Cette journée avait bien commencé. En se réveillant, elle se dirigea vers sa cuisine pour se faire son café latte habituelle, sans oublier d’appuyer son front et sa main contre le panneau de la porte de la chambre où la vie de Noah s’était terminé en lui sautant mentalement une bonne journée et en lui disant qu’elle l’aimait. Près de quatre ans après sa mort, elle faisait ce rituel tous les matins et tous les soirs que la vie lui apportait. On était samedi, le vent se déchaînait à l’extérieur. Elle se fit réflexion qu’elle allait devoir bientôt faire des provisions en prévision de l’ouragan qu’ils annonçaient. Si elle se fiait au bulletin météo, Olga allait être plutôt terrible et ferait beaucoup de dommage. Elle ne pourrait pas sortir pour aller faire ses courses et elle aimait mieux prévenir que guérir. Par contre, ce matin-là, elle décida de prendre son café tranquille sur son sofa et qu’elle allait décider plus tard de ce qu'elle voulait vraiment faire. Elle se sentait un peu plus fatiguée et à fleur de peau dernièrement et elle savait que c’était des signaux qu’elle devait prendre soin d’elle et qu’elle devait ralentir. Elle se mit donc un épisode de Virgin River qu’elle avait vu beaucoup trop de fois et l’écouta en sirotant son latte dans lequel elle avait mit un peu sirop aux épices. Autour de 10 heures, elle décida qu’elle allait commencer sa préparation en vue de la tempête qui arrivait. Elle attrapa ses livres de recettes et sélectionna trois recettes qu’elle allait pouvoir mettre en pot stérile et les conserver quelques temps sur ses tablettes : une sauce bolognaise, une soupe aux légumes et une confiture de cerises. Elle se fit une liste pour ne rien oublier à l’épicerie et quitta aller chercher ce qui lui manquait.
Ça faisait bien une heure qu’elle avait commencé à cuisiner lorsqu’elle tenta d’ouvrir le robinet de l’évier de la cuisine que celui-ci cassa. L’eau coulait partout. Elle tenta de la fermer comme elle le pouvait, mais rien à faire : la poignée du robinet lui était restée dans les mains et elle n’était pas capable de la remettre. Elle attrapa une entonnoir avec du ruban à coller et tenta de l’installer comme elle le pouvait pour diriger l’eau dans l’évier et qu’elle arrête de couler dans tous les sens. Elle attrapa son téléphone et envoya immédiatement un sms à Vinnie. Mon robinet est cassé ! Il y a de l’eau partout, je ne sais pas quoi faire. Help ! Elle alla dans la salle de bain, attrapa toutes les serviettes qu’elle avait pour essayer d’éponger le dégât qui était en train de se former dans sa cuisine. L’entonnoire semblait faire un peu le travail, mais il y avait quelques petites fuites d’un côté et de l’autre. Elle espérait que son homme à tout faire lui répondre rapidement. Il fallait vraiment qu’elle lui demande de lui montrer comment faire pour réaliser de petits travaux elle-même qui pourrait la sortir du pétrin comme présentement.

