≈ ≈ ≈
{Dance is the hidden language of the soul}
crédit/ CRÉDIT(tumblr) ✰ w/ @Jodie Glenn

"Ramène-moi les clés dans trois heures Pearson, compris ?"
Tu hoches la tête aux mots qui te sont adressés, avant d’attraper les fameuses clés et de courir vers la sortie. Ton sac à dos, toujours aussi bien rempli que d’habitude fait du bruit à chacune de tes foulées et tu es légèrement alourdie par tes bottes, mais être en retard n’est pas vraiment une alternative que tu veux considérer pour ce rendez-vous plus qu’important. Comme tu l’as admis auprès de tes proches, et quiconque veut bien l’entendre, tu ne sais pas vraiment quelle direction prend ta carrière de danseuse. La fermeture du Candy Club en fin d’année dernière t’as mise au pied du mur de la pire façon qui soit et sans boulot officiellement et permanent, tu t’es retrouvée à devoir prendre des décisions précises et réfléchir de manière plus posée.
Emménager avec Evie était la bouffée d’air frais supplémentaire pour avoir un peu plus de perspective, techniquement, cela fait moins d’un an que tu te consacres à la danse à temps plein, plutôt que de stresser et te fixer des objectifs impossibles, tu devrais en profiter et ne pas perdre de vue ce que tu aimes faire le plus, danser. Cette pensée en tête, tu noues ta chemise à carreau au niveau de ton nombril, la laissant ballotter sur tes hanches alors que tu te rapproches du petit studio de danse qu’on te laisse emprunter pour quelques heures. Toi et la photographe que tu as trouvée en ligne, plutôt admirative de son style et ravie de trouver une vraie professionnelle dans des prix que tu peux te permettre. Improviser un photoshoot sans raison particulière est le meilleur moyen de te remonter le moral et de te rappeler ce que tu peux faire…
Tu finis par pousser la porte du studio et constates que Jodie est déjà là, tu lui offres un sourire quand elle t’appelle par ton prénom et pas Miss Pearson, lui tendant la main pour serrer la sienne et faire officiellement les présentations après votre échange téléphonique. "Bonjour, et oui on peut se tutoyer, ça rendra les choses tout de suite plus simples, je pense, non ?" Tu lui fais signe de te suivre et te charges d’allumer toutes les lumières dans le studio de danse, la salle est petite, à peine plus grande que ton salon, mais cela ne te dérange absolument pas. Tu perds quelques secondes à fixer ton reflet dans les grands miroirs qui font toujours face aux danseurs avant de te tourner de nouveau vers Jodie, cherchant ton téléphone portable dans ton sac. "Non, pas vraiment d’idées, j’ai fait des recherches un peu sur Instagram et autres, mais je peux vous dire tout de suite ce que je ne veux pas, pas de photos super clichés en noir et blanc de moi en train de m’étirer ou ce genre de stéréotype à souhait." Joignant le geste à la parole, tu lui montres tes quelques trouvailles et les premiers résultats qu’on trouve dans n’importe quel moteur de recherche en tapant les mots danseur et photographie.
"Faut que ça fasse réel, la danse, c’est ce que je fais de mieux." Tu ne sais pas comment exprimer ça, mais tu ne veux pas qu’il s’agisse de quelconques photos pour montrer à quel point tu es souple ou si tu sais faire des pliés. Non, tu danses près de huit heures par jour, te rends régulièrement à des cours, des castings, dans les différentes boites de la ville afin d’améliorer ton style et d’en apprendre toujours plus… Il s’agit bien plus d’un hobby ou un prétexte pour frimer. "Je pense que le mieux c’est que je vous fasse une petite démonstration et on pourra faire à l’inspiration, non ?" Car c’est la meilleure façon de faire, laisser ton corps et tes mouvements parler pour toi et dresser le portrait de Lara Pearson.

≈ ≈ ≈
{Dance is the hidden language of the soul}
crédit/ CRÉDIT(tumblr) ✰ w/ @Jodie Glenn

