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 oh, every night is like a daze (ginauden)

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Auden Williams
Auden Williams
le complexe de Dieu
le complexe de Dieu
oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 MTtf4TM Présent
ÂGE : 40 ans. (25/12/1983)
SURNOM : Il répond à tout, surtout aux insultes.
STATUT : Dire à Ginny qu'il veut divorcer: check. Dire à James qu'il l'aime (à un moment pas opportun du tout): check.
MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder.
LOGEMENT : Le passage chez James a été aussi bref que chaotique, finalement. Il reste à l'hôtel en attendant de trouver autre chose.
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POSTS : 23422 POINTS : 90

TW IN RP : violences physiques et verbales
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui
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RPs EN COURS : (04)ginny #114james #18gabrielledamon #15


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willton #18 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.

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ginauden #114 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?

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damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.

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modeo #5 › young, dumb. now all the words are my own, but i don't want you to judge. i thought inspiration was all about fun, life's been eating me up it's poisoned my cup and if i leave the house, i'll get hit by a truck.

RPs EN ATTENTE : oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 Tumblr_nsbti9nOT01t0u8w9o4_250
famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.

RPs TERMINÉS : (beaucoup.)
cf. fiche de liens

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AVATAR : Richard Madden
CRÉDITS : tearsflight (avatar) › genuineviolence (gif) › harley (gif damon & james) › fuckyou (gif ginny) › louisbxne (gif ugo) › loonywaltz (ub)
DC : Swann, Lily, Rhett & Ambrose
PSEUDO : Kaelice
Femme (elle)
INSCRIT LE : 29/05/2019
https://www.30yearsstillyoung.com/t24284-auden-canicule-en-ete-mamie-va-y-passer
https://www.30yearsstillyoung.com/t37070-
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 19:57



”Si je te fais passer une frite au cheddar sous la porte ça va juste décoincer la poussière que j’ai rangé entre les deux carrelages parce que j’avais la flemme de trouver le balai.” Il faut que tu me laisses ouvrir la porte si tu veux manger, Gin. Il faut que tu me laisses être là pour toi encore un peu plus si tu veux juste utiliser l’excuse de la nourriture pour qu’on continue à parler et à crier comme si de rien n’était, comme si on n’avait pas de voisins, comme si on était déjà maîtres du monde.

Je l’entends, sa voix qui fait de son mieux mais qui ne va pas totalement bien (qui pourrait le lui reprocher, après cette journée ?), cette même voix là qui provient du même niveau de l’autre côté de la porte. Elle est assise, Ginny. Elle est sur le sol et je sais que ce n’est pas pour faire des tests et savoir si elle peut gratter une frite de plus ; je sais que si elle n’est pas debout à faire mille pas dans la petite salle de bain c’est qu’elle n’en a pas la force. Je pourrais être son armature si elle le désire, si elle le demande ; mais en attendant je fais mine de rien. Je joue au plus con parce que ça c’est quelque chose que je connais et avec le temps, ma zone de confort est finalement devenue la sienne.

Elle énonce sa parfaite préparation de Bubble Waffle et je fais de mon mieux pour penser à autre chose qu’à vomir, entre l’idée que je me fais dans ma tête de sa création et l’odeur mélangée tant de friture des frites que de pizza - de laquelle il reste encore mille parts. ”Chocolat blanc, vraiment ? Je pensais que tu valais mieux que ça, Genni.” J’en rajoute des tonnes alors que je la commande pour de vrai sur l’application, sa Bubble Waffle immangeable qu’elle aura au moins intérêt de goûter d’ici à vingt minutes parce que c’est pile le temps avant qu’elle n’arrive. Vermicelles dessus et dessous. Supplément chantilly. Double. Je ne lui réponds pas forcément mais je note tout, entre deux grimaces. ”Tu prends le supplément crise de foie avec tout ça ?” C’est même plus drôle mais je fais au mieux, vraiment, pour gérer sa panique et sans doute un peu de la mienne qui doute encore de la suite des événements. Elle n’est plus du tout une gamine et même si à mes yeux elle ne l’a jamais été, je doute que peu importe le résultat du test elle soit pleinement heureuse. J’aimerais me tromper, pour une fois ; j’aimerais réellement avoir tort.

Mes mots deviennent plus rares dès lors que je commence à dessiner parce que même si j’ai appris à l’écouter en même temps que je peignais, j’ai encore toujours beaucoup de mal à répondre à mon tour. Pourtant ce n’est pas parce que je me concentre sur mes traits de crayon que je n’ai rien d’autre en tête et que tous mes sens ne sont pas tournés vers elle et exclusivement vers elle, prêts à réagir au moindre bruit suspect. Cependant elle se contente de souffler et cela n’a aucune autre conséquence qu’un long frisson de ma nuque jusqu’au bas de ma colonne vertébrale. Je serais plus utile à ses côtés, je serais plus utile sans porte entre nous. Je pourrais lui voler le test et m’enfuir avec, je pourrais la prendre dans mes bras et ne plus rien lui dire, je pourrais lui donner ses frites au cheddar pour enfin m’assurer qu’elle mange en conséquence à défaut de le faire sainement. ”Il lui a fait des yeux en noir, pour le contraste. Mais l’encre a coulé et sa main a tout étalé de partout. ‘C’est de l’art’, qu’il avait répondu.” Je lui parle avec un sourire et je sais qu’elle l’entend ; ou qu’à défaut elle n’entend aucune tristesse dans le son de ma voix, pas cette fois. Il est question seulement d’elle pour le moment, comme ça le sera pour les heures et les mois à venir.

« Tu dessines quoi? » Je déteste qu’elle ait besoin de me demander pour être au courant, qu’elle ait besoin de faire l’effort elle même pour qu’on continue de lui parler pour qu’elle pense à autre chose. Neuf minutes, ma montre stipule. C’est encore bien trop et pas assez à mes yeux. C’est à mon tour, de souffler doucement, de calmer le jeu du crayon sur le papier, de calmer le jeu tout court. « Décris-le moi. » Je n’ai pas besoin de plus pour prendre une simple inspiration et m’élancer. ”La cage d’escalier, au fond de la ruelle. Celle de mes souvenirs, du temps où le monde était encore en noir et blanc.” Mes doigts s’acharnent à vouloir rendre compte de chaque détail, de chaque graffiti, de chaque mot d’amour laissé par des ados, de chaque message laissé par un militant, de chaque affiche collée, de chaque mot d’avertissement. ”Elle est sur trois étages, j’ai du mal avec les lumières. Il y a des affiches sur le mur, on n’en voit pas la couleur. Les messages sont drôles ou provocateurs, parfois dénués de sens.” Je me retiens de rajouter qu’elle aurait adoré, je me retiens de dire qu’elle aurait encore plus préféré la ruelle à la lumière du jour pour en observer chaque art qui était à moitié plongé dans le noir, la dernière fois. Et je suis con, et j’ai des idées de merde. ”Tu voudras y retourner, demain ?” On a un vol l’après midi et on aura largement terminé toute la nourriture d’ici là. On s’y est mal pris, la première fois, et je sais qu’elle aurait adoré découvrir l’endroit dans d’autres circonstances. Je ne peux et ne veux pas l’en priver. ”Y’a une fenêtre. J’ai besoin d’un soleil, pour éclairer la cage d’escalier. C’est ton domaine, ça.” Ouvre moi s’il te plaît, laisse moi être là pour toi tant que je le peux encore. Tout sera différent, là bas. ”Le carnet passe pas sous la porte.” Et j’ai une surprise pour toi, Ginny. Tu as dessiné mon tatouage et moi le tien, sur papier à défaut de pouvoir déjà le faire sur ta peau. Il est sur la seconde page alors que la cage d’escalier occupe la troisième ; j’avais déjà toutes les idées en tête, ne me manquait que le support sur lesquelles les poser.

Six minutes.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 20:10


C'était pas censé se passer comme ça. C'était pas censé se passer dans des toilettes grandes comme un demi-placard, dans un airbnb au beau milieu de Berlin, encore secouée d'une crise de panique, affamée et frigorifiée. C'était pas censé être pour me prouver que j'arriverais à le faire, c'était pas censé être ce à quoi je me dédiais bien trop comme une preuve que j'étais forte, ou du moins, que j'aspirais à l'être. J'aurais voulu le faire en Australie, j'aurais voulu le faire chez moi. J'aurais voulu le faire sans avoir peur du résultat, j'aurais voulu être capable de regarder Isy dans les yeux durant toutes les fichues minutes d'incertitude, stoïque et confiante, assurée. Mais j'aimais pas les doutes, j'aimais pas les questions, et j'aimais pas les traumatismes du passé qui remontaient à travers l'attente presque trop courte, beaucoup trop longue.

