Never face each other
Raelyn Blackwell & @Clyde Wakefield

J’ai été surprise d’avoir des nouvelles de Ben, ou plutôt Clyde puisque la rousse m’a offert son vrai prénom, il lui va mieux, et surtout qu’il me convie à un rendez-vous mystérieux. Qu’a-t-il à me dire, à m’apprendre le détective qui n’en est pas un et qui d’après mon informatrice écrit. Je me méfie encore plus de lui que lorsqu’il était supposément enquêteur maintenant que je le sais journaliste - ces derniers sont souvent prêts à tout pour une bonne histoire - mais je suis intriguée.

Ces derniers temps et après avoir découvert qu’Halsey était effectivement ma demie soeur, je tente de me rapprocher d’elle. Je joue la soeur prête à s’ouvrir, à défaut de jouer la parfaite puisqu’elle se rendrait compte que ce n’est qu’un rôle de composition. Il le sait forcément s’ils partagent la complicité que leur décrit Ariane, alors pourquoi m’envoyer un mystérieux message m’annonçant qu’il a besoin de me parler ? La brune sera absente, j’en suis presque persuadée, sinon elle m’aurait contactée directement. Qu’a-t-il à me dire qu’il ne puisse partager devant ma demie soeur ? Qu’il a compris que je jouait, qu’il me surveille et qu’il veut que je m’éloigne de la brune ? Ce serait peu cohérent, puisqu’il a tenté de me pousser à accepter d’apprendre à la connaître après notre premier échange. Quoi alors ?

Depuis que j’ai reçu son message la veille, les questions se sont bousculées dans ma tête, ainsi que les théories. Je les ai partagée avec Amos pour recueillir son avis et, comme moi, il en est venu à la conclusion qu’il fallait que je me rendre sur place pour en avoir le coeur net. Il n’a pas proposé de m’accompagner, il me sait indépendante, il a simplement affirmé qu’il était là si j’en ressentais le besoin. Je le sais et, en le quittant, je lui ai volé un baiser en lui promettant de lui raconter cette entrevue dès qu’elle serait terminée. Je ne suis pas de celles qui se sentent obligées de partager chaque détail de leur vie et chaque pensée qui leur travers la tête avec leur amant, mais je ne ressens pas le besoin de l’exclure de cette histoire.

Le circuit de course de voiture ancienne. Entre ma rencontre avec Ariane et celle avec Loris je n’aurais pas imaginé passer autant de temps à assister aux festivités organisées par la ville. Mais qu’à cela ne tienne, je ne suis pas une grande fan de vintage mais je sais apprécier les endroits discret et qui permettent de discuter en pleine lumière sans pour autant attirer les oreilles indiscrètes. Je ne crois pas en cette théorie qui veut qu’il faut savoir se faire désirer : dans le domaine professionnel je suis efficace et ponctuelle et j'apparais en haut des gradins pile à l’heure proposée par Clyde dans son message. Je me dirige vers lui d’un pas rythmé dès que je l’aperçois avant de le saluer d’un signe de la tête. « Autant de mystère, je dois dire que ma curiosité est piquée. » Alors, accouche.

Cela faisait plusieurs semaines que Clyde se sentait pris en étaux entre vérités et mensonges, et qu’il avait conscience qu’il devrait trouver un moyen d’en sortir avant que tout ne lui explose en pleine figure. Mentir, il savait faire, et même trop bien - après tout, son historique d’arnaques en tous genres et son compte en banque étaient là pour en attester. Cependant, mentir à Halsey était une toute autre histoire. Non pas qu’il ne l’ait jamais fait par le passé, ou qu’il lui dévoile la moindre de ses pensées de manière quotidienne - car cela était loin d’être le cas - mais il ne lui avait jamais menti concernant une affaire dans laquelle ils étaient tous les deux investi. Dans ce cas-là, Halsey était par ailleurs bien plus concernée que lui, puisqu’il s’agissait de Raelyn avec laquelle cette dernière passait étrangement bien plus de temps que le début de leur relation n’aurait donné à imaginer. Si la brune n’était pas totalement dupe, Clyde n’était encore moins, et c’était pour cela qu’il ne lui avait pas mentionné avoir donné rendez-vous à Raelyn cet après-midi là. Il savait qu’il s’agissait d’un endroit sûr, où il n’aurait que peu - voire aucune - chance de croiser la brunette, qui avait bien meilleures occupations en tête que regarder des voitures anciennes tourner en rond sur un circuit. Le brun, bien que davantage intéressé par l’animation, avait pour autant bien d’autres choses en tête, si bien qu’il ne cessait de fixer l’horizon sans vraiment le regarder, tandis qu’il attendait Raelyn à côté des gradins.

Elle avait fini par arriver - ponctuelle, il devait au moins lui accorder ça. “Autant de mystère, je dois dire que ma curiosité est piquée.” Clyde ne s’attendait pas à moins de la part de la blonde, qui bien qu’ayant l’air de vouloir faire des efforts concernant Halsey, n’apparaissait toujours pas comme la soeur modèle. Après tout, cela était sans doute voulu, mais il avait bien l’intention de lui faire comprendre que tous ses efforts sonnaient faux et qu’il avait conscience que son jardin secret était bien moins lisse et superficiel que son appartement - autrement dit, il était temps de couper court aux mensonges. L’apparente cordialité de Raelyn envers Halsey arrangeait bien leurs affaires - du moins du point de vue de la brunette, qui n’avait pas conscience de la dangerosité réelle de sa demi-soeur, qui n’apparaissait désormais plus du tout comme la proie parfaite qu’ils s’étaient figurés. Au contraire, ce que son passé semblait cacher pourrait les prendre à revers, et la dernière chose que Clyde voulait était de se retrouver exposé par la femme même qu’ils avaient tenté de piéger - sans mentionner le fait qu’il n’aimait pas l’idée qu’Halsey tourne autour d’elle. Si le brun ne connaissait pas son implication réelle dans les affaires du Club et le dossier que les stups étaient en train de monter, l’identité de l’homme sur la photo qu’Halsey lui avait rapporté laissait peu de doute quant au degré d’illégalité dans lequel elle était plongée - par le passé, mais sans doute toujours aujourd’hui, étant donné le cadre de vie qu’elle avait.

