J’étais persuadée que la journée du vendredi serait la plus calme de notre week-end. J’ai cette fausse idée selon laquelle les films muets n’intéressent plus personne et je constate, à ma grande satisfaction, que je me suis trompée. Si Charlie Chaplin continue d’inscrire son nom dans la légende et que The Artist a eu le mérite d’obtenir l’Oscar, Metropolis était un choix plus risqué. Bien sûr, aujourd’hui l’œuvre de Fritz Lang est ancrée dans la culture populaire, mais je n’étais pas certaine qu’il le soit assez pour amener les foules. Il n’a pas bénéficié de très bonnes critiques à sa sortie, et les effets spéciaux peuvent nous paraître bien vieillots. Le tout réside dans le fait de ne pas comparer les films qui se faisaient cent ans en arrière avec ceux d’aujourd’hui, mais certains s’essayeront toutefois à l’exercice, ce qui rendra la séance encore plus longue que la durée initiale du film. Quoi qu’il en soit, les spectateurs se suivent et ne ressemblent pas depuis qu’on a ouvert les portes il y a une bonne demi-heure, et la salle se remplit peu à peu. Les gens prennent leurs temps, réservant leurs places avant de revenir goûter au buffet mis à leur disposition, faire des selfies dans le décor prévu à cette occasion, s’émerveiller devant notre sosie de Chaplin plus vrai que nature... Derrière mon comptoir, j’apprécie la vie qui règne dans ce cinéma, bien trop souvent vide durant la semaine, et jamais autant animé le week-end. Toutes les tranches d’âge, tous les corps de métiers, toutes les classes sociales se mélangent et il y a quelque chose de particulièrement réconfortant à observer la discussion animée d’une influence à peine majeure qui ne quitte pas son écran et d’un vieux monsieur qui n’a sûrement pas eu une telle interaction depuis des années. Ici, les gens se retrouvent autour d’un même intérêt ; ce qui leur permet de faire fi de toutes les barrières qui se dressent entre eux et qui pourraient être autant de raison de ne jamais se considérer les uns les autres.

J’ai servi un groupe de trentenaires, fans de science-fiction pour qui le film de Lang relève d’un classique qu’ils ont vu une dizaine de fois, mais leur excitation est similaire à un premier visionnement aujourd’hui qu’ils peuvent le découvrir sur une vraie toile blanche.  Et, déjà, les prochains clients arrivent, Rose s’occupant d’eux de l’autre côté du comptoir quand, de mon côté, j’aperçois une silhouette qui se reflète dans la vitre de la machine à pop-corn. « Je suis tout de suite à vous. » J’annonce, terminant de remplir les seaux qui ont été commandés quelques instants au préalable. Le groupe m’attend au bout du comptoir et lorsque je leur ai distribué leurs snacks, je reviens près de la caisse pour m’occuper du client mystère. Mes prunelles se relèvent sur lui et je reste interdite un instant alors que je ne connais que trop bien ce regard. « Oh, euh, salut. » Un instant, je suis tentée de prétendre que son identité m’est inconnue, mais je me ravise rapidement. Logan mérite sans doute mieux que ça, et mieux que la manière dont je l’ai traité. Je n’ai pas été exécrable avec lui, mais je me suis sans doute un peu servie de sa position privilégiée auprès de Cesar quand celui-ci m’a larguée sous seul motif d’une virginité que je n’étais pas encore prête à lui léguer. Je ne l’étais pas plus avec Logan, mais je crois que j’avais besoin de ne pas me sentir totalement comme l’anomalie que Cesar m’a donné l’impression d’être et que c’est tombé sur lui ; le pote trop gentil pour remarquer qu’une fille s’intéresse à lui pour les mauvaises raisons. « Tu viens pour Metropolis ? » Je demande, n’arrivant pas à masquer mon étonnement. Ce n’est pas vraiment la séance que je lui aurais attribuée. « T’as de la chance, elle est quasi complète. Dix minutes plus tard, tu serais resté sur le carreau. » Je babille pour masquer la gêne qui s’empare de moi à l’idée de croiser à nouveau son chemin après autant d’années ; et je ne pensais certainement pas que nos retrouvailles auraient lieu ici, où il peut apercevoir de ses propres yeux que je ne brille pas vraiment par ma réussite.

