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@Rhett Hartfield ☆ crédit/ssoveia

"Tu vas beaucoup m’en vouloir si je te dérange deux petites minutes ?" La question était posée sur le ton doux du matin, celui qui résultait d’une nuit plus ou moins paisible passée dans les bras de Rhett à qui elle adressa un sourire nez froncé, ce dernier dissimulé derrière le pan de mur qu’elle passa finalement pour aller le retrouver sans plus de cérémonie. Le bruit de ses pieds nus sur le sol était indistinct, mais le froissement de ce qu’elle portait sur le dos lui donnait une allure moins léchée que d’ordinaire, quand elle portait jupe crayons et talons hauts. Evelyn était chez elle, elle se sentait comme telle sans craindre le regard de quiconque, appelant même celui de l’homme qu’elle avait invité à rester la veille. Techniquement, elle ne le dérangeait pas vraiment d’ailleurs : il était dans la cuisine de cette sublime maison qu’elle ne prétendrait pas avoir acquis pour une bouchée de pain, l’espace étant bien trop grand pour qu’elle estime ça nécessaire de préserver sa propre sensibilité en avouant pas qu’elle s’était peut-être fait plaisir en optant pour une propriété pareille, dont la moitié serait inutile parce qu’elle vivait seule, sans enfant, et qu’elle n’était ici que pour dormir finalement. Elle rêvait de vacances au Cape Code, elle s’était abreuvée des récits romancés qui mettaient en avant la douceur de vivre de cette presqu’île qui n’était même pas située dans son pays de naissance, mais Evie avait un côté rêveur. C’était sans doute cliché, mais le côté bungalow de cette maison lui donnait l’impression perpétuelle d’être loin de là où elle était supposée être. Ça la rassurait, lui rappelait les moments passés sur la Gold Coast qui, dans une moindre mesure, représentait un idéal aussi à ses yeux — tous réunis au même endroit, assez éloigné de la ville pour qu’elle n’étouffe pas, assez proche pour qu’elle la retrouve sitôt qu’on lui demandait de venir pour des réunions à La Fondation où au siège de la MHI qu’elle n’avait pas encore rejoint officiellement, mais qu’elle visitait souvent par acquis de conscience, histoire de trancher la décision qu’elle ne tarderait pas à prendre.

"Juré, je ne te mettrais pas en retard." Et déjà, ça prenait des allures de mensonges puisque s’approchant de lui, elle lui prit la tasse de café qu’il avait dans les mains pour la poser sur la table. Ne le quittant pas du regard, un sourire en demi-teinte faisant briller ses yeux, elle s’assit sur ses genoux pour lui faire face, et continua à faire du suspens parce que pourquoi pas après tout. Ses bras se tendirent pour que ses doigts finissent enroulés autour de son cou, ses lèvres trouvant rapidement les siennes pour un baiser rapide, mais non moins doux "J’ai juste quelque chose à te demander." Un murmure qu’elle lui donna après avoir relevé la tête pour affronter de nouveau ses yeux, ses mains retrouvant ses épaules qu’elle caressa par habitude. En fait, elle y pensait depuis qu’elle avait entamé la recherche d’une maison à elle, mais les circonstances faisant, elle n’avait pas osé se lancer dans une introspection pour décider si c’était une bonne idée ou non ; mais ils allaient bien, n’est-ce pas ? Elle le pensait Evie, elle y croyait en tout cas assez pour vouloir mettre de côté son indépendance et se dire que quitter une colocation, c’était souvent pour une raison valable, et pas seulement pour un conflit avec le colocataire en question : souvent, c’était pour s’installer avec quelqu’un d’autre, et le quelqu’un d’autre qu’elle avait en tête, elle était assise sur ses genoux, encore vêtue de la chemise qu’elle lui avait piqué pour dormir. Elle le faisait un peu exprès, de prendre son temps pour lui exprimer le fond de sa pensée, mais elle avait un peu peur quelque part, d’être trop directe en lui demandant si ça lui plairait de rester ici plus longtemps qu’une nuit. Rhett vivait avec sa soeur, elle savait qu’il hébergeait parfois des amis, elle ne voulait pas qu’il se sente obligé de quoi que ce soit, mais une part d’elle mourrait d’envie qu’il accepte malgré tout. C’était la suite logique, après tout. Délicatement, sa crainte appelant la prudence, elle commença donc par une question oui, qui n’était pas la bonne, mais qui avait son importance tout de même "Tu te sens comment ici ? C’est un endroit qui te plaît ?"

Certaines fois, il insiste sur le fait de toujours rester dormir chez lui puisqu’il a demandé à Ethel de venir vivre dans son appartement et qu’il ne veut pas lui faire l’offense de découcher. D’autres fois, comme la veille au soir, il oublie tous ses principes pour passer un peu de temps avec Evelyn, chez elle, sans savoir à se soucier de quoi que ce soit. La vie reprend naturellement son cours et il se surprend à sourire avec la même insouciance qu’avant dès qu’elle fait le moindre geste - lui-même se trouve pathétique si telle est la question, oui. "Tu vas beaucoup m’en vouloir si je te dérange deux petites minutes ?" Il voudrait déjà s’amuser de la question et répondre qu’il a une idée qui prendrait un peu plus que deux petites minutes mais qui en vaudrait totalement la peine. Pour autant, et parce qu’il est curieux de savoir ce qu’Evelyn peut bien avoir derrière la tête, il l’observe déambuler jusqu’à lui avec l’éternelle même délicatesse. "Juré, je ne te mettrais pas en retard." Elle étaye ses arguments alors que la réponse de Rhett est déjà toute trouvée depuis la première seconde. Il n’a simplement jamais pris la peine de la partager. « J’ai besoin d’un peu de temps pour y réfléchir. » Mais son sourire grandit et il ne bouge toujours pas, son café définitivement abandonné au second plan alors qu’il note une fois de plus à quel point ses chemises vont bien plus à Evelyn qu’à lui. Le second plan devient le dernier des plans lorsque la brune trouve une place sur ses genoux et qu’il pose naturellement une main contre son dos, pour la garder près de lui autant que pour l’assurer un minimum. Le menton relevé, il observe tendrement l’éclat de ses yeux, lequel n’a rien à envier à quiconque alors même qu’ils ne sont pas levés depuis bien longtemps. Le baiser qu’elle partage avec lui était attendu, il y répond pourtant brièvement, sans chercher à le faire perdurer de trop. « C’est bon, j’ai bien réfléchi. Tu peux y aller. » Il est un enfant qui a obtenu ce qu’il voulait, et le voilà simplement heureux de la situation actuelle, même s’il aurait presque oublié qu’elle souhaitait initialement lui parler.