Elle n’avait eût à s’occuper des travaux de maison lorsque Noah était vivant. Il s’était toujours occupé de tout et il ne s’était pas embêter à lui montrer comment les réaliser. Même chose lorsqu’elle habitait toujours chez ses parents. Son père ne faisait pas les travaux, mais il payait grassement un homme à tout faire pour s’occuper d’entretenir la maison et le jardin. Tout était donc toujours bien fait et il ne s’était pas embêter à montrer à ses enfants et à sa femme comment faire lorsqu’il arrivait des pépins. Faith avait toujours douté d’ailleurs qu’il était capable de faire des travaux manuels. Il était plutôt un homme d’administration, le nez toujours fourré dans les dossiers de l’hôpital. Depuis qu’elle devait s’occuper seule de la maison, Faith regrettait que les hommes qu’elle avait côtoyés dans sa vie ne lui aient pas montré les bases dans l’entretien de bâtiment. Elle avait la certitude qu’elle était capable d’arriver d'en assimiler les rudiments. Par contre, elle savait très bien que lorsque Noah était en vie, elle était toujours sous l’effet de l’alcool et que ça aurait été dangereux la plupart du temps pour elle d’avoir un outil entre les mains. Elle était d’ailleurs chanceuse puisqu’elle avait trouvé quelqu’un pour venir accomplir ces tâches et à un prix plus que raisonnable. En plus, c’était un jeune homme qu’elle appréciait beaucoup. Elle ne savait pas son âge exact, mais elle savait que sa fille avait probablement à peu près le même. Vinnie répondait pratiquement toujours présent lorsqu’elle en avait besoin et surtout lorsque c’était une urgence. Lorsqu’elle lui avait envoyé un sms, il lui avait répondu d’aller fermer l’eau. Après quelques minutes à chercher l’endroit où était située la valve d’arrêt, elle réussit à la fermer et à contrôler l’eau qui se répandait un peu partout dans sa cuisine. Quelques heures après, quelqu’un toqua à la porte. Elle se dépêcha d' aller ouvrir, sachant très bien que c’était le jeune brun qui était arrivé. ”Bonsoir Faith. J’ai fait aussi vite que possible. Tu me montres ton inondation ? Je vais tenter de t’arranger ça.” Elle était soulagée de le voir arrivée et l’accueillit donc avec un grand sourire, mais elle était échevelée comme si elle venait de faire un jogging dans le quartier. ”J’ai réussi à contenir le pire, mais j’espère que ça ne fera pas gonfler mes armoires. Il y a eût pas mal d’eau.” Elle le fit entrer, l'emmena dans la cuisine et constata qu’elle avait encore l'entonnoir d’accrocher avec le ruban à coller sur ton robinet, à l’endroit où la poignée était cassée. ”Comme tu peux voir, j’ai essayé de rediriger l’eau avec ce que je pouvais, mais je dois avouer que ce n’était pas très efficace.” Elle se passa la main dans les cheveux, un peu gênée de son idée pas très ingénieuse finalement. ”Ne fais pas attention à la vaisselle, j’ai cuisiné toute la journée, mais je n’avais plus d’eau pour tout nettoyer.” Elle qui était si rangée et propre normalement, elle était gênée de l’état de sa cuisine, mais il fallait dire que ça sentait bon la sauce bolognaise et la soupe aux légumes.

”Je regarderai tes meubles après si tu veux. Je ne suis pas menuisier, mais si ça a gonflé, je pourrais peut-être faire quelque chose. Des fois un coup de raboteuse et de ponceuse peuvent faire le travail.” Faith se comptait chanceuse d’avoir découvert Vinnie via des petites annonces. Lorsque Noah était décédé, elle avait laissé quelque peu la maison. Elle n’était pas manuel et elle n’avait pas les fonds pour engager un professionnel à toutes les fois qu’il y avait quelque chose qui clochait. Lorsqu’elle tomba sur le jeune homme, elle eût la forte impression qu’elle ne se sentirait plus aussi seule pour s’occuper des petits travaux. En plus, elle devait avouer qu’il était d’une bonne compagnie. ”Tu sais que je te fais complètement confiance ! Si tu peux limiter les dégâts ça m’irait bien. Je n’avais pas prévu de refaire mes armoires complètement prochainement.” Puis, elle le vit enlever ses vêtements chics, ses souliers et remonter ses pantalons avant de s’approcher de la