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 oh, every night is like a daze (ginauden)

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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyVen 24 Jan 2020 - 14:06


Il se lève, il erre, il revient. Mes yeux ne lui font pas l'affront de le suivre alors que j'ai l'impression que peu importe ce qu'il fait, là, c'est qu'il en a besoin. Il a besoin d'inspirer aussi, je l'entends, son souffle résonne dans la ruelle en écho, puis il se pose, s'installe à côté. Son menton pique, l'os entre dans ma chair et je fronce du nez, mais jamais, jamais j'ajouterais quoi que ce soit. Parce que ce regard-là, celui qu'il me dérobe pour le dédier au vide, celui que je déteste envers et contre tout parce que je l'ai jamais vu l'avoir, ça, ça m'arrête. Ça me stoppe dans tout ce que je fais, dans tout ce que j'aurais bien pu faire.

Il avait un frère qu’il considérait comme un demi-Dieu. Il rêvait de marcher dans les pas des plus grands. Il accordait sa confiance à tout le monde. C’était un bon gamin, au fond.” habituellement, quand Auden parle de lui à la troisième personne, il m'arrache de longs soupirs exaspérés. Il le fait pour se vanter ou il le fait pour vanter son alter ego devant les inconnus qui comprennent rien. Il le fait pour statuer à quel point il est une entité, il le fait pour se marrer. Sauf que là, personne se marre, personne fait rien, du tout sauf respirer, et encore on a du mal. Mes inspirations se mélangent aux siennes quand je lui laisse toute la place dont il a besoin, les traits du crayon comme seule mélodie encore supportable quand chaque nouvelle seconde de son silence me donne l'impression qu'il est un bombe à retardement prête à exploser.

Il est jamais mal comme ça Auden. Sauf quand il rentre à l'atelier le lendemain d'une soirée de débauche à tout raconter dans les moindres détails ; mais là, c'est pas pareil. Y'a rien de pareil. ”Mais l’Auden de ce temps là a aussi fui à l’autre bout du monde quand il n’arrivait plus à nier qu’il avait un fils.” alors, il savait. Il savait y'a 19 ans, il savait pour son gamin avant maintenant. Je juge pas, j'en aurai jamais l'indécence, mais je comprends. Je comprends la sensation de vide d'être ironiquement et fatalement étouffante. Je comprends ce qui le fait suffoquer sûrement, ce qu'il ressassera tellement longtemps qu'il s'en rendra malade. C'est probablement même déjà le cas.

"J'ai tout foutu en l'air." « L'Auden de ce temps-là était un gamin bien au fond. » je reprends ses mots, insiste sur celui qui compte, le répèterai des dizaines de milliers de fois s'il le faut. « L'Auden d'aujourd'hui l'est encore plus. » au fond, au fin fond, derrière ses blagues salaces, derrière ses sourires piquants. Derrière ses crises de dramaqueen et derrière ses caprices. Ça, c'est qu'une fine carapace, c'est juste une coquille que j'ai réussi à craquer parce qu'il m'a laissée faire. Je lui en serai éternellement reconnaissante, surtout parce qu'il me laisse aussi lui répondre, à propos de tout ça. Parce qu'il l'aborde et s'il le fait, c'est qu'on a réussi. Il a autant confiance en moi que j'ai confiance en lui. « T'as eu peur de pas être à la hauteur. C'est pas la chose la plus facile à accepter, je sais que c'est pas facile, mais ça fait juste de toi quelqu'un d'humain. T'es pas invincible Auden, t'es pas sans failles, personne ne l'est. » si je l'avais appris y'a 8 ans, c'est un peu plus en paix que je l'aborde maintenant. « On t'a dit quelque chose, et tu l'as cru. Pour des raisons qui t'appartiennent. » il l'a cru, il a choisi cette version il le regrette, il le regrette tellement que j'en ai des frissons, que ma main qui s'est faufilé sur sa nuque, qui retrace l'encre sans même le voir ralenti le rythme, ralenti sa danse.

Et le carnet, je le pose à ma gauche, sur la table. Le carnet et le dessin que j'ai à peine entamé, celui qui n'est que la continuité de son tatouage, celui que je lui explique sans même savoir s'il m'écoute, ou s'il s'est enfoui à travers ses démons qui apparemment ont décidé de ressortir ce soir, de faire mal, tellement mal. À lui comme à moi. « C'est une lune, sur ta nuque. Y'a des étoiles aussi, y'a des lignes droites à travers. Ce sont elles, qui ont pris autant de temps parce que je voulais pas les rater. » la précision me semble obsolète, j'arrive comme je peux à ravaler le trémolo dans ma voix de le voir comme ça, de le connaître comme ça alors qu'à l'inverse, le nombre de fois où il m'a vue dans un état du genre se cumule. Il s'agit du pire retour d'ascenseur possible, à mon sens.

« T'as pas tout foutu en l'air. » la fatalité me frappe, je ravale durement. « T'as pas été là les 19 premières années, mais les 19 prochaines par contre, ça compte, non? » et j'essaie, de remonter son visage, j'essaie de rattraper son regard au vol, j'essaie tellement que j'y arrive, de force, mais j'y arrive tout de même. « C'est ok, d'arrêter de nier. » c'est ok d'arrêter d'attendre.
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Auden Williams
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le complexe de Dieu
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ÂGE : 40 ans. (25/12/1983)
SURNOM : Il répond à tout, surtout aux insultes.
STATUT : Dire à Ginny qu'il veut divorcer: check. Dire à James qu'il l'aime (à un moment pas opportun du tout): check.
MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder.
LOGEMENT : Le passage chez James a été aussi bref que chaotique, finalement. Il reste à l'hôtel en attendant de trouver autre chose.
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POSTS : 23422 POINTS : 90

TW IN RP : violences physiques et verbales
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui
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RPs EN COURS : (04)ginny #114james #18gabrielledamon #15


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willton #18 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.

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ginauden #114 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?

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damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.

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modeo #5 › young, dumb. now all the words are my own, but i don't want you to judge. i thought inspiration was all about fun, life's been eating me up it's poisoned my cup and if i leave the house, i'll get hit by a truck.

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famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.

RPs TERMINÉS : (beaucoup.)
cf. fiche de liens

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AVATAR : Richard Madden
CRÉDITS : tearsflight (avatar) › genuineviolence (gif) › harley (gif damon & james) › fuckyou (gif ginny) › louisbxne (gif ugo) › loonywaltz (ub)
DC : Swann, Lily, Rhett & Ambrose
PSEUDO : Kaelice
Femme (elle)
INSCRIT LE : 29/05/2019
https://www.30yearsstillyoung.com/t24284-auden-canicule-en-ete-mamie-va-y-passer
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyVen 24 Jan 2020 - 14:20



Mes yeux se ferment sur le vide et la seule chose que je souhaite, là, c’est retourner dans ma zone de confort et lui crier que cela n’avait rien à voir avec de la peur, que j’ai toujours été à la hauteur et bien plus encore, que bien sûr que si je suis invincible et que c’est elle, la si petite artiste, qui ne le sera jamais. Tout son discours je l’entends mais je le repousse, je ne le laisse pas prendre place dans mon cerveau, je ne le laisse pas s’installer parce que la seule erreur serait de lui donner raison et de commencer à douter de moi. Si je commence ce processus je ne peux pas en prévoir la fin et ça, c’est inconcevable. Elle a dû se tromper, elle a mal entendu ; je n’ai pas prononcé tous les mots qu’elle croit, je ne lui ai pas dévoilé des bribes de mon passé aussi impunément et si elle le sait c’est parce qu’elle l’a lu quelque part, parce que mon frère s’en est vanté dans un magazine quelconque que personne ne lit. Parce qu’Auden était un gamin bien mais il n’a plus rien d’un gamin ni plus rien de bon non plus.

Alors que je sens la chaleur monter jusqu’à mon visage, seuls ses doigts font office de barrière, glissants sur la peau en cours de cicatrisation de ma nuque. Elle ne me fait pas mal, pourtant, je sais qu’elle y veille. « C'est une lune, sur ta nuque. Y'a des étoiles aussi, y'a des lignes droites à travers. Ce sont elles, qui ont pris autant de temps parce que je voulais pas les rater. » Mes doigts viennent naturellement se poser près des siens pour suivre aveuglement les traces du tatouage qu’elle me conte ; je souris quand elle évoque les étoiles tellement c’était prévisible et attendu. Mon annulaire effleure à peine ma chair, je tente d’en distinguer les lignes sous mon index, celles là même qui sont encore légèrement gonflées. ”Tu ne les a pas ratées.” J’assure, d’un ton pourtant froid. Et je la sens, qui tremble, Ginny. Je l’entends, sa voix qui porte toute la tristesse du monde. Elle allait bien jusqu’à ce que je parle, me confie, fasse toutes ces choses que je n’ai jamais faîtes depuis les dix années qu’on se connaît. Sa réaction devient une nouvelle raison pour moi de reprendre mes démons, de les diminuer, de nier leur existence parce qu’elle n’a pas à souffrir pour mes erreurs. Elle n’a pas à changer son regard sur moi à cause de quelques minutes de vulnérabilité parce que je jure que ça n’arrivera plus jamais, je jure qu’elle n’aura plus jamais à chercher les mots justes pour me rassurer parce que plus jamais elle n’en aura besoin. Ce n’est pas son rôle, ce n’est pas le mien non plus. On ne fait pas ça, nous deux, et maintenant je comprends pourquoi.
Parce que ça fait un mal de chien.

« T'as pas tout foutu en l'air. » Arrête. « T'as pas été là les 19 premières années, mais les 19 prochaines par contre, ça compte, non? » Arrête. Je rigole dans un souffle parce que non, ça ne compte pas. Elle cherche à me faire relever la tête et je refuse, je m’enfonce encore un peu plus dans la chair de sa cuisse, je laisse encore un peu plus son genou me barrer la moitié du visage. Je refuse, je lutte ; mais elle gagne. Elle gagne une bataille mais certainement pas la guerre, parce que mon regard est un mélange de tout ce qu’on a pu vivre pendant ce voyage et qu’il est davantage triste plutôt qu’heureux. Il la toise, ne se dérobe pas, plonge le noisette de ses yeux dans les siens aux mêmes nuances. Ca me fait aussi mal à moi qu’à elle, que de petit à petit replacer une barrière entre nous parce que c’est mieux comme ça et que les autres scénarios ne sont pas acceptables. « C'est ok, d'arrêter de nier. » Et c’est de trop, ça. C’est vraiment de trop dans ce moment là parce qu’elle sait aussi bien que moi que le sujet n’est plus mon fils, qu’il vient de dériver à nous. Alors ça m’arrache un rire amer, qu’elle pense réellement ce qu’elle est en train de dire, qu’elle pense aussi que c’est le bon moment pour remuer le couteau dans la plaie. ”T’es bien placée pour savoir.” C’est quand il est au plus mal, Auden, que sa seule défense devient l’attaque et qu’il ne prend plus le temps d’évaluer les dégâts chez l’ennemi. C’est quand il est au plus mal, aussi, que tout le monde passe dans le camp ennemi. Sans exception.

