outback vibes #1 (lunah #5)

Outback vibes #1
Lucia Whitemore & @Hannah Whitemore outback vibes #1 (lunah #5) 873483867

« Leeeeeeeeeeeeeeaaaaaah t’as pas vu mon chapeau de paille ? » Je crie dans l’appartement pour la troisième fois en retournant les affaires de ma colocataire, persuadée d’avoir aperçu le dis chapeau dans sa chambre il n’y a même pas une semaine. Le bruit de l’eau qui coule m’apprend qu’elle est sous la douche alors je ne me prive pas de fouiller pour retrouver mon bien : vivre avec moi, c’est aussi accepter aussi peu de vie privée que lorsqu’on vit sous le même toit que ses soeurs, j’ai trop longtemps été formatée. Et je ne risque pas de m’arranger quand, en ouvrant sa penderie, je trouve le dit chapeau. Je gromèle entre mes dents que j’avais raison et qu’elle l’avait bien pris sur le meuble de l’entrée pour me l’emprunter, avant de changer d’avis - elle pourrait peut-être en avoir besoin après tout - et de regagner ma chambre pour attraper l’une de mes casquette et l’enfoncer sur ma tête. Je termine ma valise - remplie comme celle de la parfaite aventurière en herbe, avant d’enfoncer le guide de randonnées et balades autour des Blue Montains à son tour dans le sac à dos. Pas de valises a dit mon père, alors, j’ai relevé le challenge de faire tenir dans ce ridicule sac tout ce que j’estime comme vraiment super important ou encore impensable de ne pas emporter. Evidemment, j’ai pensé aux essentiels, chaussures et vêtements de randonnées, crème solaire, pansement anti ampoules, maillot de bain et anti moustique, mais j’ai glissé dans le sac rose pâle un certain nombre de choses plus exotiques. Le présence de mon chargeur de téléphone solaire acheté sur un site chinois - Eirlys m’aurait maudite - se justifie encore, mais le bun pour attacher mes cheveux en chignon, ma brosse en poil de sanglier, les bracelets fluos qui ne fonctionnent plus ramenées de la soirées fête foraine que j’ai passée avec Swann et un paquet de bonbons haribos font ils vraiment partie du strict minium ? Tant pis, j’ai acheté un sac à dos de 70L exprès pour l’occasion pour y faire rentrer toutes mes affaires, je ne vois pas pourquoi me priver.

Je décolle de l’appartement, baskets aux pieds, sac à dos sur les épaules - il est vraiment lourd tout compte fait - et casquette vissée sur le crâne en adressant un au revoir à la brune toujours enfermée dans la salle de bain, et je rejoins Swann garé en bas. Il a gentiment proposé de me déposer à l’aéroport et, si je n’ose encore le dire à voix haute au risque de sauter dans tous les sens ou de m’emballer, je crois qu’on est ensemble à présent. Lorsqu’il me dépose sur le parking de l’aéroport je l’embrasse timidement avant de sortir de la voiture en lui adressant un sourire et quelques derniers mots, avant de pénétrer dans le hall de l’aéroport à la recherche de la famille Whitemore, amputée d’une Gabrielle qui n’a pas pu se joindre à nous. Il m’a semblé à moi que nous n’avions pas le choix mais, puisque j’étais réellement emballée à l’idée de passer du temps en famille, je n’ai de toute façon pas insisté. La présence d’Hannah me confirme en tout cas que notre venue n’était pas optionnelle, et même si elle discute en souriant avec mes parents je surprends ses moues boudeuses et ses regards excédés tandis que je m’approche d’eux. « Désolée ! Je suis pas en retard hein ? » Je suis pile à l’heure en fait, mais dans une famille de gens plus organisés et tatillons que moi, cela revient au même. « J’ai vu sur les panneaux que l’embarquement pour notre vol était pas encore ouvert. » On a une grosse heure devant nous. « Oui, ne t’en fais pas. On t’attendait pour passer les contrôles de sécurité. » Je hoche la tête en souriant avant de les prendre un à un dans les bras, un peu plus timidement lorsque j’arrive au niveau d’Hannah. Nos parents prennent la tête du convoi et moi je me penche vers Hannah pour lui glisser quelques mots. « C’est quoi son excuse à Gaby déjà ? » Je tente d’avoir l’air blasée, persuadée que cela m’attirera sa sympathie de me calquer sur son attitude et de donner l’impression qu’on est dans le même bateau quand je suis, en réalité, excitée comme une puce à l’idée de ces cinqs jours que nous allons passer ensemble à camper et faire de la randonnée.

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Outback vibes #1

Dans un soupir excédé, Hannah fit une énième fois le tour de sa maison en vérifiant qu’elle n’avait rien oublié et ferma finalement la porte derrière elle en faisant un signe au taxi qui arrivait juste à sa hauteur. Armée d’un sac à dos tout simplement énorme et d’une paire de lunettes déjà vissées sur son nez, la brune s’éloigna du confort de sa demeure pour rejoindre l’aéroport où devaient déjà l’attendre ses parents. Lorsque son père avait évoqué l’idée de ce voyage, le médecin avait immédiatement refusé en secouant la tête, sentant son palpitant s’emballer à la perspective d’abandonner ses patients ainsi que tous ce sur quoi elle travaillait et jonglait déjà difficilement lorsqu’elle y accordait toute son attention. Pourtant, le ton de Frank Whitemore n’avait guère laissé la place à la moindre protestation et avant qu’il n’ait eu le temps de terminer son discours culpabilisant, Hannah avait fini par accepter – non sans une légère perte de sang-froid. Ça sera l’occasion de passer du temps en famille, comme avant , était l’argument avancé par sa mère qui tentait d’apaiser les tensions amenées par une brunette qui ne s’embarrassait jamais de faux semblants, même pour faire plaisir à ses parents. Gabrielle était parvenue à esquiver, elle, ce qui la laissait désormais avec la cadette qui elle n’avait sans doute pas tenté de rejeter la proposition, la connaissant. Le trajet qui la séparait de l’aéroport fut ponctué de coups de fils et de mails en tout genre destinés à éparpiller son travail chez les diverses personnes en qui elle avait confiance – même si elle aurait préféré s’en occuper elle-même, comme c’était initialement prévu – et une fois arrivée sur place, elle avait rangé son téléphone dans sa poche au prix d’un grand effort sur elle-même. Sa seule inquiétude résidait dans l’existence d’une couverture réseau suffisante dans les montagnes, sans quoi son anxiété attendrait forcément son apogée si elle réalisait qu’elle n’était pas joignable en cas d’urgence. « Hannah, nous sommes là. » Sa mère se signala d’un geste, lui adressant un large sourire auquel elle répondit par automatisme ; elle ne pouvait pas nier que de passer du temps avec eux serait effectivement agréable, mais son esprit carburait et pensait déjà à tout ce qui pourrait tourner mal en son absence. « Pas de valises papa, sérieusement ? » Lança-t-elle en pointant du doigt le sac à dos dans lequel elle avait été obligée d’investir pour la cause, adoptant forcément le modèle le plus grand afin d’y mettre tout ce qu’elle jugeait nécessaire ; médicaments, trousse de secours, allume-feu, vêtements thermiques et évidemment, un livre sur les plantes que l’on pouvait trouver en montagne. Ne tenant pas à rejouer un épisode de Into the wild, Hannah s’était parée pour n’importe quelle situation extrême. « Je me suis dis qu’un peu d’aventure ne nous ferait pas de mal, on a tendance à s’encroûter dans notre confort. » Avisa son père dans sa grande sagesse, tirant un énième sourire à la brunette qui releva finalement les yeux vers Lucia qui arrivait à son tour, légèrement essoufflée par le sac qu’elle traînait avec elle et qui faisait probablement son poids, à peu de chose près. « Désolée ! Je suis pas en retard hein ? » Le médecin jeta un œil à l’énorme écran horaire affiché dans l’aéroport et constata qu’elle était pile à l’heure, même si elle était la dernière arrivée. « J’ai vu sur les panneaux que l’embarquement pour notre vol était pas encore ouvert. « Oui, ne t’en fais pas. On t’attendait pour passer les contrôles de sécurité. » La jeune femme enlaça ses parents et se tourna finalement vers Hannah qui lui rendit son étreinte, légèrement crispée par ses propres angoisses ainsi que par le malaise qui refusait de se dissiper entre elle et la benjamine de la fratrie. « C’est quoi son excuse à Gaby déjà ? » Emboîtant le pas à leurs parents, la brunette haussa un sourcil étonné en direction de Lucia qui donnait l’impression d’être blasée alors que son enthousiasme se ressentait depuis qu’elle avait mis le pied dans l’aéroport. « Elle pense qu’elle couve quelque chose et elle ne tenait pas à nous gâcher le voyage si ça s’avérait sérieux. » Lança la jeune femme en plissant les lèvres. « Mais je pense qu’elle nous cache quelque chose. » Ajouta-t-elle en avouant à voix haute pour la première fois ce qu’elle pensait tout bas depuis quelque temps.

