Les deux jeunes femmes, maintenant qu’elles avaient trouvé comment éloigner les fantômes, avaient quitté la maison de Lily pour se rendre à la permanence du prêtre. Elles devaient faire demi-tour, traversant à nouveau les rues de Brisbane. Et si elles avaient croisés d’autres fantômes, elles avaient compris qu’elles ne risquaient pas grand-chose, tant qu’elles n’avaient aucun lien d’attachement avec eux. Leur but étant d’attirer leurs proches pour leur donner la mort ensuite. Siham aurait aimé mettre sa mère en sécurité, l’avertir qu’elle était en danger, mais elle résidait à l’autre bout de la vielle et elle n’aurait pas le temps de la rejoindre.
« Il est là ! » Le prêtre, il était devant sa propre maison, agitant les bras et les mains devant tant de désolation. « Père ! » elles courraient en sa direction, elles espéraient qu’il pourrait leur venir en aide, comprendre davantage ce qu’il se passait en ville. « Siham ! Lily ! » il tenait leurs poignées, comme soulagé de les voir en vie. « Siham, votre père… » elle hocha la tête, inutile d’en dire davantage, elle avait tout vue. « Je sais… justement. Que savez-vous de tout ça ? » le père semblait être aussi perdus qu’elle, il n’avait pas de réponse à apporter. « On sait que l’eau bénite les repousse… » elles l’avaient vu de leurs propres yeux et en avait fait expérience. « Les croix sont inutiles. » peut être que les prières servaient à quelques choses ? « Je ne cesse de répéter les bénédictions, rien n’y fait… » elle souffle, perdue. « Et… un exorcisme ? » elle connaissait cette pratique ancestrale, elle savait qu’elle était très dangereuse. « Dieu peut-il être lui-même à l’origine de cette malédiction ? » le prêtre n’avait pas l’air d’y croire une seule seconde. « Ça ne peut être que le fruit du Démon. »

WIN > il les entraine dans son jardin, sous un abri où ils pourraient échanger plus tranquillement
SO CLOSE > le fantôme de la mère du prêtre se tient derrière eux, il n’a encore rien remarqué, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’il se fasse avoir aussi.
FAIL > La tête du prêtre fait un 360 degrès sous leur yeux, un fantôme qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau vient de lui briser la nuque.

Leur fuite de la maison est réussie, Dieu soit louée, et c’est justement Dieu qui semble les mener jusqu’au prêtre. Elles croisent leur route et se sentent aussitôt soulagées de trouver non seulement une autre personne, mais surtout quelqu’un d’autorité tel que lui. Quelqu’un en qui elles peuvent aisément avoir confiance, qui plus est. Le prêtre est leur allié, il est leur ami, et il est surtout quelqu’un qui pourrait avoir des réponses là où elles doivent se contenter d’errer avec toutes les questions de leur côté. « Ça ne peut être que le fruit du Démon. » Les propos de l’homme au service de Dieu lui glacent aussitôt le sang. « Faites attention à vous, mon prêtre. » Elle lui demande donc, incapable de comprendre comment tout a pu chavirer à un tel point.

Pas à pas, le petit groupe trouve refuge non loin de là, sous un abri où Lily n’a plus la capacité de se sentir en sécurité. Elle s’attend à revoir un mort sous ses yeux qui chercherait à la tuer, et c’est une idée qui ne risque pas d’être effacée de son esprit. « Est-ce que vous savez ce qui a causé tout ceci ? » Malheureusement, l’homme se terre dans son silence avant de secouer la tête de droite à gauche. Lily souffle. Il est leur seul espoir, et cela la pousse à poser son regard sur Siham. « Je pense qu’on devrait quitter la ville et trouver des réponses ailleurs. » Et cette fois-ci, c’est surtout la jeune femme qu’elle interroge, parce que c’est avec elle qu’elle veut s’en aller pour trouver la paix ailleurs. « J’espère… J’espère juste que le problème ne s’étend pas plus loin. » Si tous les morts du pays sortent de leurs tombes pour devenir des… fantômes ? Alors ils sont tous condamnés. Elles ont déjà eu beaucoup de mal à repousser son père et son mari, alors comment pourraient-elles lutter contre une population toute entière ? Et surtout, que veulent-ils, bon sang ? Il est évident qu’ils ne sont plus eux-mêmes une fois revenus à la vie.

