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Il vient de cracher ses poumons, manquer d’air, mais le pompier reste concentré comme si rien ne s’était passé. Il est habitué à devoir garder la tête froide dans des situations compliquées et même quand il est blessé, il doit être capable de se relever pour continuer, surtout si il y a des vies en jeux. Là, c’est Autumn qui est en danger. La tempête n’est pas terminée et il y a un lampadaire qui s’est abattu dans son salon. Il faut la sortir de là. Il s’est relevé, a expliqué à Autumn pourquoi il était là.

- J’ai laissé mon téléphone au salon, je voulais juste choisir un livre et c’est à ce moment-là que l’arbre est tombé. J’ai eu tellement peur… » Lui dit-elle à son tour, expliquant pourquoi elle n’avait pas pu lui donner de nouvelles, avouant la peur qu’elle a ressenti et le pompier ne peut que l’imaginer. Il lâche la jeune femme et commence à faire le tour de la chambre après lui avoir déposer son manteau sur les épaules. Il lui donne des indications, lui expliquant qu’elle doit prendre les affaires dont elle a besoin et qu’ils doivent filer directement après. « Attends, attends. » Dit-elle. Le pompier se retourne vers elle tandis qu’il tente de dégager un passage un peu plus large pour qu’Autumn puisse passer sans risquer de se blesser. Il ressent un blocage au niveau de ses poumons à nouveau, mais prend le temps d’inspirer, essayant de rester discret malgré tout. Elle n’a pas à s’inquiéter pour lui, là maintenant. « T’es sûr que c’est sécuritaire de se rendre jusqu’à chez toi ? Je veux pas que tu te mettes en danger à cause de moi. » Il lâche le morceau de poutre qu’il tenait dans les mains et revient vers Autumn. « Et je vais pas m’imposer chez toi. Qui sait quand mon appartement sera de nouveau habitable? C’est pas ton rôle de me sauver de tout, Quino. » Les sourcils froncés, il attrape à nouveau la jeune femme par les épaules pour planter son regard dans le siens.

- Autumn… » Dit-il. « C’est pas une question. » L’air grave, il regarde autour d’eux. « À tout moment le sol peut s’effondrer. La structure n’est pas stable. La tempête n’est pas terminée et il suffit d’une bourrasque pour que ça empire, il est hors de question que tu reste ici. J’ai déjà appelé des renforts pour qu’ils viennent évacuer le bâtiment. » Il voit un sac de voyage dans l’armoire de la blonde et se détache d’Autumn pour le récupérer et le poser sur le lit. « Si mon appartement est en ruine, on te trouvera un endroit où tu seras en sécurité. Je te laisserais pas là Autumn. » Il ouvre le sac et le pointe du doigt. « Mets ce dont tu as besoin et je retourne m’occuper de dégager le chemin. » Il retourne vers les gravats. « Je partirais pas sans toi... » Lâche-t-il dans un râle sourd provoqué par l’effort. Il regarde l’espace qu’il a dégagé et retourne vers la demoiselle. « Et ça va paraître prétentieux, mais c’est mon boulot de sauver les gens. » Il n’arrive pas à retenir le sourire qui s’installe sur ses lèvres, un peu de légèreté dans une situation pareille ne fait pas de mal. C'est à ce moment-là qu'il se rapproche d'elle et qu'il vient l'enlacer à nouveau avant de venir poser un baiser sur son front. Il est rassuré de savoir qu'elle va bien et qu'il y a plus de peur que de mal.

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Il est arrivé et elle va bien. Elle va bien. Il a eu cette sensation étrange quand il a vu le poteau effondré sur le mur de l’appartement d’Autumn. Cette peur qu’il ne ressent jamais lorsqu’il est sur une intervention parce qu’il sait que ce ne sont pas des proches. Bien sûr, il n’est jamais vraiment serein, bien sûr il y a une forme d’angoisse, dire qu’il est sans peur au quotidien serait un mensonge, mais ce n’est pas la même chose, pas la même sensation. Il voit la différence lorsqu’il s’agit de familles qu’il doit sauver, des habitants et lorsqu’il s’agit des membres de sa famille et ceux auxquels il tient. Là encore il y a une différence palpable. Il arrive jusqu’à elle après s’être frayé un chemin en décalant quelques débris et s’être issé sous le poteau électrique.

- T’es là. » Murmure-t-elle tandis que son corps vient se coller contre celui du pompier dans une étreinte. « Comment t’as su? » Il ne lui répond pas de suite, s’écartant pour vérifier qu’elle n’est pas blessée avant de lui demander depuis combien de temps le poteau est tombé. « Je sais pas. » Dit-elle. La pression redescend d’un bloc et Joaquin est pris d’un vertige et d’une quinte de toux qui n’en finit plus. « Quino? Est-ce que ça va? » Il porte sa main à sa poitrine tandis qu’il tousse dans son coude comme un dératé. « Assieds-toi. Respire Joaquin, ça va. » Il s'exécute. Il s'assoit et essaie de reprendre sa respiration. C’est long et ça lui fait mal, mais il y arrive enfin. Sa toux cesse, mais il lui faut un peu de temps avant de retrouver sa respiration normale. Il ne comprend pas ce qu’il vient de se passer, il est incapable de dire pourquoi ou comment. Le capitaine a tout bonnement perdu son souffle.