Je ravale mes remords, crache ma fierté, me relève tant bien que mal même si j’aurais dû rester assis un temps encore. Mes yeux se posent un instant sur le carnet, mes doigts glissent sur le banc en bois et je fais désormais face à Ginny alors qu’on est à la même hauteur et que le rapport de force ressemble désormais bien plus à ce je préfère en temps normal. Il n’est plus question de blague pour le moment et j’enchaîne avec hâte, désireux de ne pas l’entendre répondre quoi que ce soit. ”Il y a une cage d’escalier au fond de la ruelle. Taguée du sol au plafond sur deux étages. Tu devrais aimer.” Et moi je reste là, je prends le temps qu’il me faut pour recommencer ce jeu qu’est devenu le nôtre il y a des années de ça. Un simple reboot, c’est tout ce dont j’ai besoin et après on n’en parlera plus, on n’en parlera plus jamais.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyVen 24 Jan 2020 - 15:42


T’es bien placée pour savoir.non. Il y a une cage d’escalier au fond de la ruelle. Taguée du sol au plafond sur deux étages. Tu devrais aimer.non, Auden, non, va pas là, réagit pas comme ça.

Mais c'est trop tard. C'est trop tard et il se lève et mes doigts sont froids et c'est stupide que je réalise ça, que je réalise que depuis qu'il a repris les siens je tremble. Ou alors je tremblais avant, sûrement, j'ai pas remarqué ça aussi, je remarque rien là. Rien d'autre sauf lui, rien d'autre et juste lui.

« Pourquoi tu fais ça? »
Pourquoi tu fais toujours ça?
Pourquoi tu fais ça avec moi?

Pourquoi c'est un pas en avant pour 2km de course en arrière? Pourquoi c'est si difficile pour lui d'entendre qu'il n'a pas tout foiré, qu'il est quelqu'un de bien, qu'il a une chance à nouveau, qu'il en aura toujours une s'il la veut? Pourquoi est-ce qu'il faut que je me batte pour le lui faire comprendre quand dans ma tête c'est clair, si clair qu'il n'y a absolument aucune chance que je me lève, que je quitte le banc, que je le quitte également.

« Y'a personne d'autre Auden, y'a juste nous. » la ruelle est vide, Berlin est au beau milieu de la nuit, et même si les murs sont taggés de visages à perte de vue, d'yeux qui nous fixent de tous sens et de tous côtés, c'est que nous là, c'est juste moi. « Pourquoi est-ce que c'est si difficile à entendre, qu'il est pas trop tard? » ma voix n'accuse pas, ma voix est calme, mais mon regard, oh mon regard. Il le fixe et il le toise. Si j'avais gardé une distance par pudeur, si j'avais tout fait pour tenter de ne pas aller scruter ce qu'il cache, ce qu'il voile dans ses yeux passés de marron à noir en un claquement de doigts, là, c'est plus du tout le même scénario. « Pourquoi est-ce que t'attaques? Pourquoi est-ce que tu penses qu'on t'attaque tous en retour?» pourquoi est-ce que t'es si proche, si proche du but que t'aurais pu lui toucher du bout des doigts ; et que d'un seul coup t'as pas voulu?

« C'est moi Auden, c'est que moi.» et même si l'inverse est entièrement vraie et que jamais je ne croirais que lui m'attaque lorsqu'il gratte une de mes dizaines de milliers de cassures, lorsqu'il soigne une de mes infinités de fissures, il m'a jamais laissé faire. Il m'a jamais laissé aider, il me laisse jamais être dans son équipe dans les moments où je veux que ça, où je ferais tout pour mériter que ça. Il le sait, il le sait à quel point je demande rien de plus, il le sait à quel point il pourrait exploser, il pourrait crier, il pourrait tout casser que je serais là, que je bougerais pas. Et pourtant là, il en doute. Ça me brise le coeur, mais il le verra pas, il le verra pas parce qu'il est en train de reconstruire le plus haut et le plus épais mur entre nous deux qu'il aura construit de toutes nos vies.

Y'a personne d'autre Auden, y'a juste nous.

Time's up. Au fond de la ruelle, on les entend. Ils sont deux, ils rigolent, ils chuchotent. Y'a une fille, ses talons claquent sur la pierre, elle dit des trucs en allemand qui lui donnent l'air d'être fâchée en permanence alors qu'elle doit juste susurrer des mots doux. Des mots doux à l'oreille de son copain, un grand brun aux cheveux emmêchés, il a 20 ans à peine, probablement moins, bras sur les épaules de sa copine, il rit aussi. Il rit et à un moment il dérive vers nous, elle nous sourit, je les vois même pas. Mais je les entends, quand lui, il pique nos valises, quand elle, elle pique mon sac, et quand leurs pas deviennent une course entre les dédales de la ruelle.
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyVen 24 Jan 2020 - 16:44



Elle ne va pas aller la voir, la cage d’escalier. Elle ne va pas y aller puis elle va regretter, parce qu’elle aurait adoré. J’ai utilisé le conditionnel mais je sais qu’elle l’aurait aimé, cette foutue cage d’escalier qui n’est qu’à dix mètres derrière nous, qui ne lui aurait demandé aucun effort de plus et qui lui aurait évité de prononcer tous ces mots. « Pourquoi tu fais ça? » Va pas là. Fais pas ça non plus, dis pas ça.

C’est pas le bon moment, là. C’est tout sauf le bon moment Ginny. Et même si je sais qu’elle ne cherche pas à me faire mal à mon tour, c’est comme ça que je le ressens quand elle me renvoie des questions pour lesquelles je ne lui répondrai jamais et qu’elle le sait. On se fait face comme deux combattants ennemis alors qu’on est tout sauf ça, qu’on sera tout sauf ennemis quoi qu’il puisse bien se passer. Sa voix est douce mais ça n’empêche pas ses mots de piquer, mes yeux d’être assassins et la fenêtre de mon âme.

« Y'a personne d'autre Auden, y'a juste nous. » Ca ne change rien, ça. Mais si, oui, peut être qu’en Australie ça change tout, que ça change absolument chacune de mes réactions et chacun de mes regards mais pas ici alors qu’on se fond si facilement dans la masse. On pourrait être qui on veut, ici. Des amants maudits, des peintres tourmentés. On pourrait être absolument tout mais ça ne change rien au résultat final : j’aurais eu la même réaction même si j’avais été seul. J’aurais été aussi dur, même si j’avais été seul parce que la faiblesse n’est pas un scénario acceptable, peu importe le contexte. Jamais. « Pourquoi est-ce que c'est si difficile à entendre, qu'il est pas trop tard? » Y’a un rire nerveux, là, qui sort. Elle se donne encore le droit d’avoir de l’espoir alors que je suis déjà bien trop extenué de devoir ramasser les morceaux ensuite, quand l’espoir se sera avéré n’être qu’un rêve fou.

Même si elle ne le veut pas, elle sait où attaquer pour faire mal. « Pourquoi est-ce que t'attaques? Pourquoi est-ce que tu penses qu'on t'attaque tous en retour?» Et même si elle ne le veut pas, elle le fait. Je ne répondrai pas à ça parce que ça ne serait pas la bonne chose à faire. Parce qu’un jour elle comprendra que tout le monde finit par attaquer, même ceux avec qui on partage notre sang et une vie ; elle est mieux placée que personne pour le savoir. Son mécanisme de défense à elle est à l’opposé du mien. Mon regard se décontenance à chacun de ses mots, mon corps entier prie pour que le supplice prenne rapidement fin parce que c’était justement pour ça que je ne la voulais pas auprès de moi maintenant. C’est juste trop difficile à supporter. « C'est moi Auden, c'est que moi.» C'est moi aussi, et c'est bien ça le problème.

Mon corps tout entier ne souhaite que la prendre dans mes bras, réchauffer ses doigts tremblants, devenir son cocon protecteur contre tous ceux qui s’obstinent à s’acharner sur elle et sur Noah. Mon corps lui ferait comprendre tout ce que j’ai tant de mal à lui dire par les mots ; tout ce qu’au final je ne lui ai jamais dit parce que ça a toujours été bien au delà de mes capacités. Ni l’un ni l’autre ne se mettent finalement d’accord sur autre chose que la construction d’un nouveau mur. Si haut, si épais ; bien plus que tous les autres avant lui. Y’a des fissures dans mon âme, dans mon corps ; il faut au moins ça pour cacher la misère, pour sauver les apparences qui peuvent encore l’être et je mets toute mon énergie dans ce projet là parce qu’il est mon dernier espoir.
Ca fera un bruit énorme, quand il s’écroulera, quand elle comprendra qu’il a été construit à la hâte et qu’il n’a jamais rien signifié. La déflagration se fera ressentir de loin, très loin.

Sans doute que j’aurais abandonné la construction du mur, si les gamins n’étaient pas arrivés. J’aurais fait un pas vers elle et je sais qu’elle m’aurait rattrapé, qu’elle aurait fait le second et tous les autres ensuite rien que parce qu’elle en est capable et que je ne l’ai jamais été, ne le serai jamais. Je sais que ça se serait passé comme ça comme je sais aussi que ça se passerait tout aussi, si je lâchais un peu du lest pour une fois de ma vie. Avec elle, juste avec elle. Mon regard se radoucit et s’il brille ce n’est pas à cause des néons, ce n’est pas parce que j’ai une poussière dans les deux yeux en même temps non plus. Si ma gorge se noue encore un peu plus aussi, ça a tout à voir avec notre discussion à sens unique dans laquelle elle est la seule à participer. Je ne dis toujours rien, pourtant, et la seconde suivant c’est derrière le garçon que je m’élance, malgré tout.

