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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

The Long Sunset avait apporté son lot de bonnes ondes. Malgré le rythme soutenu et les sollicitions, Jo avait réussi à prouver que sa sortie récente d'un télé-crochet gagné par défaut n’était pas une fin en soi, et sûrement que c’était ça qui avait péché la première fois. A l’époque, elle avait cru que, passée la défaite, sa petite notoriété l’emmènerait sur un chemin pavé d’étoiles, mais les choses étaient différentes désormais. Elle savait qu’elle avait des choses à prouver, ne serait-ce qu’à elle-même pour atténuer l’impression qu’elle avait qu’on lui avait donné quelque chose qu’elle méritait sans doute possible, qu’elle aurait voulu revendiquer sans avoir à mentir pour autant. L’humilité, ce n’était certes pas son fort, elle avait pourtant tut son assurance au cours des deux dernières semaines sans pour autant minimiser l’idée qu’elle était faite pour ce qu’elle avait fait tout du long. Chanter, jouer, se produire et mettre des paillettes dans les yeux des petites filles, certainement autre chose dans la tête de leurs parents : une série toute personnelle qui l’avait empêchée de penser à la fatigue qu’elle ressentait et qui l’accablait alors que l’heure de route qui se profilait pour rentrer à Brisbane se révélerait comme une respiration nécessaire pour elle qui avait retenu la sienne assez longtemps pour sentir qu’elle avait besoin d’une pause.

Son équipe avait insisté pour qu’elle rentre en sa compagnie. Elle, elle avait insisté pour ne pas le faire, comptant sur la présence pas si surprise que ça de Vance et Nicholas qu’elle avait convié à la fête, le temps de son dernier set, leur offrant un accès backstage pour bien faire. Ils allaient au même endroit, et ce n’était pas par principe écologique qu’elle avait voulu se faire conduire par le duo qui était venu l’applaudir ; c’était pour éviter qu’on ne lui parle de son emploi du temps de la semaine et qu’on lui rabâche les entrées serrées des rencontres qu’elle venait de gagner en réseautant à la queue-leu-leu, les curieux du métier prêts à jouer des coudes pour l’approcher. Elle ne regrettait pas la vie normale, il ne fallait pas exagérer. Mais l’opportunité lui était donnée de considérer autre chose que la nouvelle vie qu’elle vivait, et elle l’avait prise, tout simplement.

Assise à l’arrière de la voiture de son voisin, elle était à deux doigts de piquer du nez quand elle sentit les doigts de Vance frôler sa cuisse dans un geste trop doux pour que ça lui semble honnête. Sa réaction fût immédiate. Jo sortit de son état de semi-conscience  pour bondir en avant : elle lui chopa l’arrière de sa tignasse mal peignée, le faisant basculer dans l’écart qui séparait les sièges arrières et avants pour l’entendre dire entre des aïe-aïe-aïeaïe "T’as la chair de poule. Je voulais juste remonter le plaid !" "C’est pas parce que je porte des mini-jupes que c’est open-bar, connard. Hey, la prochaine fois, laisse-le derrière toi." qu’elle fit à Nicholas en croisant son regard dans le rétroviseur intérieur, lâchant Vance sans délicatesse. Se recalant dans son siège, remontant elle-même le plaid qu’elle avait sur elle, elle détourna la tête pour regarder au travers de la vitre assombrit par l’obscurité de l’extérieur, reconnaissant les contours de la ville dans laquelle ils se rendaient pour rentrer en sécurité. Elle avait hâte de voir sa grand-mère, c’était tout ce à quoi elle réussissait à penser maintenant ; à ça et à la crainte de ne pas la trouver seule. C’était établi maintenant, que ses parents avaient élu domicile en ville, à quelques minutes à peine de là. Officiellement pour s’occuper un peu d’Ava, officieusement pour des raisons beaucoup moins nobles que ça qui, là encore, faisaient redouter tellement de choses à Jo qu’elle préférait encore se concentrer sur autre chose, se sentant déjà assez coupable de reléguer sa grand-mère à la seconde place de ses priorités du moment.
