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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

The Long Sunset avait apporté son lot de bonnes ondes. Malgré le rythme soutenu et les sollicitions, Jo avait réussi à prouver que sa sortie récente d'un télé-crochet gagné par défaut n’était pas une fin en soi, et sûrement que c’était ça qui avait péché la première fois. A l’époque, elle avait cru que, passée la défaite, sa petite notoriété l’emmènerait sur un chemin pavé d’étoiles, mais les choses étaient différentes désormais. Elle savait qu’elle avait des choses à prouver, ne serait-ce qu’à elle-même pour atténuer l’impression qu’elle avait qu’on lui avait donné quelque chose qu’elle méritait sans doute possible, qu’elle aurait voulu revendiquer sans avoir à mentir pour autant. L’humilité, ce n’était certes pas son fort, elle avait pourtant tut son assurance au cours des deux dernières semaines sans pour autant minimiser l’idée qu’elle était faite pour ce qu’elle avait fait tout du long. Chanter, jouer, se produire et mettre des paillettes dans les yeux des petites filles, certainement autre chose dans la tête de leurs parents : une série toute personnelle qui l’avait empêchée de penser à la fatigue qu’elle ressentait et qui l’accablait alors que l’heure de route qui se profilait pour rentrer à Brisbane se révélerait comme une respiration nécessaire pour elle qui avait retenu la sienne assez longtemps pour sentir qu’elle avait besoin d’une pause.

Son équipe avait insisté pour qu’elle rentre en sa compagnie. Elle, elle avait insisté pour ne pas le faire, comptant sur la présence pas si surprise que ça de Vance et Nicholas qu’elle avait convié à la fête, le temps de son dernier set, leur offrant un accès backstage pour bien faire. Ils allaient au même endroit, et ce n’était pas par principe écologique qu’elle avait voulu se faire conduire par le duo qui était venu l’applaudir ; c’était pour éviter qu’on ne lui parle de son emploi du temps de la semaine et qu’on lui rabâche les entrées serrées des rencontres qu’elle venait de gagner en réseautant à la queue-leu-leu, les curieux du métier prêts à jouer des coudes pour l’approcher. Elle ne regrettait pas la vie normale, il ne fallait pas exagérer. Mais l’opportunité lui était donnée de considérer autre chose que la nouvelle vie qu’elle vivait, et elle l’avait prise, tout simplement.

Assise à l’arrière de la voiture de son voisin, elle était à deux doigts de piquer du nez quand elle sentit les doigts de Vance frôler sa cuisse dans un geste trop doux pour que ça lui semble honnête. Sa réaction fût immédiate. Jo sortit de son état de semi-conscience  pour bondir en avant : elle lui chopa l’arrière de sa tignasse mal peignée, le faisant basculer dans l’écart qui séparait les sièges arrières et avants pour l’entendre dire entre des aïe-aïe-aïeaïe "T’as la chair de poule. Je voulais juste remonter le plaid !" "C’est pas parce que je porte des mini-jupes que c’est open-bar, connard. Hey, la prochaine fois, laisse-le derrière toi." qu’elle fit à Nicholas en croisant son regard dans le rétroviseur intérieur, lâchant Vance sans délicatesse. Se recalant dans son siège, remontant elle-même le plaid qu’elle avait sur elle, elle détourna la tête pour regarder au travers de la vitre assombrit par l’obscurité de l’extérieur, reconnaissant les contours de la ville dans laquelle ils se rendaient pour rentrer en sécurité. Elle avait hâte de voir sa grand-mère, c’était tout ce à quoi elle réussissait à penser maintenant ; à ça et à la crainte de ne pas la trouver seule. C’était établi maintenant, que ses parents avaient élu domicile en ville, à quelques minutes à peine de là. Officiellement pour s’occuper un peu d’Ava, officieusement pour des raisons beaucoup moins nobles que ça qui, là encore, faisaient redouter tellement de choses à Jo qu’elle préférait encore se concentrer sur autre chose, se sentant déjà assez coupable de reléguer sa grand-mère à la seconde place de ses priorités du moment.
Sortant de sa tête dans un soupir lourd et bruyant, elle finit par détacher sa ceinture de sécurité, se soustrayant aux règles basiques de sécurité pour passer la tête dans l’espace qui la séparait de l’avant et demander à Nicholas vers qui elle tourna la tête "T’as rencontré des gens au moins ?" Elle offrit une moue répugnée à Vance qui avança son visage vers le sien pour la regarder de près, et puis elle le repoussa de la main en claquant de la langue, se demandant s’il n’avait pas gobé un truc au passage ce demeuré, avant de poser de nouveau son regard sur Nicholas et de continuer "Je t’ai pas seulement fait venir pour admirer l’artiste fabuleuse que je suis au cas où t’aurais pas compris. C’était trop subtil pour toi ?" Certainement. Nicholas n’avait rien du cerveau de la bande, il l’avait prouvé plusieurs fois déjà.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Est-ce que tu es un égoïste fini ? C'est la question que tu te poses depuis que tu as accepté l'invitation de Jo, et encore plus depuis que la brune a pris place à l'arrière de ta voiture, très vite rejointe par Vance et l'air qu'il a sur le visage après avoir très peu dormi et bu trop d'alcool. Si tu leur as tous les deux adressé un sourire compatissant, tu as cessé ton petit débat intérieur avant d'assumer ton rôle de chauffeur désigné. Et de vous ramener à Brisbane en un seul morceau. Vous n'êtes pas les seuls sur la route, tout le monde rentre et la somnolence des deux passagers te permet de réfléchir à la question. Peut-être que tu l'es, et que ne pas hésiter à répondre à l'invitation au Scenic Rim de Jo, ou même ne pas la questionner quand elle t'a informé qu'elle rentrait avec toi et Vance en dit long mais... tu ne te voyais pas ramener un autre musicien sur le tapis. Elle ne l'a pas fait, tu ne l'as pas fait, tu es content de la voir et tu as eu une excuse toute trouvée pour observer la brune dans son élément et voir à quel point elle est douée. Alors quoi, si tu as bien apprécié la performance, ça ne fait pas de toi un égoïste ou une mauvaise personne.
Jo Carter est douée et ça, tu peux le dire avec tout le professionnalisme que tu possèdes, ça n'entache pas ta crédibilité et ça ne trahit pas les quelques réalisations que tu as pu faire ces dernières semaines. Que tu revenais toujours à Jo pour une raison. Peu importe, voilà ce que tu te dis en appuyant sur l'accélérateur quand ça avance devant toi, Jo se manifeste à ce moment-là, pour rabrouer Vance. Qui ne le mérite certainement pas et tu les observes pendant une demi-seconde dans le rétroviseur avant de déclarer un : "Hey les enfants, on se détend, sinon personne n'aura de McDo' une fois qu'on sera sur Brisbane." sur le ton le plus menaçant que tu peux conjurer. Autant dire, pas beaucoup. Cela fait au moins réagir Vance, lui aussi fronce les sourcils et il réplique."Et comment je suis censé soigner ma gueule de bois, hein ?" Tu as un rire pour le batteur, parce que tu n'as pas la réponse à cette question et c'est de sa faute à lui, personne ne lui a dit d'autant se lâcher pendant l'after-party.
Toi, tu as été occupé, à chanter les louanges de Jo, à confirmer que tu es bien musicien, à parler de nicky & the saints, de votre toute première sortie et à diriger les gens vers la célèbre plateforme de streaming. Oui, tu en as été le premier surpris, mais, comme tu l'as dit à Jordan alors que vous étiez dans le studio, tu es fier de tout ça, assuré dans un sens, et tu es prêt à le partager. Pour de vrai, sans aucune retenue, alors autant parler de toi, n'est-ce pas ? La voix de Jo encore, te parvient, un peu plus fortement et tu captes son regard pendant deux secondes, avant qu'elle ne repousse Vance loin, visiblement, vous avez une conversation privée. "Hmm... moi je pensais que c'était le président du fan club de Jo Carter que tu avais invité, j'ai pas reçu le mémo, j'étais trop occupé à parler de toi." Et le pire de tout ça, c'est que ce n'est pas complètement un mensonge, tu as parlé d'elle, comment ne pas le faire, un festival de cette ampleur ce n'est pas anodin, et oui... plus d'être content pour elle, tu es fier, pas pour dire que tu la connais ou frimer, mais bien parce qu'à tes yeux, Jo mérite tout ça. "J'ai des cartes de visites, il y a même des gens qui ont écouté notre single donc c'était un mélange parfait d'affaire, de détente et j'ai été raisonnable avec l'alcool, moi." La pique est pour Vance, tu t'es contenté d'une seule bière avant de tourner à l'eau, pas un choix qui a été partagé mais tu as été dans ton élément backstage, à parler de musique. Cela te vient comme une seconde nature et dans ce genre de milieu, c'est apprécié. "Et je suis content de t'avoir vu sur scène." Que tu ajoutes, sans y penser, trop tard, c'est dit, tu es occupé à conduire donc tu ne peux pas voir la réaction de Jo, la jeune femme devait s'y attendre et tu continues sur ta lancée. "Surpris par le choix de chansons mais toujours admiratif." Principalement des reprises, tu t'attendais presque à ce que Jo et toute l'équipe qui l'entoure en profite pour présenter des nouveaux textes et des nouveaux airs ; tout était fait avec un détail et une justesse certaine, et ça, tu sais, enfin du moins, tu penses que c'est grâce à Jo.
"Mais ça, tu le savais déjà, pas vrai ?" Que tu ajoutes à mi-voix, un demi-sourire sur le visage. Peut-être que ce sera une occasion pour la chanteuse de te rappeler qu'elle n'est pas si prévisible, et ce, de façon cinglante, comme Jo le fait si bien.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