Il y a encore son cadeau dans ma valise, nos cadeaux déjà échangés, et tous ses livres. Et je sais qu’elle y tient, à tout ça. Je le sais autant que ça me donne une excuse parfaite pour me dérober à la discussion une bonne fois pour toute et rattraper rapidement le gamin, largement ralenti par les deux valises derrière lui et les centaines de kilos de livres qui n’étaient sûrement pas prévues dans son plan. Je n’ai clairement pas son endurance mais à la seconde où il perd son temps à jeter un coup d’oeil en arrière, ma main vient se poser autour de son col et il se retrouve au sol, le gamin. Le gamin. Ils se ressemblent tous, ces putains d’européens. Il a la même mâchoire carrée, les cheveux bruns légèrement bouclés et les yeux bleus de sa mère. Il a son âge et mon poing levé est tremblant, à quelques dizaines de centimètres de son visage. Si ça avait été qui que ce soit d’autre j’aurais frappé parce que c’est la seule chose dont j’ai besoin, maintenant. Pourtant il est son portrait craché, il lui ressemble bien trop et moi je me sens bien trop coupable aussi. La fille vient à son secours, hurle des mots que je ne comprends pas, laisse le sac de Ginny voler un instant dans les airs avant qu’il ne vienne s’écraser près des valises. Mon poing se délie peu à peu, mon autre main desserre la pression exercée autour de son cou et il tousse longuement avant de retrouver respiration et couleur de visage normales. Je dégage totalement mon emprise la seconde suivante, me relève le premier alors qu’il ne se fait pas prier pour en faire de même la seconde qui suit. Je suis certain que lui aussi est un bon gamin, au fond, même s’il détale en quatrième vitesse sous la lumière jaune des néons.

”On devrait rentrer.” J’ai plus de blague, j’ai plus rien en stock là et mon bras tout entier tremble encore bien trop pour que je me concentre sur quoi que ce soit. On rentre, on ne parle pas, on repousse à demain la mise à zéro des compteurs parce que cette fois ci on aura besoin de la nuit pour faire redescendre la pression. Et demain sera un nouveau jour dans lequel tout ira bien et tout aura été oublié.
Sans la regarder, je commande notre prochaine destination Uber, appuyé contre le mur comme seul support pour ne pas tomber parce que ce n’est toujours pas le bon moment.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyDim 2 Fév 2020 - 19:54


C'est une joute de regards comme les dizaines d'autres qu'on a quotidiennement, ç'aurait pu tout du moins. Entre lui qui a pris la dernière tasse de café et moi qui ne fonctionne jamais bien si je n'en ai pas bu 5 d'affilé. Entre moi qui ai invité un nouvel artiste à venir à l'atelier, le genre à la passion pour l'aquarelle qu'Auden tentera de voir à quel point il peut briser rien qu'à me cerner. Entre lui qui est arrêté à un feu rouge et qui veut le griller parce qu'il est hors de question qu'il laisse le gamin dans la voiture d'à-côté lui faire de l'attitude et moi qui tiens à ne pas creuser un autre trou dans mon jardin pour enterrer ses contraventions cumulées avec le temps qu'il ne paiera jamais par soucis de rébellion constante contre l'autorité.

Et j'en ai rien à faire, de nos valises. Strictement rien à faire de mes livres achetés en mille exemplaires. Son pull de Noël que j'ai mis dans l'avion parce que la clim me donnait mal à la gorge, le reste peut bien s'enfuir à la course avec les deux ados que j'aurais jamais remarqués anyways, si Auden n'était pas parti à leur poursuite. Il prend la fuite au sens figuré comme littéral et c'est un soupir, long, qui en fait mal tant il est senti que je sens glisser sur mes lèvres. Son carnet que je prends précieusement entre mes paumes gelées, ses pas que je refais à l'inverse, détestant la suite avant même de la vivre, détestant la scène avant même de la voir. Ils sont là, eux deux, elle arrive ensuite, elle hurle, il se détache. Il voulait frapper Auden, il était prêt, il attendait que ça et il y allait - mais il l'a pas fait. Et je sais, je sais pertinemment qu'il me détesterait de penser ceci, qu'il le rattraperait par le collet pour le démonter s'il m'entendait réfléchir, qu'il le démolirait rien que pour prouver son point - mais voilà. Il ne le fait pas. Il le laisse aller. Il le laisse partir et son souffle est rauque et le mien halète d'avoir couru jusqu'à eux et jusqu'à lui. Mais il n'y a pas toute sa rage qu'il expie sur qui que ce soit. Il ravale et j'ignore si je suis fière de lui ou si je suis terrifiée de ses raisons. Un peu des deux, évidemment.

On devrait rentrer.” on devrait faire bien des choses, oui. Mais rentrer me semble être la priorité aussi, quand je me pose à côté de lui, les quelques centimètres de distance entre nos deux silhouettes qui font du sens autant qu'ils font mal. La seule chose que je m'autorise sera de poser ma main sur son bras une fraction de seconde avant que la voiture arrive, que le Uber ralentisse à notre hauteur. Je l'y laisse jusqu'à ce qu'il ne tremble plus.

***

Mes mèches humides sont collées à ma nuque, je scrute tout, mémorise tout, je prends le temps de tout voir, de tout observer, de tout imaginer aussi. Quand mes prunelles caressent mon reflet dans le miroir, quand le brouillard que la douche bouillante que je viens de prendre commence à se diffuser. Mon t-shirt n'est pas rebondit, ma silhouette n'a pas changé, mon bas de pyjama me fait encore parfaitement et pourtant - je m'accroche à chercher les moindres changements, à les remarquer coûte que coûte.

Comme ça, je ne pense pas à lui. Comme ça je ne lui fais pas l'affront même silencieux de ressasser ses paroles, de tenter de le comprendre, de tenter de défaire les noeuds qu'il ne m'autorisera plus jamais à voir de si proche, j'en suis persuadée. Ça, c'était la seule et unique fois. Alors je pense à moi, à mes peurs, à mes doutes, à tout ce qui me ronge. Je m'effraie et je me terrorise et je m'enrage et je me pousse à bout, rien que pour ne pas penser à lui. Et j'y arrive, un temps. Pas assez à mon goût, mais suffisamment.

Je laisse sur une chaise la serviette qui m'a servi à essorer mes cheveux, le repère au salon à faire je sais pas quoi, il me tourne le dos de toute façon. « J'ai fini ton dessin. » qu'elle est inutile, Ginny, qu'elle cherche ses mots, qu'elle sert à rien, là de suite, là maintenant. Le carnet entre mes paumes, je le dépose sur la table basse, prends bien garde à laisser un bon mètre entre sa bulle et la mienne beaucoup plus pour lui que pour moi. « Et je suis désolée. Pour tout. » je lui fais pas l'affront de remettre des mots sur son mal, de répéter les questions qu'il a détesté entendre autant que j'ai détesté poser. Il pourra passer mes excuses sur le fait que j'ai laissé les valises sans surveillance tiens, ça fera une bonne raison de m'en vouloir, un excuse suffisante pour justifier son silence des prochains jours.

« C'est juste - » c'est juste que c'est pas tes affaires Ginny. « - que rien. » c'est pas ta scène, c'est pas ta place, ça le sera jamais. Arrête, tout de suite. Et va dormir.
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Auden Williams
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ÂGE : 40 ans. (25/12/1983)
SURNOM : Il répond à tout, surtout aux insultes.
STATUT : Dire à Ginny qu'il veut divorcer: check. Dire à James qu'il l'aime (à un moment pas opportun du tout): check.
MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder.
LOGEMENT : Le passage chez James a été aussi bref que chaotique, finalement. Il reste à l'hôtel en attendant de trouver autre chose.
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TW IN RP : violences physiques et verbales
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui
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willton #18 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.

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ginauden #114 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?

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damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.

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modeo #5 › young, dumb. now all the words are my own, but i don't want you to judge. i thought inspiration was all about fun, life's been eating me up it's poisoned my cup and if i leave the house, i'll get hit by a truck.

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famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.

RPs TERMINÉS : (beaucoup.)
cf. fiche de liens

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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyDim 2 Fév 2020 - 20:02



Je trie les photos tout en rageant, en supprime la majeure partie d’entre elles parce qu’elles me semblent soudainement toutes êtres aussi inutiles que beaucoup trop lumineuses, trop joyeuses, trop pas dut tout moi. De deux mille on passe à mille, on passe à trois cent, on passe à cent. Il n’en reste plus beaucoup, à force, et si j’avais eu l’appareil dans les mains quelques minutes de plus encore il est presque certain que je les aurais toutes supprimées. « J'ai fini ton dessin. » J’avais entendu ses pas sur le parquet mais je n’aurais pas cru qu’elle allait parler. J’aurais cru qu’elle allait aller dormir, qu’elle allait simplement passer au jour suivant comme moi je comptais le faire. Pourtant, là, avec ces mots, avec cette intonation là de voix ce n’est pas elle. C’est Léo que j’entends derrière moi. C’est Léo qui m’aborde avec des pincettes, qui reste à mille mètres de moi parce qu’il a peur de ma réaction, qu’il a une voix plus douce qu’à son habitude de peur de me surprendre, de peur de ne pas aimer ma réaction. Ce n’est pas Ginny qui me prend avec des pincettes, qui m’infantilise. Jamais elle ne fait ça, jamais je ne lui aurais demandé de le faire. Jamais je n’aurais cru qu’elle le ferait. Ce n’est pas nous, ça. Je me dis que paradoxalement, la seule chose qu’elle peut voir de moi c’est elle, c’est ce qu’elle a tatoué dans ma nuque et ce pour quoi je ne l’ai pas remercié, même si j’admire l’alchimie des motifs sans même les avoir vu.

J’entends le carnet glisser sur la table mais j’ai toujours les yeux perdus sur la fenêtre, sur la Tour de Télévision dont j’ai absolument rien à foutre. Ses pas ne se font plus entendre, sa voix provient toujours du même endroit. Ca me fait mal que de savoir qu’elle est arrivée au maximum, là, alors qu’elle se tient si loin de moi et que je pensais qu’on avait réussit à franchir tant de barrières pendant ce voyage. « Et je suis désolée. Pour tout. » Ginny qui s’excuse pour tous les maux du monde alors qu’elle n’est la source d’aucun. Ca m’enrage de la savoir faible, ça m’enrage encore plus de savoir que je suis la cause de ce retour en arrière. « C'est juste - » Mon coeur s’arrête. Parce qu’il a peur. Il a peur d’encore entendre des mots qu’il ne veut pas entendre, des mots qui font mal. « - que rien. » Je suis soulagé autant qu’en colère. Que tout, c’est juste que tout. Justement, c’est ça le problème. Ca a toujours été tout blanc ou tout noir, mais jamais ô grand jamais on a su faire tout blanc. On est dans le tout noir, on est dans le tout.

