(at nate's jazz festival, roaring twenties)
@Zoya Lewis

Il n’était pas venu sur une soirée au hasard Damon, loin de là. L’idée d’aller profiter un petit peu du club de Jazz et des festivités que ce dernier proposait n’était pas venu de lui initialement, mais de l’un de ses camarades de l’université; les flyers étaient passés de main en mains durant les cours en amphithéâtre, et un petit groupe avait proposé de s’y rendre lorsque leur emploi du temps le permettait. L’italien avait suggéré un soir où la programmation avait l’air intéressante - lire ici que c’était surtout un soir où le groupe dans lequel Ambrose ne montait pas sur scène. Il apprenait doucement, mais essayait de le faire surement, de ses erreurs.

L’ambiance était feutrée, les petites lumières tamisaient se répandaient avec douceur à travers la grande pièce de réception. De la musique s’échappait des hauts parleurs, surement en attendant que les groupes prévus pour la soirée puissent monter sur scène. Déjà, ses camarades de promotion se perdaient en contemplation de ce qui avait été prévu; Damon avait presque l’impression d’être un homme blasé avant l’heure, alors qu’il n’était malheureusement pas autant admiratif de tout ce qui se trouvait autour de lui. Il avait connu plus grand, il avait connu plus prestigieux. Cela ne devait pas être le cas des personnes avec qui il était venu jusque là.

Son regard naviguant à travers la pièce alors que le petit groupe choisissait une table à laquelle s’installer, il lui sembla qu’il reconnut une des silhouette présente plus loin, à quelques groupes de tables d’où il se tenait encore debout. « Je vous rejoins après. » Déjà, les commentaires faisaient bon train - il n’était déjà que peu présent auprès de ses paires d’école, mais si en plus il en profitait pour filer à la première occasion une fois qu’ils avaient mis un pied dehors… Parcourant la distance à l’intérieur du club de Jazz de quelques enjambées, ce fut avec un petit sourire qu’il s’approcha de la brune se tenant là. « J’étais presque sur de t’avoir reconnu. Ravi de voir que je me suis pas trompée. » Damon n’avait plus du tout l’air de l’aventurier poule-mouillée que Zoya avait pu rencontrer quelques semaines plus tôt, chemise blanche et impeccablement repassée sous sa veste de velours.

Septembre 2023, nate jazz's festival, roaring twenties. Cela fait le deuxième soir que Zoya se pointe au club de jazz. Elle était évidemment présente lors de la soirée d’ouverture, où les festivités ont été lancées par les Sand Witches qui n’est autre que le groupe de son frère, Cameron. Comme à son habitude, elle est toujours aux premières loges pour assister au concert du groupe, première supportrice de celui-ci depuis toujours. Elle en a parcouru des kilomètres d’ailleurs pour les suivre en tournée, traversant le monde de nombreuses fois pour se faire – bon, il faut dire qu’elle y trouvait aussi son compte se faisant, pouvant voyager gratuitement et profiter d’une nouvelle ville chaque jour à explorer. Et si les tournées et les concerts enchaînés chaque soir par le groupe était coutume autrefois, ces derniers temps, celui-ci a connu quelques coups durs, ce qui faisait que cela était à nouveau leur premier concert depuis quelques mois. Pour cette raison supplémentaire, Zoya ne pouvait donc pas s’autoriser à ne pas y être, soucieuse de savoir si son frère tiendrait le coup, alors que leur première remontée sur scène en décembre dernier avait aussi marqué le début de sa chute.

Tout s’est heureusement bien passé – elle y a veillé de près cette fois, sûrement plus que la première – et ce soir, bien que ce ne soit pas des proches qui se produisent sur scène, la photographe a décidé de venir à nouveau en ces lieux pour profiter du spectacle. C’est même munie de son argentique, celui qu’elle a hérité de son grand-père, qu’elle est venue accompagnée, dont les clichés rendront justice à l’ambiance feutrée et rétro qui règne en ces lieux. « J’étais presque sur de t’avoir reconnu. Ravi de voir que je me suis pas trompée. » Une voix lui parvient derrière elle et la fait se retourner. C’est à cet instant qu’elle reconnait Damon et un sourire apparait immédiatement sur ses lèvres « Tiens tiens. Ne serait-ce pas mon gosse de riche préféré ? » qu’elle fait pour le taquiner alors qu’elle lui offre une étreinte, contente de le retrouver ici « Et avec cet accoutrement, c’est pire ! ». Elle l’a suffisamment taquiné à ce sujet alors qu’ils ont fait équipe ensemble lors du stage de survie où ils ont dû construire un radeau et naviguer ensemble pour obtenir leur fameux certificat « Alors, tu t’es reconverti depuis ? Je suis sûre qu’il y a un truc à faire avec le business de radeau. Je veux même bien en être si jamais tu envisages la chose ». Elle rit légèrement tout en lui donnant un coup de coude puis, son expression redevient sérieuse, alors qu’elle croise le regard d’un lourdingue « Il n’arrête pas de me lutiner, je vais finir par lui mettre mon coup de poing dans la tronche » qu’elle glisse à Damon, levant les yeux au plafond.

