Je ne suis pas dupe, malgré son envie de quitter les lieux de manière précipitée, je ne doute pas qu’Angus a besoin de démontrer quelque chose à ses anciens camarades. Je ne sais pas quoi exactement ; il m’a l’air pourtant d’avoir coché toutes les cases du succès si on fait abstraction de sa vie sentimentale puisqu’il m’a demandé de jouer ce rôle-là ce soir. Il a la réussite, il a le charisme, il n’y a peut-être que la sociabilité qui est à retravailler, mais dans l’ensemble il s’en sort plutôt pas mal, et si l’avis de ses anciens camarades n’était pas un minimum important, il ne se serait pas pointé jusqu’ici et, surtout, ne m’aurait pas mise à profit pour l’aider à dresser un portrait élogieux de sa personne. Et j’ai l’impression qu’on a rien eu le temps de prouver avant qu’il ne décide de faire demi-tour, alors oui, je me permets de souligner qu’il m’a quand même l’air de beaucoup penser à eux derrière sa façade de mec indifférent. Il n’a pas l’air convaincu, mais je ne suis toujours pas dupe, parce qu’il est fait du même bois que moi de ce côté-là ; et que j’ai l’impression qu’il a autant besoin que moi d’une certaine forme de reconnaissance qu’il cherche chez les autres à défaut de la trouver chez les personnes qui devraient lui l’offrir sans condition, à commencer par sa mère. Mais peu importe, l’idée n’est pas de le faire changer d’avis là-dessus que de le convaincre à m’offrir encore un peu de cette soirée qui est le seul équivalent au bal de promo que je suis amenée à connaître. Ça peut paraître ridicule, mais j’ai toujours rêvé du bal dans tous ses clichés ; à l’époque j’imaginais que Cesar serait celui qui me demanderait de m’accompagner et que l’on passerait la plus merveilleuse des soirées ensemble, durant laquelle je n’arrêterais pas de penser qu’il est l’homme de ma vie et que je vis mes plus belles années. Les choses ont bien changé ; Cesar s’est transformé en connard et moi, je suis passée à côté de ces belles années par ma seule faute. Alors ça a de l’importance, aussi ridicule que ça puisse paraître et finalement qu’Angus soit mon cavalier d’un soir n’a rien de si dérangeant. Ce qui le sera plus, pour lui plus que pour moi j’imagine, c’est la proximité que cela implique. “C’est le prix à payer pour danser avec l’ancien major de promo.” - « Vu l’état de tes chevilles, je suis pas sûre que tu puisses vraiment danser. » Je souligne en haussant les épaules d’un air détaché, faisant mine d’observer les chevilles en question en baissant les yeux durant un instant. Je finis par relever la tête pour reporter mon attention sur lui, passant mes mains autour de son cou, non sans avoir de la difficulté à l’atteindre – bon sang, mais quelle idée d’être aussi grand, aussi. Mais j’ai au moins le mérite d’essayer d’être plus naturelle qu’Angus, dont l’aisance est comparable à celle d’un vegan au salon de la charcuterie et j’essaie de trouver le juste milieu, consciente de ma mission du jour. « Mon dieu, j’ai l’impression que je t’ai foutu un flingue sur la tempe. » Je souligne, et je ne suis même pas cassante, parce que je suis surtout déçue. Ou attristée. J’en sais rien ; et ce n’est pas que je voulais qu’il prenne plaisir à me toucher, il n’y a pas de ça entre nous, mais je pensais naïvement que j’étais pas aussi dégoûtante. Je sais même pas à quoi je m’attendais, en réalité, alors que c’est le sentiment qui a souvent animé les gens quand ils posent les yeux sur moi – je ne vois pas pourquoi Angus ferait exception à la règle, surtout en vue de ses commentaires sur ma tenue. “Peu importe. Je pense être assez doué pour te tirer vers le bas donc t’as pas besoin d’en rajouter une couche.” Mon regard ne quitte pas le sien alors que je ne suis pas sûre de comprendre où il veut en venir. Je ne sais pas s’il s’agit d’un encouragement ou d’une manière d’accentuer sa répulsion à mon égard, alors je me tais, je baisse la tête, et je m’accroche à son cou pour jouer notre rôle – mais surtout pour aider mes jambes à ne pas flancher.

