Ça devait être une nuit d'Halloween comme les autres. Une nuit où les gamins sortent exceptionnellement dans la pénombre, se déguisant en monstre en tout genre et sortant cette même phrase à chaque maison: « Des bonbons ou un sort! ». J'ai rejoint un groupe d'amis non loin de Brisbane, ce n'est pas vraiment dans mes habitudes de participer à ce genre de soirée, qui plus est quand elle est déguisée, mais on m'a fortement conseillé de me changer les idées et de sortir un peu plus souvent. Je m'y suis donc rendu, déguisé moi aussi. J'ai sorti ce vieux costume de pompier que j'ai depuis un petit moment déjà, mais une fois arrivé à la soirée je me suis senti plus ridicule qu'autre chose. J'ai dû y rester seulement quelques heures, mais certains souvenirs commençaient à refaire surfaces et je ne voulais pas que les autres s'aperçoivent de quoi que ce soit. Je me suis donc excusé poliment et j'ai pris la route afin de retourner chez moi à Brisbane. Ce que je n'avais pas vraiment prévu, c'est la météo. Ils avaient annoncé un peu plus tôt dans la soirée, qu'il y avait un risque que la tempête arrive plus vite que prévu, mais je n'ai pas prêté grande attention aux informations, je n'étais donc pas au courant de cette nouvelle. Le vent soufflait si fort que j'avais peine à maintenir mon véhicule sans que je rentre dans une autre voiture ou dans la barrière de sécurité. La pluie commençait à s'abattre et quelque instant plus tard c'était une vraie pluie diluvienne. Je n'arrivais même pas à voir plus de deux mètres devant moi, c'est comme si j'étais aveugle sur l'autoroute. Je n'étais pas le seul sur la route et par ce temps on roulait tous moins vite, un accident peut vite arriver.

Malgré la tempête, qui ne faisait qu'augmenter en intensité, j'étais proche de la sortie d'autoroute, j'étais proche de chez moi. Il a fallu un véritable coup du sort pour que je ne puisse plus avancer. Tout se passa tellement vite que je n'ai même pas eu le temps de réagir. Une bourrasque plus violente que les autres fit abattre un pylône électrique en plein milieu de la route. Avec si peu de vision et cette incapacité de contrôler correctement une voiture par ce temps, le carambolage était inévitable et en quelques secondes plusieurs voitures se rentrèrent dedans, la mienne n'y a pas échappé. Je viens tout juste de reprendre connaissance et je ne peux que constater l'étendue des dégâts. Je ne vois plus très bien, ma vision est totalement brouillée, un bruit assourdissant siffle dans mes oreilles, je viens de subir un sacré choc. Pire que ça, ma vision revenant de plus en plus fluide, je ne peux que constater avec horreur que le pare-brise est fissuré à de nombreux endroits. Je pense pouvoir me sentir chanceux sur ce coup-là, il a l'air de tenir en place. Chanceux ? Ai-je bien dit ça ? J'avais oublié un petit détail, je ne suis pas quelqu'un de chanceux. Ma jambe droite reste coincée et je n'arrive pas à la dégager, mais ce n'est pas tout, sous la pression des bourrasques, le pare-brise menace dangereusement de me voler en éclat à la figure alors que je pensais qu'il pouvait tenir et je ne peux strictement rien faire pour éviter ça. J'entends des voix autour de moi, je ne sais pas si elles peuvent me venir en aide, mais je dois essayer. « Il y a quelqu'un ? J'ai besoin d'aide par ici s'il vous plaît. C'est assez urgent! ».