"J’ai juste quelque chose à te demander." Son visage se ferme quelque peu alors qu’il retrouve le sérieux inhérent à l’âge adulte. Il tente de sonder son regard pour tenter d’anticiper s’il s’agit d’un fait sérieux ou non, bien qu’il tende naturellement vers la seconde option à en juger par le temps qu’elle prend pour aborder le sujet. S’il est peut-être sérieux, il n’est au moins pas urgent, et il laisse à Evelyn le temps nécessaire pour trouver ses mots. Sa seconde main trouve aussi place contre son dos où il croise ses bras et enroule ses mains de part et d’autre de son torse. "Tu te sens comment ici ? C’est un endroit qui te plaît ?" - « Je suis en train de perdre la circulation dans une jambe et j’ai vraiment sous-estimé la difficulté de terminer un café, mais pour le reste je me sens bien. » Et s’il en est à faire des blagues avant même de répondre sérieusement à la question, c’est que la réponse lui semble évidente. A dire vrai, il ne pense à aucune raison pour avoir à dire qu’il ne se sent pas bien dans cette nouvelle maison. La pression de ses mains se raffermit doucement autour de la chair d’Evie, froissant la chemise sans qu’il n’en ressente le moindre remord. « C’est une question piège sur la décoration ? J’aime beaucoup la décoration. » Il l’aime d’autant plus qu’il n’aurait aucune idée de comment la changer, raison pour laquelle la maison lui plaît telle qu’elle est actuellement. Une main se déloge de son dos pour plutôt se poser contre sa cuisse qu’il caresse du bout du pouce. Être en retard semble être le cadet de ses soucis. « Y’a un truc que tu me dis pas ? » Parce qu’il se doute qu’une question sur la décoration n’aurait pas demandé autant de pincettes de sa part, alors il se permet de creuser un petit peu, certain qu’elle ne lui a pas encore tout dit.

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La malice de Rhett était contagieuse, et puisque la situation nécessitait tout de même un peu de temps et de finesse, Evie se laissa emporter sans même donner l’impression que c’était terrible de plaisanter un peu avant de se lancer tête baissée dans cette discussion. Elle n’était pas aussi critique que ça d’ailleurs, une raison sûrement pour se laisser happer par les caresses de Rhett, et par le sentiment qu’elle avait qu’ils retrouvaient leurs marques du tout début, lorsqu’ils s’étaient surpris tous les deux sur le balcon pendant ce gala de charité dont Evelyn ne connaissait toujours pas la cause aujourd’hui — il faudrait, un jour où l’autre, qu’elle regarde dans les archives de La Fondation, histoire de rester fidèle au récit quand il s’agirait de faire entrer leur romance dans la postériorité en la racontant aux prochaines générations, non ?  Elle avait perdu tout ça de vue ces derniers mois, elle devait l’admettre, cette légèreté relative à la première rencontre, quand on ne connait pas assez bien son interlocuteur pour pencher vers autre chose que l’espièglerie ; et si elle devait admettre autre chose aussi Evie, c’était que jamais elle n’aurait cru que l’homme sur lequel elle était assise désormais, sa chemise sur le dos, ses mains entourant ses hanches, aurait pris autant d’importance dans sa vie au point d’envisager de lui demander de s’installer avec elle.

Secouant la tête en plissant les yeux à la réponse qu’il donna à sa première question, Evelyn murmura sur le ton de la taquinerie "T’es vraiment un sale type, Garrett." À subtilement lui dire qu’elle pesait son poids, encore heureux qu’elle n’était pas suffisamment susceptible pour le prendre au pied de la lettre. Au contraire, bien décidée à ne pas bouger de là, se rapprochant même encore un peu de lui alors qu’elle ne pouvait pas être plus près que ça, elle frictionna ses lèvres l’une contre l’autre en attendant qu’il lui réponde pour de vrai, ses yeux ne lâchant pas les siens, les cherchant même un peu alors que ses mains glissaient tantôt sur ses épaules, tantôt le long de ses bras pour l’inciter à la serrer un peu plus fort. Ils trouvèrent un consensus quand il en posa une sur sa cuisse, et que sa caresse du bout du pouce ravit assez Evie pour l’ancrer dans le moment et lui répondre, la moue presque boudeuse "Merci, je me suis vraiment appliquée pour la déco." affirma-t-elle avec la même étincelle joueuse dans le fond de son oeil, avant de secouer la tête à la négative, et de lui avouer tout bas "Mais je ne m’inquiétais pas de savoir si tu aimais la déco, non." termina-t-elle par dire, un autre baiser venant se perdre sur les lèvres de Rhett entre deux de ses mots ; pour l’aider à trouver un peu d’audace sans doute, se rendant compte qu’au fond, elle était mortifiée d’envisager de lui demander de rester plus qu’une nuit avec aussi peu de forme, presque au détour d’une conversation sans importance.  

