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Smells like teen spirit

@Lashana Reeves & @Nieves del Pino

D'ordinaire, ça commençait toujours ainsi. À l'instar de mon père qui lui, n'était jamais annonciateur de bonnes nouvelles, se soustrayait Lashana Reeves. Elle, je la connaissais depuis que j'avais posé mes valises à Brisbane. Depuis que j'avais découvert la ville et que j'avais commencé à m'y acclimater. Si au départ, cela avait été plus que délicat, parce que je ne connaissais personne, mise à part quelques âmes de mon passé, la brune avait été ce qu'on pouvait considérer comme une 'alliée'. Nullement une amie, ou alors, une amitié avec quelques intérêts. Lorsque l'une ou l'autre s'ennuyait, il était aisé que l'on se contacte. Pour des sessions de shopping ou des sorties, ou n'importe quoi d'autre qui serait susceptible d'amoindrir l'ennui.

Il n'y avait pas besoin de que l'on se contacte tous les jours. Ça n'en valait pas la peine. C'était le genre d'amitié à distance qui était très bien comme elle était. Néanmoins, même si nous abordions quelques sujets intéressants lorsque nous nous revoyions, ces mêmes sujets demeuraient d'une trivialité sans précédent. Je n'aimais pas trop me dévoiler, n'offrant qu'une certaine surface à mon interlocutrice. Même si, peut-être, j'en savais plus sur elle et sur sa famille, en définitive. Mais, sans plus. Ça s'arrêtait là. Et, c'était parfait. Comme elle m'exposait assez souvent, ses conquêtes qui généralement, ne trouvaient jamais grâce au regard de la métisse.

Ici, je la comprenais parfaitement. Et, je ne me privais aucunement d'en venir à discourir dans des paroles épicées, -ils étaient rhabillés pour quelques sessions mes anciens prétendants-, la joie d'être célibataire. Ça ne me gênait pas de l'être et fondamentalement, il existait dans mes propres règles, une que je suivais à la lettre : le fait pur et simple de ne jamais me remettre avec une relation passée. C'était du passé. Simplement, du passé. Nous avions partagé quelques instants intimistes et globalement, chacun reprenait sa route. Nulle envie d'emprunter ce chemin, à nouveau.
Merci. Mais ... non merci.

Alors, le message de la brune quant à lui, était arrivé exactement au bon moment. Car, comme l'indiquait notre contrat implicite, elle avait besoin de se changer les idées et moi aussi. Et, comme elle me l'avait suggéré avec ses nouvelles chaussures et moi, avec une nouvelle tenue impeccable, il était temps de gagner le monde de la nuit. Même si, je ne buvais jamais, je savais idéalement m'amuser. Et, la perspective de sortir toutes les deux, était souvent un plus. Généralement et par pure et simple habitude, je conservais ma carte de crédit de couleur ébène, non loin de moi mais ... je n'en avais pas vraiment besoin. La gente masculine ne se privant aucunement de m'offrir des verres non alcoolisés, cependant.
À quoi bon, être impolie et les refuser ?

Attendant mon Uber, à l'extérieur de mon logement, je remettais sur mes épaules nues, une veste de costume noire oversize. Occultant quelque peu mon habillement, et sortant de mon sac à main doré griffé, mon Iphone, pour vérifier l'endroit où se trouvait mon chauffeur. Celui-ci arrivé, je lui soufflais l'adresse sans attendre, alors que je scrollais sur l'écran de mon téléphone, les dernières notifications. Envoyant tout de même un message à mon amie, pour lui dire que j'étais en route. Et, que je n'allais pas tarder à arriver.
Payant ma course, je sortais alors de l'habitacle. Attendant la jeune femme à l'extérieur, avant de pénétrer avec elle, dans l'édifice. Et ... dès, que je la vis, je lui offrais un salut plus qu'appuyé. Un sourire factice et une salutation fugace à cette image que nous offrons toutes les deux, au regard du monde.