La brune se retourna presque instantanément lorsqu’elle entendit la voix de Damon résonner dans son dos, ce dernier terminant d’annihiler la distance entre eux de quelques enjambées. A voir le sourire qui ne mit qu’un instant de plus à étirer ses lèvres, l’italien se dit qu’il ne devait pas assez déranger et que sa présence n’était pas tant une tache dans le décor - elle lui aurait fait remarquer que c’était le cas de suite sinon, elle n’avait pas sa langue dans sa poche Zoya. « Tiens tiens. Ne serait-ce pas mon gosse de riche préféré ? » Il fit en sorte qu’elle puisse voir sans encombre qu’il levait les yeux au ciel avant de répondre à son étreinte. « Je pensais que t’aurais oublié, mais c’est pas le cas apparemment. » - « Et avec cet accoutrement, c’est pire ! » Peut-être que dans un petit rire, il fit un tour sur lui-même pour lui montrer sa tenue du jour. « Peut-être, mais je suis dans le thème au moins cette fois. » Son short de la dernière fois n’avait pas résisté aux épreuves de survie: le choix n’avait pas été des plus judicieux.

« Alors, tu t’es reconverti depuis ? Je suis sûre qu’il y a un truc à faire avec le business de radeau. Je veux même bien en être si jamais tu envisages la chose » Il secoua sa tête, encaissant l’amical coup de coude qu’elle lui donna. « La seule chose en quoi j’ai été reconverti, c’est en phobique des îles désertes oui. » Peut-être gardait-il quelques images ancrées dans son esprit sans réussir à s’en débarrasser malgré tout ses efforts. « J’étais déjà pas très branché business, mais crois moi que c’est pas dans le radeau que tu me retrouveras. »

Il aurait pu continuer à plaisanter sur la question, cependant le regard de la jeune femme prit une teinte beaucoup plus sérieuse d’un coup; il ne put s’empêcher d’en faire de même, jetant un regard autour d’eux. « Y’a quelque-chose qui va pas ? » Aucune tortue mal intentionnée à l’horion pourtant. « Il n’arrête pas de me lutiner, je vais finir par lui mettre mon coup de poing dans la tronche » Il jeta un coup d’oeil à l’homme dont elle parlait - avant de froncer le bout du nez. « Plutôt tératoïde comme gars. » Il avait un nez un brin crochu en plus qui ne lui allait pas au teint. Damon se pencha à son tour vers la jeune femme. « Pas tant que je sais pas me battre… Mais si tu comptes vraiment lui mettre ton poing dans sa tronche, préviens moi avant que je parte en courant. » Il ajoutait une touche d’humour qui n’en était qu’à moitié une. « Tu veux que j’aille lui parler ? » Il était on ne pouvait plus sérieux.

« Je pensais que t’aurais oublié, mais c’est pas le cas apparemment. » Ses allures de gosse de riche ? Bien sûr que Zoya ne les avait pas oublié, c’est sûrement ce qui l’avait marqué le plus durant son épreuve de navigation puisque, lorsqu’elle en parlait à des proches, elle n’avait de cesse de le souligner, disant que leur réussite relevait d’un miracle de ce fait. « Peut-être, mais je suis dans le thème au moins cette fois. » Sa tenue aujourd’hui  ne pousse pas non plus à oublier qui il est et à quel monde il appartient. Seulement, elle doit lui concéder qu’il a raison « C’est vrai que cette fois, tu l’es » Sa tête s’est hochée sur le côté, non sans cet éternel sourire moqueur à son encontre. Elle aussi présente une allure bien différente ce soir, vêtue d’un ensemble qu’elle a possiblement subtilisée chez Weatherton de surcroit.

« La seule chose en quoi j’ai été reconverti, c’est en phobique des îles désertes oui. » Le traumatisme de leur périple reste, et cela fait bien rire Zoya « Et des tortues aussi, non ? ». Il est certain que ce stage va leur laisser un souvenir indélébile et même si elle a perdu patience à plusieurs reprises – tiens donc ? – la photographe n’en gardera que des bons et parvient même à en rire maintenant que le traumatisme de la galère est derrière eux. « J’étais déjà pas très branché business, mais crois moi que c’est pas dans le radeau que tu me retrouveras. » « Dommage » qu’elle fait en haussant les épaules, connaissant toutefois les projets tout autre que Damon a en tête et dans lesquels elle l’a encouragé à se lancer.

« Y’a quelque-chose qui va pas ? » Zoya explique que, depuis son arrivée, ce type n’a de cesse d’user d’un humour douteux à son encontre, ce même type qui ne manque pas de la reluquer sans vergogne, la patience de la jeune femme étant mise à rude épreuve, alors que son poing la démange « Plutôt tératoïde comme gars. » Assez, oui « Pas tant que je sais pas me battre… Mais si tu comptes vraiment lui mettre ton poing dans sa tronche, préviens moi avant que je parte en courant. » Elle porte son regard sur Damon, levant les yeux au ciel « Toujours aussi courageux, à ce que je vois » Son ton est mauvais, permettant au jeune homme de retrouver le caractère charmant de Zoya. « Tu veux que j’aille lui parler ? » « Non, ça ira t’inquiètes. Puis ce serait dommage qu’il abîme ton petit minois ». Elle ne peut s’empêcher de le taquiner à nouveau avant de passer son bras sous le sien « On va s’éloigner, et avec un peu de chance, en me voyant avec toi ça va le calmer ». Cela semble marcher parce que voilà que l’homme détourne le regard et semble déçu. S’éloignant pour atteindre l’autre côté du bar, Zoya s’y accoude pour commander quelque chose « Un verre de champagne je pari ? » au moins ça « Tu es venu tout seul ? » qu’elle demande la seconde suivante, regardant par-dessus son épaule.

