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A partir du moment où il avait reçu l’appel et où il avait noté la date de la rencontre dans son agenda, Damon savait quelle serait l’issue de la conversation qu’il aurait avec l’éditrice. C’était peut-être idiot de penser de la sorte, et beaucoup lui souligneraient son pessimisme sur cette situation, mais pourtant ce qui s’en venait ne serait en rien une surprise. Il s’était dit pourquoi pas lorsqu’il avait envoyé son manuscrit, en espérant déjà recevoir un quelconque retour pour prouver qu’une personne avait effectivement eu la foi de poser ses yeux assez longtemps sur les lignes qu’il avait rédigé. Il s’était dit que c’était une expérience qui pourrait potentiellement lui faire du bien, lui sortir la tête de la MHI et puis surtout peut-être lui ouvrir une nouvelle voie dans laquelle il pourrait s’épanouir. Il s’était dit beaucoup de choses, toutes ces dernières au conditionnel en attendant de voir ce que cela pourrait donner; il avait été reçu, on avait pris en compte son écrit, et pour un inconnu comme lui ça devrait déjà être amplement suffisant, il aurait du s’en satisfaire grandement. Et puis, Wyatt avait contacté Damon et les choses avaient radicalement changées - autant dans les attentes et espérances que dans la vision dont l’italien voyait les choses désormais: il savait maintenant qu’il avait du potentiel, et qu’il n’avait pas tenté sa chance pour rien.

C’était peut-être également pour cette raison que lorsqu’il avait noté la date du rendez-vous dans son agenda personnel, Damon était autant persuadé de la réponse qu’il allait obtenir en allant sur place. Ce n’était pas dramatique, de toutes manières, et il n’avait pas assez d’égo pour que ce dernier se retrouve mis à mal à proprement parlé; il allait se retrouver attristé un instant, et ensuite il réussirait à se faire une raison. Il n’avait jamais été le meilleur nulle part, ce n’était pas un domaine dans lequel il tentait de concourir et qui l’intéressait, il saurait essayer un refus de façon convenable.

« Damon Williams, pour Jules Rhodes ? » Qu’il demanda une fois qu’il fut à l’accueil du bâtiment. L’hôte vérifia dans le registre informatique que le jeune homme avait effectivement bien rendez-vous comme il l’annonçait, finit par lui faire un signe de tête en direction des ascenseurs derrière lui. Un sourire poli de la part de l’italien, un merci glissé en accompagnement et il se dirigeait vers l’endroit indiqué. Dans l’ascenseur, il tapait nerveusement mais délicatement du pied sur le sol lustré; seul témoin visuel pour le moment que même s’il savait d’avance - sans en avoir aucune certitude pour autant, toujours - ce qu’il résulterait de l’entrevue, il n’était pas le plus assuré des hommes en cet instant. Il ne l’était jamais, mais c’était dans ce type de moments là qu’il était d’autant plus possible de s’en apercevoir. Soupirant lorsque les portes s’ouvrirent, comme pour évacuer une partie de la boule d’énergie s’accumulant dans son estomac, ce fut la tête à moitié relevée que le blond parcourut la distance jusqu’à la porte du bureau de Jules. Trois coups portés du dos de la main contre la porte, et il n’y avait plus qu’à attendre. La partie qui le rassurait dans tout cela, c’était que la brune saurait se montrer adaptée et délicate dans la façon de lui annoncer la suite des événements - ou plutôt l’absence de suite, toujours centrée sur le même discours sans en avoir aucune preuve -; il l’avait vu dans la façon dont elle lui avait parlé le jour où il avait déposé le manuscrit, il savait d’avance qu’elle ne ferait pas partie de ces parias qui vous envoyaient au casse-pipe sans se préoccuper de ce que cela pouvait vous infliger à vous. Peut-être était la seule raison qui réussit à lui arracher un maigre sourire, fin et timide mais à souligner tout de même, avant même qu’il lui soit indiqué d’entrer ou que la porte ne s’ouvre sous ses yeux.

« Concentre toi sur le gagnant et envoie un courriel aux autres. » C'était la réponse un peu sèche que tu avais reçue de ton supérieur après avoir voulu porter une attention particulière sur un autre participant du concours. Son manuscrit n'était pas parfait, mais tu avais vu un potentiel que ton patron ne voyait sans doute pas - tu doutes même qu'il ait vraiment pris le temps de le lire tout simplement. C'est ainsi dans les grosses boîtes comme Allen & Unwin, les auteurs ne sont que des numéros qui remportent du pognon à l'entreprise. Une mentalité à laquelle tu veux t'éloigner tout en sachant que tu ne pourras jamais y arriver autant que tu le souhaiterais puisque tu n'auras jamais le dernier mot. Malgré les directives que tu as reçu, tu as quand même demandé à ta secrétaire qu'elle te fixe un rendez-vous avec Damon Williams, celui qui avait attiré ton attention dès la première lecture de son manuscrit. D'autant plus que Wyatt semblait avoir remarqué la même chose que tu avais vu en lui, ça suffisait pour te donner assez confiance pour poursuivre une démarche sans l'autorisation de personne. Au fond, tu ne fais rien de mal. Tu veux juste envoyer une personne qui désire voir son rêve se réaliser vers la bonne direction. Tu veux lui montrer un chemin qui lui permettra de revenir déposer un manuscrit dans quelques mois, quelques années - le même ou un nouveau - dans une maison d'édition et qu'il sera choisi. Damon a du potentiel, mais il manque d'expérience (ce qui est tout-à-fait normal pour un débutant) et tu soupçonne qu'il n'a pas les bons outils en main pour s'améliorer.