Tu pourrais expliquer à Jodie ce que tu fais, lui expliquer pourquoi tu aimes autant la danse, lui dire qu’il ne s’agissait que d’un petit hobby pour canaliser ton trop plein d’énergie et cela s’est transformé en quelque chose d’autre au fil des années. Quelque chose de vital et de crucial même, quelque chose dont tu ne peux plus vraiment te passer et qui te permet de vivre et de payer les factures désormais. Mais cela ne servirait à rien de te perdre en mots, elle ne comprendrait pas vraiment, autant lui montrer, oui, lui montrer ce que tu sais faire. Tu restes humble quand il s’agit de ton propre niveau, loin d’être une amatrice, tu n’as pas une technique parfaite comme certaine et tu as encore des choses à apprendre et tes preuves à faire. Tu es sur la bonne voix, tu le sais, et c’est bien pour cela qu’un autre sourire trouve ton visage quand Jodie te complimente. Tu acceptes volontiers les mots doux de la photographe, pourquoi pas après tout, et réponds un simple :  "Merci. Je m’entraine beaucoup et je pense que cela se voit…"
Environ huit heures par jour, et tu prends toujours des cours pour te maintenir à niveau et ne rien oublier ou louper de crucial. Oui, tu es très active et incapable de te poser. Tu restes sur place l’instant d’après cependant, regardant Jodie s’emparer de son appareil et tourner l’objectif vers toi. Oui, c’est bien pour cela que tu l’as fait venir après tout, pas pour papoter ou échanger quelques politesses. "Okay." Tu murmures le mot avant de prendre une profonde inspiration et de te remettre à bouger. La première chose que tu fais est de détacher tes cheveux, rangeant l’élastique autour de ton poignet droit et laissant tes mèches roses virevolter de part et d’autre de ton visage. Tu abandonnes également ton t-shirt à l’effigie de Metallica et ton short en jean, te retrouvant ainsi en brassière et dans un short de danse, encore plus court que le précédent et des bas résilles. Tu aimes être libre dans tes mouvements et pas trop freinée par des couches de vêtements, et en plus, être strip-teaseuse ne laisse pas beaucoup de place à la pudeur.
Une fois que tu as fourré tes affaires dans ton sac, tu trouves ton téléphone que tu branches directement à la stéréo, déjà à la recherche d’une de tes nombreuses playlists. "Désolée si ça ne parait pas trop naturel, l’appareil rajoute un peu de pression." lances-tu par dessus ton épaule, à l'adresse de la jeune femme, tout t’interrogeant pendant une longue minute sur le morceau à choisir. Il ne s’agit pas d’un énième enterrement de vie de garçon, ou toi qui essayes de satisfaire un client et de repartir avec le plus de dollars possibles, non, tu veux montrer à Jodie ce dont tu es capable et ce qui te définit le mieux. Donc tu appuies sur le bouton démarrer avec un autre sourire, rassurée par le son des guitares et le début du morceau et tu fais demi-tour sur toi-même, hochant la tête pour signifier que tu es prête.
"You got this." Un encouragement pour ta propre personne et dès que la voix du chanteur s’élève de nouveau, tu es en mouvement. Le morceau est familier, le rythme aussi, et tu oublies Jodie pendant les prochaines minutes, ne dansant plus que pour toi. Tes hanches trouvent la cadence, de même que tes bras, et le reste de ton corps. Tu navigues sur le plancher de pirouettes en pirouettes, de saltos en pliés, t’accordant même un grand écart sur le parquet de la salle de danse. Tes talons claquent et tu fredonnes même le début du refrain, faisant quelques pas supplémentaires vers Jodie tout en continuant de danser. C’est certain tu es dans ton élément.

Spoiler:

≈ ≈ ≈
{Dance is the hidden language of the soul}
crédit/ CRÉDIT(tumblr) ✰ w/ @Jodie Glenn

Il n’y a pas à dire, sur le parquet du studio de danse, tu es dans ton élément. Au son de la musique, tu oublies tous tes problèmes, tous tes doutes, et dans le fond, il est très facile d’oublier que Jodie est là. Parfois, les gens te demandent comment tu fais pour exercer le métier de strip-teaseuse, si ce n’est pas dégradant justement, de danser et d’enlever tes fringues pour récolter des sous et pour vivre. Non, tu ne vois pas cela de cette façon, dès que tu danses, dès que la musique arrive, tu oublies tout le reste. Tu danses pour toi, c’est ton moment, tu t’éclates toujours peu importe la mission et peu importe le contexte. Si tu as un public ou non, c’est du bonus, mais ce n’est pas pour eux que tu le fais, mais bien pour toi. Tu rattrapes tout le temps perdu, toutes les années passées à la fac où tu n’as pas pu ton concentrer sur ça, mais où tu as dû vivre la vie d’une autre et faire comme si tu étais satisfaite.
Ce n’est plus le cas, quand tu danses, que ce soit en enlevant tes vêtements ou non, c’est honnête, tu ne peux pas mentir sur la piste de danse et c’est vraiment ce que tu préfères dans ce métier, ça plus qu’autre chose. La chanson arrive à sa fin et tu prends une profonde inspiration en te redressant, tu te précipites sur ton téléphone, pour l'interrompre avant qu’il ne lance la boucle et la chanson suivante. Tu prends une autre inspiration, rejoignant enfin Jodie et son fidèle appareil photo. "Merci… comme j’ai dit, c’est ce que je fais de mieux alors ouais…" Oui, tu as toujours été humble et non, tu n’es pas de celles ou de ceux qui s’envoient des compliments inutilement, mais tu passes du temps ici. Tu passes du temps sur les planches, à perfectionner ton art, tu prends toujours des cours de danse, essayes toujours d’améliorer ta technique alors oui… tu espères que cela se voit. "Oui, je veux bien les voir." Une partie de toi est même impatiente et tu te mords la lèvre inférieure pendant quelques secondes, pour te calmer, pour ne pas mettre la barre trop haut et tu penches la tête vers l’objectif et l’appareil qu’elle te tend.
Tu observes la vingtaine de clichés qu’elle a prises, en adores certains plus que d’autres, es fan des angles de prises de vues et surtout, de la jeune femme sur ces clichés. Oui, c’est vraiment toi, Lara Pearson. "Je vous retourne le compliment… vous êtes vraiment douée, j’ai vraiment dû mal à me reconnaître sur certains clichés." Ce qui est une très bonne chose selon toi, la seule raison pour laquelle tu t’es lancée dans cette séance improvisée, c’était pour donner un côté un peu plus professionnel à ce que tu fais et visiblement, tu as tapé à la bonne porte. "Vous savez, je connais beaucoup d’autres danseurs qui seraient ravis d’avoir votre carte, je ne suis pas la seule à essayer d’avoir un porte-folio qui fait un peu plus professionnel."
Est-ce que tu es prête à faire un peu de publicité à Jodie ? Totalement, ça sera un échange de bons procédés pour vous. Tu finis par reculer, car vous avez le studio pour encore un bon moment et tu tires une des barres qui sert d’entraînement et de station d’étirement aux danseuses. "On peut essayer quelques photos avec une des barres aussi." Maintenant que tu as commencé, difficile de t’arrêter.