Tu prends le supplément crise de foie avec tout ça ?” Auden fait ce qu'il sait faire de mieux sans même que je le lui ai demandé, je rapatrie mes jambes contre ma poitrine, pose mon menton sur mes genoux en râlant en bonne et due forme. « Le supplément crise de gnagnagna. » j'ai fait exprès de laisser mon portable dans mon sac, j'ai regretté de pas avoir amené avec moi la lettre d'Isy. Celle à laquelle j'aurais pu me référer pendant les silences, ses mots auxquels j'aurais pu me raccrocher tantôt comme des béquilles, tantôt comme des mains tendues pour m'amener un peu mieux, un peu plus haut.

De mon passé, de mes souvenirs, on passe aux siens. ”Il lui a fait des yeux en noir, pour le contraste. Mais l’encre a coulé et sa main a tout étalé de partout. ‘C’est de l’art’, qu’il avait répondu.” l'Auden en Italie, l'Auden qui dessine et qui rage et qui se rappelle sa vie d'avant pour égoïstement me permettre de focuser sur ma vie d'après, ça calme, ça aide. Ça me calme, ça m'aide. « T'avais utilisé la même excuse pour justifier ton encre qui avait coulé sur mon travail de session au pastel. » mon index gratte la porte, une rainure qui semble sale quand au final ce n'était qu'un noeud un peu plus foncé que les autres. Des souvenirs à l'Académie, j'en ai des dizaines pour remplacer celui où il avait condamné la porte de la toilettes des filles pendant 19 minutes. J'en ai des centaines pour chasser celui où j'avais passé ces mêmes 19 minutes à dessiner au marqueur noir sur le mur de ma cabine, y grapher quelque chose d'inégal et d'émotif, que ma mémoire avait bien fait gaffe à oublier depuis, une séquelle parmi tant d'autres.

Et lui, il dessine quoi? ”La cage d’escalier, au fond de la ruelle. Celle de mes souvenirs, du temps où le monde était encore en noir et blanc.” j'entends son crayon, j'entends la mine. J'entends les lignes, j'entends ses hésitations, ses retours en arrière. J'essaie d'imaginer là où il est pas satisfait, j'essaie de me tracer le dessin selon ce que son écho laisse transparaître, mais c'est pas encore tout à fait ça. Alors, j'insiste. « Décris encore. » j'insiste pour l'entendre dans ses mots à lui, j'insiste pour m'en faire un autre souvenir que celui que je n'aurai jamais vu, quand on était là, quand la ruelle avait été témoin de bien plus que nos vies en commun ne l'auraient assumé, jadis. Là, c'est différent. Je pallie aux véritables souvenirs que j'ai des siens, ferme les yeux quand il reprend la parole. ”Elle est sur trois étages, j’ai du mal avec les lumières. Il y a des affiches sur le mur, on n’en voit pas la couleur. Les messages sont drôles ou provocateurs, parfois dénués de sens.

Tu voudras y retourner, demain ?” j'hoche de la tête de la positive, il me voit pas, il m'entend pas, ça compte pas, et pourtant, ça compte tellement. ”Y’a une fenêtre. J’ai besoin d’un soleil, pour éclairer la cage d’escalier. C’est ton domaine, ça.je sais ce que tu fais Auden. Je sais exactement ce que tu proposes, je sais que tu fais ça pour moi, je sais que tu veux être là, et tu l'es, tu l'es autant qu'il le faut, autant que j'en ai besoin.Le carnet passe pas sous la porte.” ma main se serre sur elle-même, la jointure qui toque une délicate, une fine, une seule et unique fois sur le bois entre nous deux. « Je vais acheter de nouveaux livres alors, pour que nos valises soient plus lourdes et plus difficiles à voler. » on y retournera, bien sûr qu'on y retournera avant de partir.

« Il faut que je le fasse toute seule. C'est important. » ma joue toujours en appui sur la porte, mes paupières qui battent sur elles-mêmes parce que j'ouvre les yeux à nouveau. C'est important parce que c'est la seule façon de me prouver que je peux le faire. C'est important parce que j'ai une deuxième chance d'être forte, une deuxième chance d'être capable d'encaisser la nouvelle par moi-même. Pas de m'effondrer entre le séchoir automatique et les lavabos industriels tachés de toute la peinture qui restait collée sur nos mains d'étudiants. Pas de le repousser contre le miroir craqué on sait pas pourquoi on sait pas comment, avant d'en trembler de panique, avant d'en pleurer d'incompréhension contre sa veste de cuir qui grince sous mes gestes. « Juste - bouge pas. » mais même si je veux être forte, y'a toujours la fissure, y'a toujours la cassure, y'a toujours le risque que non, je le sois pas, suffisamment. « Au cas où je développe une allergie à toute la poussière que t'as accumulée, sale paresseux. » juste - bouge pas. Reste, au cas où.

6 minutes.
5 minutes.
4 minutes.
3 minutes.
2 minutes.
1 minute.


J'ai fini par me lever, j'ai fini par aller voir. J'ai fini par inspirer, par prendre le bâtonnet entre ma paume, par pincer les lèvres, par inspirer longuement. J'ai évité mon regard dans la glace, d'abord. Celui que j'ai eu, quand j'ai su. Celui que j'ai tenu, une seconde et une autre, assez longtemps pour lever le menton, pour plonger mes prunelles dans leur reflet, pour voir l'air que je faisais. Et y'avait un sourire, il y est toujours.

« J'espère que t'es prêt pour le marathon d'Alien. » c'était l'entente. Positif, on regardait tous les films d'extra-terrestres sortant (déchirant) le ventre de Sigourney et ses potes, négatif on se refaisait l'intégrale de T'choupi en allemand. « Je vais être maman à nouveau. » ma voix est basse, un murmure, mais il entendra. Et il entendra aussi quand mes doigts déverrouillent la poignée, quand je le laisse entrer s'il le veut.

Je vais être maman. À nouveau.
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 20:13



Elle évoque les souvenirs de l’Académie, ceux qui ne font pas mal, ceux qui font sourire, ceux que mon ego me fait nier parce que bien sûr que je n’ai jamais laissé mon encre couler une seule fois. Je l’entends, pourtant, son ongle qui gratte la porte, celui la même qu’elle ronge comme tous les autres depuis des jours entier à cause du stress, à cause de tout ce que j’ai su faire c’est lui en rajouter. Ma respiration se fait discrète pour seulement se concentrer sur elle et même si je fais de mon mieux pour le dessin, je sais déjà que je le reprendrai mille fois la prochaine fois que j’ouvrirai ce carnet. C’est seulement une excuse, pour le moment. Une excuse qui fait du bien mais cela ne change rien à son rôle. « Je vais acheter de nouveaux livres alors, pour que nos valises soient plus lourdes et plus difficiles à voler. » J’ai arrêté de dessiné et simplement posé ma tête entre la porte et son encadrement, yeux fermés. Le carnet est sur la moquette, je prie pour qu’il ne nous ramène de pas punaises au pays. Mais on y retourne, demain. On ira à l’aube, on ira plus tard si on a besoin de dormir davantage. Et je sais qu’on a besoin de repos, qu’elle comme moi on a simplement besoin de s’allonger et ne plus penser à rien, et ce temps là on se l’accordera pour la dernière fois avant de rentrer.

« Il faut que je le fasse toute seule. C'est important. » C’est important mais pas nécessaire. C’est important mais c’est pas obligé. C’est important pour toi mais moi j’ai d’autres standards qui ne s’accordent sur rien d’autre. Mes genoux remontent jusqu’à ma clavicule, ma joue imprime les motifs de la porte. « Juste - bouge pas. » Jamais. Je bouge pas, je bougerai pas. Six minutes ou dix ans, ça ne change rien, je serai toujours là. ”Quoi, pour aller dans ce café en bas où personne ne crie, où y’a plus de virgin que de cocktails avec alcool, où on s’enfonce dans les banquettes plutôt que dans la moquette qui sent la cigarette ? Foutaises.” Même pas pour tout l’or du monde, elle le sait. « Au cas où je développe une allergie à toute la poussière que t'as accumulée, sale paresseux. » Elle me fait sourire, au milieu de tout ça. Elle a toujours de la répartie même si personne ne s’en doute, même si elle a mis des années à l’assumer. ”Tu te souviens de cette palette de pastels que t’as perdu entre deux amphi’ ?” Il reste six minutes, encore, et il est hors de question qu’on les attende simplement sans rien dire, les yeux rivés sur notre montre respective comme si ça allait y changer quoi que ce soit. ”Peut être que tu l’avais pas tant perdue que ça, au final, mais que j’ai juste oublié à qui j’avais demander de la cacher.” Et l’histoire continue, et j’invente des noms parce que je ne me souviens de personne de ce temps là si ce n’est Ezra ou Matt et parmi tous les prénoms du monde ce ne sont pas ceux que je dois citer maintenant, les situations incongrues s’enchaînent, les mots avec et les minutes défilent. Jusqu’à ce qu’elle vienne rompre le tout sans que je ne lui en veuille une seule seconde, tout mon corps simplement raccroché aux mots qui arrivent.

