Too far gone • (Zombie Halsyn)

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Too far gone

Halsey s’appliqua à faire comprendre à sa sœur que la séance massage et spa, c’était uniquement dans ses rêves, et cette dernière fit la moue en remballant ses pieds sous elle, presque avec un air déçu sur le visage qui aurait pu la faire culpabiliser si seulement elle en avait quelque chose à faire de la vexer ou pas. L’ambiance entre les deux sœurs était redevenue celle qu’elles connaissaient depuis toujours – ou presque, plutôt depuis le début de l’apocalypse en fait – et ça leur faisait du bien, à toutes les deux. Raelyn lui reparla de la poule qu’elle comptait adopter avant que les derniers évènements ne se passent et lui fassent complètement oublier son envie d’adopter l’animal à plume, ce qui lui arracha un sourire alors qu’elle se souvenait qu’elle en avait eu envie sur le trajet vers la première ferme qu’elles avaient en ligne de mire. C’était il y a une éternité, ou presque. « Prends directement un poulailler entier alors, j’ai peur qu’il faille bien ça. » La brunette hocha la tête en prenant un air dépité, plutôt d’accord sur le fait que toute trace de douceur était exempte de sa chère sœur depuis qu’elle la connaissait, et ça n’avait pas arrangé les choses de devoir tuer pour survivre. « J’aimerais bien, mais tu me faisais déjà une crise pour une seule alors… » Elle haussa les épaules, passant sa main dans ses cheveux avant de se relever à son tour pour se rhabiller, proposant qu’elles profitent des rayons du soleil pour se prélasser au lieu de courir, pour une fois. « Oui, j’osais pas te le dire d’ailleurs, c’est pas plus mal que tu le fasses remarquer. » Halsey haussa un sourcil, collant son bras au sien afin qu’elle remarque la différence, justement. « Je pensais pas que t’avais aussi perdu la vue. » Trop tôt ? Elle espérait bien que non. Elles se laissèrent plonger sur le sol, fermant les yeux en sentant la chaleur des rayons du soleil réchauffer doucement leurs corps, se laissant ainsi sombrer dans un sommeil exempt de cauchemars…
« On s’est endormie et la nuit est en train de tomber. Viens, il faut terminer de sécuriser la maison. » La brune sursauta et cligna plusieurs fois des yeux avant de se relever elle aussi, soupirant en commençant à ramasser les affaires. « On a été un peu imprudentes là… »

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- 1 an après l’épidémie

J’aurais peut-être pas dû finalement lui rappeler son histoire de poule, elle avait oublié et c’est peut-être mieux comme ça. Je n’ai pas oublié que c’est une aberration que de trimbaler avec soi une bestiole capable de se mettre à hurler sans raison et donc de révéler notre présence à tous les rôdeurs du coin. Je me tais pour pour le moment, j’espère qu’elle oubliera aussi vite que la première fois cette idée complètement aberrante. « J’aimerais bien, mais tu me faisais déjà une crise pour une seule alors… » Oui, et c’est très bien comme ça.

Alors que j’entrevois la perspective de passer la fin d’après-midi allongée par terre à profiter d’un bain de soleil, je me dis que c’est la journée la plus proche de celles d’avant que nous ayons vécues. Alors bien sûr, avant, on ne se serait pas réveillées dans la voiture, on aurait pas sauté de joie en voyant des conserves périmées, ni mangé un plat de pâtes au pesto en estimant que c’était le meilleur repas de cette dernière année, et on aurait pas non plus enterré un coffre à côté de tombes contenant les restes d’êtres humains. Mais finalement tout ça, ce ne sont que des détails non ? « Je pensais pas que t’avais aussi perdu la vue. » Outch. Trop tôt, un peu trop tôt. Heureusement pour elle, je suis de bonne humeur et je choisis juste de me taire et de ne pas riposter. Je serre la mâchoire et m’allonge par terre, à plat ventre sur ma serviette, fermant les yeux pour me reposer un peu. Le repos est salvateur d’ailleurs, et j’en ai tant besoin que je m’endors comme une masse.