Clyde n’avait pas pour intention de lui révéler tout ce qu’il savait - ou plutôt ce qu’il ne savait pas, mais imaginait aisément - ni même le fait qu’il agissait ainsi pour protéger son cul et celui d’Halsey, mais il était temps de laisser tomber la façade du gentil ami détective toujours présent pour rendre service. Raelyn devait comprendre qu’il ne la laisserait pas se jouer d’Halsey, si tant est qu’elle ait réellement l’espoir d’y arriver. “Merci d’être venue.” Le Rachel-Lynn avait failli franchir la barrière de ses lèvres, mais il espérait qu’ils en soient au-delà des piques gratuites uniquement dédiées à s’emmerder mutuellement. Après tout, nul doute qu’elle aussi avait eu le temps de se renseigner sur lui, même s’il ne savait pas encore à quel point. “Je vois que mes conseils ont servi.” Et il les regrettait quelque peu désormais. “Halsey m’a dit que vous vous étiez revues.” Il aurait bien ajouté qu’il en était ravi, mais ce mensonge-là était trop gros pour franchir la barrière de ses lèvres.

everyone who isn't us is an enemy
Raelyn Blackwell & @Clyde Wakefield

J’ignore ce que je fais là, j’ignore pourquoi l’acolyte de ma soeur m’a demandé de le retrouver mais je suis forte d’une certitude : elle n’est pas au courant de cette rencontre. Le cas échéant c’est elle qui l’aurait provoqué et pas son mignon puisque nous échangeons régulièrement ces derniers temps. Je me suis mise en tête de m’en approcher assez pour la cerner et comprendre ce qu’elle cherche, ce qu’elle me veut exactement. Nous sommes demies soeurs, la génétique l’a prouvé et dès lors c’est devenu indiscutable et, pourtant, je suis toujours persuadée que ce n’est pas la soif de retrouvaille qui l’a poussée à venir s’installer à Brisbane pour me rencontrer. Apprendre que lui est journaliste n’a fait que renforcer ma méfiance et, finalement, alors que je m’installe en haut des gradins, je me demande si je ne suis pas tombée dans un piège grossier.

Lui je ne l’ai rencontré qu’une fois et on ne peut pas réellement dire que le courant soit passé. Les dés étaient pipés dès le début puisque j’ignorais jusqu’à sa réelle identité et lui n’avait en tête qu’une seule chose : continuer sur la lignée des informations données par sa complice et la protéger, j’en suis d’autant plus persuadée qu’Ariane m’a confortée dans mon idée concernant la nature de leur relation. Je m’en approche en me promettant de rester méfiante et sur mes gardes, lui et la brune sont taillés dans le même bois. « Merci d’être venue. » Je n’avais pas le choix et il le sait : je suis avide de comprendre leurs motivations à tous les deux et il s’est servi de ce levier là. « Je vois que mes conseils ont servi. Halsey m’a dit que vous vous étiez revues. » Je lève un sourcil, surprise par l’angle d’approche qu’il dégaine. « C’est le résultat d’un test de correspondance génétique qui a servi, plus que vos conseils. » Qui se déciderait à appliquer les conseils d’un homme qui a prétendu en être un autre ? Un journaliste de surcroît ? « Mais je suppose que ça aussi Halsey vous l’a dit. » Il y a bien un sous entendu : celui qui induit que j’ai conscience de leur degré de proximité ou, en tout cas, que je me doute qu’il n’y a pas grand chose que j’ai dit à ma demie soeur qui ne lui ait pas été répété, même la chose la plus anodine qui soit.

L’approche était pour l’instant cordiale et superficielle, car Clyde n’avait pas l’intention de retourner sa veste en quelques secondes seulement. Des semaines auparavant, il s’était présenté comme un ami d’Halsey, affable et affublé du rôle de détective privé - alors, quand bien même Raelyn n’avait sûrement pas cru un mot de ses paroles, elle ne se doutait sûrement pas du degré de vérité ou de mensonges qu’il lui avait fourni. Le but de cette rencontre était de se dévoiler un peu plus - par nécessité - mais surtout de lui faire comprendre qu’Halsey n’était pas seule, et qu’il veillait au grain, de loin. “C’est le résultat d’un test de correspondance génétique qui a servi, plus que vos conseils.” Il lui offrit un sourire poli, pas réellement surpris par la réponse, à l’inverse de la blonde qui avait semblé étonnée par son approche. Clyde espérait saisir l’état d’esprit de la jeune femme vis-à-vis de sa demi-soeur avant de trop s’avancer, bien qu’il ait peu d’espoir quant à l’honnêteté feinte de Raelyn. “Mais je suppose que ça aussi Halsey vous l’a dit.” Touché. Plutôt que d’afficher un air surpris qui n’aurait fait que poursuivre la façade qu’il s’était composée lors de leur première rencontre, un sourire étira ses lèvres alors qu’il ne tentait pas de démentir ce qu’elle venait d’affirmer implicitement. Que la blonde les ait suivi ou se soit renseignée, la situation demeurait la même - elle avait bien conscience que lui et Halsey n’étaient pas que de simples amis, tout comme elle semblait s’en douter depuis le départ.

L’idée que Raelyn ne tente une fois de plus que de bluffer traversa l’esprit de Clyde, mais il ne voyait plus réellement l’intérêt de l’induire en erreur sur la relation qui le liait à Halsey - du moins en partie - puisqu’il comptait lui-même en dévoiler davantage. “Halsey m’a dit à quel point tu étais méfiante, oui.” Le tutoiement était volontaire, à défaut d’être naturel, mais l’heure n’était plus au jeu et Clyde ne voulait plus jouer la carte de la fausse politesse, se fichant bien de savoir si Raelyn le prendrait mal. Il s’était posé en gentil jusque là, était resté calme devant toutes ses provocations et ses sous-entendus, et la blonde n’avait donc sans doute pas conscience qu’il ne fallait trop le pousser à bout, ou toucher à Halsey - ce qui était équivalent et qu’il comptait bien lui faire comprendre. “Ce qui m'étonne du coup, c'est que tu sois subitement intéressée par le fait de connaître ta demi-sœur.” Raelyn lui avait bien faire croire qu’elle se fichait bien de connaître Halsey et s’en méfiait comme de la peste, quand même elles partageaient des gênes. “Tu ne m’avais pas semblé être très famille.” Pour employer les mots exacts de la blonde.

Never face each other
Raelyn Blackwell & @Clyde Wakefield

Je ne me cache pas d’avoir été jusqu’à récolter un peu de l’ADN de ma soeur - c’est elle qui les a abandonné chez moi ces horribles cheveux bruns, sur mon canapé blanc - et pas uniquement parce que je me doute qu’elle lui aura tout raconté. Si je le fais, c’est surtout parce que je suis forte de la certitude que ce qu’il pense de moi n’a pas d’importance et ne changera rien au déroulé de cette rencontre : il veut me voir, sans Halsey, et je devine qu’il va me demander une faveur ou en tout cas tenter de me convaincre d’agir d’une façon ou d’une autre. La dernière fois il a tout fait pour que je me rapproche de la brune et que je lui laisse sa chance, il ne m’a pas atteinte, de quoi sera-t-il question aujourd’hui ? « Halsey m’a dit à quel point tu étais méfiante, oui. » Le tutoiement donc ? Je ne réagis pas, peu impressionnée par sa familiarité et déjà, je me calque sur son attitude. « Ah donc on se tutoie maintenant ? Attention, je suis pas ma soeur, il ne s’agirait pas de confondre. » Je devine la nature de leur relation et, par conséquent, je me permet de l’utiliser pour le houspiller.