"Tu vas devoir jouer des coudes maintenant." À propos de la place de président de son fan-club. Elle pouvait en avoir plusieurs, ce n’était pas elle qui ferait semblant de ne pas s’en satisfaire, ayant beaucoup trop besoin qu’on la regarde pour ne pas apprécier de voir pulluler des comptes fans sur Instagram ou sur Twitter. Posant son coude sur le siège qui n’était pas celui de Nicholas, faisant reposer sa joue contre son poing le temps d’un court instant, elle finit par se décider à passer à l’avant pour que Vance arrête de la regarder d’aussi près, sentant son souffle tiède sur sa nuque dégagée de ses cheveux maintenus dans une queue de cheval haute. Se mouvant sans faire plus cas de la sécurité que ça, Jo se leva à moitié pour se faufiler à l’avant, laissant son plaid derrière elle, et découvrant une partie de ses jambes qu’elle garda bien serrées pour qu’aucun incident malencontreux viennent gêner le si prude Nicholas dont le regard était posé sur elle par intermittence. Néanmoins, elle entendit Vance lui dire avec le ton d’un enfant qui vient d’entendre l’histoire de l’oiseau et la fleur pour la toute première fois "J’ai vu ta culotte." "Estime-toi heureux que j’en porte une." rétorqua-t-elle sans se retourner, un peu de mauvaise humeur, se lovant dans le siège passager et bouclant de nouveau sa ceinture de sécurité.

Vance lâcha un léger rire. Probablement qu’il avait des choses à lui rétorquer lui aussi, mais il décida de laisser tomber parce qu’il le savait : Jo avait un talent sans pareil pour obtenir le dernier mot, et il n’était pas tellement en état de trop batailler avec elle. Il avait bien profité au moins, c’était une bonne chose parce qu’on ne pouvait pas dire que son acolyte soit du genre à faire la même chose. Chacun son truc, et tandis qu’elle entendait le conducteur répondre à sa question, elle lui glissa comme elle le faisait souvent "T’es vraiment pas marrant. T’en as même pas profité pour pécho un peu ? Les festivals, c’est comme Vegas : quand t’y es, tu peux tout faire. Ça compte pas vraiment." Elle accentua l’arc de ses sourcils pour faire la blague, ne cachant pas la malice de son expression immédiate, mais elle retrouva vite son sérieux pendant que la discussion dérivait sur elle et sa participation au festival.
Elle en était contente, plus que ça même, bien qu’elle aurait préféré que son état d’esprit soit plus allégé, plus apte à réaliser que c’était le début de quelque chose. Elle n’était pas malheureuse, elle n’était pas heureuse non plus Jo, c’était assez étrange comme sentiment pour qu’elle ne réussisse à le situer sur un spectre précis. Elle était reconnaissante néanmoins, de l’accueil qu’on lui faisait, des critiques qu’elle recevait, de la présence en tant qu’entité de Midas qui avait veillé à ce que tout ça lui arrive en amont. Et c’était ça le plus compliqué à gérer dans le fond, l’impression qu’elle avait de devoir quelque chose à la seule personne qui lui disait sans détour qu’elle avait raison d’avoir confiance en elle, qu’elle méritait de songer à son avenir de la façon qu’elle l’avait toujours fait : en voyant grand, rien de moins.