Pourtant je ne peux pas rejouer le même scénario, je sais que cette fois ci je ne peux pas lui faire face parce que je ne me suis pas remis de la dernière fois. Je comptais sur une nuit de sommeil pour qu’on se change tous les deux les idées, pas sur un simple trajet en Uber. On a besoin de beaucoup plus. Alors je souffle un instant, sans bruit, m’autorise une dernière fois à fermer les yeux devant la fenêtre avant de me retourner. Quoi qu’elle fasse, Ginny, elle a toujours les cheveux en bataille. C’est une faculté qui lui est propre, laquelle je ne manque pas de toujours lui faire remarquer en râlant. Le salon faisant aussi office de chambre pour mon canapé lit, c’est sans un mot de plus que je viens me placer sous les draps, le visage toujours aussi fermé alors qu’elle a pourtant tenté de me parler du carnet et du dessin. Ce n’est pour autant pas le moment et je lui en reparlerai seulement quand je serai prêt, pour ne rien gâcher encore une fois. ”Dors avec moi.” Ce sont les premiers mots que je lui adresse depuis que j’ai appelé notre Uber, c’est aussi le premier regard que je garde planté dans ses yeux depuis bien longtemps. C’est la première et la dernière faveur que je lui demanderai, parce que à l’instant c’est tout ce dont j’ai besoin. Personne n’aura à parler, personne n’aura à dire un seul putain de mot et ça sera parfait. Ca sera une longue étreinte, ça ne voudra rien dire, ça ne mènera à rien non plus. Ma voix est douce, n’a plus rien à voir avec celle dont je lui avais parlé la dernière fois ; le reboot est en cours.


☼ ☼ ☼


On a vu des musées bizarres, on a (j’ai) bu des bières bizarres, on a vu du street art de partout, on a vu Trump embrasser Poutine. On a absolument tout vu, tout arpenté. On a vu la porte de Brandebourg. On a tout vu, sauf les mémorial. On a vu le mur mais pas son musée, on s’est contentés des graffitis sur le béton. Jusqu’à aujourd’hui. C’est l’avant dernier jour, on rentre demain au pays et tout sera terminé. On repart demain soir ; et dans un peu plus de quarante heures on fera comme si rien n’avait existé.

En plus, on a un guide pour la journée. Sur la pyramide des mauvaises idées de voyage, celle ci est en tête. Il est nul, il raconte n’importe quoi et en plus de tout ça : il a une sale gueule. Je le tiens en grippe depuis ce matin et passe mon temps à le contredire ou juste l’emmerder, comme je l’aurais fait avec n’importe qui d’autre en Australie. Pourtant cette fois ci on est passés devant un Starbucks et elle n’a pas pu s’empêcher de commander un mix de tous ses goûts préférés en pensant naïvement que si elle les aimait individuellement, elle les aimerait tous ensemble. Ca s’est avéré faux alors elle a pris le mien, elle a pris mon café et elle en est à son quatrième de la journée ce qui signifie qu’elle ne va jamais dormir et qu’elle est intenable. J’ai soufflé, j’ai levé les yeux au ciel, j’ai fait des signes de main mais j’ai quand même échangé mon gobelet (Odenne) contre le sien, déjà collant de sucre alors qu’elle ne l’a tenu que quelques secondes à peine, Genni.

Rapidement plus aucun de nous deux n’en a quoi que ce soit à faire de son gobelet, lors qu’on arrive à un Mémorial alors qu’aucun de nous deux n’écoutait plus ce qu’il avait fini par raconter. Les stèles de béton s’étendent sur plusieurs mètres, paradoxalement rangées et en désordre à la fois, aussi immenses que minuscules, de toutes tailles mais d’une seule forme. Et même Odenne se sent petit, maintenant, alors que le guide raconte une énième histoire que je n’écoute encore moins.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyDim 2 Fév 2020 - 22:50


J'avais pas le droit, et je l'ai pris. C'est la seule chose que j'arrive à me dire, que je me répète sans cesse, en voyant où on en est. J'avais pas le droit d'insister, j'avais pas le droit de lui poser des questions, j'avais pas le droit de prendre pour acquis que j'aurais des réponses. Je le prends, de plus en plus, le droit. Parce qu'à l'inverse moi je le lui laisse, toujours, et parce que j'y ai cru un peu trop sûrement, qu'à son tour il le ferait. Que le voyage lui avait permis de le faire tant de fois déjà, que ç'en était qu'une de plus, qu'un pas de plus dans la bonne direction, la nôtre. J'ai pas envie de le changer et c'est pourtant l'impression amère que j'ai en bouche, à fixer sa nuque tatouée de mes doigts. Le goût dégeulasse qu'aucun café sucré, qu'aucun bol de coco pops, qu'aucun fairy bread ne changera jamais ; celui que j'ai brusqué qui il était, que j'ai pas pu me contenter de ce qu'il me donnait, que j'en voulais égoïstement plus, que je suis allée trop loin, que j'ai tout perdu.

Il a pas besoin de changer Auden, je veux pas qu'il change. Je veux qu'il reste lui avec ses démons et avec sa rage, je veux qu'il reste lui parce que je le connais et parce que je sais qui il est et parce que c'est suffisant ça l'a toujours été. Je veux juste qu'il voit ce que moi je vois. Je veux pas qu'il change parce qu'à mes yeux il a pas besoin de mettre des masques et de construire des barricades et de s'inventer des personnages, parce qu'à mes yeux même avec toutes ses imperfections il est parfait. Je veux juste qu'il aille mieux. Je veux juste qu'il veuille aller mieux ; mais c'est pas à moi de vouloir ça, et c'est pas à moi de le secouer pour qu'il le veuille autant que moi. C'est à lui, c'est à son rythme, et le mien n'a pas d'affaire à vouloir impacter quoi que ce soit du sien.

Son silence occasionne une nouvelle vague de doigts triturés et de lèvres pincées, d'intérieurs de joue mordues, la totale de l'inconfort qui me suggère que je vais penser à ça toute la nuit. What else is new. Dors avec moi.” il s'est retourné Auden, il me fait face. Et y'a tellement de choses que je veux lui dire, j'ai tellement d'excuses encore, j'en aurais pour des heures à être désolée. Mais je dis rien, absolument rien. Il en a déjà tant dit, il en a déjà tant dévoilé que je servirais à rien d'ajouter quelques mots que ce soit. Mon regard ne le quitte que lorsque je file à ma chambre, mes prunelles qui ne le retrouvent que quand je reviens au salon, oreillers sous les bras, couvertures sur le dos.

Et je m'installe sous ses draps, pose un oreiller de plus sous sa tête, trois sous la mienne, réorganise les couvertures pour qu'on ait chacun le même et bon ratio des orteils aux épaules. Ses épaules que je recouvre d'un énième plaid avant de poser la tête sur l'oreiller derrière lui, refaire le trajet des lignes de son tatouage que je vois maintenant parfaitement, lui qui est éternellement dos à moi, on dirait, depuis le début de la soirée.

« Je pars à la seconde où tu ronfles. » que je murmure à son oreille, faussement intransigeante. La vérité, c'est qu'il ne ronfle pas. Qu'il ne ronflera pas même lorsqu'il arrivera enfin à s'endormir, moi qui reste éveillée jusque là. Il ne ronflera pas au beau milieu de la nuit, quand la lune est rendue parfaitement alignée avec la Tour de la Télévision que je vois par la fenêtre quand mon regard quitte son visage pour filer par-dessus sa silhouette endormie. Je reste éveillée aussi longtemps que j'y arrive, pour m'assurer qu'il dort, qu'il reprend des forces, que son visage arrête d'être contracté, qu'il finit par détendre sa mâchoire, qu'il finit par mieux respirer.

Quand le cadran au mur indique qu'il ne reste qu'une heure ou deux à peine avant le lever du soleil, je finis enfin par caler ma tête un peu plus sur l'oreiller. Ma respiration se calque à la sienne, elle est plus naturelle, plus fluide aussi. Une main qui s'égare doucement dans ses mèches rien que pour ne pas lui tirer les cheveux lorsque je me poserai plus confortablement à une poignée de centimètres à peine de lui, le nez caché dans sa nuque, à me répéter une dernière fois combien je l'aime comme il est, combien il devrait s'aimer autant lui aussi.

***

J'ai des carnets remplis d'idées. J'ai la tête qui déborde, j'ai une liste qui ne finit plus de grandir, j'aurais jamais pensé que Berlin surpasserait Paris mais c'est le cas, tellement. Il n'y a pas eu une journée où j'ai pas parcouru plusieurs dizaines de kilomètres à pied à traîner Auden qui râle sur les derniers rien que pour refaire le trajet, rien que pour tout voir encore et encore. J'y ai pensé, à un moment, au fait que j'étais probablement proche de saturer, que trop d'inspiration, que trop de sensations c'est pas l'idéal, que j'allais finir par exploser créativement parlant à un moment ou un autre. Surstimulée ou je sais pas, je sais plus, j'oublie ça aussi, quand j'essaie de rajouter au semblant de plan une autre rue, un autre musée à visiter parmi l'infinité qui nous reste à faire.

Et c'est ma faute, si on a pris un guide. Il me le reprochera pendant des années, je sais, mais c'était plus fort que moi. Je pouvais pas partir sans avoir l'impression d'avoir tout vu, d'avoir tout fait. J'aurais pas pu tolérer une impression d'inachevé quand l'ironie est que j'écoute même pas ce qu'il dit depuis le début du tour pour juste laisser mes prunelles divaguer sur les bâtiments, scruter les structures, errer loin du groupe pour que Williams finisse par me rattraper par mon sac à dos et m'en rapprocher un nombre incalculable de fois. Odenne goûte meilleur que mon horreur mais j'arrête pas de jeter des coups d'oeil à Genni en me disant que peut-être une autre gorgée me réconciliera avec le sirop noisettes, le crémage cupcakes, la crème fouettée vanille-coco et le surplus banane qui sait.

Puis, c'est immense. C'est immense et c'est à perte de vue et ça presse, sur ma poitrine. J'ai perdu le fil de ce qu'ils racontent tous depuis de longues minutes déjà, mes Converse se sont perdues elles aussi quand je tourne à gauche par instinct mais qu'eux sont à droite. C'est pas grave, je les rejoindrai dans une minute, je les retrouverai par leurs voix, c'est pas grave que je me dis, quand un tournant et un autre me ramène dans leur sens opposé sans que je le réalise, sans que je m'en dérange. Yet.