« Ce qui m'étonne du coup, c'est que tu sois subitement intéressée par le fait de connaître ta demi-sœur. » Je croise les bras sous ma poitrine et je le toise, un sourire amusé sur les lèvres. Pense-t-il qu’il peut agir comme une bully et que je lui tendrais mon goûter ou, dans ce cas présent, une confidence sur mes motivation parce qu’il gonfle le torse et qu’il lance au hasard quelques sous entendu ? « Tu ne m’avais pas semblé être très famille. » Je hausse les épaules, sans me départir de mon air innocent. « Qu’est ce que tu veux que je te dise, j’ai changé d’avis. » Pas du tout, mais je compte bien maintenant mon petit jeu de rôle passionnant. « Halsey sait qu’on va pas se faire des tresses en regardant des comédies romantique tout de suite, mais ce serait idiot de ne pas tenter de voir si on a pas quelques atômes crochus. » Et le pire c’est que, malgré toute ma méfiance, je devine que nous nous ressemblons. C’est bien pour ça d’ailleurs, que je m’en méfie comme de la peste. « Qu’est ce que je fais là ? Je suppose que tu m’as pas appelée pour qu’on réfléchisse ensemble au cadeau d’anniversaire d’Halsey. » Il est dans quelques jours, j’ai retenu l’information trouvée sur son extrait de naissance. « J’ai pas reçu mon carton d’invitation d’ailleurs. »

“Ah donc on se tutoie maintenant ? Attention, je suis pas ma soeur, il ne s’agirait pas de confondre.” Elle en serait presque amusante, la blonde, si elle n’était pas aussi agaçante. Nul doute qu’elle et Halsey partageaient des points communs, mais aux yeux de Clyde personne n’aurait su arriver à la cheville de brunette - quand bien même il ne l’aurait pas avoué ainsi à haute voix. Néanmoins, la répartie et la susceptibilité s’étaient clairement transmises dans les gênes Blackwell, ce qui l’arrangeait moyennement. Si Raelyn était aussi peu impressionnable qu’Halsey - et cela semblait être le cas - il n’aurait plus qu’à compter sur lui seul pour essayer de contrôler cette situation qui pouvait dégénérer à tout instant. Tant que Raelyn ne connaissait pas l’étendue de ses activités illégales, tout comme lui ne connaissait pas les siennes, le jeu était fair-play. Cependant, Clyde craignait plus que tout qu’au-delà d’essayer d’entraîner Halsey sur des chemins de traverse, Raelyn finisse par creuser trop profondément et tombe sur des preuves incriminantes contre eux. Personne ne les avait coffré jusque là, mais ils n’avaient aussi jamais eu affaire à quelqu’un comme Raelyn, et la blonde ne lui inspirait que de la défiance. Il n’avait d’ailleurs plus aucune raison de le lui cacher, s’il voulait espérer la mettre en garde et la faire réaliser qu’elle devrait le compter dans l’équation, quoi qu’elle puisse avoir en tête quant à Halsey. Il releva donc le menton suite à sa provocation déguisée, se contentant d’en saisir uniquement la dernière partie. “Pas de risque.” Et puis, les blondes peroxydées n’avaient jamais été son genre, de toute façon.

Le jeu avait pris une autre tournure, plus percutante, plus frontale, et il ne perdit donc pas de temps à tourner autour du pot avant de l’interpeller quant à ses apparences de soeur intéressée qui ne dupaient pas grand monde. “Qu’est ce que tu veux que je te dise, j’ai changé d’avis.” Parce qu’elle avait l’air de changer d’avis du jour au lendemain, bien sûr. Clyde n’avalait pas une de ses salades, et ses sourcils arqués le faisaient clairement comprendre. “Halsey sait qu’on va pas se faire des tresses en regardant des comédies romantique tout de suite, mais ce serait idiot de ne pas tenter de voir si on a pas quelques atomes crochus.” Clyde tiqua sur ces derniers mots. Le brun ne s’attendait pas à ce que Raelyn lui tende une perche ainsi, mais il ne pouvait que le relever, même s’il se doutait bien que la façade de la blonde n’allait pas s’effondrer si facilement. “Des atomes crochus ? C’est marrant, Halsey m’a rapporté les mêmes mots de ta part. Il faudrait penser à renouveler ton speech, on y croirait davantage.” “Qu’est ce que je fais là ? Je suppose que tu m’as pas appelée pour qu’on réfléchisse ensemble au cadeau d’anniversaire d’Halsey. J’ai pas reçu mon carton d’invitation d’ailleurs.” Evidemment qu’elle avait retenu la date. Elle ne perdait pas une miette d’information, et c’était bien dommage - tout comme son sarcasme bien trop perçant. “C’est bizarre, Halsey a ton adresse pourtant ?” Et un magnifique sourire plein de bons sentiments en prime. “Halsey veut peut-être croire à ton jeu de soeur parfaite.” Absolument pas, mais il n’était pas question de parler pour elle - il n’était ici que pour la prévenir que lui la surveillait. “Mais personnellement, j’ai été un peu refroidi par ce qui est arrivé à Aaron.” Il lâcha sa carte comme ça, sans réellement savoir comment Raelyn allait y réagir. Mais il n’était pas question qu’Halsey traîne dans son entourage si la blonde attirait si facilement la mort à elle.

Never face each other
Raelyn Blackwell & @Clyde Wakefield

« Pas de risque. » Pas de risque de ce côté là non plus, donc tout va pour le mieux dans le meilleur des monde, on pourrait presque y croire en tout cas. Maintenant que le doute est levé - il n’y en avait pas - on va pouvoir passer à la raison de notre rencontre : je l’ignore, mais quelque chose me souffle que ce n’est pas l’anniversaire de la brune dont nous allons parler, il approche, je ne lance jamais rien au hasard, même lorsque ce n’est pas sérieux. Non, il est là parce qu’il a besoin d’un service j’en suis persuadée. Il peut m’intimider autant qu’il veut, mais à partir de l’instant où il m’a donné rendez vous sans ma demie soeur, je suis en position de force puisqu’il a besoin de quelques chose ou, en tout cas, il attend quelque chose de moi.