Quand je me réveille, le soleil a commencé son déclin dans le ciel et je réalise que nous avons toutes les deux dormi sans mesure de sécurité et sans sécuriser nos provisions. « On a été un peu imprudentes là… » Oui, nous l’avons été, mais il ne sert à rien de se flageller alors qu’il ne s’est rien passé. « Oui, on a eu de la chance. » Je me relève récupère les affaires que nous avons laissées autour du lac avant de me diriger vers la maison, la brune sur mes talons. Nous entrons à l’intérieur, et je referme la porte derrière moi avant de me tourner vers elle. « On termine de clouer toutes les ouvertures ? Je sais pas toi mais moi je n’ai pas faim, je pense qu’on peut faire l’impasse sur le repas du soir pour économiser un peu de nos provisions. » Par contre, je vendrais père, mère (et sœur) pour une bouteille d’alcool.

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Cette poule, elle avait été sujet à débat pendant un long moment durant le trajet, et les rôdeurs avaient eu raison de cette conversation, suivi ensuite de l’attaque à la maison et de la contre-attaque suivie d’un kidnapping par les habitants du Sanctuaire. Ces quelques jours avaient été plutôt violents et éreintants, raison pour laquelle les deux brunes ne tardèrent pas à s’assoupir au bord du lac une fois que la séance coiffure fut terminée et qu’elles furent délestées de suffisamment de cheveux pour s’endormir l’esprit tranquille. Halsey ressentait un sentiment de sérénité qu’elle n’avait pas eu depuis longtemps, la faute à cet endroit magique qui semblait tombé du ciel, perdu dans un écrin de verdure qui semblait avoir été épargné par les atrocités du monde d’aujourd’hui. Les rayons du soleil sur sa peau finirent de l’achever et elle ferma les yeux, presque aussi rapidement que Raelyn, et sombra dans un sommeil suffisamment profond pour qu’elle ne se réveille pas avant que la brune ne la secoue brièvement en lui disant que la nuit tombait presque. Le temps d’émerger, la jeune femme serra les dents en réalisant qu’elles avaient risqué leur vie en se détendant autant, et même si ça avait fait du bien et que rien ne s’était passé, ça aurait vraiment été stupide de mourir pour une séance bronzette après avoir fait plouf dans un lac comme deux adolescentes. « Oui, on a eu de la chance. » Raelyn semblait d’accord avec elle tandis qu’elle hochait la tête, ramassant elle aussi les affaires avant de se diriger vers la maison, suivie de près par la brunette. « On termine de clouer toutes les ouvertures ? Je sais pas toi mais moi je n’ai pas faim, je pense qu’on peut faire l’impasse sur le repas du soir pour économiser un peu de nos provisions. » La brune était assez d’accord et elle hocha la tête, déposant les affaires avant de s’emparer des outils qu’elle avait laissé sur place plus tôt dans la journée, prête à terminer ce qu’elle avait commencé. « J’avais bien avancé tout à l’heure, il reste plus grand chose. Si tu veux je termine seule et toi tu vérifies que les pièges sont bien en place et qu’on peut aller dormir l’esprit tranquille. » Lança-t-elle avant de commencer à taper sur la première planche en bois qu’elle avait en main.

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- 1 an après l’épidémie

Il ne sert à rien de continuer à répéter que nous sommes idiotes de nous être endormies alors que le danger n’avait pas totalement disparu, nous ne pouvons plus rien faire pour changer quoi que ce soit à ce sujet. Nous ne pouvons que nous réjouir que pendant ce laps de temps il ne nous soit rien arrivé, ni à nous ni à nos provisions. Alors de mon côté, je choisis d’oublier cette maladresse, pas totalement, juste assez pour que cela ne se repose se reproduise pas. C’est endroit est trop paisible et nous avons tendance à trop baisser notre garde, c’est dangereux. Alors que je me dirige vers la maison, les habitudes que nous nous sommes créés et qui sont à présent bien rodées reprennent le dessus. Une nuit dans un nouvel endroit cela ne s’improvise pas, il y a pas mal de choses à faire avant de nous affalé sur un matelas. « J’avais bien avancé tout à l’heure, il reste plus grand chose. Si tu veux je termine seule et toi tu vérifies que les pièges sont bien en place et qu’on peut aller dormir l’esprit tranquille. » Sécuriser la maison, c’est la première chose à faire pour être sûres de passer la nuit. Alors qu’elle termine de barricader portes et fenêtres, je vérifie le barbelé que j’ai disposé aux ouvertures, avant d’installer les divers pièges qui ont plus vocation à nous prévenir de l'approche d’assaillants que de les ralentir de les mettre hors de nuire. Mais, ces pièges, ils ont le mérite d’exister.