Mais les monuments sont gigantesques, et leur signification l'est toute autant. J'ai envie de tout voir et pourtant je peux pas, je peux pas voir tout ça. J'ai envie de tout lire, je tente, mais les mots me font mal, à la tête, au coeur, au ventre. Ça faisait presque un an, depuis la dernière fois. Presqu'une année complète depuis les dernières palpitations, depuis les derniers vertiges qui s'y associent, depuis ma dernière crise de panique. Ça commence, ça s'immisce, c'est pas normal, mes paumes sont moites mais ma gorge est sèche, mon regard le cherche, cherche que lui, ma voix s'étouffe aussi. « Auden? »

Je l'entends, je pense, derrière. Ou devant. Je l'entends qui parle et je parierai presque qu'il se dispute, je sais pas avec qui, j'en fronce les sourcils d'inquiétude, pour lui comme pour moi. « Aude? » ma voix se casse, je veux prendre appui mais j'oserai jamais toucher aux structures, je m'en tiens loin. Elles sont partout et moi je suis nulle part, et moi je suis rien, et moi je tourne en rond, et moi je suffoque, et moi j'ai besoin de lui, et j'angoisse à l'idée qu'il ait besoin de moi aussi.
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willton #18 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.

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ginauden #114 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?

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damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.

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modeo #5 › young, dumb. now all the words are my own, but i don't want you to judge. i thought inspiration was all about fun, life's been eating me up it's poisoned my cup and if i leave the house, i'll get hit by a truck.

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famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.

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AVATAR : Richard Madden
CRÉDITS : tearsflight (avatar) › genuineviolence (gif) › harley (gif damon & james) › fuckyou (gif ginny) › louisbxne (gif ugo) › loonywaltz (ub)
DC : Swann, Lily, Rhett & Ambrose
PSEUDO : Kaelice
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INSCRIT LE : 29/05/2019
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyDim 2 Fév 2020 - 23:15



Elle ne partira pas. Je sais que même si elle annonce « Je pars à la seconde où tu ronfles. », elle ne partira pas. Elle l’a déjà prononcé mille fois, cette menace la ; mais jamais elle ne s’est concrétisée. Elle n’est jamais partie, pas quand parfois je l’aurais voulu, pas quand souvent j’avais besoin de sa présence à mes côtés. Je pourrais me plaindre de son souffle qui me chatouille la nuque et me donne envie de me gratter, je pourrais me plaindre de son orteil froid que je sens contre ma cheville, je pourrais me plaindre de n’avoir eu le droit qu’à un seul coussin de plus alors qu’elle en a trois. Je ne fais rien, pourtant, alors que je reste dos à elle et mes mains rapprochées de mon torse, alors que celle qui va bien tient toujours aussi fermement le poignet malade.

Je n’entends pas sa respiration se calmer parce que je m’endors le premier, égoïste que je suis, avide d’une nuit de sommeil pour tout oublier encore une fois. Ma respiration est totalement apaisée le lendemain, quand je sens son nez dans ma queue, quand je sens ses mains entortillées entre elles dans mon dos. Elle est restée, encore une fois, alors qu’elle avait toutes les raisons du monde de plier bagages pour ne plus jamais se retourner. Cette nuit s’ajoute à toutes les autres raisons pour lesquelles je lui dois bien plus que ce qu’elle ne pourra jamais imaginer et je jure qu’un jour je lui dirai, je jure qu’un jour je lui conterai à quel point elle est importante dans ma vie.

La nuit suivante et toutes celles qui ont suivi ensuite, c’est naturellement qu’elle passait plusieurs minutes à réarranger la pile de couvertures qu’elle a su trouver je ne sais où. La nuit suivante et toutes celles qui ont suivi ensuite, je ne lui faisais pas dos. Je voyais son visage s’apaiser en même temps que les minutes défilaient, priais pour que cet instant devienne éternel rien que parce que quand on était comme ça tout allait bien. Tout ce que j’ai jamais voulu, c’est prolonger ce présent qui n’avait aucun futur. Peu importe ce qu’il s’était passé ou s’était dit dans la journée ; le soir tout allait bien, le soir j’avais le droit de prendre ses mains dans les miennes, j’avais le droit de m’endormir avec une main dans ses cheveux alors qu’elle avait sa tête posée sur mon torse. Le soir on avait le droit de tout, rien que parce qu’on en parlait jamais ensuite. Je ne lui ai jamais redit les mots qui comptent tant pour moi, ai pris sur moi pour ne pas gâcher ce moment parce que je sais que si elle les entendait à nouveau elle ne pourrait pas les mettre sur le compte d’un simple rêve deux fois de suite.

☼ ☼ ☼

Les choses peuvent basculer si rapidement. J’avais mon bras autour de ses épaules, je m’amusais à lui crier de regarder tantôt à droite tantôt à gauche comme s’il se passait quelque chose d’incroyable, je lui tirais les cheveux, je mettais ma main sur son visage et m’amusais de ses joues rien que parce qu’elle déteste ça, je faisais semblant de lui faire un croche patte avant de toujours la rattraper au dernier moment, juste au cas où ses doutes compte à son état soient fondés.

Mais la seconde d’après j’ai regardé d’un côté et elle de l’autre, j’ai lâché son épaule et me suis arrêté alors qu’elle a continué. Pendant une seconde, une simple seconde on a arrêté d’être sur la même longueur d’onde et je l’ai perdue de vue. Je l’ai perdu au milieu des stèles, je me suis enfoncé trop profondément de manière à ce que la lumière du jour ait du mal à s’immiscer jusqu’ici. Je la sens, même, la différence de température, le froid, l’humidité, le son qui se propage avec bien plus de difficulté dans le creux de cette scène. Ce n’est pas si grand de l’extérieur mais de l’intérieur ça l’est. Je me sens minuscule, je me sens inexistant au milieu de tout ça. Le tout fait renaître les peurs de l’enfant que je n’ai jamais cessé d’être et je l’entends l’Auden qui ne parle qu’italien avec sa voix perçante, qui refuse qu’on ferme la porte de sa chambre parce qu’il va se sentir étouffer. Le groupe continue d’avancer et moi je m’arrête, parce qu’elle n’est déjà plus là.

Les voix du groupe s’éloignent pour ne jamais revenir et même leur écho finit par se perdre. La nuit est amorcée, le ciel est rose mais à l’instant ça n’a plus rien de poétique. « Auden? » J’ai beaucoup trop chaud alors que les températures sont en négatives, ma poitrine se soulève à un rythme tout ce qu’il y a de plus anormal alors que ma mâchoire est serrée, coincée, que l’air doit se contenter de passer par mon nez. C’est bien trop insuffisant, il vient à manquer et ma tête tourne. Je reviens sur mes pas mais n’arrive rapidement plus à en faire beaucoup, reste toujours incapable de me reposer sur les pierres pour autant. Elle appelle, Ginny, pourtant. Elle m’appelle et tout dans sa voix m’informe qu’elle ne va pas bien, que c’est normalement le moment où j’entre en scène derrière elle pour lui prouver que je suis encore et toujours là, pour lui faire une blague pour qu’elle pense aussitôt à autre chose et que tout aille bien ensuite.

C’était le plan initial, plan dans lequel j’arrivais à me gérer moi même. Plan dans lequel je ne me résignais pas à me laisser glisser au sol, genoux recroquevillés sous mon menton, torse encore plus enfermé, respiration encore plus impossible. Le grand garçon a les jambes qui tremblent, il a la tête qui va exploser et l’air qui manque, pourtant on continue d’appeler mon nom. « Aude? » On continue de me croire suffisant pour venir en aide à qui que ce soit. Et même si qui que ce soit est tout sauf une personne comme toutes les autres, cela n’empêche pas mon corps d’arrêter de se figer et tous mes muscles de se contracter en même temps. La dernière fois où j’avais fait une crise de claustrophobie, c’était il y a presque vingt ans, quand je prenais l’avion pour changer de pays et de vie. C’était la dernière, jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce que toutes mes peurs et toutes mes craintes refoulées ne se retrouvent ici et maintenant pour ne faire qu’une, pour venir me frapper de plein fouet alors que j’avais déjà un genou à terre.

Il s’écroule, le mur haut et épais construit à la va vite. N’en reste que des morceaux éparpillés de partout, tous susceptibles de devenir de mortels projectiles alors que je n’arrive toujours pas à me relever. Elle a besoin de moi maintenant plus que jamais mais je n’y arrive pas. Elle pourrait être en train de passer au travers de mille peurs maintenant et tout de suite mais mes pieds restent fermement ancrés dans le sol. Mon rythme cardiaque est bien trop élevé, je n’arrive même plus à respirer convenablement et il n’est pas rare que j’en ai le souffle coupé, désormais. Mes démons tambourinent dans ma tête, la prendre entre mes mains n’y change rien, fermer les yeux, gémir, hurler, … rien de tout ça n’y change quoi que ce soit non plus. Elle est la seule dont j’aurais besoin, la seule dont j’ai jamais eu besoin depuis dix ans. Je l’entends en echo, sa voix brisée, sa voix qui a besoin de moi alors que l’inverse est tout aussi vrai et j’enrage encore plus de ne pas être capable de contrôler mon propre corps alors que de nous deux elle est la seule à porter la vie.

Je ne flanche pas, jamais, parce que je sais que quand c’est le cas je suis incapable de me relever seul.

Pourtant c’est sa silhouette à elle que je vois se dégager dans le bloc à côté de moi, je sais que c’est elle, que ce pas hésitant est tremblant est le sien, que ce visage qui souffre est encore et toujours le sien et je m’en veux, d’avoir cette peur irrationnelle des espaces confinés alors que l’endroit est pourtant une putain de clairière ouverte sur tout Berlin. Ma respiration est sonore mais elle a au moins le mérite d’exister à nouveau maintenant que je pose mes yeux sur elle, que je me dis qu’entre deux malheurs on (elle) a au moins pu se retrouver.

Mes bras s’ouvrent pour l’accueillir, pour lui demander de descendre à ma hauteur parce que je ne suis capable de me lever et je sais, je sais qu’à la seconde où j’aurai son visage si proche de moi je ne saurai faire autre chose que de pleurer pour relâcher la pression accumulée depuis bien trop d’années.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyLun 3 Fév 2020 - 2:43


Pas comme ça, pas maintenant.

