"Tu sais que je suis à peu près sûre qu’il y a des caméras ici." - “Et on a rien fait que je n’assumerais pas devant quiconque.” Ils n’ont rien fait de mal, voilà ce qu’il dit et pense de la situation, pourtant peu enclin à l’idée que leur discussion puisse avoir été filmée. Il aimait l’idée que cet instant n’appartienne qu’à eux et ne sait pas quoi penser du sourire qu’Evie affiche, ne connaissant pas exactement la cause de son amusement. Elle pourrait être en train de se moquer de lui, tout comme elle pourrait être en train de souligner d’à quel point elle aime l’idée de faire un pied de nez à la mémoire de son père. Si la première hypothèse n’enchante pas son côté mauvais perdant, il préfère pourtant pencher pour cette dernière. Il n’y a rien qui ne l’empêche de l’embrasser une ultime fois, cependant. "Tu as du rouge à lèvres sur le visage, Garrett." Il sourit pour la remarque autant que pour l’utilisation de son prénom de naissance, lequel il n’entend que très rarement désormais. Gamin sage, il ne risque pas de bouger d’un iota, la main d’Evie se relevant déjà dans le but de nettoyer sa peau colorée artificiellement et involontairement.

Coupé dans leur élan, les deux visages se retournent vivement vers la porte d’entrée dont un simple clic annonce l’ouverture. Evie bouge vivement, ses réflexes certains alors que Rhett est encore immobile, sans doute trop occupé à dévisager avec surprise le visage de sa sœur se dessiner sur le pas de la porte. Il trouve ça ironique, qu’elle arrive maintenant, après qu’ils aient rigolé de vidéosurveillances. "Il voulait voir les trophées de papa, la place sera libre dans quelques minutes." - “Je suis un grand fan.” Les mensonges sont innés ; pas forcément parfaitement réalisés cependant. Ses mots reprennent en chœur ceux d’Evie alors qu’il n’a aucun mal à comprendre ce qu’elle cherche à cacher à cette sœur lui ressemblant trait pour trait.

Relever le menton et plonger le clair de ses yeux dans celui de la nouvelle Pearson ajoutée au tableau ne sauve en rien l’australien de ses remarques, bien malgré lui. "Je pensais que ça s’arrangerait avec le temps, mais tu es vraiment la pire d’entre nous." Et si Evie éclate de rire à la seconde même où sa soeur s’absente, c’est un froncement de sourcils qui l’emporte pour Rhett. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle récolte les remarques de la jeune femme, tout comme il ne s’attendait pas à ce qu’elle réagisse à ces dernières d’une telle façon. Il regrette d’être resté mutique, mais c’est sans doute la surprise qui l’a forcé vers cette réaction - marquée par l’absence de réaction, justement. "Si tu avais encore plus besoin de remettre un pied dans l’adolescence, c’est chose faite. Viens-là, que je t’efface ça avant d’y retourner." Le souci ne disparaît pas de son visage, il n’est même plus amusé maintenant qu’Evie lui retire réellement cette marque de rouge à lèvre qu’il n’a de toute façon jamais vue: Ester l’a bien vue, cependant. “Tu vas bien ?” Il demande tout de même, s’attendant pourtant à ce qu’elle lui réponde par la positive et agisse comme s’il n’y avait rien de plus normal à cela. Elle n’a pas le temps de montrer ses failles, Evie.

"Je suis désolée pour ça — ma sœur, pas pour le rouge à lèvres."
“On choisit pas sa famille.”

Il ne répond plus qu’avec sérieux, désormais, ne tentant même pas d’ajouter le mais on choisit au moins son rouge à lèvre que le Rhett d’il y a quelques minutes aurait avancé avec un immense sourire joyeux accroché aux lèvres. A la place, et à défaut d’avoir du rouge à lèvre à nettoyer sur le visage de la jeune femme, c’est sa bretelle qu’il replace parfaitement et lisse, comme si cela allait réellement être remarqué. “On va aller dire bonjour aux autres convives.” Il tranche, ne souhaitant pas donner une raison supplémentaire à la soeur d’Evie de lui remonter les bretelles, surtout d’une telle façon. Ce n’est de toute façon pas comme s’il n’aimait pas l’idée de saluer les autres convives et se faire une place au milieu de la fête. Il retrouvera Evie en tête à tête ce soir, qui plus est - et ça aussi, ça joue dans l’équation.

