@ANGUS SUTTON & MAISIE MORIARTY ⊹⊹⊹ we built this house on memories, take my picture now, shake it 'til you see it and when your fantasies become your legacy, promise me a place in your house of memories. (c) katesgifsrp&harley.

(LOGAN CITY, LOGEMENTS). Sur une échelle de 1à 10 de mes pires idées, je pense qu’on se situe sur un bon 1000. Au moins. Je nous donne pas deux mois avant que notre colocation vire au cauchemar et que l’on se retrouve dans le journal à la rubrique « faits divers » et que l’un de nous hérite d’une pierre tombale à son nom, au pire. Au mieux, c’est une carte de fidélité en cellule qui nous attend suite aux multiples appels de notre voisinage fatigué d’être réveillé par notre faute. Pourtant, s’il y a quelques mois j’aurais mis la faute sur nos hurlements respectifs au moment d’essayer de « communiquer », aujourd’hui, si une telle perspective doit être envisagée, je suppose plutôt qu’il s’agirait d’une blague qui aurait mal tourné plutôt qu’une véritable mésentente entre nous. Si on m’avait dit, un an auparavant, que je finirais par vivre avec Angus, je me serais écroulée au sol en félicitant la bonne blague. Et pour être honnête, j’ai encore un peu l’impression qu’il en s’agit d’une tant c’est une décision aucunement réfléchie et totalement impulsive de ma part. J’ai peut-être un peu provoqué le destin quand j’ai su par le biais de Sam qu’Angus cherchait un colocataire, précipitant ma décision de quitter la maison désormais partagée avec Sofia depuis le départ de Swann. Même si j’ai appris à me faire à elle au fil des mois et à comprendre que mon attitude envers elle n’était que le résultat d’une sérieuse jalousie, Swann était mon roc dans cette colocation et sans lui, je me sens démunie. Et même si je ne l’avouerai jamais, y compris sous la torture, ce rôle est désormais occupé par Angus. Je dirais pas qu’il est nécessaire à a vie, mais... il en fait partie, je ne peux pas le nier. Nos rencontres régulières et nos sorties à quatre avec Sam et Lee guident mon quotidien et si auparavant ces moments ressemblaient à un supplice, ils ne le sont désormais que prétendus pour agacer mon futur colocataire. Ne nous emballons pas, Angus reste Angus, et je me méfie de lui – mais je me méfie de tout le monde, alors il peut se satisfaire que ce ne soit pas personnel – autant que ce n’est pas auprès de lui que j’ai envie d’accourir quand j’ai quelque chose sur le cœur ou une grande nouvelle à partager. Et je me doute bien que la vie à deux, trois, quatre si on compte Lee, ne sera pas de tout repos et que je regretterai de temps à autre ma décision, mais... oh god, si j’avais imaginé penser ça un jour, le fait est que sa compagnie est devenue une habitude et non, voyons, je ne m’ennuie pas quand il n’est pas là, mais comme toute habitude, je me sens mieux quand je peux compter sur mes repères.