Il nous faut une petite heure pour terminer tout ça, et finalement je me laisse tomber sur l’un des fauteuils du salon en poussant un soupir. « Je pense que c’est bon. » Deuxième étape, organiser les choses pour notre coucher. « On dort à l’étage où on installe tout ça ici pour être près des portes ? » je ne suis pas sûre que le canapé se déplie, mais nous pouvons toujours descendre des matelas. Cette question là nous nous la posons régulièrement, à chaque fois que nous prenons possession d’un nouveau lieu il nous faut estimer quelles sont les risques, et à quel point nous sommes en sécurité. La réponse, ce n’est jamais totalement.

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Halsey s’en voulait énormément d’avoir autant manqué autant de vigilance, mais elle ne pouvait pas revenir en arrière et après tout, la chance avait continué de leur sourire en leur épargnant une attaque surprise qui leur aurait probablement été fatale. Raelyn ne disait rien de plus, mais la brunette était persuadée qu’elle aussi ruminait en son for intérieur, parce que se retrouver dans une telle situation de vulnérabilité après tout ce qu’elles avaient traversé, c’était du délire. Tout ça pour une baignade et une séance de cure de vitamines D, du grand n’importe quoi. La mort dans l’âme, la jeune femme décida de prendre les devants en continuant seule ce qu’elle avait commencé plus tôt dans la journée, habituée à ces gestes bien plus que Raelyn qui avait pour habitude de s’occuper davantage des barbelés et des pièges. Chacune son poste, et les choses se répartissaient plutôt naturellement entre elles, depuis le début d’ailleurs. La brune obtempéra et s’occupa donc de tout vérifier tandis qu’Halsey continuait de barricader les issues, comme elle savait si bien le faire. En près d’une heure, le tout était bouclé – et heureusement qu’elles avaient commencé plus tôt dans la journée, car il y avait eu du boulot pour sécuriser cet endroit idyllique. « Je pense que c’est bon. On dort à l’étage où on installe tout ça ici pour être près des portes ? » Raelyn se laissa tomber dans le divan et la brunette en fit de même, de sorte à se retrouver face à elle afin qu’elles puissent discuter, car non, ce n’était pas fini. Il fallait penser à tout, dans les moindres détails ; c’était ça la survie. « A l’étage, on a des moyens de s’enfuir ? » Elle était là, la question. Ici, elles avaient une entrée et une sortie aménagées pour leur permettre de ne pas se retrouver bêtement piégées, et si l’idée de dormir dans un vrai lit la tentait énormément, la sécurité passait avant tout. « Si oui, je dirais qu'on peut se le permettre. l'endroit est bien isolé. Sinon, on peut toujours descendre les matelas.»

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- 1 an après l’épidémie

Ça peut paraître épuisant, de toujours devoir penser à tout, d’envisager toutes les erreurs que nous pourrions faire ou les choses que nous pourrions oublier et qui nous mettraient en danger. Et ça l’est, c’est réellement particulièrement épuisant. Mais nous n’avons pas le choix, parce qu’oublier quelque chose revient à nous condamner en cas d’attaque. Les pièges, les barbelés, et les issues barricadées ne suffiront pas contre des assaillants humains, mais ils nous donneront au moins un peu de temps pour fuir ou nous organiser. « A l’étage, on a des moyens de s’enfuir ? Si oui, je dirais qu'on peut se le permettre. l'endroit est bien isolé. Sinon, on peut toujours descendre les matelas. » J’ai bien peur que la réponse ne soit pas celle qu’elle veuille entende. Ce n’est pas non plus celle que je préfère de toute façon. « Oui, à condition d’avoir envie de faire un saut de plus de deux mètres. » Iln’y a pas de véranda, rien qui ne permettrait de descendre en s’assurant de ne pas se blesser. En soi, un saut de cette hauteur n’est pas mortel, mais ce n’est pas le moment de se tordre une cheville.