Ça faisait du bien de le retrouver. Amelia en avait bien besoin. Cela faisait une décennie qu’elle n’avait pas revu et passé un moment avec Tony. Ils avaient décidé de passer une soirée ensemble, rien que tous les deux, comme au bon vieux temps. La belle époque. Mais ce soir n’était pas n’importe quel soir.. Halloween. La fête préférée -mise à part Noël, de sa petite Lily-Rose. Sa blondinette déguisée en Princesse Raiponce, Amelia accompagna sa fille faire le tour de l’immeuble. Vu le temps qui se couvrait, il était hors de question qu’elles s’aventurent dehors comme chaque année. Cette fois-ci, elles feraient une exception. Et une fois rentrée, ce fut Eddie qui prit la relève, entraînant Lily dans le salon pour une soirée film et gavage de bonbons récoltés. Amy aurait bien voulu y participer, mais il était temps pour la belle de partir. Un resto de prévu, puis il était prévu que la jeune femme et son ex petit-ami rejoignent des amis pour une fête. De quoi lui changer les idées et quand Tony le lui avait proposé, la brune avait de suite accepté. Ce fut donc dans son costume de Supergirl qu’Amy rejoint le jeune homme dans sa voiture. Ils dînèrent tranquillement, se racontant chacun à leur tour leurs tracas du quotidien. Notamment le fait que Tony allait bientôt devenir papa. Amelia était plus qu’heureuse pour son ami et lui promis d’être là pour lui. Comme il le fut pour elle après avoir mis Lily-Rose au monde. Elle apercevait des signes d’angoisse et se contenta de le rassurer, sachant très bien qu’il ferait un excellent père. Elle n’avait pas de doute à ce sujet. Mais bref. Une fois le repas terminé, ils regagnèrent la voiture du garçon pour rejoindre les autres et s’amuser un peu. Sur le chemin, Tony ne manqua pas de glisser Alexander dans la conversation. Chose qui agaça vite la Iver. A chaque fois il tentait une approche pour que cela s’arrange entre le frère et la sœur. Mais c’était peine perdue. La pluie, le vent violent, une engueulade, tout se précipita à une vitesse folle. Si vite.. « ATTENTION ! » Mais c’était trop tard. Ils rentrèrent dans la voiture de devant, comme cette dernière l’avait si bien fait avec celle de devant. Ses paupières se rouvrant doucement, ses oreilles bourdonnaient. Amelia reprit vite conscience en voyant un Tony complètement endormi, assommé sur l’airbag. L’angoisse, la peur prirent le dessus, surtout en voyant ce qui se présentait devant elle. Cet horrible carambolage. « TONY ? » Mais rien. Amelia commença à le secouer dans l’espoir qu’il se réveille. « Tony réveille-toi ! » Mais toujours rien. Elle s’approcha et sentit un pouls en prenant son poignet. Et il respirait. Mais il ne reprenait toujours pas conscience. Et vu le temps dehors, elle n’osait pas le déplacer de peur de faire une bêtise et de le mettre encore plus en danger. « Tony.. Je.. Je reviens, tu bouges pas okay ? » Non forcément, il ne pouvait pas bouger. Mais dans la panique, elle sortit ça, comme une idiote. Amelia sortit alors difficilement de la voiture, espérant trouver d’autres personnes pour lui venir en aide. « A L’AIIIIIDE !! »    

Carlisle avait promis à Cara de rentrer rapidement de son rendez-vous avec son père. Sans grande surprise, il n'avait pas tenu parole : son père ne l'avait pas lâché d'une semelle. Toute l'après-midi, il lui avait expliqué ô combien l'entreprise se portait bien, parce qu'il tenait encore le choc. Il lui avait montré des bilans, des fiches recouvertes par des chiffres, des schémas plus ou moins clairs. Il lui avait parlé des prévisions, des changements qu'il comptait faire dès l'année prochaine, et avait finalement posé la sempiternelle question : « Quand viendras-tu me rejoindre ? » Carlisle avait haussé les épaules, et s'était rapidement concentré sur autre chose. Il avait soudainement trouvé le bilan comptable passionnant, et s'était plongé dans une lecture poussée des chiffres et remarques faites. Il savait que son père attendait son arrivée – il n'avait jamais cessé de le lui répéter. Il l'avait formé pour cela, n'avait accepté les choix de son fils que dans cet optique là. Mais pour le moment, Carlisle avait été en mesure d'éviter le lourd poids de son héritage. Il avait su esquiver ses obligations familiales. Mais le temps avançait, et son père n'allait pas rajeunissant. Carlisle le savait ; tôt ou tard, il devrait faire une croix sur son travail chez Cathay Pacific et prendre ses responsabilités. « Je ne vais pas tarder. J'ai rendez-vous avec Cara, ce soir. » Avait-il finalement déclaré en reposant un épais dossier, qui l'avait monopolisé au cours de la dernière heure. Son père hocha la tête, et le raccompagna sur le palier. Carlisle enfila son casque, qu'il attacha soigneusement. Il démarra, et retira la béquille qui retenait sa moto. « Je passerai la semaine prochaine. » Ajouta-t-il d'un ton détaché, avant de faire ronronner son moteur. Il baissa sa visière, et se mit en route. Il n'entendit pas les dernières sommations que son père lui fit ; peut-être que s'il y avait prêté une oreille plus attentive, il aurait redoublé de vigilance.