Passant sa langue sur ses lèvres, Jo tourna la tête vers Nicholas qu’elle voyait au travers de l’éclat timide des LED du tableau de bord de sa voiture "Ça fait que deux mois que j’ai gagné, il faut me laisser le temps de faire les choses bien." Il croyait vraiment qu’elle allait se précipiter ? Naïf "J’ai pas envie de proposer des chansons originales parce que c’est ce qu’on attend de moi. Quand je le ferai, ce sera pour ce soit grandiose, pas écrit sur le coin d’une table et décidé à la va-vite sous le prétexte que c’est ce qu’il faut faire. Les gens m’oublieront pas cette fois." Si elle avait appris un truc de Midas, c’était que c’était important de faire les choses selon ses propres critères. Il souffrait trop d’avoir été propulsé dans un style qui n’était pas le sien, tributaire de la plume des autres, que ça l’avait assez bouleversée pour qu’elle ne veuille pas reproduire la même chose. Elle le reproduirait dans une certaine mesure, elle n’était pas libre de tous ses choix, mais elle bataillerait au minimum pour que la pop qu’on voulait qu’elle propose soit au moins représentative d’une partie de qui elle était vraiment. Jo voulait écrire ses textes, elle voulait jouer du piano quand ce serait possible, elle voulait que ce soit excellent, pas uniquement bon pour un premier album… et ça passait par des heures de travail, de décisions, et de session d’écriture.
Nicholas était bien mignon, à croire que les choses se faisaient en claquant des doigts. Sauf que Nicholas écrivait des textes dans sa chambre depuis quarante balais — et ce n’était pas la propension de Jo à le mettre face à son inaction qui parlait, c’était les faits. Pour l’heure, elle se tut au lieu de le rembarrer comme elle le faisait d’habitude, ne disant seulement qu’après quelques secondes "Au prochain, ce sera les miennes que je chanterai." Et puis se laissant un instant s’enfoncer dans ses propres pensées, dérivant son regard du profil de Nicholas pour les poser devant elle, la tête penchée, les sourcils froncés sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, contrariée comme elle l’était depuis la veille de la finale qu’elle avait gagnée d’avance, c’est la question qu’il lui posa qui la fit se ranimer et lui demander, ne voyant vraiment pas où il voulait en venir "Je savais déjà quoi ?"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Quand Jo te fait remarquer que tu n'es pas très drôle, un sourire vient trouver sa place sur tes trains fins alors que ton regard bleuté est toujours posé sur la route. La brune le savait déjà et tu as tout de même eu une invitation, donc soit Jo doit s'être faite à l'idée, ou alors, elle s'attend à un revirement total de ta personnalité. Non, ça ne risque pas d'arriver, pas quand la quarantaine approche à grands pas, pas quand tu as trouvé un petit équilibre dans ta vie, qui te convient et certainement pas parce que tu es à une heure de Brisbane. Pour certains, c'est une opportunité en or pour faire des bêtises et oublier les responsabilités du quotidien, tu restes toujours autant... eh bien toi. "Ouais, parce que c'est la première pensée qui m'a traversé l'esprit quand tu m'as invité... sur qui je pouvais passer... On a déjà établi qu'on était bien différents sur ce point." Et puis, Vance a fait la fête pour vous deux et il est reparti passer la nuit avec des inconnus et inconnues alors cela doit bien compter pour quelque chose. Lui s'est amusé, ça ne fait pas l'ombre d'un doute à tes yeux, maintenant, tu vas t'assurer qu'il rentre bien chez lui. Non vraiment, c'est un rôle qui te convient et tu n'en demandes pas plus.
Tu commentes la performance de Jo de ton point de vue de musicien et la brune s'exprime avec la justesse et la précision folle qui la caractérise. Et elle a raison, pas besoin de griller les étapes, pas besoin de courir pour arriver le plus rapidement possible à son album, ou même ses propres textes, elle a gagné... Qu'elle en profite pour avoir toute l'attention du monde et le traitement qu'elle aurait dû avoir si elle avait gagné à la place de Midas il y a des années de cela. Ce n'est certainement pas toi qui vas la faire redescendre de son piédestal. "Ce ne sont que de bons arguments dans tous les cas." Que tu marmonnes, alors qu'intérieurement, tu te dis que c'est impossible d'oublier Josephine Carter. Tout bonnement impossible. Tu penses cela, alors que tes yeux délaissent la route pendant quelques temps, pour se concentrer sur Jo et la nouvelle expression qu'elle a sur le visage. De loin, elle parait calme, mais elle fronce trop les sourcils, elle manque un peu de piquant la chanteuse et si tu pourrais mettre cela sur le compte de la fatigue, tu sais que ce n'est pas que ça. Il manque quelque chose, peut-être même quelqu'un, mais, ça ne te regarde tout simplement pas et elle te rabrouera parce que tu mets le nez dans ses affaires alors... Alors tu retournes à la route en répondant à sa question. "Que j'étais admiratif... mais tant mieux si tout se passe bien pour ta carrière." Parce que la musique est importante et peut-être une bonne échappatoire pour ignorer les problèmes de cœurs. Vraiment pour cela, sans mentionner la personne absente aujourd'hui, tu peux le dire et l'assurer à Jo, que ce soit une simple dispute ou une rupture, tu te sens toujours mieux avec une guitare à la main et du temps pour mettre de l'ordre dans tes pensées et ce qui te serre le palpitant.
Tu finis par soupirer et tandis que la chanson qui passe à la radio se fait interrompre par un animateur clairement réveillé, tu reprends. "C'est le moment où je te fais un résumé de ce que tu as loupé sur Brisbane, mais j'étais en studio avec monsieur Vance la plupart du temps alors... Je ne suis pas une source très fiable." Tu as le droit à une petite tape à l'arrière du crâne de la part de Vance, avant qu'il ne se laisse tomber sur le siège arrière et cela te fait au moins sourire. Est-ce que Jo a envie que tu lui parles de nicky & the saints ? Tu n'en sais rien, tu ne vas pas le faire, une sortie sur Spotify d'un petit groupe indie indépendant, ce n'est pas important et tu n'es pas doué pour te vendre. Tu l'as déjà fait tout du long hier soir et tu es fatigué, et plus que d'être LA Jo Carter, Jo est d'abord ta voisine, celle qui rentre sans taper chez toi quand elle sent l'odeur de son dessert préféré et qui n'hésite pas à te rappeler à quel point tu es un has been. "Oh j'ai rencontré ton père, vous avez le même genre de regard, et sa poignée de main a failli m'écraser les doigts ... j'allais juste voir Ava de base." Okay, tu allais embêter Ava de base, mais rien ne pourra faire disparaitre toute l'affection que tu as pour la grand-mère de Jo, rien, et voir le père de Jo a été une vraie surprise. Il est un peu intimidant, c'est de famille, et tu es devenu poli par défaut, avant de rentrer chez toi suite à quelques minutes de conversation. "Quoi d'autre ?" Tu réfléchis pendant une ou deux secondes, avant de poursuivre. "Oh, il y a eu un ou deux photographes qui ont campé devant chez toi pendant un temps, ils ont dû se lasser quand ils ont réalisé que tu n'étais pas là." Au moins, cela a bien fait rire Esmée et peut-être même qu'elle en a profité pour un peu se moquer d'eux et sortir se faire prendre en photo dans sa meilleure robe, histoire de. En dehors de cela, ce n'est pas comme si Jo avait manqué grand chose de Toowong ou même de Brisbane en général.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

"Oh ça." qu’elle murmura exagérément quand Nicholas éclaira sa pensée à propos de ce qu’elle savait déjà. Elle haussa les épaules, empruntant l’expression de nonchalance qui précédait souvent ses sorties les plus provocatrices "Ouais, tu m’apprends rien. Je sais bien m’entourer d’une cour qui bave dès que je rentre dans une pièce. Point bonus si c’est des mecs qui réussissent plus à penser à rien d’autre qu’à moi après — c’est un autre de mes petits talents." C’était un autre de ses petits talents ou c’était la somme de ses daddy issues qui montraient le bout de leur vilain nez, mais ça c’était à l’interprétation de ceux qui souhaitaient analyser son comportement. Ce ne serait sûrement pas Nicholas, il était aussi foutu qu’elle à ce niveau-là, c’était une certitude qu’elle avait sans avoir jamais essayé de creuser au demeurant, chacun ses problèmes. Du reste, elle disait vrai, qu’elle savait qu’on l’admirait. Ce n’était pas manquer d’humilité que de s’en réjouir, même si la saveur de la satisfaction qu’elle en tirait avait un goût différent depuis qu’elle se demandait si à déclamer mériter le ciel et ses étoiles, elle n’incitait pas son entourage à répondre à ses désirs selon ses propres caprices. Le marchandage de Midas avec la production avait cet effet-là sur elle entre autre, et elle doutait envoyer le bon signal lorsqu’elle mettait son talent en avant en affirmant qu’elle était vouée au succès. Donnait-elle le sentiment de quémander qu’on le lui apporte sur un plateau, est-ce que l’aimer c’était se sentir obliger de la couvrir de cadeaux qu’elle refusait par fierté mal placée ? Elle l’ignorait finalement, mais il devait y avoir un peu de pitié dans l’action de Midas auquel elle ne voulait pas trop penser maintenant même si leur dernier échange avait été plutôt apaisé. Ça ne la rendait pas plus sereine à propos de tout ça, seulement elle avait au moins pu le regarder dans les yeux à un moment donné.