Alors ce sera les matelas. Elles le sais comme moi, et pour le coup j’ai trop dormi dans des endroits improbables (la voiture, à même le sol, et plus récemment en haut d’un arbre) pour me plaindre à l’idée de dormir sur un matelas à même le sol. De mon côté, j’aurais l’impression d’être dans un hôtel luxueux. « Aide-moi à mettre le mobilier contre les portes et fenêtres. » la dernière touche nécessaire pour une barricade réussie : les bibliothèques, fauteuils et canapé qui bloquent toutes les issues. Je me redresse et elle en fait de même, et toutes les deux nous poussons les meubles trop lourds jusqu’à ce que la configuration de la pièce nous semble satisfaisante. Je suis essoufflée et de nouveau épuisée, mais maintenant j’estime que nous sommes le plus en sécurité possible. « Bon, les matelas à présent. » Sans vérifier qu’elle me suit, je monte l’escalier et me dirige vers la première chambre pour y attraper le matelas dans le lit double et attendre son aide.

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Le duo ne mit pas bien longtemps à venir à bout de ces quelques étapes primordiales avant de pouvoir songer se mettre au lit pour de bon, et c’est dans le salon qu’elles se laissèrent tomber pour souffler un instant tandis qu’elles commençaient à discuter de la dernière ligne droite, celle qui nécessitait de savoir où elles allaient dormir exactement. Ce qui était le plus sécurisant. A l’étage ou au rez-de-chaussée ? Séparées ou ensemble. Cela dérivait en fonction des lieux où elles décidaient d’élire domicile, et cette fois-ci ne changeait pas des autres ; elles devaient se référer à la disposition des pièces et des ouvertures pour prendre leur décision. « Oui, à condition d’avoir envie de faire un saut de plus de deux mètres. » D’accord, donc autant dire que c’était mort. « J’ai compris, ça sera le rez-de-chaussée, donc. » Lança-t-elle dans un petit sourire avant de se relever afin qu’elles continuent à gérer la sécurisation de la maison. « Aide-moi à mettre le mobilier contre les portes et fenêtres. » Ensemble, elles commencèrent à créer de l’espace dans la pièce en déplacement tous les meubles vers les diverses fenêtre, histoire de bien compléter leur barricade et de se trouver réellement à l’abri des regards et des attaques. Il faudrait y aller avant que quelqu’un ne parvienne à rentrer sans faire de bruit, et cela la rassura alors qu’elle jetait un œil satisfait sur la pièce qui avait gagné en volume grâce à ce petit home staging made in Blackwell. « Bon, les matelas à présent. » Raelyn se dirigea vers les chambres et Halsey la suivit de près, décidée à terminer de tout installer avant de se poser pour de bon ; la première journée d’installation était toujours la plus fatiguante, c’était comme ça. Elles s’emparèrent du premier matelas et la brunette haussa un sourcil, observant sa sœur. « Je vois pas pourquoi on devrait le porter, viens on le balance. » Ca leur éviterait de s’essouffler encore plus et de risquer une chute débile dans les escaliers. « Ca cassera pas. » Ajouta-t-elle dans un grand sourire, ravie de sa technique pour ne pas s’épuiser davantage.

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- 1 an après l’épidémie

Comme d’habitude, deux options : dormir le plus près possible des portes, qui nous offrent une possibilité de nous échapper en cas d’attaque, dormir à l’étage dans les chambres là où nous serons le plus confortable. La réponse est finalement plus tout simple, il y a longtemps que la sécurité a pris le pas sur le confort. Halsey le sait aussi bien que moi, si bien qu’elle ne tente pas de négocier pour pouvoir dormir sur un sommier. « J’ai compris, ça sera le rez-de-chaussée, donc. » De mon côté j’ai déjà pris le chemin de l’étage pour aller chercher les matelas. « On a dormi dans la voiture, d’un seul œil au sanctuaire, et avant ça en haut d’un arbre alors tu vas pas me dire que ces matelas seront pas de toute façon la chose la plus confortable qu’on ai faite depuis des jours ? » Personnellement, qu’ils soient sur un sommier ou pas ne change rien.