Sortant de sa tête dans un soupir lourd et bruyant, elle finit par détacher sa ceinture de sécurité, se soustrayant aux règles basiques de sécurité pour passer la tête dans l’espace qui la séparait de l’avant et demander à Nicholas vers qui elle tourna la tête "T’as rencontré des gens au moins ?" Elle offrit une moue répugnée à Vance qui avança son visage vers le sien pour la regarder de près, et puis elle le repoussa de la main en claquant de la langue, se demandant s’il n’avait pas gobé un truc au passage ce demeuré, avant de poser de nouveau son regard sur Nicholas et de continuer "Je t’ai pas seulement fait venir pour admirer l’artiste fabuleuse que je suis au cas où t’aurais pas compris. C’était trop subtil pour toi ?" Certainement. Nicholas n’avait rien du cerveau de la bande, il l’avait prouvé plusieurs fois déjà.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Est-ce que tu es un égoïste fini ? C'est la question que tu te poses depuis que tu as accepté l'invitation de Jo, et encore plus depuis que la brune a pris place à l'arrière de ta voiture, très vite rejointe par Vance et l'air qu'il a sur le visage après avoir très peu dormi et bu trop d'alcool. Si tu leur as tous les deux adressé un sourire compatissant, tu as cessé ton petit débat intérieur avant d'assumer ton rôle de chauffeur désigné. Et de vous ramener à Brisbane en un seul morceau. Vous n'êtes pas les seuls sur la route, tout le monde rentre et la somnolence des deux passagers te permet de réfléchir à la question. Peut-être que tu l'es, et que ne pas hésiter à répondre à l'invitation au Scenic Rim de Jo, ou même ne pas la questionner quand elle t'a informé qu'elle rentrait avec toi et Vance en dit long mais... tu ne te voyais pas ramener un autre musicien sur le tapis. Elle ne l'a pas fait, tu ne l'as pas fait, tu es content de la voir et tu as eu une excuse toute trouvée pour observer la brune dans son élément et voir à quel point elle est douée. Alors quoi, si tu as bien apprécié la performance, ça ne fait pas de toi un égoïste ou une mauvaise personne.
Jo Carter est douée et ça, tu peux le dire avec tout le professionnalisme que tu possèdes, ça n'entache pas ta crédibilité et ça ne trahit pas les quelques réalisations que tu as pu faire ces dernières semaines. Que tu revenais toujours à Jo pour une raison. Peu importe, voilà ce que tu te dis en appuyant sur l'accélérateur quand ça avance devant toi, Jo se manifeste à ce moment-là, pour rabrouer Vance. Qui ne le mérite certainement pas et tu les observes pendant une demi-seconde dans le rétroviseur avant de déclarer un : "Hey les enfants, on se détend, sinon personne n'aura de McDo' une fois qu'on sera sur Brisbane." sur le ton le plus menaçant que tu peux conjurer. Autant dire, pas beaucoup. Cela fait au moins réagir Vance, lui aussi fronce les sourcils et il réplique."Et comment je suis censé soigner ma gueule de bois, hein ?" Tu as un rire pour le batteur, parce que tu n'as pas la réponse à cette question et c'est de sa faute à lui, personne ne lui a dit d'autant se lâcher pendant l'after-party.
Toi, tu as été occupé, à chanter les louanges de Jo, à confirmer que tu es bien musicien, à parler de nicky & the saints, de votre toute première sortie et à diriger les gens vers la célèbre plateforme de streaming. Oui, tu en as été le premier surpris, mais, comme tu l'as dit à Jordan alors que vous étiez dans le studio, tu es fier de tout ça, assuré dans un sens, et tu es prêt à le partager. Pour de vrai, sans aucune retenue, alors autant parler de toi, n'est-ce pas ? La voix de Jo encore, te parvient, un peu plus fortement et tu captes son regard pendant deux secondes, avant qu'elle ne repousse Vance loin, visiblement, vous avez une conversation privée. "Hmm... moi je pensais que c'était le président du fan club de Jo Carter que tu avais invité, j'ai pas reçu le mémo, j'étais trop occupé à parler de toi." Et le pire de tout ça, c'est que ce n'est pas complètement un mensonge, tu as parlé d'elle, comment ne pas le faire, un festival de cette ampleur ce n'est pas anodin, et oui... plus d'être content pour elle, tu es fier, pas pour dire que tu la connais ou frimer, mais bien parce qu'à tes yeux, Jo mérite tout ça. "J'ai des cartes de visites, il y a même des gens qui ont écouté notre single donc c'était un mélange parfait d'affaire, de détente et j'ai été raisonnable avec l'alcool, moi." La pique est pour Vance, tu t'es contenté d'une seule bière avant de tourner à l'eau, pas un choix qui a été partagé mais tu as été dans ton élément backstage, à parler de musique. Cela te vient comme une seconde nature et dans ce genre de milieu, c'est apprécié. "Et je suis content de t'avoir vu sur scène." Que tu ajoutes, sans y penser, trop tard, c'est dit, tu es occupé à conduire donc tu ne peux pas voir la réaction de Jo, la jeune femme devait s'y attendre et tu continues sur ta lancée. "Surpris par le choix de chansons mais toujours admiratif." Principalement des reprises, tu t'attendais presque à ce que Jo et toute l'équipe qui l'entoure en profite pour présenter des nouveaux textes et des nouveaux airs ; tout était fait avec un détail et une justesse certaine, et ça, tu sais, enfin du moins, tu penses que c'est grâce à Jo.