D’autant quand le sujet revient sur celui que j’exècre le plus ; ou plutôt qui me laisse un goût amer en bouche, partagée entre mon amour pour mon job et le regret de l’exercer. “D’accord, j’insiste pas.” Je fronce les sourcils, soupirant doucement quand je précise : « quoi ? J’étais en plein dedans ! » Et maintenant, je suis vexée alors qu’il ne me croit pas capable de donner cinq de mes qualités ; raison pour laquelle il n’en connaîtra aucune autre et non pas parce que je suis incapable de les formuler. J’ai essayé, c’est lui qui m’a interrompue. De toute évidence, il y a bien plus important à souligner que mes qualités – que je possède, qu’est-ce qu’il croit – et c’est bien son manque de culture cinématographique dont il est question. Je pensais qu’elle ne pourrait plus me surprendre ; j’avais tort. “Temps mort. Je sais pas ce qui est le pire entre le fait de ne pas connaître Carrie ou le fait que tu sois emballée par un film qui parle de sang de cochon et de bal du diable.” - « ... Oui, non, mais faut pas s’arrêter à ça. » Ok, je comprends l’image que ça peut renvoyer, mais je jure, c’est pas si bizarre. “T’es en train de me dire qu’entre nous c’est à la vie, à la mort ? C’est mignon.” - « Ah, ah. » Je débute, ajoutant rapidement : « les promesses éternelles, c’est pas ce qu’on fait durant un bal de promo ? » J’interroge, faussement ignorante, avant d’ajouter : « j’en sais rien, c’est toi l’expert après tout. » Et c’est une manière détournée de lui demander comment s’est passé son bal. Je suis sûre qu’il était réussi ; et que malgré le détachement dont il peut faire preuve, il a sûrement eu son petit succès et l’embarras du choix pour passer une bonne soirée. “Je suis pour instaurer le quatrième rituel, mais je déteste les films d’horreur.” Si mes mains étaient libres, je ne manquerais pas de les porter à mon cœur pour souligner mon état de choc. « Bah une comédie à l’eau de rose si tu préfères. » J’en sais rien, mais l’idée que ça puisse être son genre de film – et que je puisse m’en moquer, surtout – me plaît assez. Dans tous les cas, il est important que je souligne à quel point Rosemary sera déçue de lui. “... de cochon?” Je roule des yeux, faussement agacée alors que mon sourire me trahit. Bien joué, j’avoue tout.

Pour autant, je finis par lui répondre le plus honnête que je puisse être, soulignant que j’apprécie mon travail, et qu’il me permet de me lever le matin pour faire quelque chose que j’apprécie. Je ne précise pas que j’ai un autre travail, plus officieux et encore moins glorieux, qui me permet de boucler les fins de mois, car je ne doute pas qu’il se moquerait encore plus ouvertement de moi. Je me permets de lui retourner la question, alors que, même si son boulot est plus illustre que le mien, j’ai des doutes quant à son épanouissement. Il reste silencieux un instant et c’est déjà un semblant de réponse, qui se confirme quand il me dit : ”J’aime mettre mon cerveau au défi.’’ - « D’accord, j’insiste pas. » Je reprends ses mots sans aucune honte, non pas pour l’agacer, mais pour souligner qu’on a chacun nos limites, il faut croire. Je ne suis pas capable de m’aimer ; il n’arrive pas à trouver le sens de son travail. “Tu t’en es pas trop mal sortie pour une débutante.” - « Carrément mieux que l’expert, tu veux dire. » J’enchaîne, feintant d’être sûre de moi, alors que je libère son cou et que cette main qu’il ne voulait pas déposer sur moi reste contre mon dos, sans que j’entreprenne de la déloger. “T’es prête à graver notre fausse relation dans le temps ? Après ça, tu ne pourras plus jamais dire que ça n’a pas existé. Alors je serais toi, j’y réfléchirais à deux fois.” Je me laisse guider, prétextant réfléchir. “Ceci dit, on pourra toujours s’en servir de support pour envoyer une carte d’anniversaire à ton frère.” - « C’est bon, je suis convaincue. » J’ajoute avec un large sourire, qui n’est finalement pas dû à la perspective d’avoir une carte à envoyer à mon frère que le simple fait de cocher une nouvelle case sur la liste des traditions d’un bon bal de promo, même si c’est avec quelques années de retard. Angus