robinetterie fautive. Elle prit ses vêtements pour aller les suspendre à un crochet qu’il y avait dans l’entrée, question qu’ils ne se froissent pas. ”Tu veux que j’aille voir dans les anciennes choses de Noah ? Je suis sûre que je te trouverais des vêtements de travail pour ne pas que tu brises les tiens.” Après toutes ces années, elle n’avait toujours pas réussi à se débarrasser de ses choses, mais elle ne devenait plus aussi émotive à l’idée d’aller fouiller dans ses vêtements. Bien qu’elle se dit que ça ferait bizarre de voir un autre homme les porter, elle ne pouvait quand même pas laisser Vinnie salir ses beaux vêtements. ”Tu as les outils que je t’avais conseillés d’acheter ? Au cas où tu es besoin et que je ne sois pas disponible ? Je vais en avoir besoin, je ne suis pas passé par chez moi.” Elle hocha de la tête et alla fouiller dans un garde-robe. Elle devait avouer que oui elle les avait achetés, mais elle ne les avait pas encore déballer et pire encore, elle les avait mis dans le fond d’une armoire, caché sous une pile d'autres choses. Lorsqu’elle finit par mettre la main dessus, elle les apporta à Vinnie en essayant de les sortir de son emballage. ”Par chance que tu m’avais envoyer des photos des outils, arrivé à la quincaillerie, tout se ressemblait et le commis n’avait pas l’air à être intéressé de m’aide.” Elle le regarda s’activer autour de son lavabo. Il avait rit légèrement de son installation pour essayer de contenir les dégâts, mais elle ne pouvait pas lui en tenir rigueur. C’était effectivement un installation bien précaire et pas vraiment utile pour les bris qu’il y avait. ”Je suis meilleure dans le bricolage que dans les réparations, il faut que je l’avoue.” Elle se mit à rire à la suite de son annonce. ”Tu n’as pas à te justifier de quoi que ce soit. En tout cas, ça sent très bon ! Sauce bolognaise non ? Je vais vite te réparer ça que tu puisses reprendre le contrôle de ta cuisine. Ce serait dommage de gâcher ton talent.” Elle hocha de la tête. Il avait un bon sens olfactif. Elle avait passé l’après-midi à cuisiner et à faire des réserves pour la tempête. ”Sauce bolognaise, soupe aux légumes et confiture de cerises. J’en ai fait suffisamment pour en congeler et en avoir d’avance et faire des réserves pour la tempête. Fais-moi penser de te donner quelques plats de chaque avant de quitter plus tard.” Elle avait toujours aimé donner de la nourriture à ses proches. Elle était seule et cuisinait toujours plus une armée et elle refusait de jeter des aliments. Quand elle n’en donnait pas à ses amis, elle allait les porter dans une association pour personnes en difficulté financière.
”Bon mise à part la poignée de ton robinet cassé, je pense que le reste de ton installation n’a pas de soucis, mais je vais te la nettoyer quand même, ça t’évitera les soucis. Par contre, pour le robinet, je vais te bricoler quelque chose, mais tu vas devoir en acheter un autre. Si tu as besoin, je pourrais soit l’acheter pour toi, soit venir avec toi. Et je viendrai te le poser quand tu le voudras. Il avait l’air à être absolument certain de ce qu’il avançait. Elle savait que c’était exactement la bonne personne pour l’aider lorsqu’elle n’était pas capable de se débrouiller seule. ”Tes joints sont un peu fatigués, ce serait bien de les changer aussi. Ce n'est pas très cher et facile à changer. Tu veux que je te montre ?” Après tout, si elle voulait devenir une femme autonome, elle devait bien apprendre à faire quelques travaux dans sa propre maison. ”Je pense que je vais te laisser aller acheter ce dont tu as besoin pour tout changer et tu m'emmèneras la facture. Comme ça, on va être sûr que je n’achèterai pas les mauvaises choses. Je suis d’accord pour les joints ! Je ne veux pas me retrouver encore une fois avec une piscine sur mon plancher.” Elle attrapa le téléphone portable que Vinnie lui tendait et se pencha pour éclairer sous le lavabo, dans l’armoire pour lui faire de la lumière, mais aussi pour regarder ce qu’il faisait. ”Où est-ce que tu as appris à te débrouiller comme ça pour les petits travaux ?”