"Mais ça, tu le savais déjà, pas vrai ?" Que tu ajoutes à mi-voix, un demi-sourire sur le visage. Peut-être que ce sera une occasion pour la chanteuse de te rappeler qu'elle n'est pas si prévisible, et ce, de façon cinglante, comme Jo le fait si bien.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

"Tu vas devoir jouer des coudes maintenant." À propos de la place de président de son fan-club. Elle pouvait en avoir plusieurs, ce n’était pas elle qui ferait semblant de ne pas s’en satisfaire, ayant beaucoup trop besoin qu’on la regarde pour ne pas apprécier de voir pulluler des comptes fans sur Instagram ou sur Twitter. Posant son coude sur le siège qui n’était pas celui de Nicholas, faisant reposer sa joue contre son poing le temps d’un court instant, elle finit par se décider à passer à l’avant pour que Vance arrête de la regarder d’aussi près, sentant son souffle tiède sur sa nuque dégagée de ses cheveux maintenus dans une queue de cheval haute. Se mouvant sans faire plus cas de la sécurité que ça, Jo se leva à moitié pour se faufiler à l’avant, laissant son plaid derrière elle, et découvrant une partie de ses jambes qu’elle garda bien serrées pour qu’aucun incident malencontreux viennent gêner le si prude Nicholas dont le regard était posé sur elle par intermittence. Néanmoins, elle entendit Vance lui dire avec le ton d’un enfant qui vient d’entendre l’histoire de l’oiseau et la fleur pour la toute première fois "J’ai vu ta culotte." "Estime-toi heureux que j’en porte une." rétorqua-t-elle sans se retourner, un peu de mauvaise humeur, se lovant dans le siège passager et bouclant de nouveau sa ceinture de sécurité.

Vance lâcha un léger rire. Probablement qu’il avait des choses à lui rétorquer lui aussi, mais il décida de laisser tomber parce qu’il le savait : Jo avait un talent sans pareil pour obtenir le dernier mot, et il n’était pas tellement en état de trop batailler avec elle. Il avait bien profité au moins, c’était une bonne chose parce qu’on ne pouvait pas dire que son acolyte soit du genre à faire la même chose. Chacun son truc, et tandis qu’elle entendait le conducteur répondre à sa question, elle lui glissa comme elle le faisait souvent "T’es vraiment pas marrant. T’en as même pas profité pour pécho un peu ? Les festivals, c’est comme Vegas : quand t’y es, tu peux tout faire. Ça compte pas vraiment." Elle accentua l’arc de ses sourcils pour faire la blague, ne cachant pas la malice de son expression immédiate, mais elle retrouva vite son sérieux pendant que la discussion dérivait sur elle et sa participation au festival.
Elle en était contente, plus que ça même, bien qu’elle aurait préféré que son état d’esprit soit plus allégé, plus apte à réaliser que c’était le début de quelque chose. Elle n’était pas malheureuse, elle n’était pas heureuse non plus Jo, c’était assez étrange comme sentiment pour qu’elle ne réussisse à le situer sur un spectre précis. Elle était reconnaissante néanmoins, de l’accueil qu’on lui faisait, des critiques qu’elle recevait, de la présence en tant qu’entité de Midas qui avait veillé à ce que tout ça lui arrive en amont. Et c’était ça le plus compliqué à gérer dans le fond, l’impression qu’elle avait de devoir quelque chose à la seule personne qui lui disait sans détour qu’elle avait raison d’avoir confiance en elle, qu’elle méritait de songer à son avenir de la façon qu’elle l’avait toujours fait : en voyant grand, rien de moins.