« C’est vrai que cette fois, tu l’es » - « Merci de le reconnaitre. » Peut-être ajouta t-il un petit clin d’oeil à ce moment là.

« Et des tortues aussi, non ? » Damon écarquilla un petit peu les yeux. « Arrête me parler pas des tortues. » A la base, il n’en avait pas spécialement peur ou quoi que ce soit; maintenant il les avait surtout en horreur alors qu’elles avaient à la fois été avec et contre eux durant leur atelier de navigation - et surtout qu’elles avaient fait croire, sans le vouloir ou non, à Damon qu’il existait des requins sous leur radeau. Domaine d’ailleurs dans lequel il ne comptait pas faire fortune ou business tant il savait d’avance que c’était peine perdue. « Dommage » Elle haussa les épaules et il fit une mine faussement désolée.

La discussion prit une tournure plus sérieuse lorsque le regard de Zoya s’assombrit et se porta en direction d’un homme qui semblait roder autour d’elle. S’il n’était pas contre lui donner un coup de main, Damon n’était en revanche pas bon pour la bagarre. « Toujours aussi courageux, à ce que je vois » Oh, il aurait presque pu parier et anticiper qu’elle allait râler. « On change pas une équipe qui perd. » Il lui proposa cependant l’étape avant la bagarre: la négociation; dans ce domaine, il n’était pas le meilleur mais il saurait s’en sortir. « Non, ça ira t’inquiètes. Puis ce serait dommage qu’il abîme ton petit minois » - « Ah, ah, très drôle. » - [color=#cc6699}« On va s’éloigner, et avec un peu de chance, en me voyant avec toi ça va le calmer »[/color]

Après avoir passé son bras par dessus le sien, la brune l’entraina un peu plus loin et cette technique sembla au moins décourager l’autre gars qui repartit la queue entre les jambes. Tant mieux. Ils purent s’asseoir au bar tranquillement. « Un verre de champagne je pari ? » Damon eut un petit rire. « C’est toujours ce que le gens imagine. » Alors qu’en réalité, il n’appréciait pas le champagne plus que de mesure. « Mais non, ce sera un scotch pour moi. » - « Tu es venu tout seul ? » Ah, d’ailleurs. Il remonta son menton pour regarder plus loin, de là où ils venaient. « Non, pas du tout à la base. » Le groupe avec lequel il était venu était assis dans un recoin de la salle et avait commandé sans lui. « J’étais venu avec des copains de la fac, mais ils sont là bas. » Il haussa les épaules: ce n’était pas le drame d’une vie; il reporta son regard sur Zoya. « Toi ? »

« Merci de le reconnaitre. » Elle lève les yeux au ciel alors qu’elle sent bien que cela le rend un tantinet péteux.

« Arrête me parler pas des tortues. » A sa réaction, Zoya ne put s’empêcher de pouffer légèrement, se rendant compte que Damon paraissait réellement traumatisé par les reptiles « Ok, ça va. Mais ça commence à faire beaucoup de sujets interdits entre ça et les radeaux » Et sûrement bien d’autres choses dont il n’est pas à l’aise avec et dont elle ignore encore l’existence.

Zoya est agacée par un homme qui semble s’être entichée d’elle car, à la minute où elle est en train dans le club de jazz, celui-ci est venu lui taper la discute, utilisant des propos plus que douteux à son égard. Avec son humour lourdingue et ses cheveux qui ont une allure d’andain, la jeune femme est prête à lui régler son compte. Et c’est sans compter sur le soutien – inexistant - de Damon « On change pas une équipe qui perd. » « Abruti » qu’elle le qualifie alors qu’il se défile, ne voulant pas se retrouver au milieu d’une potentielle bagarre. Et quand elle décline son aide parce qu’il souhaite passer par une méthode un peu plus pacifiste, la jeune femme décline, prétextant que ce serait dommage que son minois de gosse de riche en paie les frais « Ah, ah, très drôle. ». Finalement, le plus sage reste encore de s’éloigner pour éviter que la soirée finisse mal.

« C’est toujours ce que le gens imagine. » qu’il est du genre à prendre un verre de champagne, n’importe où il est se trouve. Cela n’aurait pas choqué Zoya, qui l’imagine mal avec une bière à la main « Mais non, ce sera un scotch pour moi. » Ses yeux roulent lentement dans ses orbites, sa tête avec, soupirant avant d’ajouter « Mon dieu, t’es tellement cliché ! » Parce que le scotch est certainement la deuxième boisson sur laquelle elle aurait parié. « Un bloody mary s’il vous plait » qu’elle commande à son tour, reportant ensuite son attention sur Damon pour lui demander s’il est venu tout seul ce soir « Non, pas du tout à la base. » A la base ? Elle suit son regard et remarque un groupe d’étudiants un peu plus loin « J’étais venu avec des copains de la fac, mais ils sont là bas. » « Uhm, je vois. Ils ont l’air… stupides mais elle le garde pour elle « Ils sont sympas avec toi ? » Il y a de quoi avoir un doute quand ils ne l’ont visiblement pas attendu pour se commander de quoi boire et ne cherche pas non plus à le retrouver « Toi ? » « Seule. Enfin, avec mon argentique, pour faire quelques photos » Elle lève l’appareil d’ailleurs pour lui montrer. Leurs verres leur sont apportés, Zoya saississant le sien, sourire aux lèvres « C’est l’occasion de trinquer à notre équipe de bras cassés » et elle vient faire tinter son verre contre celui de Damon, avant d’en prendre une gorgée.