La secrétaire venait tout juste de t'annoncer l'arrivée du jeune Williams lorsque des coups retentirent contre ta porte quelques minutes plus tard. L'angoisse te prend pendant une seconde, parce que si cette rencontre était surtout pour l'aider, il ne fallait tout de même pas oublier qu'elle servirait aussi à lui annoncer une mauvaise nouvelle. Cette partie-là de la rencontre te plaisait un peu moins. Tu espérais surtout qu'il ne se laisse pas abattre par ce qui pourrait sembler un échec à ses yeux. Tu te redresses donc de ta chaise pour aller ouvrir la porte avec un sourire chaleureux. « Bonjour Damon. Tu peux venir t'asseoir. » que tu lui dis en désignant la chaise en face de ton bureau. Tu refermes la porte derrière lui juste avant de reprendre ta place initiale. Par où commencer ? Aussi bien aller directement au but. Il attend cette réponse depuis des semaines et il n'a certainement pas envie de patienter plus longtemps. « Je tiens d'abord à m'excuser pour le délai de réponse. Le concours a pris une ampleur qu'on ne s'attendait pas vraiment et la course a été plutôt serrée je dois dire. » Et il y a eu nombre de débats et d'opinions divergentes qui ont fait que les délais n'ont pas été respectés. « Ton manuscrit m'a vraiment plu et tu t'es rendu jusqu'à la dernière étape. » Ça sent le mais à plein nez, mais c'était tout de même important pour toi qu'il sache que son nom a été au moins considéré pour prendre la place du vainqueur. « Mais on a malheureusement choisi un autre manuscrit. » À deux doigts d'ajouter j'espère que tu n'es pas trop déçu. C'est sûr qu'il l'est. Tu n'as aucune difficulté à te mettre à sa place. Tu attends plutôt de voir sa réaction avant de poursuivre.

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Il n'avait jamais été doué pour les réunions, les grands bureaux et les formalités qui s’en venaient de paire avec tout ça. Il s’y était accoutumé parce-qu’il n’avait pas eu le choix, que c’était là une façon de faire qui lui avait été imposée depuis qu’il était encore tout jeune - et qu’initialement, c’était là aussi ce qu’il allait faire pour le reste de sa carrière, que de passer de bureau en bureau pour donner des ordres et gouverner sur un monde dont il n’avait jamais désiré. Heureusement finalement que les choses ne s’étaient pas déroulées de cette façons là, car à voir l’état de stress dans lequel il pouvait présentement se trouver alors qu’il connaissait plus ou moins d’avance la finalité de la rencontre du jour, Damon savait qu’il n’aurait jamais tenu à agir de la sorte et en ayant des rôles inversés pour le reste de sa vie; ou alors, cette dernière se serait trouvée être courte et il aurait fini par succomber à un arrêt cardiaque avant d’atteindre la quarantaine.

Les coups portés sur le bois de la porte portèrent rapidement leurs fruits, puisqu’il n’eut qu’à attendre à peine une poignée de secondes avant que cette dernière ne se dérobe sous ses yeux et laisse apparaitre Jules, qu’il avait déjà rencontré lorsqu’il était venu déposer son manuscrit, plusieurs semaines plus tôt. « Bonjour Damon. Tu peux venir t’asseoir. » - « Bonjour Jules. » Au sourire chaleureux qu’elle lui adressa, il essaya de faire de même - mais de son côté, cela devait davantage ressembler à une petit grimace qu’à tout autre chose. L’anxiété dont il faisait preuve transpirait par tous les pores de sa peau de toutes façons, elle n’allait pas mettre bien longtemps avant de s’en apercevoir; il n’essaya donc même pas de corriger son sourire, et se contenta plutôt d’hocher légèrement de la tête avant d’entrer dans le bureau et d’obtempérer. Rapidement donc, il se retrouva assis sur la chaise qui lui avait été désignée par la brune.