« J'espère que t'es prêt pour le marathon d'Alien. » Moi non. Toi oui. Et c’est tout ce qui compte. « Je vais être maman à nouveau. » Ouvre la porte s’il te plaît. Laisse moi être là. Je me lève dès qu’il y a le déclic, sans qu’aucun autre mot ne soit prononcé ni demande formulée. Ca fait dix neuf minutes que j’attends, que je fais de mon mieux, que je fais surtout n’importe quoi pour elle. Et ça fait dix neuf minutes que paradoxalement je ne pense qu’à moi alors que ce n’est qu’à propos d’elle, là. C’est elle qui va être maman, encore. C’est elle qui va tout revivre, encore. Et là c’est pas forcément le meilleur endroit du monde pour l’apprendre mais au moins c’est mieux qu’à l’Académie, c’est mieux que n’importe lesquelles de leurs toilettes bondées de monde et malodorantes parce que là au moins y’a juste moi qui invente des poussières inexistantes. Parce que là, y’a juste moi.

J’entre aussitôt, prend son test dans mes mains sans le vérifier avec comme seul but de le jeter à la poubelle, moyen comme un autre pour qu’elle ne passe des heures à le regarder de peur ou par espoir que le résultat change. ”C’est pas négociable, mon veto pour le prénom. Même le second et le troisième.” Je la cherche des yeux un instant, ne va pas plus loin parce que la seconde d’après elle a son visage contre mon cou simplement parce que je l’ai cherché, parce que je ne lui ai pas laissé le choix. On refait la scène, sans les larmes. On la refait bien, on la refait en tant qu’adultes, on la refait en tant que deux personnes qui ont grandi et vécu. ”T’as le droit de l'appeler Ellen mais pas de choisir son costume à Carnaval ou Halloween si c’est le cas.” Je bouge pas. Je bougerai pas. Ni maintenant alors que mes mains sont dans ses cheveux et entre ses omoplates, ni jamais quand j’en serai à mon troisième prank de la journée juste parce que ça m’amuse. D’une manière ou d’une autre, je serai toujours là, même quand elle voudra m’envoyer dans le premier vol le plus loin possible, même quand elle en aura marre de m’entendre raconter la même anecdote pour la millième fois parce que je me ferai déjà vieux. ”Merde, on va vraiment regarder des aliens baver de l’acide et des humains se faire ouvrir le ventre pendant dix heures ?” Merde, elle est vraiment enceinte. C'est une bonne nouvelle. Je sais que c'est une bonne nouvelle. Je dois seulement m'en convaincre. Parce qu'elle sera heureuse. Parce qu'elle sera une super maman, encore.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 22:07


C’est pas négociable, mon veto pour le prénom. Même le second et le troisième.”  
« Il est trop tard pour te faire passer de parrain à préposé aux couches seulement? »
T’as le droit de l'appeler Ellen mais pas de choisir son costume à Carnaval ou Halloween si c’est le cas.
« Et j'ai rien signé encore je dirai plus un mot sans la présence de mon avocat. »
Merde, on va vraiment regarder des aliens baver de l’acide et des humains se faire ouvrir le ventre pendant dix heures ?
« Onze heures vingt-six minutes. »

Je vais être maman à nouveau. Noah va avoir un petit frère ou une petite sœur. Isy va pouvoir laisser derrière lui tous les démons de ce qu’il a vécu avec son ex-fiancée. Mes parents et mon frère vont enfin comprendre que je suis capable de donner la vie sans qu’on m’arrache à celle que j’ai construit. J’ai une nouvelle chance de ne pas brûler les étapes, et j’inspire. J’inspire tellement fort qu’il y a une mèche d’Auden qui entre dans ma narine et ça pique et ça chauffe et c’est sûr qu’il va m’accuser de lui avoir mis de la morve dans les cheveux pour les 4 prochains siècles à ce rythme.

***

On en est à l’heure 5 et à la minute 44 après avoir regardé deux films et les bonus aussi dégoûtants que fascinants des structures de latex et du blob dégoulinant qu’ils ont mis de partout pour faire les tous premiers effets spéciaux. J’ai englouti bien plus de nourriture qu’une grossesse ne pourrait jamais excuser, et j’en suis même pas rassasiée quand dans ma main gauche y’a un grilled cheese que j’ai improvisé avec les restes de croûtes de pizza et le fromage des frites et dans l’autre un des macarons de la boîte que je m’étais promise de rapporter à Noah intacte mais qui aura malencontreusement été ouverte durant le vol et oh non y’a 3 macarons qui ont dû tomber dans la soute, c’est horrible ça mon gars, trop déso.

« Empêche-moi de lui téléphoner, si j’essaie. » mes yeux sont fixés sur l’écran, mes sourcils sont froncés entre une scène de scalpel et une d’hyper vitesse qui finit mal, ça fini toujours mal ces choses-là. « Je veux lui dire en personne. »  je sais, je sais que je vois Isy demain et que ça laisse peu de temps à attendre dans les faits. Je sais, je sais aussi que tout en moi veut lui dire depuis la seconde où le test est positif. Et je sais aussi que ça fait pas partie du deal avec moi-même, de me cacher derrière un téléphone, de me cacher derrière mon portable et le décalage horaire, de me calquer sur sa réaction quand il entendra mes mots pour ne pas craindre les siens. Je veux lui annoncer qu’il sera papa face à face, je veux qu’il voit que je suis rassurée, je veux qu’il voit que je suis capable de le faire, pour lui, pour l’enfant à l’intérieur, et surtout pour moi. C’est important.

***

« Audeeeeeee, là c’est ta faute et rien que ta faute LA TIENNE! » j’insiste, oh que j’insiste, oh que je suis fière d’insister. Parce que les 40 000 autres fois, c’était la mienne. C’était la mienne quand je nous ai fait manquer trois fois le bon arrêt d'autobus. C’était la mienne quand j’ai pratiqué mes nouveaux mots appris en allemand avec la dame devant le stand de fruits et légumes pendant beaucoup trop longtemps pour que ce soit juste un stop le temps d’acheter des pommes pour le vol. C’était la mienne quand j’ai tourné l’airbnb dans un sens comme de l’autre parce que j’avais perdu (sous le canapé, il est retrouvé depuis) mon spray acheté dans un marché crade d’artistes. Ce même spray que j’ai négocié approximativement sans jamais comprendre comment le prix pouvait être si élevé, mais surtout sans jamais comprendre ce qui a pu faire changer d’avis le type derrière la caisse qui a fini par me faire une réduction de 10 euros rien que pour que je me taise sûrement.

Là, c’est sa faute. Si on arrive à la ruelle et qu’il ne reste que quelques minutes à peine avant qu’on doive repartir dans l’autre sens, et filer à l’aéroport.
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Auden Williams
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le complexe de Dieu
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ÂGE : 40 ans. (25/12/1983)
SURNOM : Il répond à tout, surtout aux insultes.
STATUT : Dire à Ginny qu'il veut divorcer: check. Dire à James qu'il l'aime (à un moment pas opportun du tout): check.
MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder.
LOGEMENT : Le passage chez James a été aussi bref que chaotique, finalement. Il reste à l'hôtel en attendant de trouver autre chose.
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TW IN RP : violences physiques et verbales
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui
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willton #18 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.

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ginauden #114 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?

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damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.

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modeo #5 › young, dumb. now all the words are my own, but i don't want you to judge. i thought inspiration was all about fun, life's been eating me up it's poisoned my cup and if i leave the house, i'll get hit by a truck.

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famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.

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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 22:36



« Il est trop tard pour te faire passer de parrain à préposé aux couches seulement? »
”Je pourrai peindre dessus ?”
« Et j'ai rien signé encore je dirai plus un mot sans la présence de mon avocat. »
”C’est moi ton avocat depuis qu’on a gagné le concours d’expression libre et qu’ils ont tous voulu notre mort.”
« Onze heures vingt-six minutes. »
”Merde.”

Mes mains ne la lâchent pas, pendant tout ce temps. Pas une seule seconde, pas un seul moment pendant lequel je pourrais remonter ma main dans son dos parce qu’elle glisse petit à petit sans que je ne m’en rende compte. Même quand elle confond mes cheveux avec une part de pizza, je ne dis rien, n’ajoute rien de plus. On s’est décalés du miroir, elle ne lui fait plus face, elle n’affronte pas le regard de qui que ce soit et surtout pas le sien. C’est un moment à part, c’est un moment dont on ne parlera pas et elle a le droit d’être qui elle veut, là.

