Le sourire de Sunny ne la quitta pas lorsqu’elle entendit Emery en rajouter une couche sur l’allure qu’elles avaient sur leur tapis de course. Effectivement, il y avait plus glamour, que deux blondes dégoulinantes de sueur après une séance de cardio, leurs petits cheveux formant des antennes au sommet de leur crâne, leurs joues rougies de manière inégale (Sunny avait tendance à avoir le front rouge écarlate, les joues, mais pas le bas du visage, et une sorte de plaque rouge au niveau de la poitrine. Une drôle de créature), peinant à reprendre leur souffle en s’étant données à fond. Et rajouter une tenue inconfortable, et une paire de chaussures aussi hautes que des échasses ? Hard pass. « Absolument ! Tu connais le dicton. Pour vivre heureuses, vivons cachées. », pouffa légèrement Sun’. De toute manière, Sunny ne voulait pas être connue, encore moins pour son physique. Même si la jeune femme prônait l’acceptance de soi, et qu’en plus, elle prenait bien soin d’elle, lui permettant d’être à peu près sûre d’elle, elle n’avait clairement pas assez confiance en elle pour se mettre en concurrence avec des bombes.
Interrogeant Emery sur son métier, Sunny fut surprise d’apprendre que la blonde travaillait dans un sex-shop. Surprise, oui, choquée, non. Pas du tout. C’était dans l’air du temps, et il n’y avait rien de mal à travailler là-bas ou d’y être client. C’était un magasin comme un autre pour Sunny, même si celui-ci, elle n’allait pas y faire ses courses chaque semaine. Mais hey, il n’y a aucun mal à se faire plaisir, non mais. Amusée, la jeune femme répondit, sans jugement aucun « Ah oui ?? C’est original comme choix, tu me surprendras toujours. Mais c’est plutôt cool ! Tu dois être comme les médecins, tu dois respecter le secret professionnel, sinon tu pourrais dévoiler les kinks d’un tas de monde. ». Elle laissa échapper un petit rire, amusée à l’idée d’imaginer Emery avec des dossiers sur ses clients, comme un psy ou un médecin. En-tout-cas, Sunny n’était aucunement mal à l’aise, car il n’y avait vraiment pas de quoi selon elle. Mais Emery, elle, semblait plutôt expéditive et légèrement hésitante. C’était bien pour cela que la petite blonde avait tenté de détendre l’atmosphère en montrant à Em’ qu’elle ne la jugeait pas, et qu’elle était même plutôt amusée sans en faire tout un cirque non plus.
Sun' secoua la tête aux paroles d’Emery concernant sa tante, un sourire étirant ses lèvres. « Je sais, je sais. Et je ne peux que la comprendre, je suis comme Marnie, je me vois difficilement rester inactive et être inutile. C’est pour ça que je la laisse faire sa petite vie, mais parfois, c’est plus fort que moi. Mais c’est ça ! Elle a ses petits rituels, et je pense que ça joue sur sa longévité et sa bonne santé. Elle va finir par me donner un grimoire complet et illustré, j’en suis sûre. Je pense qu’elle nous enterrera tous. », plaisanta la jeune femme avec tendresse en parlant de sa tante. Ahhh, Marnie. Dieu la protège, et oui, si elle pouvait tous les enterrer, ce serait le pied. Même Sunny. C’était égoïste de penser ainsi, mais imaginer un monde sans Marnie ? Non merci. À ce moment précis, la Goldsmith était loin de s’imaginer qu’elle allait apprendre que la mère d’Emery souffrait d’une maladie proche d’Alzheimer. Huit ans… Sa maladie s’était déclarée il y a huit ans. Les lèvres pincées, Sunny hocha lentement la tête, comprenant désormais mieux pourquoi son amie avait été aussi virulente à son égard à l’époque. C’était donc pour ça que c’était ‘compliqué’ de demander de l’aide… Emery avait dû gérer une telle nouvelle, un tel chamboulement si jeune, seule. Sunny soupira et ne parvint à sortir un stupide ‘je suis désolée’, prise au dépourvu, ne sachant pas comment gérer cette nouvelle, et la culpabilité de ne pas avoir pu être présente pour son amie lui revenant telle une violente vague en plein visage.
Sun’, soucieuse d’apporter son soutien à Emery, en lui disant qu’elle ne devait pas hésiter à la contacter si besoin. La jeune femme se fichait que huit années se soient passées depuis leur dernier moment de complicité, reprenant leur amitié où elle s’était arrêtée car c’était selon elle la chose à faire dans ce cas précis. Elle arracha un morceau de papier de l’intérieur de son sac posé sur la table près d’elle, pour écrire rapidement son numéro de téléphone, avant de lui poser dans la paume de la main en la fixant l’air de dire ‘tu as intérêt à t’en servir’. Sunny prit un air blasé en roulant des yeux, laissant ses paupières papillonner à plusieurs reprises sur le blanc de ses yeux. Elle surjouait son mécontentement face à la réponse de la Dawson, Miss Indépendance, qui blaguait à moitié. Lorsque la jolie blonde lui dit qu’elle pourrait l’appeler pour passer du temps avec elle, Sunny haussa rapidement les sourcils, visiblement satisfaite et agréablement surprise par sa réponse. « Ça me va aussi. », répondit-elle simplement en levant son pouce pour approuver. Revoir Emery, passer du bon temps avec elle dans un endroit un peu plus fun, ou même à la maison lui ferait très plaisir. À Marnie aussi d’ailleurs. La salle enfin rangée et nettoyée, Sunny se prépara à passer un petit coup rapide sur le sol pour s’assurer que tout était impeccable. Elle laissa donc Emery récupérer ses affaires et retrouver sa liberté, puis la remercia lorsqu’elle lui parla des papiers. Sunny reviendrait avec plaisir, sachant qu’elle ne risquait plus de se disputer avec Em’ pour une querelle datant d’il y a cent ans. Commençant à nettoyer une fois seule, Sunshine se retourna en entendant sa voix. « Toi aussi, Em’. », répondit-elle d’une petite voix, touchée par ces retrouvailles, leur issue positive et les dernières paroles de son amie.
@Emery Dawson
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