Sauf qu’Angus ne peut plus compter sur les siens. J’ai compris quelques jours plus tard la raison pour laquelle il a débarqué sur mon pas de porte complètement bourré et avec le besoin de quitter la ville. Lee a craché le morceau, m’a annoncé le décès de la matriarche Sutton, laissant ses deux fils seuls, le petit à la charge d’un aîné vraisemblablement dépassé par la situation. J’aurais pu me contenter des condoléances d’usage, un sourire pincé en guise de soutien silencieux à l’enterrement et une proposition de l’aider au besoin en espérant néanmoins ne pas être trop sollicitée, toutes ces choses que tout le monde fait à un tel moment, ne s’engageant qu’à moitié pour se prétendre poli, mais pas au point d’être bienveillant. J’aurais pu, mais je n’ai pas su le faire. J’ai probablement eu un peu de la pitié qu’il n’avait pas voulu voir dans mes yeux en passant sous silence l’événement le jour où il s’était produit, mais ce n’est pas la raison principale à la mise en place de mon plan usant de Sam et Lee comme intermédiaires au détriment du principal concerné. Le fait est que malgré tout ce que je peux ressentir à l’égard d’Angus, le mauvais comme le bon – qui me surprend encore - malgré tout ce que je peux lui reprocher et ma rancune quelque peu tenace, il reste un type qui se retrouve avec une charge qu’il n’aurait pas dû connaître. Il est adulte, pourtant. Il a un boulot, un logement, il a tout ce qu’il faut pour offrir un soutien émotionnel, financier et logistique à Sam. Mais qui est là pour le seconder, lui ? Qui sera là pour s’assurer qu’il ne s’oublie pas dans tout ça, qu’il pense aussi à lui et qu’il parvient à se saisir de quelques moments pour ne pas oublier de souffler, pour ne pas oublier qu’avant d’être un père de substitution, il est aussi censé être un jeune adulte paumé qui fait ses expériences – et qui les fait mal, sinon ça n’a aucun intérêt. Qu’il a besoin d’ôter cette pression de ses épaules de temps à autre et de ne pas oublier de vivre pour lui et pas uniquement pour Sam. Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, je sais aussi d’expérience que c’est bien plus facile à promettre qu’à mettre en application, raison pour laquelle je serai là pour m’assurer que ce soit le cas – après tout, ça cumule mes deux rôles. La petite amie soucieuse qui est là pour l’épauler autant la fausse qui ne manquera pas de l’agacer pour obtenir ce qu’elle veut de lui. Alors, cette colocation ne vise qu’à satisfaire notre couverture, évidemment, et à poursuivre notre dynamique habituelle qui vise à rendre l’autre fou, voilà tout.

Ma main en l’air salue un Sam qui a attiré mon attention à travers la fenêtre, Lee à ma suite qui n’aurait pas manqué le déménagement pour rien au monde. "T'es en retard." L’accueil de l’aîné n’est pas aussi chaleureux que celui du plus jeune et me fait dire que la mission sera sûrement plus difficile que je ne l’ai imaginée. Je roule des yeux avant de reporter mon attention sur Sam. "On a une surprise pour toi !" Mon regard n’a pas le temps d’admirer la pancarte que déjà Angus le reprend. "Il a une surprise pour toi." Le contraire m’aurait étonné, tiens donc. « Montre-moi votre surprise, Sam. » Que j’insiste avec un regard provocateur à l’intention d’Angus tandis que j’admire ladite pancarte – du travail d’enfant, soit, mais qui a le don de faire son effet de par le geste. « Tu sais quoi ? Ça va être la première chose que je vais accrocher dans ma chambre, merci beaucoup. » J’annonce avec un large sourire, alors que déjà l’ordre naturel des choses se remet en place ; Sam et Lee qui babillent en nous oubliant un instant, se félicitant de pouvoir se voir encore plus régulièrement, et Angus qui ne manque pas de jouer au malin à mon égard. "Bip..bip.. bip...BIP BIP BIP BIP." J’observe l’imitation – pas fameuse – attendant la suite. "La robe rose est interdite d'entrée, les pyjamas moches aussi." - « J’ai mon droit de veto sur ta garde-robe aussi ? Le costume d’éboueur ça dégage, comme les cravates à motifs. » Non mais si on s’y met chacun, il restera pas grand-chose dans nos penderies. "Le règlement intérieur est stricte, tu m'en vois navré, mais je vais devoir procéder à une fouille." L’attention de Sam se reporte sur nous alors qu’il protège mon sac, Lee aussi, et que j’adresse un clin d’œil à mes deux alliés avant de me retourner vers Angus. « Le règlement intérieur promeut aussi de mettre ton nez dans mes culottes ? » Je lui demande en me penchant vers lui, murmurant pour que l’information ne s’adresse qu’à lui et non pas à nos petits frères. S’il savait, ah ah. Mais tant qu’à faire, s’il décide d’exiger une fouille, j’ai bien le droit d’enfoncer son malaise. « On peut aller voir ta chambre avant d’amener le reste ? » Lee est plus impatient que moi et j’ai à peine le temps d’acquiescer qu’ils sont déjà partis, chacun avec une lanière de mon sac, dans la chambre en question. « Sam a validé la robe et le pyjama, il a meilleur goût que toi. » J’annonce à Angus avec un air victorieux sur le visage, avant de redevenir (faussement) séreuse. « Je peux me joindre à la visite ou je dois signer une décharge avant ? » J’interroge, le sourcil arqué, prête à ce qu’il dégaine un règlement de maison d’une vingtaine de pages.