* * *

Je me suis endormi trois fois, entre deux mots et un mort qui est en fait un robot du coup il n’est pas vraiment mort mais ça fait cent fois que je vois le film alors à force je commence à voir le coup venir. Alors ma tête s’est enfoncée entre les mille coussins, j’ai remonté les couvertures jusqu’à mon front parce que peut être que comme ça je me serais réveillé avec autre chose que l’odeur du cheddar ou de la friture - c’est un échec. Peu importe combien de temps s’écoule, elle continue de manger tout ce qui lui passe sous la main et m’arracher un sourire. « Empêche-moi de lui téléphoner, si j’essaie. » Elle a mis des miettes partout dans le canapé lit, je les sens qui tombent entre les mille coussins, je les sens qui s’écrasent sous mes doigts en même temps que je me redresse doucement sur le matelas. Il n’est plus question de savoir qui est en train de mourir cette fois ci ou de savoir comment est ce qu’ils ont pu réaliser avec autant de réalisme cette pièce avec les aliens ratés gardés dans le formol. « Je veux lui dire en personne. » Elle veut tant partager sa joie, Ginny. Ses yeux sont fatigués mais brillant. Elle a vécu un mille d’émotions différentes aujourd’hui mais une fois encore elle pense à lui, elle pense à eux, elle pense à leur enfant et jamais, jamais je ne pourrais lui en vouloir pour ça. ”T’as le droit de l’appeler.” Il est bon pour elle et tant qu’il le restera je ne me mettrai pas en travers. Tant qu’il reste le Isaac que je connais, je ne ferai rien contre eux, je n'attenterai pas à leur bonheur parce que ce n’est pas ce que je veux. Mais à la seconde où ça change, à la seconde où j’ai un doute il deviendra la cible à abattre. ”Pour lui parler des macarons et prévoir le plan d’attaque pour expliquer à Noah le pourquoi du comment va y avoir trois trous et un paquet déjà ouvert.” Ma joue est plaquée contre le coussin et malgré ma voix endormie je tente de faire au mieux pour la rassurer. Elle sera une mère formidable, il sera un bon père aussi. Il le sera d’autant plus à partir du moment où il aura été mis au courant, en Australie, à l’aéroport où je parie qu’il va venir la chercher parce qu’à sa place c’est que j’aurais fait. ”Quatre trous, en fait.” Mon bras s’étend d’un coup, je lui vole un macaron de sa main gauche alors que la droite est déjà prise et qu’elle ne peut pas riposter ; ’t’es fourbe, Auden’ que je l’entends déjà se plaindre. Et ça ne sera que la vérité.

* * *

« Audeeeeeee, là c’est ta faute et rien que ta faute LA TIENNE! » Pour sûr que c’est de ma faute et celle de ma valise qui a gagné dix livres de plus, ceux collectors, ceux qui sont plus larges que ma main, ceux qui pèsent plus lourd que Noah et plus lourd qu’elle aussi je parie. Pour sûr que pour tirer ça j’ai besoin de mes deux mains mais que finalement je n’en ai qu’une alors je grogne et je râle et je lui fais des croches patte juste pour qu’elle aussi elle soit à mon niveau parce que j’enrage d’être le dernier même si on est que tous les deux. Alors ouais, c’est ma faute.

Je pourrais lui dire d’aller voir d’elle même, je pourrais me vanter pour la millième fois de déjà avoir tout vu, de déjà tout connaître aussi. Je pourrais réellement lui dire ça mais je connaîtrais déjà sa réponse aussi et je ne veux pas l’entendre à nouveau, je ne vois pas à nouveau la voir se retourner vers moi avec ses petits yeux enfantins alors que je viens de lui demander l’inverse. Je sais qu’elle veut que je sois là aussi et cette fois je suis, je ne dis rien, je ne lâche pas la valise non plus parce que ce n’est pas le moment de me battre avec n’importe quel gamin des rues. C’est pas le moment de refaire une scène que je n’avais pas déjà aimé jouer la première fois.

Je pousse la valide du pied, écarte mes bras comme le putain de Christ rédempteur, sauf que moi le premier qui me touche la main je lui fais découvrir les graffitis sur le mur encore plus près qu’au microscope. N’empêche qu’on arrive à se frayer un passage, qu’on passage pour des américains qui ne respectent rien ni personne et qu’aucun de nous deux n’est prêt à nier les faits parce que cette fois ci on a moins de dix neuf minutes et le temps passe bien plus vite que n’importe quand. Elle s’arrête tous les dix pas et je lui crie de continuer parce qu’on a pas le temps, je lui dis de prendre en photo et de regarder ensuite dans l’avion parce qu’on a mille heures de vol.

Alors quand elle arrive dans la cage d’escalier, je la ferme derrière nous. La porte est lourde, elle crisse, elle refuse mais je suis têtue et j’ai le dernier mot, je la bloque avec mon coude simplement parce qu’on a plus le temps d’être dérangé par personne. ”Le ‘photos interdites’, j’pense que c’est une oeuvre d’art. On sait pas lire l’anglais de toute façon, maintenant que t’es trilingue avec l’anglais et l’allemand.” Mais qu’elle continue de me dire adios en pensant bien faire, j’ai su m’y faire.

* * *

On a eu droit à l’upgrade. On y a eu droit parce qu’il se pourrait que j’ai confondu les heures de l’aller avec celles du retour, parce qu’il se pourrait bien qu’on était à l’aéroport avec six heures d’avance et qu’on a même pas pu faire enregistrer nos bagages de suite. Mais on a eu l’upgrade. On a eu le droit aux valises plus lourdes (plus qu’un demi millier de dollars à payer en plus pour le poids légèrement trop élevé), on a le droit à la classe business et aux sièges inclinables qu’on va passer notre temps à bouger. On a eu le droit au menu, Ginny a déjà vu les macarons - elle a dit qu’elle les remettrait dans la boîte à la place de ceux qu’elle a volé mais on sait tous qu’elle va les manger avant d’y penser. On a vu tout leurs choix de smoothies. Oh, qu’on l’a vue cette double page réservée aux smoothies.

Quand on embarque il est presque minuit ici, à peine midi chez nous mais on s’était enfin faits au décalage horaire. Les sièges sont bien plus confortables que n’importe quel canapé lit berlinois, ça je peux vous l’assurer. On arrive à rester sage jusqu’à ce que l’avion décolle et je n’ai finalement même pas eu à négocier la place côté hublot pour avoir vue sur autre chose que ce tube fermé dans lequel on va rester pendant bien trop d’heures. ”Hey Genniiiii.” J’ai tenté de chuchoter mais ma voix s’est enroué et ça fait que j’ai un peu crié, peut être. Je ne lui laisse pas le temps de me réprimander alors que ma main passe au dessus de la simple cloison de plastique qui nous sépare. Mes doigts s’emmêlent dans ses cheveux, s’enfoncent dans ses yeux, prennent toute la place sur son visage simplement parce que ça me fait rire et que je sais que ça va la rendre folle et que d’ici à une seconde elle va tenter de me mordre. Cependant la seconde chose qui c’est mon carnet qui se retrouve de son côté, ouvert sur une nouvelle page, là où j’ai dessiné une boîte cadeau avec son nœud au dessus, aux parfaites proportions. C’était la théorie de ce à quoi il devait ressembler mais dans la pratique il a surtout été maltraité par le voyage, par mes mains, par les occasions manquées. ”Y’avait plus de place dans ma valise.” Énième argument inventé à la dernière minute, je suis prêt à parier qu’à force elle est même capable de mieux inventer les excuses que moi.
Je crois que j'ai fait tomber la boîte sur sa tête, vue le bruit que ça a fait.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 22:40


T’as le droit de l’appeler.”  j’ai le droit, je sais que j’ai le droit. J’ai envie, je sais que j’ai envie. J’ai peur aussi, terriblement, et il le sent, il le sait quand il parle des macarons et quand il m’en vole un et qu’il s’en fout que je morde et que je râle et que je chigne, et que j’oublie aussi. Un peu. Suffisamment pour respirer mieux, pour m’autoriser le droit pour ça aussi. Le droit de faire comme je veux pour cette grossesse-là. De faire comme j’aurais toujours voulu, de faire comme moi.

Et ç’aurait presque été une belle scène, en vrai. Ç’aurait presque été une révélation, un unlock dans ma tête et dans mon cœur d’entendre que oui, j’ai le droit. Mais à l’écran y’a tous les câbles qui grillent et y’a Sigourney qui crie et y’a son bébé plus si bébé que ça qui démantèle l’équipe. La seconde d’après, je récite chaque dialogue en langage intergalactique par cœur comme une bonne élève.