- Belles chaussures. C'était plus que factuel. Merci pour ton message. De la pure et simple politesse, alors que nous faisions la file, pour entrer à l'intérieur. Je parie que tu as énormément de choses à me raconter, Lash' ! Un petit surnom 'affectueux' afin de passer, je le pensais, une agréable soirée.

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J'avais pour habitude de sortir en soirée, avec une charmante compagnie ou non. Ça dépendait généralement de mon humeur et pas de celle de la personne qui m'accompagnait. Ou alors, je préférais être seule parfois. Ça ne me dérangeait pas non plus et parfois, souvent, on se précipitait généralement pour attirer mon attention et prétendre susciter mon intérêt. Intérêt, qui était totalement feint, toutefois. Parce que parfois, je devais me contraindre à tromper l'ennui.
Et ... cette soirée, en était l'exemple parfait.

En même temps, avec ma future interlocutrice, on entretenait cette 'relation'. Faite essentiellement de faux-semblants et d'artifices. Elle me changeait les idées, j'en faisais de même pour elle. Et, ça s'arrêtait là. Cela me convenait très bien. C'était différent d'avec Sunny ou même Sofia, à qui, il m'était peut-être plus aisé de me confier ou d'en dire plus sur ma personne. Avec Lashana, ça se résumait aux diamants et aux établissements qui servaient cocktails sur cocktails -non alcoolisés bien sûr-, enchantant nos papilles.

Alors, je l'attendais donc. Vêtue comme je le lui avais stipulé par un message, qui n'avait rien de codé. Je comptais mettre une robe de la créatrice Versace, je le faisais. Et, je savais qu'en lui écrivant ces quelques mots, elle allait surenchérir la métisse. Parce qu'elle n'aimait pas être à la traîne. Que notre 'amitié' était plutôt un prétexte tacite à la compétition. Là encore, ça me plaisait. À quoi bon la faire sortir de mes accointances ? Parce qu'elle me challengeait. C'était probablement un mal pour un bien.

- Je ne compte pas te les emprunter. Elles te vont merveilleusement bien. J'avais accentué mon timbre de voix sur l'adverbe, dont il était question. Pour lui spécifier que ce n'était clairement pas mon style mais que je ne serais certainement pas contraire à m'en offrir plusieurs paires. Juste pour me pavaner et lui faire comprendre par ce biais, que je lui étais de toute manière : supérieure. Décidément, nous sommes sur la même longueur d'onde ! J'en jugerais presque des jumelles ! Que je m'exclamais avec un rire pour le moins surfait, une main délicatement posée à la naissance de ma poitrine généreuse.

Avec un sourire, toujours empreint d'une forme de politesse, j'observais avec insistance de mon regard vert, celle qui m'accompagnait. Allait-elle me faire un discours soporifique sur son existence qui n'était vraiment pas passionnante ou alors, allais-je être surprise ? Et découvrir quelques détails croustillants ? Elle, qu'elle se fasse draguer je m'en fichais comme de mon premier ensemble en dentelle, mais ... que l'un de ses voisins trompe sa copine ... ça valait sûrement son pesant d'or !

- Tu as mené ton enquête auprès de ton voisin ? Je la questionnais alors que nous pénétrions enfin dans l'Electric Playground, lui désignant de mon index impeccablement manucuré le carré VIP. Il était certain que nous aurions pu passer devant tout celles et ceux de la file, mais voir certaines de leurs têtes au moment où nous rejoindrons notre sanctuaire, ça n'avait pas vraiment de prix.

Assise avec élégance, je prenais place dans les lourds fauteuils de velours argenté, gardant encore sur mes épaules nues, la veste de costume noire oversize, croisant mes jambes galbées, toujours avec ce même sourire factice.

- Maintenant que nous sommes seules, avoue que c'est toi ... celle qui est à l'origine de la copine flouée. Un rire léger, et un froncement de mon joli nez. Qu'est-ce que tu veux boire ? Il y avait déjà quelqu'un qui s'était approché de nos deux silhouettes, pour savoir ce qui nous ferait plaisir. Quel service !