On se dirige vers la première chambre, on attrape le matelas et on le traîne le long du couloir, avant de faire une pause près de l’escalier. « Je vois pas pourquoi on devrait le porter, viens on le balance. » Je hausse les épaules, pas le genre de choses sur lequel j’ai envie de débattre avec elle. « Ca cassera pas. » « Ouais, c’est bon je m’en fiche. Surtout que j’ai l’impression de tout porter, attrape le correctement c’est pas un oursin ça va pas te brûler ou te piquer. » On lâche le matelas dans l’escalier, je me frotte les mains une seconde avant de me diriger vers l’autre chambre. On va pas se forcer à dormir sur le même alors qu’il y a au moins trois chambres à l’étage. Le premier matelas subit le même sort que le second, et finalement je me retrouve vers ma sœur, essoufflé est en nage. « On va se chercher des draps et puis on redescend ? » Chacune pour soi, le choix du meilleur oreiller c’est crucial. Sans attendre sa réponse, je me dirige vers la première chambre pour y récupérer le nécessaire.

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Ce n’était pas comme si elles n’étaient pas habituées au manque de confort depuis le temps, et sincèrement, un matelas posé au sol, il y avait pire en matière d’inconfort. Elles avaient tout de même passé la nuit en haut d’un arbre afin d’échapper à une horde et ça, c’était de loin son pire souvenir, et de loin. Raelyn se dirigea vers l’étage et Halsey la suivit, décidée à dormir en bas là où c’était plus safe et où les chances de fuir étaient plus élevées – sans s’exploser la cheville au passage du moins. « On a dormi dans la voiture, d’un seul œil au sanctuaire, et avant ça en haut d’un arbre alors tu vas pas me dire que ces matelas seront pas de toute façon la chose la plus confortable qu’on ai faite depuis des jours ? » Elles étaient au moins d’accord sur ce point. « J’ai pas dis le contraire. Et puis comme tu dis on a connu pire, je vais pas mourir parce qu’on dort à terre. » Lança-t-elle en entrant dans la première chambre à sa suite. Elles attrapèrent le premier matelas – il fallait bien l’avouer, c’était quand même lourd – et Halsey proposa qu’elles le balance dans l’escalier afin de s’éviter un effort inutile. « Ouais, c’est bon je m’en fiche. Surtout que j’ai l’impression de tout porter, attrape le correctement c’est pas un oursin ça va pas te brûler ou te piquer. » La brune leva les yeux au ciel, persuadée du contraire, et le balança avec elle dans l’escalier avant d’aller dans l’autre pièce pour en faire de même avec le second. « On va se chercher des draps et puis on redescend ? » « Ça marche. » Comme deux gamines, elles se mirent à courir, limite à se pousser, pour avoir l’opportunité de trouver le meilleur coussin et les meilleurs draps et enfin, satisfaite de son choix, Halsey redescendit et commença à installer son matelas et à faire son lit. Et tandis que Raelyn faisait de même, la brune se dirigea vers la cuisine en espérant trouver de quoi nettoyer une tâche qui lui paraissait un peu suspecte et s’accroupit devant l’évier – parce que c’était là qu’on rangeait les produits ménagers, non ? – et ouvrit les deux armoires, haussant un sourcil face à sa découverte. « Raelyn, viens voir. » Elle se fendit d’un sourire en entendant sa sœur arriver. « T’aimes les artichauts ? » Il y avait des dizaines de conserves là dedans, à croire qu’ils avaient développés une addiction malsaine pour ce truc. Mais ce n’était pas ça qui la faisait sourire, non. Elle se pencha et attrapa une bouteille d’alcool qu’elle fit miroiter devant les yeux de la brune, sourire aux lèvres.