Une œillade en direction de mes deux nouveaux colocataires suffit à me faire comprendre que l’un est plus ravi que l’autre quant à mon arrivée. Je ne doutais pas de l’accueil de Sam, mais je pensais néanmoins que son aîné ferait un effort pour l’occasion – je sais pas exactement dans quelle mesure, mais en s’achetant un sourire par exemple, ouais. “Tu vois qu’on aurait dû ajouter une photo de nous sur la pancarte.” Je lève les yeux au ciel face à cette idée déraisonnable. La bonne humeur de Samuel contraste avec le scepticisme que je peux lire sur le visage d’Angus quand il décide de nous rejoindre. Je ne peux même pas le blâmer ; je suis sûre que pour une fois, on a un vrai point commun, lui et moi, et que l’on pourrait échanger des heures sur les raisons pour lesquelles cette colocation pourrait tomber à l’eau. Je suis persuadée qu’il sait autant que moi que c’est une idée dangereuse que de mettre nos deux personnalités à l’épreuve de cette façon, mais étonnement, je serai aussi celle qui trouvera des milliers de raisons pour que cette colocation puisse tenir la route. Parce que je ne le fais pas pour moi, en partie pour Angus et surtout pour Samuel. Parce qu’il ne mérite pas de connaître le sort qui est pourtant le sien aujourd’hui. Je n’ai aucune responsabilité envers lui, mais je ne peux pas m’empêcher de faire le parallèle avec Lee tant leurs histoires sont similaires. Abandonnés par leurs pères, et si Lee peut se vanter d’avoir encore sa génitrice, le fait est qu’elle n’est pas beaucoup plus impliquée que l’était la mère Sutton avant son décès. C’est parce que je ne voudrais pas que l’enfance de Lee soit contrariée par des événements qu’il ne devrait pas connaître que je ne peux pas m’empêcher de me sentir protectrice envers Sam et vouloir m’investir pour l’aider à enfin goûter à une vie plus douce, où il n’aura pas à s’angoisser que son frère ne puisse payer le loyer ou à se sentir être un poids pour lui car il devra sacrifier son travail pour mieux s’occuper de lui. Je sais qu’Angus le ferait, sans la moindre hésitation, mais c’est parce qu’il a envie d’offrir un meilleur avenir à son frère que celui auquel il est destiné de par son histoire que je ne peux pas me résoudre à le regarder gérer la situation au loin. Je ne suis pas sûre de ce que je peux leur apporter à tous les deux, mais je peux au moins me vanter d’être là pour eux, à ma mesure. Et quand bien même Samuel est mon excusée toute désignée, le fait est que je m’inquiète pour Angus et que je ne peux décemment pas lui tourner le dos maintenant. Peut-être que m’imposer de la sorte n’est pas une très bonne idée, peut-être qu’il m’en voudra quand il découvrira qu’il s’agit d’un choix parfaitement rationnel et non pas d’une mise à la porte de mon ancienne coloc comme je l’ai prétendu, mais les conséquences de mon plan viendront en temps voulu. Pour l’heure, il s’agit surtout d’essayer de soutenir les deux Sutton au quotidien, et je sais que je peux compter sur Lee pour m’épauler dans cette mission.