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- Assurément ! Je m'exclamais avec un rire, et ce, avec toujours ce sourire feint qui caractérisait cette amitié qui nous unissait Lashana et moi. Mais, je me devais de reconnaître une chose et pas des moindres : elle avait un certain goût quand il s'agissait de choisir ses différents habillements pour sortir. Même si, la valeur était bien entendu, en deçà de la mienne, connaissant mon appétence pour le luxe.

Or, cela ne me gênait aucunement d'être avec elle. Et qu'elle soit, à mes côtés. Quand l'une avait besoin de se distraire, l'autre était généralement présente. Et, cela me permettait de mettre de côté, quelques tracas qui pouvaient survenir dans mon quotidien. Dont, je ne lui parlerais peut-être aucunement. Cela dépendrait de cette soirée, où nous étions déjà parmi l'élite, à peine entrées dans ce lieu où régnait déjà une ambiance festive, que je ne tarderais sûrement pas à rejoindre en sa compagnie. Même si, compétition, il y avait.
Cependant, elle était jolie et tout comme elle, pour ma personne, je ne pouvais décemment la contredire.

Suite à sa réflexion, pour le moins armée d'une certaine vérité, j'esquissais un sourire. Encore plus intéressée, quand était venu sur le tapis : ses voisins. Après tout, j'étais comme elle, je ne parlais aucunement aux miens. Je ne savais pas s'il y avait un couple, une famille ou une personne seule, tout comme moi. Bien que je fus accompagnée de Lourdes, toutefois. La perspective de me lier aux autres ne faisait pas écho en moi et rester à converser à l'extérieur de la pluie et du beau temps ? Très peu pour moi. Les thématiques triviales, je n'en avais que faire. Puis, si je devais m'attarder un peu sur mon voisin, il était certes jeune et peut-être beau garçon, mais discuter avec lui, n'était pas dans mes prérogatives futures.

Au contraire, même.

- Je vois. Un peu comme moi, je devrais avouer. Il n'y a rien d'intéressant à tenter de se mélanger avec ceux et celles qui nous entoure. Une grimace d'un dégoût, que je ne pouvais point réfréner. Et pourquoi le faire ? C'était le fond de ma pensée, à dire vrai. ... l'horreur. C'est comme recoucher avec un ex. L'idée même de ravaler son vomi, me révulse au plus haut point. Enfin 'exs', entendons-nous bien. En ce qui me concernait, je ne mettais jamais de terme sur une relation, quand cette dernière, devenait un brin trop ... comment dire ? ... exclusive ?

Quand l'autre, était à la limite de me demander ma main et de dire ces quelques mots mièvres, qui engageaient à plus. Jamais ô grand jamais, je ne les avais prononcés, bien que j'avais pu les entendre quelquefois. Néanmoins, je n'y avais jamais été réceptive. N'y prêtant aucune attention manifeste. Cela ne servait à rien, de toute manière.

- Trop jeune ? De combien d'années ? Non pas que je me souciais du dit voisin, mais cela me permettait de faire la conversation. Avec mon accompagnatrice de la soirée. Jusqu'à la venue presque divine du serveur ! Mon 'amie' commande, et j'en fais de même. Sans alcool, comme à mon habitude :  Un Virgin Negroni, je vous prie. L'homme reparti avec notre commande, je me concentrais à nouveau sur ma vis-à-vis, la fixant de mes iris verts. Son questionnement, était légitime bien entendu, bien que je n'eus aucune réponse à lui apporter pour satisfaire sa curiosité. Non, je n'ai pas le temps, pour ça.

Il n'y avait personne. Bien que ... non ! Il n'y avait personne.
Et, parce que j'étais en droit de rebondir sur sa propre interrogation :

- Et toi ? Personne non plus ? Si on oublie ton voisin moche. Un rire léger et flûté, curieuse tout de même de connaître l'identité de ce mystérieux voisin ne répondant pas à ses canons de beauté et qui, visiblement, ne serait jamais à son goût. Pauvre de lui. Ou pas.