Raffermissant un peu la pression de ses lèvres contre les siennes, une main posée sur sa joue pour maintenir son visage proche du sien, elle se recula d’un demi-millimètre pour enfin le laisser poser sa dernière question dont elle détacha chaque syllabe dans son esprit, ses yeux étudiant chaque trait de son visage tandis qu’elle tachait de trouver les bons mots pour ne pas lui laisser le sentiment de le piéger d’une quelconque manière. Sa main quitta sa joue pour se poser à la base de son cou, au-dessus de l’encolure de son t-shirt, et la tête penchée, les yeux dans les siens, elle commença "Y a surtout un truc que j’aimerais beaucoup te demander." Et ça pouvait envoyer tellement de signaux contradictoires, qu’elle se sentit obligée d’enchaîner très vite, certainement un peu trop — et elle le fit en secouant la tête, ses cheveux un peu fouillis retombant sur ses épaules "Je fais les choses complètement à l’envers, mais j’y pense depuis un moment déjà." Sans délai, elle ajouta "Tu passes beaucoup de temps ici, et j’adore t’avoir ici — pas uniquement parce que, de tous les fauteuils de la maison, c’est toi le plus confortable." Elle fronça le nez pour préciser, pas vraiment sérieuse "Y a un peu de ça, mais pas que ça." s’amusa-t-elle entre deux, reprenant vite son sérieux pour murmurer, sa bouche s’approchant de la sienne pour un baiser du bout des lèvres, ses yeux plongés dans les siens pour ne rien manquer de sa réaction quand elle osa enfin lui dire, son coeur battant étrangement fort dans sa poitrine "Je veux plus que tu rentres chez toi. Je veux qu’officiellement quand tu dis je rentre chez moi, tu penses tout de suite à ici." C’était une façon d’exposer les choses moins cloche de lui demander d’emménager avec elle, pensait-elle en tout cas,  terminant par lui faire sans baisser les yeux "Qu’est-ce que t’en dis ?"

La décoration n’est pas le centre des priorités d’Evelyn et c’est un certain soulagement pour Rhett, parce qu’elle est loin d’être la sienne aussi. Elle l’est encore moins alors qu’il s’applique à doucement caresser sa cuisse, à profiter de son parfum, et à se dire qu’arriver en retard quelque part représente bien le cadet de ses soucis en cet instant. Elle assure un peu plus les pensées du Hartfield en initiant un baiser avec lui, qu’il lui rend délicatement. Pour le sujet de conversation, il lui fait assez confiance pour le reprendre ; en attendant, il est égoïste au point de ne pas en faire sa priorité et loin de là. "Y a surtout un truc que j’aimerais beaucoup te demander." L’insouciance prend peu à peu fin et il reconnaît les habitudes d’Evelyn lorsqu’ils passent d’un moment doux à un autre, plus sérieux. Il la laisse le rhabiller sans s’en offusquer, son regard posé sur son profil en attendant la suite des informations. Il tente de savoir si le sujet est possiblement dramatique mais il ose espérer que non, pour une fois. L’envie de répondre par une énième blague est présente mais puisqu’il comprend qu’Evelyn cherche ses mots, il décide plutôt de ne pas lui compliquer la tâche.

Son regard flotte dans celui de la brune. Il n’est pas habitué à la voir mâcher ses mots et à revenir sur ces derniers. Evelyn est toujours maîtresse d’elle-même et de tout le reste et rares sont les instants où elle perd de sa superbe - ils ne sont que rarement pour le meilleurs. Sans s’en rendre compte, il gagne en sérieux à son tour, déjà prêt à entendre qu’il y a eu des nouvelles quant à son agresseur et qu’elles ne sont pas bonnes. Il en oublie de caresser sa cuisse et devient, au contraire, plus protecteur à son égard. Mais elle parle de lui, elle parle de cette nouvelle maison, et la tension redescend d’un cran sans qu’il n’arrive toujours à mettre le doigt sur ce dont elle souhaite tant lui parler. Jusqu’à ce que les mots tombent enfin, tels quels. "Je veux plus que tu rentres chez toi. Je veux qu’officiellement quand tu dis je rentre chez moi, tu penses tout de suite à ici." Elle ne demande plus, Evie. Elle dit qu’elle le veut et cette force de caractère le fait presque autant sourire que la proposition en elle-même. "Qu’est-ce que t’en dis ?" Il ne se souvient plus de comment doivent se passer les scènes du genre, mais il a encore comme premier réflexe d’avancer son menton pour l’embrasser brièvement. Ce geste est déjà un aperçu de sa réponse, qui ne tarde pas à arriver. « J’en dis que ça sert à rien que je ramène cette chemise chez moi, dans ce cas. » qu’il commence en jouant avec les pans de celle qu’Evelyn porte encore sur son dos. « J’en dis que j’aime beaucoup l’idée, et que ça me plairait aussi. » Cette discussion ne peut pas laisser place au moindre doute quant à ses propres intentions, alors il les souligne dans un sourire. Peut-être qu’il a lui aussi envisagé l’idée quelques fois, et peut-être aussi qu’il n’a pas osé formuler la demande parce qu’il sait qu’il est encore en train de se faire pardonner l’année écoulée.

« Tu sais que t’aurais pu me le demander sans tout l’argumentaire autour, pas vrai ? » Il sourit et s’en amuse, une main dégageant une mèche posée contre le cou de la brune. La réponse de Rhett est déjà toute réfléchie depuis un moment et il est certain qu’il serait déjà en train de vivre avec elle s’il n’avait pas accumulé les erreurs au cours des mois passés. Le sort d’Ethel autant que celui de Mickey ne lui passent même pas à l’esprit ; il abordera la question plus tard, quand il sera mis face au fait accompli. « J’ai vraiment envie de construire quelque chose avec toi. » Il a vraiment envie d’être un homme de quarante ans capable de vivre une relation saine, pleine et entière avec la femme qu’il aime, tout simplement.