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- 1 an après l’épidémie

« J’ai pas dis le contraire. Et puis comme tu dis on a connu pire, je vais pas mourir parce qu’on dort à terre. » Bon et bien on toutes les deux d’accord dans ce cas, nul besoin de parlementer pendant des heures à propos de l’endroit où nous allons dormir. Par contre, hors de question que nous partagions un lit double alors que nous avons le choix, elle prendrait toute la place, tirerait la couverture à elle seule, au premier sens du terme, et je suis sûre qu’elle viendrait chercher de l’affection en se collant à moi. Donc on reproduit les mêmes gestes, on transporte un autre matelas qu’on balance à son tour dans les escaliers. Finalement je propose que chacune s’occupe de ses draps, je vais pas faire son lit non plus. « Ça marche. » Je la pousse sur le côté pour prendre de l’avance et me jette dans la première chambre comme une adolescente. L’oreiller sur lequel je mets la main est parfaite et rapidement je descends. Je traîne mon matelas dans un coin stratégique de la pièce, et enfile rapidement les draps avant d’être interpellée par Halsey qui, pour une raison que j’ignore, semble être en train de farfouiller dans la cuisine. « Raelyn, viens voir. » Je me relève avant de me diriger vers la cuisine à mon tour. Je le trouve accroupie devant l’évier, et je fronce les sourcils. Elle a envie de se reconvertir en plombier ? « Qu’est ce que tu fous ? » Elle s’écarte, et j’observe à mon tour la cache sous l’évier. « T’aimes les artichauts ? » J’attrape une conserve entre mes doigts. « Non, mais en même temps j’aime pas non plus les sardines, le thon en boîte et les raviolis froids. » On mange ce que l’on trouve de nos jours, on a pas vraiment le choix… Mon regard se pose sur la bouteille qu’elle me tend. « Par contre, la vodka... » Bon je préfère le whisky mais je ne compte pas faire la difficile. C’est mon anniversaire ou quoi ?

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Les deux brunes semblaient avoir déjà oublié qu’elles avaient risqué leur peau en s’endormant de cette façon au bord du lac, et à présent que la maison était totalement sécurisée, il était clair que leur sentiment de sérénité était de nouveau bien présent. Il y avait de l’espace, à manger, elles avaient trouvé de quoi dormir d’une façon plus ou moins confortable, et il fallait avouer que l’endroit était suffisamment isolé que pour se dire qu’elles auraient la paix pendant un bon bout de temps. Elles terminèrent de préparer leur couche, et la brune se dirigea vers la cuisine afin de trouver du produit – il n’y en aurait sans doute pas, mais c’était beau de rêver puisque cette maison semblait leur fournir tout ce qu’elles voulaient depuis qu’elles étaient arrivées – et là, elle tomba non pas sur du produit nettoyant, mais sur des artichauts – une quantité astronomique d’artichauts – et surtout, sur une bouteille de gnôle. Autant dire que là, c’était vraiment jour de fête. « Qu’est ce que tu fous ? » Lança la brune en arrivant à sa hauteur, se penchant à son tour pour inspecter ce qu’elle avait trouvé sous cette cachette qu’elle n’avait pas inspecté à son arrivée. « Non, mais en même temps j’aime pas non plus les sardines, le thon en boîte et les raviolis froids. » Oui effectivement, l’heure n’était pas à faire la fine bouche. De la bouffe, c’était de la bouffe. Elle aussi n'était pas forcément fan du menu en général, mais elles étaient bien obligées de faire avec ce qu'elles avaient, c'est à dire pas grand chose. « Par contre, la vodka... » Elle attrapa la bouteille et Halsey se releva dans un petit sourire, ravie de sa trouvaille. « J’étais pas fatiguée de toute façon, la sieste au bord du lac m’a suffisamment requinquée. » Elle lui prit la bouteille des mains et se dirigea vers des armoires afin d’en sortir deux verres. « T’es partante ? » Pour boire et se mettre la gueule à l’envers ; ça faisait longtemps. « Ou tu vas faire la petite joueuse ? » Elle savait très bien que Raelyn crevait d’envie de boire un verre depuis un moment déjà, mais elle trouvait ça drôle de lui lancer un petit défi, juste pour le principe.

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- 1 an après l’épidémie

A t’on tellement le luxe de choisir de manger uniquement les aliments que nous aimons. Je serais morte de faim depuis longtemps sinon vu le goût dégoûtant de la plupart des aliments que nous mangeons à présent. J’ai appris à ignorer ce genre de considération, à ne manger plus que pour le nourrir et pas pour le plaisir de déguster les aliments.