Le silence qui s’en suivit donna un brin la chair de poule à l’italien. Toujours, même s’il n’avait pas eu d’annoncer en amont pour le prévenir, il savait que les nouvelles qu’elle avait à lui apporter n’était pas les meilleures et qu’il allait surement être déçu de cette entrevue. C’était peut-être d’ailleurs pour chercher la façon d’apporter cette partie là de la conversation en avant que Jules prenait son temps, gardait jalousement le bâton de parole dans son camp sans pour autant en faire bon usage dans les premiers instants. Damon aurait bien voulu lui adresser un sourire rassurant qui indiquait qu’il était prêt à recevoir les nouvelles et qu’il s’y attendait, mais ce n’était pas là dans ses cordes que de prétendre être serein en cet instant. Il savait faire beaucoup de choses, mais prétendre se trouver être dans un état émotionnel qui ne ressentait pas n’en faisait pas partie. « Je tiens d'abord à m'excuser pour le délai de réponse. Le concours a pris une ampleur qu'on ne s'attendait pas vraiment et la course a été plutôt serrée je dois dire. » Il hocha doucement la tête, ne retenant aucune rancoeur à l’idée que cela ait pu prendre plus de temps que c’était initialement prévu; déjà parce-qu’il n’avait pas eu mention d’un délai précis pour recevoir les résultats, mais aussi parce-qu’il aurait attendu toute une vie si cela permettait de ne pas déranger en demandant des nouvelles. Alors, il étira un maigre sourire. « Ca représente du travail à abattre, c’est normal. » Qui plus était, le petit était bien élevé et savait toujours placer un mot bienveillant lorsqu’il était dans des situations formelles de la sorte.

« Ton manuscrit m'a vraiment plu et tu t'es rendu jusqu'à la dernière étape. » Mais. « Mais on a malheureusement choisi un autre manuscrit. »

Aux mots que Rhodes venait de prononcer, Damon étira d’abord un petit sourire ressemblant davantage à une moue, avant de baisser la tête sur ses mains où ses doigts jouaient entre eux. Ce n’était pas une surprise, il s’y était attendu. Il était novice, apprenait à peine le métier, et avait décidé de participer un peu sur un coup de tête. En revanche, ce n’était pas pour autant que d’avoir la réponse définitive à cette question là n’était pas décevant. Bien sur qu’il avait nourri un certain espoir d’avoir un jour un coup de téléphone lui annonçant que lui et lui seul avait été sélectionné pour son travail - mais cela n’était pas arrivé jusque maintenant, et ce n’était surement pas près d’arriver un jour, alors ce n’était qu’une continuité et une préparation à la suite des aventures en tant qu’adulte autonome. A peu près, autonome. « D’accord. » Il s’éclaircit doucement la gorge. « C’était un concours, et il y avait plus de chances que je perde plutôt que je remporte, donc c’est normal. » Il releva son visage vers Jules, la déception emplissant ses yeux azurs. Il n’était cependant pas du type à cacher ce qu’il avait sur le coeur, même s'il se retrouvait aujourd’hui pourtant en entretien professionnel. Certains diraient que justement, ce n’était pas professionnel de sa part; il n’en avait que faire de ce type de remarques. « Ca veut aussi dire qu’il existe meilleur que moi et que j’ai encore de quoi m’améliorer. » Il ne savait pas si la suite de ses paroles serait terrain connu pour Jules, mais il était lancé de toutes façons. « J’ai… j’ai Wyatt Parker, l’un de vos auteurs, qui m’a déjà contacté en privé à côté. Et il m’avait déjà dit que j’avais besoin de m’entraîner et que ça se voyait que j’avait pas d’expérience dans le domaine. » Et ce n’était pas là de façon à se moquer de ses talents qu’il l’avait dit, mais en faisant une constatation qui était ce qu’elle était: les faits dans leur entière vérité. « Donc je m’étais attendu avec ce premier retour à ne pas gagner le concours. J’avais pas beaucoup d’espoirs de base, mais disons que j’avais commencé à me faire à l’idée. »

Comme tu t'en doutais, tu ne tardes pas à voir la déception sur son visage même s'il tente de la cacher légèrement. C'est normal d'être déçu. Aucun des participants n'a postulé sans le désir de vouloir remporter le concours. Ils auront tous la même tête que Damon en ce moment quand ils liront le courriel leur annonçant la mauvaise nouvelle. Damon a la chance de savoir qu'il s'est rendu à la toute dernière étape contrairement aux autres qui ignorent s'ils ont été éliminés au premier ou au dernier round. « D’accord. C’était un concours, et il y avait plus de chances que je perde plutôt que je remporte, donc c’est normal. » Statistiquement parlant, oui. Le pourcentage de chance était assez faible, mais il était là. « Ca veut aussi dire qu’il existe meilleur que moi et que j’ai encore de quoi m’améliorer. » Ce qui est tout aussi normal lorsqu'on débute dans quelque chose. Même lorsqu'on excelle dans quelque chose, il y a toujours place à l'amélioration. Rien n'est jamais parfait. L'important, c'est de ne pas baisser les bras et de persévérer. C'est ce que tu redoutais, que Damon se laisse abattre par sa défaite au lieu d'essayer d'améliorer son travail et de réessayer plus tard. À l'entendre parler, tu as l'impression que non. « Tu sais, tous les manuscrits demandent à être retravailler. » Même ceux des grands auteurs. « Je peux t'aiguiller si tu veux t'améliorer, parce que je crois sincèrement que tu as ta place dans l'écriture. » Tu ne peux pas l'aider personnellement. Du moins, pas assez pour qu'il ait toutes les bonnes cartes en main pour travailler et retravailler son manuscrit de nouveau. Mais tu as plusieurs idées à lui proposer en espérant qu'il trouve son bonheur dans l'un d'entre eux.

