we're only young and naïve still
Lucia Whitemore & @Swann McGrath

Dire que je suis détendue, dire que j’aborde cette étape importante avec sérénité serait le plus grotesque des mensonges. Je suis si nerveuse que j’entends mon cœur battre à tout va et que je sens mes mains moites. Je suis si nerveuse que je laisse échapper un rire nerveux quand les doigts de Swann s’emmêlent dans mes cheveux lorsqu’il tente de retirer l’élastique qui les noue. D’un geste peu assuré les décroche et si je parviens à respirer plutôt que de suffoquer, c’est uniquement grâce à ses sourires et à ses coups d'œil appuyés et rassurants. Ses lèvres qui descendent sur mon ventre et qui se perdent sur la peau de mes cuisses, elles me chatouillent et je me mords la lèvre pour ne pas rire ou trembler. Je me mords la lèvre aussi pour contenir quelques soupirs d’anticipation, puisque j’ai du mal à lâcher prise. Il ne me quitte presque pas des yeux, pas une seule seconde et si je rougis c’est d’avoir la tête pleine de questions. Je me sens mal à l’aise : je me demande ce qu’il pense de la taille de mes seins - je les trouve trop petits - de celle de mes hanches et de mes fesses - elles sont trop plates - si la peau de mes jambes est assez douce et s’il aime mon ventre plat ou bien s’il me préférerait avec plus de formes.

J’ai l’impression que mes derniers rapports remontent à une éternité : plus d’un an, c’est une éternité non ? J’ai peur de ne plus savoir faire, comment entretenir le désir et augmenter le plaisir, j’ai peur de ne pas être à la hauteur puisque j’imagine bien plus expérimenté que moi Swann. Après tout, il a quelques années de plus et en dehors de mes deux ex, je n’ai jamais eu de coups d’un soir. C’est un sujet dont nous n’avons jamais parlé, nous aurions dû ? A-t-il beaucoup d’expérience ? Plus que moi ? A-t-il eu d'autres relations sérieuses ?  


Ces questions-là s’évaporent lorsque ses doigts se mêlent aux miens, lorsqu’il remonte déposer des baisers dans mon cou et que nos lèvres se retrouvent quand nos corps eux, s’assemblent pour la première fois. Si je me demande encore si je fais les choses bien, si je fais les choses comme il les aime, si le stress est toujours présent il passe au second plan dès qu’il me dévore du regard, dès qu’une salve de plaisir le pousse à accrocher ses doigts dans mes cheveux, dès que je sens mes jambes et mon ventre devenir de la guimauve : je me sens bien avec lui, voilà tout.

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« Tu avais tout prévu pour ce soir, n’est ce pas ? »

Il m’attire à lui en prenant soin de remonter la couverture sur mon corps. Moi, je niche ma tête dans son cou, l’air pensif. Est-ce que j’avais pensé à tout ? J’avais pensé à l’endroit, j’imaginais cette plage parfaite d’où on pourrait observer les étoiles et sur laquelle on pourrait faire un feu pour faire griller des chamallows. J’imaginais le bruit des vagues, le goût du sucre et la lumière des flammes. Parce que je suis idiote, parce que je suis trop romantique et que ça me perdra, parce que je suis le genre de fille qui rêve d’un premier baiser en haut d’une grande roue et d’une première fois sous les étoiles. Mais je n’avais pas pensé à tout.

Je n’avais pas pensé à quelles seraient mes sensations lorsque ses lèvres toucheraient ma peau.

Je n’avais à ce que je ressentirais quand ses doigts caresseraient mes flancs et la peau fine de mes cuisses.

Je n’avais pas pensé non plus à comment je me sentirais après.

Je me sens bien. Je me sens complète. Je me demande si c’est son cas aussi et je ne peux m’empêcher de cogiter. J’aimais déjà Swann avant que notre relation ne prenne ce nouveau tournant : il n’est pas question de force de mes sentiments, mais nier que cet instant a une signification toute particulière serait un mensonge. « J’avais pas pensé à tout... Mais je voulais que ça soit parfait. » Je voulais que les souvenirs attachés à ce moment soient parfaits. « Je savais que j’en avais envie, mais je voulais que ça représente quelque chose. Que ce soit exceptionnel. » Je rougis, consciente d’être certainement un peu trop fleur bleue et peut-être trop étouffante. « Tu trouve ça idiot ? » Un sourire timide sur les lèvres, je relève mon visage vers lui et je frôle son menton du bout du nez. « Tu t'en doutais pas ? » Je ne suis pas vraiment un livre ouvert tant je bute et je doute lorsqu’il est question d’exprimer mes envies et mes émotions. Ma dernière question, je n'ose pas la pose mais elle tient en quelques mots maladroits : "Est-ce que c'était bien pour toi ? Est-ce que tu as ressenti ce que j'ai ressenti ?"