De ces artichauts en boîte n’ont rien de ragoûtant, mais les avoir trouvés reste une bonne nouvelle, parce que cela repousse le moment où nous serons à sec et devrons absolument trouver de nouvelles provisions. Par contre, cette bouteille de vodka qu’elle vient de dénicher : ça c’est une bonne nouvelle. Est-ce bien raisonnable de boire étant donné les circonstances ? Évidement que non, mais je pense que l’une comme l’autre avons besoin de ce type de distraction, besoin de prendre cette semaine pour nous, pour éviter de complètement craquer sous la pression. « J’étais pas fatiguée de toute façon, la sieste au bord du lac m’a suffisamment requinquée. » Je suis épuisée de mon côté, comme si j’avais un tel retard de sommeil à rattraper que même la sieste ne pouvait rien changer, mais je ne passerais pas à cause de cette occasion. Je ne me rappelle pas de la dernière fois que j’ai bu un verre. « Je suis jamais trop fatiguée pour de l’alcool. » Seigneur nous risquons de ne même pas tenir un seul verre : nous n’avons pas bu depuis des mois. « T’es partante ? » « Pour qui tu me prends ? » Elle n’a pas eu vraiment le temps d’apprendre à me connaître avant que l’épidémie ne se déclare, mais elle sait au moins que je suis, ou plutôt j’étais une fêtarde et une bonne vivante. « Ou tu vas faire la petite joueuse ? » Sans cérémonial je lui ôte la bouteille des mains. « Qu’est-ce que tu fais avec tes verres, donne-moi ça. » sans hésiter je porte le goulot de la bouteille à mes lèvres avant de renverser la tête en arrière et de boire trois grosses gorgées. Le goût me fait grimacer, je n’ai plus l’habitude, mais la chaleur qui se répand dans mon gosier est étrangement familière.

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Les deux brunes étaient épuisées et même les quelques heures de sommeil glanées à droite et à gauche n’avaient pas suffit à totalement les reposer, même si Halsey se sentait déjà un peu mieux grâce à la sieste improvisée qu’elles avaient faite au bord du lac durant l’après midi. L’installation dans un nouvel endroit prenait du temps et de l’énergie, et il était rare qu’elles parviennent à tout terminer en une seule journée, surtout en commençant aussi tard. Pourtant, elles y étaient parvenues et à présent, l’idée de se récompenser en s’enfilant la bouteille miraculeusement trouvée sous l’évier lui apparaissait comme l’idée du siècle. « Je suis jamais trop fatiguée pour de l’alcool. » Raelyn observait la bouteille comme s’il s’agissait du saint graal en l’état, ce qui arracha un nouveau sourire à la brunette qui voyait déjà comme cette histoire allait finir ; elles deux complètement déchirées. Et elle s’en fichait bien d’ailleurs, c’était ça qu’elle voulait ; oublier le temps d’une soirée que sa vie était systématiquement en jeu. « Pareil. » Répliqua-t-elle dans un nouveau sourire. « Pour qui tu me prends ? » Ah ça. Elle n’avait jamais eu l’opportunité de côtoyer Raelyn avant tout ça, pas vraiment. Pas assez en tout cas pour savoir comment elle était à l’époque par rapport à la fête et à l’alcool, même si elles en avaient déjà discuté. Si elles avaient été élevées ensemble, nul doute qu’elles auraient vécu leur lot de soirées délirantes, car elles étaient faites du même acabit après tout. Disons que cette soirée ci allait rattraper toutes les autres qu’elles n’avaient jamais eu l’opportunité de vivre. « Qu’est-ce que tu fais avec tes verres, donne-moi ça. » Elle lui arracha la bouteille des mains et commença à boire à même le goulot, sous l’air dépité de Halsey qui avait encore des manières, elle. « T’es vraiment devenue une sauvage. » Elle secoua la tête en tendit son verre, décidée à boire comme il se devait – et puis elle se rendrait compte de la quantité avant de faire un come éthylique par la même occasion.