@Logan Novak  

Logan avait toujours adoré se rendre dans une salle de cinéma, mais il ne le faisait pas suffisamment. Entre ses disputes avec Léonnie, son travail pour Sergio et ses livraisons en vélo il faut dire que son emploi du temps est plus que chargé et il ne parvient pas à trouver une minute à lui pour se détendre. C'est sans doute la raison pour laquelle il ressemble à présent à une cocotte minute, et qu'un rien peut vite devenir quelque chose de plus brutal pour lui. Il n'accepte pas vraiment cette sentence mais commence à se faire à l'idée que Léonnie va donner la vie dans quelques mois. Est-il prêt pour ce rôle ? Non évidemment que non, à peine âgé de vingt-et-un ans, évidemment que jamais il n'aurait envisagé une telle chose alors que lui-même à une vision d'un père plus qu'absent et qui ne rime en rien avec douceur et attention. Il bosse pour ce père sans qu'il ne le sache, il se pense donc bien placé pour savoir. Mais aujourd'hui il avait décidé de rompre cette routine et de se rendre seul à la salle de cinéma, Léonnie n'avait eu aucune envie de sortir, et elle avait presque imposé à Logan du repos et du calme : les choses sont claires : elle ne le veut plus dans les parages. C'était ce qu'il en avait déduit quand alors les deux dans les parages ça fait trop d'étincelles. Arrivant devant la salle de cinéma, Logan pousse la porte quand bien même il n'y met pas les pieds souvent, il reconnaît le petit cinéma cosy dont il venait auparavant suffisamment régulièrement pour connaître les différentes salles. « Je suis tout de suite à vous.  » A peine fût-il devant la caisse, qu'il entend une femme lui parler sans même qu'elle relève le regard vers lui. Il fronce les sourcils devant cette voix et ce visage qu'il reconnaîtrait, hélas. Maisie Moriarty. Comment ne pas se souvenir d'elle, alors qu'il n'a pas connu des dizaines de filles dans sa vie. Certes une simple amourette, mais Logan comme à chaque fois, y croyait à cette idiotie d'histoire ! Elle s'en va à l'autre bout du comptoir pour servir ses clients et revient finalement vers Logan, prêtant enfin attention au brun qui ne l'avait pas lâché du regard. « Oh, euh, salut. » Et étrangement une certaine tension s'échappe de cette rencontre parce qu'en réalité, il n'y a jamais eu d'explications entre eux, de remise en question. Rien de cela, et ils s'étaient quittés sans vraiment comprendre les choses afin d'éviter les mêmes erreurs qu'avant. « Ça pour une surprise... » Il était lui-même suffisamment déstabilisé mais probablement pas comme il le faudrait. color=#5EACA2]« Et pas une bonne... »[/color] Il ne parvient pas à garder pour lui cette phrase en l'encontre direct de Maisie, sans jamais baisser le regard. « Tu viens pour Metropolis ? » Évidemment oui, et d'ailleurs il se dit qu'il aurait dû s'abstenir désormais qu'il fait face à elle. Il n'aurait pas dû vouloir se changer les idées ou changer ses habitudes. Ça lui aurait éviter de se retrouver face à une ex qui s'est foutu de sa gueule. « T’as de la chance, elle est quasi complète. Dix minutes plus tard, tu serais resté sur le carreau. » Il hausse les épaules, avant de rétorquer plus glaciale qu'il ne l'aurait sans doute voulu. « Faut croire que j'ai plus de chance avec les séances de cinéma alors ! » Il n'avait pas vraiment à se plaindre, il avait trouvé l'amour désormais. Il était bien avec Léonnie même si les moments qu'il vit sont plus compliqués depuis la présence de ce bébé dans son ventre. Mais il s'en sortait pas trop mal, « j'ai l'habitude de rester sur le carreau hein Maisie ? » Il tapote sur le comptoir avec ses doigts tout en relevant son regard sur elle, bien décidé à la faire craquer et à ce qu'elle soit enfin honnête avec lui.