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C’était un peu stupide de craindre autant une réponse, surtout quand on avait la tête sur les épaules comme Evie. Pourtant, il y avait une part d’elle qui s’attendait à un refus. Elle ne savait pas pourquoi, certainement parce que l’année écoulée avait été terrible, qu’on ne cessait de lui faire comprendre qu’elle avait tout à y gagner à libérer Rhett et à le laisser s’en aller quand en vérité, chaque fois qu’on la jugeait pour choisir de rester, elle ne faisait que s’accrocher à lui et défendre à peu près tout ce qu’il faisait sans jamais s’ôter de l’esprit qu’il n’avait pas la vie facile. Elle ne lui trouvait pas toutes les qualités du monde non plus, elle connaissait ses défauts mieux que personne, mais elle avait appris à les apprécier parce qu’ils étaient les siens — s’ils avaient été ceux de quelqu’un d’autre, il y aurait eu à parier qu’elle serait partie depuis bien longtemps. Mais c’était lui. Dans tous les sens du terme. Et c’était pourquoi c’était aussi angoissant finalement.

La certitude était là, mais Rhett restait imprévisible. Et l’imprévisible, c’était la peur la plus profonde d’Evelyn "Je ne comptais pas vraiment te laisser la ramener chez toi de toute façon, cette chemise." Elle le lui murmura, voyant le soulagement s’étaler sur le visage du jeune homme qui avança son menton pour un baiser rapide, mais annonciateur d’une réponse positive qui fit accélérer la cadence du coeur d’Evie dont les mains encadrèrent son visage pour qu’il la regarde bien comme il fallait. Elle affronta ses yeux, elle entendit ce qu’il lui disait, statuant sur une réponse à laquelle il ne réfléchit pas même un peu. Elle lui demanda avec précaution "Tu en es sûr ? Tu ne veux même pas y réfléchir un peu ? Je comprendrais si tu en as besoin, je te prends de cours." Si elle prenait un peu de hauteur, elle se verrait sourire sous la panique latente que provoquait cette réponse-express du jeune homme dont la suite des mots lui fit plisser le haut du nez. Son entrée en matière, son argumentaire, étaient de trop, et elle ne l’ignorait pas. Se recalant sur ses genoux, resserrant l’étau de ses cuisses autour de ses hanches, elle joignit ses bras à son étreinte, les passant autour de son cou pour que ses mains maintiennent sa nuque, le bout de ses doigts explorant la masse épaisse de ses cheveux "Je sais, mais je crois que j’étais un peu nerveuse à l’idée de te le demander sans préparer un peu le terrain avant." L’avouer n’était pas glorieux, mais elle le fit tout de même "Ce n’est pas pour rien que j’ai ta chemise sur le dos, c’était censé faire diversion. J’avais prévu une danse aussi, mais je t’en prie, ne me demande pas de m’y coller." Faux, mais plaisanter de nouveau pour faire redescendre la pression, c’était encore ce qu’elle savait faire de mieux.

Le laissant replacer ses cheveux sur ses épaules, elle lui accorda le genre d’oeillade fixe qui précédait une grande déclaration. Ce ne fut pas elle qui ouvrit la bouche la première, mais bel et bien Rhett qui semblait parti sur une bonne lancée si bien qu’elle ne l’arrêta que pour lui avouer en retour "Et j’ai vraiment envie de construire quelque chose avec toi." Compte tenu des derniers débats à propos de leur futur, ce n’était pas aussi évident que ça après tout. Elle n’avait pas le monopole des appréhensions Evie, alors pour le rassurer davantage, elle lui dit sur le ton de la confidence, son nez rebondissant sur le sien quand elle avança son visage plus près du sien "Je n’ai jamais fait ça avant. Il n’y a jamais eu qu’avec toi que je me suis dit, tiens ce serait une bonne idée." Et c’était sûr qu’au fond, il ne s’imaginait pas à quel point ça voulait dire quelque chose Rhett. Mais elle, elle le savait, et comme pour le confirmer, elle l’embrassa de nouveau de façon un peu plus appuyée, une main posée sur sa joue.

Cette fois-ci, il ne fait pas l’enfant. Il y a bien des blagues et des remarques qui lui viennent à l’esprit, oui, mais aucune qui prend le pas sur la réponse qu’il a à donner à Evelyn: oui, il veut vivre avec elle. Aussi simplement que cela. Elle a utilisé tout un argumentaire, elle a préparé sa demande, elle lui a dessiné une issue de secours et il a balayé tous ses efforts avec quelques mots: oui. C’est d’accord. Il aime beaucoup l’idée.  "Tu en es sûr ? Tu ne veux même pas y réfléchir un peu ? Je comprendrais si tu en as besoin, je te prends de cours." Elle est égale à elle-même et il l’est en retour, égal à lui-même. « Est-ce que je te donne l’air d’avoir besoin d’y réfléchir ? » Il sourit simplement, preuve que ses mots ne sont pas des reproches à leur tour. Il a répondu avec le cœur, parce qu’il n’y avait pas à y réfléchir davantage. « C’est pas la première fois que j’y pense, tu sais. » Et ça explique aussi la rapidité de sa réponse, en réalité: il y a déjà réfléchi. Il n’a simplement pas attendu qu’elle le lui propose pour le faire. A l’époque déjà, il émettait peu à peu, et à sa façon, l’idée qu’elle prenne place de façon un peu plus permanente chez lui. A bien y penser, ils seront évidemment bien plus à l’aise dans cette maison. « Je ne vais pas te forcer à t’y coller, c’est promis. » Elle n’aura pas à danser pour faire diversion, surtout alors qu’il a répondu de la façon qu’elle pouvait l’espérer. Son visage trouve son chemin jusqu’à son cou, où la barbe qu’il n’a pas encore pris le temps de raser ce matin entre en contact avec la peau d’Evie, le tout pour qu’il retrouve brièvement son cou le temps d’un baiser qui se veut rassurant et aimant. Elle a pensé au pire et il n’arrivera pas. Ils sont sur la même longueur d’onde.