« J’ai… j’ai Wyatt Parker, l’un de vos auteurs, qui m’a déjà contacté en privé à côté. Et il m’avait déjà dit que j’avais besoin de m’entraîner et que ça se voyait que j’avait pas d’expérience dans le domaine. » Wyatt Parker ? Tes sourcils se froncent rapidement d'incompréhension. Pourquoi est-ce que Wyatt est allé rencontrer Damon ? Tu te souviens qu'il a été intéressé par son manuscrit, qu'il l'a apprécié. Tu n'avais pas vraiment chercher plus loin. Tu n'as jamais cru une seule seconde qu'il entrerait véritablement en contact avec le jeune apprenti. Tu ne sais même pas pourquoi l'audace de Wyatt te surprend encore. « Donc je m’étais attendu avec ce premier retour à ne pas gagner le concours. J’avais pas beaucoup d’espoirs de base, mais disons que j’avais commencé à me faire à l’idée. » Donc Wyatt avait réduit les espoirs de Damon à néant ? Pourtant, tu es presque convaincu que Wyatt aurait choisi Damon s'il avait pu choisir lui-même le gagnant de ce concours. À quoi est-ce que ça rime tout ceci ? « Wyatt Parker dit beaucoup de choses et il ne réfléchit pas toujours avant de parler. » Il dit beaucoup de choses, des mensonges et des vérités. Il dit ce qu'il pense sans se soucier des conséquences, sans même penser qu'il puisse en avoir. Tu as l'habitude avec Wyatt ce qui n'est pas le cas du blond en face de toi. Damon ne devrait pas écouter les conseils d'un homme sans en connaître les intentions qui se cachent derrière tout ça. « Il est allé te voir juste pour te dire ça ? » que tu demandes surtout pour bien comprendre la situation. Parce qu'il te manque clairement des morceaux du puzzle. « J'aurais une discussion avec lui. Ça ne se reproduira plus. » que tu ajoutes par la suite. Personne n'a envie d'entendre d'un quasi inconnu que son travail transpire le manque d'expérience. Déjà que tu n'étais paa vraiment ravie de le voir mettre son nez dans les manuscrits pour le concours fermés à clé.

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Bien sur qu’une certaine déception pointait dans la voix du jeune homme alors qu’il s’exprimait enfin quand au résultat du concours qui était présenté sous ses yeux; c’était là une réaction on ne pouvait plus normale. Il avait mis son coeur et son esprit dans ce manuscrit, et il aurait préféré le voir reconnu pour les efforts qu’il avait pu fournir. Mais ce n’était pas toujours de façon positive que se soldaient les choses, et c’était aussi quelque-chose qu’il se devait d’apprendre - lui qui avait toujours été privilégié et à qui certains passe-droits avaient toujours été accordés. S’il ne réussissait pas aujourd’hui, cela ne voulait pas dire qu’il ne pourrait jamais réussir, même si c’était quelque-chose d’un brin complexe à se mettre en tête. Cela voulait surtout dire que d’autres avaient mieux réussi à que lui, et qu’il fallait désormais se remettre au travail pour mieux faire au prochain coup d’essai. « Tu sais, tous les manuscrits demandent à être retravailler. » Il releva doucement son regard vers Jules, toujours à ses côtés, ayant la lourde tâche de lui apporter la nouvelle finale. « Je peux t'aiguiller si tu veux t'améliorer, parce que je crois sincèrement que tu as ta place dans l’écriture. » Et bien sur que ce type de discours allait lui arracher un petit sourire - même si ce dernier n’était en rien rassuré et se devait d’être tiré de force parce-qu’il n’était pas le premier réflexe de Damon d’ordinaire, les paroles de la brune étaient plaisantes à entendre. « Merci. » Parce-que ses paroles semblaient sincères, qu’elle semblait honnête quand au type d’avenir qu’il se pouvait avoir s’il se donnait les moyens. « Je dois dire que ça serait une belle opportunité pour moi, si vous aviez de quoi m’aiguiller. » Il jouait nerveusement avec ses doigts les uns avec les autres. « Je connais personne d’autre dans le domaine, c’est tout nouveau pour moi. » Autant le domaine, que le fait de ne connaitre personne d’autre - que de ne pas avoir de piston pour monter l’échelle aussi, même s’il aurait bien plus de mal à l’avouer à haute voix. « J’ai envie de m’améliorer en tous cas. »