« Des atomes crochus ? C’est marrant, Halsey m’a rapporté les mêmes mots de ta part. Il faudrait penser à renouveler ton speech, on y croirait davantage. » Je hausse les épaules sans me laisser déstabiliser. « Ça prouve que je suis constante non ? C’est l’inverse qui devrait t’alerter. » C’est si j’inventais un mensonge différent à chaque fois que la question était posée qu’il devrait se méfier. Pense-t-il pouvoir me déstabiliser aussi facilement ? Me prend-t-il pour une femme impresionnable. « C’est bizarre, Halsey a ton adresse pourtant ? » « Peut-être, c’est dommage en tout cas, j’avais repéré un bijoux qui aurait été parfait autour de son cou. » Le seul bijoux que j’ai envie de voir orner sa nuque, ce sont mes doigts qui se resserrent pour l’étrangler. Au moins, là, le souci serait réglé. Je ne me démonte pas : si Clyde a quelque chose à dire je le laisse venir à moi : il ne s’en tirera pas avec quelques sous entendus vaseux. Pas avec moi. « Halsey veut peut-être croire à ton jeu de soeur parfaite. » Ah, le voilà qui montre son vrai visage et moi, derrière ma façade innocente, je souris. « Mais personnellement, j’ai été un peu refroidi par ce qui est arrivé à Aaron. » Mon sourire s’efface, et pourtant je reste de marbre. J’ai appris à ne plus trembler à la mention de mon ancien compagnon depuis des années, mais je suis surprise. Bluffe-t-il ? Connaît-il réellement plus son prénom ? Suppose-t-il que puisqu’il n’est plus dans les parages il s’est forcément passé quelque chose ? « Et bien dis moi. » Mon ton est moins chaleureux, plus sec, mais je reste fière et ne laisse paraître aucun émoi. « Qu’est-il arrivé à Aaron ? » Je hausse les épaules, même s’il m’en coûte d’avoir l’air si détachée quand j’ai envie de lui enfoncer mes ongles dans les yeux pour les lui crever. « Parce que si t’es si bien renseigné que ça tu sais aussi que j’ai rien à voir avec ça. » Que je suis juste tombée amoureuse d’un type qui trempait des des histoires louches mais, après tout, ne fait-on pas tous des erreurs de jeunesse ?

“Ça prouve que je suis constante non ? C’est l’inverse qui devrait t’alerter.” Clyde espérait obtenir un rictus de surprise de la blonde, mais elle n’en fit rien - elle se contrôlait si bien face à l'adversité que cela ne faisait ne faisait que renforcer la méfiance qu’il éprouvait envers elle et le personnage qu’elle voulait bien offrir à la face du monde. Il aurait bien voulu lui confirmer qu’il était déjà alerté et n’avait pas eu besoin qu’elle lui rabâche exactement les mots qu’à Halsey pour cela, mais le ressentiment qu’il éprouvait envers elle semblait plutôt clair désormais, et sans doute partagé. Et pourtant, Raelyn se complaisait dans le rôle de la soeur éplorée de ne pas avoir reçu son carton d’invitation - était-ce le moment de sortir les mouchoirs, vraiment ? “Peut-être, c’est dommage en tout cas, j’avais repéré un bijoux qui aurait été parfait autour de son cou.” Et mes mains autour du tien, ce serait encore plus parfait, qu’il aurait aimé lui rétorquer. Visiblement, Raelyn ne connaissait pas les moyens financiers d’Halsey, car ce que la brune voulait voir orner son cou, la brune obtenait. Clyde pouvait même se targuer d’avoir une fois ou deux été à l’origine d’un cadeau de ce genre - et autant dire qu’il ne comptait pas laisser Raelyn faire de même, quand bien même il doutait sérieusement de la motivation de la blonde à faire un tel cadeau. “Halsey n’est pas très matérialiste.” Faux, très faux, mais si Clyde n’avait plus réellement de raison de cacher ses intentions à Raelyn, cela ne l’empêcherait pas de continuer à souffler le chaud et le froid concernant Halsey. Cette dernière ne savait pas qu’il était avait donné rendez-vous à Raelyn dans son dos, alors n’était pas question de remettre en cause la couverture de la brunette par la même occasion.

Il finit par laisser tomber les piques toutes plus emplies que les autres d’ironie à en vomir, pour fixer la blonde droit dans les yeux tandis qu’il prononçait le nom de son ex-compagnon - ou du moins, de son ami proche - sans broncher. Il ne pouvait réellement mettre le doigt sur la relation précise qui les avait lié, ni même sur ce que Raelyn avait pu connaître des histoires de cet homme, mais beaucoup de détails convergeaient sur le fait qu’elle semblait l’avoir connu, et même jamais oublié. Quant à la figure imperturbable qu’elle affichait aujourd’hui, et l’appartement hors de prix dans lequel elle vivait, il n’y avait qu’un pas pour imaginer qu’elle tourne de près ou de loin autour du Club. Malheureusement pour Clyde, sa phrase n’eut pas l’effet escompté, tandis que le visage de Raelyn perdait son sourire sans pour autant se départir de sa froide neutralité. “Et bien dis moi. Qu’est-il arrivé à Aaron ?” Clyde se forçait à ne pas laisser un sourire en coin orner son visage à lui, tandis qu’il voyait bien que son information lancée à la volée avait au moins eu pour effet de piquer la curiosité de la blonde. Pour aussi impassible qu’elle voulait bien paraître, elle n’était pourtant pas désintéressée de ce qu’il pouvait bien connaître d’Aaron, et donc d’elle. “Parce que si t’es si bien renseigné que ça tu sais aussi que j’ai rien à voir avec ça.” Bien renseigné, il ne l’était qu’à moitié, mais cela ne l’empêchait pas d’avoir recoupé suffisamment d’informations pour se méfier de la blonde comme jamais il n’avait craint personne. Pourtant, il fit mine de rester tout aussi détaché, haussant un sourcil presque hautain. “Sérieusement ? Tu crois que je bluffe et que j’ai balancé un nom sans savoir que le type est mort ?” Le type, ce type dont il se fichait bien, mais qui semblait avoir de l’importance pour Raelyn, encore aujourd’hui. “Peu importe à quel point t’es liée à cette affaire, je pense qu’on sait tous les deux que le dossier sur toi s’arrête pas là.” Clyde aurait aimé lui décrire en détails tout ce qu’il avait sur elle, mais ce n’était pas encore le moment de se débarrasser de toutes ses cartes. “Tout ce que je veux, c’est qu’Halsey soit pas liée à ça.” Et que lui non plus, par extension, mais le rôle de protecteur lui collait bien mieux à la peau pour l’instant.