≈ ≈ ≈
{Dance is the hidden language of the soul}
crédit/ CRÉDIT(tumblr) ✰ w/ @Jodie Glenn

"Oh pas la peine de me remercier, je suis sincère aussi, je ne suis pas la seule qui cherche à percer dans ce métier, et pour certains castings, on ne peut pas y mettre les pieds sans un bon portfolio ou un bon agent, donc merci pour le coup de main." Une sorte de liberté… Les mots de la photographe et d’une professionnelle, pas les tiens, tu résistes à la tentation de lui demander si cela se voit vraiment que la danse est ton échappatoire. Qu’il s’agit de quelque chose de personnel et qui est uniquement pour toi et pour personne d’autre. Pendant des années, cela a été ton seul moyen de t’exprimer et de te retrouver vraiment, loin du regard de tes parents, sans leur avis sur la question également, une très bonne chose selon toi. Tu n’avais pas vraiment conscience que cela transparaissait dans tes mouvements, mais visiblement, c’est le cas. Assez pour que quelqu’un qui te voit danser pour l’une des toutes premières fois puisse le remarquer.
Tu hoches la tête quand elle t’indique que vous allez bientôt reprendre et qu’elle te donnera ta carte quand vous aurez fini votre petite session de photographie. Tu sembles un peu plus détendue l’instant d’après, comme si ton corps s’était fait à l’idée que Jodie était dans la pièce, c’est un autre type de spectateurs au final, pas de ceux qui te lancent des billets dessus en espérant que tu continues de te trémousser, mais quelqu’un qui apprécie ton talent. Et quelqu’un qui possède la fibre artistique tout comme toi, car oui, dans le fond, tu estimes que Jodie aussi fait partie de la catégorie des artistes, elle ne se contente pas juste d’appuyer sur un bouton pour laisser l’appareil faire le reste. C’est elle qui détermine quand et comment et elle est très en contrôle du résultat final, un peu comme toi et chacun de tes mouvements. Même maintenant, même quand tu improvises, il y a une certaine maîtrise et un certains avoir dans tes mouvements.
"Me faudrait plusieurs cartes, je pense, histoire de contenter tout le monde, et pas de soucis, faut bien se serrer les coudes entre filles." Et la dernière partie de ta phrase, ce n’est pas juste quelque chose que tu te contentes de répéter parce que c’est le mantra de l’année et qu’on le retrouve dans beaucoup de chansons pop et pseudo-féministes, tu y crois dur comme fer et cela est aussi solide et réel que le sourire que tu offres à Jodie la seconde suivante. "C’est la première fois que vous travaillez avec quelqu’un qui danse ? Vous devez plus faire les mariages et ce genre de choses, non ?" Quelque chose d’un peu plus traditionnelle que la danse, et la danse moderne qui plus est, et tu songes un instant à lui parler de ta cousine Evie et de son business, mais tu te rappelles que vous n’avez pas le studio de danse pour une durée illimitée et qu’il vaut mieux se dépêcher. "On va se refaire un autre classique okay ?" Tu dis cela, et le morceau suivant qui démarre, tu es certain qu’elle le reconnaîtra, vu qu’il s’agit encore d’un classique.
"Et je vais essayer autre chose aussi." Tu dis cela avant de trouver place sur la chaise que tu avais tiré quelques secondes plus tôt, tu fais un signe de tête à Jodie et tandis que le couplet connu démarre, tu te remets à danser. Sans plus aucune retenue cette fois-ci, sans aucune gêne et sachant pertinemment que tu es entre de bonnes-mains. Les mouvements sont un peu plus saccadés cette fois-ci, tu suis la voix de Freddie, les accords de la basse et tu bouges les hanches en rythme, ne faisant plus qu’un avec cette chaise mais pas que. Grand écart, plié, tu enchaînes le tout, sans aucun souci, jouant de ta souplesse et le fait que tu connaisses la chanson par cœur, plus que jamais dans ton élément.