Et il savait que plusieurs méthodes étaient possibles pour en arriver à un point d’amélioration non-négligeable, l’une d’elles étant l’apprentissage à l’aide d’un mentor, de quelqu'un de déjà dans le milieu. C'était pour cette raison et parce-qu’il avouait avoir besoin d’un regard neuf sur la question, que Wyatt l’avait contacté en premier lieu; Damon supposait, surement mal mais il le faisait tout de même, que c’était là une information connue de la part de Jules. Mais à voir la surprise sur ses traits, il s’était surement trompé sur toute la ligne. « Wyatt Parker dit beaucoup de choses et il ne réfléchit pas toujours avant de parler. » Damon dut retenir de relever trop haut ses sourcils face à la phrase de la jeune femme - cette dernière était très accusatrice et il ne s’était pas attendu à ça. « Il est allé te voir juste pour te dire ça ? J'aurais une discussion avec lui. Ça ne se reproduira plus. » - « Non, il… » Peut-être qu’il allait se faire remonter les bretelles par Parker, il ne savait que trop peu sur quel terrain il était clairement en train de glisser en cet instant. « Il voulait écrire. Avec moi. » C’était quelque peu trop présomptueux, dit de cette sorte; il reprit la parole rapidement pour corriger ses dires. « Enfin il voulait surtout que j’écrive pour lui. Que je lui prête mes idées, mes mots, mon temps. » L’ensemble de la situation et de l’accord qui était passé entre Wyatt et lui se résumait bien de cette façon finalement: Damon n’était qu’un emprunt pour l’écrivain. Mais l’italien savait que cela pouvait l'aider à s’améliorer, et à voir d’autres choses et à commencer à toucher dans le milieu, alors bien sur que c’était là une opportunité qu’il ne laissait pas passer et qu’il saisissait même à deux mains pleines. « Il va m’aider à m’améliorer aussi, mais je pense que vous avez autant de cartes à me prêter pour que j’avance plus vite, et mieux. Plus loin. » Il n’était en rien sur de ce qu’il avançait, mais il n’avait aucun mal à se raccrocher aux branches alors qu'il était presque persuadé qu’il venait de révéler quelque-chose à Jules qu’il n’était pas supposé mettre au vu et au su de tous si facilement.

« Merci. Je dois dire que ça serait une belle opportunité pour moi, si vous aviez de quoi m’aiguiller. » Ce fut un soulagement de voir que son échec ne semblait pas lui donner envie de faire une croix sur l'écriture. « Je connais personne d’autre dans le domaine, c’est tout nouveau pour moi. J’ai envie de m’améliorer en tout cas. » L'idéal pour partir sur une bonne base aurait été de faire des études dans le domaine, mais comme tu as vu dans son dossier qu'il obtiendra bientôt son diplôme, il n'a sûrement pas envie de repartir à zéro alors qu'il est à deux doigts d'être sur le marché du travail. Quoi qu'il est encore jeune et il a toute sa vie devant lui. Tu ouvres donc l'un des tiroirs de ton bureau pour prendre trois dépliants que tu avais préparés pour lui. « Tu pourras jeter un coup d'oeil là-dessus. Il y a un cours du soir et deux clubs d'écriture dont j'ai entendu beaucoup de bien. Le mien est de faire un essai et de choisir ce qui te convient le mieux. » Les clubs d'écritures font plus dans l'échange entre les membres. Ce n'est pas fait pour tout le monde. Les cours permettent au plus réserver de bien persévérer. Damon choisira dans quoi il se sentira le mieux. Il n'y a pas de mauvais choix.

Tu ne t'attendais toutefois pas à ce que Wyatt se retrouve dans le centre de votre conversation. En fait, ce n'est pas si surprenant vu comment il semblait avoir apprécié le manuscrit de Damon. Tu ne vois pas ce qu'il a voulu aller chercher en allant à l'encontre de l'apprenti écrivain. Wyatt est parfois direct et blessant donc tu t'imagines immédiatement le pire dans leur échange. « Non, il… » La manière dont Damon semble hésiter à te dire la nature de leur échange ne te rassure pas vraiment, mais tu restes tout de même silencieuse pour attendre la suite. Est-ce qu'il est en train de chercher un mensonge pour sauver Wyatt ? Si Damon ne te dit pas la vérité, tu sauras tirer les vers du nez à Wyatt. « Il voulait écrire. Avec moi. » Et c'est bien la dernière chose à laquelle tu aurais pu penser. Ce n'est clairement pas un mensonge non plus. Pourquoi il irait inventé quelque chose comme ça ? Wyatt c'est tout de même bien gardé de donner la véritable raison du retour de son inspiration, des fameuses pages en cours de route qu'il est censé te livrer depuis bien trop longtemps. « Enfin il voulait surtout que j’écrive pour lui. Que je lui prête mes idées, mes mots, mon temps. » Tu ne sais pas trop quoi en penser, mais ça te semble tout sauf une bonne idée. Ce n'est tout de même pas à toi de décider pour Damon, et encore moins où Wyatt tire son inspiration. Ton rôle est de présenter un livre qui va se vendre. Dans une grosse boîte comme Allen & Unwin, il n'y a que le profit qui compte. Ce n'est pas ta mentalité, mais c'est celle que tu dois suivre en quelque sorte. « Il va m’aider à m’améliorer aussi, mais je pense que vous avez autant de cartes à me prêter pour que j’avance plus vite, et mieux. Plus loin. » Oui, il est vrai que de travailler avec quelqu'un d'expérimenté est une bonne façon de s'améliorer. Il n'y a pas meilleur enseignant que quelqu'un qui exerce le même métier. Tu as toutefois du mal à imaginer Wyatt comme mentor. Il n'est pas réputé pour sa très grande patience. « Je comprends que c'est une belle offre qu'il t'a faite, mais est-ce que tu as bien réfléchi à tout ce que ça comprend ? » Même si Damon n'a aucun lien officiel avec la boîte, tu te sens tout même un peu responsable de lui. Tu n'as pas envie qu'il se retrouve dans une situation inconfortable parce qu'il s'est fait avoir par de belles paroles. « Tu es conscient que si le roman se vend, Wyatt aura tous les mérites, alors que si c'est un échec, tu seras peut-être pointé du doigt ? » Sans doute quelque chose à laquelle il n'a pas pensé. On ne parlera de lui que si tout va mal, voilà comment l'industrie peut parfois être cruelle.