A l’arrière de la maison, Siham ne se sentait pas plus en sécurité que dans la rue ou que dans l’importe quel autre endroit de la ville. Mais en présence du prêtre, elle espérait qu’elles pourraient trouver de nouvelles réponses. Sa réaction lui fit toutefois froid dans le dos. Il n’avait pas plus idée qu’elles de ce qu’il se passait et il n’avait visiblement pas de réponses à apporter. Les bras de Siham en tombaient et à voir le visage de Lily, elle n’était pas plus rassurée. « Je pense qu’on devrait quitter la ville et trouver des réponses ailleurs. » pour aller où ? Elle n’avait nulle par où aller, elle n’était jamais sortie de Brisbane, les terres en dehors de la ville la terrifiaient depuis toujours. On raconte depuis toujours que les aborigènes sont des hommes sans foi ni loi et qu’ils n’ont que soit de vengeance envers les hommes qui leur avaient voler leurs terres. Sans doute a raison. Et en y pensant… « J’espère… J’espère juste que le problème ne s’étend pas plus loin. » il serait difficile de croire que seule Brisbane soit la cible de cette malédiction et si c’était la source du départ, le Queensland tout entier ne tarderait pas a être touché, puis l’Australite toute entière. « je n’ai pas idée où nous pourrions aller… » mais cette voie des aborigènes lui restait en tête. « et si c’était l’objet d’un sortilège ? Une malédiction venue des hommes originels ? » C’est comme ça que son père les appelait. « on m’a toujours raconté que leur vengeance serait terrible… » elle souffla craintive mais si toute fois cette piste était juste, peut être savaient -elles déjà où se rendre. « je vais vous laisser mes chevaux. » coupa le prêtre alors qu’il semblait être dans un autre monde.
Rapidement, elles se trouvaient aux abords de son écurie, les étalons étaient vieux et semblaient fatigués mais c’était sans doute mieux que rien, la famille de Siham était bien trop pauvre pour s’offrir de tels bêtes. « il nous faut des vivres… » elles ne pouvaient quitter la ville sans s’assurer d’avoir suffisament de force pour les jours à venir.

« je n’ai pas idée où nous pourrions aller… » Lily soufflée, désolée. Elle n’a aucune idée précise non plus, simplement parce qu’aucun endroit en ce monde lui paraît assez sécuritaire pour les accueillir. Elles font face à un mal qu’elles ne connaissent pas, alors comment pourraient-elles bien lutter contre ce dernier ? Comment lutter contre des fantômes, au juste ? Elles ont bien trop de questions mais malheureusement trop peu accès aux réponses qui devraient aller avec. « et si c’était l’objet d’un sortilège ? Une malédiction venue des hommes originels ? » - « Tu le penses vraiment ? » Lily n’a pas davantage d’informations de son côté, alors elle écoute ce qu’en pense Siham, même si elle pense aussi que l’avis de son père sur la question est quelque peu biaisé. « Qu’est-ce qu’il disait précisement ? » Il faut qu’elles puissent avoir accès aux mêmes informations, parce qu’il est peut-être question de leur survie désormais.

« on m’a toujours raconté que leur vengeance serait terrible… »
« Qu’est-ce qu’on doit faire pour les apaiser ?»

Elles peuvent essayer, elles n’ont rien à perdre de toute façon. Peu importe ce que dit les légendes, Lily jure qu’elle pourrait s’y plier. Elle a déjà perdu son mari, alors elle pourrait vendre son âme au Diable si cela pouvait assurer la pérennité pour les autres villageois. Le prêtre leur donne des chevaux et elle hoche la tête, soulagée de savoir qu’elles ont au moins gagné un moyen de transport plus rapide et fiable que leurs seules jambes. Les bêtes les aideront dans leur quête, raison pour laquelle elle remercie chaleureusement le prêtre de leur faire un don d’une telle fortune. « il nous faut des vivres… » Elles ont besoin de préparer leurs sacs avec le strict nécessaire avant de partir à l’aventure. « Trouve nous des habits chauds. Je m’occupe de la nourriture. On se rejoint ici dans une heure, peu importe ce qu’on trouve, ok ? » En se séparant elles prennent un risque, mais elles s’assurent surtout de pouvoir gagner un peu de temps. Face à des fantômes qui ne dorment pas et ne meurent pas, il joue déjà bien assez contre elles.