”Je comprends et je t’aiderai autant que je le pourrais. Je sais ce que c’est que d’être seul et de ne pas savoir bricoler.” Faith lui fit un sourire. Elle était tellement chanceuse d’être tombée un jour sur Vinnie. Elle n’aurait jamais pu payer un professionnel à plein prix pour tous les petits travaux qu’il avait fait pour elle. Lorsqu’elle avait un peu moins de moyen, elle le payait en nourriture, en leçon de piano, mais elle se reprenait toujours lorsqu’elle avait un peu plus d’argent pour payer un peu plus les fois d’après. Elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle profitait de lui et de sa générosité. Elle avait un certain attachement envers le jeune homme même si elle ne le connaissait pas beaucoup. ”Une chance que je t’ai Vinnie. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Ma maison serait en train de tomber en ruine probablement.” Elle laissa échapper un rire de bon coeur. Il savait que Noah s’était suicidé, mais il n’était pas au courant de tout son passé et elle tenait à ce que ça reste comme ça. Quoi que si jamais le sujet venait sur le tapis, elle ne lui cacherait rien. Elle aimait par contre qu’il ne puisse pas porter de jugement sur elle à cause de ses agissements. Il ne connaissait que la nouvelle Faith et c’était bien assez pour l’instant. ”Ho, c'est comme si c’était noël ! Je crois que je n’ai jamais utilisé des outils neufs !” L’enthousiasme dont faisait preuve Vinnie à la vue des outils qu’elle avait achetés lui faisait chaud au coeur. Elle ne pouvait s’empêcher de se demander si un adulte pouvait rendre Ella heureuse, lui faire des cadeaux. ”Réellement ? Pourtant, c'est son travail de conseiller et d’aider. Même les néophytes. Surtout les néophytes ! La prochaine fois, je viendrai avec toi si tu veux. Alors… Tiens bien la lumière ok ? Et tu as bien coupé l’eau hein ? Je ne voudrais pas qu’on se prenne une douche !” Elle prit le téléphone portable que lui tendait son homme à tout faire et le dirigea vers l’endroit qu’il lui montrait. Elle était occupée à regarder comme il faut les gestes qu’il faisait pour essayer d’en tirer un apprentissage. Elle avait l’ambition d’être capable de se débrouiller un peu plus toute seule éventuellement. ”Oui, j’ai fermé ce que tu m’as dit de fermer dans ton message. Ça ne devrait pas nous arroser.” Ça serait bien le comble de la péripétie de se ramasser tout trempe alors qu’elle pensait avoir fermé l’eau. Elle fut soulagée lorsque Vinnie commença à démonter son installation et qu’ils restèrent au sec. Puis, elle lui offrit de lui donner de la nourriture avant qu’il parte de chez elle un peu plus tard. ”Bon, je ne vais pas te dire non… Parce que tu cuisines vraiment bien et que je me nourris vraiment mal… Mais c’est vraiment adorable de ta part ! Et je saurai m’en souvenir.” Ça lui faisait tellement plaisir de pouvoir lui donner de la nourriture. Faith aimait cuisiner, mais souvent, elle en faisait trop pour elle-même. Donner des petits plats à son entourage était ce qu’elle aimait le plus. ”Tu sais que tu n’as pas besoin de venir travailler ici pour me demander de la nourriture hein ? Souvent je dois aller porter des aliments dans les banques alimentaires parce que j’achète beaucoup plus que ce que je suis capable de manger moi-même.”