« Ok, ça va. Mais ça commence à faire beaucoup de sujets interdits entre ça et les radeaux » - « Au pire, on a qu’à dire qu’on laisse l’épreuve de survie de côté, c’est plus rapide. Ca te va ? » Il existait tout de même une pointe d’amusement dans son regard, soulignant qu’il était sérieux mais pas tout à fait non plus, il ne fallait pas exagérer.

« Abruti » - « Eh ! Je te propose une autre solution quand même. »

Rapidement, ils purent rejoindre l’autre côté du bar pour se poser et surtout s’éloigner du véritable abruti - qui n’était donc pas Damon. Zoya lui proposa subtilement de prendre un verre ensemble, et le fait que Damon soit déjà installé à son tour sur l’un des tabouret voulait tout dire. Elle supposait qu’il prendrait une coupe de champagne: elle supposait mal, mais la réponse de Damon lui fit lever les yeux au ciel. « Mon dieu, t’es tellement cliché ! » Peut-être finalement que ça lui arracha un petit rire. « Moi je suis cliché ? » Il prit un instant de réflexion, plissa le bout du nez. « C’est vrai, je peux te l’accorder. » Ce fut ses yeux qu’il plissa en direction de la brune ensuite. « Et toi alors, tu vas prendre quoi ? Si c’est un cocktail j’accuse au cliché aussi. »

« Un bloody mary s’il vous plait » - « J’en étais sur ! »

Zoya finit par suivre son regard pour tomber sur le groupe avec lequel Damon était venu ici initialement ce soir. « Uhm, je vois. Ils ont l’air… » - « Ils ont l’air ? » - « Ils sont sympas avec toi ? » Cela portait effectivement à confusion, alors qu’ils recevaient leur commande de boissons sans qu’il soit avec eu. Il eut un petit rire. « Oui oui. C’est moi qui leur ai dit de pas m’attendre quand je t’ai vu de loin. » Il afficha une petite grimace l’espace d’un instant. « Techniquement, c’est moi qui suis pas très sympa avec eux, à les avoir abandonné. » Mais ce n’était pas non plus un drame. « Seule. Enfin, avec mon argentique, pour faire quelques photos »

Leurs verres furent poser devant eux à ce moment là. « C’est l’occasion de trinquer à notre équipe de bras cassés » - « A notre équipe de bras cassés, oui. » Qu’il approuva avec un petit rire. Ils trinquèrent. « Les photos, c’est pour ton plaisir personnel ou tu viens ici pour bosser ? »

« Au pire, on a qu’à dire qu’on laisse l’épreuve de survie de côté, c’est plus rapide. Ca te va ? » « Je pensais pas que tu étais à ce point traumatisé, mais, oui ok ça me va ». Si Cameron, son frère, était sans cesse son bouc émissaire, il semblerait qu’elle en est trouvée un autre en la personne de Damon.

« Eh ! Je te propose une autre solution quand même. » Oui, mais son autre solution est beaucoup moins alléchante que la sienne qui consistait à faire la bagarre, pour rappel.

« Moi je suis cliché ? » « Oui, on peut pas faire pire que toi en matière de cliché » et c’est avec conviction qu’elle prononce ces mots « C’est vrai, je peux te l’accorder. » « Merci » de le confirmer, et même s’il ne l’avait pas fait, Zoya serait restée sur ses positions. « Et toi alors, tu vas prendre quoi ? Si c’est un cocktail j’accuse au cliché aussi. » Et juste lorsqu’il dit ça, elle passe commande, demande un bloody mary au serveur « J’en étais sur ! » « Pff, tricheur. Puis en plus, un cocktail, c’est pas compliqué à deviner, c’est large ! ». Il aurait donné un peu plus de précision, elle lui aurait accordé un peu plus de crédit, mais là « Puis c’était la boisson par excellence durant la prohibition. Je fais honneur, c’est différent ». Sa volonté à toujours vouloir avoir le dernier mot est terrible.

« Ils ont l’air ? » Est-ce qu’elle a besoin de répondre à cette question alors que son regard trouve celui de Damon pour lui demander si elle a besoin de lui préciser le mot débile – comme lui en l’occurrence « Oui oui. C’est moi qui leur ai dit de pas m’attendre quand je t’ai vu de loin. » Zoya acquiesce, plissant les lèvres alors qu’elle se rend compte qu’il a laissé tomber ses potes pour elle « Techniquement, c’est moi qui suis pas très sympa avec eux, à les avoir abandonné. » « Gosse de riche, pas du genre ami fiable et sympa. Oh, tu sais, ça va avec » Tout s’imbrique finalement. « Mais c’est sympa d’être venue me voir tête de mioche ». Et suite à ça, ils trinquent – pas parce qu’il a une tête d’enfant – à leur réussite à l’épreuve de navigation un mois plus tôt « A notre équipe de bras cassés, oui. ».