Jo râla un peu quand Vance asséna une claque à l’arrière du crâne de Nicholas, lui renvoyant un regard qui voulait dire d’arrêter de faire des grands gestes comme ça, et se perdit un instant dans le récit de Nicholas sans réussir à se dire que ça l’intéressait vraiment, ce qu’il s’était passé à Brisbane durant son absence. Elle savait que sa grand-mère allait bien, c’était l’essentiel. Le reste du monde ne l’intéressait pas tellement, et elle ne ferait pas semblant que c’était le cas. En revanche, quand son père fût mentionné, elle parut sortir d’une torpeur amenée par le mouvement de la voiture et le ronron qui s’en dégageait. De nouveau, ses sourcils se froncèrent, et elle fit à Nicholas "Dis pas ça." Le ton de l’ordre c’était le mode par défaut de Josephine. Mais là, s'il était prononcé plutôt doucement par rapport à d’habitude, la faute à sa fatigue pas si latente sur ça, il était non moins résolu. Rien ne la choquait, mais quand son père était concerné, il y avait de choses qu’elle ne voulait pas entendre, comme l’éventualité d'une ressemblance assez notoire avec lui pour qu’on la lui fasse remarquer "Dis pas qu’on a le même genre de regard." Qu’importe ce que ça voulait dire putain, ça lui faisait du mal sans qu’elle ne puisse tellement le cacher, ses yeux rencontrant ceux de Nicholas lorsqu’elle insista en secouant la tête en signe de négation, campant sur sa détermination à se défendre de ça avec une délicatesse certaine dans le ton, mais une volonté profonde qu’on ne la réduise pas à ce à quoi elle avait voulu échapper pendant des années — le rapprochement qu’on faisait par défaut quand il s’agissait des parents et de leurs enfants et qui partait d’une bonne intention, mais qui à elle, lui faisait plus de peine qu’autre chose "C’est pas vrai." conclut-elle seulement, presque dans un chuchotis, détournant juste les yeux pour mettre fin à cette discussion-là.
Mais Nicholas avait envie de parler. Un léger rire réussit à filer des lèvres contrites de Jo en entendant la suite de ses paroles, un froncement du haut de son nez venant ajouter à la somme de la fierté qu’elle tirait à être le centre de l’attention. Elle aimait ça plus qu’un tas d’autres choses, c’était un fait qu’elle ne pouvait même pas cacher en jouant la comédie "Sérieux, tu t’attendais à quoi ?" À propos des photographes qui campaient devant chez elle "J’ai passé presque quatre mois à la télé, et tu m’as bien regardé ? C’était sûr qu’ils allaient trouver mon adresse à un moment donné." Et tant qu’il foutait la paix à Ava, elle s’en cognait un peu d’être la source de la curiosité malsaine de la populace, elle n’était plus à ça près. Ses voisins devaient la détester encore plus que d’habitude, surtout les bonnes femmes mal baisées qui la traitaient de salope chaque fois qu’elle passait l’angle de la rue dans des tenues que leurs maris imaginaient au sol quand ils se touchaient parce qu’elles étaient pas foutues de le faire correctement, elle devait être bien vertes de la voir briller plus qu’elles ne le feraient jamais, percluses dans leur petite maison, dans leur petit quotidien, avec leurs gosses moches et leur mari bon à rien. Se revigorant un peu, son ego se retrouvant regonflé par le tableau qu’elle s’imaginait à propos des photographes qui la traquaient, elle tira sur sa ceinture de sécurité pour qu’elle ne la gêne pas dans son mouvement, puis elle se tourna de trois-quart sur son siège pour demander à Nicholas avec un certain enthousiasme dans le ton "Ils t’ont posé des questions sur moi ? T’as répondu quoi ?"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Jo te confirme quelque chose que tu avais déjà saisi lors de votre toute première rencontre : elle laisse toujours une impression forte. Assez pour qu'on se souvienne d'elle, ce n'est pas aussi permanent qu'un tatouage, mais ça reste là, que ce soit quand la brune roule des yeux, quand elle assène des piques ou qu'elle jette son regard impérieux sur les gens qui s'adressent à elle. La toute première fois, tu as trouvé cela intimidant, avec les semaines, c'est devenu un bruit plus fort que les autres dans la cacophonie de sons qui régissent ton quotidien, et maintenant, tu sais que c'est juste un truc qui n'appartient qu'à elle. Qui caractérise et définit Jo, et cela serait très embêtant si ça venait à changer ou si elle perdait tout cela. Ce n'est pas sur le point d'arriver, pas avec sa victoire, pas avec son passage à la télévision et quelqu'un pourrait lui dire de faire attention, parce qu'elle risque de ne plus pouvoir passer les portes ta voisine, cependant, ça ne sera pas toi, pas aujourd'hui. Pour l'heure, tu te retrouves à froncer les sourcils, dans une expression qui est similaire à celle de Jo, enfin, tu pourrais le voir si tu n'étais pas concentré sur la route, alors qu'elle veut te faire revenir sur ce que tu as dit. Tu ne comprends pas tout de suite et la chanteuse doit expliciter sa requête, comme c'est souvent le cas en ta présence, car tu ne captes pas tout du premier coup. On mettra cela sur le fait que tu es très facilement distrait et la tête toujours dans la lune, pas pour le moment, Jo a toute ton attention.
"Je... okay ? Désolé, oublie ce que j'ai dit." Les excuses arrivent automatiquement, elles sont comme une seconde nature chez toi et avec toi, mais elles sont bien sincères. Tu en prends note, elle ne veut pas être comparée à son géniteur, ça provoque quelque chose de trop... tu n'as pas d'adjectif, juste de trop et l'information est rangée avec un soin tout particulier dans un coin de ta tête. Il y a une histoire là, une anecdote pas du tout marrante ; tu as toujours su que la vie de famille de Jo était aussi chaotique et par des points aussi dramatiques que la tienne. Non, elle ne l'a jamais dit à voix haute, ta voisine te ferait sûrement mordre la poussière, littéralement, avant de faire un tel aveu, mais ça, Jo n'a pas besoin de le dire. La jeune fille n'aura jamais besoin de le dire. Mais tu limiteras tes discussions et tes interactions avec Ava dans le futur, après tout, c'était bien une occasion unique, non ? Oui, que tu te dis alors que Jo reprend la conversation comme si de rien était, elle rit, ton regard dévie un instant sur elle et son expression avant de se concentrer sur la route.
Et un panneau annonçant les kilomètres qui vous séparent de Brisbane. Jo n'est plus anonyme, en réalité, elle n'a jamais été anonyme, elle a juste récupéré sa place et l'ordre des choses a été rétabli. "Oui, si tu le dis comme ça, ça a du sens, je suppose que bientôt t'auras ton propre chauffeur et tu n'auras pas besoin de mes services. D'ailleurs, la facture pour l'essence, je l'envoie à ton assistant ou…?" C'est ton tour de laisser échapper un rire, tu as bien le droit à une petite pique de temps en temps, elle en conviendra bien. Et c'est bien ta manière à toi de lui faire comprendre que ça ne change pas grand-chose à tes yeux, rien du tout, et Jo doit déjà le savoir, et s'en foutre complètement. Sans aucun doute, elle se trouvera une cour, des gens pour lui baiser les pieds et lui dire qu'elle mérite tout ça. Toi ? Tu seras toujours son voisin qui vient embêter sa grand-mère de temps en temps, ni plus, ni moins. Et bien sûr qu'ils m'ont posé des questions sur toi, que tu penses en te retenant de rouler des yeux, parce que tu n'es pas si débile que ça. Et si ta méthode a été de te concentrer sur ta porte d'entrée et de juste conserver le silence, tu n'es pas sourd. Alors, tu peux lui faire un résumé.
C'est bien pour cela que tu soupires l'instant suivant, pour fouiller dans ta mémoire. "On m'a demandé quand tu revenais sur Brisbane, si j'avais voté pour toi, si je savais que j'avais une starlette à quelques mètres de moi et quel était ton créateur préféré. Entre autres questions un peu plus personnelles..." Sur elle, et son statut de femme à prendre visiblement, sur la nature de sa relation avec Midas, si elle savait dans quoi elle mettait les pieds ou non, si elle dispensait des gifles à tout le voisinage ou pas. Autant dire que là, tu as bien conservé le silence et tu t'es fait un plaisir de claquer la porte au nez de l'intrus."Je n'ai rien dit, contrairement à ce que tu penses, quand on me hurle dessus et qu'on m'embête, je n'ai pas tendance à répondre." Du tout même, tu pars dans l'autre direction sans demander ton reste. "Tu es juste l'exception qui confirme la règle." Et oui, c'est bien un sourire sur ton visage alors que tu dis cela. "Mais comme j'ai dit, ça s'est calmé depuis, donc aucune raison de s'en faire... pas vrai ?" Pure question de rhétorique alors que tu mets ton clignotante pour changer de voie et vous rapprocher de Brisbane.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

C’était déjà oublié, et Jo se concentra sur autre chose pour donner le change et se donner les moyens de ne pas trop se laisser atteindre par les paroles de Nicholas. Elle avait écouté Midas en laissant au placard ses tranquillisants qui mine de rien, annihilaient pas mal ses montés de larmes depuis quelques temps, de fait elle n’avait pas ce parachute ce soir. Elle avait été une bonne fille qui entend les conseils de ceux qui savent mieux qu’elle, alors il valait mieux vite tourner la page pour ne pas se laisser aller à une quelconque émotion surtout en présence de Nicholas et de Vance.
Elle préféra cent fois tirer sur la corde du cliché de la starlette qu’elle était, ne cachant pas son excitation lorsqu’il s’agissait de prendre la température auprès des gueux du village pour savoir à peu près où se situait sa côte de popularité, laquelle n’avait cessé d’augmenter parce que visiblement, se faire briser le coeur, ça la rendait plus abordable et plus sympathique quand bien même personne n’était supposé le savoir. Son attitude ne trompait pas d’après les blogs spécialisés, elle paraissait déconnectée de l’image qu’elle tenait à se donner. On s’était même rendu compte qu’elle avait des choses à dire, qu’elle était drôle en plus de ça, et qu’au-delà de sa resting bitch face, elle avait peut-être des choses à partager qui n’étaient pas que brillantes de strass et de paillettes. Tant pis, tant mieux, elle n’était pas en mesure de savoir si c’était une bonne chose pour l’heure, encore dans sa bulle post-victoire qui ne lui permettait pas tout à fait de se rendre compte ce qu’elle impliquait ni comment les prochains temps se dérouleraient, consciente uniquement que la petite maison de sa grand-mère ne serait bientôt plus assez sécurisante pour accueillir ses retours programmés ni les jours paisibles d’Ava qui avait besoin de tranquillité et de stabilité.