Lorsqu’elle lui posa une question sur sa vie d’avant, elle se rendit bien compte que ça troubla le jeune homme. Elle ne voulait pas le forcer à se confier à elle et elle était bien loin de se douter que ça pouvait être un sujet sensible, sinon elle n’aurait jamais osé l’aborder. ”J’ai grandi sans père. Et ma mère… Elle n'était pas en état de faire ses choses. Quelqu’un devait bien s’en occuper. Un… Ami m’a appris. J’ai appris très jeune. Mais j’aimais bien. Je sais même gratter les moteurs si des fois, tu as besoin.” Elle sentait que son enfance était un sujet encore sensible pour lui. Elle n’osa pas continuer sur cette lancée, respectant le fait que Vinnie changea rapidement de sujet. ”Hum bon là, tu vois, j’ai tout démonté. Tu as un vieux chiffon ? Regarde là, tu vois, c'est ton filtre, il n'est pas très sale. Mais un peu de nettoyage ne fais jamais de mal.” Elle se dirigea dans sa salle de bain pour aller chercher le chiffon et en profita pour ramener de quoi désinfecter la plaie que Vinnie avait sur la lèvre du à ļ’outil qu’il s’était échappé sur le visage. ”Sort de là deux minutes. Je veux désinfecter ta lèvre avant que tu continues de nettoyer tout ça. Tu es chanceux que l’outil soit neuf et qu’il n’y ait pas de rouille dessus.” Bien qu’elle n’avait jamais pu jouer son rôle de mère, Faith avait ce côté maternel qui voulait prendre soin de ceux qui était cher pour elle. ”Une fois tout ça nettoyer, je remonterais tout et puis je bricolerais un truc pour ton robinet et je te donnerais les références pour en acheter un rapidement.” Elle devrait être bonne pour passer la tempête sans avoir à se dépêcher à aller chercher un nouveau robinet avant qu’elle commence selon ce qu’elle comprenait de ses paroles. ”C’est parfait. Merci d’être venu aussi vite. Tu me feras ton prix également pour le temps passer ici.”

”Ne dis pas ça. Tu aurais trouvé un autre ouvrier super beau pour te faire le travail ! Enfin sans me vanter bien sûr.” Faith se mit à rire. Pas qu’elle ne trouvait pas Vinnie beau, mais elle n’avait jamais pensé à lui de cette manière. Après tout, elle avait autour de vingt-ans de plus que lui et il pourrait être son fils. Elle le voyait plus comme ça que comme un amant potentiel. ”Peut-être un homme de mon âge, mais je suis convaincue qu’il n’aurait pas été aussi efficace et disponible pour moi.” Et elle n’avait pas vraiment envie de se trouver un amant pour l’instant. Elle ne pouvait concevoir que quelqu’un d’autre prendrait la place de Noah un jour dans son coeur. Quoi que… Il y avait bien Russell qui commençait à s’y faire un chemin. Mais elle était bien décidée à ne pas parler de sa vie sentimentale avec Vinnie. Ça la rendait un peu mal à l’aise, surtout qu’il savait que son mari était décédé, mais il n’était pas vraiment au courant des circonstances entourant sa disparition. ”Et les responsables de l’urbanisme à la mairie ne laisseraient pas ta maison tomber en ruine, ce ne serait pas bon pour l’immobilier du quartier.” Il marquait un point. Et si la mairie ne s'en occupait pas, elle était pas mal sûre que les voisins s’en occuperaient. Ils étaient à la retraite et leur activités favorites était de regarder ce qui se passait chez elle. Ils chuchotaient lorsqu’elle était à l’extérieur et se permettaient de lui passer des commentaires qui étaient tout sauf bienveillants. Ils avaient été témoin de sa déchéance et ils avaient vu le corps de Noah sortir de la maison dans un brancard le soir de Noël. Ils se permettaient de la juger sans aucun filtre.