***

Je sais pas du tout sous quelle bonne étoile on est nés pour arriver en un morceau, sans rien avoir perdu sur le chemin, sans avoir reçu à la tête des insultes et autres claques des passants bousculés par nos soins. Je sais pas du tout non plus si y’a des doigts sur mes photos, si le zoom est mauvais, si la lumière l’est toute autant – et Auden fait exprès, il est toujours à un centimètre de moi quand j’appuie sur le bouton pour tout immortaliser, quand il me pousse sans faire exprès ouais ouais à d’autres le sourire aux lèvres.

Le ‘photos interdites’, j’pense que c’est une oeuvre d’art. On sait pas lire l’anglais de toute façon, maintenant que t’es trilingue avec l’anglais et l’allemand.” on est dans l’espace le plus confiné de la ruelle, enfermés, avec les pieds qui marinent dans une substance qui pourrait aussi bien être de l’urine d’humains comme de rats y’aurait aucun moyen de l’attester et pourtant c’est pas là où notre crise de claustrophobie commune s’est déclenchée. Au contraire, je pouffe, et lui il gobe tout notre oxygène avec ses monologues d’artiste nerd en puissance sur le graff que je lui ai pointé du doigt et l’autre que je fixe intensément et le troisième, le dernier, celui en bleu néon en-dessous duquel il reste un petit espace, tout petit, minuscule.

« Donde esta mon crayon? » trilingue qu’il disait? Je me moque de son italien avec un reste d'espagnol, farfouille dans mon sac quand chaque geste est complexe et que je me cogne le coude trois fois sur la porte qui grince et me fera des bleus pour sûr, et deux sur la brique qui égratigne ce qui reste d’intact sur ma peau qui l’est jamais vraiment. L’espace donc, tout petit, tout minuscule, que j’autographie, à ma façon.  

***

Je le savais. Je le savais et je ne manquerai aucune occasion ni dans cette vie ni dans les prochaines pour le lui rappeler : on avait le temps. On était pas en retard, on était pas pressés, on aurait pu respirer et là, on a eu presque 6 heures pour connaître toute la carte de l’aéroport par cœur, pour s’inventer un jeu de devinettes de destinations à trouver rien qu’avec les numéros de vols et d’avions. Sur la fin, ça a pris des allures de guerre aérienne quand je suis grimpée sur une des chaises pour montrer mon mécontentement et que lui il gagnait en hurlant à gorge déployée. On nous a demandé de nous calmer à la seconde où je pensais lui tirer les cheveux en gage de protestation – mais je me suis reprise sur ses mèches à la seconde où on était dans la file pour entrer dans l’avion, file qui n’a même pas pris deux secondes en vrai à faire – hello, upgrade.

Hey Genniiiii.” hum.
« J’ai mes écouteurs Ôdenne j’t’entends pas. » j’ai mes écouteurs, et j’ai aussi atteint un niveau de décibels plus haut encore que le sien, quand je hurle, quand mes nombreux verres de smoothies commandés rien que pour leurs couleurs qui sont toutes mes préférés tremblent sur la table devant moi.  

Il s’en fout, que j’entende ou pas, quand la boîte rebondit de ma tête à mes mains, mes mains aux doigts occupés à retracer les lignes du cadeau qu’il a dessiné à l'échelle dans son carnet. ”Y’avait plus de place dans ma valise.” « Même pas désolée. » c’est la faute à mes livres, à mes affaires, à mes restes de macarons aussi, toujours.

« C’est ton oreille? » j’agite doucement la boîte à côté de mon oreille, douce ironie, les souvenirs de Van Gogh qui remontent avec. « C’est le cadenas de Talan et Aubrey qu’on a volé? » celui qu’on avait enlevé du pont des Arts à Paris par protestation, bien plus occupés à protéger la structure et son art que les actes cheesy à souhait des touristes imbus d’amour. « C’est le masque pour les graff que je voulais acheter mais que j’ai pas acheté finalement parce que j’avais pas assez l’air d’Hannibal avec? » Berlin maintenant, et mon shopping de masque qui avait duré des heures entières, suffisantes pour qu’Auden nomme McGrath 5e du nom sa plus grosse ampoule au talon, générée par mes soins et les kilomètres parcourus à la presse. « C’est une photo du guide après qu’on l’ait énervé la 28e fois? » la 29e étant celle qu’on mentionnera jamais, pour des raisons évidentes qui goûtent encore les jus de pomme et d’orange qui ont suivi. « C’est quoi, c’est quoi, c’est quoiiiii? » « Miss, please. » on m’avertit alors qu’une hôtesse de l’air passe à mes côtés et que je manque de faire tomber son plateau de bulles et cocktails variés, maintenant grimpée sur mon siège, mes avant-bras posés sur l’accote-tête et mes yeux rivés sur lui. « Si tu joues à ça, moi aussi. » la seconde d’après, son silence reçoit mon propre cadeau à la tête pour lui en échange, une enveloppe, rien de bien glorieux, que j’ai barbouillée de toutes les couleurs qu’il utilise toujours à l’atelier, et moi jamais.
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 22:48



Elle se contorsionne dans tous les sens, s’y reprend à trois fois pour tracer les courbures, vérifie qu’elle écrit à peu près droit, rage, recommence, fait mieux encore que le plan initial. Je la vois, Ginny, qui fait réellement de son mieux même si ça reste un coup de crayon sur un mur, même si personne ne saura que ça vient d’elle, même si d’ici cinq minutes on devra être de retour dans le premier taxi pour l’aéroport. J’observe son trait quand même, pourtant, comme si mon nom allait y être associé et ma réputation avec parce que que je le veuille ou non on travaille ensemble, entre deux crises de nerfs. C’est une partie de moi qu’elle trace sur ce mur, aussi, et cela a plus à voir avec le simple fait que ce soit mon crayon qu’elle ait impunément volé alors qu’elle en a acheté un milliard spécialement conçus pour le street art. Alors mes yeux dérivent tantôt sur son visage tantôt sur le mur (tantôt sur la poignée que ces imbéciles tentant quand même d’ouvrir alors que non, vous voyez bien que c’est occupé là), un sourire léger mais bien vivace au coin des lèvres. Ses mots je les comprends sans les commenter parce que le retour est déjà amorcé et que l’Europe a fait naître un nombre incalculable de mauvaises habitudes. Pourtant, une fois la phrase lue, mes yeux ne se posent plus à un seul instant sur le mur ni nulle part ailleurs que dans ses yeux à elle, ceux là même qui brillent malgré l’obscurité, ceux là même dans lesquels tous les graffitis se reflètent. Et je souris.
Et la seconde d’après, on retourne dans le monde réel. Son stylo redevient le mien (okay, peut être que c’était d’abord le sien et que je lui ai volé dès qu’elle l’a acheté et que j’ai ensuite oublié de le lui rendre) le temps d’une seconde et j’ajoute quelques mots en bas des siens avec ma patte de chats ’See ya suckers’ devient ainsi la chose la plus poétique que j’aurais laissé à Berlin, à jamais gravée sur ce mur. Mes mots seront toujours là à côté des siens et ça aussi, ça devient la seule vérité que je souhaite mettre en lumière, bien avant toutes les autres que je préfère simplement ignorer.

* * *

“J’ai mes écouteurs Genni j’entends pas.” Ca aurait pu être un mensonge véridique si je ne m’étais pas étouffé avec mon jus au moment où elle a émis l’hypothèse que mon oreille soit dans la boîte - si seulement. Talan et Aubrey ça n’aurait jamais marché de toute façon, regardez leur prénom et imaginez à quel point ils auraient pu se venger sur leurs enfants. Et il n’y a que Mads qui puisse réellement parfaitement ressembler à Hannibal parce qu’on sait tous que dès la naissance c’était son second prénom, qu’il était né pour ça le gars. Et la 28e fois pour ne pas évoquer la 29e ; là j’ai pas rigolé, là j’ai rien dit, là j’ai juste bu dans ma paille en faisant le plus de bruit possible dans la crainte qu’elle ne continue un peu trop sa phrase et aille dans les détails. Ma tête s’enfonce un peu plus dans le coussin quand elle se fait réprimander et que je rigole encore plus fors qu’elle ne balbutie des excuses. Je les sens, les yeux de l’hôtesse qui brûlent.

« Si tu joues à ça, moi aussi. » ”Tu trich - ... aïe ! Et même si c’est qu’une enveloppe je suis certain qu’elle m’a coupé sur un millimètre et que la plaie va me faire hyper mal à cause de l’altitude et du décalage horaire et de plein de trucs dont elle a même pas conscience. Elle me scrute de ses yeux noisettes et je jure que si on commence une bataille de regard on va la faire perdurer jusqu’à l'atterrissage et vaut mieux pas aller par là parce qu’elle va pleurer quand je l’aurai battue à plate couture une fois de plus. ”T’ouvres d’abord. Je l’ai dit en premier. Mon cadeau est meilleur en plus, c’est obligé.” J’abaisse le voile entre nous deux, son menton heurte le plastique de la tablette - je rigole, parce que c’est drôle et que je sais qu’elle va m’envoyer son verre à moitié remplie à la figure d’ici à une seconde.