Pinçant les lèvres en entendant Nicholas répondre à ses questions, Jo eut un léger roulement d’yeux "J’ai déjà un chauffeur. Marcus, tu te souviens ?" L’âge avait de l’effet sur Nicholas, c’était une évidence que sa mémoire défaillante rendait plus frappante encore, et c’était quand même alarmant quand on savait qu'il avait rencontré le-dit Marcus lors de son passage à Sydney. Il n’était juste pas assigné à la conduire durant ses temps-mort, Nicholas le faisait très bien pour qu’elle s’encombre de devoir héberger celui qui l’avait suivi pendant toute sa période X-Factor. Maintenant qu’elle était célèbre, elle ne passerait jamais le permis de conduire, c’était certain.
Elle ne lui répondit pas à propos de la facture, se contentant d'un faux plissement de paupières venimeux dans sa direction, se retenant de lui faire remarquer que tiens, tiens, maintenant qu’elle pesait dans le game, il tenait à se faire rémunérer pour ses services rendus. Plutôt crever, étant donné qu’elle lui rendait autant service en l’empêchant de moisir chez lui à ne pas savoir quoi faire de sa vie et de sa musique, il pouvait estimer qu’ils étaient quittes sans lui extorquer quoi que ce soit pour qu’elle paye sa dette.

Se tournant vers lui sans se départir de sa ceinture de sécurité, la repoussant juste  de son cou pour ne pas être blessée dans la manoeuvre qu’elle fit pour le regarder, elle l’écouta donc lister ce que les photographes et journalistes qui s’étaient présentés dans leur quartier lui avait demandé à son sujet. Le bout de sa langue pointant dans l’écart qu’elle avait entre les deux dents, Jo réprima un sourire conquis, et l’interrompit pour lui demander "Et t’as voté pour moi ?" Peut-être qu’elle devrait lancer une campagne de remboursement massif de ceux qui avaient dépensé du blé pour la maintenir au sommet étant donné que c’était déjà joué d’avance. Cette pensée eut le don de la faire bloquer un instant, son regard se perdant entre la ligne des cheveux et de la mâchoire de Nicholas, sans qu’elle ne puisse véritablement se défaire de l’élancement que lui provoquait l’éventualité que si tout ça venait à se savoir un jour, on l’accuserait de tout ce qu’elle accusait Midas : d’être une menteuse, une voleuse et une manipulatrice.
C’était drôle finalement qu’à ce moment précis, Nicholas mentionnant des questions personnelles qu’on lui avait posées, la réponse qu’elle lui accorda la mena à citer son nom "On t’a posé des questions sur Midas donc." Ce n’était pas une question, c’était une affirmation qu’elle n’eut pas le temps de développer puisque Vance passa le bout de son nez dans l’espace entre les deux sièges avant pendant que la voiture continuait son trajet jusqu’au quartier de Nicholas et Jo. Dans quelques minutes seulement, ils seraient de retour à la maison "Ouais d’ailleurs, il s’est passé quoi avec lui ? Il a l’air d’être un bon gars, qu’est-ce que tu lui as fait pour qu’il veuille même pas rentrer avec toi ? Me frappe pas." ajouta-t-il en troisième vitesse, se cachant déjà le visage en s’attirant le regard noir de Jo qui lui lança "Il s’est passé que t’as pas 12 ans et qu’il faudrait peut-être que t’arrêtes de lire les magazines people. Je veux même pas savoir ce que tu fais avec ceux qui parlent de moi, ew." Son talent pour rebondir était égal à celui qui lui permettait d’être une étoile montante de la chanson, c’était manifeste.

Elle ne frappa pas Vance, mais elle le repoussa du bout des doigts par l’épaule pour qu’il s’affale de nouveau dans son siège en chantonnant comme un demeuré, un rire contenu lui faisant gonfler la voix "Josephine est amo…" "Attendez, y a un type qui fouille mes poubelles là-bas ou je bigle ?" Elle ne biglait pas. Alors que la voix de Nicholas était devenue un bruit de fond comme le bruit du moteur, elle et Vance lancés dans leur sempiternelle bataille de gamins mal finis, elle réalisa en tournant la tête vers le pare-brise qu’il y avait quelqu’un qui avait le nez plongé dans le conteneur laissé sur le trottoir, certainement par son père d’ailleurs, quel bon fils il était devenu décidément, pour le ramassage du lendemain.
Elle n’eut pas tellement le temps de poser d'autres questions puisque quand la voiture de Nicholas s'immobilisa dans l’allée des Hurley, c’est Vance qui sortit en trombes de la voiture le premier pour aller demander des comptes au photographe qui l’aveugla d’un flash dans la gueule pendant que Jo le précéda de trente secondes en lui demandant, incrédule "C’est quoi ton pro…" Plus que le flash qui l’aveugla pendant qu’elle s’avançait vers lui pour faire rien de plus que lui demander de s’en aller au demeurant, c’est la force qu’il déploya pour s’enfuir en la bousculant au passage qui la fit tomber et manquer de se buter l'arrière de la tête contre le renfoncement du trottoir sur lequel elle s’échoua sans pouvoir l’anticiper. Vance réagit vite, et choisit sa bataille alors qu’il mourrait d’envie d’aller tirer le photographe de sa voiture par le col et le menacer d’une intervention de la police ; il s’agenouilla plutôt pour s’assurer que Jo allait bien. Mais elle avait le coude écorché, et son omoplate rentrée en contact avec le bitume lui élançait assez pour qu’elle laisse échapper un léger gémissement quand il tira sur son bras pour l’aider à la relever.