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Raelyn Blackwell & @Clyde Wakefield

S’il y a bien quelque chose qui se devine rapidement en posant les yeux sur ma toute nouvelle demie soeur, c’est qu’elle aime les belles choses et les choses chères. Elle ne s’encombre pas de faux semblants, ne fait pas partie de cette nouvelle vague de jeunes riches qui s’habillent pourtant comme des individus sans le sous, et si j’ai du mal à savoir d’où lui vient son argent, je sais qu’elle en a. C’est pour ça qu’à son affirmation, « Halsey n’est pas très matérialiste. » je ne peux que répondre en éclatant de rire. « T’en as dis des conneries mais celle là c’est la moindre crédible. » Pense-t-il réellement que je suis idiote au point de ne pas remarquer des évidences ? « La prochaine fois essaies au moins d’avoir l’air d’y croire. » Ou choisis un mensonge moins éhonté. On dit que parfois les plus gros sont ceux qui passent le mieux, mais pas dans ce cas de figure.

L’angle d’attaque qu’il choisit me surprend, je suis obligée de l’admettre : je ne l’attendais pas là le journalisto-détective. Comment il a déterré le prénom de mon compagnon décédé il y a douze ans je l’ignore, mais je me demande surtout ce qu’il croit avoir appris sur moi. Je n’ai rien à voir avec la mort de mon ex, alors que cherche-t-il, à me blesser ? A me destabiliser ? Je le suis, j’ai envie de lui arracher son sourire suffisant du visage mais je ne lui en donne pas la satisfaction : il a touché la jeune femme de vingt et un an. S’il avait voulu me toucher moi, la femme, c’est à Amos qu’il aurait dû s’attaquer. « Sérieusement ? Tu crois que je bluffe et que j’ai balancé un nom sans savoir que le type est mort ? » « C’est pas ce que j’ai dit. » Je n’ai pas prétendu qu’il était encore en vie, j’ai affirmé ne rien avoir à voir avec ça. « Peu importe à quel point t’es liée à cette affaire, je pense qu’on sait tous les deux que le dossier sur toi s’arrête pas là. » « Ou alors je suis juste une jeune femme qui, à vingt ans, est tombée amoureuse d’un type qui trempait dans des trucs louches. On peut pas vraiment dire que ce soit original comme histoire. » Je lui réponds avec aplomb : il a raison d’avoir fait le rapport entre les informations qu’il a déterrées sur les activités illégales de mon ex et moi. Et le brun avait certainement un casier plus long que mon bras, entre arrestation pour détention de stupéfiants, vol de voiture et coup et blessures. Sauf qu’il n’a rien de tangible qui me rattache à tout ça, si ce n’est d’avoir été sa compagne.

« Tout ce que je veux, c’est qu’Halsey soit pas liée à ça. » Là part contre il pique ma curiosité. Là par contre il me plait et je me dis que, finalement, ses objectifs peuvent servir les miens : me débarrasser de la brune. « T’es incohérent comme type. Tu me poussais dans ses bras y’a quelques semaines encore. » Je m’appuie sur la rambarde en fer qui borde la piste, et je l’observe avec intérêt. « Moi je demandais que ça qu’elle me foute la paix. Mais maintenant tu sais bien que j’y suis attachée. » Ou pas.

Ils avaient beau se lancer des regards de défis et se juger jusqu’au fond de leurs yeux, ni l’un ni l’autre n’était dupe de la fausse politesse qui s’était installée entre eux. Clyde oscillait entre l’envie de répondre de manière mielleuse aux affirmations tout aussi niaises de Raelyn quant à Halsey, et l’envie de lui faire ravaler ses bons sentiments qui n’en étaient en réalité sûrement pas - ce qu’il ne se fit pas prier pour faire après quelques instants seulement, puisqu’il comptait faire tomber la couverture du gentil détective quoi qu’il s’en soit. “T’en as dis des conneries mais celle là c’est la moindre crédible. La prochaine fois essaies au moins d’avoir l’air d’y croire.” Il aurait en effet pu mettre davantage de coeur dans cette affirmation, mais il ne pensait pas Raelyn suffisamment bête pour tomber dans le panneau, quoi qu’il puisse raconter sur Halsey. Tout ce qui aurait de l’effet, c’était ce qu’il pouvait lui raconter sur lui, sur ses intentions à lui, car la blonde semblait préférer se faire sa propre opinion sur les choses, et Halsey n’y manquait sûrement pas. Son avis sur sa demi-soeur devrait être tout fait depuis des semaines déjà, et pourtant, elle se complaisait dans ce nouveau rôle de soeur avide de connaître celle qui partageait sa chair, ce que Clyde pouvait deviner comme un personnage aussi faux que son blond peroxydé. “Je te retourne le compliment” lâcha-t-il d’un ton faussement amical accompagné d’un sourire forcé. Puisqu’aucun des deux n’accordait aucun crédit à ce qui pouvait être dit au sujet d’Halsey, peut-être était-il temps d’aborder le vrai sujet de leur rencontre, que Clyde finit par laisser filtrer sans plus de cérémonie et de politesse, cette fois.

Raelyn avait un contrôle d’elle-même que Clyde aurait admiré sur cela ne jouait pas tant en sa défaveur, mais il devait avouer qu’il aurait espéré un peu plus de surprise et de colère sur le visage de la jeune femme. De  la tristesse, même, ou du moins une vision plus expressive que le visage désespérément fermé qu’elle lui offrait, et qui avait à peine tressailli à l’évocation de son ex-compagnon. La pique l’avait touché, Clyde le sentait, mais cela ne suffisait visiblement pas à lui faire peur. “C’est pas ce que j’ai dit.” En effet, elle avait dit qu’elle n’avait rien à voir avec la mort d’Aaron, et des bribes d’informations partielles que la brun avait obtenu, Raelyn n’était en effet pas impliquée dans sa mort. Néanmoins, elle était crédule si elle pensait qu’il avait réussi à obtenir autant d’informations sur son ex-compagnon sans les recouper avec les infos qu’il avait sur elle, et plus particulièrement sur le Club. Ce n’était pas un hasard si Halsey s’était pointée au restaurant, et Raelyn n’avait sûrement pas manqué de faire le lien depuis. “Ou alors je suis juste une jeune femme qui, à vingt ans, est tombée amoureuse d’un type qui trempait dans des trucs louches. On peut pas vraiment dire que ce soit original comme histoire.” Clyde hocha la tête - après tout, la base de l’histoire était sûrement vraie, et le mensonge pas aussi éhonté que ceux qu’elle lui avait servi sur Halsey. “Rien de spécial, en effet.” Du moins, pas pour lui qui avait écrit des faits divers à la pelle sur des histoires du genre. “Je ne serais pas là si ça s’arrêtait là.” Et elle savait encore mieux que lui à quel point ça ne s’arrêtait pas là, puisqu’elle avait certainement mieux réussi dans le domaine du trafic de stupéfiants que son ex-compagnon ne l’aurait espéré.

