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{hey, you, what if I told you we'rе cool?}
crédit/(taylagifs ✰ w/ @Itziar Cortés de Aguilar

Tu as toujours été une personne organisée. Toujours. C'est ainsi que tu te définirais, et ensuite, comme tu l'as dit à Saddie pendant ton entretien, tu ajouterais que plus tu es occupée, mieux tu te portes. Cela a toujours été le cas. Certaines personnes te diraient sûrement que tout est une question de balance, que le travail ne fait pas toute une vie et qu'il faut que tu prennes des moments pour toi. Et si tu le comprends bien et que tu n'as pas le même rythme que tu avais quand tu n'avais qu'une vingtaine d'années, tu sais aussi que tu n'es pas faite pour regarder une saison d'une série télévisée sur ton canapé en une seule journée, le tout avec des snacks, suivi d'une sieste ou d'un bain. Pour toi, ce n'est pas reposant, non, ce n'est pas comme ça que Lara Pearson se repose. Tu aimes être occupée, avoir un objectif clair et précis, une liste à finir. Et depuis janvier, tu enchaînes avec les cours à l'université de Brisbane, le club, tes sessions de révisions et tes allées et venues dans le centre, pour garder un œil sur les futurs locaux de Think Pink. Tu as donc un emploi du temps de ministre, où chaque minute est prévue et tu ne vois pas cela comme une corvée, bien au contraire. Ce matin par exemple ? Tu as deux cours magistraux suivis d'une heure à la bibliothèque du campus, pour faire des cartes de révision, tout en écoutant une conférence de business qu'un des professeurs a recommandée. Tu apprends beaucoup, principalement que personne ne peut évoluer dans ce milieu tout seul, que les investissements sont cruciaux et que n'importe quoi peut réussir et vendre.
Un de tes professeurs l'a très bien résumé : réussir en affaires c'est réussir à trouver l'équilibre entre sa préparation amont, les hauts et bas de l'économie et sa chance personnelle. Ton portable te tire de tes pensées, une autre alarme et si tu as une légère hésitation en voyant ce que ton calendrier t'annonce, tu n'es pas une femme qui hésite trop longtemps. Tu ranges ta tablette, tes cartes et ton assortiment de style rose dans ton sac et tu quittes le campus. Dans ton taxi, tu envoies un message à Duncan qui est à Paradise City, pour t'assurer qu'Itziar s'y trouve aussi. Il serait stupide de la louper alors que c'est à la blonde que tu dois t'adresser directement. Tu es bien contente que vous ayez pu mettre cette histoire d'enquête derrière vous, oui, cela a fait fuir les clients pendant quelques semaines, mais le business a bien fini par reprendre et il y a toujours des gens qui viennent s'asseoir devant la scène de Paradise City, toujours une certaine ambiance dans l'établissement et ce qui veut donc dire que le club a encore de beaux jours devant lui... ça ne fait aucun doute à tes yeux. Duncan répond à ton message alors que tu n'es plus qu'à quelques minutes du club et c'est tout ce que tu as besoin de savoir. Tu sors de ton taxi rapidement et après avoir payé, tu retrouves les murs familiers de Paradise City. Oui,il fait jour, mais le club n'est pas vide, Duncan est à la porte, quand tu rentres, tu aperçois deux danseuses sur scène: une qui bosse avec vous depuis l'ouverture du club et une petite nouvelle, en train d'échanger et de corriger les poses de l'une l'autre. Une serveuse derrière le bar est en train de restocker ce dernier, nouvelles bouteilles de whisky, de champagne, elle t'adresse un signe de la main que tu lui renvoies. Si Itziar n'est pas derrière la bar, elle doit être dans le bureau. C'est ce qui te parait le plus logique et tu t'y diriges. La porte est ouverte et tu tapes quand même dessus, afin de capter l'attention de la blonde.
"Je me disais bien que je te trouverais là..." Itziar bosse aussi dur que toi, ça tu n'en as jamais douté, et il est temps de régler quelque chose pour de bon. Vous vous êtes éloignées de cette conversation avec l'arrivée de l'inspecteur Lockwood dans votre vie professionnelle."Je vais aller droit au but et je vais éviter de te faire perdre ton temps." Que tu dis en entrant véritablement dans le bureau. Tu poses ton sac sur la chaise avant de l'ouvrir et de dénicher une autre pile de papier. Et Itziar le sait, ce n'est pas la première fois que tu fais quelque chose dans ce style, ici qui plus est."Ouais, c'est un autre contrat."  Tu lèves une main pour stopper les protestations qui pourraient arriver et pour continuer ton explication. Et pour éviter une autre dispute, tu n'es franchement pas d'humeur et cela serait une perte de temps colossale. Autant pour Itziar que pour toi. "Mais, avant que tu ne poses la question, mon avocat a passé beaucoup de temps dessus et ça divise tout en deux." Tout, absolument tout et ce sans aucun retour en arrière possible. "L'immeuble, les bénéfices, le business et tout ce qui va avec." Tu le précises, baissant enfin ta main."Cinquante, cinquante... pour de vrai."