- Autumn… » Sa voix s’étrangle. Il se racle la gorge. Attrape Autumn par les épaules. « Tu vas bien… » C’est entre la question et l’affirmation. Il vient doucement poser sa main sur la joue de la demoiselle. « J’ai essayé de t’appeler, je tombais sur la messagerie, j’ai préféré venir voir si tu allais bien, j’avais un mauvais pressentiment. » Lui explique-t-il. Le pompier retire sa veste pour la poser sur les épaules de jeune femme. « Si tu as des choses à récupérer, fais-le, je vais t’aider à passer de l’autre côté, on file jusqu’à la voiture et je te dépose chez moi. Tu y restera le temps qu’il faudra. » Il ne se laisse pas distraire par ce qu’il vient de vivre. Autumn est sûrement coincée là depuis longtemps, dans le froid et l’humidité. Elle doit se réchauffer. Chez lui, elle sera au sec, en espérant que son appartement soit encore entier. Il trouvera bien un endroit où elle sera en sécurité si ce n’est pas chez lui, quitte à l’emmener à la caserne si il le faut. Il a l’impression que ses poumons sont en feu, mais il tait sa douleur dans l’immédiat. Il ira voir un médecin quand tout sera calmé, quand les hôpitaux se seront désengorgés après le passage de l’ouragan.

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Il a passé la matinée à s'inquiéter pour ses proches, mais sans vraiment savoir pourquoi, son esprit le ramenait toujours vers Autumn. Il s’est concentré sur ses différentes interventions, sans broncher, parce que c’est ce qu’on lui a appris. Mais dès qu’il se retrouvait dans le camion ou à la caserne, son esprit divaguait. Dès que la relève est arrivée, que la seconde équipe a prit le relais pour que l’équipe de Joaquin puisse se reposer un peu, il a prit des nouvelles de tout le monde et n’ayant aucun retour de la part de la jeune femme, il a finit par s’inquiéter qu’il ait pu lui arriver quelque chose. Il a foncé vers son appartement sans vraiment réfléchir. En temps normal il serait resté à la caserne, se reposant dans l’attente d’une nouvelle intervention, mais là, il a prévenu Quino qu’il devait s’absenter et s’est rendu chez Autumn. En arrivant là-bas, son coeur s’est arrêté un instant, où en tout cas, c’est l’impression qu’il en a eu. Des façades éventrées, il en a vu, mais jamais il n’avait eu de proche à l'intérieur. Il s’est engouffré dans l’immeuble, à monter les étages par les escaliers sans s’arrêter. En arrivant devant l’appartement d’Autumn, il a tambouriné, sans réponses, il a enfoncé la porte. Il s’est mit à appeler le nom de la jeune femme à plusieurs reprises, son coeur s’est emballé de n’avoir aucune réponses. Il a commencé à bouger quelques débris en essayant de ne rien bouger qui pourrait empirer la situation.

Le brun tente de raisonner. Elle n’est peut-être pas blessée, peut-être seulement évanouie. Non, elle va bien. C’est ce qu’il se répète encore et encore quand soudain, il entend une voix faible. Le pompier tend l’oreille.

- Joaquin ? Je suis dans ma chambre ! » Entend-t-il plus distinctement. Elle est en vie ! C’est la première chose qui lui traverse l’esprit. « Je suis coincée, je ne peux pas bouger. » Le pompier serre les dents. Il est inquiet à nouveau. Coincée comment ? Sous des gravats ou coincée dans une pièce ? Blessée ? Il chasse ces pensées, elle va bien. Elle est en vie.

- T’es blessée ? » Lui demande-t-il en essayant de couvrir le bruit que fait la pluie. Il continue son avancée. Le poteau ne semble plus émettre d’électricité, c’est une bonne chose. Joaquin se fraye un chemin petit à petit, il est hors de question qu’il aggrave la situation malgré l’urgence qu’il ressent à la retrouver. Après plusieurs minutes, il finit par ouvrir un passage qui lui permet de ramper de l’autre côté. Il se relève une fois dans l’autre pièce. « Auty ? » Il avance un peu et la trouve derrière son lit. Il va dans sa direction, s’accroupit et la prend dans ses bras avant de se reculer pour vérifier qu’elle ne soit pas blessée. Elle n’a aucune blessure apparente, pas même un bleu. Il est soulagé. « Depuis combien de temps ce poteau est tombé ? » Il commence à se sentir coupable et son cœur s’emballe à nouveau dans sa poitrine. Il a même une sorte de vertige l’espace d’un instant, se sentant faible, il se met à tousser et s’écarte d’Autumn. Comme si il avait fait trop d’effort d’un coup. C’est la première fois que cela lui arrive. Sa quinte de toux dure quelques minutes avant de s’arrêter.