Faith se permettait de regarder Vinnie travailler plus que ce qu’elle regardait vraiment les gestes qu’il faisait. Il avait l’air heureux, l’air d’aimer ce qu’il faisait. Elle avait vu la joie sur son visage lorsqu’elle lui avait mis les outils neufs dans les mains. Elle avait l’impression qu’il n’avait pas eût un enfance facile et ça lui brisait le coeur en quelque sorte. Elle ne pouvait s’empêcher de se demander si Ella avait eût une belle enfance, si la décision qu’elle avait prise d’arrêter d’aller la voir l’avait préservée de la douleur et des traumas que Faith lui aurait apportés. Puis, le jeune homme reprit parole, ce qui la tira de ses pensées. ”C’est gentil de proposer, mais je ne pourrais jamais faire ça. J’aurais l’impression d’être un poids si en plus, tu devais me nourrir. Par contre, si un jour, tu as envie de m’apprendre… Ce serait avec plaisir.” Elle lui fit un sourire attendri. Si Faith pouvait prendre sous son aile tous les jeunes gens qu’elle connaissait, elle le ferait sans hésiter. Était-ce pour elle une manière de se rattraper parce qu’elle n’avait pu être là pour sa fille ? Probablement. Mais n’empêche que sa proposition était sincère. ”Tu sais, si je te le propose, c’est que ça me fait plaisir. Tu ne serais pas un poids du tout. Mais je suis d’accord pour t’offrir les cours de cuisine seulement si tu acceptes de repartir avec ce que l’on va cuisiner.” Tu ne pouvais t’empêcher de te projeter dans une vie qui aurait pu être la tienne où tu aurais enseigné à tes enfants comment se débrouiller en cuisine et comment cuisiner ses recettes les plus populaires auprès d’eux. Elle chassa rapidement cette idée pour ne pas tomber dans la tristesse de n’avoir jamais pu réaliser ce rêve. De toute manière, elle n’eût pas le temps de s’attarder sur ses pensées que Vinnie se blessa à la lèvre. Elle sortit son attirail de premiers soins pour le désinfecter. ”Ne t’en fais pas, ce n'est pas un petit coup comme ça qui va me mettre à genoux et un peu de rouille ne me fait pas peur.” Elle lui fit un sourire. Il faisait son dur, mais il avait accepté quand même de se poser quelques instants pour qu’elle lui nettoie tout ça. ”Alors la brûlure du désinfectant ne devrait pas trop te surprendre comme ça.” Le temps de passa la lingette désinfectante sur sa lèvre, le sang coagulait déjà. Il était chanceux, la blessure n’était pas profonde, elle ne nécessitait pas d’être refermée à l’aide de points de suture. ”Mon temps est gratuit, ne t’en fais pas pour ça. Tu vas me donner des petits plats, ce sera suffisant comme salaire pour mon temps. Une fois ça, je te nettoierais ce que tu dois acheter comme robinet et je regarderais tes meubles de cuisine.” Elle n’aimait pas qu’il refusait de se faire payer. Par chance qu’il avait accepté la nourriture, sinon elle aurait insisté pour lui donner de l’argent. Il avait bien des factures à payer lui aussi. Elle essaierait de lui glisser quand même quelques dollars au travers des plats qu’elle lui metterait dans un sac avant qu’il quitte. ”Tu as un endroit où te mettre à l’abri le temps de la tempête ?” Olga l’inquiétait et elle ne savait pas où habitait le jeune homme. Elle n’avait aucune idée si c’était un endroit sécuritaire pour lui.

”Je ne sais pas comment prendre ça. Est-ce que je suis quelqu’un d’ultra-serviable. Ou juste un homme qui n’a pas de vie sociale ?” Sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, Faith avait passé un commentaire qui pouvait effectivement être mal interprété de la part du jeune homme. ”Je ne connais pas ta vie sociale, mais je suis convaincue que c’est seulement parce que tu m'apprécie beaucoup et que tu es plus que serviable.” Faith eût un rire avant de rajouter : ”Et puis, je suis sûre que ta conscience t’empêche de laisser une vieille dame comme moi dans le pétrin avec mes pépins.” Elle savait rire de son âge qui s’en venait de plus en plus avancé. Avec les difficultés qu’elle avait eût dans sa vie, elle n’avait jamais vraiment eût comme souhait de retourner en arrière. Elle allait mieux maintenant que depuis son adolescence. Elle aurait beaucoup trop de choses à changer dans sa vie si elle décidait de revenir en arrière. Elle avait encore beaucoup de chemin à parcourir, mais elle se sentait de plus en plus épanouie et elle savait que la cinquantaine était arrivée dans sa vie avec la sagesse. Vinnie ne lui avait jamais vraiment fait de commentaire sur le fait qu’elle était vieille, mais elle ne se voilait pas la figure. Elle savait que c’était le cas.