≈ ≈ ≈
{Dance is the hidden language of the soul}
crédit/ CRÉDIT(tumblr) ✰ w/ @Jodie Glenn

Est-ce que tu te qualifierais de professionnelle ? Non pas vraiment, plus une amatrice qui a vraiment de la chance et beaucoup de temps libre. Tu n’es pas de ceux qui s’envoient des fleurs, non, tu fais partie de l’autre catégorie, ceux qui bossent dur et sans compter les heures et sans compter les petits sacrifices et toutes les choses du quotidien qu’ils loupent. La danse c’est trop important pour toi, et on t’a trop souvent dit que ce n’était pas une véritable profession et que tu ne pourrais jamais en vivre, que maintenant, tu es contente de pouvoir remettre tous ceux qui ont osé douter de toi et de tes capacités à leur place. Tu pourrais commencer par tes parents, et plus particulièrement ton père, qui t’a déjà dit d’oublier ce rêve un peu futile et enfantin et de redescendre, de reposer les deux pieds sur terre justement et te rendre compte qu’il n’y a que très peu de personnes qui réussissent dans les milieux artistiques.
Dans un sens, les mots de Trevante sont justes et sûrement teintés d’une sagesse certaine, mais tu as surtout vu la déception et le jugement dans son regard et tu as décidé de lui prouver qu’il avait tort. A tous. Et puis, songes-tu en faisant une pirouette très travaillée au son de la musique, tu ne fais pas ça pour devenir particulièrement célèbre ou voir ton nom en grosses lettres quelque part. Non, tu fais ça car la danse est une véritable passion pour toi, et ensuite, du moment que tu peux payer tes factures et un avoir un toit au-dessus de ta tête, tu ne demandes absolument rien de plus. Le reste justement, ce n’est que du bonus et ça n’entre pas en ligne de compte. C’est bien pour cela que la danse reste libératrice pour toi, tu fais ça sans aucune prise de tête, sans te mettre la pression, sans chercher à trop en faire ou pas assez, justement.
Et tu es contente de pouvoir converser avec Jodie et après Queen, tu reviens à un classique et jette ton dévolu sur du Iron Maiden, parce que tu aimes vraiment le son des guitares et que c’est de la musique apaisante à tes yeux, oui le son des guitares électriques te berce toujours. Et les minutes finissent par passer, de nombreux clichés sont pris et quand tu arrêtes la musique quelques instants plus tard, tu es légèrement essoufflée, tu te diriges vers ton sac pour y trouver une bouteille d’eau et prendre une grande gorgée. Que tu as largement mérité, tu le sais. "Et voilà ! Je pense que vous avez pu prendre plein de clichés et vu l’heure, on ne devrait pas tarder…" Tu perds un peu la notion du temps dès que tu es dans un studio de danse, c’est une atmosphère assez reposante et tu n’as pas forcément envie de repartir et de revenir à la réalité, ou dans ce cas, le monde extérieur. "J’ai promis que je rendrais les clefs en temps et en heure." Et vu que tu ne veux pas perdre ce genre de petits privilèges, tu comptes bien tenir ta parole.
Tu t’étires rapidement la seconde suivante, histoire de ne pas te retrouver avec encore plus de courbatures le lendemain et tu changes rapidement tes chaussures, tout en parlant à Jodie. "Et merci, j’essaye vraiment de m’améliorer et faire de mon mieux, et puis c’est toujours mieux de danser ici, devant vous, plutôt que devant des gens qui me lancent des billets dessus. On s’habitue vite oui, mais ce n’est tout simplement pareil." Enfin prête, tu balances ton sac sur ton épaule droite, avant de te pencher vers Jodie et tout son matériel, la photographe tout aussi chargée que toi au final. "Laissez-moi vous aider." Tu attrapes un des panneaux dont elle se servait il y a quelques instants plus tôt, vous guidant vers la sortie du studio. "Du coup combien de temps je devrais attendre avant les clichés finaux ?" Tu poses la question, véritablement curieuse et, il faut bien l’avouer, parce que la patiente n’a jamais été ton fort.