Et j’ai besoin de Lee, autant que j’ai besoin de Sam, pour me rappeler du bienfondé de cette idée alors qu’Angus entreprend déjà de mettre mes nerfs à rude épreuve. Manque de chance pour lui, je compte bien être une adversaire à la hauteur – il devrait le savoir, depuis le temps. Et s’il veut mettre son nez dans mes affaires, alors qu’il le fasse pour toutes mes affaires. « On peut aller voir ta chambre avant d’amener le reste ? » J’ai pas vraiment mon mot à dire alors que le duo infernal embarque déjà mon sac et un instant, j’ai peur que l’idée d’Angus les inspire et qu’ils finissent par ranger mes affaires à ma place. Quoi que, ce serait pas mal, l’exploitation des enfants ne m’a jamais dérangée quand il s’agit de mon petit frère, mais je suis trop rigide pour lui laisser l’honneur de ranger – de mettre le bordel, donc, dans son idée à lui. “Uniquement parce qu’il t’adore, ce qui est loin d’être mon cas.” Dans un geste théâtral, je plaque ma main contre ma poitrine, absolument détruite par de telles paroles venant de mon petit-ami. « Je vais le dire à Sam. » Ouais, je suis une balance, ouais j’utilise son petit frère sans le moindre remord, simplement parce qu’il sert mes menaces. Mais j’ose espérer qu’il sait aussi que je ne suis pas le moins sérieuse, alors que jamais je n’oserai me mettre entre lui et son frère. Mon but est d’embêter Angus du mieux que je peux – et son petit frère doit être épargné. “Un contrat de confidentialité, il t’attend sagement sur la table basse du salon.” Je fronce mes sourcils, essayant de comprendre s’il est sérieux ou non. Je suis persuadée qu’il peut l’être et qu’il y a effectivement un contrat qui m’attend sur la table basse, ce qui n’est pas pour me rassurer. “Bienvenue dans mon humble demeure.” Il a traîné des pieds jusqu’à me permettre de découvrir mon nouveau chez moi (qui ne sera jamais ça à mes yeux, je crois, compte tenu du fait que c’était leur appartement avant d’être le mien). Je détaille les lieux sans rendre mon verdict, surprise qu’ils soient plus modestes que ce que je ne pensais. Non pas que je veux un certain standing – au contraire, ça me rassure de vivre dans un appart qui est proche de ce que j’ai toujours connu – mais ce n’est pas ce à quoi je m’attendais compte tenu des vantardises d’Angus. Une sonnette retentit et quand j’aperçois un chien qui se joint à nous, je suis désormais convaincue par cette colocation. “Je te présente Dust, notre majordome.” - « Oh hééé salut toi. » Ok, je fonds totalement, je suis humaine et mon seuil de résistance face à un chien est proche du néant. Je suis Angus jusqu’au salon où nos frères sont déjà en train de célébrer cette colocation. “C’est Gus qui m’a proclamé chevalier de la table carrée.” - « Gus à ce pouvoir ? » J’interroge, un peu moqueuse, lançant un coup d’œil à mon chéri. “Il nous manquait justement quelqu’un pour former le club des trois mousquetaires.” Je roule des yeux, j’imagine qu’il va sortir la belle connerie qu’il s’agit d’une affaire d’hommes dont les femmes sont exclues, blablabla. “Et Maisie ?” - « C’est vrai ça, et Maisie ? » J’adresse un clin d’œil à Samuel avant de soupirer en adressant un regard à Angus. « T’es un vrai chevalier, Sam, pas comme ton frère. » Ouais, c’est gratuit, ouais, c’est mérité. Non mais, je vis ici maintenant, j’ai le droit de faire partie des plans. “Ok, va pour les 4 fantastiques, mais hors de question que je sois l’espèce de caillou ambulant.” J’observe tour à tour Samuel puis Lee et, silencieusement, nous nous mettons d’accord alors que je me mets à leur hauteur. « Angus est La Chose, on est d’accord ? » J’accentue le nom pour souligner son manque de culture, alors que Lee et Sam répondent en chœur : "Ouais !" - « Ouep. » Et je me redresse, haussant les épaules d’un air (presque) désabusée pour faire comprendre à Angus qu’il n’a pas vraiment le choix. « Mr. Fantastic, j’annonce en désignant Samuel, La Torche, cette fois-ci c’est vers Lee que je pointe mon doigt, et La Femme Invisible, je retourne mon index en ma direction, ont tranché. » Il ne reste alors plus que La Chose quand on fait le calcul et les deux gamins secouent vivement la tête pour accentuer ma décision. Il n’y a même pas besoin de réfléchir, Sam est le cerveau, Lee la tête brûlée et moi la seule nana de la bande. « Avec ta carrure, tu pouvais pas y échapper. » Que je précise néanmoins à Angus en levant les yeux vers lui, d’un air faussement désolée. Quelle tristesse qu’il écope du rôle qu’il ne voulait pas, oh lala. “Vous voulez boire quelque chose avant de commencer la visite ?” - « Du thé. Dis-moi que tu as du thé ? » Ce sont mes origines qui parlent pour moi, mais si les placards d’Angus en sont dénués, c’est une faute que je compte bien réparer. « Tu crois que Dust sera gentil avec Tracker ? » Llewyn me demande et je hausse les épaules, ne sachant que répondre. « Je sais pas, mais je vais quand même éviter qu’ils se retrouvent tous les deux dans la même pièce. » Non, parce qu’entre un chien et un cochon d’Inde, je donne pas cher de la peau du second, dont je finis par révéler l’identité à Angus. « Tracker, le cochon d’Inde de Lee qui vit avec moi. Je t’ai pas dit ? » Mince alors. Je hausse les épaules, dirige mon regard vers Lee ; qu’il ose seulement lui dire que son animal n’est pas le bienvenu sous son toit et qu’il lui brise le cœur tout seul, tiens.