Lorsque je reconnais la silhouette de Logan, j’ai presque envie de rire. Un rire nerveux, qui traduirait de l’ironie d’une situation que j’ai vécue quelques mois plus tôt, sauf que je bénéficiais de la position privilégiée de victime. Quand mon chemin a retrouvé celui de Cesar, je n’ai pas manqué d’extérioriser tout ce que je contenais depuis notre rupture, et toute la rancœur que je ressentais à son égard quant à la façon dont il a maltraité mon estime de moi. Elle n’a jamais été très développée, j’en conviens, mais Cesar a donné un coup de pied au château de cartes qui n’a pas manqué de s’effondrer après son départ et les mots blessants qu’il a pu avoir quant à la distance dont j’étais responsable. Je ne le nie pas, et je peux comprendre que nous étions à un âge où ses hormones le travaillaient suffisamment pour ne pas réussir à se contenter du travail bénévole de sa main droite. Mais il faut aussi comprendre ma posture ; et la manière dont j’ai préféré qu’il se lasse de moi plutôt que d’aller à l’encontre de mes envies. Rien que pour ça, je devrais être félicitée, mais Cesar n’a pas vu les choses sous cet angle et je goûte un peu de ma propre médecine en faisant aujourd’hui face à Logan. Il m’a servi de rebound, sauf que ce n’était pas dans le but de passer à autre chose, mais seulement de me sentir un peu plus désirée et regagner un peu de la confiance que Cesar a emportée avec lui. Je sais que c’était une erreur, et elle n’a pas manqué de me sauter aux yeux quand j’ai réalisé que l’issue serait la même qu’avec son ami ; et que je n’étais pas plus décidée à surpasser mes appréhensions avec Logan. Alors j’ai mis un terme à cette mascarade sans vraiment lui donner d’autres raisons que le fait que je souhaitais retrouver ma liberté et qu’ils étaient préférables pour nous deux que l’on s’arrête-là. Il était gentil, Logan, je ne peux pas le nier. Il m’a aidé, à sa façon, mais je n’étais pas suffisamment attachée à lui pour envisager autre chose qu’une fin entre nous deux.

« Ça pour une surprise... » Je pince les lèvres, car son air méprisant me convainc qu’il n’en a pas fini avec moi ; et mes craintes sont confirmées quand il ajoute : « Et pas une bonne... » Plaisir partagé, connard. Sauf que je me garde bien de le dire à voix haute là où dans d’autres circonstances je n’aurais pas manqué de le faire. Logan a le droit à ce traitement de faveur parce que je sais que je suis en tort, mais pas suffisamment pour considérer que des excuses sont nécessaires. J’ai été maladroite dans ma façon de mettre un terme à notre relation, mais je n’ai pas été insultante ou accusatrice. Alors j’accepte cette balle perdue, reprenant rapidement mon professionnalisme pour écourter la rencontre. « Faut croire que j'ai plus de chance avec les séances de cinéma alors ! » Allez, jamais deux sans trois, j’imagine qu’il va se permettre un dernier commentaire après lequel ma bienveillance n’aura plus lieu d’être, car il aura outrepassé la limite que je peux bien lui concéder. « j'ai l'habitude de rester sur le carreau hein Maisie ? » - « Ton soda, tu le veux avec ou sans supplément crachat ? » Je lui demande, un large sourire sur mes lèvres alors que je vois clair dans son jeu. Sauf que je suis sur mon lieu de travail et qu’il n’est pas l’heure des explications. Il a le droit d’en demander, mais qu’il le dise clairement plutôt que de jouer au petit con – une attitude que je ne lui connaissais pas. « Je suis sur mon lieu de travail, Logan. Si t’as du venin à cracher, attends au moins la fin de mon service, merci. » J’accentue ce dernier mot pour bien lui faire comprendre que la demande n’est pas négociable. « La séance dure 2h30, t’auras le temps de penser à plein d’arguments, en plus. » Et moi, de bosser ma défense.