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Tu ne vois même pas pourquoi tu tournes autour du pot, Jo est concernée, elle sait de quoi est faite sa réputation ces derniers temps. La brune doit bien s'en douter que l'on t'a posé des questions sur Midas, bien entendu. Tout le monde veut savoir de quoi il en retourne entre les deux stars internationales, pour faire couler de l'encre et avoir le scoop de l'année. Ils sont venus le chercher à la mauvaise porte, que tu as envie de répondre à Jo, parce que tu ne sais rien, que c'est leur vie privée et que cela ne regarde personne d'autre qu'eux. Oui, c'est sûrement une façon un peu naïve de voir les choses et ce n'est pas cela que fonctionne le reste du monde. Vance le prouve avec son commentaire et cette fois-ci, c'est plus fort que toi, quand tu les entends se chamailler, sur la vie amoureuse de Jo qui plus est, tu roules des yeux. Tes yeux qui sont toujours posés sur la route alors que la voiture avance toujours. "Quand vous aurez fini, il y en a qui conduisent hein..." Toi, en l'occurrence, juste toi et tu aimerais qu'ils ne s'agitent pas autant et que Vance ne cherche pas autant à provoquer une réaction chez Jo.
Tu ne sais pas pourquoi il se sent obligé de faire cela à chaque fois, c'est presque maladif à ce stade et quand il te répond un : c'est elle qui a commencé, tu as très sérieusement envie de lui demander quel âge il a. Tu ne le fais pas, à la place il a le droit à un ouais, eh bien, je le termine, plein de bons sentiments et qui est là pour apaiser la situation. À la place, la question de Jo te ramène à la réalité. "Quoi ?" Vous êtes dans votre partie de la ville, chez vous, tellement chez vous que tu peux voir la fenêtre de ton salon d'ici et il y a effectivement quelqu'un qui fouille dans les poubelles des Carters. Tu coupes le moteur et ça semble être le coup d'envoi, autant pour Jo que Pour Vance, qui sont déjà dehors. "Je m'en occupe !" que dit Vance, alors que toi, tu restes à ta place, dans la voiture, presque paralysé. Parce que cela n'a pas vraiment de sens et tu sens déjà ton cœur s'accélérer parce que votre paix relative va être et est dérangée.
Tu n'es pas aussi brave que Jo ou même Vance mais même toi, tu réagis alors que Jo se fait pousser, avec force, par l'indésirable qui disparait de la scène sans demander son reste. Merde, que tu penses aussitôt et tu prends une profonde inspiration avant de sortir de la voiture. Tu ignores tes mains tremblantes pour te diriger vers Jo, qui laisse échapper un bruit pas du tout naturel alors que Vance essaye de l'aider. "Jo ?" Que tu t'entends dire et tu te rapproches, fronçant les sourcils face à Vance, qui se débrouille comme un pied. La chute a été trop importante pour être négligeable, le coude de Jo saigne, écorché par le trottoir et juste... non, trop de choses te dérange dans la vision qu'elle offre, et tu le sais, tu es en colère. "Wow, wow, Vance, tout doucement, elle vient juste de tomber et... Jo, est-ce que ça va ? Tu n'as rien de cassé ?" C'est ton tour de s'agenouiller devant elle et tu es beaucoup plus délicat que Vance, qui te laisse la place, disparaissant de ton champ de vision. Doucement, tes mains se posent sur le bras de Jo et ça ne fait qu'alimenter ce truc que tu sens monter en toi. Parce que merde, qu'est-ce qui ne va pas dans le monde ? Depuis quand est-ce normal de s'en prendre physiquement à quelqu'un ... oui, Jo est connue, mais ce type devrait savoir qu'il y a des conséquences. "Ton coude... on peut aller chez moi d'abord, j'ai des pansements et je suppose que tu ne veux pas qu'Ava te voie comme ça." Et quand vous serez à l'intérieur, tu pourras t'assurer qu'elle n'a pas mal autre part, cela tu ne l'ajoutes pas. Tu es sur le point de lui offrir ta main quand Vance te tape sur l'épaule.
Il te force à le regarder et oui, pour la première fois depuis... depuis que tu le connais, tu lui lances ce qui s'apparente à un regard noir. Il lève ses mains, pour t'assurer que ce n'est pas lui le problème avant de reprendre.
"Euh ouais... désolé... mais, je crois que ce mec était juste là en éclaireur, on va avoir de la compagnie et beaucoup."
"De quoi tu parles ?" Qu'il en vienne directement aux faits, les simagrées de Vance ne t'amusent pas trop présentement et il se contente d'un signe par-dessus son épaule. Pour indiquer non pas l'arrivée d'un seul photographe, mais de plusieurs, les flashs qui se rapprochent sont le seul avertissement que vous avez vraiment en réalité. Tu échanges un regard avec le blond avant de te tourner vers Jo. "Appuie-toi sur moi." Et sans vraiment lui laisser le choix ou même la prévenir, tu passes un bras autour de Jo et l'instant suivant, tu la mets sur ses deux pieds d'un mouvement fluide. Ton bras droit est toujours autour de la silhouette de la chanteuse, ta main posée sur sa hanche alors que tu la guides; tu es bien déterminé à l'emmener ailleurs et rapidement.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

La délicatesse de Vance était à revoir, c’était certain. Jo ne le lui reprocherait pas pour une fois cependant. Elle-même était comme les bébés, à ne pas payer de mine avec son petit gabarit qui cachait pourtant des trésors de force qui la rendait parfois beaucoup trop mufle, les personnes ayant joui de sa douceur et de sa délicatesse ne se comptant que sur les doigts d’une seule main. Dans l’urgence de la situation, bousculée et tombée dans la foulée, elle ne jetterait donc pas la pierre à Vance qui avait fait ce qu’il pouvait sur le coup. Ça ne l’empêcha pas de gémir un peu en s’entendant les douleurs relatives à sa chute s’emparer de son petit corps. Elle ne vit pas tout de suite qu’elle saignait plutôt fort, elle se contenta de se redresser pour croiser le regard de Nicholas la seconde d’après et le voir à deux doigts de rendre responsable Vance de la situation.
Dans un élan qu’elle ne s’expliquerait sans doute jamais, elle lui dit pour qu’il ne soit pas tenté d’envenimer les choses, encore que Nicholas n’en était pas profondément capable, seulement dans le doute, elle ouvrit tout de même la bouche pour temporiser le tout "Il a voulu m’aider, pas la peine d’être désagréable non plus." Il lui fit remarquer sa blessure au coude. Jo n’était pas une petite chose fragile, elle en avait connu d’autres des chutes, des bousculades, des gifles — il n’y avait pas de secret, ça lui venait bien de quelque part sa manie d’en coller une à tous ceux qui osaient la contrarier. Elle avait même connu d’autres gestes qu’elle tentait de ne pas produire ceux-là, mais inutile de palabrer dessus, ses yeux se figurant de la coulée de sang qui lui dégringola jusqu’au poignet et qui la fit grimacer pas parce qu’elle avait mal ou parce que ça la dégoûtait, bel et bien parce que Nicholas avait raison, et qu’à défaut de comprendre exactement ce qui se passait sur l’instant, elle savait qu’elle voulait à tout prix éviter que sa grand-mère la voit dans cet état.

Elle s’apprêtait à le confirmer à Nicholas lorsque Vance lui tapa l’épaule pour attirer son attention. Toujours assise sur le bitume devant la maison de sa grand-mère, Jo suivit les regards des deux hommes pour prendre la mesure de la situation dans la minute qui suivit, inclinant la tête pour mieux comprendre, analyser et agir ; il y avait d’autres photographes qui approchaient. Nicholas avait peut-être fait preuve de délicatesse jusqu’ici, la façon dont il la releva sur l’instant la surprit assez pour qu’elle ne trouve rien à dire sur le moment, n’appréciant cependant pas l’aisance avec laquelle il la tenait par la taille et son instinct à en faire des caisses quand elle pouvait très bien se servir de ses deux jambes. Chamboulée, mais n’ayant pas perdu sa langue pour autant, Jo lui dit en repoussant sa main avec la sienne, l’enlevant de sa taille en lui serrant les doigts pour qu’ils lâchent prise, puis en se décollant de lui en prenant garde de ne pas tacher les vêtements de son voisin avec son sang "C’est au coude que je suis blessée. Je peux marcher toute seule, ça va aller."

Elle n’hésita pas à le faire, se dirigeant vers la maison des Hurley avec Nicholas et Vance sur les talons. Elle connaissait les lieux, et elle savait qu’en empruntant la porte du jardin, il y aurait peu de chances que quiconque puisse vraiment les suivre de près. Néanmoins, des récits de paparazzis obstinés à obtenir leurs clichés à vendre au prix d’or, elle en connaissait grâce à Megan qui avait fait partie du lot à un moment donné, alors qui savait vraiment en vérité ? Il fallait composer vite, et la seule pensée qu’elle eut sur le moment, c’était que si son père était dans les parages, il n’aurait pas hésité un seul instant à aller aux devants de la horde pour leur faire bouffer leurs putains d’appareils et pas forcément par la voie classique — c’était presque une pensée rassurante, plus que ce qu’elle demanda à Nicholas lorsqu’elle s’engouffra enfin à l’intérieur, dépassant la moustiquaire de la porte qui menait directement à la cuisine des Hurley. Se rendant compte qu’elle haletait légèrement, Jo se força à avaler sa salive avant toute chose "Qu’est-ce que je dois faire ? Est-ce que je dois appeler les flics ?" Comme si Nicholas en savait plus qu’elle sur la gestion de ce genre de choses. Jo savait d’ordinaire, elle avait déjà repoussé des photographes sans craindre quoi que ce soit d’autre qu’un mauvais éclairage et qu’une mine disgracieuse, mais là c’était relativement différent ; c’était son intimité qu’on venait d’outrepasser, dépassant les limites géographiques de l’espace qu’elle n’était pas la seule à partager, et c’était ça qui la contrariait sur l’instant, pas le fait d’être prise pour cible par des crevards armés d’un appareil-photo.