@Angus Sutton

Je vais le dire à Sam. Évidemment que je vais le dire à Sam alors qu’il sera mon seul allié dans cette colocation, et que ce n’est certainement pas son frère qui chantera mes louanges, puisqu’il vient très exactement de m’informer de l’inverse. Pas que je m’attendais à autre chose de la part de l’aîné Sutton, mais je ne veux pas me gêner de profiter de l’affection – partagée – de son petit frère à mon égard. Pas au point de semer la zizanie entre les deux frères, non, c’est hors de question, mais je ne vais pas me priver de faire de Sam un allié quand il s’agira de désigner celui qui doit sortir les poubelles ou faire les courses, hm. Ce ne sera certainement pas difficile de le convaincre que c’est bien Angus qui a oublié le lait pour ses céréales et qu’en ce sens, il est tout à fait normal qu’il retourne au supermarché alors qu’il pleut des cordes à l’extérieur, oui. On va faire une belle équipe, lui et moi, à défaut que ce soit le cas avec Angus avec lequel je n’arrive pas à anticiper le déroulement de cette colocation. J’arrive même pas à statuer sur la durée de celle-ci, parce qu’il me paraît autant envisageable d’être jetée dehors dès la semaine prochaine que dans un an. Mais à choisir... ouais, j’ai de la peine à nous imaginer encore colocataires dans un an ; et dans un sens, ce sera pour le mieux : ça voudra dire qu’Angus et Sam ont repris le dessus sur les épreuves que la vie persiste à mettre sur leur chemin et c’est tout ce que je leur souhaite, même s’il faudrait me payer pour l’affirmer à voix haute. De la même manière, je reste silencieuse alors qu’Angus m’emmène enfin vers l’appartement qui est plus petit que ce que j’avais pu imaginer. Je ne suis jamais vraiment entrée jusqu’ici, je me suis toujours contentée de déposer Lee devant, ou du moins jamais plus loin que l’entrée ; et de découvrir l’intérieur ne fait que confirmer ce que je savais déjà : ce n’est pas un appartement qui rendrait fier la direction de MHI, ça. Ça ne m’étonne pas, compte tenu du fait qu’on vient du même monde même si Angus essaie de s’y échapper, mais je comprends encore moins pour quelle raison il persiste à vouloir faire illusion. En soit, il est certain que pour rivaliser avec ses collègues il n’a pas vraiment d’autres choix, mais je suis persuadée qu’il ne s’agit pas d’une solution viable sur le long terme. Il y a bien un moment où il sera amené à reconnaître que ses moyens ne sont pas aussi hauts que ce qu’il prétend et le jour où ce sera le cas, ça fera mal. Mais je ne suis pas là pour le préparer à sa future chute et, déjà, mon esprit est bien trop occupé par la découverte d’un troisième colocataire dont j’ignorais l’existence. Je suis déjà accroupie à lui flatter le poil quand la voix d’Angus s’élève. "Tu peux me pincer ?" Je relève les yeux en sa direction sans cesser de caresser l’animal, attendant une suite qui me paraît inévitable. "Mais c'est que t'es humaine !" Je fronce les sourcils face à sa théâtralité et parce qu’une image vaut mille mots, je lui tends mon majeur tout en restant silencieuse avant de me relever pour suivre ses pas et rejoindre nos frères dans le salon. Je me surprends des pouvoirs qui sont accordés à Angus, et il ne tarde pas à préciser que "J'en ai même plusieurs." - « Profite-en tant que t’en as encore. » Mon sourire angélique vient compléter ma menace qui, en réalité, n’a rien de bien sérieuse. Même si la perspective de faire perdre un par un ses avantages à Angus est appréciable, le fait est que je n’oserai jamais remettre en cause l’organisation qui est la sienne avec Sam ; c’est bien moi qui m’invite chez eux et pour cette raison, je n’estime pas être légitime à exiger le moindre changement.