règle le siège, et j’observe la scène non sans pointer du doigt un détail essentiel : « Hé, oublie pas que j’fais pas deux mètres, moi. » En d’autres termes : j’ai envie d’être sur la photo. Je suis impatiente, je finis par débarquer dans la cabine, avec une délicatesse toute relative due à ma hâte : « pousse-toi un peu. » Je demande (j’exige), avant d’abandonner l’idée de me mettre à ses côtés - ou pire, sur ses genoux, il va vomir si j'ai le malheur de l'envisager - mais prenant place derrière lui, me courbant légèrement, mais c’est à peu de choses près le seul moyen d’être à la même hauteur. « Merci. » De s’être poussé, évidemment, quoi d'autre, et je suis bien contente de m’être cachée derrière lui pour ne pas avoir à croiser son regard, tandis que je me permets de passer mon bras autour de lui, le collant contre ses clavicules pour qu’à défaut d’une vraie photo de couple, on puisse au moins prétendre d’une certaine proximité entre nous. J’aurais pu profiter de lui coller ma main sur le visage ou de tirer la gueule pour que ce soit plus représentatif de notre véritable situation, mais ce n’est pas de cette façon dont j’ai envie de me souvenir de cette soirée.

@Angus Sutton

J’arque un sourcil quand Angus entreprend de relever l’ourlet de son pantalon, ma curiosité m’obligeant à pencher légèrement la tête vers le bas pour découvrir ce qu’il dévoile. J’esquisse un sourire amusé quand je parviens enfin à déchiffrer l’inscription sur ses chaussettes avant de lever les yeux au ciel, n’ayant pas envie de lui accorder plus de mérite que nécessaire alors qu’il avait, dans un sens, prévu son coup. Dans le fond, je ne fais qu’imager l’inscription, il peut me féliciter quant à ma dévotion. Celle-ci semble être à sens unique tandis que je suis bien la seule qui y met du sien au moment de faire quelques pas sur la piste de danse, alors même qu’il est celui qui m’y a invité. J’ignore s’il s’agit de sa façon de me casser les pieds au lieu de s’oser à le faire au sens littéral, mais ce qui est certain est qu’on ne veut pas donner le change bien longtemps s’il s’obstine à rester autant à distance. On dirait que je suis radioactive et que m’effleurer va lui provoquer une mort douloureuse et imminente ; tu parles d’une flatterie. Je ne suis sûrement pas plus à l’aise que lui, ce n’est pas tant le fait que je refuse de le toucher – j’ai passé ce stade depuis longtemps – c’est seulement qu’il ne s’agit pas d’une attitude ordinaire vis-à-vis d’Angus, et que je suis moi-aussi peu assurée quant à mes gestes. Mais j’essaie, j’enroule mes bras autour de sa nuque, peu importe si je dois me mettre sur la pointe des pieds, manquant la chute à chaque pas, et que je suis bonne pour avoir deux belles tendinites parce qu’il a eu la bonne idée de mettre le paquet sur les soupes quand il était plus jeune. Angus, de son côté, semble prêt à déguerpir à tout moment et un instant, je me demande si je ne suis pas trop insistante. Si c’est vraiment trop difficile pour lui de poser ses mains sur moi ne serait-ce que cinq minutes, j’ai aucune envie de le traumatiser ; qu’il soit franc et que je m’évite ainsi de lui laisser un souvenir aussi déplaisant. On s’est trop souvent invité dans mon espace vital pour ne pas que je souhaite l’imposer aux autres. Je m’en remettrai, j’imagine qu’une première danse, lors d’un bal comme celui-ci, ce n’est pas si important, ce n’est pas comme si j’en avais l’habitude de toute évidence. Je peux me passer de ce que je ne connais pas, j’en suis sûre. "Je suis juste rouillé." - « Détends-toi, je vais pas te manger, te sauter dessus ou te mettre par terre, si ça peut te rassurer. » Je l’informe, car j’ignore quelle hypothèse il s’est mise en tête, mais aucune de celle-ci ne s’approche de la vérité. J’ai juste envie de goûter à une normalité qui m’a échappée à l’adolescence, et ça se fait à son détriment, oui, sûrement, et peut-être que j’aurais dû y réfléchir à deux fois. Pour autant, il finit par s’approcher et j’évacue un bref soupir ; uniquement parce que je vais pouvoir quelque peu reposer mes bras qui étaient tendus à s’en faire mal.