Pourtant je n’ai aucune patience et c’est un secret pour personne, alors mes yeux s’attardent sur l’enveloppe, remarquent les nuances de couleurs qui sont les miennes, s’amusent de savoir dans quelle peinture exactement j’ai utilisé chacune d’elles, se demandent comment elle a pu en retrouver le grain parfait alors que moi même je mets plusieurs heures à m’accorder sur ce que je veux. Et ils tâtent le papier, mes doigts. Et ils se froncent, mes sourcils. ”C’est une clé ?” L’enfant que je suis n’a pas le temps d’attendre, n’a pas le temps pour rien du tout en temps normal. ”Si tu me dis que c’est la clé de ton coeur c’est nul, j’attends au moins une citation de film.” Je rigole, parle trop fort, vais m’attirer les réprimandes de l’hôtesse dans quelques secondes ; je joue avec le feu alors que mon corps est enduit de produit inflammable et pourtant je ne fais mine de rien, je ne sous entend rien non plus. C’est juste une clé. C’est juste une clé parce qu’elle a dû trouver un cadeau à la dernière minute et elle a paniqué, et elle a chopé celle de la valise du businessman devant elle. C’est forcément ça, ça ne signifie rien de plus.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 22:54


Auden la reine du drame en puissance, Auden qui reçoit l'enveloppe, elle qui vole comme l'aurait fait n'importe quelle enveloppe pas menaçante du tout, elle qui a l'air de contenir 5 kilos de briques et autres enclumes tellement il a l'air de souffrir le martyr. ”Tu trich - ... aïe !” « Oh, come onnnnn. » je devrais pas l'encourager, je devrais garder mon ton exaspéré et le regard qui va avec, mais j'y arrive pas, je pouffe de rire la seconde suivante. Là par contre, je suis polie, quand j'étouffe mon amusement à ses dépens dans la manche du hoodie qui je pense est à lui mais qui n'a jamais été sur ses épaules de tout le voyage et toujours sur les miennes donc par interim, il est maintenant à moi.  

T’ouvres d’abord. Je l’ai dit en premier. Mon cadeau est meilleur en plus, c’est obligé.” oh, encore ça. Et je tente de faire la mature là, promis, je tente vraiment de ne pas être la gamine compétitive que j'ai appris à être depuis ma plus tendre enfance, quand je me réinstalle dans mon lit, croise mes jambes sous moi, gigote au fil de mon plaidoyer qui a toutes les chances de ne jamais être écouté à la seconde où j'ouvre la bouche. « Okay, j'ouvre mais c'est pas une compétition Auden, faut que t'arrêtes de penser que c'en est une et mon pull était bien mieux que le tien en passant juste pour qu'on soit sur la même longueur d'ondes et- » ”C’est une clé ?” « T'AVAIS DIT QUE J'OUVRAIS EN PREMIER! » on oublie la bienséance, on oublie le respect des pairs, on oublie encore une fois que l'hôtesse est là, ambiante, toujours à rôder autour de nous et prête à me gronder pour ma plus grande honte, pour le plus grand plaisir d'Auden. « Miss. » de retour à la moue piteuse, de retour au soupir déçu. « Pardon. »

De retour au programme principal, et donc à Auden qui a zéro respecté ses propres règles. J'ai l'impression que ni lui ni moi n'y avons pensé, aux règles, depuis qu'on a quitté l'Australie. ”Si tu me dis que c’est la clé de ton coeur c’est nul, j’attends au moins une citation de film.” à nouveau un roulement d'yeux, à nouveau un rire aussi. « C'est pas une clé t'as mal vu c'est mon nouvel outil de torture pour gratter tous les tableaux noirs de l'univers avec et faire grincer tes tympans jusqu'à ce que tu deviennes sourd et regrette de pas m'avoir donné ton oreille. » et un sourire, du genre que Noah ferait quand il est fier, si fier de m'avoir préparé des pancakes au petit-déjeuner tout seul (en faisant un plus petit bordel dans la cuisine que si ça avait été moi aux fourneaux). Un sourire du genre de celui d'Auden qui a trouvé le meilleur moyen de faire rager le livreur de chevalets creepy que je critique toujours mais qui comprend jamais, du genre de celui d'Auden quand il vient me rejoindre dans son studio que j'ai monopolisé pour me cacher en attendant qu'il chasse l'intrus de la galerie comme lui seul sait si bien le faire. « C'est la clé du local à côté de l'atelier. » j'explique, doucement, ramène un oreiller pour m'appuyer sur le muret qu'il a ouvert sans me démolir le dos au passage. « Tu te plains toujours qu'on t'étouffe et que t'as pas assez de place pour créer. » et ça, j'aime pas. J'aime quand il crée, j'aime quand il passe des heures devant ses toiles, j'aime quand il est inspiré Auden, il est jamais plus fascinant que dans ces moments-là. « J'ai pas donné de double à personne, c'est le seul qui existe. C'est à toi pour quand t'as besoin de respirer. » quand tu veux être toi-même aussi. Quand tu veux rester proche, mais penser à toi. Quand tu as envie, besoin d'être seul, mais que tu passeras ça sur le fait d'avoir accès à un passage secret, à tout un monde caché de tous. C'est par la ruelle derrière l'atelier qu'il pourra y accéder, indépendamment d'aucune autre porte de la galerie. « Ou juste quand t'as un moral de merde et que je chercherai un endroit où t'exiler. » son p'tit coin secret de dramaqueen, dirons-nous.

« Ça se mange? » la seconde d'après, je quitte ses prunelles que j'avais pas lâchées depuis pour les visser sur ma propre boîte, boîte que je secoue de plus en plus fort et de plus en plus vite sans qu'il me dise ce que c'est, si je peux l'ouvrir, attendant poliment mon autorisation alors que lui a triché.
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Auden Williams
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ÂGE : 40 ans. (25/12/1983)
SURNOM : Il répond à tout, surtout aux insultes.
STATUT : Dire à Ginny qu'il veut divorcer: check. Dire à James qu'il l'aime (à un moment pas opportun du tout): check.
MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder.
LOGEMENT : Le passage chez James a été aussi bref que chaotique, finalement. Il reste à l'hôtel en attendant de trouver autre chose.
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POSTS : 23422 POINTS : 90

TW IN RP : violences physiques et verbales
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui
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willton #18 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.

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ginauden #114 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?

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damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.

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modeo #5 › young, dumb. now all the words are my own, but i don't want you to judge. i thought inspiration was all about fun, life's been eating me up it's poisoned my cup and if i leave the house, i'll get hit by a truck.

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famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.

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PSEUDO : Kaelice
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 22:55



Je fais comme si ce n’était pas le cas mais y’a quand même une de mes oreilles (celle que je n’ai pas coupé) qui l’écoute, Ginny. Une oreille qui paraît distraite mais qui reste la plus attentive des oreilles distraites, une oreille qui trie les blagues de la réalité, qui trie ses vengeances à la pelle dans les mots qui font plus de sens. Et y’a un oeil distrait qui repère la morve qu’elle est en train de mettre sur la manche de mon hoodie et je jure que dès que j’en ai l’occasion je lui mets la capuche sur la tête et je resserre les fils pour ne plus la voir, pour plus l’entendre et enfin profiter de la classe business sans qu’elle ne crie. A qui je mens. « C'est la clé du local à côté de l'atelier. » Mais là, juste là. Mes yeux remontent vers elle, j’arrête de triturer le papier de l’enveloppe pour enfin l’ouvrir et découvrir qu’il s’agit bien d’une clé. Je sais déjà où elle va aller avant que tous les autres mots n’arrivent mais mon regard reste posé sur elle pour la seconde fois de la journée déjà. Je ramène à mon tour mes jambes sous moi, me pose dos au hublot pour être face à elle. Et pour mieux visualiser l’hôtesse de l’air, aussi. Pourtant, de tous, c’est bien Ginny qui sait exactement ce dont j’ai besoin et parfois elle me l’accorde, parfois elle lâche prise et elle concède autre chose que des pulls qui grattent. Et j’aime, ces fois là. Elle prend le temps de tout expliquer même s’il n’y avait finalement pas besoin mais je l’écoute quand même et pas une seule fois je n’ai idée de la couper dans son élan, pas même quand elle sous entend que j’ai besoin d’être seul pour montrer mes sentiments. Parce qu’elle aussi bien que moi que c’est vrai. Parce qu’elle sait aussi bien que moi qu’il va falloir prévoir des murs renforcés dans ce local parce que je ne vais pas seulement passer mon temps à peindre et que je risque aussi de faire voler en éclat tout ce qui me viendra sous la main, parfois. Souvent. Ca sera souvent, très souvent, trop souvent. Dès qu’on sera de retour au pays, les vieilles habitudes reviendront avec.

