« Je dois le reconnaître, la photo aurait été parfaite, surtout avec les lueurs de la lune… mais à défaut, mon cerveau, lui, n’oubliera pas. » Il sourit parce qu’il ne sait plus faire que ça en cet instant, en sa présence. Les choses sont simples, elle le complimente et il accepte ses mots sans pour autant les souligner, ni s’en vanter de trop. Il pense la même chose en retour, sans pour autant vouloir ou pouvoir le lui dire aussi simplement. Ce ne serait pas une bonne idée, ce ne serait pas un acte réfléchi, et par conséquent cela ne lui ressemblerait pas. A défaut, il espère sincèrement qu’elle comprendra à quel point elle compte aussi pour lui lorsqu’il replace tendrement une de ses mèches, geste pourtant simple mais ô combien symbolique ; aussi symbolique que la façon dont il y met fin, en riant, à l’image d’un garçon qui oublie bien trop souvent sa toute jeune vingtaine. « Constantine, tu perds rien pour attendre ! » - “Oui oui, bien sûr.” Il en faura bien plus pour le faire trembler, en témoigne son sourire en coin.

Et s’il occupe les secondes suivantes à embrasser la jeune femme avec douceur et passion, ce n’est qu’une accalmie de courte durée, bien trop conscient que les mots qu’ils partagent avec elle ne feront que lancer de plus belle la prochaine guerre. « Pourquoi tu nous fais ça, Ambrose ? » Désormais, ses lèvres ne jurent plus qu’avec l’eau salée, froide et agitée. Il voudrait lui dire qu’il n’y a aucun nous, justement, et que là réside tout le problème de leur relation, mais il n’est pas assez naïf pour croire que cela ne la blessera pas. Alors, Ambrose préfère encore avoir le mauvais rôle de celui qui se terre dans le silence, quand bien même l’absence de répartie ne l’a jamais caractérisé. « Ne compte pas sur moi pour te souhaiter la même chose ! » Et plus que jamais, résigné, il ferme les yeux, accuse l’eau qu’elle lui jette dessus sans même tenter de tourner la tête. “Zoya…” Il a passé l’âge qu’on lui souhaite tout le bonheur du monde en retour, il sait très bien ce que valent ces paroles dans le monde des adultes ; et pourtant une part de lui continuait d’espérer qu’elle allait pouvoir comprendre et être sur la même longueur que lui. Après tout, c’est elle et elle seule qui lui cache volontairement un secret. Ambrose accepte de prendre le blâme pour la décision finale, mais pas d’être le seul responsable de ce désastre. Pour ça, les torts sont partagés, à minima. « Je rentre, amuse toi bien tout seul ou avec qui tu voudras. » Alors, il souffle longuement et prend le temps de pencher la tête en arrière pour plaquer ses cheveux le long de son crâne, laissant par la même occasion le temps à Zoya de le devancer. Elle ne voudra sûrement plus lui parler et, de son côté, il garde tout de même un certain ego qui l’empêchera de l’implorer de lui donner une place dans sa vie. Ambrose Constantine n’a besoin de personne pour exister, il s’en est fait la promesse et il la tiendra.