@Logan Novak

 « metropolis »    maisie moriarty & logan novak.

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Il avait attendu patiemment qu’elle lui revienne, alors qu’il l’observait silencieux. Il jetait aussi parfois quelques regards au groupe de personnes – se demandant si Maisie ne faisait pas exprès de mettre autant de temps, peut-être n’avait-elle pas envie de se retrouver seule à seule avec lui, et indirectement, elle n’avait fait que monter cette pression en lui. Pourquoi avait-il besoin de lui montrer ce qu’elle avait peut-être perdu ? Probablement qu’ils s’étaient rendu service mutuellement en se séparant. Mais la fierté masculine le pousse à attendre, et à l’affronter, parce que finalement au bout de quelques minutes, elle se tient face à lui, avec comme pour seule arme de défense : ce comptoir qui les sépare. Il est affreusement calme, alors qu’une tempête sommeille en lui, profondément endormie depuis bien trop longtemps. Il se demande encore ce qu’il avait bien pu faire pour mériter ce sort, et compte bien ce soir, régler ses comptes et lui arracher les vers du nez si il y a besoin. Il avait détesté si fort le moment où elle l’avait quittée, où elle s’était retournée sans même lui laisser une quelconque chance. Mais lui-même ne pourrait pas vraiment dire ce qu’il avait attendu d’elle, à l’époque. Ce qu’il aurait pu accepter ou refuser et elle ne lui en a laissé pas le choix de toute évidence, si ce n’est d’accepter une sentence bien trop dur à accepter, qu’il a tant de fois rejeté. Quand le verdict sonne et qu’il a enfin la possibilité de lui dire réellement les choses, ce n’est pas avec gaieté de coeur. Elle a compté Maisie. Elle a compté autant qu’une autre, et c’est bien grâce à Léonnie qu’il est parvenu à passer à autre chose. Alors sa rancœur soudaine, elle peut bien se la mettre profond ! « Ton soda, tu le veux avec ou sans supplément crachat ? » Et elle peut aller se faire voir avec son supplément. « Tu me dois des explications non ? » C’était pas une question, mais une affirmation. « Je suis sur mon lieu de travail, Logan. Si t’as du venin à cracher, attends au moins la fin de mon service, merci. » Il lâche un rire, court et forcé avant de lui jeter un regard. « La séance dure 2h30, t’auras le temps de penser à plein d’arguments, en plus. » Il hausse les épaules. « Ca fait des années que je suis prêt… » Elle a un train ou deux de retard la Moriarty. « Je sais comment ça va se passer Maisie… » Il lâche, un soupire avec. « Et t’as pas intérêt à me refaire le même coup, » prendre ses jambes à son cou et se tirer. « Je vais te prendre du popcorn, et tu le mettras sur ta note… » Elle lui devait bien ça, non ? Et il espérait juste qu’elle soit davantage propice aux explications – comme si ça changerait quelque chose à sa vie. Quand la fin de la séance sonna, et que tout le monde se dirigeait vers la sortie, Logan lui, prenait tout son temps.