« Les photos, c’est pour ton plaisir personnel ou tu viens ici pour bosser ? » « Pour mon plaisir perso. Mais c’est pas exclu que je leur montre et si jamais ils sont intéressés, on pourra peut-être parler affaire ». Autant faire d’une pierre deux coups même si l’argent n’a jamais été une motivation pour elle, le plaisir et la passion l’étant avant tout « Mais j’espère que mon appareil ne va pas refaire des siennes et me faire un effet de parhélie ». Elle hausse les épaules, après avoir observé son appareil quelques secondes « Je pourrais te prendre en photo si tu veux ! ».

« Je pensais pas que tu étais à ce point traumatisé, mais, oui ok ça me va » Il fit la grimace. « C’est pas tant traumatisé, mais disons que j’ai connu des sorties composées d’aventures qui se sont mieux passées quoi. » Autant avec Zoya que pour le reste des activités d’ailleurs.

« Oui, on peut pas faire pire que toi en matière de cliché » S’ils se connaissaient un peu mieux, Damon n’aurait pas hésité en cet instant à lui tirer la langue pour se montrer qu’il n’était pas tout à fait d’accord avec le fait qu’elle se moque de lui de la sorte. Ils n’en étaient pas à se point là tout de même - même si avoir passé l’épreuve du radeau les avait rapproché plus rapidement que d’autre personnes auraient pu le faire dans des conditions de rencontre plus normales. Il lui concéda que c’était quand même le cas, et il le savait malgré tout. « Merci »

« Pff, tricheur. Puis en plus, un cocktail, c’est pas compliqué à deviner, c’est large ! » - « La carte des vins aussi est large, t’aurais pu jouer à ce jeu là aussi. » - « Puis c’était la boisson par excellence durant la prohibition. Je fais honneur, c’est différent » - « Dans ce cas là, on est tous les deux dans le thème alors. » Ce n’était pas exactement le scotch à l’époque, bien plus un whisky générique, mais c’était tout de même une boisson très fréquemment bue pendant la prohibition américaine.

Le regard qu’elle lança quand il demanda une précision sur ses copains de soirée se lit malheureusement un peu trop bien dans ce dernier. « T’es vache de t’imaginer ça sans les connaitre. » Elle parlait franchement, il en ferait de même; il était plus à l’aise dans cet environnement là que sur le radeau ne pleine mer. « Gosse de riche, pas du genre ami fiable et sympa. Oh, tu sais, ça va avec. Mais c’est sympa d’être venue me voir tête de mioche » - « Plus le temps passe, et plus la description que tu fais de ma personne est affreuse j’ai pas envie de me rencontrer. » Il secoua la tête, un petit sourire aux lèvres malgré tout. « Heureusement que tu reconnais que je fais des efforts pour toi quand même. » Le bruit des verres retentit un instant.

« Pour mon plaisir perso. Mais c’est pas exclu que je leur montre et si jamais ils sont intéressés, on pourra peut-être parler affaire. Mais j’espère que mon appareil ne va pas refaire des siennes et me faire un effet de parhélie » - « C’est sérieux ça comme problème ? » Il aussi un sourcil. « Pour rappel: je trouve les photos jolies, c’est ma femme l’experte. » Il but une gorgée de sa boisson. « Je pourrais te prendre en photo si tu veux ! » Il eut un petit rire cette fois ci. « Quelle idée. Ca rendra pas grand chose tu sais. » Il n’était pas de ceux se pensant photogénique, et hormis sous l’appareil de Megan, Damon n’était pas habitué à poser. Pour des peintures oui, mais pas pour la photo.

« C’est pas tant traumatisé, mais disons que j’ai connu des sorties composées d’aventures qui se sont mieux passées quoi. » Elle aussi, surtout quand on prend en considération toutes les aventures personnelles qu’elle a pu vivre et où elle a du faire face aussi à des galères, mais pas autant pénibles que celle qu’elle a connu avec Damon lors de l’épreuve de navigation.

« La carte des vins aussi est large, t’aurais pu jouer à ce jeu là aussi. » Elle est honnêtement pas grande amatrice de vin, si ce n’est d’un en particulier que seul son ex lui offre de bons crus – parce que lui aussi c’est un riche. « Dans ce cas là, on est tous les deux dans le thème alors. » Parce qu’elle a choisi un cocktail, ceux qui ont fait leur apparition durant les années vingt pour camoufler la consommation d’alcool qui était prohibé.