Ce que je me permets de faire, par contre, c’est de distribuer les rôles de manière plus cohérente que ne le souhaite Angus, lui qui veut échapper à sa destinée d’être La Chose. "Je crois que Cunégonde est vexée." - « Il a quelque chose à dire, l’arbre aux furoncles ? » Je marmonne de façon à ce que seul Angus m’entende. Le problème, en étant la Chose, c’est qu’il aura la dose de surnoms qui va avec. C’est voté à l’unanimité et il n’a guère le choix d’accepter son sort, peu importe s’il essaie de nous faire comprendre son désaccord de manière – à peine – théâtrale, mais je suis bien trop occupée à distribuer les autres rôles pour me soucier de lui. Et quand je reporte mon attention sur lui, il est entre de bonnes mains avec Dust. "On a trouvé notre déguisement pour Halloween." - « Va falloir aller un peu plus près du soleil, hein. » Je souligne en lui adressant un sourire moqueur. Si je dois ressembler à un saucisson dans une tenue moulante, alors il n’y a pas de raison qu’il n’y mette pas du sien. Un aller-retour vers le soleil pour parfaire le teint de son personnage et il sera prêt. Je compte bien lui rappeler ses obligations puisque cette merveilleuse idée de costume vient de lui, hm.

Et quand il me propose à boire, je ne peux renier mes origines dans ma demande, bien que j’aurais dû jouer la politesse en refusant. "Gus boit du café, moi je bois du lait chaud avec un soupçon de miel, le thé c'était pour..." - "Y'en a plus." Lee m’adresse un regard et je le rassure d’un sourire ; alors même que la tension qui émane d’Angus est perceptible pour tout le monde, à commencer par son petit frère. "Mais.." - "Y'en a plus Sam, les sachets étaient périmés, ok ?" Je m’avance d’un pas pour me rapprocher de Samuel à qui j’adresse un large sourire, avant de préciser : « J’ai pas si soif que ça, tu sais. » Je hausse les épaules d’un air nonchalant avant d’ajouter : « S’il y en a plus, ça veut dire que je vais avoir besoin de ton aide pour remplir le placard des meilleurs thés qu’on trouve. » Car peu importe si cela convient ou non à Angus, le fait est que j’ai besoin de me doses et si je peux faire l’impasse pour aujourd’hui, je vais vivre ici, ce qui justifie de remplir les placards avec tout le nécessaire à ma survie. "Et si t'allais montré la surprise à Maisie pendant que je m'occupe des boissons ?" - « Une surprise ? » Un instant, j’ai peur, parce que ce mot venant de la bouche d’Angus ne m’inspire rien de bon, mais je me détends en songeant au fait qu’il ne me réserverait pas une surprise trop terrible s’il mêle son petit frère à cela. Samuel entreprend de nous montrer le chemin alors que j’adresse un regard inquiet à Angus, avant que mon frère ne mette en avant un point qui a toute son importance et que je me suis pourtant efforcée de dissimuler jusque-là. "C’est qui Tracker ?" S’il n’y avait pas les deux garçons, il aurait le droit à une réponse qui lui ferait passer l’envie d’être curieux. “Y’a d’autres choses que t'as malencontreusement oublié de me dire ?” Je fais mine d’y réfléchir pendant un instant, bouche pincée et regard en biais, avant de reporter mon attention sur Angus. « Quelques-unes, oui. » Quant à savoir lesquelles exactement, je garde ça pour un autre jour, car moi aussi je sais faire des surprises, hm.