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J’aimerais me calmer et paraître un peu moins surexcitée, sauf que c’est impossible : ce moment, je l’ai trop imaginé pour y parvenir. Alors certes, dans ma tête nos premières vacances en famille depuis mon retour aurait plutôt consisté en un voyage à Bali ou un road trip en Nouvelle Zélande avec un luxueux camping car et pas du camping à moitié sauvage dans les Blues Montains, mais rien ne peut entamer ma bonne humeur depuis que mes parents nous ont parlé du projet. Dans ma tête nous aurions toutes été là également, mais une fois de plus je tente de me contenter - dans le sens le plus noble du terme - de ce que l’on me donne. Mes parents seront là, Hannah sera là et, quant à Gabrielle, on organisera un dîner à la maison en rentrant pour lui raconter tout ce qu’elle a manqué. Si j’avais dû parier sur la soeur qui trouverait une excuse pour s’échapper j’aurais plutôt tout misé sur Hannah mais elle sera là, et rien ne pourrait me rendre plus heureuse. Dans ma tête, je me fais des films : ça y est, est-elle prête à passer définitivement à autre chose, à enterrer la hache de guerre et à redevenir ce que nous étions avant tout ça ? Je suis rentrée depuis presque un an, je me reconstruit, j’ai rencontré quelqu’un à qui je tiens déjà beaucoup - pour ne pas dire que j’en suis déjà amoureuse comme l’éternelle fleur bleue que je suis - il ne manque plus que la restauration de ma relation avec mon aînée pour peindre un tableau parfait.

Le camping n’est pas une seconde nature chez moi, et je me dis que mon père aurait mieux fait de nous envoyer une liste des choses à emporter puisque je doute d’avoir tout le nécessaire. Au moins, j’ai pris une palanquée de short et de leggins et de t-shirt simples, ainsi que des chaussures de marche. C’est déjà ça non ? Quand Swann a revissé la casquette sur ma tête en me disant que je ressemblais à une vraie aventurière, j’ai été convaincue. Dans l’aéroport, je suis pudique : je sais que Hannah n’est pas une folle des grandes embrassades alors je me contente d’enlacer mes parents avec vigueur, et Hannah un peu plus discrètement et furtivement. « Elle pense qu’elle couve quelque chose et elle ne tenait pas à nous gâcher le voyage si ça s’avérait sérieux. » Je fronce les sourcils. Gabrielle, malade ? Pourquoi je n’ai pas retenu l’information ? Pourquoi personne ne m’a dit que c’était ça son excuse ? « Mais je pense qu’elle nous cache quelque chose. » Ah. Parce que ce n’est pas ça. « Qu’est-ce qu’elle pourrait bien nous cacher ? » Elle est discrète mais entière notre aînée, et moi je me berce de l’illusion de tout savoir à son sujet parce que c’est rassurant, surtout lorsque je souffre de la comparaison avec Hannah au sujet de laquelle, malgré mes efforts, je ne sais toujours pas grand chose. « Les filles, vos pièces d’identités. » Ma mère nous sort de la conversation et je fouille rapidement les poches de mon sac à dos pour en sortir mon passeport, que je tends à l’agent de contrôle qui vérifie les cartes d’embarquement et les papiers des passagers. Le contrôle de sécurité plus tard, nous voilà dans la zone d’embarquement avec une grosse demie heure à tuer et, incapable de contenir mon excitation et de tenir en place, je me tourner vers Hannah qui est assise sur le siège à côté du mien. « Tu veux aller acheter des magazines pour le vol ? » Des magazines et des sucreries, bien évidemment, et tout ce qui nous permettra de passer le temps. Le trajet ne dure qu’une heure, mais je ne sais tenir en place et il me faut de quoi m’occuper les mains. Une fois éloignée des parents et alors que nous pénétrons dans la petite boutique d’aéroport, j’attrape deux paquets de bonbons avant de me tourner vers ma soeur. « T’avais pas plus envie que ça de venir, je me trompe ? » Impossible de prétendre le contraire : ce n’est pas mon cas à moi. J’ai sauté de joie quand mon père m’a parlé du projet au téléphone. « Qu’est-ce qu’ils ont dit pour te convaincre ? » Ma mère, vraie tyran en herbe, aurait parfaitement été capable de la menacer d’arrêter de payer son loyer ou les frais de sa voiture, je n’en doute pas, mais je préfèrerais qu’elle ait finalement décidé de passer du temps avec nous de son plein gré.

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Comme d’habitude, la bonne humeur de Lucia s’avérait contagieuse et le sourire d’Hannah se faisait de moins en moins crispé, même si une part d’elle résistait par principe. Elle n’avait pas envie d’être ici et à dire vrai, elle ne comprenait pas pourquoi ses parents avaient tant tenu à rassembler la famille pour ce voyage alors qu’il paraissait clair que cette histoire de camping n’emballait qu’eux. D’autant plus qu’ils auraient pu en profiter pour se retrouver à deux en amoureux, mais la brunette se doutait que le problème était peut-être là justement ; ils n’étaient que trop souvent seuls. Leurs trois filles menaient de front une vie active et avec le retour de Lucia, le calme était revenu chez les Whitemore. Après une étreinte rapide, ils prirent tous le chemin du guichet d’enregistrement et laissant Helen et Frank prendre un peu d’avance, les deux sœurs restèrent en retrait tandis que la plus jeune s’interrogeait sur l’absence plutôt étonnante de Gabrielle. Cette dernière avait servi une excuse de dernière minute et compte tenu du fait qu’elle n’esquivait jamais aucune réunion familiale, ses parents l’avaient laissée tranquille, à l’instar d’Hannah qui s’était retrouvée mise au pied du mur avant même d’avoir eu le temps de trouver un prétexte solide. Selon elle, leur aînée n’avait pas été tout à fait honnête, comme elle le fit savoir à Lucia qui fronça les sourcils en entendant son intuition. « Qu’est-ce qu’elle pourrait bien nous cacher ? » Là était toute la question. Le médecin haussa les épaules en plissant les lèvres, peu désireuse de lancer le débat alors qu’elle n’avait rien pour étayer son impression. « Je n’en sais rien, mais elle n’est pas comme d’habitude. Elle n’a jamais su mentir et en l’occurrence, je suis certaine que son excuse c’est du pipeau. La question reste de savoir pourquoi elle n’a pas voulu ou pas su venir. » Comme d’habitude, Hannah cherchait la vérité dans le détail et l’envie d’interroger son aînée sur la raison de son absence la tiraillait. « Les filles, vos pièces d’identités. » La brunette releva le nez vers ses parents en sortant de ses pensées, hochant rapidement la tête avant de s’emparer de son passeport qui se trouvait à portée de main et de le tendre à son tour à l’agent de contrôle. Après une rapide inspection, les Whitemore arrivèrent en avance en zone d’embarquement où ils avaient encore un peu de temps à tuer avant de pouvoir monter dans l’avion. « Tu veux aller acheter des magazines pour le vol ? » Pourquoi pas ? Ce n’était pas comme si elle avait quelque chose de mieux à faire en attendant, et l’idée de se perdre dans un magazine rempli de futilités était incroyablement tentante. « Bonne idée. » Lança-t-elle donc en se relevant et en lui emboîtant le pas sous le regard ravi de ses parents qui espéraient sans doute que ce voyage fasse office de médiateur pour rapprocher les deux têtes brunes, ce qui était loin d’être gagné mais pas impossible. Laissant ses doigts traîner le long d’un rayon rempli de livres – on ne la referait pas – Hannah haussa un sourcil vers Lucia lorsque celle-ci se tourna vers elle, ayant déjà jeté son dévolu ses des paquets de bonbons – on ne la referait pas non plus. « T’avais pas plus envie que ça de venir, je me trompe ? » La jeune femme hésita quelques secondes avant de reporter son attention sur la couverture des romans qui lui semblaient bien plus intéressants que les magazines auxquels Lucia avait fait référence quelques instants plus tôt. « Ce n’est pas que je n’avais pas envie de venir, mais c’est très compliqué pour moi de poser des congés comme ça. J’ai des patients qui dépendent de moi, des dossiers en cours, des rendez-vous… » Rien que le fait d’énumérer tout ça lui donnait des sueurs froides et elle passa une main sur son front en secouant la tête, sentant son cœur s’accélérer alors qu’elle reprenait conscience de tout ce qu’elle avait laissé derrière elle. « J’ai pas la conscience tranquille. » Avoua-t-elle dans un haussement d’épaules, attrapant un livre au hasard pour parcourir la quatrième de couverture d’un air distrait. « Qu’est-ce qu’ils ont dit pour te convaincre ? » Rien de bien méchant, mais la culpabilisation était un concept que ses parents maîtrisaient à merveille, depuis le temps. « Que je leur devais bien ça. » Lâcha-t-elle finalement en reposant le bouquin, sachant pertinemment qu’elle n’arriverait pas à se concentrer assez pour un roman ; les magazines étaient en fait une bonne alternative. L’argument avancé l’air de rien par sa mère avait provoqué un léger pincement chez Hannah, mais elle savait très bien qu’elle n’avait pas voulu être blessante. « Tu n’as pas eu besoin d’être convaincue toi je suppose ? » Plaisanta-t-elle en se dirigeant vers les magazines remplis de scoops en tout genre sur des actrices et des mannequins, hésitant à participer à ce type de lynchage public en apportant sa pierre à l’édifice par un achat – aussi random qu’il soit.