Cependant, il avait dévoilé suffisamment de cartes pour ne pas lui préciser d’où il tenait ses informations, d’autant plus que cela n’avait pas de lien avec ce qu’il souhaitait vraiment : qu’Halsey ne soit pas mêlée à ces affaires encore plus louches que les leur, et c’était dire. “T’es incohérent comme type. Tu me poussais dans ses bras y’a quelques semaines encore.” “Y a quelques semaines, je ne savais pas vers qui je la poussais.” Et il ne le savait toujours pas entièrement, mais ce qu’il avait déterré avait suffi à le refroidir. Il ne s’agissait désormais plus seulement de laisser tomber leur arnaque initiale, mais aussi d’éviter tout contact avec une affaire en cours d’investigation, et une flopée de beau monde peu recommandable. “Moi je demandais que ça qu’elle me foute la paix. Mais maintenant tu sais bien que j’y suis attachée.” Clyde plongea son regard dans celui de Raelyn, si glacial et perçant qu’il dût se forcer à le maintenir. “Je croyais qu’on avait laissé tomber les mensonges pas crédibles.” Au-delà du fait que la blonde ne lui apparaissait pas comme du genre à s’attacher, il y croyait encore moins vu sa défiance initiale envers sa demi-soeur, seulement quelques semaines auparavant. “En revanche je pense qu’on peut trouver un intérêt commun.” Le fait que ces mots soient vrais lui écorchait encore plus la gorge, mais aux grands maux les grands moyens. Si Raelyn demandait à ce qu’on lui foute la paix, Clyde était désormais prêt à lui dérouler le tapis rouge, car il n’espérait rien de plus. “Pour le bien d’Halsey, évidemment.” Puisqu’il se préoccupaient tous les deux de la jeune femme avant tout, n’est-ce pas ?

Never face each other
Raelyn Blackwell & @Clyde Wakefield

Imagine la brune peu attachée aux choses matérielles me donne envie d’éclater de rire et, à défaut de le faire, j’invite le blonde à ne pas me mentir : il y a peut-être des mensonges que je peux faire semblant de croire, pour le bien du statu quo et de notre discussion, mais il y a en a que je ne peux laisser passer : Halsey aime l’argent et les belles chose. « Je te retourne le compliment » « Tu serais surpris, je dis rarement des conneries. » En temps normal c’est vrai : je préfère être honnête qui à l’être brutalement, quitte à blesser ou en tout cas froisser les susceptibilités, mais avec la brune et son acolyte j’ai compris que cela ne me servirait à rien : elle n’est que faux semblants et si je veux démêler le vrai du faux, je dois entrer dans son jeu et tenter de prendre le contrôle de la danse : c’est ce à quoi je m’astreins.

L’angle d’approche qu’il choisit me surprends, je ne peux le nier, mais je tente de rester de marbre : après tout, si le sujet me touche moi personnellement il fait partie de ceux sur lesquels je suis blanche de toute culpabilité : je suis réellement tombée amoureuse d’un homme peu fréquentable et je n’ai réellement rien à voir avec sa mort. Alors qu’il tente de me faire cracher le morceau s’il le souhaite, il n’arrivera pas à grand chose et je me demande ce qu’il croit. « Rien de spécial, en effet. Je ne serais pas là si ça s’arrêtait là. » Je fronce les sourcils. « Et ça va où si ça s’arrête pas là ? J’ai appris que t’écrivais, je me demande jusqu’où va ton imagination. » Je soutiens son regard, je ne compte pas trembler, baisser les yeux ou avoir l’air coupable. « Y a quelques semaines, je ne savais pas vers qui je la poussais. » Oh, si dramatique. Il y a quelques semaines il pensait avoir quelque chose à gagner et maintenant il a froid aux yeux ? « Vers sa soeur. Y’a un test ADN qui l’a prouvé. Ce genre de lien devrait pas l’emporter sur je ne sais quel histoire t’es persuadé d’avoir déterrée ? » J’ai envie d’entendre ce qu’il croit savoir. J’ai surtout envie d’entendre ce qu’il sait. « Je t’écoute, divertis moi. Je suis qui ? Juré, j’ai pas tué Kennedy. » Je lui offre mon plus bel air innocent, peaufiné avec les années mais exagéré exclusivement pour lui.

« Je croyais qu’on avait laissé tomber les mensonges pas crédibles. » Pourtant, je jure, j’ai pas tué Kennedy, ça c’est vrai. Et je n’ai rien à voir non plus avec la mort de mon ancien compagnon. En revanche, pour ce qui est de m’être attachée à sa dulcinée, je dois bien avouer que j’exagère peut-être un peu. « En revanche je pense qu’on peut trouver un intérêt commun. » Je fronce les sourcils et je décroise mes bras. Je m’appuie contre le mur et je l’observe sans accorder le moindre intérêt aux courses. « Pour le bien d’Halsey, évidemment. » « Si c’est pour le bien être d’Halsey, évidemment que je veux bien t’écouter. Quelle soeur je serais sinon ? » Et lui, quel genre de mec et d’associé est-il alors qu’il me rencontre dans son dos ? « C’est quoi le problème ? T’es jaloux ? Elle passe trop de temps avec moi et plus assez dans tes bras ? » Je hausse les épaules. « Tu sais les liens du sang, on peut pas lutter. » Un sourire carnassier étire mes lèvres et je reprends. « Allez, dis moi. C’est quoi ta proposition ? » Peut-être peut-elle m’intéresser.

“Tu serais surpris, je dis rarement des conneries.” Plisser les yeux une énième fois ne semblait plus suffisant pour espérer obtenir davantage que des conneries, justement, de la part de la blonde. Clyde laissa tomber l’idée même de s’opposer à elle, ou pire, de devoir lui répondre avec une politesse qui ne trompait plus personne, préférant entrer directement dans le vif du sujet : Aaron, sa mort, les stups, et tout ce qui tournait ou avait tourné autour de Raelyn à un moment ou à un autre - et que le brun espérait encore épargner à Halsey. Sans même lui avoir demandé son avis, évidemment, puisque son acolyte avait décidé de l’ignorer depuis quelques semaines. Ses propres mensonges s’étaient retournés contre lui, mais il était encore temps de suivre son plan initial : éviter que les deux femmes se rapprochent trop, et qu’Halsey se fasse embarquer dans des histoires qui pourraient rapidement la dépasser, les dépasser. “Et ça va où si ça s’arrête pas là ? J’ai appris que t’écrivais, je me demande jusqu’où va ton imagination.” La remarque tira un sourire carnassier au journaliste, qui était agacé que la blonde ait également fouillé dans sa vie, quand bien même il n’en était pas réellement surpris. “J'enquête d'abord, j'écris après. Rien à voir avec l'imagination, figure-toi.” Sur elle, et sur beaucoup d’autres choses qui n’avaient rien à voir avec son existence - quand bien même le nom Blackwell se retrouvait régulièrement dans son esprit ces derniers temps.