C’est pas le moment. C’est pas normal, y’a rien qui l’est. C’est pas normal que ça arrive ici, c’est pas normal que j’en sois là. C’est pas normal que ma cage thoracique se resserre, que de nulle part j’étouffe. C’était pas arrivé depuis si longtemps, c’était derrière moi tout ça, j’avais appris, j’avais accepté, j’étais passée par-dessus aussi, j’y croyais si fort. Et je les cherche les triggers. J’avais jamais réussi à les identifier à l’époque, je savais jamais quand j’étais prompte à me sentir comme ça, à avoir mal à ce point-là. Je faisais que subir, je faisais que souffrir, qu’attendre. Mais je peux pas là, j’y arrive pas, je veux pas non plus. Et à la place, je fais que chercher. Je cherche mon chemin, je cherche mes mots, je cherche les derniers éléments qui sont en cause, je cherche mon souffle et je me cherche aussi, perdue en cours de route.

C’est sûrement les insomnies. C’est sûrement les heures à marcher sans rien avaler d’autre que des musées, que du street art, que de l’histoire, et pas la moindre bouchée à travers. C’est sûrement le stress de la potentielle grossesse, c’est sûrement tout ça. Je les liste, tous les sûrement, je les aligne un par un et j’essaie de respirer mieux à chaque nouvelle raison, j’essaie mais j’y arrive pas et c’est là que c’est pire, quand je le réalise. Quand je réalise que je suis seule, que je sais rien y faire, qu’il est pas là, qu’il aurait pas à l’être, que j’ai promis d’être forte pour moi et moi seule, que j’en suis bien loin.

J’ai besoin d’air mais chaque inspiration brûle. J’ai besoin d’avancer mais je suis clouée sur place. Et il hurle, je suis sûre qu’Auden hurle. J’hurlerais aussi si j’avais pas la gorge nouée, si j’avais pas usé plus tôt de toutes les forces que j’avais pour lâchement l’appeler. C’est une histoire d’horreur en pire, c’est un scénario catastrophe que je m’autoriserai jamais, quand j’ai la pensée unique et horrible de juste abandonner. Elle passe en un éclair, une fraction de seconde qui me terrorise, qui me rappelle mes plus noirs souvenirs, qui motive la suite. Elle vient de là, la force qui me fait faire un pas, un seul. Et un autre. Chaque effort me prend toute ma concentration, me prend tout ce que j’ai, mais c’est ce qu’il me faut. N’importe quoi où mettre ma tête et mon cœur. N’importe quoi où mettre mes pensées, l’entièreté d’entre elles.

À un moment, j’ai fait un mètre de distance. Je regarde pas derrière, je regarde pas devant, je regarde que mes pieds. Le sol plat, craquelé. Les fissures que je suis sans me fier au chemin, les cassures qui ironiquement me mènent un peu plus creux entre les murs, entre le béton, mais qui me calment, qui me calment à elles seules. Je crois.

Et il est là, je l’entends respirer avant de le voir. J’aurais voulu, j’aurais tellement voulu ne pas pleurer en arrivant à sa hauteur, ravaler un sanglot quand je le vois par terre, quand il tend ses bras et que j’aurais dû dire quelque chose. J’aurais dû le calmer, j’aurais dû ajouter un truc stupide, j’aurais dû me moquer de nous, j’aurais dû savoir qu’il allait pas, j’aurais dû l’accepter bien avant lui, pour lui. Mais ma vue est brouillée et mes pas sont précipités, et la prochaine chose que je sais c’est que mes joues sont trempées, que son épaule l’est aussi. Je sais pas s’il pleure, je sais pas s’il parle, je sais même pas si c’est moi qui tremble autant ou si c’est lui. Je sais juste que lorsque le guide tombe sur nous, nos yeux sont bouffis, nos silhouettes sont recroquevillées, notre panique s’est mélangée.
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Auden Williams
Auden Williams
le complexe de Dieu
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ÂGE : 40 ans. (25/12/1983)
SURNOM : Il répond à tout, surtout aux insultes.
STATUT : Dire à Ginny qu'il veut divorcer: check. Dire à James qu'il l'aime (à un moment pas opportun du tout): check.
MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder.
LOGEMENT : Le passage chez James a été aussi bref que chaotique, finalement. Il reste à l'hôtel en attendant de trouver autre chose.
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POSTS : 23422 POINTS : 90

TW IN RP : violences physiques et verbales
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyLun 3 Fév 2020 - 7:48



On s’est déjà retrouvés dans les bras l’un de l’autre, il n’y a rien de nouveau à ça. C’était plus souvent elle dans les miens, c’était plus souvent quand je voulais avoir la dernière part de gâteau pour moi seul et que ses petits bras virevoltaient de partout dans l’Atelier ; mais c’est déjà arrivé. C’est sûrement arrivé bien plus de fois en quelques jours passés en Europe qu’en dix années en Océanie, mais je crois que je n’ai plus mon mot à dire à ce sujet là depuis bien longtemps. Ce qu’il faut retenir c’est qu’aucun de nos rapprochements n’a jamais été aussi salvateur que celui-ci, parce que sûrement qu’on n’avait jamais eu autant besoin l’un de l’autre alors que c’est bête, alors qu’on avait aucune raison de flancher ni de paniquer maintenant, alors qu’on aurait pu faire comme tous les autres et simplement suivre le guide mais non, on en a toujours fait qu’à notre tête.

Et on s’est perdus. Au sens propre, au figuré, à tous les putains de sens que vous voulez parce que c’est la vérité. On s’est perdus entre nous, on s’est perdus nous même. Rien ne s’est passé comme prévu, il y a eu le pire et parfois le meilleur ; mais surtout le pire. Tout ce que je voulais c’était simplement prolonger ces nuits passées à ces côtés, faire comme s’il n’y avait rien de plus normal à cela alors que justement rien n’a jamais été normal entre nous. C’est maintenant que paradoxalement, je voudrais lui dire tant de choses mais les mots restent coincés dans ma gorge alors que les larmes prennent toute la place. Elles coulent, chaudes, sur mes joues, pour ne seulement laisser le vent glacer leur passage la seconde qui suit. Mes mains sont dans ses cheveux, dans son dos, dans sa nuque je ne sais plus trop mais je sais au moins que c’est elle, que ça n’a toujours été qu’elle et je sais aussi que je devrais vraiment serrer moins fort. Elle ne va pas partir. Elle l’a fait une fois et je lui en veux encore mais ça n’arrivera plus jamais, maintenant. C’était un autre temps.

Mes jambes ne tremblent plus mais ce n’est pas le cas de mes bras alors que je l’entends sangloter sur mon épaule, que je sais que je ne peux pas lui drainer tous ses maux même si je le voudrais vraiment. Je sais que je ne suis pas le seul avec qui elle se serait autorisé à être faible mais l’inverse a tout de faux. Même face à Savannah je n’ai pas montré un dixième de ce que je lui montre à elle, même face à qui que ce soit d’autre je n’aurai jamais ô grand jamais eu le courage de simplement montrer mes émotions telles qu’elles sont sans chercher à leur donner un genre. Si j’étais venu avec qui que ce soit d’autre je n’aurais pas abandonné, je ne me serais pas abandonné. Mais avec Ginny je sais que j’ai le droit, que même si c’est difficile et si ça fait mal et si ça brûle c’est la bonne chose à faire. J’aurais eu besoin de dix ans pour le comprendre mais maintenant c’est fait, maintenant il n’y aura plus de retour en arrière.

Ma respiration reprend peu à peu consistance, mes doigts gelés viennent caresser ses cheveux pour tenter de la rassurer à mon tour parce que je n’autoriserai pas qu’il lui arrive malheur alors que je suis à ses côtés. Je lui ai promis que tout irait bien ; un jour, je lui ai sûrement fait cette stupide promesse et pour rien au monde je ne la briserai.

Quand le guide arrive et que des voix se font entendre, je grogne déjà. Elle est toujours là, Ginny, si petite, si fragile, si vulnérable et je n’ai rien su faire pour empêcher que tout ça arrive. Mes mains viennent chercher sa mâchoire pour lui faire relever la tête de quelques centimètres à peine, pour la force à ne regarder que moi parce que le reste du monde n’a aucune sorte d’importance. Mes pouces prennent le temps de balayer les larmes qui barrent son visage alors que je n’accorde aucune importance aux miennes, lesquelles j’aurais nié l’existence contre vents et marées en Australie. Elle peut encore sentir ma respiration saccadée mais mon corps apprend petit à petit à aller mieux, si ce n’est pas pour lui alors pour elle. Je finis même par me redresser le premier, accordant un regard noir au guide et un plus encore à tous les autres membres. Ma paume s’ouvre vers elle, lui offre un appui pour qu’elle quitte à son tour le sol froid et humide. Je l’entends qui nous parle encore, nous donne des conseils que je n’écoute pas et la seconde suivante je lui hurle de s’en aller. On n’a pas besoin de personne d’autre et je lui fais comprendre quand je lui tourne le dos à nouveau et m’accroupis devant la brune. Cette fois ci, mes deux paumes s’ouvrent pour elle. ”C’est moi, c’est que moi.” Je reprends ses paroles, tente un petit sourire alors que mes yeux sont rouges et bouffis. ”Y’a juste nous.” Et tout ira bien, parce qu’à partir de maintenant je considérerai qu’il n’y aura que nous, partout, tout le temps. ”C’est pas trop tard.” Je m’approche pour embrasser son front, tente de lui donner un peu de force alors que ça fait des jours entiers que je ne la ménage absolument pas.