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« Je n’en sais rien, mais elle n’est pas comme d’habitude. Elle n’a jamais su mentir et en l’occurrence, je suis certaine que son excuse c’est du pipeau. La question reste de savoir pourquoi elle n’a pas voulu ou pas su venir. » Je hoche la tête en silence, forcée de constater que c’est vrai : dans la famille il n’y a qu’Hannah qui sache élaborer un mensonge sans que la vérité ne soit écrite sur sa figure. Gabrielle se débrouille à peine lorsqu’il s’agit de petite cachoteries - là où même moi je rougis comme une tomate - alors lorsqu’il s’agit de dissimuler la vraie raison pour laquelle elle ne voulait pas se joindre à nous, je doute qu’elle ait su être convaincante. Quoi qu’il en soit, contrairement à Hannah je respecte le droit à chacun à son jardin secret, et j’estime que si notre aînée nous a menti il y a forcément une bonne raison, une que je ne creuserai pas pour ma part.

Mais Hannah elle est capable de rester des heures sur le sujet, telle un chien qui ronge son os, alors je suis soulagée que le passage de la sécurité nous offre une distraction. Je sors mon téléphone et ma batterie solaire de mon sac sous le regard désapprobateur de mon père qui espérait une totale déconnexion - hors de question de ne pas parler à Swann pendant cinq jour, et hors de question de ne pas prendre de photos - et je retire mes chaussures pour passer le portique. L’aéroport n’est pas bondé, et en quelques minutes seulement toutes nos affaires sont remises dans les sac à dos et nous nous installons dans la zone d’embarquement.

Être là, à l’aéroport avec mes parents et ma soeur me plonge des années en arrière, et j’ai l’impression d’être l’adolescente que j’étais à cette époque là. Je nourris une profonde nostalgie pour ces temps où nous partions en vacances en famille tous les étés, et je suis contente de renouer avec ces souvenirs et sensations. « Bonne idée. » Je propose à Hannah d’acheter des magazines - aka des bonbons - pour le vol, et elle accepte avant de se lever à son tour et de me suivre jusqu’à la petite boutique d’aéroport. Dans la boutique, il me faut moins de quelques minutes pour attraper deux paquets de bonbons et un paquet de marshmallow que j’espère griller au feu de camp pour rejoindre Hannah, occupée à feuilleter le quatrième de couverture de tous les romans qui lui tombent sous la main. « Ce n’est pas que je n’avais pas envie de venir, mais c’est très compliqué pour moi de poser des congés comme ça. J’ai des patients qui dépendent de moi, des dossiers en cours, des rendez-vous… » J’ai envie de préciser qu’il s’agit d’un week end et de trois jours de congé uniquement et que ça n’a jamais tué personne de s’éloigner un peu du boulot mais je m’abstiens : elle m’a bien fait comprendre la dernière fois que je ne pouvais pas comprendre son rapport à son travail à l'hôpital, alors je n’essaye pas. « J’ai pas la conscience tranquille. » J’esquisse un sourire devant cette réaction typique de ma soeur, avant de hocher les épaules et de dédramatiser. « Ah. Evelyn a dit que ça allait lui faire bizarre d’avoir personne à l’agence en début de semaine, mais je suis sûre qu’au fond elle est contente de retrouver sa tranquillité d’autrefois quelques jours. » Elle travaillait seule depuis des mois après tout avant que je n’intègre l’agence, et si nous formons un duo surprenamment complémentaire et qui marche bien, elle doit toutefois être heureuse de se retrouver un peu seule. « Que je leur devais bien ça. » Je fronce les sourcils avant de comprendre. Ah oui, Hannah, la fille chérie, celle qui est si indépendante mais qui ne débourse pourtant pas un sous pour son appartement ou sa voiture ou, en tout cas, qui n’en déboursait pas à l’origine, j’ignore si les choses ont changées. « Ah oui, typique maman ça. C’est encore eux qui payent ton loyer ? » Je doute qu’elle puisse se loger dans le quartier où elle se loge en étant encore résidente et sans aide de mes parents. Plus tarde elle gagnera bien plus que le reste de la famille, mais pour l’instant elle est surtout celle qui fait les études les plus longues et les plus chère, la golden girl. « C’est vraiment eux ça. Te rendre un service puis l’utiliser pour que tu fasses ce qu’ils veulent. » Mais moi, ça m’arrange bien qu’elle soit là, alors je ne rajoute rien et je me contente de glisser sous mon bras un cahier de mots croisés ainsi qu’un magazine people choisi au hasard. « Tu n’as pas eu besoin d’être convaincue toi je suppose ? » J’esquisse un sourire en tournant la tête vers elle. « Non pas vraiment. Ça fait des années qu’on était pas partis en vacances en famille et... J’avoue que ça me manquait. » Je l’observe en souriant avant de rajouter à voix basse. « Et je suis contente que tu sois là... »

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Cette histoire avec Gabrielle la perturbait, mais pas assez pour la sortir totalement de son anxiété par rapport à tout ce qu’elle laissait derrière elle à l’hôpital et à l’association. Elle craignait que certains patients soient perturbés par son absence et par le changement de psychiatre référent, même si ses collègues l’avaient rassurée à de nombreuses reprises en la poussant littéralement vers la porte de sortie en arguant qu’il était plus que temps qu’elle s’octroie des congés. Et ils avaient raison, car même les vacances scolaires n’avaient jamais été synonyme de repos pour la brune qui vivait toujours à deux cents à l’heure, dépitée à l’idée de ne rien faire. Mais cette fois-ci, elle n’avait pas été en position de refuser la demande de ses parents – ils avaient tellement fait pour elle qu’il aurait été indécent de décliner ces retrouvailles familiales – et le fait que Gabrielle y soit parvenue pour d’obscures raisons avait tendance à la faire cogiter et à remettre en doute sa soi-disant maladie. En passant les contrôles de sécurité, Hannah fit également les frais du regard désapprobateur du patriarche sur son ordinateur et son chargeur – comme si elle aurait été capable de ne pas être en mesure de suivre ses mails et ses dossiers – qu’elle balaya avec un sourire innocent avant de récupérer ses affaires et de s’installer dans la zone d’attente avec ses parents. Lucia ne tarda pas à lui proposer de bouger un peu, chose qu’elle accepta avec grand plaisir ayant dans l’idée de s’acheter l’un ou l’autre livre – même si elle en avait déjà emporté avec elle – et elle lui emboîta le pas avant de lui exposer les raisons de ses réticences face à ce petit voyage improvisé. « Ah. Evelyn a dit que ça allait lui faire bizarre d’avoir personne à l’agence en début de semaine, mais je suis sûre qu’au fond elle est contente de retrouver sa tranquillité d’autrefois quelques jours. » Hannah hocha la tête dans un petit sourire, ravie de voir que Lucia était parvenue à trouver un travail dans sa branche même si elle continuait comme serveuse à temps partiel, se doutant qu’elle avait dû rapidement se montrer indispensable. La brune avait hérité du côté perfectionniste de la famille, même si cela se voyait moins dans sa vie de tous les jours. « Disons que l’ambiance de travail sera différente pour elle, mais je suis certaine qu’elle va ressentir ton absence. » Lança-t-elle dans un élan de motivation, cherchant à faire comprendre à sa cadette qu’elle la voyait comme un bon élément ; elle était une Whitemore. Lucia s’interrogea sur le moyen de pression trouvé par leur mère pour forcer la main à Hannah en toute subtilité, et cette dernière lui avoua que le fait qu’elle leur était redevable avait été mis sur la table, chose qu’elle avait d’ailleurs trouvé un peu blessante même si elle n’avait rien dit. Ses parents l’avaient toujours poussée dans cette voie, arguant qu’ils seraient derrière elle si elle poursuivait de longues études et elle les avait écoutés. Remettre tout ça sur la table n’était pas des plus sympathique, mais Hannah savait que sa mère avait utilisé cet argument en dernier recours pour la convaincre, par pour la blesser ; même si le mal était fait. « Ah oui, typique maman ça. C’est encore eux qui payent ton loyer ? » La brune plissa les lèvres, hésitante ; Lucia n’était pas du genre à juger et pourtant, elle se sentait mal lorsqu’elle comparait leurs deux situations. Les Whitemore faisaient des différences entre leurs filles depuis leur plus jeune âge, récompensant en fonction du mérite. Et Hannah avait été la plus privilégiée en comparaison des deux autres, chose qui ne l’avait jamais perturbée avant que cela soit mis en lumière par leur mère et qu’elle s’en serve pour la faire culpabiliser. « Oui, et je commence à me demander si tout ça est une bonne idée. » Parce qu’elle leur donnait l’ascendant sur sa vie, d’une certaine façon. Non pas qu’elle ait le choix, mais heureusement que ses études touchaient doucement à leur fin. « C’est vraiment eux ça. Te rendre un service puis l’utiliser pour que tu fasses ce qu’ils veulent. » A qui le disait-elle. « Je t’avoue que j’ai moyennement apprécié. » Concéda-t-elle en faisant la moue tout en reposant le livre qu’elle tenait entre ses mains pour se diriger vers les magazines, imitant sa cadette qui en avait déjà sélectionné un. « Non pas vraiment. Ça fait des années qu’on était pas partis en vacances en famille et... J’avoue que ça me manquait. Et je suis contente que tu sois là... » Hannah lui rendit son sourire, ressentant la même chose à l’égard de sa sœur, même si le formuler à voix haute était une tâche bien plus difficile pour elle que pour Lucia. « Ça va être une expérience en tout cas, je me réjouis même si une part de moi a déjà envie de rentrer. » Tout en complexité, comme d’habitude. « Tu sais ce qu’ils ont prévu au fait ? Je n’ai pas eu énormément d’informations sur le planning. » Autant dire que ne rien savoir avait tendance à augmenter son anxiété, pour ne pas changer. « On a le temps d’aller se prendre un café vite fait, ça te dit ? » L’interrogea-t-elle ensuite en calant deux magazines sous son bras avant de se diriger vers les caisses.