Qu’il le veuille ou non, l’une de mes qualités est bien ma connaissance de l’univers du cinéma. Peut-être qu’il ne voit pas les choses ainsi parce que je n’oublie pas qu’il s’agit d’un métier peu valorisant, mais toujours est-il que je l’aime et que cela fait partie de moi. Il n’a pas explicité les règles quant aux qualités que je suis supposée m’attribuer, alors qu’il ne vienne pas se plaindre que je les arrange comme elles me conviennent. Ce qui fait ma qualité fait son défaut, alors qu’il n’a jamais vu Carrie et que je suis bien contente de m’accrocher à sa nuque, sans quoi j’aurais pu manquer de m’effondrer. C’est certain que le résumé qu’il en fait n’est pas bien encourageant, mais ce film est culte et il n’a pas d’excuses. Néanmoins, s’il s’offusque de mes goûts, il reprend mes paroles à son avantage, alors que je dois admettre qu’il m’a eue sur ce coup-là.  À la vie, à la mort, ouais, j’imagine que c’est typiquement ce que les gens se promettent lors de telles soirées. "Ah bon, depuis quand ?" - « Depuis que le nombre de bal de promo auxquels tu as assisté est plus élevé que le mien. » Je dis en haussant les épaules, en relevant les yeux pour afficher une moue, lèvres pincées et sourcils haussés, signe qu’il ne peut pas vraiment me donner tort. Il est vrai qu’il n’est pas bien difficile d’en avoir vécu plus que ça n’a été mon cas, mais c’est un détail qui n’a pas son importance ici alors que j’ai décidé qu’il en était un expert. Pour preuve, c’est bien lui qui m’a fait la liste des traditions, à laquelle j’ajoute la mienne. "Peu importe tant que je prends pas le risque de renverser mon paquet de chips en sursautant." - « Qui l’aurait cru, tiens. » Je m’amuse, en faisant passer mon regard sur ses épaules et son torse pour appuyer mon propos. Vu la carrure d’Angus, le fait qu’il puisse être facilement effrayé est surprenant, même si, je sais, je fais dans le cliché – qu’on me pardonne. « T’inquiète, j’ai aussi toute une panoplie des films girly à te proposer, tu y échapperas pas. » Mean Girls, Princess Diaries, oh mon dieu, non, mieux, je vais même lui proposer la filmographie de Mary-Kate & Ashley – il est foutu.