"Et j’ai vraiment envie de construire quelque chose avec toi." Il sourit presque timidement, ces mots étant le summum de ce qu’il est capable de traduire de ses sentiments. Ils sous-entendent beaucoup d’autres choses encore et sa relation avec Evelyn est assez avancée pour qu’il pense qu’elle les comprend aisément. "Je n’ai jamais fait ça avant. Il n’y a jamais eu qu’avec toi que je me suis dit, tiens ce serait une bonne idée." La confession le touche mais il n’y accorde pas davantage de son temps ni même de ses pensées, pris de court par le baiser qu’elle initie de nouveau et qu’ils prolongent cette fois-ci tous les deux. La pulpe de ses doigts retrouve ses marques contre le visage d’Evelyn, lui qui aimerait pouvoir mettre le temps en pause et ne plus avoir à se soucier de quoi que ce soit d’autre que l’instant présent. « C’en est une, c’est promis. » Il est touché qu’elle passe outre ses craintes pour lui, pour eux. Elle aurait pu continuer à vouloir vivre seule pendant longtemps, si ce n’est toujours, mais elle a décidé seule de mettre un terme à cet état et il l’en remercie sincèrement. Il ne merdera pas, il ne la fera pas regretter. Ça aussi, c’est promis. Le pire est derrière eux. « J’ai déjà vécu avec quelqu’un, mais c’était pas vraiment… pareil. » C’était Mabel, et c’était un mensonge alors non, cela n’a rien de comparable. Il souhaite simplement être franc avec elle et lui dire que de son côté ce n’est pas une première, ce qui n’enlève rien la force de ce genre de décision. « Je peux m’installer petit à petit, si tu veux. » Et ils peuvent surtout y aller pas à pas, si cela a quoi que ce soit de rassurant pour Evelyn alors qu’il s’apprête à empiéter sur son espace privé et sa vie par la même occasion. « On est pas obligés de déjà se battre pour savoir où je vais mettre tous mes trophées, je veux dire. » Et il sourit doucement: évidemment qu’il compte emmener tous ses trophées, bien avant de se soucier du reste de son appartement qu’il a à déménager. « Je rendrai sa liberté à Ethel, je crois qu’elle aurait jamais osé me le demander elle-même. » Parce qu’elle vivait chez lui pour le surveiller avant toutes choses, et ça tout le monde le sait.

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Evelyn devait bien l’admettre, ses yeux plantés dans ceux de Rhett dont elle prit le visage entre ses doigts, la pointe de son menton caressée par ces derniers quand elle le lui attrapa pour bien l’observer. Elle sembla l’ausculter avec sérieux, tourna sa tête à droite, puis à gauche, avant de statuer avec le sérieux des examinateurs "Hm non, tu as l’air plutôt sûr de toi." Et le sourire qu’elle lui donna, il était la preuve que sous la couche épaisse de ses appréhensions, ça la ravissait plus que tout qu’il n’émette aucune espèce d’hésitation à passer ce pas avec elle. Ce qu’elle devait admettre aussi, c’était qu’en effet, elle se souvenait mieux que personne s’en être déjà rendu compte, que Rhett couvait peut-être bien l’idée de lui faire une demande pareille au cours des derniers mois. Tout se mélangeait un peu, surtout depuis que tout leur tombait sur la tête, les événements dramatiques prenant le pas sur les plus heureux, mais il y avait bien eu un moment où il lui avait donné l’impression de ne pas être rebuté par l’idée de la voir s’installer plus durablement à ses côtés. Hochant la tête quand il lui fit remarquer, elle lui dit avec un nouveau sourire "Je m’en suis aperçue quand tu m’as parlé de me laisser de la place pour un tiroir à chaussettes." Elle essaya de resituer tout ça dans ses pensées, elle réussit plus ou moins à dater son sous-entendu à un an environ, à quelques semaines près. Il avait toujours un peu d’avance sur elle Rhett, à croire qu’au fond, ce n’était certainement pas lui qui, d’eux deux, prenait le temps de considérer les choses en ne se précipitant pas, et en faisant les choses à l’endroit.

Le merci qu’elle laissa filer contre ses lèvres lorsqu’il lui assura ne pas vouloir la coller à une danse lascive pour le forcer à considérer sa demande permuta en un baiser plus long, plus avide, tant la pression venait de redescendre d’un coup, et qu’Evelyn ne se voyait pas s’extirper de leur bulle pour reprendre leur vie. Elle songea rapidement à son emploi du temps du matin, évita de s’affoler du retard que tout ça lui ferait prendre, et rompit leur baiser dans le même temps pour reposer ses yeux sur Rhett sans aucune intention de se lever de là où elle était assise, trop confortablement installée pour vouloir s’en aller. Qu’il lui assure que l’idée qu’elle avait eu en était une bonne lui donna envie de l’embrasser encore, de ne faire que ça, et de le supplier de le lui promettre encore et encore, prête à avaler ses couleuvres parce que c’était séduisant d’y croire, qu’il faisait des efforts, non ? Il en faisait, Evelyn le voyait et elle se jugeait assez bonne observatrice pour ne pas se laisser happer par ses doutes des dernières semaines : Rhett allait bien, ils allaient bien "Avec Mabel, c’est ça ?" Il parlait de sa vie d’avant, et comme elle n’avait pas toujours l’exclusivité des récits de son passé, elle en avait glâné certain dans son livre qu’elle avait lu, bien sûr. D’ailleurs, pour qu’il ne s’étonne pas de l’entendre citer ce prénom, elle lui dit "Je te rappelle que je fais partie des millions de personnes qui ont lu ton livre. Je sais des choses sur vous, monsieur Hartfield." L’air mystérieux qu’elle prit, il ne dura que quelques instants puisque la conversation dérivait déjà sur ce qui comptait vraiment.