L’intrusion d’Ester avait été aussi fugace que l’ironie d’Evelyn à propos de vidéosurveillance à laquelle Rhett avait donné une réponse sans équivoque. Au moins, les regrets ne s’inviteraient pas à la fête qui battait son plein au rez-de-chaussée, et c’était une très bonne chose ; moins que la réaction qu’elle eut face aux reproches de sa sœur, et qu’elle balaya d’un rire semblable à rien d’autre qu’un mécanisme de défense.
Pas semblable, ç’en était un "Hmm ?" Elle leva légèrement les yeux quand Rhett lui demanda si elle allait bien pendant qu’elle nettoyait le rouge à lèvres sur son visage, un sourire ornant le sien pour s’éteindre très doucement quand elle prit sens du sens, justement, de sa question. Elle eut un mouvement de sourcil rapide, un haussement supposé délicatement marquer l’indolence qu’elle imposa à sa réponse en demi-teinte, la voix aussi basse que le permettait leur proximité, la caresse de ses doigts habiles sur lae visage du jeune homme rendant le tout peut-être un peu trop intime "J’ai l’habitude, c’est pas grave." qu’on la traite comme un cas social, comme une tare à laquelle on prête une évolution, bonne ou mauvaise — mais plutôt mauvaise, comme le stade terminal d’une maladie difficile à surmonter. Elle ne s’en retournait plus tellement, pas même quand elle était accompagnée. A quoi bon, de toute façon, puisqu’Ester en particulier avait une idée précise de la manière dont il fallait la traiter. Il ne pouvait avoir aucune dérogation à la dynamique qu’elles entretenaient, à croire qu’effectivement, elles étaient restées dans l’adolescence, à se tirer dans les pattes pour s’attribuer les louanges de maman, à la différence qu’il n’y avait jamais eu d’équité et que ça avait toujours été Ester qui en avait été la fière détentrice. Ce n’était pas un souci, elle avait su se construire autrement qu’en pensant que c’était un vrai objectif de rendre fière Celie.

Elle adressa de nouveau un regard fixe à Rhett dont la répartie lui laissa dire, mi-figue mi-raisin "Et bien, ça vient du cœur." Elle lui sourit doucement, se montrant un peu suspicieuse, à l’image des psychanalystes durant leur première consultation avec un nouveau patient "Des problèmes familiaux à signaler ? Je ne serais sans doute pas la plus aguerrie pour te conseiller, mais tu te sentiras moins seul de les confier." Dans le fond, elle connaissait déjà la réponse à cette soi-disant question, se souvenant qu’à cette époque, Ben n’avait pas hésite à le rendre coupable de son état lamentable après sa chute — l’avenir lui apprendrait qu’effectivement, s’il y avait lutte au sein de la famille Hartfield, elle était sans nul doute fratricide. Elle ne plaisantait qu’à moitié, ne pouvant pas se dire qu’il n’avait pas tort quand il disait qu’on ne choisit pas sa famille. De son côté, elle avait essayé de se créer la sienne en partant, elle avait réussi sur le fond, mais sur la forme… elle n’avait pas été assez armée pour réussir à faire perdurer ce sentiment de sécurité qu’elle avait ressenti quand elle avait rencontré Anouch, Neal et Maze.
Elle termina de lui effacer son rouge à lèvres en lui accordant un baiser furtif sur la bouche, et eut un léger soupir quand après avoir remonté la bretelle de sa robe, il lui sembla évident que leur moment d’intimité était terminé. Pas sur la meilleure note, elle sentait soudain le sérieux de Rhett la percuter, un contraste étonnant avec la légèreté de ces derniers moments tandis qu’elle sentait toujours sa marque sur elle, l’une laissée par sa main sur sa hanche, l’autre laissée par sa bouche contre le sienne. Ils reprendraient tout ça plus tard, son invitation restant une garantie à laquelle elle se raccrocha comme à la main de Rhett qu’elle prit dans la sienne sans y songer sur le moment avant de la relâcher en se disant que non, ce n’était définitivement pas le genre de choses qu’elle voulait partager tout de suite, la tension émanant de leur corps respectif étant trop évidente pour que chacun y voit là un contact platonique ; elle n’avait pas appris de ses erreurs, elle s’en mordrait les doigts tôt ou tard.
Mais pas tout de suite. Tout de suite, elle s’avança vers la porte restée ouverte pour s’y arrêter quand elle fût sur le seuil, se tournant vers Rhett pour lui demander avec conviction "Prêt ?" À affronter la houle des curieux qui les verraient descendre le grand escalier ensemble en se demandant irrémédiablement ce qu’il se passait entre eux tandis que les petits regards en coin d’Ester finiraient de semer les graines d’une suspicion qu’Evie sentait déjà peser sur ses épaules.

@Rhett Hartfield

rp terminé.