« Ou juste quand t'as un moral de merde et que je chercherai un endroit où t'exiler. » Après avoir emmerdé le guide pour la 29e fois. Je déglutis, balaye ce souvenir de mon esprit, le relègue un peu plus loin encore, l’ignore. ”Merci.” Je ressemble à Noah vexé, Noah qui ne veut pas avouer qu’il est content mais qui l’est un peu quand même ; le problème étant que ça fait trente ans que je n’ai plus neuf ans, et que je ne suis pas non plus vexé. Seulement un adulte qui n’a jamais appris à parler de quoi que ce soit, qui balbutie un simple merci comme s’il était honteux. ”Tu voudras aller à New York ? MoMa. Pour le MoMa.” On est pas encore rentrés que je rêve déjà d’être ailleurs. Avec elle. Et mes mots sont hachés et prononcés à la va vite, parce que je me dis que si elle n’a pas entendu la première fois je n’aurai qu’à répéter toute autre chose la seconde, inventer une blague totalement hors contexte simplement pour me sortir d’affaires.

« Ça se mange? » C’était un hamster mais là je crois que tu viens de le tuer.” J’hausse les épaules avec désinvolture, me retiens de rigoler simplement parce que l’hôtesse est là et qu’elle me fait tout aussi peur à elle qu’à moi parce que je suis certain que les allemands n’auraient aucune honte à nous jeter de l’avion. Femme enceinte ou pas. ”Ouvre.” Elle a plus de patience que moi (et le fait qu’elle ne puisse pas deviner le cadeau simplement en le tâtant du bout des doigts joue sûrement beaucoup aussi) mais je ne vais pas rester une éternité à attendre. J’affiche un sourire, sûr de moi, de cette idée de merde venue de nulle part que je n’explique pas. Ses doigts s’affairent autour de la boîte, se battent avec les fils, font de nouveaux nœuds en plus des anciens. Je la laisse se débrouiller seul, m’amuse dans mon coin, replace l’oreille sur la tablette entre nous deux pour y apposer mes coudes et, par dessus, ma tête. Oui, c’est creep. ”C’est un fragment de lune.” Mes lèvres se pincent, empêchent un sourire plus grand encore de naître sur mon visage. ”Pour de vrai.” Mon cadeau à moi n'a pas mille significations, il est juste venu comme ça. Du coeur, qu'on dira, que moi je ne dirai pas. Juste comme ça.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 23:00


Avec le temps, je me suis habituée à ne pas l'entendre dire merci. Ou à le dire, mais en grognant. Il grommèle, il a un genre de sourire étrange, un rictus qui étouffe ses mots, il fait toujours ça. ”Merci.” en vrai j'ai pas besoin qu'il dise quoi que ce soit parce que je l'ai vu tout de suite, dans la façon dont il avait de manipuler la clé, dans la façon dont il avait de la regarder et de me regarder ensuite, qu'il était content. Que ça lui plaisait. Qu'il comprenait, aussi, le pourquoi du comment.”Tu voudras aller à New York ? MoMa. Pour le MoMa.” « Nerd. » j'ai pas oublié, la nuit au musée. La Nuit étoilée aussi. J'ai pas oublié et j'ai pas pensé très longtemps, non plus, quand y'a un « Oui. » qui est glissé de mes lèvres de la plus naturelle des façons. On ira se prendre pour Ben Stiller, on ira la voir en voir, la toile, on ira et j'ai dit oui sans ajouter de menaces ou de petites clauses à la fin du contrat. C'est parce que je suis semie-occupée là, à feuilleter les autres pages de son cahier qu'il m'a légué y'a peu, à regarder avec toute l'indiscrétion du monde ce qu'il a fait jusqu'à maintenant, à rester bloquée sur la deuxième page je sais pas trop pourquoi, je sais juste que je suis là, que j'y reste.

C’était un hamster mais là je crois que tu viens de le tuer.” son cadeau qui a repris mon attention, surtout lorsqu'il faisait office de maracas, maracas que je calme à la seconde où il m'accuse d'avoir tué un pauvre rongeur qui déjà dans ma tête est la chose la plus mignonne que la Terre ait pu porter. « Han, pauvre Peanut. » oui, je l'ai nommé. Et oui, j'assume complètement que pendant une fraction de seconde, je rêve que l'acolyte de Pizzasagne soit ledit Peanut, toujours perché sur son épaule et - ”Ouvre.” okay, okay, j'ouvre. Mes sourcils se froncent dans un air bien plus curieux que perplexe, bien plus intrigué qu'effrayé. Ce qui devrait être le cas, vu comment il me fixe l'autre creep là. ”C’est un fragment de lune. Pour de vrai.

« Ça se peut? » oh la. « Non mais je sais que la lune se peut mais ça se peut que t'achètes un fragment? » oh la la la la. « Il vient de quelle partie? On peut la voir? Tu l'as choisi? » le papier vole comme un intrus, les noeuds me coupent la circulation. La boîte que je manipule maintenant avec délicatesse, lève à la hauteur de mes prunelles, tourne et retourne encore, scrute, mémorise, regarde et tâte à nouveau. « Je l'utilise comment? Ça a des pouvoirs magiques? » avec un peu de chance, peut-être que ça rendra bébé #2 mutant et qu'il pourra faire des trucs cools comme les X-Men genre contrôler la météo ou vider le lave-vaisselle à ma place par la pensée.

Mon silence surprend tout le monde quand je me concentre sur les petits caractères, plissent les yeux pour les lire et les relire. Y'a quelques explications au verso mais tout le monde sait que je vais les oublier à la seconde où Auden me dira les siennes. Sa version et ses bêtises prennent toujours toute la place, ça remonte à l'Académie ça, quand il passait tous nos cours à critiquer les profs à mon oreille, à me refaire leurs lectures selon son avis à lui. Ses trucs mnémotechniques dont je me souviens encore par coeur, le foubre. « J'ai bu trop de café je pense. » depuis que tu es dans l'avion Ginny, ou dans toute ta vie en général? « Et j'ai envie de te dire c'est quoi ton dernier cadeau mais ça serait mieux que j'attende à Brisbane parce que c'est là qu'il est mais on peut jouer au jeu des indices. » respire, prend un peu d'eau, oui, remonte la couverture autour de tes épaules, oui respire encore, voilà, mieux. « T'essaie de deviner pendant tout le reste du vol et je cligne des yeux une fois si t'es proche, deux si t'es loin. »
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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 23:01


”Ca vient des météorites. Je crois. J’ai pas tout lu, ça m’a saoulé.” Bravo Auden, elles sont belles tes explications. Essaye encore un peu plus vague, juste pour voir si c’est possible ? ”Ils disaient que ça permettait de me faire gagner toutes les parties de Mario Kart sur le terrain de l’arc en ciel si jamais je le donnais à mon adversaire.” Elle pose trop de questions, Ginny, j’ai pas du tout prévu tout ça alors que pourtant j’aurais dû parce que c’était certain qu’elle allait poser tout ça, comme questions. J’étais juste resté sur la partie où elle dévisageait l’objet avec ses yeux et qu’elle le tournait dans tous les sens encore et encore, comme s’il y avait un compartiment secret à découvrir ou quelque chose comme ça. Mais j’avais prévu une suite, une micro suite à ça. Je sais qu’elle va le perdre si je lui laisse un si petit morceau entre les mains. Elle va le poser, elle va oublier, elle va aller peindre et de retour elle l’aura perdu. Ou pire, Pizzasagne va le manger. Je sais qu’il le mangerait, je sais qu’elle paniquerait. Et ça serait vraiment pas le scénario idéal. ”Donne ton poignet.” Non Ginny, ça ne va toujours pas se manger et non on ne passera pas à l’animalerie acheter un Hamster que tu maltraiteras avec un horrible prénom. Mes doigts tapent sur les siens parce qu’ils n’arrêtent pas de gigoter et je lui fais passer un bracelet doré autour de son poignet fin, si fin. Je mets un certain temps à arriver à le fermer mais ne l’insulter que quatre ou cinq fois alors c’est en amélioration. Sur le dessus, une minuscule boîte permet d’y glisser quelques grains de ce qu’on veut : un fragment de lune, au hasard. ”Je te préviens, on n’ira pas à Little Italy.”