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Une tempête fait rage dehors et Joaquin n’a pas arrêté. Il a participé à plusieurs interventions à commencer par un toit effondré sous le poids de l’eau. Il a enchaîné avec quelques sauvetages de personnes coincées par les eaux ou des arbres tombées sur les routes. Il a gardé un oeil sur son équipe, essayé de tenir sa promesse auprès des siens de rester en vie. Il ne sait pas depuis combien de temps il n’a pas regardé son téléphone, il est peut-être le seul à l’avoir sur lui au cas où. La tempête s’est calmée, un peu, il y a toujours énormément de vent, mais les pompiers sont de retour à la caserne et peuvent se reposer un peu. Ils peuvent être rappelés à tout moment alors Joaquin encourage tout le monde à se poser, à manger, à dormir, prendre une douche, tout ce qui peut leur faire du bien dans l’immédiat. Il enlève sa veste et la pose dans le vestiaire, il enlève les bretelles de son pantalon et se détend les épaules et la nuque. Il récupère son téléphone et regarde ses messages. Il écrit à sa mère, son frère, sa soeur et envoie un message à Autumn en s’excusant de ne pas avoir pu lui écrire plus tôt. Il glisse le téléphone dans la poche de son pantalon et retourne vers les autres. Il lui faut sa dose de caféine. Alors qu'il prépare son café, il reprend son téléphone et constate qu’il n’a aucune réponse. Est-ce qu’elle lui en veut ? Il espère que non, qu’elle aura compris que ce n’est pas contre elle si il n’a pas écrit.

Le vent souffle dehors, ils peuvent l’entendre et un silence règne sur la caserne. Il regarde ses collègues, les yeux creusés par la fatigue. Il prend appuie contre le plan de travail et reprend son téléphone. Il vérifie de quand date le dernier message qu’Autumn lui a envoyé. Des heures. Il s'éclipse pour tenter un appel. Il tombe directement sur la messagerie. Elle lui a dit qu’elle n’avait plus d'électricité. Il s'inquiète, un peu trop d’ailleurs. Le pompier ne peut pas quitter la caserne comme ça, surtout en temps de crise. Il se mord l'intérieur de la lèvre nerveusement. Réessaie d’appeler la rouquine. Toujours la messagerie.

- La relève est là Capitaine. » Entend-t-il. Il se retourne alors et pose sa tasse sur le comptoir pour aller à la rencontre de la deuxième équipe de pompiers qui s’occupera des prochaines interventions. Il leur fait un rapide résumé de la situation et essaie de trouver Russell. Il finit par mettre la main sur son ami et le prend à part.

- Je dois bouger, est-ce que tu peux assurer la relève ?  » Il fronce les sourcils. « Je t’expliquerais, mais j’ai besoin de toi sur ce coup-là Russ…  » Il remercie son ami et lui promet dans la mesure du possible qu’il ne sera pas long. « Urgence familiale, si on te demande !  » Il pense aux autres pompiers qui pourraient demander où est passé le capitaine. Il retourne au vestiaire, récupère sa veste et ses clefs de voiture. Il sort et affronte les éléments jusqu’à sa voiture qu’il démarre et prend la direction de l’appartement d’Autumn. Il n’a toujours aucunes nouvelles d’elle et essaie de calmer la nervosité qui prend possession de son être petit à petit. Il n’aime pas cela, lui qui est passé maître dans l’art de maîtriser son anxiété parce qu’il n’a pas le choix en tant que pompier. Il arrive devant le bâtiment d’Autumn et se fige en voyant un poteau électrique effondré sur la façade nord de celui-ci. Le côté où se trouve l’appartement de la rouquine. Il ne prend même pas le temps de fermer sa voiture, il court vers le bâtiment et ouvre la porte d’entrée. N’ayant plus d'électricité, il dévale les escaliers jusqu’à arriver à son étage. Il défonce la porte d’entrée en quelques coups d’épaules. « Autumn ?  » Crie-t-il. « Autumn ?  » Demande-t-il une deuxième fois. Le poteau est tombé contre le mur et une partie de celui-ci s’est effondrée, des parties empêchent le pompier de voir et de passer de l’autre côté. Il commence par analyser la situation, s’assurer qu’en bougeant tels ou tels morceaux ça n'empire pas la situation. « Autumn, c’est Quino, tu m’entends ?  » Le cœur du pompier s’emballe. “Faites qu’elle n’ait rien…” Se répète-t-il en boucle.

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