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Comme souvent avec Hannah, le sujet du travail revient sur le devant de la scène. J’ai passé longtemps à l’esquiver mais aujourd’hui que je fais plus de ma vie que servir des café, je tente d’alimenter la conversation de ma propre expérience. Bien sûr, mes activités professionnelles n’ont rien à voir avec son boulot. Bien sûr, la façon dont je gagne ma vie ne trouvera jamais grâce aux yeux de mon exigeante famille. Mais j’aime ce que je fais, je travaille avec une femme de caractère qui s’est construite seule, et dans la branche pour laquelle j’ai fait des études. Plus ou moins. Si je ne saisis pas l’occasion de prouver à ma soeur que je peux être une adulte responsable maintenant, je ne le ferai jamais. « Disons que l’ambiance de travail sera différente pour elle, mais je suis certaine qu’elle va ressentir ton absence. » Je rougis de plaisir, pourtant persuadée que ma soeur dit ça uniquement pour me faire plaisir mais qu’au fond elle se moque bien de ce que je fais. Comment pourrait-il en être autrement ? Tandis qu’elle sauve des vie et change celles de ses patients, moi je choisis des robes de mariés et des pièces montées. « C’est gentil de dire ça, mais t’as pas besoin de faire semblant. Je sais que vous comprenez pas ce que je fais, ni pourquoi ça me plait. » Je hausse les épaules, désabusée. Il y a bien longtemps que je me suis faites à l’idée de rester éternellement le petit canard de ma famille d’intellectuels et d’adultes fonctionnels et accomplis.

« Oui, et je commence à me demander si tout ça est une bonne idée. » Je plisse les lèvres, incapable de ressentir la moindre jalousie à l’égard de ma soeur, mais touchée de constater que j’avais vu juste. Ma mère continuera éternellement à faire des différences entre mes soeurs et moi, encourageant l’excellence. Pourtant, je ne ressens pas le sentiment d’être laissée au bord de la route : ils m’ont ouvert leur porte lorsque j’ai eu besoin de rentrer de Sydney. Mais alors qu’ils aident Hannah à voler de ses propres ailes, je me demande s’ils m’ont jamais vue comme une adulte. « Je t’avoue que j’ai moyennement apprécié. » Je hausse les épaules. « Elle est comme ça, tu la connais. » Et après tout, ne gagne-t-elle pas sa vie à présent à l'hôpital ? Peut-être pas assez pour habiter dans un appartement si grand et dans un quartier si agréable, mais si elle voulait être indépendante, ne le pourrait-elle pas finalement ?

Et au fond, je ne dis rien, trop contente qu’ils l’aient forcée à venir, trop contente qu’elle soit là. « Ça va être une expérience en tout cas, je me réjouis même si une part de moi a déjà envie de rentrer. » « C’est que cinq jours de toute façon. Tu vas pas voir le temps passer. » Et elle pourra revenir à ses patients bien rapidement. « Tu sais ce qu’ils ont prévu au fait ? Je n’ai pas eu énormément d’informations sur le planning. » Mes parents ne nous ont donné que peu d’information quant au programme des vacances, mais il y a quelque chose que je semble avoir mieux compris qu’elle. « Je ne sais pas trop, mais d’après ce que j’ai compris, t’auras pas de quoi recharger ton ordi... » Je ne me suis pas encombrée du mien, seulement de mon téléphone et d’un chargeur solaire offert par Swann, pour qu’on puisse continuer à parler tous les deux pendant ces cinq jours. « Je crois qu’ils ont volontairement voulu nous couper un peu de notre quotidien... » Certainement parce que cela nous forcément à discuter toutes les deux. Je lui adresse un clin d’oeil. « Pour ton téléphone, j’ai un chargeur solaire. Je te le prêterais. » Quand je me serais assurée d’avoir assez de batterie pour ester en contact avec mon petit ami. Celui dont je brûle d’envie de lui parler sans oser le faire. Plus tard. Lorsque l’occasion se présentera. « On a le temps d’aller se prendre un café vite fait, ça te dit ? » Mes magazines sous le bras, je jette un coup d’oeil à mon téléphone. « On embarque à quelle heure déjà ? » Je lui adresse un sourire avant de la laisser passer devant. « Après toi. Je sais à quel point t’es grognon quand t’as pas ton café préparé ex-act-e-ment comme il faut. » Ce qu’elle n’aura pas si nous campons en pleine nature, je commence à me demander si ce voyage était une bonne idée. « J’espère qu’ils ont pris des matelas gonflables, tu te souviens quand on a dû dormir par terre ? Tu crois qu’ils ont pris combien de tentes ? » Et là, je réalise que pour la première fois de ma vie et alors qu’autrefois j’adorais ça, j’appréhende de dormir avec ma soeur qui n’a de cesse que de me repousser.