Sa main glissa sur l’épaule de Rhett, son nez frôla de nouveau le sien "On fera comme tu veux." Elle se redressa, opina du chef en continuant "Si tu veux qu’on engage des déménageurs pour que tu t’installes rapidement, on le fera. Si tu veux qu’on fasse ça au fur et à mesure, pièce par pièce, je peux venir t’aider à faire tes cartons." Elle était heureuse Evelyn, elle n’aurait jamais cru ; pas qu’elle ne pouvait pas l’être, mais que la perspective d’une vie à deux l’enchante autant. Resserrant son étreinte autour de lui, elle fit mine de rouler des yeux en l’entendant parler de ses trophées pour retrouver de nouveau son sérieux juste après, et murmurer "Ou on peut discuter d’une pièce à réquisitionner, faire des plans, pour t’en faire une vraie, de salle des trophées." L’idée était bonne, pas facile à considérer pour Evelyn et ce pour des raisons évidentes, mais la maison était assez grande pour se permettre ce genre de fantaisie qui permettrait à Rhett de se sentir vraiment chez lui, lui qui n’avait pas pris part à la recherche de maison dans laquelle elle s’était lancée il y a quelques mois de ça déjà "Elle adore vivre avec toi, elle me l’a dit." Une affirmation qu’elle fit à propos d’Ethel qui s’insinua dans leur discussion de façon plutôt naturelle étant donné qu’elle vivait avec son frère. Evie réfléchit un instant, et puis elle ajouta une seconde plus tard "Il reste des chambres vides ici. C’est loin du centre-ville, ça ne sera peut-être pas pratique pour elle de s’installer définitivement dans l’une d’elle, mais si elle en a envie, quand elle en aura envie, elle sera la bienvenue ici." Prête à toutes les concessions, Evelyn le lui proposait au cas-où ça représentait une crainte pour Rhett de laisser sa soeur de côté alors qu’elle avait été là pour lui sans discontinuer depuis son retour de Suisse.

Mabel, oui. Et s’il est le premier (et le seul) à parler de Jenna à outrance parce qu’il n’y voit pas le mal, il comprend paradoxalement que Mabel n’est pas un bon sujet de conversation dans leur couple. Les souvenirs auprès de l’actrice sont encore teintés d’amertume et l’impression d’avoir été pris pour un con ne passe pas. "Je te rappelle que je fais partie des millions de personnes qui ont lu ton livre. Je sais des choses sur vous, monsieur Hartfield." - « Tu en sais bien plus que ces millions de personnes. » L’éternel même sourire aux lèvres depuis plusieurs minutes déjà, il corrige la trajectoire des mots de la brune. Il y a des sujets qu’il n’a jamais pris la peine d’aborder avec elle et qu’elle a découvert au sein même du livre, c’est vrai, mais il y a encore tout le reste qu’elle connaît dans de bien plus amples détails, depuis bien plus longtemps aussi. « Et tu n’es pas Mabel. » Elle ne l’a pas sous entendu de près ni de loin, alors sans doute qu’il prononce ces mots pour lui-même bien plus que pour elle: les erreurs du passé ne seront pas les erreurs du présent. Elle ne se moque pas de lui et elle n’est pas avec lui pour sa popularité préservée ; elle n’a rien à y gagner et ce qu’elle fait, elle le fait seulement par amour. Autant que cette idée est véridique en retour.

Finalement, elle lui laisse carte blanche quant à l’emménagement. Pas à pas ou à l’aide d’un camion entier baladé à travers la ville, elle semble ouverte à toutes les idées et ce n’est sans doute pas pour aider un Rhett qui pensait pouvoir se laisser bercer par sa réponse pour savoir comment se positionner. Mais il est encore capable de penser par lui-même, alors il choisit un entre-deux qui a sans doute tout pour les arranger tous les deux. « Qu’est-ce que tu dis que je te laisse respirer jusqu’au match et ensuite je t’engage pour mener à la baguette une équipe de déménageurs ? » Parce qu’elle les guidera bien mieux que Rhett ne saurait le faire, sans doute plus occupé à proposer et servir des cafés plutôt qu’à expliquer quel carton doit être rempli de quoi et qu’est-ce qui peut aller aux ordures ou être donné. Ils s’occuperont plus tard de cette histoire, leur quotidien à tous les deux (mais surtout celui d’Evie) étant encore largement rythmé par l’organisation du match à venir et sans doute qu’il tient un peu trop à la vie pour risquer d’être dans les parages lorsqu’elle aura mis la main sur un problème ou un autre. "Ou on peut discuter d’une pièce à réquisitionner, faire des plans, pour t’en faire une vraie, de salle des trophées." Evidemment que l’idée d’une pièce entière à remplir de ses trophées a tout pour faire gonfler son ego, évidemment. Peut-être même qu’il se dit que cette pièce pourrait devenir une chambre, si jamais ils y voient une nécessité un jour ou l’autre. Mais cela ne se traduit pas dans son sourire, fort heureusement. « Donne moi juste un pan de mur. Je laisserai une partie des trophées chez mes parents, mon père va adorer en prendre soin. » Sa mère sera un peu moins ravie mais il reste le petit fils chéri (comme Ruben en est un autre et Ethel leur fille préférée, ils ne sont pas vraiment du genre à classer leurs rejetons, les Hartfield) et elle montrera en secrets ses trophées lors de ses soirées tupperware. Ils verront ça comme un cadeau et, d’une certaine façon, c’en est bien un.