Il garde un sourire niais au coin des lèvres parce qu’il perd aucune raison de s’en faire de rien, ce soir. Tout va merveilleusement bien et c’est largement grâce à Lucia. Sa main caresse ses cheveux par habitude et il prend toutes les précautions du monde pour qu’elle ne soit pas mal à l’aise à aucun moment. Leur respiration reprend un rythme normal et bientôt il devrait arrêter de l’embrasser sur la tempe - quand bien même il en a tout sauf envie. L’anglais ne s’était pas senti aussi bien avec quelqu’un depuis longtemps mais cela ne l’empêche pas pour autant de poser des questions qui la titillent, quand bien même il n’est animé que de bonnes intentions. « J’avais pas pensé à tout... Mais je voulais que ça soit parfait. » Sans doute connaissait-il la réponse avant même de poser la question mais l’entendre dire clairement lui arrache un sourire de plus. Il trouve attendrissant qu’elle ait pris tant de soin à organiser leur première fois pour être certaine qu’elle se passe comme elle l’aurait voulu. Il n’est pas question pour lui de lui en vouloir d’avoir tant attendu, bien loin de là, et aujourd’hui il est au contraire heureux que tout se soit passé comme prévu. “Ca l’était.” Il n’aurait pas demandé autre chose qu’une Lucia à l’aise et sûre d’elle alors ils ont sûrement des attentes bien différentes l’un de l’autre. Si cela ne les empêche pas d’en venir à la même conclusion, pourtant, c’est ce qui importe le plus. Swann était réellement heureux de partager ce moment avec elle.

« Je savais que j’en avais envie, mais je voulais que ça représente quelque chose. Que ce soit exceptionnel. » Pour peu, il sentirait presque les joues de la jeune femme venir brûler les siennes. Il est incapable de donner autant d’importance à une première fois qu’elle mais il comprend bien pourquoi Lucia en vient à penser à de telles choses. Maintenant il sait qu’elle a réussi son objectif et que ce moment aura vraiment représenté quelque chose, qu’il aura été exceptionnel. Après tout, le feu crépite encore à leurs pieds, l’océan fait entendre ses vagues et sûrement qu’il pourrait continuer à lui montrer les constellations et autres galaxies dans le ciel. Leurs vacances n’auraient pas pu se passer mieux encore et passer tout son temps à ses côtés n’est qu’une confirmation de plus qu’il l’aime. Ce n’est qu’une confirmation aussi que leur décision d’emménager ensemble était la meilleure chose à faire ; il sait qu’il veut l’avoir à ses côtés aussi souvent que possible, aussi longtemps que possible. « Tu trouve ça idiot ? » Aussitôt il abaisse son regard en direction de la jeune femme et ne tarde pas avant de lui répondre, de peur qu’elle ne se fasse des idées qui soient erronées. “Non. Absolument pas. Au contraire.” Il la trouve touchante et attendrissante, une fois de plus. Il ne le lui répétera jamais assez. Son pouce posé sur sa joue, il en profite pour l’embrasser tendrement, son autre main posée contre ses hanches, cachée sous la couverture. « Tu t'en doutais pas ? » Il repose sa tête en arrière et se remet à observer les étoiles, prenant le temps de penser à sa question comme si elle était existentielle. “Je m’en doutais mais je ne voulais pas trop y croire. Tu sais, au cas où je me fasse des idées.” Bien sûr qu’il avait envie de passer cette étape avec elle mais il aurait encore attendu si elle l’avait jugé nécessaire, de peur d’une fois de plus voir des indices là où il n’y en avait pas et de tout gâcher. “Mais je suis content que ça se soit bien passé et selon tes plans.” Il est content de bien des nouvelles choses, ce soir, mais celles-ci lui semblent être les importantes à avancer en premier lieu. Le bonheur de Lucia passera toujours avant le sien, c’est un fait, et si jamais elle ne l'a pas encore compris alors il pourra le lui répéter longtemps encore. Ce qu'il aime d'autant plus dans cette relation c'est que son bonheur rime avec le sien propre sans qu'il n'ait besoin de faire aucun effort ni même aucune concession. "Enfin c'est le cas, j'imagine ?" Est ce que ça serait le concours de celui qui doute le plus de lui-même ? Attention, la compétition est rude et Swann a un demi-millier de compliments et autres feedback à lui donner pour lui faire comprendre à quel point il a apprécié cet instant passé en sa compagnie. C'est pour cette raison qu'il rapproche un peu plus son corps du sien et sa tête de la sienne - pour mieux sentir son odeur, qu'il mentirait.

