure actuelle, il s'agit pour nous de vous proposer plusieurs alternatives pour vous permettre de faire vos choix en conséquence. Nous savons où vous butez, à nous de vous aider à y voir plus clair. Ce sera notre principal objectif pour ces prochaines semaines, le reste suivra doucement, mais sûrement." affirma-t-elle avec un sourire et elle conclut, avec un petit léger signe de tête pour que chacun prenne conscience que l'heure était grave "La seule vraie décision que je vous demande de prendre maintenant concerne la date de la cérémonie."

you can let it go, you can throw a party full of everyone you know, and not invite your family cause they never showed you love, you don't have to be sorry for leaving and growing up.

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Moved out to a brand new life
Lucia Whitemore & @Evelyn Pearson

Je tâtonne, j’ai l’impression de chercher mes mots et que cela se voit comme le nez au milieu du visage alors qu’à mieux m’écouter, à mieux observer mes interlocuteurs qui boivent mes paroles dans un silence que je trouve gênant, je réaliserais que je me débrouille pourtant pas si mal. L’idée est piochée à mes parents, sans ça je n’aurais pas su rebondir, j’en suis convaincue, je ne connais rien des liens qui proposent ou ne proposent pas ce type de service. Je me serais tue, j’aurais peut-être dit en bafouillant que je ferai des recherches et je ne réalise même pas qu’au-delà de l’idée de lieu que je propose, j’aide Kate et Mike Sanders à réaliser qu’ils ont peut-être laissé filer le lieu de leur rêves, mais qu’il en existe pleins d’autres auxquels ils n’avaient pas pensé avant tout ça.

Mes parents n’ont jamais compris mon manque de confiance en moi. A plusieurs reprises ma mère a tenté de me proposer des activités supposées m’aider, le théâtre (j’ai détesté), le centre aéré pendant les vacances (j’ai toujours eu du mal à aller vers les autres enfants, oh surprise) et elle tenta même d’essayer de me faire rejoindre un programme de correspondance me permettant d’échanger avec une américaine à laquelle mon école avait été jumelée. Là encore, j’étais bien trop rêveuse et distraite pour m’asseoir devant mon ordinateur pendant des heures, et j’avais rapidement laissé tomber Beverly, qui s’en était certainement vite remise. Hannah avait tenté de me pousser à m’affirmer une fois au collège puis au lycée, tentant même de me présenter à ses amis bien plus populaires que moi, mais je ne m’étais jamais trop sentie à ma place. Ma discrétion ne me dérangeait pas, et mon manque de confiance avait toujours été contrôlable, du moins avant Lawrence. Je ne sais comment interpréter le regard des Sanders, ils me scrutent, et je ne sais si j’en ai trop dit ou pas assez. « Elle est douée, oui. » Je tourne vivement mes prunelles en direction de la brune. Mes joues rougissent et j’accroche mes mains à mon calepin. Je n’arrive pas à croire que c’est de moi qu’elle parle, que c’est moi qu’elle qualifie de douée. Je me tais, je me garde bien du moindre commentaire mais je me sens défaillir devant tant de bons sentiments. Heureusement, elle détourne l’attention de ma personne, et je l’en remercie d’un regard qui transpire la reconnaissance, autour pour ça que pour le qualificatif dont elle vient de m’affubler. « Ce serait une bonne alternative, mais je vous conseille de ne rien envisager avant de vous être rendus sur les lieux. Comme le dit Lucia, les recherches seront un bon moyen de vous faire une idée des meilleurs spots à considérer pour remplacer celui dont vous rêviez… et le temps que nous mettions cette liste en place, vous pourrez vous faire à l'idée d'un autre endroit avec plus de sérénité. Je sais que c'est difficile, vous êtes déçus. Mais tout problème à sa solution, et nous en faisons notre affaire. Soyez tranquilles, vraiment. » Je note frénétiquement tous les points à retenir sur mon carnet. Rechercher des lieux et apprendre à quelles heures il convient de les visiter en fonction du déclin du soleil, se renseigner sur les disponibilités des Sanders, organiser les rendez-vous, tout ça pourrait me faire peur, mais je découvre qu’au contraire, ça m’excite. « Très bien, je crois que l'essentiel a été dit pour ce premier entretien. D'autres suivront évidemment, nous n'en sommes qu'au tout début. » Mes doigts s’accrochent à nouveau à mon carnet, et j’observe la scène avec attention. Le langage corporel du couple est différent : ils semblent à l’aise avec nous, ils semblent conquis, et je comprends qu’ils nous feront confiance et travailleront avec nous. « Vos incertitudes étant ce qu'elles sont à l'heure actuelle, il s'agit pour nous de vous proposer plusieurs alternatives pour vous permettre de faire vos choix en conséquence. Nous savons où vous butez, à nous de vous aider à y voir plus clair. Ce sera notre principal objectif pour ces prochaines semaines, le reste suivra doucement, mais sûrement. » J’ai hâte d’être à l’agence et de faire mon premier point avec elle. J’ai noté les informations en pagaille si bien que sans son aide, je ne saurai dire ce qui est le plus important, par où il convient de commencer, les robes, le lieu ? Elle m’apporte un premier élément de réponse en s’adressant directement aux Sanders. « La seule vraie décision que je vous demande de prendre maintenant concerne la date de la cérémonie. » Le couple échange un regard, et finalement se mettent d’accord pour une date fin octobre, soit le début du printemps. Je ne sais si cela représente un délai court ou long, mais à l’air qui se peint sur le visage d’Evelyn, j’en déduis que nous n’avons pas de temps à perdre.

Finalement nous prenons congé. De mon côté, j’adresse aux Sanders une dernière formule de politesse, bien élevée et polie. « C’est magnifique chez vous en tout cas. Si votre cérémonie est organisée avec le même gout, je ne doute pas que ce sera une réussite. » Elle nous prends à nouveau dans les bras – une vraie australienne et j’ai toujours été tactile, cela ne me dérange pas outre mesure – et finalement, nous regagnons la voiture. Moi je m’y installe, et j’adresse un sourire à Evelyn. « Qu’est-ce que tu en as pensé ? » Je réalise qu’elle pourrait se méprendre et penser que je lui demande une révision de ma performance. « Les Sanders je veux dire, et leur projet… » Si elle ne souhaite pas me faire de compte rendu quand à ma propre attitude, je n’ai pas envie de la réclamer. « Ils sont charmants mais ont l’air compliqués. Ou alors tous les futurs mariés sont comme ça ? » La seule référence que j’ai en la matière c’est Matt, mais c’est un cas un peu à la marge. « Elle a l’air de gérer la vie du couple d’une main de maître, mais elle s’est ouverte quand tu as aidé Mike à exprimer ses craintes, celles qui le poussaient à vouloir une cérémonie intime. » Mes doigts s’accrochent à nouveau à mon carnet. « C’était impressionnant, vraiment. » Je suis subjuguée par la prestance et l’assurance d’Evelyn, comme par ses capacités d’oratrice.

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