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- 1 an après l’épidémie

Je n’irai pas jusqu’à dire que ce moment me rappelle de vieux souvenirs de mes années de jeunesse, le contexte est bien trop différent pour que je me perde dans les méandres de ma mémoire, mais ce qui est sûr c’est que c’est bien la première fois depuis longtemps que nous avons l’occasion de repenser à tout ça. Que serais-je devenue si l’épidémie n’était qu’un mauvais rêve ? Étais-je destinée à finir mes jours au sein du club ? Amos serait-il resté à mes côtés ? Je n’ai aucune certitude au sujet de toutes ces questions, mais je sais qu’il vaut mieux les oublier. Je me concentre simplement sur l’alcool, la fête, et des souvenirs plus joyeux, ou en tout cas qui ne font pas naître chez moi aujourd’hui tant de peine. Parce que repenser à ce que nous avons perdu cela n’est pas uniquement source de nostalgie, mais bien trop souvent également de douleur. « Pareil. » Nous tomberons de sommeil à un autre moment, où plutôt dans quelques heures. Alors, bien décidée à profiter et à ne pas le faire qu’à moitié, j’attrape la bouteille pour boire directement au boulot. Nous mangeons a même les boîtes de conserve, et maintenant la brune veut faire preuve d’un peu de classe ? « T’es vraiment devenue une sauvage. » Elle me tend son verre, et moi je lève les yeux au ciel. « On a mangé à deux à même la casserole ce midi et maintenant tu fais ta princesse ? » Je remplis son verre, si elle a envie d’être chiante après tout grand bien lui fasse. « Tu vas faire quoi bébé Blackwell ? Le diluer dans du coca ? Faut peut-être que je t’en mette pas trop alors. » Je ne dirais pas que ça me brise le cœur, mais je suis déçue de constater son manque d’audace. « T’as peur de quoi ? Qu’il y ait de la mort-aux-rats sur la bouteille ? » Je prends une gorgée de plus avant de faire mine d’être en train d’étouffer. Finalement j’éclate de rire. « Non c’est safe allez vas-y déguste. » Et le petit doigt levé s’il vous plaît.

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Too far gone

Affronter la réalité n’était pas toujours une chose aisée, au contraire, et les occasions de s’échapper de celle-ci était pour ainsi dire inexistantes. Trouver de l’alcool ne faisait pas partie des priorités, mais de temps en temps elles trouvaient une pépite comme celle la et ne pouvaient s’empêcher de replonger dans leurs vieux démons. Car elle ne savait pas ce qu’il en était de Raelyn, mais Halsey comptait bien s’abrutir grâce à cette bouteille, histoire de passer une nuit sans rêves et sans être hantée par les souvenirs des défunts qui avaient ponctués sont existence depuis le début de la fin du monde ; et ils étaient nombreux. On ne pouvait pas dire qu’elle ressentait la culpabilité du survivant, car cela aurait sous-entendu qu’elle ait été capable de ressentir une telle émotion, mais tout de même, la solitude était parfois difficile à vivre. Elles étaient deux, ça aurait pu être pire, mais elles foulaient désormais une terre désolée et habitée par des monstres sans âme à l’apparence humaine – ou presque, la décomposition n’allait pas au teint de tous. La brunette avait pris des verres, comptant boire à l’ancienne, mais Raelyn y alla à même la bouteille, déclenchant une moue dépitée chez elle tandis qu’elle secouait la tête. « On a mangé à deux à même la casserole ce midi et maintenant tu fais ta princesse ? » Là n’était pas la question. « Je voulais savourer mon verre moi, pas m’assommer en dix gorgées. » Elle releva un sourcil et secoua son verre vide sous le nez de sa sœur pour qu’elle se décide à le remplir. « Tu vas faire quoi bébé Blackwell ? Le diluer dans du coca ? Faut peut-être que je t’en mette pas trop alors. » Seigneur, non. Elle grimaça avant de se mettre à rire. « Exagère pas, c’est pas parce que je suis encore civilisée que je sais pas boire. » Argua-t-elle en observant le verre se remplir avec satisfaction. « T’as peur de quoi ? Qu’il y ait de la mort-aux-rats sur la bouteille ? » Elle s’enfila une gorgée et fit semblant de s’étouffer avant de rire, rapidement rejointe par Halsey qui se sentait déjà de meilleure humeur à l’idée de boire. « Non c’est safe allez vas-y déguste. » La brune se mit à boire elle aussi, faisant un signe à Raelyn qui signifiait qu’elle voulait se poser dans un des fauteuils pour se mettre à l’aise, vu ce qui allait suivre. « C’est horriblement bon. » Parce que le goût, elle n’y était plus habituée, mais la sensation ça ne s’oubliait pas.

Spoiler:

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