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Outback vibes #1

Lucia parlait de son nouveau travail et sans s’en rendre compte, elle brillait d’une assurance nouvelle et on pouvait voir qu’elle se sentait épanouie dans ce qu’elle faisait, même si elle avait encore la fâcheuse tendance de se rabaisser alors qu’Hannah était persuadée qu’elle faisait du bon travail, comme elle le lui fit savoir dans une tentative destinée à la rassurer. La brune se mis à rougir, décrochant un léger sourire sur les lèvres du médecin. « C’est gentil de dire ça, mais t’as pas besoin de faire semblant. Je sais que vous comprenez pas ce que je fais, ni pourquoi ça me plait. » Un haussement d’épaules vint ponctuer sa phrase et la brunette recouvra rapidement son sérieux, désolée qu’elle le voit de cette manière. « Je ne fais jamais semblant. » C’était un fait avéré depuis bien des années et Hannah se vexa qu’elle puisse lui prêter un tel comportement. « Et peut-être que je ne partage pas ta passion pour les mariages, mais il me semble que tu n’as jamais montré le moindre intérêt pour mes sujets d’étude toi non plus. C’est la même chose. » Trop occupée à se descendre et à se comparer pour ne pas avoir suivi le même parcours scolaire que le reste de la famille, Lucia ne se rendait pas compte que le désintérêt auquel elle faisait référence était partagé, et ça n’était pas un problème. Chacun son truc après tout. « Si ça te plaît à toi, c’est le principal. C’est toi qui te lèves chaque matin pour organiser des évènements, pas nous. Tout comme je fais des heures atroces à l’hôpital en côtoyant de l’esprit parfois malade, pas sûr que tu comprennes pourquoi ça me plaît. J’ai tort ? » Non, elle se trompait parfois mais pas lorsqu’il s’agissait de Lucia. « Elle est comme ça, tu la connais. » Oui elle la connaissait, mais ça n’enlevait rien à ce désagréable sentiment qu’elle avait depuis quelque temps. « Bientôt je me ferai assez pour pouvoir payer ce loyer sans leur aide. J’aime beaucoup cet endroit, ça me ferait mal de déménager par ego. » Elle plissa les lèvres, espérant que sa mère n’utiliserait plus cette aide financière comme d’une monnaie d’échange à l’avenir. « J’ai plus qu’à attendre d’être diplômée et officiellement reconnue comme psychiatre. » Les années passaient et la rapprochaient du but. « C’est que cinq jours de toute façon. Tu vas pas voir le temps passer. » Rien n’était moins sûr, mais elle se contenta de sourire dans un simple hochement de tête avant de lui demander si elle avait une idée du programme prévu par leurs parents. Ils étaient restés plutôt flous sur le sujet et Hannah avait trouvé ça inquiétant en plus d’être frustrant. « Je ne sais pas trop, mais d’après ce que j’ai compris, t’auras pas de quoi recharger ton ordi... » Un soupir s’échappa de ses lèvres en réalisant que la connexion tant espérée n’existerait que dans ses rêves. « Pourquoi ils nous infligent ça ? » A ce stade, ça avait des allures de punition et la brune se demandait ce qu’elle avait pu faire pour mériter ça. « Je crois qu’ils ont volontairement voulu nous couper un peu de notre quotidien... » Quelle idée saugrenue. Son quotidien était ponctué par les urgences et ils voulaient la couper de ça ? C’était de la torture pure et simple. « Je sais pas si je vais pouvoir survivre. Y a une issue de secours ? » Elle plaisantait et se la jouait un brin dramatique, mais l’idée de ne pas être joignable et de ne pas pouvoir superviser ses dossiers à distance lui donnait presque des sueurs froides.
« Pour ton téléphone, j’ai un chargeur solaire. Je te le prêterais. » Elle lui jeta un regard reconnaissant avant de finaliser son paiement et de lui proposer d’aller chercher un café en quatrième vitesse avant le décollage – il y avait peu de chance de croiser un Starbucks là où ils allaient. « On embarque à quelle heure déjà ? » « Dans trois quart d’heure environs, ça nous laisse le temps t’en fais pas. » Elle lui rendit son sourire avant de sortir du magasin et de prendre la direction du café qu’elle avait aperçu un peu plus loin. « Après toi. Je sais à quel point t’es grognon quand t’as pas ton café préparé ex-act-e-ment comme il faut. » Le sarcasme lui passa au-dessus et elle hocha la tête en signe de consentement car elle savait pertinemment à quel point elle pouvait se monter exigeante avec des détails aussi stupides qu’un café – mais elle y tenait quand même. « On appelle ça savoir ce qu’on veut. » Rétorqua-t-elle quand même se positionnant dans la courte file d’attente qui la séparait de son précieux café. « J’espère qu’ils ont pris des matelas gonflables, tu te souviens quand on a dû dormir par terre ? Tu crois qu’ils ont pris combien de tentes ? » Seigneur, il n’était pas encore l’heure de penser au pire, elles n’avaient même pas encore décollé. « J’espère que l’expérience de la dernière fois leur a servi de leçon, je suis trop vieille pour dormir à même le sol. » Lança-t-elle tout en observant les suggestions de la carte. « Et eux aussi ils deviennent vieux, ce qui me pousse à croire qu’ils auront prévu un minimum de confort. » Leurs parents étaient beaucoup de choses, mais des aventuriers en herbe, sûrement pas.

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(#) Sujet: Re: outback vibes #1 (lunah #5) Dim 6 Sep 2020 - 12:44

Outback vibes #1
Lucia Whitemore & @Hannah Whitemore outback vibes #1 (lunah #5) 873483867

« Je ne fais jamais semblant. Et peut-être que je ne partage pas ta passion pour les mariages, mais il me semble que tu n’as jamais montré le moindre intérêt pour mes sujets d’étude toi non plus. C’est la même chose. » Elle a mal pris ce qui n’était qu’une maladresse de ma part et je me décompose. Elle est sur la défensive lorsque ça touche à son travail, pourquoi ne l’ai-je pas prévu ? Pourquoi n’ai-je pas été plus prudente et fait plus attention aux mots que j’ai employés ? « C’était pas un reproche. Si j’ai certes souvent souffert de la différence entre moi et les autres membres de ma famille, je ne leur ai jamais reproché de ne pas s’intéresser aux mêmes choses que moi. Seulement elle est dure, et ses sous entendus me blessent. Je ne peux nier que son domaine d’étude n’éveille pas mon intérêt, mais ne l’ai je pas aidée à réviser en lui posant toutes les questions qu’elle avait préparées à chaque vacances ? Je n’y comprenait rien, mais ce genre de chose devrait compter non ? « Si ça te plaît à toi, c’est le principal. C’est toi qui te lèves chaque matin pour organiser des évènements, pas nous. Tout comme je fais des heures atroces à l’hôpital en côtoyant de l’esprit parfois malade, pas sûr que tu comprennes pourquoi ça me plaît. J’ai tort ? » Avec Hannah j’ai appris il y a bien longtemps à choisir les batailles et à préférer me taire parfois - souvent - au profit de notre entente. C’est ce que je m’emploie à faire aujourd’hui, consciente qu’on touche à un sujet sur lequel elle s’enflamme facilement. Alors je consens à un « Si tu as raison. » dans lequel je tente d’insuffler un peu de conviction.

Ma mère ne s’est jamais cachée de traiter différemment ses enfants en fonction des exigences de nos études. Je n’ai jamais laissé ça me blesser, je suis trop conciliante et reconnaissante de n’avoir jamais manqué de rien, mais je trouve Hannah hypocrite de se plaindre après des années, plus que Gabrielle et certainement plus que moi, à avoir été entretenue. « Bientôt je me ferai assez pour pouvoir payer ce loyer sans leur aide. J’aime beaucoup cet endroit, ça me ferait mal de déménager par ego. J’ai plus qu’à attendre d’être diplômée et officiellement reconnue comme psychiatre. » Je lui adresse un sourire radieux, réellement heureuse pour elle et sa réussite. « Tu sera géniale, je suis même sûre que tu pourras changer pour encore mieux en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. » Elle écrira des livres et sera invitée sur des plateaux télé la brune, j’en suis sûre. « Pourquoi ils nous infligent ça ? » [i]Parce que ce sont nos parents et qu’ils ont envie de passer du temps en famille, est-ce si dur à concevoir ? « Je sais pas si je vais pouvoir survivre. Y a une issue de secours ? » Je lui adresse un sourire encourageant, plus blessée et déçue qu’elle ne partage pas mon enthousiasme pour ces vacances qu’en colère. « Dans trois quart d’heure environ, ça nous laisse le temps t’en fais pas. » « Alors je te suis. » Et pour détendre l’atmosphère, je me moque gentiment d’elle. « On appelle ça savoir ce qu’on veut. » « Ah ça pour savoir ce que tu veux… » Ou alors on appelle ça de la tyrannie, et elle peut être un vrai petit tyran Hannah. « J’espère que l’expérience de la dernière fois leur a servi de leçon, je suis trop vieille pour dormir à même le sol. » J’éclate de rire avant de commander un macchiato au comptoir, et de m’entraîner la brune vers l’une des tables du café. « Et eux aussi ils deviennent vieux, ce qui me pousse à croire qu’ils auront prévu un minimum de confort. » « Hum ça dépend si c’est papa ou maman qui a organisé le voyage... » Et j’ai peur pour elle que ce soit notre père qui s’en soit chargé. « Et je veux pas t’inquiéter mais… Papa a pris sa canne à pêche, il a passé deux heures à me parler des coins de la région au téléphone l’autre jour… » J’aimerais croire que bronzer au bord du lac sera au programme mais j’ai de sérieux doutes...