Il roulait depuis une petite dizaine de minutes, mais cela avait suffit à le tremper. Le temps était abominable : c'était un mélange de pluie, de vent, et une visibilité quasi nulle. Le chemin qui lui restait à parcourir n'était pas long ; une petite quinzaine de kilomètres, tout au plus. « Merde ! » S'exclama-t-il, avant de freiner et de virer à droite brusquement pour éviter le pylônes électrique qui lui barrait désormais la route. Cette même route mouillée – pour ne pas dire noyée – par la pluie qui s'abattait sur Brisbane depuis de longues minutes le fit déraper. Il se sentit tomber progressivement, et eut le temps d'anticiper sa chute. Il glissa plus qu'il ne tomba, d'ailleurs : sa tête ne heurta que très légèrement le bitume, alors que sa moto poursuivait sa course sur quelques mètres. Carlisle se redressa rapidement, et ouvrit la visière de son casque pour se rendre compte des dégâts aux alentours. La chute inopinée de ce pylône avait provoqué l'apocalypse : un carambolage, qui ne semblait pas être sans gravité. Un rapide coup d’œil lui indiqua que les occupants des véhicules concernés ne s'en sortiraient pas tous indemnes. Carlisle retira finalement son casque, qu'il abandonna sur le sol. Il se rendit compte que ses mains avaient été égratignées dans sa chute, et saignaient légèrement. Il plia et replia ses doigts, nettoya les quelques gouttes de sang qui perlaient au bout de ses doigts, et releva brusquement la tête en entendant un cri. D'autres étaient plus mal en point que lui ; il se devait d'aller aider, en attendant que les secours viennent prendre le relais.

Halloween. La vile est en effervescence, et tout le monde se prépare à enfiler son pire déguisement. Ou presque. Liviana a prévu de se cloitrer chez elle aussi vite que possible. Entre la météo qui a lancé une alerte tempête pour la nuit à venir et son accouchement imminent, elle ne rêve que de calme et de solitude. Profiter des derniers instants de tranquillité ou plutôt, terminer de se battre avec le lit bébé. Elle a refusé de le monter trop tôt. Simple superstition ou tentative de fuir la réalité, difficile à dire. Mais toujours est-il que c’est loin d’être sa meilleure idée, car bricoler en ressemblant à une baleine, cela n’a rien de simple. Elle a interdit à James d’y toucher, même si à chacune de ses sorties, elle sait qu’elle prend le risque de retrouver le lit prêt dans sa chambre. Mais ce soir, elle n’a d’autre choix que de le terminer. Elle ressent des contractions depuis plusieurs jours, et si le travail en lui-même n’a pas commencé, l’échéance est si proche, que cela lui donne le vertige. Et elle n’est pas la seule, si elle se réfère aux nombreux messages reçus de Samuel. Elle ne répond qu’à la moitié d’entre eux, principalement parce que devoir se justifier sur chacun de ses déplacements lui donne envie de hurler. S’il a une place qui lui revient de droit auprès de son futur fils, cela ne va pas plus loin. La trahison est encore un brasier brûlant dans son esprit, l’empêchant de penser à autre chose. Ce n’est que lorsque le vent se lève et que la pluie se fait plus forte que Liviana lève la tête de son ordinateur. Elle n’a pas pu s’empêcher de passer à son café quelques heures. Et en voyant le déluge dehors, elle regrette presque. Jetant un coup d’oeil sur sa montre, elle se décide à ranger rapidement ses affaires. « Anya ! Je rentre. Je te laisse