On se pose des questions, dont les réponses ne conviennent ni à l’un, ni à l’autre – et je n’ai aucun scrupule à reprendre ses propres termes lorsque je ne suis pas convaincue. Je commence à comprendre que son métier est loin de l’épanouir autant qu’il le prétend et j’aimerais en connaître les raisons ; parce qu’il s’en vantait tellement fut un temps que ça n’a aucun sens. Ça n’a pas plus de sens qu’il se soit éloigné de l’ambition qui l’animait pour l’aider à tenir dans cette entreprise sans que je ne le remarque, alors que je le côtoie régulièrement. La musique s’achève et je me laisse guider – je ne compte pas insister plus alors qu’il est visiblement mal à l’aise. De toute façon, on a d’autres traditions à compléter qui sont plus importantes que celle qui vise à transformer mes pieds en bouille dans des talons que je ne mets pas assez souvent. Ce n’est pas ce qui m’aidera à être à la hauteur d’Angus alors qu’il entreprend de régler le siège comme cela l’arrange, avant que je m’offusque. Pas grave, je manque pas de ressources et je lui demande de me faire une place quand je m’infiltre dans la cabine, passant derrière lui et restant par conséquent debout, bien que je sois obligée de plier les genoux pour entrer dans le cadre de l’écran. J’en profite pour le remercier, un mot qui m’arrache beaucoup moins la bouche qu’à une époque lorsqu’il lui est adressé, car si cette soirée a mal commencé, je crois qu’elle s’améliore. "T'es prête ? Y'a quatre photos et un compte à rebours de 5 secondes entre chaque prise." - « Hm, hm. » J’acquiesce en marmonnant, tandis que mes bras passent autour de lui. "Pas d'oreilles d'âne, je te vois venir." Je resserre ma prise alors qu’il s’incline contre moi, soupirant bruyamment. « Ça t’irait pourtant si bien. » Je râle de manière exagérée en glissant l’un de mes bras derrière sa tête, l’effleurant volontairement pour lui mettre un coup de pression. "Et zé parti !" Mon bras revient où il était, alors qu’il appuie sur le bouton. "Moriartypourlavie!" Je fronce les sourcils, glisse mon regard sur lui, surprise, alors que le flash m’interpelle et que je marmonne un « merde ! » peu courtois, la photo étant probablement à mon avantage. Mon regard revient sur l’écran alors que j’essaie d’être photogénique, ce qui, il le découvrira, ne fait pas partie de mes qualités. Mais la seconde photo n’est pas mieux que la précédente, quand je sens son doigt qui vient presser ma narine, que ma tête se recule pour l’éviter et que c’est plus fort que moi, je tourne légèrement ma main contre son torse pour frapper celui-ci de ma paume. « ANGUS ! » Je le reprends, alors qu’il ne s’arrête pas là et mime désormais une mort par mes soins, ce qui à vrai dire se rapproche de la réalité de son sort, et je ne me gêne d’ailleurs pas pour me pencher légèrement afin de pouvoir serrer au mieux et effectivement tenter de l’asphyxier – il le mérite, tout à fait. Et alors que je m’interroge quant à ce qu’il trouvera pour la dernière photo, il finit par tourner la tête vers moi, et ses lèvres pressent ma joue sans que je n’aie le temps de le réaliser, alors que le flash capture cet instant. "Pour Seth." - « Oh, bien pensé. » Je dis, tandis que je le libère et qu’il quitte la cabine, probablement trop pressé d’arrêter ce moment, tandis que je me penche un instant pour m’observer dans le reflet de l’écran et m’assurer que mes joues ont gardé une teinte acceptable qui ne trahirait pas ma surprise (il ne s’agit que de ça). Je passe ma main sur mon visage, me maudissant intérieurement de cette attitude de gamine ; me rappelant pour me rassurer, que, finalement, cela va de pair avec l’âge que je suis censée avoir ce soir. Je quitte la cabine, évite son regard tandis que j’observe déjà l’avancée du développement desdites photos. "On peut partir où t'as envie de faire un truc avant d'aller déguster le meilleur freakshake de la planète ?" - « Je sais pas, c’est à toi de me dire quelles traditions il me manque encore. » Je l’informe en relevant les yeux vers lui, m’adossant de l’autre côté de la cabine. « Je crois qu’il me manque encore le bracelet, là, euh, la fleur, enfin tu vois. » J’annonce en faisant bouger mes mains en l’air pour annoncer mon propos, désignant mon poignet. « Et l’élection du roi et de la reine, non ? Je veux donner mon vote à Victor. » J’annonce, avant de rire et de l’informer que « ça va, je plaisante, détend-toi. » Il va avoir des rides avant ses trente ans s’il continue de tout prendre autant au sérieux. « Va pour le freakshake, allez. » Même si je sens que c’est une bombe calorique qui va me retourner l’estomac, bon, ça fait partie de la tradition, n’est-ce pas ? « Comment c’était, ton bal ? » Je finis par lui demander, curieuse, alors que les photos terminent de s’imprimer.

@Angus Sutton