« Tu le penses vraiment ? » et pourquoi pas ? Siham avait vu son père tenir la tête de sa sœur entre ses doigts alors ce qu’elle devait réellement penser n’avait plus aucun sens. Il fallait sortir de tout raisonnement classique, il n’y avait plus de place pour le raisonnable. « Qu’est-ce qu’il disait précisément ? » elle avait l’impression que Lily cherchait des réponses claires. « que l’envahisseur les ayant chassés de leurs terres comme de vulgaires bêtes sauvages, obligés de se réfugier et de se cacher des hommes blancs, colonisateurs, un jour, ils les chasseront a leur tour et reprendront possession de leurs territoires sacrés. » voilà en gros pour le discours de son père et il semblerait qu’éradiquer la population de Brisbane leur serait bien utile pour reprendre leur bon droit. « j’ai toujours pris ça comme un mythe, un peu comme celui du loup garou… » il ne manquerait plus que des lycans viennent a leur tour pour s’occuper de Brisbane et reprendre leur malédiction. Trop c’est trop.
« Qu’est-ce qu’on doit faire pour les apaiser ?» ça semblait clair pour Siham. « leur rendre leurs terres … » comment ? Les inclure a nouveau dans cette société et les laisser avoir leur place. « ils sont chez eux… »
« Trouve nous des habits chauds. Je m’occupe de la nourriture. On se rejoint ici dans une heure, peu importe ce qu’on trouve, ok ? » Siham hocha la tête, s’executa en quittant lily et le pretre, le remerciant encore.
Des habits chauds, elle se rendit chez sa sœur, qui par chance, n’habitait pas très loin, bien moins loin que si elle avait dû rentrer chez sa mère. Elle pris ce qu’elle pu dans les armoires, peau de chèvres et de chamois, couverture d’alpaga. Elle avait mis une vingtaine de minutes a s’y rendre, autant a revenir, tout en essayant d’esquiver les fantômes sur sa route. Par chance elle n’avait pas recroisé son père. De retour chez le prêtre, elle tentait de grimper sur le dos du cheval qu’elle avait adopté, pas mince affaire … « tout doux… »

Ce que disait son père au sujet des fantômes a tout pour lui glacer le sang, parce qu’effectivement cela fait du sens. Maintenant, du moins, cela en fait. Lily ne s’y connaît pas réellement dans l’histoire de son pays, un peu trop occupée à vivre au jour le jour et trouver de l’argent pour vivre, mais elle sait que les colons ne sont pas les premiers arrivés sur les Terres. Elle a entendu les histoires au sujet des aborigènes, que ses ancêtres ont poussés à se retrancher toujours plus loin dans le Bush, quand ils ne les ont pas tout simplement tués. Et maintenant que tout semble se retourner contre elle, Lily avoue être désolée, terriblement désolée. « j’ai toujours pris ça comme un mythe, un peu comme celui du loup garou… » - « Je crois qu’on y a tous crus. On qu’on a jamais voulu y croire, justement. » Pour elle, ce n’étaient que des histoires pour effrayer les enfants et les forcer à écouter la parole des adultes, sinon les monstres du Bush les auraient.

« leur rendre leurs terres … ils sont chez eux… »
Mais Lily aussi, maintenant, elle est chez elle. C’est ici qu’elle a vécu toute sa vie, c’est ici qu’elle s’est vue élever ses enfants. Une telle idée lui noue la gorge: ils doivent trouver une autre solution. Un compromis. Ne peuvent-ils pas vivre ensemble, par exemple ? Elle devient soudainement idéaliste. Siham regroupe des affaires chaudes, elle s’occupe de la nourriture, et une fois les sacs remplis et placés sur les chevaux, elle s’installe à son tour sur le sien, pour avancer vers des aventures dont elle ignore encore tout. « Tu t’en sors ? » Elle interroge Siham, pas certaine qu’elle sache monter. Elles n’ont pas le choix, cependant, et Lily lui tend une main pour l’aider à monter sur la bête. « J’espère qu’on pourra discuter avec eux. On est pas nos ancêtres, on devrait pas payer pour ce qu’ils ont fait. » Ils sont sur leur terre et elle sait aussi qu’ils ne devraient pas avoir à habiter ailleurs, mais Lily souhaite trouver un juste milieu pour tous. Elle veut simplement vivre en paix.