☼ ☼ ☼

On est au chaud, l’instant d’après. On est dans un bar avec des banquettes, on a pris un coin, on a volé tous les coussins et toutes les couvertures. Ils nous ont demandé de payer avant parce que pour sûr qu’on a l’air de mendiants, là. Pourtant on les a payés, nos jus de fruits qu’on touchera pas. Je me suis installé au fond, ai étendu mes pieds sur la banquette alors que Ginny s’est calée contre mon épaule, que mon bras passe autour d’elle et finit sa route avec ma main dans la sienne comme si c’était naturel. Elle a remonté nos couvertures jusqu’aux épaules et elles sont tellement douces qu’elles titillent mon nez. Mon pouce caresse sa main, ma tête s’est posée près de la sienne. Et je sais qu’on pourrait simplement rester là sans parler que pour une fois elle ne m’en voudrait pas. Je sais que ça aurait été le parfait moment pour continuer à ne rien dire, parce que c’est devenu un art que je maîtrise à merveille. Mais je n’ai jamais rien su faire comme tout le monde, encore moins le faire au bon moment. ”Je sais que t’as entendu. Ce que je t’ai dit. Une nuit.” Peut être que je parle dans mon sommeil, peut être que la nuit je lui apprends mille nouvelles insultes en italien alors comme un con, je précise. ”A Paris.” Et encore une fois je suis simplement heureux de ne pas la voir dans les yeux, parce que je suis lâche.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyMer 5 Fév 2020 - 0:22


C’est moi, c’est que moi.” je sais pas pourquoi j'hoche de la tête quand il me parle, je sais pas pourquoi j'ai besoin de lui faire comprendre que oui, c'est lui, que oui c'est que lui, que oui, ça va, que oui c'est suffisant, tellement. Son sourire épuisé se répercute sur le mien qui l'est tout autant. ”Y’a juste nous.” j'essaie de calquer ma respiration sur la sienne qui est beaucoup plus calme depuis qu'il a beuglé sur le guide de nous laisser tranquilles, depuis qu'il a crié sur les curieux qui erraient quand moi, je voyais personne, personne d'autre qu'Auden. Il a pas besoin de répéter que je me concentre déjà, que la panique fait place à la fatigue. Une immense, une pesante fatigue. Mes muscles sont las, ma tête bourdonne, mes yeux piquent, mon corps entier est immobile, lourd. Mais au moins je respire, je m'accroche à ça. ”C’est pas trop tard.

Ses lèvres se posent sur mon front, j'expire bien trop fort pour qu'il ne sente pas au passage les restes de café je lui ai volés y'a une vie on dirait. Une minute, juste une minute. Avant que je me détache, avant que je le regarde, avant que ma main se lève, que mes mots s'affirment de ma voix enrouée. « T'essaies encore de me voler la vedette. » mes doigts qui dévient sur sa joue, au coin de ses yeux, qui essuient les larmes discrètes qui y restent quand il s'attardait y'a même pas cinq secondes à essuyer les miennes.

***

J'ai pas faim, j'ai pas soif. J'ai froid, Auden aussi apparemment. On a quitté le tour parce que le groupe arrêtait pas de jeter, en collectivité, des coups d'oeil par-dessus leurs épaules pouvoir voir c'étaient qui, les deux du lot qui s'étaient laissé avoir par leurs angoisses en pleine scène historique. On était marqués des stigmates de mauvais élèves, à pas avoir écouté que c'était tout sauf conseillé de marcher seul, que c'était tout sauf conseillé de se perdre, que c'était tout sauf conseillé de je sais plus quoi. Parce que quand le guide recommence sa série d'avertissements pour finir la visite en toute sécurité j'étais déjà l'impolie de service à chercher un café, un bar, un n'importe quoi pour clore la journée sans avoir l'impression qu'Auden et moi on était des bêtes de foire.

L'impression de fatigue est encore là, de l'épuisement du vrai qui rend chaque geste compliqué, chaque mot calculé. Je suis exténuée mais j'ai pas envie de fermer l'oeil, j'y arriverais probablement même pas, trop effrayée de retrouver mes angoisses à la seconde où je baisserais mes gardes, où je leur ouvrirais la porte à nouveau. Je sais pas elles viennent d'où et ça aussi, ça me terrorise, alors j'ai besoin de contact, j'ai besoin de chaleur, j'ai besoin d'entendre des voix, j'ai besoin de voir la télé qui joue au-dessus de nos têtes, j'ai besoin qu'on s'isole mais j'ai besoin qu'on soit entourés aussi.

Je sais que t’as entendu. Ce que je t’ai dit. Une nuit.” et lui, il a besoin de parler. ”A Paris.” il a besoin de parler, de préciser, d'être honnête aussi. C'était qu'une question de temps avant qu'on en parle de ça, je le réalise quand je ne sens pas sa mâchoire se crisper sur ma tête ni ses doigts se serrer sur les miens. Je le réalise quand il l'amène de lui-même, qu'il le fait pas après que j'ai posé moi-même la question ou que j'ai choisi les interrogations auxquelles il répond jamais. Ça vient de lui et sa voix attaque pas, ça vient de lui comme cette nuit-là.

« J'ai entendu. À Paris. » je lui mentirai pas. J'en vois pas l'intérêt de toute façon, pas après ce qui vient de se passer, pas après que j'ai enfin commencé à mieux respirer et lui aussi. « Entre deux ronflements. » par contre, c'est pas dit que j'y glisserai pas une pique, que je tenterai pas du moins. C'est nul et c'est inutile, mais ça lui donne du jeu, ça lui donner un levier au cas où « T'aurais préféré que j'entende pas? » pas que ça change quoi que ce soit. Pas que ce soit une surprise aussi, les mots en soit. Qu'il les ait dit c'est tout autre chose, qu'il les ait assumés ça c'est immense. Mais je savais, autant qu'il savait lui-même. Et si de tous les mots qu'il a pu dire durant le voyage, ceux-là il souhaite les reprendre, si son regard vissé sur l'horizon du bar n'est qu'un oui silencieux, alors ce sera le cas. On a toujours préféré les actions aux paroles, de toute façon.
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Auden Williams
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ÂGE : 40 ans. (25/12/1983)
SURNOM : Il répond à tout, surtout aux insultes.
STATUT : Dire à Ginny qu'il veut divorcer: check. Dire à James qu'il l'aime (à un moment pas opportun du tout): check.
MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder.
LOGEMENT : Le passage chez James a été aussi bref que chaotique, finalement. Il reste à l'hôtel en attendant de trouver autre chose.
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ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui
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ginauden #114 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?

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damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.

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modeo #5 › young, dumb. now all the words are my own, but i don't want you to judge. i thought inspiration was all about fun, life's been eating me up it's poisoned my cup and if i leave the house, i'll get hit by a truck.

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famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.

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PSEUDO : Kaelice
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyMer 5 Fév 2020 - 0:32



J’aurais jamais cru que je lui parlerai à nouveau de ce moment tout simplement parce que je ne pensais pas l’amener un jour sur le devant de la table, parce que je pensais si que je le faisais ça ferait trop mal. C’est rien, pourtant, en comparaison de ce qu’on a vécu entre les stèles sans qu’on ait besoin de se dire un seul mot. Tout le monde me dit qu’il faut parler, qu’il faut communiquer, qu’il faut expliquer ce qu’il se passe à l’intérieur de moi alors que non. Y’a jamais eu besoin. Quand ça va mal, elle le sait, quand ça ne va pas elle le sait aussi. Elle sait lire, Ginny, elle sait interpréter et elle sait tout anticiper. Elle sait soigner, aussi, panser les plaies comme personne.

« J'ai entendu. À Paris. » J’inspire doucement, replace ma main au creux de la sienne, veille à ce que la couverture soit toujours assez haute sur son épaule. La flamme de la bougie danse devant nous, le jus de pomme attend à côté de son amie à l’orange. Si elle le boit, elle aura de la pulpe partout entre les dents et elle se plaindra de son acidité jusqu’au lendemain matin. « Entre deux ronflements. » Je vois ce qu’elle fait, je comprends et souris doucement. Oh, Ginny. Elle cherche à gagner du temps et je le lui accorde, je ne presse absolument rien parce qu’il n’y en a pas besoin. On a une vie derrière nous et une devant et quoi qu’il se passe tout ira bien. ”Les tiens.” Je peux faire ça à nouveau, maintenant c’est okay. Je sais que mon corps est encore faible, qu’il n’a besoin d’un rien pour flancher à nouveau mais pour le moment tout va bien. On a les couvertures, on a la banquette à peu près confortable, on a tout le monde qui parle une langue qu’on ne comprend pas. « T'aurais préféré que j'entende pas? » On dirait que ce n’est qu’un rêve, là, que tout ce que je dis n’aura aucune importance tellement la respiration de mon coeur ne s’accélère pas. Tout a l’air si fluide, si naturel. ”Non.” En temps normal je ne lui aurais pas répondu, je serais simplement passée à la seconde étape. ”T’aurais préféré que je ne te le dise pas ?” La question est honnête, vraiment. C’est le moment où on met cartes sur table, c’est le moment où on prend des notes sur ce qu’il faut et ne faut pas dire. ”Tu veux que je te le redise ?” Pas quand elle dort à moitié, pas quand elle a l’esprit ailleurs, pas quand elle a les yeux fermés, pas quand la liste des raisons pour lesquelles j’aurais dû attendre ne cesse de s’agrandir.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyMer 5 Fév 2020 - 0:40


J'ai commandé orange, je pense. Ou pomme? J'aurais dû prendre la limonade. Elle vient avec une paille de toutes les couleurs, y'a une brochette de fruits aussi. J'aurais peut-être fini par avoir envie de manger une fraise, de croquer dans un raisin. Faudrait que j'avale quelque chose en vrai, c'est pas normal d'être faible comme ça, c'est pas normal d'être épuisée alors qu'il est quoi? 17h? Mes yeux cherchent l'horloge au mur, se stoppent dans leur course quand Auden parle, quand sa voix est basse, si basse, mais que c'est pas grave parce que mon oreille est à côté, que j'entends tout.

Les tiens.” un tsssss, silencieux, qui glisse sur mes lèvres comme maigre protestation. Pendant un moment, c'est comme avant même si y'a rien de pareil. Pendant un moment, c'est presque comme si on était à l'atelier, qu'on jouait à celui qui pouvait embêter le plus longtemps l'autre avec le moins de mots possible. ”Non.” mais il répond à ma question. Il répond et j'aurais dû être étonnée, et j'aurais dû me redresser pour le dévisager, plaquer ma paume sur son front sans douceur aucune rien que pour valider exagérément s'il ne fait pas de la fièvre. Pourtant je bouge pas d'un seul centimètre. ”T’aurais préféré que je ne te le dise pas ?” « Non. » non, j'aurais pas préféré qu'il le garde pour lui, non, j'aurais pas préféré qu'il ne le dise jamais à voix haute. Pour des tas de raisons, la première étant même pas reliée à ce que ça peut bien vouloir dire pour moi, mais bien ce que ça veut enfin dire pour lui. Il s'autorise Auden, il s'autorise à s'ouvrir, il s'autorise à baisser sa garde, il s'autorise à des tas de choses et pour ça, il n'imaginera jamais à quel point je suis fière de lui.