Elle avait souvent manifesté son destin Jo, même si elle l’avait abandonné en cours de route pour lécher ses blessures à l’abri des regards. Dans sa naïveté gorgée d’une bonne dose d’orgueil, elle se disait que ce genre de trucs faisaient partie du jeu, qu’elle aimerait ça parce qu’elle ne vivait que pour une seule chose et c’était pour l’attention qu’on lui portait, justifiée ou pas. Mais là, elle n’était pas en état d’apprécier qu’on la traque jusqu’ici pour lui demander ce qui s’était passé avec Midas, s’ils se voyaient toujours, s’ils se parlaient et s’ils y avaient des chances pour qu’on les revoit ensemble un jour où l’autre. Prenant soudain une très profonde inspiration en voyant Esmée entrée dans la cuisine par le couloir qui délimitait les pièces de sa maison, elle lui lança le genre de regard qu’une petite-fille lançait à sa grand-mère pour un peu de réconfort. Elle trouva ça pathétique, de fait elle se reprit bien vite en secouant la tête, essuyant brusquement avec la paume de sa main le sang qu’elle avait sur le bras en faisant pire que mieux, l’étalant plus que ne l’effaçant, et s’en mettant sur le visage lorsqu’elle repoussa une mèche de cheveux.
Elle se mit à tâtonner plusieurs partie de son corps à la recherche de son téléphone portable qu’elle ne trouva pas. Pestant en fermant les yeux et en serrant les dents, elle jura en direction de Nicholas "Putain, mon téléphone est resté dans ta voiture." Vance lança à sa suite, les reins appuyés contre l’un des meubles de la cuisine "Et je conseille à personne de sortir pour aller le chercher. Tu veux appeler qui ?" Mon père. Sa pensée lui vint naturellement, mais elle la brûla tout comme l’écorchure qu’elle avait au bras et qui se rappela définitivement à elle quand elle voulut le plier pour constater les dégâts par elle-même au lieu de répondre à Vance. Au moins son omoplate n’était pas luxée, sa mobilité le lui prouvant, ça n’avait été que le choc de sa chute qui l’avait fait réagir. C’était déjà une bonne chose, pas comme le sentiment qu’elle avait de n’avoir qu’une seule solution à envisager, et c’était de faire appel à son bourreau pour qu’il l’aide à trouver une solution adéquate à tout ce cirque.
Consciente de prendre trop de temps à répondre, elle finit par admettre en perdant patience contre elle-même, ses mains trouvant ses cheveux pour les balayer d’un geste avant de s’avouer vaincue et de laisser ses bras retomber le long de son corps, ses épaules se haussant en même temps qu’elle repoussait ce plan bidon "J’en sais rien, putain. On m’a pas donné le mode d’emploi qui va avec la célébrité, et d’habitude c’est pas moi la plus célèbre de la bande." Ça, c’était un coup de cutter asséné à son ego, ça restait surtout la stricte vérité qui voila son regard qu’elle posa sur Nicholas pour lui dire, presque solennellement "Je veux pas appeler Midas pour savoir ce que je dois faire." Et ça, c’était une requête officielle qu’elle lui faisait en sachant qu’il comprendrait pourquoi ça paraissait aussi inenvisageable pour elle après les avoir vus ensemble il y avait quelques mois de ça déjà.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Est-ce que tu as été désagréable avec Vance ? Tu n'en sais rien du tout, tu n'aimes juste pas ce qui est en train de se dérouler sous tes yeux, ce que tu viens de voir, Jo se faire pousser comme si elle était une moins que rien (alors que ce n'est pas du tout le cas) ou même Jo avec une blessure. Que ce soit superficiel ou pas, il y a du sang et rien que ça, ce n'est pas anodin à tes yeux et non, ça ne te plait pas. Cela te met en colère d'une façon qui n'était pas arrivée depuis longtemps et c'est sûrement cela qui te fait froncer les sourcils et être autant sur le qui vive. Parce que tout semble s'enchainer à un rythme un peu trop effréné pour toi et oui, tu détestes absolument tout dans cette situation et la seule chose importante c'est d'emmener Jo et Vance le plus loin de tout ce bruit. Et que la situation n'empire pas. C'est bien pour cela que tu passes un bras autour de Jo et la brune te repousse, presque automatiquement, presque comme si c'était toi le fautif dans l'histoire. Elle peut marcher toute seule.
"Okay... désolé... Okay." C'est automatique, pour une fois, les excuses ne sont pas sincères et teintées de la culpabilité qui vient avec et tu fais signe à Vance de te suivre. Le batteur n'a aucune hésitation à le faire et tu es celui qui ferme la marche, verrouillant les portes derrière vous. A l'intérieur, tout est familier, la porte est fermée à ta suite et tu prends une profonde inspiration. Alors que la question de Jo arrive, elle a l'air complètement paumée et c'est rare que tu la vois perdre le contrôle à ce point. Même plongée en terrain inconnu, Jo a toujours l'air de maitriser le sujet, c'est toujours le cas, la dernière fois que c'est arrivé, Esmée était à l'hôpital... Tu n'en sais rien, tu n'as pas la réponse et tu mets plus de distance entre la porte et toi par réflexe, dans le salon qui donne sur la cuisine la seconde suivante. Ton regard bleuté se pose sur Esmée, canne à la main qui jette un coup d'œil à Jo, puis son regard se pose sur toi. Franchement ? Tu ne sais pas de quoi tu as l'air, tu ne sais pas ce que ta grand-mère voit sur tes traits, mais c'est assez pour qu'elle pose la question à voix haute.
"Nicholas, que se passe-t-il, est-ce que tout va bien ?" "Non ?" Le murmure est automatique et tu te tournes vers Jo quand elle dit ne pas avoir son téléphone. Elle a du sang sur la joue en revanche et tu te retrouves à avoir un moment de recul, prenant une profonde inspiration pour ne juste aller te terrer dans ta chambre et ne pas avoir cette image en tête. Ce n'est pas grand-chose, ça se greffe sur ta rétine cependant, et une petite voix dans ta tête te hurle que ce n'est pas en train d'arriver, pas ici, pas maintenant. Tu sursautes presque quand la main d'Esmée effleure la tienne, c'est sa façon à elle de te ramener dans le moment présent. Vous échangez un regard et tu hoches la tête la seconde suivante. Oui, chaque chose en son temps. "Jo... est-ce que tu vas bien ? Je vais aller chercher de quoi nettoyer tout ça." Une bonne idée tu devrais y avoir pensé plus tôt, mais Esmée y pense avant toi, cela est plus pressant qu'un téléphone et tu ne sais pas qui Jo pourrait appeler. Tu n'en sais rien du tout, l'idée de faire appel à Midas ne t'a même pas traversé l'esprit et qu'est-ce que l'autre chanteur pourrait faire ? Attirer les caméras ailleurs ? Faire appel à ses gardes du corps plus que compétents ? Ce n'est pas la pire idée du siècle mais...

On tape à la porte d'entrée la seconde suivante, tu n'as pas le temps de répondre à Jo, c'est brutal comme son et tu parcours les mètres qui te sépare de l'entrée pour vérifier que c'est bien fermé un peu trop rapidement pour que tes jambes suvent. Mais, c'est le cas, tu reviens vers Jo et Vance et tu tournes vers ce dernier ensuite. "Vance, est-ce que tu peux m'aider à tirer les rideaux s'il te plait ? Merci." Pas désagréable du tout et le batteur hoche la tête la seconde suivante et vous êtes en mouvement, les rideaux du salon sont tirés, tu t'occupes de ceux de ta chambre et de la chambre d'Esmée l'instant suivant et le temps de les retrouver, Esmée est de retour aussi, bien déterminée à s'occuper de Jo et de sa blessure. Pour au moins lui donner un pansement, tu fais confiance à ton ainée et tu sais qu'elle ne sera pas insistante dans un moment pareil. "Je ne sais pas ce qu'il faut faire, mais si ça peut te rassurer on a un téléphone fixe, tu peux l'utiliser." Tu réponds enfin à Jo avec un temps de retard, tu ne sais pas si ça peut lui offrir le moindre confort ou si c'est une solution. Elle n'a pas le mode d'emploi qui vient avec sa nouvelle popularité ? Toi non plus, tu n'es personne, est-ce que Jo l'a oublié ? C'est elle l'experte pour te le rappeler en temps normal. Rien dans cette situation n'est normal maintenant que tu y penses bien.
"Si tu veux appeler quelqu'un de ton équipe ou qui que ce soit d'autre..." Quelqu'un de beaucoup plus compétent, qui ne fera pas tout foirer, qui ne va pas envenimer la situatios, qui ne sera pas désagréable, qui saura la rassurer et... Ouais, peut-être que Midas ce n'est pas une si mauvaise idée que cela, que Jo l'appelle, il aura sûrement une solution miracle. "La porte est fermée à clef on peut juste..." Tu ne sais même pas comment finir cette phrase, tu ne peux pas quand on tape de nouveau à la porte. Tu marques une pause, tes yeux se portant sur Esmée, que tu ne veux vraiment pas exposer à tout cela et qui était juste tranquillement chez elle. Chez vous, un endroit sûr.
"Attendre là." Tu ajoutes cela en étant plus que dépité, et toujours irrité contre toi-même de ne pas savoir quoi faire dans un moment pareil. Cette fois-ci, quand la main de Vance se pose sur ton épaule, tu la vois venir et le batteur y exerce une certaine pression, sûrement pour te rassurer un peu. Alors que tu n'es même pas celui qui en a besoin. "Désolé." Celui-ci est plus que sincère et il est adressé à tout le monde.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