J’accepte une pique et même une seconde – faut croire que je suis généreuse – avant de rétorquer en me calquant sur le ton qu’il emploie à mon égard. Mérité, oui, sans doute, mais pas pour autant nécessaire et encore moins sur mon lieu de travail. J’ai l’habitude des clients désagréables, mais ils me laissent globalement indifférente parce que je n’ai pas d’historique avec eux et que leurs réflexions ne m’atteignent donc pas. C’est différent avec Logan, d’autant plus que je ne suis pas préparée à nos retrouvailles. Je ne me suis jamais surprise à les imaginer, et par conséquent, à regretter la manière dont les choses se sont terminées entre nous. Nous étions encore des adolescents et, à mes yeux, ce seul fait indiquait que cette relation ne mènerait à rien ; peu importe les autres détails entourant notre relation, de ma froideur à mon désintérêt, ils ne sont finalement que des preuves supplémentaires que cela n’aurait pas été voué à perdurer. Je suis désolée pour lui qu’il l’ait ressassé jusqu’à aujourd’hui, conservant une certaine rancœur à laquelle je suis mitigée, partagée entre le fait que je n’ai sans doute pas fait les choses correctement et le fait que c’était il y a un certain temps, suffisamment longtemps pour ne pas rester sur cet échec. Peut-être que j’aurais dû m’y prendre différemment, peut-être que j’aurai dû être plus honnête plutôt que de me contenter de rompre sans vraiment lui en donner les raisons précises, mais je ne regrette pas de m’être préservée à ma manière – d’autant plus que même si Logan m’a laissé le souvenir d’un garçon gentil, je ne ressentais rien pour lui ; ou du moins pas ce que j’étais supposée ressentir pour lui. « Tu me dois des explications non ? » Je hausse un sourcil, étonnée qu’il ait le culot d’en demander maintenant et ici. Surtout, après autant de temps, j’estime ne plus rien lui devoir. Il y a une raison pour laquelle je n’ai jamais imaginé cette conversation, et ce n’est pas parce que j’avais peur d’y être confrontée, mais simplement parce que Logan ne fait plus partie de ma vie et je n’aspire pas à ce que cela change. « Ca fait des années que je suis prêt… » - « Je pensais pas t’avoir marqué à ce point. » J’ironise en haussant les épaules, d’un air détaché que je n’ai même pas à fausser. Je refuse de me montrer perturbée par ses accusations et, de toute évidence, je ne le suis pas. Je campe sur mes positions, peu importe qu’elles n’aient pas été explicites à ses yeux. Et il ne sera sans doute pas plus avancé aujourd’hui qu’il ne l’a été par le passé, parce que je ne compte pas lui balancer les détails de ma vie intime, ou plutôt de l’absence de celle-ci. « Je sais comment ça va se passer Maisie… » Moi aussi, je sais comment ça va se passer si je me montre honnête, il va me rire au nez et me traiter de vierge effarouchée et il n’aurait sans doute pas tort. « Et t’as pas intérêt à me refaire le même coup, » Mon regard ne quitte pas le sien alors qu’il peut sans doute lire toute la crédibilité que j’accorde à ses tentatives de menaces. « C’était il y a presque cinq ans, passe à autre chose. » Je lui conseille, sans perdre de mon arrogance alors que je le jauge. Il n’a pas l’air misérable pour autant, je dirais même qu’il a toujours un certain charme et qu’il a l’air nettement plus affirmé que la dernière fois que je l’ai vu. De son duo avec Cesar, j’ai toujours considéré que c’était le Gutiérrez qui était le plus à même d’attirer l’attention, que ce soit à travers son aura ou seulement ses idées. Il semblerait que les années aient fait du bien à Logan, il faut croire. « Je vais te prendre du popcorn, et tu le mettras sur ta note… » - « S’il y a que ça pour que tu me lâches. » Je dis, parce que c’est vrai, je n’ai pas envie qu’il s’attarde plus longtemps. Je suis dans une relation épanouie aujourd’hui et je n’ai certainement pas besoin que sa présence vienne raviver toutes les craintes que je cache encore à Angus. Remplissant un seau de pop-corn que je lui tends, je lui souhaite une bonne séance avant de continuer à vaquer à mes occupations. Et lorsque celle-ci se termine, plus de deux heures après, j’espère que Logan sera suffisamment assommé par la séance pour passer son chemin sans s’attarder plus longtemps au comptoir duquel, de toute évidence, je me tiens éloignée.