« T’es vache de t’imaginer ça sans les connaitre. » Elle hausse les épaules, indifférente d’être vache comme il le dit parce qu’elle juge sans connaitre. Un peu sa spécialité, ce qu’elle avait d’ailleurs fait avec Damon avant de finalement se rendre compte qu’il était pas si coincé que ça « C’est vrai, parfois on peut avoir des surprises » le manque de conviction est évident mais elle est sincère quand elle dit ça le concernant, puisqu’un fin sourire s’affiche sur ses lèvres. « Plus le temps passe, et plus la description que tu fais de ma personne est affreuse j’ai pas envie de me rencontrer. » « Je te déconseille ouais » Elle retient difficilement un rire en voyant la tête de Damon « Non, en vrai, en dehors de ça, t’es quand même cool ». Pour que Zoya dise ça, il en faut, il peut s’estimer chanceux « Heureusement que tu reconnais que je fais des efforts pour toi quand même. » « Je suis flattée » qu’elle fait en joignant ses deux mains sous son menton, battant exagérément des cils.

Si elle est venue seule ce soir, elle est toutefois venue accompagnée de son argentique pour prendre des photos de la soirée. Elle espère juste que son appareil ne va pas faire des siennes et lui faire foirer la totalité de ses photos « C’est sérieux ça comme problème ? » Elle le regarde d’un air ahurie ce qui explique qu’il ajoute « Pour rappel: je trouve les photos jolies, c’est ma femme l’experte. » « Tu en parlera à ta femme et elle t’expliquera à quel point ça peut être un SERIEUX problème ». Mais là encore tout dépendait de la prise de vue, parfois ce rendu pouvait être magnifique mais dans d’autres cas, cela pouvait être désastreux. « Quelle idée. Ca rendra pas grand chose tu sais. » « Pourquoi tu dis ça ? Tu sais, j’ai un véritable talent dans la photo et j’ai le don pour embellir la chose la plus moche du monde. Alors si c’est ce que tu crains, crois-moi, sous mon objectif c’est im-pos-si-ble ». Adorable, n’est-ce pas ? « Bon et sinon, quand est-ce que j’aurai l’opportunité de lire un de tes écrits ou voir une de tes peintures ? ».

« C’est vrai, parfois on peut avoir des surprises » Le petit sourire était autant satisfait que un brin fier de ce qu’elle disait: cela voulait dire qu’il avait été une bonne surprise. « Je vois que tu te mets pas à clabauder, je prends ça pour un bon signe. » Même si la description qu’elle faisait de lui n’était pas des plus jolies, au moins elle ne le faisait pas en protestant et c’était déjà un grand pas en avant. Quelques semaines plus tôt, les choses n’auraient pas été aussi amicales entre eux. « Je te déconseille ouais » - « Bla-bla-bla. » - « Non, en vrai, en dehors de ça, t’es quand même cool » Il se redressa quelque peu. « Merci, c’est gentil de dire ça. »

« Je suis flattée » - « Tu peux l’être. » Il la taquinait, bien sur.

Ils s’assirent pour prendre un verre, et rendre cette discussion un peu plus sérieuse aussi; chose qu’ils avaient commencé à faire lorsqu’ils étaient sur le radeau, mais qu’ils avaient du interrompre parce-que l’aventure les appelait. Même si Damon dut lui rappeler que la photo, ce n’était pas son domaine de prédilection à lui et qu’il n’était donc pas expert dans le domaine « Tu en parlera à ta femme et elle t’expliquera à quel point ça peut être un SERIEUX problème » Il leva les mains devant lui pour clamer son innocence. « Ok, ok, je lui demanderai de m’expliquer. Et je comprendrai à quel point c’est important, t’offusques pas. » Il se moquait d’elle, mais gentiment: il ne s’y connaissait réellement pas dans le domaine de la photo pour permettre de donner son avis sur la question.

« Pourquoi tu dis ça ? Tu sais, j’ai un véritable talent dans la photo et j’ai le don pour embellir la chose la plus moche du monde. Alors si c’est ce que tu crains, crois-moi, sous mon objectif c’est im-pos-si-ble » - « T’as qu’à dire que je suis hideux pendant que t’y es. » Il feintait d’être vexé, parce-que ce n’était pas véritablement vers ce point là qu’il en venait; simplement, il n’était pas le plus photogénique des hommes et surtout le plus à l’aise devant l’objectif. « Bon et sinon, quand est-ce que j’aurai l’opportunité de lire un de tes écrits ou voir une de tes peintures ? » A ces mots là en revanche, il eut un petit rire, d’autant plus mal à l’aise. « Houlà, pas de suite. » Il passa son verre d’une main à l’autre, jouant du bout du doigt avec le bord de ce dernier. « Mes peintures, j’en ai pas fait depuis un bout de temps et j’ai rien qui va être exposé dans pas longtemps. » Il plissa le bout du nez. « Et je suis pas mal timide, aussi. Pour ça. »

« Je vois que tu te mets pas à clabauder, je prends ça pour un bon signe. » Elle pouvait être surprenante parfois la Zoya et si Damon venait d'adopter un air fier quelques secondes plus tour, c'est à son tour de l'arborer.

« Bla-bla-bla. » qu'elle n'est pas la surprise de Zoya en voyant la réaction puérile, il faut le reconnaître, de Damon, une de celle qu'elle même est tout à fait en âge d'adopter - oui oui. Donc cela la fait plus rire qu'autre chose et aide un peu plus à ce qu'elle le définisse comme quelqu'un de cool, alors qu'elle a pu laisser croire le contraire jusqu'ici. « Merci, c’est gentil de dire ça. » "C'est sincère… Enfin bon t'emballes pas trop non plus". Et à ca, elle ne peut s'empêcher de sourire de manière un peu plus bienveillante, pour lui montrer qu'elle ne fait là que le taquiner.