* * *

Mais elle joue, Ginny, elle est fourbe et tout ce que je pourrais faire n’y changerait rien - comme si je voulais réellement changer ça. « Et j'ai envie de te dire c'est quoi ton dernier cadeau mais ça serait mieux que j'attende à Brisbane parce que c'est là qu'il est mais on peut jouer au jeu des indices. » Mes yeux se relèvent vers elle, je souffle plus que de raison, apparaît agacé alors que ce n’est que de la surprise. Mais elle sait. Elle, elle sait. Le coussin retrouve sa place au fond de mon fauteuil, ma joue vient s’y écraser en même temps que je remonte la capuche de mon hoodie sur mon visage. « T'essaie de deviner pendant tout le reste du vol et je cligne des yeux une fois si t'es proche, deux si t'es loin. » Après avoir été creep avec mon menton posé sur mes paumes là je suis creep parce que je la lâche pas des yeux ; ni elle ni son nouveau bracelet qui sera tâché de peinture d’ici 24h. Pourtant je ne souris plus, maintenant, parce que mon esprit pense déjà à l’après et que ça n’a rien de joyeux ni même d’enviable. ”J’veux pas jouer.” Et je me retourne, mauvais joueur qui a le goût d’amertume dans la bouche. Mes mains se fourrent dans la poche de mon gilet, mes pieds remontent sur le siège alors qu’on nous a explicitement demandé de ne pas le faire. Je ne veux pas jouer à ce jeu là, j’aime pas ce jeu là. Je ne veux pas qu’on rentre, que ça s’arrête, qu’on ait à faire toutes ces choses que je ne veux pas faire, qu’on ait à ne surtout pas faire toutes ces choses que je voudrais faire. J’aime pas du tout ce jeu là et je m’en mord les joues, et je m’en veux de gâcher les dernières heures à déjà penser à cet avenir qui n’en a que le nom.

* * *

On a hâte de sortir de l’avion, généralement. Tout le monde a toujours hâte de sortir de l’avion duquel il a passé plusieurs heures enfermé sans pouvoir étendre ses jambes. Et même quand on a pu les étendre, on veut juste partir. Toujours. C’est toujours le cas, généralement, même quand on rentre de vacances. Mais pas là. Pas même alors qu’on vient de passer plus de dix heures sous un air conditionné qui je suis sûr me rendra malade d’ici à quelques heures, parce qu’en plus de ça on passe de l’hiver européen à l’Australie là-où-il-fait-toujours-trop-chaud. Et je gagne du temps, j’en gagne tellement du temps. Je lui demande de m’attendre, je mets une éternité à ranger mes affaires, je cherche mon carnet alors que je le sais de son côté, je m’invente un crayon perdu. Je m’invente tellement de choses, jusqu’à ce qu’on soit les derniers. Jusqu’à ce que l’hôtesse en ait vraiment vraiment marre de nous, qu’elle nous demande de partir à notre tour. Et je jure que si on aurait pu reprendre le même vol en sens inverse on aurait fait ça ; pour Berlin ou New York ou n’importe où ailleurs, qu’importe.

Alors je la laisse passer devant, Ginny, par pure et simple lâcheté. Je ne cherche pas à croiser ses yeux, je ne fais rien pour que ça arrive, je deviens son ombre et marche sur ses pas alors qu’elle remonte doucement l’avion. Un voyageur retardataire nous donne une seconde de plus, ralentit notre marche funèbre et un de mes bras passe déjà sous son cou, rejoint par le second. Les deux l’entourent, prennent garde à ne pas trop l’étouffer, à ne pas trop la serrer alors que c’est ce dont j’ai envie. Mon visage redescend près de la capuche de mon sweat qui sent son odeur à elle, il s’arrête dans son cou et je jure que je n’y reste qu’une seconde, une simple et dernière seconde. Un simple baiser qui se perd dans son cou, aussi, dernière marque d’affection avant que je ne la laisse respirer à nouveau et ne relève la capuche sur sa tête. Mes bras la lâchent, une main persiste à chercher encore le bout de ses doigts jusqu’à ce qu’on descende de l’avion. Mon pouce caresse sa peau qui ne colle même pas et ça c’est louche, pour de vrai. Mon pouce la caresse jusqu’à ce qu’on descende les marches, jusqu’à ce qu’on pose un premier pied sur le sol australien devenu la maison. Ma main s’évade, s’évapore, se loge dans la poche de mon propre hoodie, rage déjà de toutes les occasions manquées. ”Pizzasagne devrait déjà être arrivé.” J’ouvre une issue de secours qu’elle ne peut pas ignorer, qu’elle ne doit pas ignorer surtout. On va à l'accueil, on demande notre chien, et on retourne à la vie normale. On oublie tout. Et on ne recommence pas.











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Message(#) Sujet: Re: oh, every night is like a daze (ginauden) oh, every night is like a daze (ginauden) - Page 4 EmptyMer 12 Fév 2020 - 23:05


Donne ton poignet.” j'ai pas le temps d'obéir qu'il le prend Auden, il le tire mon poignet et il s'affaire à essayer de m'attacher une chaîne qui m'étonne de sa résistance à voir à quel point il la brusque, la bouscule, lui crie même dessus, au pauvre bracelet. « Ça chatouille - outch! » ce serait mentir de dire que je fais pas exprès de retirer mon bras pour le lui rendre, de le bouger d'un sens comme de l'autre quand je vois à quel point il rush. Les détails. ”Je te préviens, on n’ira pas à Little Italy.” « Mais y'a des cannolis... » et à mes yeux c'est un argument valable.

Argument que j'oublie quand mon boost de café fait son oeuvre, quand je me transforme à nouveau en moulin à paroles, quand j'ai un dernier truc pour lui, quand j'ai hâte, si hâte de lui montrer, trop pour garder la surprise. C'est une bonne idée je pense, je doute un peu quand même, faut qu'il sache, faut qu'il sache vite pour que je me fasse à l'idée soit qu'il aime ce à quoi j'ai pensé pour notre prochain projet d'art en commun soit qu'il va me ridiculiser d'avoir cru qu'il s'abaisserait à peindre avec moi à nouveau. Alors j'inspire, j'aurais même pas fait le jeu des indices, j'y serais tout de suite allée all in avec le cadeau et, et- ”J’veux pas jouer.

Et il se ferme. Point blank.
« On joue pas, alors. »

Ce sera son cahier, donc, qui recevra les premières bribes de mon cadeau. Du mur qui l'attend, de canevas de plusieurs mètres qu'on pourra barbouiller à notre guise, à notre façon, à notre image, après tout ce qu'on a vu, après tout ce qu'on a vécu. J'y dessine sur une page ou deux, ou cinq, je sais pas, j'ai arrêté de compter.

***

Les miettes, que des miettes. Que des bribes, entre les quelques minutes de sommeil que je gratte, celles entrecoupées à chaque fois que j'entends un bruit même le plus sourd. Que je pense que c'est Auden qui m'a parlé, que je réalise que c'est impossible, le muret entre nous deux est fermé, le rideau avec. J'ai toqué une fois, fallait absolument que je lui raconte mon rêve, fallait trop que je lui dise de quoi Noah avait l'air lui qui était devenu le mutant finalement et qui faisait la vaisselle perché debout sur son kart de Yoshi allant à plein régime sur la rainbow road. Il a pas répondu, il devait dormir, j'ai pas insisté, c'était stupide de toute façon de vouloir tout lui raconter.

Les miettes, que des miettes. Des restes de contact, et ses bras qui me rattrapent parce que mes baskets se sont prises dans la sangle de mon sac qui traînait forever and always au sol. Et sa chaleur qui se casse sur ma nuque parce que je devais avoir un reste de macarons collé là, de véritables miettes cette fois, qu'il cache avec la capuche du hoodie commun et un soupir partagé. Elle est longue la liste des raisons, elle prend en ampleur la liste des excuses, elle se multiplie, la liste des justifications.

Pizzasagne devrait déjà être arrivé.” il a mis mille mètres entre nous, j'ai remarqué comment chaque valise est alignée dans le sens de la largueur là. Quand je les contourne, quand je me hisse à sa hauteur pour passer mes bras autour de ses épaules, pour nicher ma tête dans son cou, pour conclure ça bien, pour faire du beau, du vrai. Une étreinte, rien que ça. Un merci pour toutes les fois où il a dit de la merde et que je flippais, un merci pour toutes les fois où il a supporté mon surplus d'énergie sans menacer de m'arracher trop violemment un membre, un merci pour des tas de trucs, mais surtout pour être là. Juste là.

« Faut faire l'horaire de garde demain. » et on le voit, au loin, on le voit Pizzasagne et j'ai des étoiles dans les yeux et je presse le pas et je joue à l'adulte maintenant. Il le faut parce que ce sera certainement pas lui la figure d'autorité avec le chiot, même s'il fera genre dès que quelqu'un entrera à l'atelier mais qu'à la seconde où ils seront seuls il le gavera de gâteries. « Pendant que tu t'occuperas de l'ouverture de l'atelier. » parce que je serai trop occupée à gratter Pizzasagne entre les oreilles et à lui faire une longue liste de toutes ses qualités. J'avais dit quoi déjà, à propos de la figure d'autorité?
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