Tu veux que je te le redise ?tu veux me le redire? Parce que si c'est le cas, ça sera une toute autre discussion qu'on aura. Et je sais honnêtement pas si j'ai la force et si lui l'a aussi pour ce que ça voudrait dire, pour ce que ça amènerait. « Pas aujourd'hui. » pas maintenant, pas comme ça. C'est moi qui pour une fois m'autorise à être lâche, à vouloir attendre, à en avoir besoin. J'ai entendu, je sais. Il l'a dit, il l'assume. Ça sera ma faute et rien que la mienne s'il ne le répète pas. Parce que c'est pas le bon moment, parce qu'il le sait autant que moi. Un pas à la fois, on court pas, pas besoin de courir.

***

« On aurait dû partir de Londres avec toi. »

Ma joue prend appui sur la porte close de la salle de bain sans que j’hésite une seule seconde à me demander si Auden est bel et bien dans le salon de l’autre côté, ou s’il s’est juste envolé parce qu’il avait mille autres trucs mieux à faire que d’attendre avec moi pendant les 19 prochaines minutes. Genre dévorer l'entièreté du menu takeout au coin de la rue qu'on a dévalisé sur le chemin entre le bar, la pharmacie, et le airbnb.

« J’aurais pas dû rester là-bas. »

C’est trop tard, pour les et si et pour les j’aurais dû. C’est trop tard et pourtant le petit bâtonnet d’espoir qui trône timidement sur le comptoir au-dessus de ma tête me donne l’impression que j’ai une chance de faire mieux cette fois-là, que j’ai une chance de mettre de côté tous mes démons et toutes mes blessures, de panser mes fissures. Que mes parents ne seront pas là pour tout bousiller, pour tous nous traumatiser. Que je ne serai pas assez naïve pour les croire, pour les suivre, pour tout abandonner. Que porter la vie n’est pas un drame, n’est pas une tare, n’est pas une erreur, et encore moins un échec. Que si je suis lâche pour certaines choses, je suis immensément courageuse pour d'autres. Que si les éléments se sont placés ainsi que que je serai maman à nouveau, c’est parce que je suis assez forte, c’est parce que je suis assez prête, c’est parce que c’est ce qui devait arriver et au fil des inspirations, au fil des expirations, je le réalise un peu mieux.

« Contrôle de routine : il reste combien de parts de pizza? »

Mes doigts tracent des lignes imaginaires sur la porte entre nous deux, définissent les rainures, en inventent de nouvelles. Inspire Ginny, ça va aller, tout va bien. Tout va parfaitement bien.

14 minutes.
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyMar 11 Fév 2020 - 11:11



C’est un oui. Sans le mot qui va avec, mais elle a dit oui. « Pas aujourd'hui. » Je ne comptais pas le lui dire aujourd’hui de toute façon ; encore moins maintenant. Ce n’est pas l’heure, ce n’est pas le moment. Je le lui répéterai quand il le faudra, quand elle ne s’y attendra pas et moi non plus. N’importe quel jour mais pas aujourd’hui parce que ce n’est pas encore le bon moment. Je peux prendre mon temps, elle sait que depuis le premier jour je ne fais que ça tout comme je sais qu’elle gère à sa manière elle aussi. Et c’est okay. Et ça sera okay pour de vrai, totalement, un jour.


* * *


Si elle ouvre la porte de la salle de bain, je vais tomber. Elle n’a pas intérêt de faire ça, je l’ai prévenue, je lui ai dit que j’attendais devant et qu’elle devait prévenir si jamais elle voulait venir prendre le dernier morceau de pizza avant que ce ne soit moi qui m’en charge. En attendant je reste adossé à la porte de bois qui n’a rien de confortable mais ce n’est que pour dix neuf autres minutes alors tout se passera bien.

« On aurait dû partir de Londres avec toi. » ”Ginny …”
« J’aurais pas dû rester là-bas. » ”Gin …”

C’est pas le moment, c’est pas l’heure, c’est le passé et tous les remords du monde n’y changeront rien. Ca ne sert à rien de se faire du mal, ça ne sert à rien de ressasser. On pourra toujours en reparler plus tard mais pas maintenant, pas pendant la dizaine de minutes à venir parce que je sais à quel point c’est important à ses yeux. Je sais aussi qu’elle s’en souviendra toute sa vie, de ce moment, mais qu’elle n’a pas à y associer des souvenirs datant de dix ans. C’était une autre vie, c’était une autre Ginny et je ne veux pas qu’elle se fasse du mal maintenant. On aura mille heures d’avion pour en parler si c’est ce qu’elle désire

« Contrôle de routine : il reste combien de parts de pizza? » ”Question piège : il n’en reste aucune.”

Les réponses fusent du tac au tac, j’ai l’impression de revivre la même scène ; sauf que le sol de l’air bnb est bien plus propre que celui des toilettes de l’université et que je ne pourrai pas me plaindre de ça. J’étais là pour elle à l’époque et je le suis encore aujourd’hui, je le serai encore et toujours dans le futur si jamais elle a encore des doutes à propos de son état - et même si elle n’a plus jamais de doutes.

”Tu veux chocolat noir ou blanc sur la Bubble Waffle ? Kinder Bueno ou Kit Kat ? Fraise ou mangue ? Glace chocolat ou vanille ? Maxi chantilly ou maxi maxi ? Avec des vermicelles, on est d’accord hein ? Speculos ou caramel pour la base ?”

J’en ai cent, j’en ai mille, j’en ai un milliard de questions pour elles et ça c’est que le début. On a plus de dix minutes à attendre et c’est rien, dix minutes. On a fait pire, on a fait vraiment pire, et dix minutes ça passe rapidement quand on a de quoi parler pour une éternité encore. J’ai des idées de plat pour toute la nuit, j’ai la liste des restaurants ouverts jusqu’à pas d’heure et ceux qui commencent leur journée plus tôt que le reste pour prendre le relais. J’ai prévu ce moment depuis qu’elle m’a fait part de ses doutes et tout a été pris en compte, j’ai une liste mentale de tous les chemins que je pourrais prendre.

”T’as gagné la compétition de dessin de carnet contre Saül, au fait. Si jamais t’en doutais.” Je l’ai repris dans mes mains à la seconde où elle a fermé la porte et c’est à mon tour de découvrir la sensation du crayon sur le papier, pour la première fois depuis qu’elle me l’a offert. Pour ça aussi, j’attendais le bon moment. Mais maintenant que je ne vois que la Tour de Télévision et la lune derrière, je me dis que c’est le meilleur moment pour le faire en même temps que je continue de lui parler.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 3 EmptyMer 12 Fév 2020 - 19:35


Ginny …” il parle mais je continue quand même, je reviens à y'a 10 ans, je reviens à y'a 8 ans, je me promène à travers mes souvenirs et je me rendrais presque folle à jouer avec le carrelage, à laisser mes orteils recréer les mouvements des dalles pendant que mes doigts jouent avec ceux sur la porte. ”Gin …” ok j'arrête. J'arrête parce que ça sert à rien, j'arrête parce que je ne veux que du beau, parce que ce sera doux, parce que je l'espère tellement fort que ça a tout pour arriver. Non? C'est comme ça que ça devrait fonctionner, j'ai décidé.

J'ai décidé que j'ai faim, aussi. Que ça m'occupera. ”Question piège : il n’en reste aucune.” « T'es la pire personne qui existe et si- » je m'immobilise dans mes insultes tout sauf fondées, j'arrête tout pour penser une fraction de seconde, pour refaire la liste de ce qu'on a commandé pour en revenir à l'essentiel lorsqu'il le faut. « - et des frites cheddar? » ça, il a pas tout mangé. Ça, il a pas fait comme si mon okay définitif pour la dernière part de pizza était pas juste un test de volonté et de résistance. Ça, il sait que peu importe si je dis oui ou non, les frites cheddar c'est sacré. Ça, il sait. Il sait, hen? « Ça se glisse sous la porte, des frites cheddar, right? » non. Faudra que j'ouvre. Faudra qu'il me voit, petite, recroquevillée, dans l'attente. Faudra qu'il soit là pour être témoin et pas juste de l'autre côté de la porte, et on refait pas parfaitement la scène de l'Académie s'il voit le résultat avant moi. Parce que je sais qu'il regarderait, je sais qu'il le ferait et qu'il saurait me l'annoncer bien mieux et bien plus doucement qu'un bâtonnet de plastique ne pourrait le faire.

Et quand je commence à trop penser, quand je commence à me revoir, y'a neuf ans, à tourner comme un lion en cage, à chercher mes mots et mon souffle et comment partager le résultat à qui que ce soit, il reprend du service. ”Tu veux chocolat noir ou blanc sur la Bubble Waffle ? Kinder Bueno ou Kit Kat ? Fraise ou mangue ? Glace chocolat ou vanille ? Maxi chantilly ou maxi maxi ? Avec des vermicelles, on est d’accord hein ? Speculos ou caramel pour la base ?” « Speculos, toujours. » ma tête rebondit sur la porte au ralenti, mon sourire remonte à travers mes mots parce que là, juste là, c'est le pire comme le meilleur brainstorm de l'humanité. Ce sont les pires comme les meilleures questions à poser, c'est l'assurance que je serai occupée à imaginer l'assemblage parfait pour les 5 prochaines minutes. Et après, y'en restera que 9. « Blanc, Bueno, mangue et vanille. Maxi maxi, maxi tout le maxi que tu peux. Vermicelles dessus ET dessous, je suis pas un animal, j'ai des standards. »

T’as gagné la compétition de dessin de carnet contre Saül, au fait. Si jamais t’en doutais.”  j'entends le bruit du crayon qui gratte, de l'autre côté de la porte. Je l'entends qui dessine, j'essaie de fermer les yeux pour l'imaginer à barbouiller ses pages. « J'y repensais à son crocodile, tu sais. » je soupire, doucement, ça s'entend pas, il l'entendra quand même. « Je suis sûre qu'il l'a fait à l'encre bleue. Des traits épais, trop carrés. » le bleu qui jurait avec la couleur de la reliure, avec le fond des pages. Les traits trop durs qui calquaient avec la rigidité du personnage.

Et quand j'ouvre les yeux, je la vois, la boîte ouverte, jetée à la va-vite à la poubelle. « Tu dessines quoi? » la marque allemande, les lettres qui forment un mot que je ne comprends ni ne connais pas, et la couleur du positif qu'ils ont mis en plein sur la boîte, que j'ai cachée pour pas la connaître, pour pas que lorsque mes prunelles tomberont sur le bâton, je sache de suite ce que ça veut dire. « Décris-le moi. »
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