Passant sa langue sur ses lèvres, Jo tourna la tête vers Nicholas qu’elle voyait au travers de l’éclat timide des LED du tableau de bord de sa voiture "Ça fait que deux mois que j’ai gagné, il faut me laisser le temps de faire les choses bien." Il croyait vraiment qu’elle allait se précipiter ? Naïf "J’ai pas envie de proposer des chansons originales parce que c’est ce qu’on attend de moi. Quand je le ferai, ce sera pour ce soit grandiose, pas écrit sur le coin d’une table et décidé à la va-vite sous le prétexte que c’est ce qu’il faut faire. Les gens m’oublieront pas cette fois." Si elle avait appris un truc de Midas, c’était que c’était important de faire les choses selon ses propres critères. Il souffrait trop d’avoir été propulsé dans un style qui n’était pas le sien, tributaire de la plume des autres, que ça l’avait assez bouleversée pour qu’elle ne veuille pas reproduire la même chose. Elle le reproduirait dans une certaine mesure, elle n’était pas libre de tous ses choix, mais elle bataillerait au minimum pour que la pop qu’on voulait qu’elle propose soit au moins représentative d’une partie de qui elle était vraiment. Jo voulait écrire ses textes, elle voulait jouer du piano quand ce serait possible, elle voulait que ce soit excellent, pas uniquement bon pour un premier album… et ça passait par des heures de travail, de décisions, et de session d’écriture.
Nicholas était bien mignon, à croire que les choses se faisaient en claquant des doigts. Sauf que Nicholas écrivait des textes dans sa chambre depuis quarante balais — et ce n’était pas la propension de Jo à le mettre face à son inaction qui parlait, c’était les faits. Pour l’heure, elle se tut au lieu de le rembarrer comme elle le faisait d’habitude, ne disant seulement qu’après quelques secondes "Au prochain, ce sera les miennes que je chanterai." Et puis se laissant un instant s’enfoncer dans ses propres pensées, dérivant son regard du profil de Nicholas pour les poser devant elle, la tête penchée, les sourcils froncés sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, contrariée comme elle l’était depuis la veille de la finale qu’elle avait gagnée d’avance, c’est la question qu’il lui posa qui la fit se ranimer et lui demander, ne voyant vraiment pas où il voulait en venir "Je savais déjà quoi ?"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Quand Jo te fait remarquer que tu n'es pas très drôle, un sourire vient trouver sa place sur tes trains fins alors que ton regard bleuté est toujours posé sur la route. La brune le savait déjà et tu as tout de même eu une invitation, donc soit Jo doit s'être faite à l'idée, ou alors, elle s'attend à un revirement total de ta personnalité. Non, ça ne risque pas d'arriver, pas quand la quarantaine approche à grands pas, pas quand tu as trouvé un petit équilibre dans ta vie, qui te convient et certainement pas parce que tu es à une heure de Brisbane. Pour certains, c'est une opportunité en or pour faire des bêtises et oublier les responsabilités du quotidien, tu restes toujours autant... eh bien toi. "Ouais, parce que c'est la première pensée qui m'a traversé l'esprit quand tu m'as invité... sur qui je pouvais passer... On a déjà établi qu'on était bien différents sur ce point." Et puis, Vance a fait la fête pour vous deux et il est reparti passer la nuit avec des inconnus et inconnues alors cela doit bien compter pour quelque chose. Lui s'est amusé, ça ne fait pas l'ombre d'un doute à tes yeux, maintenant, tu vas t'assurer qu'il rentre bien chez lui. Non vraiment, c'est un rôle qui te convient et tu n'en demandes pas plus.