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Lucia Whitemore & @Swann McGrath

Je pense qu’il me faudrait remonter aux premières semaines de ma relation avec Lawrence pour me souvenir d’un instant où les choses s’étaient aussi bien passées, où je m’étais sentie aussi considérée. Je ne cherche pas à les comparer : ils n’ont rien en commun mon ex et mon petit ami, mon passé et mon futur - je l’espère du moins - et moi aussi je ne suis plus la même : j’ai changé. Mais si je devais parler de sérénité, si je devais parler de confiance, de respect et de réciprocité, j’en ai plus ressenti avec Swann que pendant la quasi totalité de ma relation avec mon ex et je réalise qu’au delà de ce qui ne se contrôle pas, je n’avais aucune raison d’avoir peur. Je n’en ai jamais eues et ce n’est pas ce que je pense, mais tout se mélange dans ma tête pour qu’il n’en ressorte qu’une seule question, une seule certitude finalement : pourquoi étais-je si angoissée ? Pourquoi avoir attendu si longtemps quand tous les signes étaient là pour prouver que Swann était quelqu'un de bien, quelqu’un de parfait qui me traitera toujours un million de fois (au moins) mieux que ce que Lawrence m’a traitée ?

Ce n’est pas une question de manque de confiance : à force de tomber de haut, j’ai appris à douter, à me dire que je fais confiance trop facilement et que je me dois d’être prudente pour me protéger, sauf que ce  n’est pas moi. Je ne suis pas le genre de fille qui garde ses distances au cas où. Je ne suis pas ce genre de fille qui s’attend au pire et qui attend que l’autre fasse ses preuves. Je suis celle qui croit trop, trop vite. Celle qui voit le bon chez chacun et qui se dit que tout le monde a le droit à une deuxième, une cinquième et une trente sixième chance. Et je veux rester cette fille là, je ne veux pas être définie par ce qui m’est arrivé, je ne veux pas laisser ce qui m’est arrivé me changer. Swann est parfait, je n’en ai jamais douté et n’en douterai jamais : et je ne ressens plus le moindre blocage à l’idée d’être nue dans ses bras, si ce n’est quelques angoisses qui ont trait à ma propre perception de mon corps et de mon expérience. Je ne suis pas le genre de fille qui a besoin d’entendre qu’elle est belle pour se faire mousser, je ne cherche pas à flatter mon égo, je garde mes insécurités pour moi réellement persuadée de ne pas avoir grand chose pour plaire à un homme, réellement persuadée d’être mignonne mais assez lambda. Pas assez expérimentée pour laisser un souvenir impérissable. Sauf que pour moi, celui de cette nuit l’est, je le sais déjà. Je me souviendrai des expressions de Swann, du bruit des vagues et de chacune de mes sensations. Je me souviendrai des quelques rires aussi complices que mal à l’aise comme je me souviendrai des moments plus licencieux. Je me souviendrai de tout ce que j’ai ressenti à chaque fois qu’il m’a embrassée, touchée, et quand il m’a possédée. J’ignore si la notion de première fois à la même importance pour lui, mais si je suis fleur bleue je dois admettre que pour moi elle n’en a jamais eu une si forte. « Ça l’était. » « C’est vrai ? Je veux dire... » Je me maudis déjà d’avoir ouvert ma bouche et, fatalement, je rougis. C’était bien ? Elle est là la question qui me brûle les lèvres mais honteuse, je change de trajectoire en cours de route. « C’était comme tu l’imaginais ? » Est-ce qu’il l’imaginait ou est-ce là réservé à la gente féminine, de se faire des films et de rêver l’instant ?