finir de tout fermer et rentre chez toi aussi. » Elle a déjà fermé le café plus tôt dans l’après midi, préférant ne prendre aucun risque. « Ne t’inquiète pas ! Et envoie moi un message si c’est pour ce soir. » La réponse vient de l’arrière de la boutique, et Liv ne peut retenir un bref sourire. Depuis le temps qu’Anya travaille pour elle, elles ont fini par développer des liens dépassant ceux du travail. « Je préfèrerai éviter que ça soit au milieu d’une tempête. » Parce qu’elle est déjà suffisamment terrorisée à l’idée d’accoucher au milieu du chaos qu’est devenue sa vie.

Ce n’est que plus tard qu’elle a compris l’ironie de ses dernières paroles. Elle a entendu le chauffeur jurer, puis le vacarme les a submergé. Ou peut être est-il seulement dans sa tête, elle ne saurait le dire. Il lui faut un moment avant de reprendre le contrôle d’elle-même, sa main toujours crispée autour de la portière dans ce qui a été une tentative futile pour éviter le choc. Pendant un instant, elle a le souffle coupé comme une vive douleur au ventre la fait se tordre vers l’avant. Le choc avec la voiture de devant l’a propulsée vers l’avant, et sa ceinture de sécurité l’a maintenue violemment contre son siège. Sa première pensée va pour son enfant à naitre, comme elle passe ses mains sur son ventre à la recherche d’éventuelle blessure. Mais il n’y a rien ou tout au moins, rien de visible. La douleur est une conséquence du choc, une pensée qu’elle se répète en boucle pour tenter de se rassurer. Le temps est flou, tout comme sa vision. Et lorsque cette dernière revient, ses yeux se posent sur le chauffeur face à elle. Le regard vide et l’expression figé, il ne fait aucun doute quant à son état. « Oh mon dieu. » Elle échappe ces quelques mots dans son souffle, sentant la panique lui comprimer la poitrine. Posant une main sur sa bouche pour s’empêcher d’hurler, il lui faut plusieurs secondes avant d’oser ouvrir à nouveau les yeux. A ses côtés, la seconde passagère (@Janis Cavendish) n’a pas l’air en meilleur état. « Janis ? Il faut sortir de là. » Sa voix est tremblante, tout comme les doigts qu’elle pose sur son bras pour essayer de la faire réagir. « Il faut … » Elle ne sait plus vraiment. Sortir de là, aider, aller chercher de l’aide. Ses pensées se bousculent, sa respiration se bloque dans ses poumons. « Il faut sortir du taxi. » Une chose après l’autre. Forçant son esprit à se concentrer sur un but, n’importe lequel, Liviana se dégage de sa ceinture avant d’ouvrir sa portière. Il lui faut s’y reprendre à plusieurs reprises avant que ses jambes n’acceptent de la porter, pour que son cerveau occulte la douleur dans son corps. Atteignant la voiture à côté d’elle, elle finit par s’appuyer sur la portière pour maintenir son équilibre. La pluie n’arrange rien l’exercice. Le conducteur (@Alvaro Williams) semble bloqué, et il ne faut pas longtemps à Liv pour comprendre. « Ne bouge pas. » C’est finalement sa raison qui prend le dessus, occultant le reste. Elle se retourne à la recherche de quelqu’un, son regard se posant sur un motard (@Carlisle Bishop) si elle se fie à sa tenue. Au moins, il a l’air en bon état. « On a besoin d’aide, par ici. » Elle l’interpèle, joignant un geste de la main à sa parole. « Je n’ai pas assez de force pour faire quelque chose. » Ou plutôt, elle n’est pas certaine de réussir à tenir debout assez longtemps pour faire quelque chose.