Tu commentes la performance de Jo de ton point de vue de musicien et la brune s'exprime avec la justesse et la précision folle qui la caractérise. Et elle a raison, pas besoin de griller les étapes, pas besoin de courir pour arriver le plus rapidement possible à son album, ou même ses propres textes, elle a gagné... Qu'elle en profite pour avoir toute l'attention du monde et le traitement qu'elle aurait dû avoir si elle avait gagné à la place de Midas il y a des années de cela. Ce n'est certainement pas toi qui vas la faire redescendre de son piédestal. "Ce ne sont que de bons arguments dans tous les cas." Que tu marmonnes, alors qu'intérieurement, tu te dis que c'est impossible d'oublier Josephine Carter. Tout bonnement impossible. Tu penses cela, alors que tes yeux délaissent la route pendant quelques temps, pour se concentrer sur Jo et la nouvelle expression qu'elle a sur le visage. De loin, elle parait calme, mais elle fronce trop les sourcils, elle manque un peu de piquant la chanteuse et si tu pourrais mettre cela sur le compte de la fatigue, tu sais que ce n'est pas que ça. Il manque quelque chose, peut-être même quelqu'un, mais, ça ne te regarde tout simplement pas et elle te rabrouera parce que tu mets le nez dans ses affaires alors... Alors tu retournes à la route en répondant à sa question. "Que j'étais admiratif... mais tant mieux si tout se passe bien pour ta carrière." Parce que la musique est importante et peut-être une bonne échappatoire pour ignorer les problèmes de cœurs. Vraiment pour cela, sans mentionner la personne absente aujourd'hui, tu peux le dire et l'assurer à Jo, que ce soit une simple dispute ou une rupture, tu te sens toujours mieux avec une guitare à la main et du temps pour mettre de l'ordre dans tes pensées et ce qui te serre le palpitant.
Tu finis par soupirer et tandis que la chanson qui passe à la radio se fait interrompre par un animateur clairement réveillé, tu reprends. "C'est le moment où je te fais un résumé de ce que tu as loupé sur Brisbane, mais j'étais en studio avec monsieur Vance la plupart du temps alors... Je ne suis pas une source très fiable." Tu as le droit à une petite tape à l'arrière du crâne de la part de Vance, avant qu'il ne se laisse tomber sur le siège arrière et cela te fait au moins sourire. Est-ce que Jo a envie que tu lui parles de nicky & the saints ? Tu n'en sais rien, tu ne vas pas le faire, une sortie sur Spotify d'un petit groupe indie indépendant, ce n'est pas important et tu n'es pas doué pour te vendre. Tu l'as déjà fait tout du long hier soir et tu es fatigué, et plus que d'être LA Jo Carter, Jo est d'abord ta voisine, celle qui rentre sans taper chez toi quand elle sent l'odeur de son dessert préféré et qui n'hésite pas à te rappeler à quel point tu es un has been. "Oh j'ai rencontré ton père, vous avez le même genre de regard, et sa poignée de main a failli m'écraser les doigts ... j'allais juste voir Ava de base." Okay, tu allais embêter Ava de base, mais rien ne pourra faire disparaitre toute l'affection que tu as pour la grand-mère de Jo, rien, et voir le père de Jo a été une vraie surprise. Il est un peu intimidant, c'est de famille, et tu es devenu poli par défaut, avant de rentrer chez toi suite à quelques minutes de conversation. "Quoi d'autre ?" Tu réfléchis pendant une ou deux secondes, avant de poursuivre. "Oh, il y a eu un ou deux photographes qui ont campé devant chez toi pendant un temps, ils ont dû se lasser quand ils ont réalisé que tu n'étais pas là." Au moins, cela a bien fait rire Esmée et peut-être même qu'elle en a profité pour un peu se moquer d'eux et sortir se faire prendre en photo dans sa meilleure robe, histoire de. En dehors de cela, ce n'est pas comme si Jo avait manqué grand chose de Toowong ou même de Brisbane en général.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

"Oh ça." qu’elle murmura exagérément quand Nicholas éclaira sa pensée à propos de ce qu’elle savait déjà. Elle haussa les épaules, empruntant l’expression de nonchalance qui précédait souvent ses sorties les plus provocatrices "Ouais, tu m’apprends rien. Je sais bien m’entourer d’une cour qui bave dès que je rentre dans une pièce. Point bonus si c’est des mecs qui réussissent plus à penser à rien d’autre qu’à moi après — c’est un autre de mes petits talents." C’était un autre de ses petits talents ou c’était la somme de ses daddy issues qui montraient le bout de leur vilain nez, mais ça c’était à l’interprétation de ceux qui souhaitaient analyser son comportement. Ce ne serait sûrement pas Nicholas, il était aussi foutu qu’elle à ce niveau-là, c’était une certitude qu’elle avait sans avoir jamais essayé de creuser au demeurant, chacun ses problèmes. Du reste, elle disait vrai, qu’elle savait qu’on l’admirait. Ce n’était pas manquer d’humilité que de s’en réjouir, même si la saveur de la satisfaction qu’elle en tirait avait un goût différent depuis qu’elle se demandait si à déclamer mériter le ciel et ses étoiles, elle n’incitait pas son entourage à répondre à ses désirs selon ses propres caprices. Le marchandage de Midas avec la production avait cet effet-là sur elle entre autre, et elle doutait envoyer le bon signal lorsqu’elle mettait son talent en avant en affirmant qu’elle était vouée au succès. Donnait-elle le sentiment de quémander qu’on le lui apporte sur un plateau, est-ce que l’aimer c’était se sentir obliger de la couvrir de cadeaux qu’elle refusait par fierté mal placée ? Elle l’ignorait finalement, mais il devait y avoir un peu de pitié dans l’action de Midas auquel elle ne voulait pas trop penser maintenant même si leur dernier échange avait été plutôt apaisé. Ça ne la rendait pas plus sereine à propos de tout ça, seulement elle avait au moins pu le regarder dans les yeux à un moment donné.