Cependant, ce n’était pas cette annonce qui allait la faire flancher davantage, là où le nom de son ex-compagnon n’avait malheureusement pas eu l’effet escompté. Alors plutôt de la pousser à se confondre elle-même, ce qu’elle ne semblait définitivement pas du genre à faire, il restait à Clyde l’option la plus évidente : faire comprendre à Raelyn que tout ceci ne concernait qu’Halsey, et qu’il cherchait à la préserver de ce personnage derrière lequel se cachait la blonde. La relation des deux complices n’était plus à faire, et si Raelyn ne connaissait pas l’ampleur des liens qui les liaient, il était désormais inutile pour Clyde de perdre du temps à nier qu’ils étaient plus de simples amis, et qu’il s’inquiétait de la personne vers qui il l’avait réellement poussée - comme si l’histoire de départ s’arrêtait à ça, ou presque.

“Vers sa sœur. Y’a un test ADN qui l’a prouvé. Ce genre de lien devrait pas l’emporter sur je ne sais quel histoire t’es persuadé d’avoir déterrée ?”
“J’ai jamais considéré que les liens du sang étaient plus forts que les autres. Au moins on est d’accord sur ça, toi et moi.”
“Je t’écoute, divertis moi. Je suis qui ? Juré, j’ai pas tué Kennedy.”
La blonde était maligne, presque drôle pour ceux pouvant y être sensibles, mais surtout diablement agaçante.
“Une criminelle, qui n’a pas besoin d’avoir tué Kennedy pour que je préférerais qu’Halsey reste loin de tout ça.”

Criminelle, terme vague et pourtant véridique, qui permettait une fois de plus à Clyde de laisser filtrer des informations sans toutefois trop en dévoiler. Du reste, le message central était passé - la méfiante et l’inimitié étaient de mise, et aucun d’eux ne pouvait le nier. Peut-être y avait-il un terrain d’entente à trouver, quand bien même Clyde en doutait. Et si cette conversation ne suffisait pas à Raelyn, il aurait toutes les motivations du monde pour joindre ses recherches avec celles des stups et participer à l’enquête qui promettait d’être riches en découvertes, du moins l’espérait-il. Dissuader Halsey elle-même de s’éloigner de cette piste était impossible, du moins tant qu’il n’était toujours pas décidé à révéler ce qu’il savait et contre quoi il espérait encore la protéger. “Si c’est pour le bien être d’Halsey, évidemment que je veux bien t’écouter. Quelle sœur je serais sinon ?” A les entendre, ils étaient presque sur la même longueur d’onde - si seulement. “C’est quoi le problème ? T’es jaloux ? Elle passe trop de temps avec moi et plus assez dans tes bras ?” En l'occurrence, oui, mais il était malheureusement entièrement responsable de ce fait, et avait des préoccupations plus importantes pour ne pas perdre de temps à nier des provocations qui ne visaient qu’à l’énerver. “Tu sais les liens du sang, on peut pas lutter. Allez, dis moi. C’est quoi ta proposition ?” Au point où il en était, les possibilités étaient multiples pour espérer encore se sortir de cette histoire dans laquelle il n’aurait jamais dû mettre les pieds, et il était prêt à bien plus de compromis qu’il ne voudrait bien l’avouer. “Si je réussis à convaincre Halsey de te lâcher les basques, tu la laissera tranquille ?” Encore fallait-il qu’il y arrive, et il s’avançait grandement sur ce point. “Tu retrouvera ta tranquillité que tu aimes tant, j’en suis sûr. Et je n’aurai pas à fouiller plus loin dans les affaires d’Aaron et les tiennes. Gagnant-gagnant.” Si le brun avait prononcé ces paroles avec un calme olympien, la menace sous-jacente n’était cependant pas totalement absente, et il ne doutait pas un instant que Raelyn la saisirait.

Never face each other
Raelyn Blackwell & @Clyde Wakefield

« J'enquête d'abord, j'écris après. Rien à voir avec l'imagination, figure-toi. » Le souci c’est que ma crainte réside précisement là dedans, sur le fait qu’il puisse être piqué de l’envie d’écrire un navet me concernant, un papier pour le journal de seconde zone dans lequel il travail sur lui. Arriverait-il à le faire paraître ? Est-ce possible sans un consentement signé ? Je note de me renseigner auprès d’Ariane, elle m’a renseignée quant à son identité et son réel boulot alors que nous ne nous connaissions guère, je m’estime capable de lui tirer un peu plus les vers du nez surtout que je ne ferai que poser des question théoriques. « Et Ben c’est ton nom d’auteur ou bien un pseudo bullshit inventé juste pour moi, Clyde ? » Du reste, au delà de son prénom je ne sais pas grand chose de plus : ce type est un fantôme mais puisque même ça je ne l’aurais pas su sans la langue bien pendante de la rousse, je suppose que je peux au moins installer un doute dans son esprit.

« J’ai jamais considéré que les liens du sang étaient plus forts que les autres. Au moins on est d’accord sur ça, toi et moi. » Je hausse les épaules : lui et moi ne nous connaissons ni d’Eve ni d’Adam et je n’ai pas l’intention d’admettre à voix haute que je me fiche bien de partager le même sang avec la brune quand je tente de lui faire avaler le contraire avec elle : que c’est cette révélation qui a tout changé. « Je me retrouve en Halsey. Elle m’intéresse. » Ca, c’est partiellement vrai. Elle m’intrigue parce qu’en effet elle a tous les traits de caractères qui me tiennent en haleine chez mon interlocuteur, et c’est certainement parce qu’ils sont les miens également. De l’esprit, de la répartie et aucun scrupules à taper où ça fait mal. « Une criminelle, qui n’a pas besoin d’avoir tué Kennedy pour que je préférerais qu’Halsey reste loin de tout ça. » Je hausse un sourcil. « Une criminelle. Tiens donc. » Officiellement, je suis agent immobilière indépendante pour la société de Mitchell. Il me verse donc une partie de mon salaire proprement et légalement en plus de mettre à ma disposition un appartement le fonction. Le reste, ce n’est qu’argent liquide blanchi par un comptable peu regardant et si la police n’a jamais trouvé la moindre preuve leur permettant de m’incriminer, je doute que le brun ait pu le faire. « Mon boulot est bien moins passionnant que ça j’en ai peur. Le pire qui puisse lui arriver c’est que je lui vende un appartement. » Et, heureusement pour moi, elle a déjà trouvé.