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« C’était pas un reproche. » Sans doute pas. Et pourtant, Hannah l’avait perçu de cette manière car Lucia mettait régulièrement en cause l’intérêt que portait le reste de la famille sur la voie qu’elle s’était choisie. La brunette était sortie de la case Whitemore pour se lancer à corps perdu dans une entreprise qui était bien loin de l’excellence perçue par les membres de la fratrie et pourtant, personne ne l’avait jamais jugée pour ça. Hannah elle-même aurait été la première à choisir un autre domaine si elle n’avait pas été aussi passionnée par la médecine et la psychologie et elle ne pouvait guère en vouloir à sa cadette de ne pas éprouver l’amour des sciences au même titre que ses sœurs et ses parents. « Mais tu penses qu’on ne te comprend pas, ce qui est absolument faux. Tu te fais des idées, Lucia. » Elle s’était toujours rabaissée vis-à-vis de ses sœurs et ça n’avait pas l’air d’être près de changer, surtout si elle continuait de raisonner de cette façon. « Si tu as raison. » Le médecin n’était pas vraiment convaincu, mais l’idée de ce séjour était d’arranger les choses entre elles et non de les aggraver, raison pour laquelle Hannah décida simplement de hocher la tête en mettant cette discussion derrière tout en sachant qu’elles y reviendraient. C’était le genre de sujet qui était épinglé dans les rapports houleux de la famille et qui y resterait tant que le fond du problème ne serait pas réglé. L’exigence des Whitemore était pesante pour toutes les filles, et pas seulement pour Lucia – même si elle pensait certainement le contraire. Se lancer dans de telles études n’avait rien de facile et le poids de l’espoir qu’avaient mis ses parents en elle était tout aussi compliqué à porter que celui qui pesait sur la décision de Lucia de suivre une voie différente. Hannah avait toujours été foncièrement indépendante et laisser ses parents lui payer son appartement avait été de plus en plus difficile à vivre au fil des années, même si cela s’avérait nécessaire – continuer de vivre sous leur toit était tout simplement impensable. « Tu sera géniale, je suis même sûre que tu pourras changer pour encore mieux en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. » Elle semblait sincère et un sourire apparu sur les lèvres de la brunette qui attendait déjà d’obtenir son diplôme avant de penser à une quelconque suite. « Tu as quoi en tête ? » Parce que encore mieux que douze années d’étude, c’était compliqué à ses yeux. Le sujet glissa à nouveau sur ce que leurs parents avaient prévu pour ce petit voyage et il paraissait évident que les deux sœurs ne partageaient pas le même sentiment au sujet de cette escapade, comme l’indiquait l’air déconfit d’Hannah et l’enthousiasme persistant de Lucia. Et puisqu’il leur restait un peu de temps avant de décoller, la brunette proposa qu’elles s’enfilent un petit café avant de rejoindre leurs parents, estimant qu’un peu de caféine ne lui ferait pas de mal avant de partir – qui sait quand elle pourrait en boire à nouveau. « Alors je te suis. » Et elle lui emboîta le pas, non sans lui lancer une petite boutade au passage qui arracha un sourire à Hannah qui souligna que de s’attendre un café préparé de manière spécifique voulait simplement dire qu’elle savait ce qu’elle voulait. « Ah ça pour savoir ce que tu veux… » Le médecin haussa un sourcil dans sa direction en faisant mine de ne pas comprendre le sous-entendu alors qu’elle savait pertinemment qu’elle pouvait parfois se montrer un brin tatillonne quand elle s’y mettait. Elle laissa Lucia commander et fit de même, se lançant dans une commande tout à fait élaborée face à une serveuse perplexe qui semblait hésiter à prendre note. Finalement, elles se retrouvèrent à table et commencèrent à faire des suppositions sur le confort auquel elles auraient droit durant le voyage. « Hum ça dépend si c’est papa ou maman qui a organisé le voyage... Et je veux pas t’inquiéter mais… Papa a pris sa canne à pêche, il a passé deux heures à me parler des coins de la région au téléphone l’autre jour… » Merveilleux. « Je suppose que nous n’avons plus qu’à attendre de voir ce qu’ils nous ont préparé. » Elle sourit légèrement avant d’observer sa sœur d’un air interrogateur. « Ton petit-ami n’était pas trop triste que tu partes ? » Son ton était volontairement direct, à la fois pour faire rougir Lucia – elle adorait ça – et pour l’empêcher de trop réfléchir avant de formuler sa réponse, car elle avait envie d’en savoir un peu plus sur ce qu’il se tramait entre ce joli blond et sa sœur.

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(#) Sujet: Re: outback vibes #1 (lunah #5) Mar 13 Oct 2020 - 16:33

Outback vibes #1
Lucia Whitemore & @Hannah Whitemore outback vibes #1 (lunah #5) 873483867

J’ai tant grandi avec la certitude d’être incomprise par la plupart de mes proches qu’aujourd’hui elle est ancré en moi si profondément qu’il me semble impossible de m’en débarrasser. Je sais que je devrais grandir, que cela ne devrait plus importer pour moi, ce sentiment d’avoir continuellement besoin de prouver ma valeur auprès des miens et que je devrais être capable de tracer ma route sans m’en préoccuper mais je n’y parviens pas. Je suis au contraire, coincée dans cette zone de flou entre l’adolescence et l’âge adulte auquel le besoin de reconnaissance est le plus grand, coincée à cette époque où je n’avais jamais l’impression d’être assez aux yeux de mes parents par rapport à mes deux aînées et je crois qu’avec le temps j’ai développé le même complexe en ce qui concerne Hannah.

C’est vrai qu’elle n’a elle même jamais émis la moindre critique concernant mes choix de vie ou, en tout cas, mes choix de carrière même si je doute qu’elle ait été enchantée que je passe trois ans après mes études à servir dans des bars ou café. Son respect pour moi en temps qu’adulte je pas l’impression de l’avoir déjà eu et je me suis souvent demandée si elle ressentirait la moindre affection pour moi si nous n’étions pas liées par le sang : après tout, je ne ressemble en rien aux amies qu’elle se choisit. « Mais tu penses qu’on ne te comprend pas, ce qui est absolument faux. Tu te fais des idées, Lucia. » Elle a raison sur un point : si je veux qu’elle ait confiance en mes intentions, il faut que j’apprenne à lui faire confiance à elle aussi, et à ne pas laisser mon manque de confiance en moi s'immiscer dans notre relation en lui prêtant un quelconque ressenti. Sauf que c’est plus facile à dire qu’à faire et, si je me contente de hocher la tête les lèvres entrouvertes et mouchée par sa remarque, la route est encore longue. « Tu as quoi en tête ? » « Rien de particulier. » C’est ça le souci avec moi, je ne réfléchis qu’après avoir parlé quand rien ne sort de la bouche d’Hannah sans qu’elle ait pesé les pours et les contres. « Simplement que, si ça ne te plait pas au bout du compte, tu peux faire à peu près ce que tu veux. Je suis sûre que tu peux même animer un genre de talk show, un mélange d’écoute et de conseils, comme une coach de vie. Ou autre chose, ce que tu veux quoi. » Je me perds dans mes explications quand tout ce que je cherchais à mettre en lumière c’est ma certitude qu’elle deviendrait une adulte accomplie quoi qu’il arrive. « Tu réussiras partout, c’est tout ce que je voulais dire. » Sans chercher cette fois ci à me comparer à elle puisque j’ai compris que le sujet l’agaçait. Mais néanmoins, même si je me fais des idées à son sujets, elle ne peut décemment nier que ce n’est pas le cas concernant ma mère : elle n’a pas caché sa grimace désapprobation quand j’ai choisi ma voie d’étude, pas plus que lorsque j’ai décroché mon contrat chez Pearson en début d’année. Qu’espérait-elle après un master en communication et trois ans d’errance, un poste d’ingénieur spatial ?

Mon père heureusement, s’il est brillant, a toujours été un homme plus simple. Je suis d’ailleurs persuadée qu’il est à l’origine de ces courtes vacances et de tout le programme derrière : si cela n’avait tenu qu’à ma mère nous serions certainement partis à Bali comme bon nombre des grandes vacances scolaire pendant notre enfance. « Je suppose que nous n’avons plus qu’à attendre de voir ce qu’ils nous ont préparé. » Je grimace en portant ma tasse de Chaï Latte à mes lèvres. « Si seulement y’avait la moindre chance que ce soit spa et massages... » Mais étant donné les quelques bribes d’indices que nous avons eues jusqu’ici de la part de notre père, j’ai de sérieux doutes. « Ton petit-ami n’était pas trop triste que tu partes ? » Je manque de m’étrangler avec ma boisson. Je compte parler de Swann à Hannah mais pas tout de suite, pas assise à la table d’un Starbuck dans un aéroport, quand le moment sera venu je le sentirai. Alors, pas souci de ne pas tout à fait mentir, je reste évasive. « Je vois pas de qui tu parles, va falloir être plus précise. » Je lui adresse un sourire distrait et j’y ajoute un haussement d’épaules innocent en espérant lui couper l’herbe sous le pied et pouvoir repousser cette discussion à plus tard. Je jette un coup d’oeil à ma montre (même si je l’ai déjà regardée il y a deux minutes) avant d’ajouter. « On devrait se diriger vers l’embarquement non ? » Je ne suis pas certaine d’avoir hâte au regard du programme certainement concocté par mon père, même si j’ai hâte que nous nous retrouvions tous ensemble, mais autant arracher le pansement d’un coup non ? « Je vais aller acheter un tablette de chocolat pour le trajet, on se retrouve vers les parents ? C’est quoi ton numéro de siège ? » S’il est à côté du mien alors nous allons passer plus de temps l’une à côté de l’autre que depuis des années.