”Deal. Et c’est moi qui paye les ingrédients. Comme ça si je loupe, ça ne te fait rien perdre. Et il y a de grandes chances que je loupe… Et si tu préfères venir chez moi pour éviter que ta cuisine soit une zone sinistrée. N’hésite pas. Je te ferai rencontrer Teddy. Mon colocataire, ami, moitié. Mon âme sœur en gros.” Faith était contente que son idée semblait plaire à Vinnie. Elle aimait aider les gens et encore plus lorsque c’était quelqu’un près d’elle. Elle essayait de se faire croire qu’elle rachetait toutes ses erreurs du passé et qu’elle éviterait peut-être l’enfer si elle faisait suffisamment de bonnes actions d’ici son décès. Elle savait que ce n’était pas demain la veille qu’elle quitterait la terre et elle n’était pas sûre de vraiment croire en l’enfer et le paradis, mais son éducation catholique faisait toujours surface lorsqu’elle avait pensé à la vie après la mort. ”Je ne te laisserai pas louper les recettes, je vais être la pour t’aider. En allant chez toi, je pourrais même te montrer à te débrouiller avec les ingrédients que tu as déjà dans ta cuisine.” Lorsqu’elle habitait seule avec sa fille alors qu’elle n’avait que 17 ou 18 ans, elle avait dût se débrouiller plus souvent qu’autrement avec des cannes de thon et des pâtes sèches pour faire un repas nutritif et qui n’était pas complètement dégoûtant. Elle avait dût également faire appel à des banques alimentaires où elle n’avait pas le loisir de choisir les aliments qu’elle voulait. Elle était donc maître dans l’art de partir de la base pour faire quelque chose de plutôt bien. Elle fronça les sourcils lorsqu’il parla de Teddy. ”Tu ne m’as jamais dit que tu avais quelqu’un dans ta vie ? Mais ça me ferait plus que plaisir de faire sa rencontre !” Faith se trouvait choyée que Vinnie souhaite l’inviter chez lui et lui partager un peu de son intimité. Il lui faisait un tant soit peu confiance et c’était ce qu’elle souhaitait, qu’il sache qu’elle serait présente si jamais il avait besoin de lui, même si au début, il n’était censé qu’être son homme à tout faire.
”T’en fais pas pour moi. Je ne passe pas la tempête dehors. Tout ira bien. Mais toi, n’hésite pas, même pendant la tempête, si quelque chose va de travers. Je ferais mon possible pour venir t’aider ok ? Est-ce que tu veux que je sécurise des trucs d’ailleurs pendant que je suis là ? Que je mette des choses au grenier ou en hauteur ?” Ça la rassurait qu’il veuille être présent pour elle même si la température devenait dangereuse à braver. Bien sûr que jamais qu’elle ne l'appellerait si elle savait qu’il se mettrait en danger. ”Merci beaucoup, mais ça devrait aller. J’ai rangé pas mal tout ce qui risque de s’envoler avec le vent. Je suis pratiquement prête. Il ne me reste qu’à aller porter des victuailles aux pompiers et je veux aller faire un dernier meeting aux AA. Je devrais revenir ici quelques heures avant que la tempête ne frappe.” Faith ne pensait pas avoir déjà parlé à Vinnie de son ancienne addiction pour l’alcool, mais elle ne l’avait jamais vraiment caché. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle n'éprouvait pas de gêne à lui dire qu’elle faisait des meetings chez les alcooliques anonymes.