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A peine avait-il confirmé que l’idée de s’améliorer dans le domaine le tentait, bien sur, que déjà Jules plongeait les mains dans un tiroir pour en tirer des brochures, qu’elle tendit au jeune italien. Ce dernier ne la laissa pas attendre le moindre instant, attrapant les dépliants, posant son regard un instant sur ces derniers. « Tu pourras jeter un coup d'oeil là-dessus. Il y a un cours du soir et deux clubs d'écriture dont j'ai entendu beaucoup de bien. Le mieux est de faire un essai et de choisir ce qui te convient le mieux. » Hochant doucement la tête, il feuilleta rapidement au moins pour avoir les noms de ce qu’elle lui proposait sous les yeux. Bien sur, les deux activités suggérées n’avaient pas du tout les mêmes conditions d’application, et selon les envies et les besoins que Damon pouvait ressentir face à l’écriture il pourrait s’essayer à l’un ou l’autre. Il releva son regard vers Jules, un sourire reconnaissant aux coins des lèvres. « Merci beaucoup. » Il aurait au moins quelque chose pour l’aider à progresser, et c’était vraiment tout ce qu’il pouvait espérer pour le moment.

En plus, bien sur, de la proposition que Wyatt Parker lui avait déjà faite; cette dernière entrait dans une toute autre dimension, puisqu’elle lui permettait de voir son travail et directement mis en application sans trop de délai - et c’était aussi là une façon de progresser. Ce ne serait jamais pareil qu’avec des professeurs qualifiés, il en était tout à fait conscient, mais il serait entrainé par un passionné et à ses yeux cela valait bien plus. « Je comprends que c'est une belle offre qu'il t'a faite, mais est-ce que tu as bien réfléchi à tout ce que ça comprend ? » A la façon dont Jules abordait le sujet, dont elle prenait des pincettes pour discuter de ce dernier justement, il avait l’impression que ce qui trouvait être une super opportunité ne sonnait pas comme telle à ses oreilles à elle; peut-être alors fronça t-il un brin les sourcils, mais un rien presque imperceptible. » Réfléchi ? Oui, oui j’y ai réfléchi. » Il l’avait fait quelques instants, face à Wyatt lui-même dans un café-bar d’un quartier aléatoire de la ville - il n’avait pris qu’une poignée de secondes pour se demander si c’était là une bonne idée ou un traquenard sans même être caché. Alors effectivement, il y avait réfléchi, mais peut-être pas de la façon dont elle le suggérait elle, il pouvait pressentir. « Tu es conscient que si le roman se vend, Wyatt aura tous les mérites, alors que si c'est un échec, tu seras peut-être pointé du doigt ?» A ces mots là, il dut retenir tout petit rire, tout petit sourire - ce n’était pas professionnel, et cela n’avait rien à faire dans le décor de ce bureau comme réaction. Cela se voyait allègrement qu’elle ne savait pas qui il était réellement, et les histoires cachées qui allaient de paire avec son nom - parce-que Wyatt récolte tous les lauriers n’était même pas un problème pour lui, alors qu’il ne savait pas trop encore s’il souhaitait écrire pour sortir de l’ombre ou simplement pour le plaisir d’écrire. « J’en suis conscient, oui. »

Puis il détourna son regard, le laissa se porter plus loin dans le bureau, partout ailleurs que sur la silhouette de la jeune femme et son regard qui pourrait percer bien plus si elle le souhaitait tant Damon était un livre ouvert en réalité. « C’est une belle offre, vous l’avez dit vous même. » Pour quelqu’un comme lui, pour un gamin dans son genre, ça l’était. « Assez pour que je trouve aucune raison de la refuser. » Et ce n’était que de simples faits, purs, sans artifices ou quelconque manipulations qu’il statuait là: il n’aurait jamais pensé solder la discussion qu’il avait eu avec Wyatt plusieurs semaines plus tôt par autre chose d’un accord et une poignée de main. « Même si je suis pointé du doigt, au cas où ça fonctionne pas, je suis personne aux yeux du monde: on m’oubliera rapidement. » C’était déjà l’expérience de sa vie, alors un peu plus, un peu moins. « Mais quand ça fonctionnera, parce-que je suis persuadé que ce sera le cas, j’aurais au moins la satisfaction d’avoir participé à quelque-chose qui a fait réussi en grand. » Alors, peut-être qu’il haussa mollement les épaules lorsqu’il remonta de nouveau son regard dans celui de la brune.