@Logan Novak

 « metropolis »    maisie moriarty & logan novak.

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u'elle ne s'y méprenne pas Maisie, si sa fierté en a probablement pris un coup c'est aussi et surtout parce que Logan se juge être quelqu'un de bien pour ne pas accepter son silence et son mépris. Elle a été lâche et il a besoin de l'entendre de sa bouche - même si pour ça il doit faire face à des piques et son regard noir. Et son côté désinvolte qu'il juge néanmoins inutile dans cette conversation. Évidemment que Maisie n'est pas coopérative et ça ne l'étonne guère, en réalité elle a toujours été le genre à ne pas vouloir s'attacher aux autres et à tout faire pour repousser les autres. Logan n'a pas cherché à reprendre contact, se contentant de son silence. Mais des retrouvailles surprises l'obligent à se replonger dans le passé - comme si on lui laissait une deuxième chance de lui tirer les vers du nez. Il est passé à autre chose qu'elle en soit assuré mais ça ne veut pas dire qu'elle peut le piétiner comme elle le fait sans qu'il cherche à se défendre et à riposter. « Je pensais pas t’avoir marqué à ce point. » Ça le fait rire, mais c'est pas vraiment un rire où il serait content, pas vraiment un rire satisfait. Bien au contraire, c'est nerveux et il sollicite certainement ce besoin de paraître qui n'est jamais bon signe chez lui. « Je n'attendais rien d'exceptionnel de ta part, seulement que tu te comportes correctement... » mais c'est évidemment trop t'en demander, hein Maisie ? Qu'il aurait pu poursuivre sans que cela fasse trop, pour autant il l'a dévisage, ne quittant pas son regard du sien, pas décidé à lui faire de courbette cette fois. Mais plutôt à lui arracher les mots de sa bouche si il le faut !« C’était il y a presque cinq ans, passe à autre chose.  » Il la regarde, mauvais. Se demandant bien à quoi elle joue. Elle croit qu'il est revenu lui faire une déclaration d'amour ? Manquerait plus que ça tiens... « Laisse-tomber Moriarty ! J'ai passé des années à vivre loin de toi sans nouvelle de ta part, je suis sûr que j'arriverai à vivre jusqu'à la fin des temps encore ! » Elle se foutait clairement de sa tête pour le coup. Il ne parvenait clairement pas à réfléchir, surpris et à la fois en colère contre elle. Il méritait mieux mais venant de la Moriarty est-ce que c'était étonnant ? La conversation ne rimait à rien et il le pressentait. Maintenant qu'il savait qu'elle travaille là, il pourrait revenir la faire chier aussi souvent qu'il le voudrait, ou pas. « S’il y a que ça pour que tu me lâches.  » Elle se déplace et va chercher un paquet de pop-corn qu'elle lui tend avant qu'il ne se dirige vers sa salle de Cinéma. (...) Le temps est passé, les heures ont défilé, et il serait mentir de dire que seul le film a hanté ses pensées. Il les attend ses réponses. Évidemment ses explications bancales, dont elle seule a le secret pour les croire. « Je ne m'attendais pas à te revoir... Cette fois... » Il ne peut s'empêcher en faisant face à Maisie. Une énième pique, une satisfaisante. « Tu as enfin réfléchi à quel genre de mensonge tu allais encore te raccroché ? » Il hausse les épaules. Soutenant son regard quand elle, elle cherche à le fuir. C'est une évidence qu'elle aurait préféré qu'il poursuive son chemin. Mais Logan a toujours été têtu, passionné, parfois volcanique. Il aime surtout qu'on soit droit avec lui, chose qu'elle ne sera probablement jamais, visiblement.