"Je vais bien, c’est pas grand-chose. Je suis tombée, mais c’est pas grave." La blessure qu’elle avait au coude, elle s’en remettrait — ça lui ferait une cicatrice en plus, elle en avait d’autres. Elle se remettrait du reste aussi, mais à voir la réaction de ceux qui l’entouraient, elle serait peut-être bien la seule. C’était dans ces moments-là qu’elle savait qu’elle vraiment seule justement, Jo. Quand elle avait besoin qu’on l’aide, elle se prenait les mines déconfites de ceux qui formaient son entourage. Ce n’était pas un choix d’être fort, c’était une obligation qu’elle avait vite prise pour elle étant donné qu’elle n’était entourée que de faibles — Megan faisant exception, mais elle ne pouvait pas l’appeler ce soir, encore qu’elle aussi, elle aurait peut-être bien la sortir de là, mais elle lui laissait le loisir de passer du bon temps avec son mari, elle le méritait après l’avoir entendue chialer pendant de longues minutes. Tant pis si c’était péjoratif de penser ça de ceux qui se trouvaient là, tant pis si elle passait pour la pire des garces à réagir de cette manière à ce moment-là, mais elle ne pouvait vraiment compter sur personne dans le fond, et c’était putain de douloureux "Ça va aller Esmée. J’ai pas besoin d’être nettoyée, merci. C’est que du sang, ça va sécher." qu’elle lui fit en restant polie, mais en essayant de durcir un peu les traits de son visage déconfit par le moment où elle n’avait pas su quoi faire, mise devant une situation qu’elle avait négligé parce que si elle avait en effet manifesté son destin, le rêver et le vivre, c’était deux choses diamétralement opposées : elle vivait sous le prisme du fantasme Jo, elle avait beaucoup trop consommé de média pour omettre le côté vilain qu’il y avait sous les paillettes, émerveillée par les strass, éblouie par les flashs des appareils-photos, et ça lui claquait à la gueule juste parce qu’elle avait eu la faiblesse de croire que sa vie n’allait pas tellement changer, que ce serait plus ou moins comme avant, à la différence près qu’en plus d’avoir remporté le trophée d’une émission truquée, elle avait aussi son nom dans les listes des espoirs à surveiller de près. C’était ironique, elle qui avait espéré ça toute sa vie, d’être assez naïve pour ne pas avoir calculé son coup avec précision et de fait se laisser avoir comme une bleue. Si elle l’avait fait, ce qui se passait ce soir ne serait même pas arrivé.

D’une certaine façon, c’était de sa faute, alors elle prendrait ses responsabilités. Quand on frappa à la porte des Hurley ce fût son signal pour reprendre définitivement sur elle, la réaction de Nicholas qui demanda à Vance de tirer les rideaux l’irritant plus qu’autre chose. Il fallait qu’elle reprenne le contrôle de la situation, qu’elle réfléchisse vite sans se laisser perturber par les solutions qui se présentaient à elle comme les meilleures, encore que ça restait à débattre : appeler son père pour le côté rentre-dedans du processus, appeler Midas pour les conseils, mais surtout pour la sérénité et le réconfort. Elle fit une pause mentale, faisant gigoter ses doigts autour de son visage pour s’aider à faire le point, la pulpe de ses doigts faisant tourner les anneaux qu’elle portait aux phalanges. Aucune de ces deux solutions ne la satisfaisait parce qu’aucune de ces solutions n’étaient raisonnables en vérité : c’était son problème, celui de personne d’autre. Entendre Nicholas lui dire qu’il ne savait pas quoi faire, ça ne l’aida pas bien sûr, et elle le haïssait du plus profond d’elle-même pour n’être pas capable de trouver une solution quand c’était lui le plus adulte dans la pièce, Esmée faisant exception. Elle avait tendance à oublier qu’il était trop à côté de ses pompes pour considérer que ne pas angoisser pour un truc qui ne le touchait que de loin était une mauvaise idée : qu’il aille se faire foutre lui aussi, voilà ce qu’elle pensa sans le dire, gardant au fond d’elle toute l’amertume que lui inspirait cette situation où elle s’apercevait que, même entourée, elle était plus seule que jamais en effet.

Arrêtant de gigoter, ses mains tendues devant elle, elle prit une très profonde inspiration tout en se redressant de toute sa petite taille pour s’avancer vers l’évier de la cuisine où elle se lava enfin les mains. Chassant le sang qu’elle avait essuyé avec ses paumes à l’aide d’un essuie-tout qu’elle arracha de son rouleau sans prendre sens de ce qui se passait autour, elle répondit à un rituel de secours pour retrouver une apparence plus ou moins correcte. Elle se sécha les main, elle vérifia qu’elle n’avait plus de sang sur elle, frottant sa joue qu’elle sentait poisseuse sous ses doigts. Mais sa blessure continuait de saigner un peu ; elle s’en inquiéterait plus tard. Pour l’instant, elle s’intéressa à ses yeux. Elle resserra l’élastique de sa queue de cheval, gardant un regard fixe, déterminé, et marqua un stop avec ses index sur ses sourcils pour les remettre en place ; enfin elle pinça les lèvres pour les gonfler juste un peu histoire qu’on pense qu’elle venait de s’appliquer un peu de rouge à lèvres.
Elle remonta sa jupe sur ses hanches pour qu’elle soit plus courte, faisant bailler l’arrière mal ajusté sur sa toute petite taille, et elle retira son sweat pour laisser le top qu’elle portait par-dessous dévoiler sa peau qui avait pris un léger hâle sous le soleil relatif du festival, et puis elle dit à la cantonade qui devait se demander ce qu’elle fichait "Le seul truc qu’ils veulent, c’est prendre des photos." Alors elle allait leur en donner, c’était aussi simple que ça. Qu’importait si elle était chamboulée, qu’importait si elle saignait, qu’importait si elle en voulait à la terre entière de ne pas être capable de la protéger quand elle le demandait explicitement : elle avait toujours su qu’elle ne pouvait compter que sur une personne sur cette planète mal foutue, et c’était sur elle-même. Faisant un bref signe de tête pour se donner un signal à elle-même, son regard ne s’adoucit pas. Elle remonta son décolleté d’une façon qui n’était sûrement pas assez classe pour les plus pudiques de la pièce, mais elle s’en cognait autant que le regard que Vance posa sur elle quand elle passa devant lui pour s’avancer vers la porte d’entrée de chez les Hurley. Elle sentit une boule se former au creux de son estomac, elle sentit un soupçon de pincement au fond de sa gorge, mais elle savait ce qu’elle faisait, c’était ce qui comptait "Si après m’avoir mitraillée, ils dégagent pas, j’appellerais le commissariat." J’appellerais, parce qu’elle ne pouvait clairement pas compter sur Nicholas qui se faisait dorloter par Vance quand elle, elle prenait les armes pour défendre son intimité — leur intimité à l’occurence, à elle, sa grand-mère, et les Hurley.

rp terminé.