Il tourne autour du pot le brun quand, pourtant, je suis réellement intéressée par ce qu’il propose. Mais je n’avouerai rien pour qu’il accouche du deal qu’il veut me proposer : il faudra qu’il vienne à moi de lui même. « Si je réussis à convaincre Halsey de te lâcher les basques, tu la laissera tranquille ? » Je croise mes bras sous ma poitrine, et je lui fais signe de la main de continuer. « Tu retrouvera ta tranquillité que tu aimes tant, j’en suis sûr. Et je n’aurai pas à fouiller plus loin dans les affaires d’Aaron et les tiennes. Gagnant-gagnant. » Songeuse, je répète ses derniers mots. « Gagnant-gagnant... » Je ne peux nier que cette idée là, elle m’intéresse, mais qu’elle est loin d’être suffisante. « Et qu’est ce que j’y gagne exactement ? » Un sourire naît au coin de mes lèvres quand, déjà, j’entre dans l'arène des négociations. « Tu n’écris pas sur moi. Rien, pas une ligne, pas un mot. Et vous quittez Brisbane. » Les voilà mes conditions.

“Et Ben c’est ton nom d’auteur ou bien un pseudo bullshit inventé juste pour moi, Clyde ?” En d’autres circonstances, Clyde aurait tressailli et ouvert des yeux réellement surpris à l’annonce de son prénom qu’il pensait encore inconnu à la blonde, même s’il se doutait qu’elle aurait difficilement pu passer à côté de cette information si elle avait eu vent de son réel métier. Pourtant, il savait que perdre pied face à Raelyn n’était pas une option, et s’était donc préparé à ce qu’elle tente de taper là elle pensait pouvoir faire mal, elle aussi - et c’était bien cette crainte qui lui permettait désormais de garder un visage presque impassible alors même qu’elle le surprenait. Puis, finalement, il se ravisa - à défaut de pouvoir cacher cette vérité là, il ne lui restait qu’à prétendre que cela n’était pas si important, puisqu’il n’avait en théorie rien à se reprocher, lui. “Je dois admettre que le choix était merdique.” Et surtout qu’il n’émanait pas de lui mais d’Halsey à qui il avait fait sa fête en découvrant cette idée, même s’il devait encore maintenir l’illusion que la brune n’était pas au courant de grand chose - à part son désir de retrouver sa demi-sœur. Alors, il haussa les épaules comme pour laisser filtrer l’idée qu’il avait merdé, que face à la blonde il n’était qu’un amateur ou presque, mais un amateur qu’elle ne dupait pourtant pas totalement dans son comportement vis-à-vis d’Halsey. “Je me retrouve en Halsey. Elle m’intéresse.” Elle ne pensait pas si bien dire, et Clyde pouvait difficilement la convaincre du contraire. Cependant, c’était justement car Raelyn lui paraissait bien plus dangereuse qu’il ne l’avait espéré au premier abord, que le brun souhaitait justement que cet intérêt mutuel prenne fin aussi rapidement que possible, dans l’intérêt des deux parties, évidemment.

Clyde pouvait se targuer beaucoup de choses, mais pas encore d’être fiché dans un dossier en cours au bureau des stups, ce qui était pourtant la réalité concernant Raelyn, quand bien même les preuves manquaient pour la confondre. “Une criminelle. Tiens donc.” Le jeu de la fausse étonnée ne passait pas, ou plus, et agaçait de plus en plus le brun qui avait abandonné l’idée de maintenir plus longtemps les apparences. “Mon boulot est bien moins passionnant que ça j’en ai peur. Le pire qui puisse lui arriver c’est que je lui vende un appartement.” Bien sûr, car ni Clyde ni Halsey n’avaient aucun concernant son poste d’agent immobilière, ni son appartement de fonction, et encore moins le fait que son employeur était étonnamment le même que celui dont le nom apparaissait miraculeusement chez les stups. Et qui avait de la prison par le passé, pour ne rien arranger - vraiment, rien de tout ça ne portait au doute. “T’as raté ton coup, alors. C’est bizarre, je te pensais plus persuasive.” Car elle l’était sans aucun doute, et si elle n’avait pas réussi à vendre le moindre appartement à Halsey, c’est qu’elle ne lui en avait pas parlé une seule seconde - et ça, Clyde n’avait pas besoin de le rechercher, puisqu’Halsey se chargeait jusqu’à peu de lui faire un résumé minutieux de ses rencontres avec la brune.

ll ne fallut que quelques instants supplémentaires pour que les murs tombent définitivement, alors que le brun n’y tenait plus : il voulait Raelyn hors de la vie d’Halsey et de la sienne par extension, condition à laquelle il arrêterait de l’emmerder et de la menacer, de prêcher le faux et le vrai, et tout le monde retrouverait son existence - presque - paisible. “Gagnant-gagnant…” Clyde doutait que ce n’était pas sa seule présence et ses menaces qui allaient faire transpirer la blonde, si elle était réellement coupable de ce qu’il craignait. Des mecs qui essayaient de l’impressionner, elle en avait sans doute vu bien d’autres, mais elle aurait eu tort de croire qu’il ne pouvait pas lui mettre des bâtons dans les roues s’il s’y attelait vraiment. Alors, dans le doute, il méritait au moins qu’elle porte un minimum d’attention à sa proposition. “Et qu’est ce que j’y gagne exactement ?” Au point où ils en étaient, il n’était plus question de savoir ce qu’ils avaient à y gagner, mais plutôt à y perdre, l’un comme l’autre. “Un journaliste en moins au cul ?” La menace n’était pas aussi prégnante qu’il aurait aimé la prononcer, mais il était hors de question de faire réaliser à la blonde que lui aussi avait gros à perdre dans cette histoire. “Tu n’écris pas sur moi. Rien, pas une ligne, pas un mot. Et vous quittez Brisbane.” Le brun fit mine de réfléchir une demi-seconde mais ne chercha pas à maintenir l’illusion trop longtemps - ils avaient dépassé le stade du jeu, les paris étaient bien trop risqués désormais. “Je n’écrirai rien, deal.” Pour la seconde partie des conditions, cela s’avérait bien plus corsé - d’autant plus que la brune semblait partie pour rester, maintenant qu’elle avait eu l’excellente idée d’investir dans un appartement. “Et je vais voir ce que je peux faire.” La partie était loin d’être gagnée, pour lui comme pour elle, mais s’il faisait un pas en sa direction, il attendait qu’elle fasse de même, et il veillerait au grain que la blonde ne recontacte pas Halsey. Et pour cela, il faudrait renouer avec la brune, ce qui s’annonçait comme l’étape la plus compliquée de toutes.