Elle n’avait pas oublié ce que Lara lui avait dit, avant que l’Inspecteur Lockwood ne débarque à Paradise City avec toute son équipe pour venir scruter et passer au peigne fin les moindres recoins du club. Cependant, dans l’agitation, elles n’étaient jamais revenues à cette conversation qui avait été coupée court. Tuée dans l'œuf, même. Puisqu’elle s’était résumée à une phrase de Lara et une interrogation d’Itziar, avant qu’elles ne soient interrompues. Il avait ensuite fallu gérer l’après. Car finalement, cette enquête n’était pas passée inaperçue et bien que, suite à la perquisition, elles avaient été mises hors de cause très rapidement, le mal avait été fait. La baisse de fréquentation s’était faite ressentir pendant un temps, ce qui était compréhensible. Ce n’était pas le genre de publicité qui se voulait flatteuse. Au contraire, cela remettait en cause pas mal de choses qui faisaient de Paradise City un établissement respectable et intimiste pour ses clients. Cependant, tout s'était estompé. Les rumeurs, l’enquête, les traces du passage de la police au sein des murs. Avec ça, les clients étaient revenus. Paradise City avait redoré son blason. Cela n’était pas sans le travail acharné des danseuses, barmaids et quiconque contribuant à sa manière à la fourmilière que représentait le club. Personne ne s’était laissé abattre par la période un peu creuse. Surtout pas Itziar qui y avait vu là comme l’occasion de tester de nouvelles choses tout en fidélisant des clients qui avaient été attirés là par curiosité. Ça avait été un mal pour un bien, elle devait le reconnaître quand elle regardait les chiffres des derniers soirs. Les consommations aussi étaient reparties à la hausse et elle se retrouvait à devoir passer sa commande de spiritueux une semaine plus tôt que prévu.

Elle relève la tête de l’écran de l’ordinateur quand la voix de Lara lui arrive jusqu’aux oreilles. Les mots qu’elle emploie, le papier qu’elle lui tend, tout cela avait comme un goût de déjà vu. Ça la ramène quasiment un an plus tôt, à une conversation qu’elle aurait bien aimé ne jamais avoir avec la jeune femme. Alors, elle hausse un sourcil interrogateur avant de parler, même si Lara est plus rapide qu’elle. Pour éviter tout malentendu, sans doute. “Tu réponds avant même que je pose la question, c’est si prévisible ?” Demande-t-elle. Plaisantant légèrement bien qu’un léger doute subsiste dans son esprit. Est-ce un remake de leur conversation de l’an dernier ? Lara reviendrait elle à la charge, au moment où Itziar s’y attend le moins ? Est-ce en lien avec ce qu’elle avait esquissé quelques semaines plus tôt avant l’arrivée de l’Inspecteur Lockwood ? La réponse ne se fait pas attendre. Là, encore, Lara à un coup d’avance et ne lui laisse pas se faire tout un tas de scénarios dans sa tête. Elle a comme l’impression que c’est comme ça que ça aurait dû se passer la première fois. Que ce coup-là permet de rabattre les cartes et mettre toutes querelles au placard définitivement. Elle n’est pas sur la défensive, Itziar. Pas cette fois. Elle ne repousse pas le contrat comme elle avait pu le faire avec l’enveloppe contenant le chèque un an auparavant. Là, c’est tout l’inverse. “Ok.” Déclare-t-elle en tendant la main pour attraper la pile de papiers. Elle parcourt la première page des yeux rapidement. “Est-ce qu’il y a un mais ? Un truc caché ou je ne sais quoi ?” Demande-t-elle. Ce n’est pas qu’elle se méfie, ou qu’elle est sceptique, mais leur histoire était allée loin. Les échanges avec le médiateur et leurs avocats avaient été éprouvants. Elle n’avait pas envie de revivre ça. “Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?” Demande-t-elle ensuite, marquant une courte pause, sans vraiment laisser à Lara le temps de répondre. “Non, en fait, je sais pas si ça a de l’importance.” Ce n’était pas la question, finalement. Ni ce qui était important actuellement. Les papiers qu’elle avait entre les mains étaient, eux, bien plus précieux. “Je suis désolée pour tout ce que je t’ai dit. Pour ce que ça vaut ...” Trouve-t-elle important de dire, même si ça ne changeait rien. Même si ça n’effacera pas le fait qu’elle avait cherché à taper là où ça faisait mal. Elle voulait repartir à zéro, si elles devaient faire les choses. “Du coup, tu veux me faire un petit résumé de tout ce qu’il y a là-dedans ?” Lui propose-t-elle. Ça sera déjà un premier pas, plus rapide que si elle devait tout lire tout de suite.