» Réfléchi ? Oui, oui j’y ai réfléchi. » Tu ne connais pas assez - voir pas du tout - le jeune homme en face de toi pour savoir si ce qu'il dit est vrai. Il semble même plutôt surpris par ton questionnement, comme si c'était totalement idiot d'envisager de refuser l'offre de Wyatt. A-t-il accepté sur un coup de tête sans réfléchir au bon et au mauvais côté ? A-t-il pris le temps de réfléchir si le risque en valait la peine ? Tu ne veux pas dire que ça ne le vaut pas. Tu veux simplement dire que ce n'est pas fait pour tout le monde de rester dans l'ombre, de ne pas récolter le fruit de ses mérites. La remarque semble l'amuser. Ton sourcil se lève alors que tu es bien impatiente de découvrir ce qui peut bien l'amuser de la sorte. « J’en suis conscient, oui. » Donc, c'est vraiment une possibilité à laquelle il a réfléchi ? Même si ce n'est pas le cas. Ce le sera lorsqu'il passera les portes de ton bureau. « C’est une belle offre, vous l’avez dit vous même. Assez pour que je trouve aucune raison de la refuser. » Oui, tu n'irais pas jusqu'à nier que Wyatt n'a rien à lui apporter. Tu n'es pas prête à dire que ce soit la meilleure méthode, mais c'en est une qui donnera tout de même des résultats. « Même si je suis pointé du doigt, au cas où ça fonctionne pas, je suis personne aux yeux du monde: on m’oubliera rapidement. » C'est une manière de voir les choses, oui. Le grand public ne se souviendra pas de lui. Il ne saurait même pas que Damon Williams à quelque chose à faire avec les écrits de Wyatt. C'est plutôt à l'interne que ça parlera. Peut-être qu'on l'oubliera ou peut-être qu'il perdra sa chance d'être publié un jour. Personne ne peut connaître l'avenir. « Mais quand ça fonctionnera, parce-que je suis persuadé que ce sera le cas, j’aurais au moins la satisfaction d’avoir participé à quelque-chose qui a fait réussi en grand. » Wyatt a déjà fait sa trace parmi les lecteurs et les maisons d'éditions, alors, oui, les chances que son prochain roman se vende sont assez bonnes. Tu acquiesces alors d'un signe de tête. De toute façon, c'est pas comme si tu pouvais vraiment empêcher Damon et encore moins Wyatt de travailler ensemble. S'ils en tirent tous les deux des bénéfices, c'est ça l'important au fond. « Très bien. Je dois avouer que je suis assez curieuse de découvrir ce que vous pouvez offrir ensemble. » Ils ont sans doute tous les deux quelque chose à apporter à l'autre, pourvu qu'ils arrivent à s'écouter et à bien travailler ensemble. Tu n'as aucun doute sur Damon. Tu as des doutes sur Wyatt qui ne voudra pas écouter les propositions et les idées d'un débutant alors que c'est pourtant le but premier d'une collaboration. « J'espère que ça t'aidera, autant l'écriture avec Wyatt que les cours du soir, Quand tu auras un manuscrit à proposer, que ce soit celui-là retravailler ou un nouveau, tu peux revenir me voir. Ça me fera plaisir de voir tes progrès et peut-être te publié un jour. » Il a encore un bout de chemin à faire, mais tu ne doutes pas une seule seconde qu'il réussira à prendre sa place dans l'écriture pourvu qu'il mette du sien. La personne qui se trouve devant toi semble très motivée. Il suffit maintenant que cette motivation perdure dans le temps.

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Peut-être que la réaction qu’avait en cet instant Damon était un quelque-chose qu’elle n’avait pu prévoir - et il ne serait pas vexé, ou lui étonné de son côté, si c’était le cas. La plupart des personnes normalement constituée n’en avaient pas rien à faire des retombées d’un potentiel succès, que ce dernier prenne ou au contraire, échoue lamentablement. Pourtant, c’était de cette façon là que lui voyait les choses: si - quand - Wyatt réussirait avec on nouveau roman, beaucoup ne saurait pas qu’il existait également derrière la plume une seconde paire de mains pour écrire ces lignes, et ce n’était pas grave. Il préférait que cela fonctionne et qu’il ne soit pas crédité derrière: il aurait au moins la notion de savoir qu’il était apte à apporter quelque-chose à un écrit. C’était le coup de pouce dont il avait besoin, la preuve qu’il pouvait se faire un minimum confiance car il était déjà apte à réaliser ses rêves en réalité, il n’osait simplement pas se lancer. Et si effectivement, le livre de Wyatt ne fonctionnait pas, que ce dernier était pointé du doigt et même si c’était l’écrivain lui-même qui livrait Damon sur un plateau à la critique… il aurait quand même gagné énormément dans le processus. Et puis: ce ne serait pas la première fois qu’il serait pris comme responsable d’une situation où ce n’était absolument pas le cas.