"Ferme les yeux" J’aime pas les surprises, mais pour Samuel je consens à faire un effort alors que j’obéis, fermant les yeux pour me laisser guider par la main de mon frère. On avance à tâtons, mais ça ne m’empêche de marcher une fois ou deux sur un jouet en plastique qui couine, de grimacer en guise d’excuse silencieuse et de continuer à me laisser diriger. "T'es prête ?" Je hoche vigoureusement la tête en guise de réponse, ouvrant finalement les yeux pour découvrir ce qui semble être ma chambre et poser mon regard sur les ballons de baudruche éparpillés sur le sol. Une idée de Sam, c’est certain, et s’il n’était pas aussi mignon je lui en voudrais en songeant à la galère que ça va être pour m’en débarrasser. "On t'a préparé un kit de survie" J’avance de quelques pas pour avoir pleine vue sur le panier en question et découvrir un nécessaire à survie qui ne peut que me faire sourire tant il touche juste. « Sam, c’est génial, merci ! » Je m’exclame, sincère, avant de jeter tour à tour un œil à mon colocataire puis à mon frère. « On partagera, vous inquiétez pas. » Je finis par me retourner alors que les deux inséparables se décalent pour me laisser observer la commode sur laquelle je découvre deux cadres. Je peux pas m’empêcher de rire à celle de Lee et je me retourne pour lui lancer un coup d’œil. « Tu veux que je fasse des cauchemars, c’est ça ? » Je lui demande avec un regard – faussement – accusateur. « Rose est dans le coup ? » J’interroge en voyant celle de ma patronne à mes côtés, avant que Samuel me rappelle à son attention. "Gus a choisi ça chez Barry." - « Barry ? » Je demande, ayant l’impression qu’il me manque un élément non négligeable alors que Sam rajoute : "C'est pas Brisbane, mais j'ai pas eu mon mot à dire." Il me colle une boule à neige aux couleurs de ma ville natale dans les mains et si j’essaie de contenir mon sourire, c’est uniquement pour ne pas satisfaire Angus et non pas parce que le cadeau ne me plaît pas. « C’est encore mieux que Brisbane, ça, Sam. » Je l’informe, pointant du doigt l’évidence dont même Lee ne peut pas attester puisque c’est un pays qu’il ne connaît pas. "J'ai rien choisi du tout. On me l'a offert et je savais pas quoi en faire, alors voilà." -  « Oh, je récupère les vieilleries, c’est ça ? » Je fais mine de m’offusquer avant de me retourner vers Lee. « Merci Sam, et tu diras aussi merci à ton frère quand il aura fini de râler. » Je laisse entendre, avec un regard en direction d’Angus qui reprend vite la parole : "Bon, le buffet à boissons est servi. Il y a des jus; du café; du lait chaud et du chocolat en poudre." Tout, sauf ce que j’aime. "Tu veux rester ici ce soir ? Sam a fait de la place dans sa chambre." - « Ouais carrément ! » Lee est évidemment partant et je valide l’idée quand il cherche mon approbation. « Je crois même que j’ai envie de profiter de mon coupon dès ce soir. » Et qu’Angus n’essaie pas d’utiliser l’heure comme excuse, Sam a décidé que c’était jour de fête ; alors ça le sera. « Sam, c’est quoi le film que déteste ton frère ? » Je questionne, sans aucune idée derrière la tête, évidemment. Alors que les deux gamins sont déjà en train de préparer leurs boissons, trop impatients à l’idée d’ingérer une dose de sucre qui me répugne, je finis par me servir un fond de jus d’orange, pas beaucoup plus sain que les autres choix, tout en profitant de capter l’attention d’Angus à côté de moi. « Merci. » Que je murmure, sincère, avant d’ajouter : « Pour ne pas avoir su quoi en faire, bien sûr. » Puisqu’il s’agit de ça, après tout. Il ne s’agit pas d’un cadeau délibérément choisi, alors il ne s’agit pas non plus d’un remerciement quant à l’excellent choix de celui-ci.  

@Angus Sutton