Puisque je l’ai rêvé, imaginé, conçu et provoqué, pas pour avoir le contrôle sur la situation et l’emprise sur lui, mais parce que dans un sens ça me rassurait autant que c’était source de stress, de savoir. « Non. Absolument pas. Au contraire. » Sa main s’accroche à ma hanche et nos lèvres se retrouvent : je n’ai plus envie de les quitter de toute façon. « Je m’en doutais mais je ne voulais pas trop y croire. Tu sais, au cas où je me fasse des idées. Mais je suis content que ça se soit bien passé et selon tes plans. » Il s’allonge sur le dos et, curieuse, je me redresse sur mon coude pour l’observer, en laissant mes doigts caresser doucement son torse et la naissance de sa nuque. « Je suis désolée tu sais. Que ça ait été si… Si compliqué. » J’aurais voulu que tout soit plus naturel : j’aurais voulu en être capable en septembre quand nous en avions tous les deux envie. « J’avais pas besoin d’être rassurée sur toi. Je sais que tu me feras pas de mal. » Ce que je cherche à dire c’est que ce n’est pas de lui que je doutais, mais de moi et de ma capacité à m’abandonner avec un homme, quel qu’il soit, après avoir été tant blessée par ma relation passée. « Enfin c'est le cas, j'imagine ? » « Bien sûr que c’est le cas. » Cette assurance nouvelle je ne sais d’où elle vient, tout comme le fait de parvenir à mettre des mots sur mes émotions. Peut-être de l’évidence de notre association et de notre amour après cet instant incomparable. « Et euh…. Et toi ? » Sa main dans mon dos m’attire contre lui et le plus naturellement du monde, nos jambes s’emmêlent et ma tête se pose contre son torse. « Tu sais, tu peux me dire si y’a des choses que... Que tu préfères différemment. » Dieu que c’est compliqué et dieu que j’ai l’impression d’être prude à bégayer et chercher mes mots quand tout ce que je veux dire, c’est que j’ai à coeur de le satisfaire sur le plan sexuel comme sur tous les autres plans. « Pas tout de suite, ça serait terriblement embarrassant. » Un air amusé éclaire mon visage et je dépose ma joue sur sa peau pour cacher mes yeux. « Mais j’ai pas beaucoup de… Avant toi, j’ai pas connu beaucoup d’hommes. » Il est le troisième, et ma phrase n’est nullement une façon détournée de lui demander de me renvoyer l’ascenseur et de me parler de ses conquêtes, du nombre de relations qu’il a eues et si elles étaient toutes sérieuses. Je ne suis que dans un esprit de partage et je ne partage jamais dans l’attente de quelque chose en retour.

Lucia a des questions plein la tête alors qu’aux yeux de Swann il n’y a pas matière à. Il la trouve belle et parfaite et il en est de même pour leur soirée et tout leur voyage. Cela ne semble pas être la même chose du côté de la jeune femme et s’il ne pourra jamais douter de lui-même pour une infinité de raisons différentes, il peut au moins tenter que Lucia ne suive pas le même genre de chemin - il n’en vaut pas la peine, il le sait par avance. Ses yeux se déportent vers les siens au moment où elle s’élève doucement sur ses coudes et il sourit dans le vide pour une fois de plus. « Je suis désolée tu sais. Que ça ait été si… Si compliqué. » Bien sûr qu’une part de lui aurait préféré qu’ils ne connaissent aucun trouble mais pour cela il n’en veut absolument pas à la jeune Whitemore. “Je continuerai à te dire que tu n’as pas à l’être.” Il continuera à le penser sincèrement, aussi. Maintenant qu’il n’y a plus de problème à ce sujet, au moins, tout semble bien plus clair et bien plus simple pour eux. Les moments où Swann ne craint pas le lendemain sont rares mais au moins il sait en profiter. « J’avais pas besoin d’être rassurée sur toi. Je sais que tu me feras pas de mal. » Ironiquement, s’il s’évertue à la rassurer à son propos, il reste incapable de croire qu’en retour elle peut avoir un avis objectif au sujet de lui. S’il n’avait rien à se reprocher, elle n’aurait jamais eu à avoir peur. Et s’il n’avait rien à se reprocher, justement, il n'aurait pas été aussi entreprenant ce fameux soir. Sa mâchoire se resserre en silence.

« Et euh…. Et toi ? » Le premier doute (en plus des milliers d’autres). « Tu sais, tu peux me dire si y’a des choses que... Que tu préfères différemment. » Le second doute. « Mais j’ai pas beaucoup de… Avant toi, j’ai pas connu beaucoup d’hommes. » Le troisième doute. La sainte trinité du manque de confiance en soi enfin lancée, il respecte le fait qu’elle ne souhaite pas plonger ses yeux dans les siens et joue plutôt de ses cheveux qu’elle perd sur son torse. Elle s’élève doucement au fil de sa respiration, laquelle ne s’emballe pas puisqu’il ne panique (étonnamment) pas. “Lucia, écoute...” Il entame doucement pour qu’elle se retourne vers lui puisqu’il a besoin de la voir dans les yeux pour lui dire ce genre de mots. En attendant, il ne cesse de jouer de ses mèches blondes. “C’était parfait. Et tu étais parfaite.” Swann sent qu’elle a éperdument besoin d’être rassurée et il compte donc lui parler avec le fond de sa pensée. “T’es parfaite. T’es belle, aussi. Ah oui, et je t’aime.” L’anglais ajoute les mots un à un avec un sourire au coin des lèvres, mimant d’user du ton de la raillerie pour ne pas rendre la scène trop dramatique. “J’ai hâte de vivre avec toi.” C’est la dernière chose qu’il avait besoin de lui dire ce soir et il le fait avec son éternel sourire au coin des lèvres, tranché par ses fossettes enfantines. Ses pouces cherchent leur chemin sur le visage de la jeune femme et ses lèvres, elle, en font de même avec les siennes. “Je ne voudrais rien y changer.”