Alors oui, il prenait les deux issues possibles de cette collaboration plutôt étrange avec une certaine paix en lui qui pourrait en étonner plus un. Non, il n’avait pas véritablement réfléchi à tout ce que le fait de s’associer à Parker pourrait entrainer, mais ce n’était pas tant une tragédie que cela à ses yeux. Il avait plus de ressources que ça, il s’en sortirait. Et puis, il n’était pas seul: son entourage lui permettrait de remonter la pente si jamais les choses ne tournaient pas comme espéré. « Très bien. Je dois avouer que je suis assez curieuse de découvrir ce que vous pouvez offrir ensemble. » Alors, il étira un faible sourire, mais empli d’une certaine fierté tout de même; il ne savait pas d’où cette dernière sortait, mais elle était tout de même présence. « J'espère que ça t’aidera » Il hocha quelque peu la tête. « J’espère aussi. C’est le but. » A travers tout ça, le but était tout de même que cela l’aide et lui serve pour la suite de ses projets à lui. « Quand tu auras un manuscrit à proposer, que ce soit celui-là retravailler ou un nouveau, tu peux revenir me voir. Ça me fera plaisir de voir tes progrès et peut-être te publié un jour. » Presque étonné par les mots de la brune, sa première réaction fut d’ouvrir un peu plus les yeux en haussant l’un de ses sourcils d’étonnement. Il trouvait ça extrêmement généreux de sa part que de lui fournir une aide là où elle n’y était en rien obligée, mais il ne s’attendait pas que cette dernière se voit être prolongée de la sorte. « Merci, Jules. » Il cligna quelques fois des yeux, se concentrant de nouveau dans la discussion. « C’est vraiment généreux de votre part. » De toutes façons, dès que quelqu’un lui accordait un peu plus d’attention que d’ordinaire, il se retrouvait avec des étoiles dans les yeux. « Surtout que vous n’êtes pas obligée. » Autant par son rôle au sein de cette maison d’écriture que par rapport à lui: ce n’était pas parce-qu’elle lui avait annoncé la nouvelle du concours qu’elle devait se sentir obligée de lui tendre une autre main. « Je note en tous cas. Je pourrais vous montrer le prochain manuscrit que j’aurais produit grâce à votre soutien. » Damon agita doucement les flyers dans sa main, avant de faire reposer ces derniers dans la paume opposées. Il hésita, et puis se rappelait qu’il n’avait rien à perdre. « Si jamais vous entendez parler d’un autre concours, ou d’un atelier que vous pensez adapté pour moi… » Il releva timidement son regard dans celui de la brune. « Vous pourriez me contracter ? »

« J’espère aussi. C’est le but. » Tu serais curieuse de voir de quoi aurait l'air leur rencontre. Est-ce que ça se fera dans le calme et l'harmonie ? Sûrement pas. Est-ce que Damon sera confortable là-dedans ? Tu ne saurais dire, mais s'il ne réussit pas à s'affirmer devant Wyatt, c'est peine perdu. Tu devrais probablement leur proposer de travailler dans l'un des locaux libre de la boîte, ça te permettrait de garder un œil sur eux plus ou moins subtilement. Ce qui serait encore mieux, c'est que tu ne t'en mêles pas. Wyatt ne t'a rien dit et c'est sûrement pas pour rien hum. « Merci, Jules. C’est vraiment généreux de votre part. Surtout que vous n’êtes pas obligée. » Non, en effet. Et tu ne l'as pas fait avec toutes les personnes qui ont participé au concours. Il est le seul en fait. Tu le fais surtout, parce qu'il s'est démarqué des autres. Lui et le gagnant, bien sûr. Ils auraient même pu avoir chacun leur chance, mais il ne fallait qu'un seul gagnant. Ça laisse le temps à Damon de retravailler son histoire et de le représenter hors concours éventuellement. « Si je le fais, c'est parce que je sais que tu as du potentiel. » que tu ajoutes pour l'encourager à poursuivre - même s'il semblait déjà bien motivé que tu l'encourages ou non. « Je note en tous cas. Je pourrais vous montrer le prochain manuscrit que j’aurais produit grâce à votre soutien. Si jamais vous entendez parler d’un autre concours, ou d’un atelier que vous pensez adapté pour moi…  Vous pourriez me contracter ? » - « Bien sûr, ça me fera très plaisir. » Toi ? Refuser d'apporter ton aide à quelqu'un ? Ce n'est pas prêt d'arriver. Tu comptes aider Damon du mieux que tu le peux, parce qu'au fond, tu débutes autant que lui dans le monde de l'édition. C'est juste que tu as une meilleure base que lui. Tu écris depuis de nombreuses années - même si ce n'est que pour toi - et tu as surtout fait des études dans le domaine. Tu apprends le reste au jour le jour. Tu apprends de tes erreurs. Tu apprends grâce à tes collègues. Et tu as aussi appris via Wyatt lors de tes premières journées où il a été le seul qui semblait se soucier de ton bien-être, à sa manière évidemment. Peut-être que tu sous-estimes l'enseignement de Wyatt. Ou peut-être que tu veux seulement être la seule à avoir ce lien particulier avec lui. Peut-être oui. Après de brève salutation et une poignée de main échangée, Damon est reparti de ton bureau dans les minutes suivantes. Ce n'est que partie remise votre collaboration. Dans des semaines, des mois, des années. Impossible de le savoir. Tout ce que tu sais, c'est que la prochaine fois que Damon traversera les portes de ton bureau, ce sera avec bien plus d'assurance.