J’applique mon rouge à lèvres avec précaution, essayant tant bien que mal de ne pas dépasser. Il faut bien avouer que je viens de m’enfiler quelques bières avec des amis, avant de rentrer chez moi pour me changer. Je suis supposée les rejoindre dans une bonne heure du côté de Fortitude Valley pour une soirée Halloween. Et n’étant évidemment pas adepte des costumes ne me mettant pas en valeur, j’ai décidé d’opter pour un gimmick de Grease et de me déguiser en sexy Sandy. Le résultat est plutôt réussi à en juger mon reflet dans le miroir. J’ai réussi à dénicher un pantalon taille-haute en cuir et un tee-shirt échancré sur les épaules dans une petite boutique l’autre jour, et j’ai agrémenté le tout d’un petit blouson noir. Mes cheveux sont bouclés et volumineux, et mon maquillage est une copie conforme de celui de la belle Olivia Newton-John. Et voilà que je me mets à imaginer la réaction de Charlie face à mon allure générale… Je soupire, pourquoi faut-il toujours qu’il hante mes pensées ? Je quitte mon appartement en priant pour que je ne le croise pas ce soir. En y repensant, je pense qu’il m’avait dit qu’il le passerait avec son neveu Oliver, mais plus rien n’est certain dans ma tête. Et surtout en ce qui concerne l’anglais.

Une bourrasque de vent me décroche un frisson, et la couleur inquiétante du ciel me fait arquer un sourcil. Je sais qu’une tempête a été annoncée, mais elle n’est censée s’abattre sur la ville que dans quelques jours, voire même dans plus d’une semaine. Je hausse les épaules, il est trop tard pour faire machine-arrière, et puis je suis bien trop fière de mon accoutrement que pour rentrer bêtement chez moi. Je fais alors claquer mes talons sur le bitume pour arriver sur l’une des artères principales de mon quartier, et qu’elle n’est pas ma surprise de croiser Liv, enceinte jusqu’au cou, attendant également un taxi. Nous décidons alors de le partager après s’être rendues compte que nous devions prendre la direction du même quartier. Le chauffeur roule lentement, une pluie battante ayant soudainement décidé de briser le ciel Brisbanien. Et puis tout bascule. La foudre s’abat, un pylône s’effondre, le chauffeur jure et finit par s’encastrer dans une autre voiture. Mon souffle se coupe, le temps s’arrête, mon pouls s’effondre. Il me faut quelques temps avant de reprendre mes esprits et d’entendre la voix de Liv qui semble étrangement lointaine. « Janis ? Il faut sortir de là. » La main froide de la brune se pose sur mon avant-bras. Je ne réagis pas, je suis terrorisée. Angoissée. « Il faut sortir du taxi. » Je la regarde, les yeux flous, se défaire de sa ceinture et essayer de sortir du véhicule. Je ressens alors une douleur aigüe, un lancement effroyable me traverser la tête. Je soulève ma main, que je trouve bien trop lourde, en direction de mon front et des gouttes de sang viennent garnir mes doigts. « Qu...que ? » Je balbutie et remarque alors le chauffeur inconscient, le corps déchiqueté par la voiture s’étant encastrée dans la nôtre. Je fais une grimace de dégoût et déglutis, à deux doigts de remettre sur le siège. Je respire un grand coup. Mon corps est tremblant, aussi fragile qu’une feuille d’automne. J’essaye alors de m’extraire du véhicule en imitant les gestes de Liv quelques secondes auparavant. Je finis les genoux à terre, sous la pluie battante, tant la douleur de mon front est assaillante. Et pour couronner le tout, l’orage m’angoisse. Je me recroqueville sur moi-même, rapproche mes jambes à mon cou, ferme les yeux en priant pour que tout ceci ne soit pas réel.