Je n’ironise qu’à moitié ; je ne pensais pas l’avoir marqué à ce point. À mes yeux, notre relation n’a été qu’une amourette entre adolescents, rien de sérieux, rien de mémorable. Quelques baisers volés entre les cours, quelques caresses timides, une affection biaisée par les hormones ; rien qui ne me fait regretter, aujourd’hui, notre rupture. Peu importe si les choses se sont terminées de manière abrupte parce que je ne sais pas faire autrement quand la situation me fait peur, il n’empêche qu’il était assez clair qu’on ne finirait pas notre vie ensemble et que notre rapprochement était surtout dû à un besoin de normalité de part et d’autre. Au lycée, au moment où tout le monde vante ses exploits et se cherche quelqu’un pour lutter contre cette solitude environnante, on s’est trouvé, voilà tout ; c’en est presque du dépit à mes yeux. Ça l’était complètement, en réalité, alors que je venais de me faire larguer sans délicatesse par Cesar et que j’avais besoin de retrouver un peu confiance en moi, en mes qualités, en mon corps et mon charme – que je n’ai jamais considéré et qui continuent d’être quelque peu abstrait à mes yeux. Je ne pensais pas que Logan avait pris les choses autant à cœur, pas alors qu’on était bien trop jeune pour que tout ceci soit vraiment considéré comme une histoire d’amour. Un moyen de s’occuper et de se rendre intéressant, oui, mais certainement pas une belle romance. « Je n'attendais rien d'exceptionnel de ta part, seulement que tu te comportes correctement... » - « Quoi, il aurait fallu que je t’inscrive à un groupe de parole post-rupture ? Mes excuses. » Je lui ai dit que je voulais qu’on s’arrête-là, je lui ai sorti le refrain habituel : c’est pas toi, c’est moi, je vois pas ce que j’aurais pu faire d’autres à une époque où j’étais encore plus paralysée par mes doutes. « Laisse-tomber Moriarty ! J'ai passé des années à vivre loin de toi sans nouvelle de ta part, je suis sûr que j'arriverai à vivre jusqu'à la fin des temps encore ! » - « Dit-il alors qu’il me tient la jambe depuis un quart d’heure. » Ça m’a l’air assez clair qu’il ne ressent plus rien pour moi – et je me fiche bien que ça ait pu être le cas, vu que ça ne l’était pas, de mon côté – pourtant il se sent obligé de me tenir la jambe depuis son entrée ici alors qu’il pourrait très bien se contenter d’un ton froid et d’une insulte ou deux avant d’aller s’enfermer dans cette salle. Mais non, il insiste, il est toujours face à moi, alors ouais, qu’il passe à une autre chose.

J’ai rempli son seau au maximum que je pouvais, signe de bonne volonté à défaut des excuses qu’il désire. À force de les quémander, une chose est certaine : il ne les obtiendra pas. Je n’ai aucune envie de lui offrir ce qu’il désire, pas alors qu’il se comporte comme un con – faut croire qu’il a pris exemple sur Cesar, tiens. Je comptais sur la séance pour l’assommer suffisamment, au point où il passerait tout droit en quittant la projection, mais non, il faut qu’il traîne des pieds et qu’il s’arrête à nouveau alors que la plupart des spectateurs ont quitté les lieux. « Je ne m'attendais pas à te revoir... Cette fois... » Je sers la mâchoire à défaut de pouvoir lui coller mon poing dans la figure. Vas-y, accouche, Logarse. « Tu as enfin réfléchi à quel genre de mensonge tu allais encore te raccroché ? » - « Non, mais sérieux, tu veux quoi exactement ? » Je demande alors que mes mains frappent le comptoir sous l’agacement. « Je voulais plus être avec toi, j’aurais dû faire quoi ? Me forcer pour te faire plaisir ? C’est pas comme ça que ça marche, hein, au cas où faudrait qu’on t’apprenne le b.a.-ab du consentement. » Non, mais là, c’est grave quand même, j’ai bien fait de me barrer, en fait.

@Logan Novak encore désolééééée