Siham tentait tant bien que mal de grimper sur sa monture, elle n’était jamais monté sur un cheval et voir les cavalier se mettre à califourchon sans difficulté l’avait toujours impressionné et maintenant que c’était son tour, elle l’était encore plus. « Tu t’en sors ? » elle se retourna, soulagée de voir que Lily s’en était sortie étalement. Elle grimace. « j’vais avoir besoin d’un coup de main. » elle manquait terriblement d’agilité. Lily l’aida et son coup de pouce lui avait facilité la tâche. Siham l’en remercia d’un coup de menton et tentait a présent de tenir a l’équilibre. La bête manquait de confort mais elle allait s’en accommoder, elle n’avait pas le choix.  « J’espère qu’on pourra discuter avec eux. On est pas nos ancêtres, on devrait pas payer pour ce qu’ils ont fait. »  elle avait raison Lily, mais d’une manière ou d’une autre, ces nouvelles générations la devaient bouillir de rage de voir comme la société moderne de Brisbane jouissait de confort dont ils étaient privés. Ils n’ont ni eau courante, ni électricité, privé de la modernité des avancées technologiques récentes. « peut être que j’me trompe… » et peut être qu’elles allaient aller partir a leur rencontre en vain. « mais a défaut d’avoir d’autres pistes… »
Lily grimpa sur son canasson également et voilà les deux jeunes femmes prêtes à partir a l’aventure. « c’est la première fois que je vais quitter Brisbane » avoua t elle non sans une touche d’émotion dans la voix.
Le pretre qui semblait avoir déserté depuis leur absence, arriva a nouveau mais quelques chose semblait avoir changé chez lui. « on doit pas rester là. » effectivement, comme si une bête sauvage et enragée s’était jeté sur lui pour lui tordre le cou. Son visage se trouvait dans son dos et sa nuque, au dessus de son torse. « il n’est plus lui-même » quelqu’un ou quelques chose l’avait comme métamorphosé lui aussi.
D’un coup de talon dans la cuisse gauche du cheval, c’est ce que Siham voyait faire des autres, elle ordonna a la bête de s’élancer. Et c’est a coup de galop qu’elle partie, prenant Siham par surprise, elle manqua de tomber a la renverse mais se rattrapa en se tenant fermement a la crinière de l’animal. Elle espérait que Lily la suive.

« peut être que j’me trompe… mais a défaut d’avoir d’autres pistes… » Perchée sur son cheval, la brune hoche la tête avec conviction. Elles n’ont pas d’autres pistes à travailler, de toute façon, alors celle-ci est leur seule chance. Elles ne savent pas ce qu’elles feront une fois là-bas, ni même les questions qu’elles pourraient poser, mais elles peuvent au moins essayer. Il en va de leur devoir, même, parce que Lily doute qu’il y ait d’autres personnes dans cette ville qui pensent faire autre chose que fuir - et là encore, elle ne le leur en veut pas.

Leur départ est précipité lorsque le prêtre revient près d’elles et que les deux jeunes femmes reconnaissent aussitôt en lui les mêmes caractéristiques vues chez Matt et le père de Siham juste avant ça. Lily a la gorge nouée, incapable de se remettre de l’idée d’avoir perdu un allié supplémentaire dans cette vie. « on doit pas rester là. il n’est plus lui-même » Et encore une fois, elles doivent s’enfuir parce qu’elles n’ont pas le choix et que leur quotidien se retrouve envahis de fantômes en tous genre sans qu’elles n’arrivent à comprendre comment les hommes passent de vie à trépas d’une telle manière, ou bien ce qu’ils peuvent leur vouloir. Leur terre ? Lily veut bien la leur rendre, s’il n’y a que ça pour qu’ils lui donnent la paix e qu’ils puissent tous exister sans avoir à en venir à de tels extrêmes.

Le coeur au bord du gouffre et les yeux plein de l’armes, elle talonne à son tour son cheval et s’élance juste derrière Siham, poussant sa bête à toute vitesse pour la rattraper mais aussi et surtout pour mettre de la distance avec le prêtre. Elles ne connaissent rien de leurs facultés et Lily ne veut pas prendre le risque qu’il arrive à les rattrape et tue son cheval, et encore moins qu’il ait pour idée de directement s’en prendre à elle. Désormais, les deux jeunes femmes sont en quête de vérité et de justice.