Le pylône électrique était la cause de tout ceci. La tempête avait fait de sacrés ravages. Amelia avançait, paumée, à la dérive en espérant trouver quelqu’un. Elle regardait les voitures encastrées les unes aux autres. Tony n’était pas le seul à avoir besoin d’aide. Oh non. Elle continuait à crier, espérant qu’on l’entende. Mais avec les hurlements, la pluie s’abattant sur eux, pas sûr que sa voix était aussi audible qu’elle l’espérait. Et la brune ne voulait pas s’aventurer trop loin, de peur d’abandonner Tony dans son triste sort. « Hey, qu’est-ce qu’il se passe par ici ? Tu n’as rien ? Qui a besoin d’aide ? » Le jeune homme la ramena à la réalité, la faisant s’arrêter alors qu’elle déambulait encore. « Non.. Je suis.. Et Tony.. Il est.. » Il fallait qu’elle se ressaisisse et vite. Amy n’arrivait pas à aligner une phrase correctement. Elle avait peur, elle était paniquée et elle ne savait pas du tout quoi faire. Et heureusement, il y avait des personnes comme Myrddin pour la raisonner et la remettre sur le droit chemin. «  Calme-toi, montre-moi » Amelia inspira un bon coup, tentant de se calmer pour enfin dire quelque chose de censé. Elle pointa alors du doigt la voiture du jeune homme encore à l’intérieur. « Mon ami.. Il, il ne se réveille pas.. » Et sur ce, les deux partirent en direction du véhicule accidenté. L’inconnu réussit à ouvrir la portière du côté conducteur, tandis qu’Amelia retourna côté passager. Tony était toujours inconscient. Mais au moins, il respirait encore. « Il faut le sortir de là... Le coucher sur le côté, en attendant les secours, ils arrivent, ne t’inquiète pas » La Iver acquiesça de la tête et se concentra sur un objectif, sauver Tony. Elle détacha alors sa ceinture et aida leur sauveur à extirper son ami à l’extérieur de la voiture. Amelia finit par les rejoindre de l’autre côté où ils installèrent la victime sur le côté. D’autres personnes se trouvaient là et cela semblait être le coin le plus sécurisé pour le moment. Amy déchira sa cape et la posa sous la tête du jeune homme. « Tu.. Tu crois que ça va aller..? » Demanda-t-elle à l’inconnu. « Merci beaucoup en tout cas. »

Mais ce n’était pas fini. Tony avait beau être sorti de la voiture, il n’était pas le seul blessé. « Je crois qu’on devrait aller voir s’il y a d’autres personnes qui ont besoin d’aide. » Elle se retourna et demanda à deux personnes s’ils pouvaient bien surveiller son ami le temps qu’ils aillent voir les autres voitures. « Je reviens vite. » Elle embrassa le garçon sur la joue et partie avec Myrddin. Sur le chemin, Amy repéra une silhouette de femme enceinte. Et plus ils s’approchèrent, plus elle reconnue la personne en question. « Liv’ ! » S’écria-t-elle en se jetant sur son amie. Elle se recula rapidement pour l’examiner. « Ça va tu n’as rien ? Et le bébé? » Sa main se posa d’instinct sur le ventre de la jeune femme. Se rassurant doucement sur l’état de Liv’, son attention fut vite attirée vers les deux hommes avec qui elle se trouvait. L’un bloqué dans la voiture, l’autre voulant le faire sortir de là. Et puis dans un coin, il y avait une Sandy, recroquevillée sur elle-même. Arrivée à sa hauteur, elle reconnue Janis. Elle s’agenouilla alors près d’elle et la releva pour la mettre assise. « Janis.. Il faut qu’on aille se mettre à l’abri avec Liv’. » Elle regarda de la tête aux pieds la blonde pour vérifier qu’elle n’était pas blessée. « Viens, je vais t’aider à te relever. »