« Tu peux l’être. »  Elle est flattée parce qu'il a laissé de côté ses potes de soirée pour venir la voir et passer un petit moment avec elle. Preuve qu'elle n'est pas si insupportable que ça, comme certains peuvent parfois s'évertuer à le dire.

« Ok, ok, je lui demanderai de m’expliquer. Et je comprendrai à quel point c’est important, t’offusques pas. » "Merci" qu'elle fait d'un ton sévère "et la prochaine fois qu'on se croisera, on aura une discussion à ce sujet toi et moi". Le pire dans tout ça ? C'est qu'elle est on ne peut plus sérieuse. « T’as qu’à dire que je suis hideux pendant que t’y es. » "J'irai pas jusque-là, je suis pas comme ça" qu' elle dit sa main portée sur sa poitrine "mais comme je t'ai dit l'autre fois, les goûts et les couleurs ça se discute pas, c'est tout". Elle se fait un malin plaisir de l'emmerder parce qu'il fait partie de ces personnes avec qui c'est extrêmement facile de le faire.

« Houlà, pas de suite. » "Pourquoi ça ?". La déception et la surprise peuvent s'entendre dans le ton de voix qu'elle adopte, déçue donc que Damon ne soit pas prêt de lui montrer ses talents d'écrivain ou de peintre  « Mes peintures, j’en ai pas fait depuis un bout de temps et j’ai rien qui va être exposé dans pas longtemps. » "Pas besoin que ce soit exposé pour que je les vois. Même une photo de tes peintures, tu dois bien avoir ça dans ton téléphone" Elle est réellement curieuse « Et je suis pas mal timide, aussi. Pour ça. » Zoya délaisse son verre de cocktail pour se pivoter un peu plus vers Damon et trouver son regard "Vraiment ?" qu'elle l'interroge alors que ce n'est pas quelque chose qu'elle a détecté chez lui "Je sais que je peux être… vache c'est ça que tu as dit tout à l'heure ?" et elle secoue la tête amusée par le qualificatif "mais je te promets que quand ça concerne l'art, je sais être ouverte d'esprit et avoir des remarques constructives. Puis, honnêtement Damon, de quoi as tu peur ?".

« C'est sincère… Enfin bon t'emballes pas trop non plus » Il eut un petit sourire en coin. « Promis, je m’emballe pas. » Il soulignait juste que c’était réellement et sincèrement gentil de sa part d’exprimer ce type de ressenti.

« Merci. Et la prochaine fois qu'on se croisera, on aura une discussion à ce sujet toi et moi » Il secoua quelque peu la tête: elle était on ne pouvait plus sérieuse, là où il ne savait pas si c’était réellement nécessaire d’agir de la sorte. Tant pis: il acquiesça de bonne foi. « C’est noté. Et si elle se moque de moi, je t’en tiendrai responsable. » Parce-que c’était elle qui avait soulevé la question. En réalité, cela ne donnerait qu’une excuse supplémentaire au jeune italien pour aborder un sujet qu’il savait étant une partie importante de la vie de Megan; un mal pour un bien, de son point de vue.

« J'irai pas jusque-là, je suis pas comme ça » - « Tu le sous-entends bien quand même. » - « Mais comme je t'ai dit l'autre fois, les goûts et les couleurs ça se discute pas, c'est tout » - « J’ai déjà pas beaucoup de fierté, si tu peux ne pas la piétiner ça m’arrangerait. » Il ajouta un petit rire mais il était on ne pouvait plus sérieux, pour de vrai. Il n’avait pas beaucoup de fierté, ni même d’estime de lui-même, et c’était ce qui le poussait à être autant secret sur ce qu’il pouvait produire en terme d’art. « Pourquoi ça ? » La déception qui était une évidence chez Zoya lui arracha un petit rire gêné. « Pourquoi pas ? » Il haussa vaguement les épaules. Il avait mis des mois et des années pour présenter bien de ses productions à ses proches, parce-qu’il ne croyait pas du tout en son talent: là était la véritable bonne réponse. « Pas besoin que ce soit exposé pour que je les vois. Même une photo de tes peintures, tu dois bien avoir ça dans ton téléphone »

La seconde surprise fut celle qu’elle afficha lorsqu’il résuma tout ça par un je suis timide - même si c’était là grossir un trait bien plus complexe. « Vraiment ? » - « Pour de vrai. » - « Je sais que je peux être… vache c'est ça que tu as dit tout à l'heure ? Mais je te promets que quand ça concerne l'art, je sais être ouverte d'esprit et avoir des remarques constructives. Puis, honnêtement Damon, de quoi as tu peur ? » Il soupira lentement, un petit sourire aux lèvres. « Tu te rappelles quand on discutait sur le radeau ? On discutait pas d’étoupe ou de sujets liés véritablement à la navigation, mais des différents mondes desquels on vient, toi et moi. » Se reculant, il croisa les bras sur son torse. « Quand t’as pas eu de soutien depuis tout petit, ça arrive que t’aies la frousse de présenter des choses qui te tiennent à coeur. »

« Promis, je m’emballe pas. » Elle a l’œil de toute façon mais elle a bien compris aussi que Damon n’était pas du genre péteux non plus, et c’est sûrement ce qui fait que son côté gosse de riche ne lui tape pas autant sur les nerfs, après tout.  

