Put on a costume and forget daily life

feat @Nathanael Atkins & Chelsea Cavanagh 

Les années passaient et apportaient leurs lots de changements, mais si certaines choses restaient inchangées il s’agissait bien de ses passions. Chelsea y restait fidèle, n’arrivant définitivement pas à trouver d’autres occupations aussi fascinantes que les trois qu'elle possédait déjà. L’une d’entre elles était considérée comme puérile, elle la pratiquait moins que les deux autres mais, elle n’avait pu s’empêcher d’y songer lorsqu’elle avait découvert le programme de la ville prévue pour la journée des droits des Femmes. Le planning familial lui avait fait un sacré appel de phare, en invitant les habitants à se déguiser en figure féminine. Elle songea immédiatement à l’un des livres qu’elle avait lu durant le lycée, celui des Quatres Filles du docteur March. Un personnage s’y était particulièrement dénoté à ses yeux ; celui de Jo, une demoiselle plus délurée que ses sœurs, à l’imagination fertile et dotée d’un grand désir de liberté. Chelsea s’était attelée à chercher tout ce dont elle avait besoin pour concevoir son costume, qu’elle confectionna sans l’aide de sa grand-mère, ayant suffisamment appris de celle-ci pour concevoir une tenue aussi classique que celle-ci. Elle fit de dernières retouches le jour J, avant de l’enfiler et de s’apposer une perruque blonde. La Cavanagh s’observa dans son grand miroir, se remémora d’une période où elle rêvait justement d’opter pour cette couleur et elle sourit, quand elle constata qu’elle n’avait plus la moindre envie de renier son roux. Elle avait plus fait la paix avec elle-même qu’elle ne se l’imaginait, mais elle ne s’était pas encore rendu compte que sa psychologue avait commencé à démêler certains nœuds dans lesquels son cerveau était emprisonné. L’étudiante en photographie serra son petit foulard rouge avant de se considérer prête pour partir. Elle pédala jusqu’à sa destination, déposa son vélo dans un parking dédié avant de contempler le lieu avec plus d’attention. Chelsea la couleur violette qui avait été choisie pour décorer l’endroit, qui était chatoyante en plus d’être symbolique.
 
La rousse déambula lentement dans les allées, elle prenait plaisir à regarder les stands et les passants qui étaient déguisés. La concurrence promettait d’être rude, mais cela ne la décourageait pas à participer au concours du meilleur costume, bien au contraire parce qu’elle aimait se frotter aux autres, encore plus contre de talentueux adversaires. Elle ne savait presque plus où donner de la tête, jusqu’à ce qu’une personne ne lui fasse signe, mais elle grimaça quand elle comprit de quoi elle faisait la promotion. La bénévole voulait attirer son attention sur une distribution de préservatifs et de flyers mettant en garde les jeunes contre les MST, elle préféra détourner son regard. Les yeux bleus de la Cavanagh s’arrêtèrent sur une banderole qui mentionnait les termes peinture et dessin. Elle s’en approcha et examina les participants et celui qui gérait le stand. Une fois qu’elle en était assez près, elle reconnut le visage de son ancien colocataire, mais décida de ne pas l’interpeller pour voir combien de temps il allait prendre avant de la reconnaître. Chelsea adorait effectuer ce genre de petit test lorsqu’elle croisait des connaissances, pour voir si elle était suffisamment bien déguisée pour susciter des interrogations ou passer inaperçue. Elle était habituellement repérable grâce à sa flamboyante chevelure, mais celle-ci ne pourrait pas la trahir puisqu’elle était soigneusement dissimulée. L’étudiante en photographie n’effectuait plus un geste, elle avait croisé ses bras dans son dos, en attendant la réaction du jeune homme, qui semblait assez occupé. Elle n’avait pas le souvenir que celui-ci effectuait du bénévolat, mais elle était toujours ravie de voir qu’elle ne se trompait que rarement lorsqu’elle pensait qu’une personne avait un bon fond. Chelsea n’avait pas hésité à donner de sa personne au Noël solidaire, mais elle n’avait pas pensé que cet automne de la solidarité pourrait avoir besoin de main d’œuvre, mais il était bon de n’être qu’une touriste, cela ne lui arrivait pas souvent de l’être, après tout.