Jo râla un peu quand Vance asséna une claque à l’arrière du crâne de Nicholas, lui renvoyant un regard qui voulait dire d’arrêter de faire des grands gestes comme ça, et se perdit un instant dans le récit de Nicholas sans réussir à se dire que ça l’intéressait vraiment, ce qu’il s’était passé à Brisbane durant son absence. Elle savait que sa grand-mère allait bien, c’était l’essentiel. Le reste du monde ne l’intéressait pas tellement, et elle ne ferait pas semblant que c’était le cas. En revanche, quand son père fût mentionné, elle parut sortir d’une torpeur amenée par le mouvement de la voiture et le ronron qui s’en dégageait. De nouveau, ses sourcils se froncèrent, et elle fit à Nicholas "Dis pas ça." Le ton de l’ordre c’était le mode par défaut de Josephine. Mais là, s'il était prononcé plutôt doucement par rapport à d’habitude, la faute à sa fatigue pas si latente sur ça, il était non moins résolu. Rien ne la choquait, mais quand son père était concerné, il y avait de choses qu’elle ne voulait pas entendre, comme l’éventualité d'une ressemblance assez notoire avec lui pour qu’on la lui fasse remarquer "Dis pas qu’on a le même genre de regard." Qu’importe ce que ça voulait dire putain, ça lui faisait du mal sans qu’elle ne puisse tellement le cacher, ses yeux rencontrant ceux de Nicholas lorsqu’elle insista en secouant la tête en signe de négation, campant sur sa détermination à se défendre de ça avec une délicatesse certaine dans le ton, mais une volonté profonde qu’on ne la réduise pas à ce à quoi elle avait voulu échapper pendant des années — le rapprochement qu’on faisait par défaut quand il s’agissait des parents et de leurs enfants et qui partait d’une bonne intention, mais qui à elle, lui faisait plus de peine qu’autre chose "C’est pas vrai." conclut-elle seulement, presque dans un chuchotis, détournant juste les yeux pour mettre fin à cette discussion-là.
Mais Nicholas avait envie de parler. Un léger rire réussit à filer des lèvres contrites de Jo en entendant la suite de ses paroles, un froncement du haut de son nez venant ajouter à la somme de la fierté qu’elle tirait à être le centre de l’attention. Elle aimait ça plus qu’un tas d’autres choses, c’était un fait qu’elle ne pouvait même pas cacher en jouant la comédie "Sérieux, tu t’attendais à quoi ?" À propos des photographes qui campaient devant chez elle "J’ai passé presque quatre mois à la télé, et tu m’as bien regardé ? C’était sûr qu’ils allaient trouver mon adresse à un moment donné." Et tant qu’il foutait la paix à Ava, elle s’en cognait un peu d’être la source de la curiosité malsaine de la populace, elle n’était plus à ça près. Ses voisins devaient la détester encore plus que d’habitude, surtout les bonnes femmes mal baisées qui la traitaient de salope chaque fois qu’elle passait l’angle de la rue dans des tenues que leurs maris imaginaient au sol quand ils se touchaient parce qu’elles étaient pas foutues de le faire correctement, elle devait être bien vertes de la voir briller plus qu’elles ne le feraient jamais, percluses dans leur petite maison, dans leur petit quotidien, avec leurs gosses moches et leur mari bon à rien. Se revigorant un peu, son ego se retrouvant regonflé par le tableau qu’elle s’imaginait à propos des photographes qui la traquaient, elle tira sur sa ceinture de sécurité pour qu’elle ne la gêne pas dans son mouvement, puis elle se tourna de trois-quart sur son siège pour demander à Nicholas avec un certain enthousiasme dans le ton "Ils t’ont posé des questions sur moi ? T’as répondu quoi ?"