« C’est noté. Et si elle se moque de moi, je t’en tiendrai responsable. » « Bah voyons ! » qu’elle fait en levant les yeux au ciel.

« Tu le sous-entends bien quand même. » qu’il est hideux et ce n’est pourtant pas ce qu’elle dit, juste qu’il n’est pas à son goût « J’ai déjà pas beaucoup de fierté, si tu peux ne pas la piétiner ça m’arrangerait. » Ses sourcils s’affaissent un peu et une de ses mains viennent à se poser sur son épaule, tapotant celle-ci en signe de compassion « Je te rappelle que de nous deux, tu es celui qui est marié quand même ». Elle lui fait un clin d’œil avec un sourire qui se veut sincère, retirant sa main de sur son épaule pour se saisir de son verre.

Il ne veut pas lui montrer ce qu’il fait en matière de peinture ou d’écriture et cela surprend Zoya. « Pourquoi pas ? » Elle le fusille du regard à sa réponse alors qu’il confesse ensuite être timide, ce qui explique pourquoi il n’ai pas à l’aise avec l’idée. « Pour de vrai. » « Ca, tu vois, je l’avais pas remarqué » elle qui avait pourtant repéré son côté gosse de riche rapidement, ou déduit les domaines dans lesquels il aimerait tracer sa route avec une facilité déconcertante « Tu te rappelles quand on discutait sur le radeau ? On discutait pas d’étoupe ou de sujets liés véritablement à la navigation, mais des différents mondes desquels on vient, toi et moi. » Elle hoche la tête lentement, signe qu’elle s’en souvient très bien de cette discussion qu’ils ont pu avoir « Quand t’as pas eu de soutien depuis tout petit, ça arrive que t’aies la frousse de présenter des choses qui te tiennent à coeur. » « Je vois… c’est pas cool » qu’elle réagit aussitôt avec sincérité « Mais ça doit pas te stopper pour autant. Tu les emmerdes tes parents même » parce qu’elle se doute que le soutien inexistant en question vient d’eux « Puis, si tu crois en ce que tu fais et en tes talents, tu devrais pas avoir honte de montrer ce que tu fais » mais elle se doute que ça aussi, c’est un autre problème.

A la façon dont elle vint poser sa main sur son épaule, Damon ne savait pas trop si c’était là un geste de compassion ou si elle s’apprêtait à tâter le terrain pour mieux l’étrangler par la suite; il ne connaissait pas parfaitement le caractère de la jeune femme, mais il était prêt à parier que les deux options pouvaient se justifier. « Je te rappelle que de nous deux, tu es celui qui est marié quand même » Le sourire et le clin d’oeil s’accordant parfaitement de paire avec la situation, il laissa aller un petit rire de son côté. Surtout, surtout, si elle connaissait les dessous de ce mariage, elle n’aurait pas formulé les choses de cette sorte: il n'avait pas été apte à passer outre sa fierté pour ce mariage, justement, il s’était une fois de plus laissé marcher dessus. « C’est vrai. » Mais ce n’était pas un sujet qu’il développerait ici.

Et en réalité, il se montrait retissant également sur l’idée de lui montrer ce qu’il pouvait produire, artistiquement parlant, parce-que ce sujet là faisait parti d’une longue liste de sujets sur lesquels il ne se sentait pas spécialement à l’aise. « Ca, tu vois, je l’avais pas remarqué » Qu’il était timide et qu’il ne faussait pas ses réactions. Pour lui faire comprendre l’origine de cette réticence, il lui rappela une des discussions qu’ils avaient eu sur le radeau. « Je vois… c’est pas cool » Il haussa quelque peu les épaules: c’était pas cool mais il pouvait pas y faire grand chose. « Mais ça doit pas te stopper pour autant. Tu les emmerdes tes parents même » Il ouvrit un peu plus les yeux. Ce n’était pas une chose qu’il formulerait à haute voix, de son côté, ce genre de réaction; même s’il n’en avait franchement plus rien à faire de son père, il ne pouvait se permettre ce type de paroles auprès de personnes en qui il n’avait pas entièrement confiance. « Puis, si tu crois en ce que tu fais et en tes talents, tu devrais pas avoir honte de montrer ce que tu fais » Il étira un petit sourire, presque amusé, surtout quelque peu attristé. « C’est là que le bat blesse. » Il fit rouler ses lèvres l’une sur l’autre, portant son verre à ces dernières. « Ca te stoppe facilement, quand tu crois pas en ce que tu fais. » Il but une gorgée.

« Montre moi toi ce que tu fais, plutôt. » Rediriger la conversation et l’attention vers autre chose: une de ses spécialités. « Si je trouve que c’est pas mal, je te laisserai me prendre en photo ici. » Il entendit une main pour montrer le décor autour d’eux. « L’ambiance est sympa, et en plus je suis bien habillé tu l’as dit toi même. » Et surtout: tout pour qu’il n’ait pas à montrer ce que lui faisait.