"Elle adore vivre avec toi, elle me l’a dit." A sa surprise, elle rebondit sur l’ajout d’Ethel à la conversation. Evie et elle s’entendent bien, ce n’est pas une surprise, et Rhett s’y attendait probablement. Il est heureux que cela se passe aussi simplement avec un membre de sa fratrie au moins: avec Ethel, il n’a pas peur des coups de couteau dans le dos, ce qui est loin d’être une certitude pour Ruben. Remus et Romulus aussi avaient le même sang, preuve que l’argument est loin d’être suffisant. "Il reste des chambres vides ici. C’est loin du centre-ville, ça ne sera peut-être pas pratique pour elle de s’installer définitivement dans l’une d’elle, mais si elle en a envie, quand elle en aura envie, elle sera la bienvenue ici." Une main posée contre sa joue et par dessus ses cheveux, il observe avec soin la femme attentionnée et empathique qu’elle est, se rendant sans doute compte de la chance qu’il a de l’avoir à ses côtés. « Toi comme moi on sait qu’elle vivait avec moi pour être rassurée. » Il ne revient pas sur les événements qui ont ponctué cette année, elle les connaît bien assez comme ça. « Et pas parce qu’elle a peur du noir. » Elle voulait garder un œil sur son frère, c’est dans ce sens uniquement qu’elle avait besoin d’être rassurée. « Et je dis pas, ça m’a rassuré aussi qu’elle soit là. » Il ne crachera pas dans la soupe, conscient que savoir qu’elle allait rentrer le soir-même lui a évité à plusieurs reprises de prendre juste un cachet. Elle l’aurait su, elle aurait été déçue, et ils seraient retournés dans un cercle vicieux qu’il ne veut plus jamais avoir à connaître. « Mais maintenant je vais mieux, et j’ai pas envie que ma petite soeur décide de ses journées selon mon propre emploi du temps. » Elle mérite de retourner à sa vie pour ce qu’elle est, sans avoir à se demander depuis combien d’heures elle n’a pas envoyé un sms ou appelé son frère, à défaut de l’avoir vu. « Et j’échange pas une surveillance contre une autre. Je veux vivre avec toi pour toi, pas pour… tu sais. » Pas pour les cachets, pas pour la surveillance, pas pour Dieu sait quoi encore. Parce qu’il l’aime, tout simplement, et l’argument se suffit à lui-même.

this is our place, we make the rules
@Rhett Hartfield ☆ crédit/ssoveia

Le petit hochement de tête qu’elle donna à Rhett pour confirmer qu’elle en savait plus que tous ceux qui avaient lu son livre, il voulait dire c’est vrai. Il y avait tout de même une part d’elle qui n’en était pas certaine, simplement parce qu’il n’était pas toujours facile à déchiffrer Rhett, qu’au bout de deux ans à apprendre à le connaître, elle devait encore parfois récolter ses confessions au compte-goutte. Il y avait des moments où elle se demandait s’il ne lui cachait pas des choses pour la préserver. C’était sûrement le cas, être en couple ne signifiait pas faire l’impasse sur ses secrets. Ainsi, si on lui posait la question, elle ne dirait pas qu’elle connaissait Rhett dans les moindres détails. Elle le connaissait mieux que la moyenne, c’était évident. Mais est-ce qu’elle le connaissait par coeur ? Rien n’était moins sûr "Je suis plus brune." laissa-t-elle filer avec un grain de malice dans la voix, le nom de Mabel qu’elle avait mentionné flottant entre eux lorsqu’il lui affirma qu’elle n’était pas la jeune femme. Elle surprit le regard de Rhett, et puis elle lui avoua avec l’innocence surjouée des coupables, se recalant sur ses genoux en tendant les bras sur ses épaules pour que finalement, ses doigts viennent s’immerger dans les cheveux qu’il avait sur la nuque "J’ai peut-être fait quelques recherches sur internet." Rien d’anormal, juste de la curiosité qu’il ne lui reprocherait pas et qui lui permettait d’affirmer qu’effectivement, que ce soit physiquement ou autre chose, elle n’était pas Mabel.

Elle fût balayée bien vite, chacun d’eux n’ayant aucune intention d’en faire un sujet parce qu’il n’y avait rien à en dire. Se concentrant de nouveau sur l’essentiel, Evie eut un sourire "Première chose avant d’officiellement te dire que je suis d’accord, j’espère bien qu’après le match, tu ne me laisseras plus jamais respirer." C’était bien pour ça qu’elle voulait qu’il reste là après tout : pour l’avoir constamment à ses côtés. Elle fronça le nez, se remettant à opiner pour confirmer ensuite "Et je pense que c’est une bonne idée, ça te laissera le temps de mettre au courant ceux qui doivent l’être et te faire à celle que tu vas vivre avec moi." Le dire à voix haute, ça rajoutait quelque chose qu’elle aimait plutôt, et qui lui fit ajouter avec une mine appréciative, le bout de son nez remuant quand elle murmura dans l’entre-deux qui les séparait à peine "J’aime vraiment beaucoup l’effet que ça me fait quand je le dis à voix haute." Il ne fallait pas demander dans quel genre d’état elle serait quand il faudrait qu’ils mettent leurs  deux noms sur leur boîte aux lettres. Elle se recentra, posa ses yeux sur Rhett qu’elle ne lâchait toujours pas comme si soudainement, c’était vital d’être aussi proche de lui et le faire se sentir déjà à son aise dans cet endroit qu’il n’avait pas choisi, mais qui deviendrait son chez lui ; elle ferait absolument tout pour qu’il ne regrette pas d’adhérer à sa cause, alors la salle des trophées qu’elle lui proposa d’aménager pour lui, c’était presque la moindre des choses à lui concéder pour qu'il s’approprie les lieux. Humblement, il repoussa presque l’idée, lui disant vouloir se contenter d’un pan de mur, et Evelyn n’insista pas plus que ça pour lui faire entendre qu’il avait droit à sa pièce s’il en avait envie. Il changerait peut-être d’avis, elle ne se faisait pas de soucis.