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Le complexe d’infériorité qu’avait développé Lucia avec le temps était perceptible dans la moindre de ses paroles, et si Hannah voyait exactement de quoi il s’agissait, elle ne comptait pas mettre des mots sur ce mal-être alors que sa sœur lui avait déjà fait comprendre qu’elle n’aimait pas être analysée. Elle ne pouvait que la rassurer et tenter d’apaiser ses craintes, même si son visage montrait qu’elle n’était guère convaincue. Libre à elle de faire des choix de vie différents, mais c’était également à elle de les assumer plutôt que de se cacher derrière les soi-disant jugements qu’elle pensait que le reste de la fratrie portait sur elle. « Rien de particulier. Simplement que, si ça ne te plait pas au bout du compte, tu peux faire à peu près ce que tu veux. Je suis sûre que tu peux même animer un genre de talk show, un mélange d’écoute et de conseils, comme une coach de vie. Ou autre chose, ce que tu veux quoi. » Hannah haussa un sourcil amusé, s’imaginant un instant entrain de présenter une émission telle que l’imaginait sa cadette. Il y avait peu de chance qu’une telle chose arrive car elle n’avait guère l’envie de s’afficher à la télévision, mais l’idée était drôle à défaut d’être réaliste. « Tu réussiras partout, c’est tout ce que je voulais dire. » Un sourire étira ses lèvres, touchée par le compliment de Lucia. Elle ne pouvait pas vraiment prétendre avoir eu des périodes de doute quant à sa réussite, tout simplement parce qu’elle s’était toujours donné les moyens d’y parvenir. Cela dit, ça lui faisait plaisir d’entendre la confiance qu’avait la jeune femme à son égard. « Je ne sais pas si je terminerai un jour sur les plateaux de télévision, mais c’est gentil à toi de me prédire un avenir plein de réussite. » Lança-t-elle dans un petit rire avant de reprendre un air légèrement plus sérieux. « Mais je suis sûre que toi aussi tu réussiras partout, tu es pleine de ressources. » Et ça aussi c’était important, voire même plus que n’importe quel diplôme. Elles se dirigèrent vers le café le plus proche et s’installèrent à une table tout en faisant des suppositions sur le programme que leur réservait leur père. Elles étaient au moins d’accord sur un point ; elles risquaient de n’apprécier que moyennement. « Si seulement y’avait la moindre chance que ce soit spa et massages... » Si seulement. Hannah grimaça à son tour en l’imitant et en portant sa tasse à ses lèvres avant de changer brusquement de sujet en interrogeant Lucia sur ce qu’avait pensé Swann de ce petit voyage. La petite brune manqua de s’étouffer dans son thé et redressa la tête en laissant planer quelques secondes de silence, le temps de rassembler une contenance, probablement. « Je vois pas de qui tu parles, va falloir être plus précise. » Ah. Hannah se fendit d’un sourire et pencha légèrement la tête sur le côté sans lâcher sa sœur des yeux. « Blond, cheveux bouclés, une tête de gentil… » Si elle voulait de la précision, elle allait en avoir. « On devrait se diriger vers l’embarquement non ? Je vais aller acheter un tablette de chocolat pour le trajet, on se retrouve vers les parents ? C’est quoi ton numéro de siège ? » La brunette avala la fin de son café d’un trait et se releva presque dans la foulée et lui répondit de mémoire, parce que c’était ce genre de détail qui restait ancré dans son esprit sans qu’elle n’y prête attention. « C’est le 13F. J’y vais alors, à tout de suite. » Elle lui adressa un clin d’œil avant de se diriger vers l’embarquement afin de rejoindre leurs parents qui semblaient trépigner d’impatience. Ils discutèrent à bâton romu jusqu'à ce qu'une voix s'élève pour leur annoncer qu'il était temps d'embarquer. « Bon et sinon, vous allez nous en dire plus sur ce que vous nous réservez ? » Lança-t-elle finalement en voyant finalement Lucia arriver du coin de l’œil, toujours aussi tendue à l’idée de se retrouver dans la pampa sans le moindre réseau auquel se raccrocher. Rassemblant ses affaires, elle observa ses parents d'un air interrogateur, espérant obtenir un quelconque indice sur la suite des évènements afin de pouvoir se préparer psychologiquement durant le trajet - quelque chose lui disait qu'elle allait en avoir besoin.

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(#) Sujet: Re: outback vibes #1 (lunah #5) Dim 1 Nov 2020 - 10:49

Outback vibes #1
Lucia Whitemore & @Hannah Whitemore outback vibes #1 (lunah #5) 873483867

« Je ne sais pas si je terminerai un jour sur les plateaux de télévision, mais c’est gentil à toi de me prédire un avenir plein de réussite. » Je pense qu’elle manque un peu trop de bonhomie / de sympathie naturelle pour pouvoir envisager ce genre d’avenir, mais il suffirait qu’elle se donne la peine de sourire un peu plus souvent et d’avoir l’air plus ouverte pour que ça fonctionne. Mais apprendre c’est dans ses cordes à Hannah, et je suis persuadée qu’elle peut tout apprendre à partir du moment où elle en a l’envie : elle est capable de se donner les moyens de ses objectifs la brune, quels qu’ils soient. « Mais je suis sûre que toi aussi tu réussiras partout, tu es pleine de ressources. » J’esquisse un sourire, je rougis et je la remercie d’un regard gêné. C’est agréable à entendre, mais mes vieux réflexes me persuadent qu’elle ne dit ça que pour me faire plaisir. Je ne dis mot puisqu’elle vient de me remonter les bretelles, mais je me contente de hausser les épaules. Je l’ai pas assez entendu, que je suis pleine de ressources pour être capable d’y croire. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours souffert de la comparaison avec mes brillantes ainées que ce soit à la maison où à l’école et je crois que l’idée est à présent trop enfoncée dans mon crâne pour parvenir à m’en débarrasser un jour.

Lorsqu’elle a une idée en tête, Hannah n’en démord pas et, aujourd’hui, elle semble bien décidée à me faire cracher le morceau concernant ma relation avec Swann. Il faut dire que je ne m’en cache pas vraiment : mon compte instagram est truffé de selfies où nous apparaissons plus proches que jamais et de photos de lui prises dans des moments du quotidien. Je ne confirme pas simplement parce que je ne veux pas avoir cette discussion avec elle dans le café de l’aéroport : ma relation naissante mérite mieux que ça, tout comme celle que j’entretiens avec ma soeur. « Blond, cheveux bouclés, une tête de gentil… » « A moins que tu veuilles parle de mon ami Swann que tu as rencontré en avril je ne vois vraiment pas. » Un air innocent sur le visage - et c’est bien l’air qui me va le mieux - je hausse les épaules avant de me lever avec, comme excuse, l’idée en tête d’acheter une tablette de chocolat. Je ne suis pas en train de cacher ma relation : j’ai envie de me confier, tout avouer me brûle les lèvres tant je suis heureuse et épanouie aux côtés du blond, seulement, j’ai prévu de le faire plus tard, dans un moment complice et propice aux confidences. « C’est le 13F. J’y vais alors, à tout de suite. » « Ça marche, je vous retrouve là bas. »

La tablette de chocolat, je l’accompagne de deux paquets de marshmallows supplémentaires. J’ignore où mes parents ont décidé de nous traîner mais je suis certaine que si j’ai des sucreries avec moi, je peux survivre à tout. Hannah à ses bouquins et sa boîte mail professionnelle, chacun son truc. Je me perds à regarder les vitrines des différentes boutiques du hall d’aéroport pour retarder le moment où je les rejoindrai tous les trois : j’ai peur qu’Hannah me pose encore des questions auxquelles je n’ai pas envie de répondre tout de suite. « Bon et sinon, vous allez nous en dire plus sur ce que vous nous réservez ? » J’attrape mon sac à dos pour le mettre sur mes épaules, et alors que je me dirige vers la file d’embarquement je jette un coup d’oeil interrogateur à mon père. « On s’est dit que ça vous ferait du bien de vous éloigner un peu de la ville. » On y vient. « Votre père s’est dit. » Qu’elle précise ma mère, un sourire qui flotte sur son visage sévère. Pourtant, le regard qu’elle jette à mon père est tendre et, après toutes ces années, je me demande quel est le secret de leur mariage puisqu’ils semblent en apparence si différents. « On s’est dit qu’il fallait vous éloigner des distractions et qu’on passe juste des vacances simples en famille, comme avant. » Autrement dit, le but de tout ça est encore une fois de nous rapprocher si mon père manque de subtilité, moi je me sens gorgée de reconnaissance à son égard. Je passe un bras autour de sa taille, il entoure mes épaules du sien et m’embrasse le front. « C’est une chouette idée papa. » Je jette un coup d’oeil timide à ma soeur. « Mais on pouvait pas faire ça dans le confort d’un hôtel trois étoiles ? » J’adresse un clin d’oeil à ma soeur et, avant que mon père n’ait le temps de répondre, nous voilà arrivés au niveau du contrôle des billets. Quelques minutes après, nous sommes installés dans l’avion et je m’approche de ma soeur qui s’installe déjà à sa place. « 13E. On est à côté. Il a vraiment pensé à tout en fait. » Je m’installe en lui adressant un sourire. « Bon, récapitulons. On sait que le vol va jusqu’à Sydney et qu’on loue une voiture après ça. Tu penses qu’on va faire quoi ? »