Elle s’en faisait peut-être un peu pour Ethel "Bien sûr, mais si ça la rassure de venir te voir de temps en temps, elle aura sa chambre." précisa Evelyn, la main de Rhett posée sur sa joue, ses yeux plantés dans les siens "Elle s’inquiète toujours un peu pour toi." Elle ne lui dirait pas qu’elle l’avait questionnée à son sujet parce que ce n’était pas dans son intérêt de le faire et que la confiance d’Ethel était importante pour elle, mais c’était une réalité que Rhett devait prendre en compte sans que ce ne soit une mauvaise chose. Des gens tenaient à lui, c’était le moment de l’accepter sans rechigner "Et tu sais quoi, ça tombe plutôt bien parce que je ne t’ai pas demandé de vivre avec moi pour pouvoir te surveiller." Touchée, elle lui répondit pour le rassurer, pour qu’il n’imagine pas une seule seconde que ça lui avait traversé l’esprit de vouloir le garder à proximité pour rester au aguets et anticiper la remontée qu’il pourrait potentiellement accuser parce que c’était toujours là, tapi quelques parts, ce qu’il couvait — elle gardait en tête ce que Malone lui avait expliqué, c’était vrai, mais ses mises en garde n’étaient pas un terreaux assez fertile pour qu’elle devienne une infirmière pour Rhett, et ce n’était pour cette raison qu’elle le voulait auprès d’elle, c’était parce qu’elle voulait continuer de construire quelque chose avec lui, comme elle lui avait dit. Elle le regarda avant de l’embrasser à nouveau, et alors que ses lèvres restèrent à distance des siennes pour qu’elle puisse entrecouper ses paroles de petits baisers rapides, elle lui dit "Merci d’avoir dit oui. J’ai refusé de me préparer à ce que tu me dises non, mais ça me soulage qu’on soit sur la même longueur d’onde."

"Première chose avant d’officiellement te dire que je suis d’accord, j’espère bien qu’après le match, tu ne me laisseras plus jamais respirer." Et si c’est là la seule demande qu’elle lui fait avant qu’ils ne vivent officiellement ensemble, il peut y consentir sans le moindre mal tel que le démontre son sourire amusé. Rhett estime qu’il n’est pas le petit-ami qui est trop sur le dos de celle qu’il aime, ni même qu’il soit négligeant dans ses relations, alors la demande d’Evie n’aura pas le moindre mal à être répondue par la positive sans que cela lui demande des efforts. Il aime sa présence, il aime sa proximité, et il aime plus encore l’idée de pouvoir se réveiller chaque matin à ses côtés. « Je suis d’accord. » Il l’annonce de son côté, la condition d’Evelyn lui semblant plus que raisonnable. "Et je pense que c’est une bonne idée, ça te laissera le temps de mettre au courant ceux qui doivent l’être et te faire à celle que tu vas vivre avec moi." Rhett a l’impression qu’elle lui trouve des excuses ou tout du moins qu’elle surinterprète une idée qui n’avait pas vocation à être longtemps réfléchie - quoique vivre avec quelqu’un demande généralement ce genre de réflexion. De son côté, cela relève bien plus de la logique. Une fois de plus, elle le fait sourire. « J’ai pas à prévenir qui que ce soit, tu sais. Je prends mes décisions seul. » Il en parlera à son entourage, oui, évidemment, mais à ses yeux il n’y a rien qui nécessitait d’être discuté avant l’emménagement. Il n’y a personne dont il ressent le besoin d’avoir l’aval, aussi.

S’il y a une personne qu’il juge nécessaire de prévenir, ce serait pourtant Ethel. Elle partage son quotidien depuis un moment maintenant, alors elle devrait le savoir s’il s’apprête à tout mouvementer - quoiqu’il serait prêt à lui laisser son loft de Spring Hill, si elle le désire. "Bien sûr, mais si ça la rassure de venir te voir de temps en temps, elle aura sa chambre." Il hoche la tête et accepte l’idée. Il connaît assez sa sœur pour savoir qu’elle n’abuserait pas de l’offre d’Evelyn et qu’ils ne risquent pas de se retrouver avec une seconde Hartfield en guise de colocataire. Elle a toujours su se retirer au bon moment, Ethel. "Elle s’inquiète toujours un peu pour toi." Et là encore, lorsque sa main retrouve celle qu’Evie a posée contre sa joue, il hoche la tête. Un brin moins fier, il n’en est pas moins d’accord pour autant. « Je sais. Je fais de mon mieux pour que ça change. » Pour qu’elle n’ait plus à s’inquiéter, parce qu’il jure qu’il va un peu mieux à chaque nouvelle journée.

La suite de leur discussion est ponctuée de nouveaux baisers dont Rhett ne saurait se plaindre, et bien au contraire. "Merci d’avoir dit oui. J’ai refusé de me préparer à ce que tu me dises non, mais ça me soulage qu’on soit sur la même longueur d’onde." Leurs lèvres encore proches, il prend pourtant le temps de relever son regard dans le sien. Ses mains trouvent ses épaules qu’il trouve un brin froides, avant de rajouter quelques mots encore. « On l’est. Et j’ai hâte de vivre avec toi. » Il aurait pu dire qu’il a déjà essayé de lui faire la proposition il y a plus d’un an mais ce n’est pas un concours et ça n’a pas vocation à l’être: ils vont vivre ensemble à partir de demain, et ce sera parfait de cette manière. « Je t’aime. » Il y a des mots qu’il a toujours du mal à poser quand il s’agit de ses sentiments mais ceux-ci n’en ont jamais fait partie.