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Outback vibes #1

Hannah s’efforçait de lui insuffler la confiance qu’elle devrait déjà avoir en elle mais qui avait souffert des nombreux complexes qu’elle se trouvait depuis toute petite déjà – et sa relation destructive avec Lawrence n’avait rien arrangé à l’affaire. Le sourire que lui rendait Lucia sonnait faux mais elle faisait mine d’y croire et c’était déjà mieux que ses éternelles protestations au moindre compliment lancé sur sa personne. Le médecin jugeait leur relation encore trop fragile pour s’immiscer dans ces brèches et préféra donc en rester là pour aujourd’hui, ne désespérant tout de même pas qu’un jour, Lucia se verrait pour ce qu’elle était réellement. Décidée à garder une note légère dans leur discussion, elle chercha à en apprendre davantage sur la relation que sa cadette partageait avec Swann, ce garçon qu’elle affichait sans cesse sur les réseaux tout en prétendant innocemment qu’il ne s’agissait là que d’amitié. Elle ne leurrait personne d’ailleurs, sauf peut-être elle-même. « A moins que tu veuilles parle de mon ami Swann que tu as rencontré en avril je ne vois vraiment pas. » Et voilà. « C’est ça oui, ton ami. » Lança-t-elle sur un ton amusé et absolument pas convaincu, décidée cependant à lui laisser un peu de souffle concernant ce sujet qui ne tarderait pas à revenir sur le tapis à un moment ou l’autre. Après lui avoir indiqué son numéro de siège, Hannah hocha la tête alors que sa sœur s’éloignait dans un « Ça marche, je vous retrouve là bas. » précipité et se retourna pour rejoindre ses parents qui attendaient patiemment, prête à leur tirer les vers du nez. Elle n’aimait pas se retrouver prise de court et ils le savaient très bien, à croire que cela les amusait de jouer avec ses nerfs en prétendant qu’il s’agissait là de vacances. « On s’est dit que ça vous ferait du bien de vous éloigner un peu de la ville. » « Votre père s’est dit. » Lucia était revenue et à présent, elles étaient deux à sonder le duo pour tenter de glaner quelques informations tout en faisant la file pour embarquer. « On s’est dit qu’il fallait vous éloigner des distractions et qu’on passe juste des vacances simples en famille, comme avant. » Des distractions ? La brune s’efforça de ne rien montrer, mais son irritation devait forcément se sentir. Au fond d’elle, la jeune femme savait que tout ça partait d’un bon sentiment et qu’ils voulaient simplement réunir la famille, comme ils venaient justement de le dire. « C’est une chouette idée papa. » Évidemment, Lucia n’y voyait pas le moindre inconvénient. Hannah regrettait parfois de ne pas avoir cet enthousiasme qu’elle montrait en toute circonstance, ou presque. « Mais on pouvait pas faire ça dans le confort d’un hôtel trois étoiles ? » Et le reste. « On vous fait confiance, je suis sûre que ça sera très… amusant. » Du moins l’espérait-elle. Le médecin était allé poser ses jours à reculons et avait encore la tête dans ses dossiers, en dépit d’un besoin presque vital de déconnecter. Une part d’elle avait espéré qu’on ne lui accorde pas ces congés, mais sa demande avait été reçue avec enthousiasme et compréhension, à croire que même sa hiérarchie jugeait qu’elle avait besoin de s’éloigner quelques jours de la ville. Adressant un sourire à sa cadette, elle se dirigea vers son siège, rapidement rejointe par Lucia. « 13E. On est à côté. Il a vraiment pensé à tout en fait. » Rien d’étonnant à cela, après tout ce que leur père avait mis en œuvre pour rétablir la communication entre elles, des sièges voisins ça n’était rien. « Si on suit sa logique, je te parie qu’on dormira ensemble aussi, comme avant. » Lorsqu’elles étaient gamines et que rien n’importait plus que la proximité entre elles afin qu’elles puissent se raconter leurs secrets et leurs histoires. « Bon, récapitulons. On sait que le vol va jusqu’à Sydney et qu’on loue une voiture après ça. Tu penses qu’on va faire quoi ? » La question valait la peine d’être posée et bien évidemment, Hannah avait déjà fait ses pronostics sur la situation. « Je pense qu’il va nous faire un plan du genre « retour à l’instinct primaire » mais en moins hard, c’est totalement son genre. » Malheureusement. « Tout ce que j’espère, c’est qu’il n’a pas prévu que ça mais aussi des activités un peu plus confortables. Sinon on va se retrouver plus fatiguées qu’en partant. » Ce qui ne l’arrangeait pas puisqu’elle avait prévu de recommencer lundi à la première heure. « Tu en penses quoi ? Tu avais une autre hypothèse ? » Lui demanda-t-elle à son tour en se calant contre son siège, jetant un œil inquiet vers le hublot ; elle n’aimait pas trop voler.

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(#) Sujet: Re: outback vibes #1 (lunah #5) Dim 15 Nov 2020 - 17:47

Outback vibes #1
Lucia Whitemore & @Hannah Whitemore outback vibes #1 (lunah #5) 873483867

« Si on suit sa logique, je te parie qu’on dormira ensemble aussi, comme avant. »
« Et ça t’embête ? »

Je l’observe, les doigts timidement accrochés à mon sac à dos tandis qu’elle place ses affaires au-dessus des sièges et qu’elle s’installe. Si je pose la question, c’est sans animosité aucune puisqu’elle pourrait très bien avoir envie de dormir toute seule sans que je ne m’en offusque : c’est une adulte Hannah, une adulte à part entière qui n’a peut-être pas envie de partager le lit comme quand nous n’étions que des gamines et que je venais me coller à elle la nuit parce que j’avais fait un cauchemar. Nos parents nous trouvaient alors au réveil collées l’une contre l’autre et ce type de photo est monnaie courante dans les albums de famille. « Je pense qu’il va nous faire un plan du genre « retour à l’instinct primaire mais en moins hard, c’est totalement son genre. » J’installe mon sac à dos dans les compartiments cabine à mon tour avant de me glisser à côté d’elle. Super, le siège du milieu. « Tout ce que j’espère, c’est qu’il n’a pas prévu que ça mais aussi des activités un peu plus confortables. Sinon on va se retrouver plus fatiguées qu’en partant. Tu en penses quoi ? Tu avais une autre hypothèse ? » Je hoche la tête doucement. « Si y’a un point sur lequel je suis bien d’accord avec toi, c’est que j’ai besoin de repos et de sommeil. » Aurais-je dû poser quelques jours supplémentaires pour me reposer des vacances ? Ce qui pourrait sembler idiot me semble être une vraie question à présent. Je n'enchaîne peut-être pas les gardes à l’hôpital mais puisqu’à moi les parents ne paient ni loyer ni voiture, je cumule deux boulot et des horaires qui me laissent sur les rotules à chaque fin de semaine. « Je sais pas. J’espère qu’il a quand même réservé quelque part avec une vraie salle de bain et de quoi cuisiner sans avoir besoin d’allumer un feu. » A peine installée le charme des transports opère : le vol a beau durer à peine plus d’une heure, je m’endors au décollage pour me réveiller à l'atterrissage.

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Ok, il n’y a pas besoin d’allumer un feu puisque mon père a pensé à acheter un de ces appareils qui fonctionne au gaz, mais il n’en reste pas moins vrai que nous dormons en tente et partageons des sanitaires communs avec le reste du camping. Je suis bien loin de ma zone de confort et à en croire la mauvaise humeur d’Hannah, elle aussi si bien qu’en ce début d’après midi, après trois jours à suivre à la lettre le programme prévu par père Whitemore en personne, je la sens au bord de l’implosion. J’ai aussi besoin de m’éloigner un peu de mes parents et surtout j’ai à cœur de me rapprocher de ma sœur si bien que, quand elle me propose de partir faire une courte randonnée juste nous deux, je saute sur l’occasion sans penser aux détails logistiques et sans réfléchir. Je ne me demande pas si elle a bien étudié la carte et si elle est certaine que le chemin est praticable en tout saison. Je prends à peine le temps de fourrer un paquet de bonbon, de l’eau et de la crème solaire dans mon sac avant de visser ma casquette sur ma tête et de sortir de la tente - notre tente commune - avec un sourire radieux sur le visage. J’envoie un message à Swann pour le prévenir que je pars en randonnée, accompagné d’un selfie pris sur l’instant avant de fermer la marche. Ce n’est qu’une fois bien avancée sur le chemin que je brise le silence : elle est perdue dans ses pensées ma soeur, mais moi je suis là pour passer du temps avec elle et je compte bien en profiter. « T’as bien regardé l’itinéraire hein ? J’ai pas pris en photo le panneau en bois au début du chemin. » J’ai confiance en elle, je la suivrais aveuglément à peu près n’importe où. « C’est pas tout à fait les vacances que t’imaginais non ? » Il faut dire que ce n’est pas non plus l’exemple type de nos vacances de familles habituelles. Après quinze années à partir à Bali ou en Nouvelle Zélande dans des hôtels confortables, pas étonnant qu’on soit si désarçonnées.

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